Mitteleuropa Balkans (75) Roumanie (5)

La Constitution de 1866

Généralités

Le 13 juillet 1866 une assemblée constituante adopte une nouvelle constitution. Inspirée de la constitution belge (considérée comme la plus libérale d’Europe) elle à été néanmoins substantiellement modifiée par Carol 1er mais aussi en 1879 quand sous la pression des puissances occidentales, l’article 7 est modifié même si les non-orthodoxes restent des citoyens de seconde zone.

En 1884 le nombre de collèges électoraux est réduit à trois et en 1917 le système basé sur les collèges électoraux est aboli, le droit de propriété est affaibli pour permettre la mise en place d’une réforme agraire. En 1923 une nouvelle Constitution sera adoptée.

La constitution installe une monarchie constitutionnelle. Elle impose le principe de la séparation des pouvoirs et de la souveraineté nationale. Le pouvoir législatif est exercé par la Prince et le Parlement (composé de la Chambre des Députés et du Sénat) alors que le pouvoir exécutif est exercé par le Prince et par ses ministres.

Le Prince légue ses pouvoirs constitutionnelles à ses descendants mâmes par ordre de primogéniture et à l’exclusion perpétuelle des femmes et de leur descendance. Sa personne est inviolable mais ses actes doivent être contresignés par un ministre.

Le Prince est le chef de l’armée, il nomme et révoque les ministres, sanctionne et promulgue les lois, nomme ou confirme dans toutes les fonctions publiques, il conclut avec les Etats étrangers les conventions de commerce et de navigation, il à le droit d’amnistie, de conférer les grades militaires et le droit de battre monnaie. De plus il ouvre et clôt les sessions du Parlement qu’il peut convoquer d’urgence ou dissoudre.

De nombreux droits et de nombreuses libertés sont reconnues, la peine de mort est abolie en temps de paix et la propriété privée est considérée comme sacrée et inviolable.

L’Église orthodoxe roumaine reçoit un statut supérieur (« la religion dominante de l’État roumain ») , tandis que l’article 7 interdit aux non-chrétiens d’obtenir la nationalité roumaine (ce qui affectait surtout les Juifs).

La Constitution de 1866 : éléments à retenir

Comme toutes les constitutions de l’époque c’est un texte très long avec 132 articles répartis en huit titres (Titre premier. Du territoire de la Roumanie, Titre II. – Des droits des Roumains, Titre III. – Des pouvoirs de l’État, Titre IV. – Des finances, Titre V. – De la force armée, Titre VI. – Dispositions générales, Titre VII. – De la révision de la Constitution et Titre VIII. – Dispositions transitoires et supplémentaires).

Le premier titre comprend quatre articles et concerne les frontières ainsi que l’organisation administrative du pays. Chaque modification doit passer par la loi.

Le deuxième titre va des articles cinq à trente et concernent les droits et les devoirs des roumains qui bénéficient sur le papier de nombreuses libertés. Je dis bien sur le papier car en pratique ce sera très différent. L’article 12 ne reconnaît aucun titre ni privilège nobiliaire alors que l’article 13 garantie la liberté individuelle de chacun.

L’article 18 prévoit que la peine de mort ne sera applicable qu’en temps de guerre alors que l’article 19 reconnaît le droit de propriété et que l’article 21 reconnaît la liberté de conscience et la liberté de culte tout en admettant que «La religion orthodoxe d’Orient est la religion dominante de l’État roumain». L’article 24 reconnaît la liberté de la presse et l’article n°25 la liberté de réunion.

Le titre III va des articles 31 à 107 et concerne l’organisation des pouvoirs de l’Etat. Ces articles organisent le pouvoir législatif, le pouvoir exécutif et le pouvoir judiciaire.

Les députés au nombre de 58 sont élus au suffrage censitaire dans chaque département, le dit électorat étant divisé en quatre collèges (article 58 à 63) avec le premier collège (individus ayant un revenu foncier de 300 ducats minimum), un deuxième collège (100 à 300 ducats), un troisième collège (commerçants et industriels qui payent une contribution de 80 piastres, certaines catégories étant exemptés comme les professions libérales, les officiers en retraite, les professeurs et les pensionnaires de l’état) et le quatrième collège (les autres contributeurs de l’état).

Pour être éligible (article 66) il faut être roumain de naissance ou avoir reçu la grande naturalisation, jouir des droits civils et politiques, être âgé de 25 ans et être domicilié en Roumanie. Les députés selon l’article 67 sont élus pour quatre ans.

Les membres du Sénat sont élus pour huit ans (renouvelé par moitié tous les quatre ans) à raison de deux par département auxquels il faut ajouter un sénateur choisit par les professeurs de l’université de Jassy et un sénateur choisit parmi les professeurs de l’université de Bucarest. Pour être élu sénateur il faut avoir au moins 40 ans et avoir un revenu minimal de 800 ducats. L’article 75 prévoir les personnes dispensées du paiement de ce cens, essentiellement des élus et les militaires. Le prince héritier est membre de droit à 18 ans (mais ne peut voter qu’à 25 ans) ainsi que les métropolitains et les évêques diocésains.

Carol 1er de Roumanie, prince de Roumanie de 1866 à 1881 puis roi de Roumanie de 1881 à 1914

Le Prince de Roumanie doit être issue de la descendance directe et légitime de Charles 1er de mâle en mâle. Ses héritiers sont relevés dans la religion orthodoxe. En cas de vacance du trône, les deux assemblées se réunissent dans les huit jours et élisent un prince dans une des dynasties souveraines d’Europe occidentale.

Il exerce le pouvoir exécutif, les ministres sont responsables devant lui et tous les actes du Prince doivent être contresignés par un ministre. Il sanctionne et promulgue la loi, dispose du droit d’amnistie et du droit de grâce. Il est chef des armées et signé des traités avec les pays étrangers.

Le titre IV qui concerne les finances couvre les articles 108 à 117 et précise la percetion de l’impôt et le vote du budget.

Le Titre V (article 118 à 123) concerne les forces armées avec notamment la question de la conscription. Le Titre VI concerne les dispositions générales (drapeaux, capitale….) et couvre les articles 124 à 128. Le titre VII concerne le mécanisme de révision de la constitution (article 129) alors que le titre VIII couvre des dispositions transitoires et supplémentaires (article 130 à 132).

Le Royaume de Roumanie (1) (1881-1918)

Les rois de Roumanie

Carol 1er

Statue de Carol 1er en plein centre de Bucarest

Carol 1er de Roumanie est donc le premier roi de Roumanie. Né le 20 avril 1839 à Sigmaringen sous le nom de Karl Eitel Friedrich Zephyrinus Ludwig von Hohenzollern-Sigmaringen, il est le fils de Karl Anton vont Hohenzollern-Sigmaringen et de Josephine de Bade. Petit-fils d’Antoinette Murat par son père, il descendait du grand maréchal de Napoléon puisqu’Antoinette était la nièce de feu Joachim 1er de Naples.

Il entre à l’Ecole de Cadet de Munster puis en 1857 assiste aux cours de l’école d’artillerie de Berlin. Jusqu’à son élection comme domnitor, il est officier dans un régiment de dragons, participant à la deuxième guerre des duchés contre le Danemark et aux côtés de l’Autriche.

Marié à Elisabeth de Wied à partir de 1869, il n’aura qu’une fille, Marie de Roumanie (1870-1874) ce qui explique que son successeur fût son neveu Ferdinand après les renoncements successifs de son père et de son frère ainé.

Le 20 avril 1866 il est élu prince-souverain (domnitor) des principautés unies de Roumanie après la destination d’Alexandre Jean 1er Cuza. Après quinze ans comme prince-souverain, il est proclamé roi de Roumanie le 26 mars 1881, premier roi de la maison de Hohenzollern-Sigmaringen.

Sous son règne la Roumanie profite de la guerre russo-ottomane (au cours de laquelle il commande lui même son armée) pour devenir indépendante (1877) puis devient un royaume en 1881. Sur le plan politique, un bipartisme libéraux contre conservateurs se met en place mais la différence ne saute pas forcément aux yeux puisqu’ils sont tous issus de la classe des grands propriétaires terriens. En 1888 et 1907 deux jacqueries secouent la Roumanie signe que le problème de la terre reste lancinant dans ce jeune pays.

Quand éclate le premier conflit mondial, Carol 1er veut engager la Roumanie du côté des Empires centraux et ainsi respecter l’alliance conclue avec l’Allemagne et l’Autriche-Hongrie en 1883. Oui mais voilà l’opinion publique roumaine est plutôt favorable à l’Entente.

Il finit par choisir la neutralité en raison notamment de l’hostilité viscérale des roumains vis à vis de l’Autriche-Hongrie, la Double-Monarchie contrôlant la Transylvanie où vit une importante minorité roumaine, minorité sans réels droits politiques et soumis à une politique de magyarisation.

Selon certains c’est ce dilemme qui provoqua sa mort le 10 octobre 1914 à l’âge de 75 ans (soit un âge avancé pour l’époque). Son neveu Ferdinand marié à Marie d’Edimbourg lui succède sur le trône de Roumanie.

Ferdinand 1er

Ferdinand 1er

Ferdinand 1er (Sigmaringen 24 août 1865 Sinaia 20 juillet 1927) est le deuxième roi de Roumanie, régnant de 1914 à 1927.

Fils de Léopold (1835-1905), prince de Hohenzollern-Sigmaringen et d’Antonia du Portugal (1845-1913), il est le neveu de Carol 1er et son successeur désigné depuis 1886 en raison du fait que son oncle n’à aucun héritier, son seul enfant Marie de Roumanie étant morte à l’âge de quatre ans.

Le 10 janvier 1893 il épouse Marie d’Edimbourg (1875-1938), fille d’Alfred de Saxe-Cobourg et Gotha, duc d’Edimbourg et de la grande-duchesse Maria-Alexandrovna de Russie. De cette union naissent six enfants, le futur Carol II (1893-1953) roi de Roumanie de 1930 à 1940, Elisabeth (1894-1956), Marie (1900-1961), Nicolas (1903-1978), Ileana (1909-1991) et Mircea (1913-1916).

Agé de 48 ans à son événement, il est moins germanophile que son oncle mais nul doute que l’entrée en guerre de la Roumanie contre son pays natal en 1916 à du être une sorte de cas de conscience. Il semble que le gouvernement de Bratianu l’à poussé à la guerre aux côtés de l’Entente.

Il voit donc son pays d’adoption subir une terrible défaite qu’il encaissera avec dévouement devenant aux yeux des roumains «Ferdinand le loyal».

Néanmoins en 1918 il aurait été proche d’accepter la couronne de Hongrie offerte par la noblesse hongroise dans le candide espoir d’éviter le démantèlement de la Hongrie tel qu’il sera mené par les alliés au traité de Trianon (probablement le traité de paix le plus dur).

Au final ce projet ne vit pas le jour mais les territoires roumanophones de la Hongrie furent rattachés à la Roumanie, donnant naissance à la Grande Roumanie qui allait être démantelé durant la Pax Armada au profit de l’URSS, de la Hongrie et de la Bulgarie.

Mort en 1927, son petit fils Mihail lui succède suite à la renonciation de Carol, son fils ainé connu pour sa vie dissolue qui faisait scandale auprès des roumains.

Carol II

Carol II

Carol II (Sinaia 15 octobre 1893 Estoril 4 avril 1953) est le troisième roi de Roumanie. Fils de Ferdinand 1er et de Marie d’Edimbourg. Il succède et est précédé par son fils Michel 1er pour des raisons que nous allons expliciter par la suite. Il règne du 8 juin 1930 au 6 septembre 1940 soit 10 ans, deux mois et vingt-neuf jours.

Premier roi de Roumanie né au pays (un peu comme George III pour la dynastie hanovrienne), il reçoit cependant une éducation internationale ce qui lui voudra la haine des légionnaires de la Garde de Fer qui le considérait comme un «cosmopolite». Un signe qui ne trompe pas, bien qu’appartenant à une dynastie germanophone, il s’exprimait davantage en anglais et en français.

Alors qu’il était prince héritier, il mena une vie dissolie, la vie d’un jet-setteur. Contre l’avis de son père, il épouse une roturière Iona Valentino le 31 août 1918 mais ce mariage qui donna naissance à un enfant prénomé Mircea (né en 1920) fût annulé en 1919.

Le 10 mars 1921 il épouse Hélène de Grèce, fille du roi Constantin 1er. C’est un mariage guidé par la raison d’état ce qui explique que le futur roi de Roumanie noue une liaison avec Elena Lupescu, une roumaine de confession juive ce qui ne peut qu’aggraver son cas aux yeux de la très antisémite Garde de Fer.

Après une série de scandales, le roi Ferdinand 1er pousse le prince Carol à renoncer à ses droits au trône au profit de son fils Michel né le 25 octobre 1921. Cela va aboutir à une situation toujours périlleuse de remplacer un héritier dans la force de l’âge (32 ans) au profit d’un enfant âgé de 4 ans («Malheur au royaume dont le prince est un enfant»).

La Roumanie étant une monarchie parlementaire, cette demande de Ferdinand 1er est acceptée par le parti libéral, acceptation d’autant plus facile que le prince héritier est vu comme très proche du parti paysan, son grand adversaire. L’ex-prince héritier s’installe à Monaco où il continue une vie dissolue et guère compatible avec l’image d’un futur monarque.

Ferdinand 1er meurt en 1927. Michel 1er n’étant âgé que de six ans, une régence s’installe, une période toujours délicate pour un royaume.

En juin 1930 Carol obtient du Parti paysan au pouvoir l’abrogation de renonciation au trône et son avénement au trône sous le nom de Carol II.

Pour faire face aux problèmes du moment (monté des extrémismes, crise économique) il estime la démocratie parlementaire inadaptée et cherche à mettre sur pied un régime autoritaire comparable à ses homologues yougoslaves (Alexandre 1er) et bulgares (Boris III). Il se heurte à la classe politique, à l’Eglise (qui lui reproche son style de vie) et à la Garde de Fer pour qui il n’est qu’un «parasite étranger de la nation roumaine».

En février 1938 il impose ce qu’on à appelé la dictature carliste. La constitution de 1923 est profondément réformée dans un sens autoritaire.

Il mène une lutte impitoyable contre la Garde de Fer. En dépit de ce tournant autoritaire, le roi de Roumanie reste fidèle à une politique étrangère pro-alliée sans pour autant rompre avec l’Allemagne nazie et l’URSS communiste. Un vrai jeu d’équilibriste.

C’est ainsi que durant la guerre de Pologne, il ouvre son territoire à l’armée polonaise en déroute ce qui permettra au gouvernement polonais en exil installé à Nantes de disposer d’une armée composée en partie d’hommes expérimentés et surtout brûlant de se venger, ignorant qu’à l’époque il leur faudrait attendre quasiment une décennie pour cela.

Avec la fin de la guerre de Pologne, le roi Carol II peut estimer avoir fait le plus dur et espère ainsi être récompensé en retour par l’un ou l’autre camp. La désillusion sera terrible, la pression allemande et le refus allié de garantir leur aide militaire en cas d’agression soviétique oblige le gouvernement roumain à accepté le démenbrement de la Grande Roumanie (perte de la Transylvanie du nord, de la Bessarabie et de la Bucovine du Nord mais aussi de la Dobroudja du Sud).

Si les légionnaires de la Garde de Fer (le nom officiel de l’organisation fasciste roumaine était «légion de l’archange Saint Michel») sont vent debout ce qui n’est pas nouveau mais même la partie modérée de l’opinion lui en veut énormément. Pour ne rien arranger des scandales privés et de corruption ternissent un peu plus l’image d’un roi dont le trône ne tient plus qu’à un fil.

Ce fil cède le 6 septembre 1940. La veille le roi avait nommé le maréchal Antonescu comme président du conseil. Il espérait ainsi se racheter une conduite en nommant un général populaire dans l’opinion mais c’est trop tard beaucoup trop tard. Au lendemain de sa nomination, Antonescu oblige Carol II à abdiquer en faveur de son fils Michel qui redevient roi dix ans après avoir du renoncer au trône.

L’ancien roi de Roumanie quitte le pays sous les quolibets, les insultes et même les balles puisque son train est mitraillé par la Garde de Fer à la frontière roumano-yougoslave. Cela entraine un incident de frontière qui menace de dégénérer en une guerre entre Belgrade et Bucarest.

Refugié au Portugal il y épouse sa maitresse Elena Lupescu en juin 1947 et meurt triste et amer le 4 avril 1953 à l’âge de cinquante-neuf ans. Durant son exil portugais il rédigea ses mémoires qui ne furent publiées qu’en 2003 lors du retour de sa dépouille en Roumanie.

Dans ce texte de 850 pages il effectue un examen lucide sur sa vie et sur sa personnalité mais ne regrette rien, terminant ses mémoires par cette phrase gravée sur sa tombe :
Sufletul meu către Dumnezeu, trupul meu pentru patrie, onoarea mea pentru mine (Mon âme à Dieu, mon corps à la patrie, mon honneur à moi)

Michel 1er

Michel 1er

Michel 1er (Sinaia,Roumanie 25 octobre 1921 Aubonne, Suisse 5 décembre 2017) est à la fois le troisième et le cinquième et dernier roi de Roumanie, une situation quasi-unique dans l’histoire (NdA le seul exemple que je connaisse est celui de Phillipe V d’Espagne qui abdiqua en faveur de son fils Louis 1er puis qui repris le pouvoir après la mort prématuré de son fils en 1724, un intermède de sept mois). Il règne ainsi du 20 juillet 1927 au 8 juin 1930 et du 6 septembre 1940 à sa déposition survenu le 30 mars 1957.

Fils de Carol II et d’Hélène de Grèce, Michel 1er est arrière-arrière-petit-fils de Victoria, arrière-arrière-arrière-petit-neveu de Léopold 1er de Belgique, cousin au troisième degré d’Elisabeth II du Royaume-Uni (au mariage duquel il allait rencontrer son épouse), des rois Juan Carlos Ier d’Espagne, Charles XVI Gustave de Suède, Harald V de Norvège et de la reine Margrethe II du Danemark. Enfin, sa grand-mère paternelle est la cousine germaine de Nicolas II par son arrière-grand-mère Maria Alexandrovna de Russie.

Le 28 décembre 1925 quand son père renonce à ses droits sur la couronne de Roumanie pour préférer vivre sa vie avec sa maitresse Magda Lupescu, le petit Michel âgé de tout juste quatre ans devient l’héritier du roi Ferdinand 1er de Roumanie, son grand-père.

Il devient roi à l’âge de six ans sous la régence d’un triumvirat composé de son oncle, le prince Nicolas, du patriarche Miron Cristea et de Gheorghe Buzdugan, président de la Cour de Cassation.

Sans avoir pu réellement gouverner (et pour cause), Michel 1er doit renoncer au trône le 8 juin 1930 au profit de son père qui le proclame héritier du trône !

Le 5 septembre 1940 le maréchal Antonescu est nommé premier ministre par un Carol II aux abois qui est poussé à l’abdication le lendemain. Il semble qu’un temps Antonescu est songé à devenir régent sur le modèle hongrois mais il préféra garder un semblant de légalisme en proclamant Michel 1er âgé de dix-neuf ans roi de Roumanie.

Sans pouvoir il n’est pas sans influence. Si il ne s’exprime pas publiquement il manifeste en privé sa mauvaise humeur.

Très populaire auprès d’une partie de l’opinion roumaine, il doit être ménagé par le Conducator. Il couvre également les agissements de son entourage en faveur des juifs persécutés et garde de précieux contacts en Occident à une époque où Bucarest à clairement choisit le camp allemand.

Avec le temps les relations entre Antonescu et le roi se dégradent. Une partie de la classe politique est plus monarchiste que fasciste (encore qu’Antonescu n’est pas un fasciste «chimiquement pur», la répression impitoyable de la Garde de Fer l’ayant démontré) mais les quelques consultations visant à rétablir un régime démocratique en Roumanie se heurtent à des querelles de chapelle et surtout de personnes.

Le 14 mars 1947 le roi Michel 1er est assigné à résidence à Constansa et menacé d’exil. Des manifestations monstres sont durement réprimées par l’armée et des troupes paramilitaires fidèles au Conducator mais Antonescu comprend qu’il doit lâcher du lest. Le roi est libéré le 4 octobre 1947 mais toujours sans pouvoir, l’entourage du maréchal (mais visiblement par le maréchal lui même) lui ayant fait comprendre que la prochaine fois il sera moins question de conciliation et davantage d’exil et de répression.

Quand le second conflit mondial éclate, Michel 1er devient commandant en chef des forces armées roumaines mais bien entendu c’est un poste purement symbolique, un os à ronger donné pour calmer les éléments monarchistes de l’armée.

Le roi effectuera quelques visites sur le front russe jusqu’à ce qu’on Antonescu y mette son véto craignant que la popularité du roi ne pousse le fils de Carol II à tenter l’aventure ô combien risquée du coup d’état.

Suite à la dégradation de la situation militaire, Michel 1er décide enfin de sauter le pas du coup d’état mais avant même que cette exécution soit menée par le général Ion Andreanu, un coup d’état communiste à lieu le 25 septembre 1953 pour tenter de sauver le pays d’une invasion soviétique.

Ce sera peine perdue car l’armistice n’est signé que le 4 octobre 1953 alors que les trois quarts du pays sont occupés par les soviétiques.

Le maréchal Antonescu et son gouvernement sont emprisonnés mais le roi est autorisé à rester dans son palais de Bucarest. Inutile de préciser qu’il est sévèrement gardé par des troupes soviétiques et quelques militants communistes vite expulsés par les soviétiques qui craignaient un «malheureux accident».

A la fin du conflit, officiellement la Roumanie est toujours un royaume mais en réalité c’est déjà un régime communiste. Une résistance politique et armée se dévellope, résistance soutenue mezzo voce par le roi.

Les communistes menace le 19 mars 1957 d’un bain de sang si le roi n’abdique pas. Voulant éviter cela, le roi décide d’abdiquer le 25 mars 1957 et s’exile en Suisse. La monarchie est abolie officiellement le lendemain.

Après une vie d’exil, l’ex-roi devenu citoyen danois (car déchu de sa nationalité roumaine en 1959 pour «crime contre le prolétariat») rentre en Roumanie en 1992 mais est expulsé par le nouveau gouvernement pour «sédition».

Ce n’est qu’en 2003 qu’il sera autorisé à revenir en Roumanie, raccompagnant le corps de son père de son exil portugais. Ce fût le couronnement de négociations âpres qui avaient déjà aboutit au rétablissement de sa citoyenneté roumaine en 1997 pour lui et sa famille. D’anciennes propriétés lui sont même restituées.

Aussi populaire que la classe politique roumaine est impopulaire (avec de nombreuses affaires de corruption dans un pays où le pot de vin est une pratique courante), il fait figure de patriarche, de sage. Il ne s’est jamais exprimé sur le sujet mais il semble qu’il n’à jamais sérieusement songé à rétablir la monarchie.

Vivant entre la Roumanie et la Suisse, l’ancien roi de Roumanie est décédé le 5 décembre 2017 des suites d’un cancer, seize mois après la mort de son épouse Anne de Bourbon-Parme. La Roumanie décrète trois jours de deuil national. Michel 1er est enterré aux côtés de ses prédécesseurs dans une crypte de l’Eglise Notre Dame de Agrea. De son mariage avec Anne de Bourbon-Parme sont nées cinq filles.

Des origines au premier conflit mondial

Le 14 mars 1881 la Roumanie devient donc un Royaume avec Carol 1er comme roi. Jusqu’en 1888 le premier ministre est Ion Bratianu qui mène une politique de modernisation du pays via d’imposants travaux d’infrastructures (routes, ponts, voies ferrées). La constitution est amendée en 1883 avec l’augmentation du nombre d’électeurs et la création d’un troisième collège.

En 1874 Marie Roumanie, fille de Carol 1er et unique enfant du couple royal décède dans l’enfance. Sans aucun autre enfant il fait de son frère ainé Léopold l’hériter mais ce dernier renonce en octobre 1884 en faveur de son fils Guillaume qui lui même renoncera en 1886 en faveur de son cadet Ferdinand.

Sur le plan politique, deux grands partis se structurent, les libéraux et les conservateurs même si on ne peut pas dire qu’il y ait une immense différence entre les deux.

Sur le plan chronologique, le Parti National Libéral est au pouvoir de 1881 à 1888, de 1895 à 1899, de 1901 à 1906, de 1907 à 1910 et de 1914 à 1918 alors que le Parti National Démocrate plus conservateur est au pouvoir de 1888 à 1895, de 1899 à 1901, en 1906/07 et de 1910 à 1914.

Tout n’est cependant pas rose puisqu’une révolte paysanne (jacquerie) éclate en Valachie en avril 1888 suivie en 1907 d’une révolte touchant aussi bien la Moldavie et la Valachie.

Cette dernière à lieu de février à avril 1907 dans un contexte très difficile avec notamment le souvenir de la révolution russe de 1905, souvenir attractif pour les plus humbles et répulsif pour les possédants.

Les paysans roumains avaient été libérés du servage entre 1746 et 1749 mais dans la pratique leur situation dans les grands domaines agricoles n’était guère enviable.

Si le paysan roumain était vu comme docile voir servile, cela ne l’empêchait pas de se rebeller comme en 1888, 1899 et 1900, des années marquées une sécheresse qui mettait en péril leur survie.

Pourquoi en 1907 cette révolte prend une telle ampleur ? Les historiens débattent toujours et ne peuvent émettre qu’une série de conjéctures. Un événement à rarement une origine unique et de plus il ne faut pas oublier l’irrationalité des comportements humains. Ce n’est pas pour rien que les révoltes populaires au temps de l’ancien régime étaient appelées des émotions.

Parmi les causes ont trouve plusieurs mauvaises récoltes successives, la spéculation des grains menés par les intendants des grands domaines, les arendaches, figure détestée par la paysannerie car les boyards et les princes propriétaires des grands domaines étaient inaccessibles au commun, résidant en ville ou à l’étranger.

Il n’est pas impossible que des idées proto ou crypto-communistes aient eut aussi un impact mais cet impact fût bien faible que ne l’à dit la propagrande communiste. Et pour cause à l’époque l’immense majorité était illétrée voir carrément analphabète.

Tout commence le 21 février 1907 dans un village du judet de Botosani dans le nord de la Moldavie. Très vite la révolte s’étend à tout le pays. Des manoirs et des entrepôts sont pillés sont pillés, des postes de gendarmerie sont incendiés.

A la paysannerie se joignent très vite les dockers des ports de Brăila, Constanța, Galați, Giurgiu, Oltenița et Zimnicea. De véritables combats ont lieu entre révoltés et force de l’ordre.

La situation est telle que le 18 mars l’état d’urgence est proclamé alors que les insurgés marchent sur la capitale. L’armée dirigée par le général Alexandru Averescu est mobilisée, utilisant tous les moyens en sa possession y compris l’artillerie. Plus qu’une simple opération de rétablissement de l’ordre c’est une véritable guerre qui déchire le jeune (26 ans) royaume de Roumanie.

Le 24 mars 1907 le gouvernement conservateur démissionne et les libéraux de Dimitrie Sturdza arrivent au pouvoir. A la mi-avril la situation est nettement plus favorable aux autorités.

Le bilan est lourd. 2000 insurgés sont arrêtés. Le nombre de morts est incertain allant de 421 (sources officielles de l’époque) à 11000 (chiffres de l’époque communiste) sans compter des millions de lei de dégâts.

Une fois la répression réalisée, le gouvernement comprend qu’il faut améliorer la situation de la paysannerie au risque que de tels événements se reproduisent.

Plusieurs lois sont ainsi votées pour améliorer la condition paysanne : contrats agricoles obligatoires, interdiction du cumul des affermages et de l’usure, création d’un Crédit Rural. A cela s’ajoute un choc culturel qui dégrade l’image de la Roumanie à l’étranger.

Cette révolte à été naturellement exploitée par les différents courants de la vie politique roumaine que ce soit les communistes («révolution prolétarienne contre l’ordre aristocratique de la monarchie roumaine»), les nationalistes («sursaut de la nation roumaine surexploitée contre ses
parasites ») et ce qu’on pourrait appeler par anachronisme les progressistes (« pogrom d’un peuple intrinsèquement primitif, fruste, intolérant et xénophobe contre les minorités du pays »)

L’approche environnementaliste et sociologique en fait une révolte motivée principalement par la sécheresse, la disette et la désespérance, car les idées socialistes ou nationalistes avaient peu de poids chez les paysans. Il y eu bien des arendaches et des usuriers (camatari) tués mais ils l’ont été par ce qu’ils ont fait ou ce qu’ils représentaient et non à cause de leurs origines. De plus à peine un sixième de la paysannerie à participé à cette jacquerie.

Sur le plan de la politique étrangère, en 1883 la Roumanie signe une alliance secrète avec l’Allemagne et l’Autriche-Hongrie, une façon de se protéger contre une potentielle agression russe.

Quand éclate la première guerre balkanique, la Roumanie reste neutre mais quand la Bulgarie se retourne contre ses anciens alliés elle se décide à intervenir.

Ce deuxième conflit éclate le 29 juin 1913 quand la Bulgarie attaque la Grèce et la Serbie. Moins d’une semaine plus tard le 5 juillet l’armée roumaine mobilise. Pas moins de 330000 soldats sont assemblés avec pour principal objectif la récupération de la Dobroudja du Sud aux mains des bulgares.

La guerre est déclarée le 10 juillet. 80000 hommes du 5ème corps d’armée envahissent la Dobrudja sans rencontrer de résistance. Il faut dire que l’armée de Ferdinand 1er à très fort à faire sur d’autres fronts contre les serbes, les grecs et même les ottomans.

Si le 5ème CA bulgare occupe un front allant de Tutrakan à Balchik, le corps de cavalerie occupe la ville de Varna.

Dans la nuit du 14 au 15 juillet 1913, l’armée du Danube commandée par le prince héritier Ferdinand envahit la Bulgarie occupant les villes de Oryahovo, Gigen et Nikopol. L’armée se sépare ensuite, une partie mettant cap à l’ouest direction la ville de Ferdinand (aujourd’hui Morava) et au sud-ouest direction Sofia, la progression étant précédée d’un écran de cavalerie comme l’exige l’élémentaire prudence militaire.

Le 18 la ville de Ferdinand tombe suivit deux jours plus tard de celle de Vratsa. Le 23 des cavaliers roumains sont à Vrazhdebna à sept kilomètres de Sofia et deux jours plus tard le 25 les troupes serbes et les troupes roumaines font leur jonction à Belogradchik, isolant ainsi la ville de Vidin.

La situation bulgare est clairement désespérée. Sofia rentre même dans l’histoire en étant la première capitale survolée par des aéronefs ennemis. Heureusement pour les habitants de la capitale bulgare, les roumains se contentent de larguer des tracts.

Très vite la Bulgarie cherche à négocier. Elle tente de passer par le canal russe mais sans grand succès. Finalement après de multiples péripéties, les délégations des différents belligérants (sauf les ottomans exclus par les roumains ce qui obligea les bulgares à négocier séparément avec Constantinople) se retrouvent à Bucarest le 30 juillet 1913. Elles s’entendent rapidement sur un armistice de cinq jours qui entre en vigueur le lendemain.

Dès le 19 juillet 1913 la Bulgarie avait accepté de céder la Dobroudja du Sud à la Roumanie ce qui explique que la délégation roumaine porta la voix de la modération à cette conférence qui aboutit à la signature du Traité de Bucarest le 10 août 1913. Si la Roumanie n’à pas perdu de soldats faute de combats, 6000 hommes ont été victimes d’une épidémie de cholera.

Quand éclate le premier conflit mondial la Roumanie préfère rester neutre en raison principalement mais non exclusivement d’une querelle entre un roi plutôt pro-allemand et un gouvernement mais aussi une opinion alliée plus favorable à l’Entente.

Le 10 octobre 1914 deux moins après le déclenchement du premier conflit mondial, Carol 1er meurt. Sans descendance et donc sans descendance masculine, il est remplacé sur le trône de Roumanie par son neveu Ferdinand qui devient Ferdinand 1er de Roumanie.

Deux ans plus tard, en 1916, la Roumanie allait s’engager dans le premier conflit mondial pour le meilleur mais surtout pour le pire.

Mitteleuropa Balkans (65) Bulgarie (29)

ARMEE DE L’AIR

Histoire

Jeunes années

L’armée de l’air bulgare est aujourd’hui une force indépendante de l’armée de terre et de la marine mais cela n’à naturellement pas toujours été le cas.

Le premier contact de l’aérien pour l’armée bulgare remonte à la foire internationale de Plovdiv en 1892. Bien entendu à l’époque il n’est aucunement question d’avion mais plutôt de ballons. Deux lieutenants de l’armée bulgare effectuent un vol à bord du ballon La France menée par Eugène Godard.

Les deux lieutenants (NdA si quelqu’un retrouve les noms) sont très enthousiastes et parviennent à convaincre leur hiérarchie de l’utilité pour l’armée bulgare de posséder une force de ballons pour l’observation.

Seulement voilà tous les pays refusent d’ouvrir leurs portes à des militaires bulgares et ce jusqu’à ce que l’école d’aviation impériale de Saint Pétersbourg accepte le lieutenant Vasil Zlatarov dans son enceinte.

Le 20 avril 1906 une escadrille aérienne (Vazduhoplavatelno Otdelenie) voit le jour pour utiliser des ballons d’observation. Intégré au bataillon de chemins de fer, le lieutenant Zlatatrov en est le premier commandant. Cette date est considérée comme la date de naissance de la Voennovazdushni sili, l’armée de l’air bulgare.

L’unité met d’abord en œuvre des ballons de taille réduite mais en 1911 un ballon Godard plus gros est commandé et surtout en 1912 le premier ballon de conception et de fabrication bulgare baptisé Sofia-1 est produit (tout de même avec des composants venus de Russie).

Le plus léger que l’air cela peut être intéressant mais son utilisation est particulièrement soumise aux aléas météos notamment le vent.

Farman III au décollage

C’est ainsi qu’en 1910 un ingénieur russe Boris Maslennikov est invité en Bulgarie pour présenter un avion de sa fabrication en l’occurrence une modification du Farman III, un avion français. Cette démonstration est un succès et le gouvernement bulgare décide de commander des avions.

Début 1912, treize officiers de l’armée de terre sont envoyés à l’étranger pour être entrainer au pilotage. Parallèlement cinq avions sont commandés en France, en Grande-Bretagne et en Allemagne. Les bulgares envoyés en France sont les premiers à revenir (juillet 1912) et à la même date le premier avion est livré, un Bleriot XXI avec lequel Simeon Petrov devient le premier bulgare à piloter un avion au dessus du territoire national (13 août 1912).

C’est alors qu’éclate la première guerre Balkanique. La petite aviation bulgare reçoit en hâte quelques appareils et pour les utiliser des volontaires étrangers rallient le royaume de Ferdinand 1er pour combattre sous les couleurs rouge vertes et blanches.

Les missions sont essentiellement des missions de reconnaissance mais le 16 octobre 1912 deux aviateurs bulgares effectuant un vol de reconnaissance au dessus d’Edirne à bord d’un Albatros F.2 larguent également deux bombes.

A la fin du mois d’octobre, le corps aérien bulgare passe de un à trois pelotons d’aviation. Bien aidés par les russes, les bulgares perdent tout de même trois appareils. L’impact militaire était limité mais l’impact psychologique et moral était tout simplement dévastateur sur les troupes ottomanes.

Durant ce conflit l’armée bulgare va effectuer 70 sorties dont 11 pour des missions de bombardement. En revanche durant la deuxième guerre Balkanique, seulement six sorties sont réalisées. De nombreux appareils sont livrés à la Bulgarie par différents constructeurs essentiellement français.

L’aviation bulgare dans le premier conflit mondial

La Bulgarie entre en guerre le 4 octobre 1915 aux côtés des Empires Centraux. A l’époque «l’aviation bulgare» est en mauvais état avec des appareils dépassés faute de pays acceptant de vendre à Sofia. La section aéronautique de l’armée de terre bulgare est remise sur pied avec l’aide de l’Allemagne et de l’Autriche-Hongrie.

Les avions vont opérer d’abord depuis Sofia (d’où ils réalisent le chiffre remarquable de onze sorties de combat, le site en question étant aujourd’hui la gare centrale de la capitale bulgare) puis depuis Kumanovo (actuellement en Macédoine du Nord) enfin opérer c’est vite dit car le mauvais temps rend les opérations particulièrement compliquées.

Le front avançant, les avions bulgares sont redéployés à Belitsa et Xanthi soit depuis le nord de la Grèce actuelle. Par la suite de nouveaux aérodromes sont aménagés à Udovo et Levunovo, villes situées actuellement dans le sud-est de la Macédoine du Nord et dans le sud-ouest de la Bulgarie.

Les premières opérations sont essentiellement des missions de reconnaissance mais très vite il faut penser à des opérations de chasse et de bombardement ne serait-ce que pour contrer les missions de reconnaissance et de bombardement menées par les alliés qui ont décidé de solidement s’installer en Grèce.

Durant le conflit l’aviation bulgare va faire ce qu’elle peut avec ce qu’elle à. Malgré tous ses efforts, les moyens aériens bulgares resteront toujours inférieurs à ceux déployés par les alliés.

La 1ère section d’aéroplanes est rattachée à la 2ème Armée et va réaliser 255 sorties contre 397 pour les quatre squadrons de l’Entente qui lui font face.

Cette section va disposer de plusieurs types d’appareils comme le LVG B.II (douze exemplaires), un appareil de reconnaissance biplace utilisé également pour la chasse, le premier groupe de six appareils arrivant dès novembre 1915.

On trouve également treize bombardiers Otto C.I (premier appareil livré en mai 1916), dix-huit Albatros C.III utilisés pour la reconnaissance et pour l’entrainement (premières livraisons en août 1916), douze avions de reconnaissance DFW C.V dont les premiers arrivent en août 1917.

Fokker D.VII

L’aviation bulgare reçoit également des chasseurs à savoir six Roland D.II (livrés en juillet 1917), six Roland D.III (livrés fin 1917), trois Fokker E.III (premières livraisons au printemps 1916) mais aussi huit Fokker D.VII livrés en septembre 1918 mais qui ne connurent aucune mission de combat, sept étant envoyés à la casse par le Traité de Neuilly-sur-Seine, le huitième étant transformé en biplace d’entrainement et donc préservé.

Les deux Albatros C.I ont été acquis de manière indirecte. Ces appareils se sont posés en Bulgarie début 1915 à une époque où le royaume de Ferdinand 1er était encore neutre. Les appareils sont donc saisis et remis en service dans l’aviation militaire bulgare.

On trouve également huit hydravions de bombardement Friedrichshafen FF.33 livrés en 1916 et deux hydravions de chasse Rumper 6B1 également livrés en 1916.

Albatros D.III

A noter que certains pilotes bulgares ont volé au sein d’unités allemandes et ont pu voler sur d’autres appareils comme l’Albatros D.III ou encore l’Halberstadt. Cela explique pourquoi certains textes disent que ces appareils ont volé sous les couleurs bulgares alors que ce n’était pas le cas.

Des appareils alliés furent également capturés et réutilisés comme un bombardier Farman F.40 ou encore un Armstrong Whitworth F.K.3 mais aussi un Nieuport 24bis et un Nieuport 27.

L’aviation bulgare va également opérer au dessus de la mer. Dès 1912 des bulgares sont envoyés en Allemagne pour se former aux subtilités du pilotage et de l’utilisation d’appareils au dessus des flots. L’entrainement se termine juste au moment où éclate le premier conflit mondial et en novembre 1915 une hydrobase sous contrôle allemand est installée à Varna.

Elle utilise d’abord quatre Friedrichshafen FF.33 et un Rumpler 6B1, les premiers étant comme nous l’avons vu des bombardiers, le second un chasseur. Ultérieurement une autre hydrobase est installé sur le lac de Varna cette fois sous contrôle bulgare, base utilisant les mêmes appareils.

Pour améliorer la permanence au dessus de la côte méridionale de la Bulgare une base de ravitaillement en carburant et munitions est installée près de Sozopol. Fin 1917 l’hydrobase allemande de Varna est transférée à la marine bulgare et au moment de l’armistice, l’aéronavale bulgare comprend deux hydrobases, une base de ravitaillement, trois hangars, trois ateliers, des dépôts de munitions et dix hydravions. Une fois les combats terminés les hydravions sont utilisés pour repérer les champs de mines avant d’être démolis sous contrôle allié sur l’aérodrome de Bozhurishte.

Des ballons statiques d’observation sont également utilisés par les bulgares qui accueillent sur leur territoire des dirigeables allemands. Ces derniers vont opérer au dessus de la mer Noire et de la Roumanie mais certains vont tenter des missions d’une audace folle comme le ravitaillement de l’Afrique orientale allemande ou le bombardement de Naples et de Port Said !

Le 4 octobre 1918 le tsar Boris III signe l’acte royal de démobilisation qui marque le retour de l’armée bulgare à un format du temps de paix. Le groupe d’aéroplanes basé à Bozhurishte doit comprendre les unités suivantes :

-deux compagnies d’aéroplanes

-Une école de formation

-Un atelier

-Un dépôt.

Seulement voilà le 27 novembre 1919 le Traité de Neuilly-sur-Seine est signé. Ce traité interdit à l’armée bulgare de mettre en œuvre des avions et ce pendant pendant vingt ans soit jusqu’en 1939. Tous les appareils, ballons, équipements, munitions et infrastructures doivent être détruites sous contrôle allié. Aucun appareil civil ne peut être acquis également et même l’espace aérien allié doit être sous contrôle allié.

Durant l’année 1920 70 avions, 110 moteurs, 3 ballons, 76 mitrailleuses, des caméras photos et différentes équipements sont détruits. Quelques appareils échappent à la destruction en étant cachés aux yeux des inspecteurs alliés comme sept DFW C.V, des Albatros C.III et un Fokker D.VII survivent à cette destruction tout comme dix moteurs.

Dès le début le gouvernement bulgare tente de contourner cette interdiction mais les alliés veillent et interdisent par exemple la création d’une section aéronautique de la Gendarmerie. Néanmoins en 1920 des aviateurs bulgares assemblent deux appareils à partir d’éléments récupérés ici et là, appareils qui vont réaliser plus de 1000h de vol. Le Fokker D.VII comme nous l’avons vu est transformé en biplace d’entrainement et peut reprendre du service.

La Renaissance

Au milieu des années vingt on assiste à un certain assouplissement des alliés qui autorisent en 1923 la Bulgarie à renouer avec l’aviation. Des cadets entrent ainsi dans une école de formation installée à Vrazhdebna et en 1924 des appareils neufs sont acquis (Potez VIII, Caudron C.59, Henriot XD.14 et Bristol 29 Tourer mais aussi des hydravions Avro 522. Un hydravion de conception nationale voit même le jour mais n’aboutira pas à une production en série.

Toujours en 1924 la section d’aéroplanes devient le directorat des vols aériens mais reste sous le contrôle du ministère des chemins de fer, des services postaux et télégraphiques. Autant dire un domaine fort éloigné des opérations militaires.

En 1925 de nouveaux appareils sont livrés, un modèle français (Potez XVII), un modèle britannique (Bristol Lucifer) et un modèle italien l’hydravion Macchi 2000/18.

Le gouvernement bulgare prépare également l’avenir et en 1925 invite un groupe d’ingénieurs allemands en Bulgarie pour aider à la mise sur pied d’un constructeur aéronautique national. C’est l’acte de naissance de l’Atelier de Construction Aéronautique d’Etat ou en version originale Darzhavna Aeroplanna Rabotilnitsa (DAR). D’autres tentatives seront menées par des industriels tchécoslovaques et italiens avec des résultats contrastés.

Le DAR commence par produire des copies d’avions allemands du premier conflit mondial (le Uzounov [DAR] U-1 copie du DFW C.V et le DAR-2 copie de l’Albatros C.III) tout en étudiant son premier modèle original baptisé DAR-1 qui allait entrer en service en 1926.

En 1926 l’Ecole de Formation est déplacée à Kazanlak pour échapper à l’oeil inquisiteur de la commission de contrôle allié qui restait vigilante à ce que les libertés accordées aux bulgares ne soient pas exploitées.

En 1927 le directorat dispose d’un yato (escadron/squadron) de chasse volant sur DAR-1, un yato de bombardement volant sur DAR U-1 et DAR-2, un yato de reconnaissance volant sur Potez XVII et un yato d’hydravions volant sur Avro 522 et Macchi 2000/18. l’Ecole de formation dispose de Caudron C.59, de Hanriot HD.14 et de Somlnik S.18.

En 1928 le ministère de la Guerre entame un ambitieux programme de dix ans pour développement son aviation militaire (pourtant toujours officiellement interdite par le traité de Neuilly-sur-Seine).

Ce plan prévoit quatre orlyaks (groupe aérien) de chasse composés de deux yatos soit un total de 96 chasseurs, quatre orlyaks de reconnaissance eux aussi composés de deux yatos chacun soit 96 avions de reconnaissance, dix-huit yatos de reconnaissance divisionnaire disposant chacun de douze appareils soit 216 appareils mais aussi une brigade de frappe avec un orlyak de 48 chasseurs, un orlyak de bombardement de 36 bombardiers et un orlyak de reconnaissance avec deux appareils et pour finir un orlyak d’aviation navale composée de deux yatos d’hydravions de chasse (vingt-quatre appareils) et deux yatos d’hydravions de bombardement (dix-huit appareils).

En 1933 le Conseil des Ministres l’organisation en temps de guerre de l’aviation militaire bulgare qui doit comprendre un orlyak mixte composée d’un yato de chasse, d’un yato de bombardement, d’un yato de reconnaissance et d’un yato de liaison. On trouve également un yato naval, un orlyak d’entrainement ainsi que l’Ecole de Formation installée à Kazanlak. A noter que la compagnie de ballons ne sera jamais créée car le ballon est considéré à juste titre comme inadapté à la guerre moderne.

En 1934 l’aviation bulgare qui était devenu un régiment d’aviation (date du changement inconnu) change à nouveau de nom en devenant les Troupes Aériennes Royales (ou de Sa Majesté) avec un état-major, deux orlyaks (basés à Bozhurishte et Plovdiv), un orlyak d’entrainement (Plovdiv), un yato maritime (NAS Chaika, Varna) et différentes unités de soutien.

L’armée de l’air bulgare : dévellopement et expansion

A la fin des années trente la Bulgarie peut enfin réarmer ouvertement et acquérir le matériel moderne dont elle à besoin.

Arado Ar65

Dès 1937 elle va recevoir douze chasseurs Arado Ar65, douze chasseurs Heinkel He-51, douze bombardiers Dornier Do-11 et douze avions de reconnaissance Heinkel He-45B. Ces quarante-huit appareils sont un don personnel d’Hermann Göring à Boris III.

Dornier Do-11

Lors d’un défilé militaire pour la Saint George (23 avril) l’aviation militaire bulgare participe au défilé et les nouveaux drapeaux sont distribués peu après en présence de Boris III.

PZL P.24

Toujours en 1937 de nouveaux avions sont commandés, des avions polonais avec quatorze chasseurs PZL P.24B et douze bombardiers PZL.43A. En 1938 une nouvelle commande est passée pour quarante-deux bombardiers légers PZL.43B et douze chasseurs PZL.24F, des évolutions des appareils commandés auparavant. Suite à la chute de la Pologne une partie seulement de la commande sera honorée.

PZL P.43

Toujours en 1938 la Bulgarie profite du démantèlement de l’armée de l’air tchécoslovaque pour récupérer à vile des prix des appareils relativement modernes.

C’est ainsi que Sofia va récupérer 78 chasseurs biplans Avia B-534, 32 bombardiers Avia B.71 (qui est la version produite sous licence du Tupolev SB), douze bombardiers Bloch MB-200, soixante-deux avions de reconnaissance Letov S-328 et vingt-huit avions d’entrainement Avia Bs.122.

Bloch MB-200

Quand la guerre de Pologne éclate, la Bulgarie dispose de 374 appareils de combat plus d’autres appareils en commande en l’occurrence dix chasseurs Messerschmitt Me-109E-4, dix bombardiers Dornier Do-17M/P, six avions de liaison Messerschmitt Bf-108, vingt-quatre avions d’entrainement Arado Ar-96B et quatorze avions d’entrainement Bücker-Bestmann Bü-131.

Sur le plan des structures les troupes aériennes royales comprennent quatre orlyaks numérotés 1 à 4, chaque orlyak devant être rattaché à l’armée dont il porte le numéro. Chaque orlyak dispose d’un yato de chasse, d’un yato de bombardement et de deux yatos de reconnaissance. On trouve également deux orlyaks indépendants numérotés 5 et 6 ainsi que des unités d’entrainement sur différents aérodromes du pays. Fin 1940 alors que la guerre de Pologne à prit fin depuis un an les bulgares disposent de 595 appareils et de 10287 hommes.

Durant la Pax Armada l’armée de l’air bulgare va être réorganisée et renforcée en profitant des investissements militaires effectués par le gouvernement.

Globalement en septembre 1948 les troupes aériennes royales sont bien entrainées et bien équipées à l’échelle bulgare cela va s’en dire. La plupart des chasseurs sont relativement modernes et vont donner du fil à retordre à tout ennemi voulant le combattre.

Mitteleuropa Balkans (57) Balkans (21)

Artillerie de campagne et de montagne

7.5cm M.1915

Connu en version originale sous le nom de Skoda 7.5cm Gebirgskanone M.15, le canon de 75mm Skoda modèle 1915 est comme son nom l’indique un canon de montagne dont le caractère démontable entraina un fragilité préjudiciable lors des remorquages en terrain difficile.

Utilisé durant le premier conflit mondial par les austro-hongrois et par les allemands (ces derniers comme canon d’infanterie), il à été utilisé une fois le conflit terminé par l’Italie qui à reçu ces canons au titre des dommages de guerre. Il à été naturellement utilisé par les pays ayant succédé à la Double-Monarchie à savoir l’Autriche, la Tchécoslovaquie, la Hongrie, la Pologne et la Yougoslavie mais aussi la Bulgarie, la Roumanie et la Turquie.

La mise au point de ce ce canon à été longue en raison des incertitudes des services techniques qui hésitaient entre un canon démontable en multiples fardeaux ou un canon démontable en ensembles plus gros.

Voilà pourquoi ce canon dont l’étude à été lancé en 1911 n’à été mis en service qu’en avril 1915 soit un an de retard sur le planning initial. Après guerre une version améliorée baptisée modèle 1928 à été mise au point.

La Bulgarie à reçut 144 exemplaires durant le premier conflit mondial, des armes employées dans le tourmenté relief balkanique où il fit merveille. Cette arme fût utilisée comme pièce d’artillerie classique mais aussi comme canon d’infanterie lors des offensives bulgares locales.

83 pièces furent perdues (dont 54 capturées par l’Entente) réduisant le parc à la fin du premier conflit mondial à seulement 61 canons mais des pièces récupérées dans le chaos de l’après guerre fit remonter le parc à 120 pièces en septembre 1939 avant une décroissance liée à l’usure. 75 pièces étaient encore en service en septembre 1948 et 42 en avril 1954 quand le second conflit mondial se termine. l »immense majorité est envoyée à la ferraille.

Le 7.5cm M.1915 était un canon de 75mm disposant d’un tube de 15.4 calibres (longueur du tube 1.15m) pesant 614kg en position de tir (620kg en configuration transport) Il tire un obus (75x129R) de 6.35kg à une distance maximale de 8250m à raison de 6 à 8 coups par minute. L’équipe de pièce de cinq ou six hommes protégée par un bouclier de 4.2mm d’épaisseur peut pointer le canon en site de -10° à +50° et en azimut sur 7°.

7.5cm M.1936

Pour compléter à défaut de devoir remplacer le canon précédement présenter la Bulgarie à acquis en 1936 auprès de la firme Bofors un nouveau canon léger de montagne désigné par ses soins 7.5cm M.1936.

Sous cette désignation se cache une évolution du canon de montagne Bofors de 75mm modèle 1934, un canon notamment utilisé par la Belgique, les Pays-Bas et la Chine mais aussi par l’Allemagne (douze canons pour évaluation) et donc dans un modèle amélioré par la Bulgarie.

Ce canon également vendu en Argentine, au Brésil, au Paraguay, en Perse et en Suisse à été engagé au combat par les Pays-Bas aux Indes Néerlandaises, par la Belgique dans les Ardennes et par la Bulgarie dans les Balkans où le petit canon suédois fit merveille par sa robustesse et sa fiabilité.

Bien entendu avec 48 canons les artilleurs bulgares ne pouvaient pas faire de miracles mais ils sont parvenus à appuyer les troupes bulgares et ont surtout rendu plus difficile l’avancée des troupes alliées dans les Balkans où il à été exclusivement employé.

Il y eut bien le projet d’envoyer une batterie en Russie pour soutenir les deux divisions bulgares mais les canons restèrent à Varna en raison de la surcharge du cargo devant les emporter avec munitions et servant. Ce fût une heureuse chose car le cargo en question fût coulé par un sous-marin soviétique. Les canons auraient pu rallier la Crimée ultérieurement mais ce ne fût pas le cas.

A la fin du second conflit mondial la Bulgarie possédait encore seize canons de ce type qui furent stockés puis brièvement réutilisés comme pièces d’entrainement pour les nouveaux artilleurs bulgares. Deux pièces furent utilisées comme canon de salut à Sofia jusqu’en 1975 quand l’un d’eux explosa entrainant leur réforme, le canon endommagé étant envoyé à la ferraille, le second préservé dans un musée.

Le 7.5cm M.1936 était un canon léger de montagne de 75mm pesant 928kg en position de tir. Il dispose par ailleurs d’un tube de 24 calibrres (longueur du tube 1.8m) permettantt le tir d’un obus de 6.59kg (obus encartouché QF 75x212mm) à une distance maximale efficace de 9300m à raison de 15 à 25 coups par minute. L’équipe de pièce composée de neuf hommes et protégée par un bouclier pouvait pointer le canon en site de -10° à 50° et en azimut sur 7°54′.

7.5cm Gebirgsgeschütz 36 (désignation bulgare : 7.5cm M.1944)

Le 7.5cm Gebirgskanone 15 n’était autre qu’une pièce austro-hongroise produite par la firme Skoda, utilisée en petit nombre par l’armée allemande durant le premier conflit mondial et dont des exemplaires supplémentaires ont été commandés par la Reichswehr pour servir de canon de montagne (alors que les pièces commandées avaient été davantage utilisées pour le soutien rapproché de l’infanterie).

Ce canon déjà ancien devait être remplacé par une pièce plus moderne. Après avoir évalué des canons Bofors de 75mm (pièces exportées en Belgique et aux Pays-Bas) sous le nom de Gebirgseschütz 34, les allemands mirent au point leur propre canon, le 7.5cm Gebirgseschütz 36.

Mis au point par Rheinmettall, ce canon entra en service à partir de 1938 mais la production fût assez lente ce qui explique qu’il fallut attendre 1943 pour que les derniers Gebirgskanone 15 soient remplacés et relégués à l’instruction.

Ce canon était naturellement toujours en service en septembre 1948 et n’allait pas tardé à faire parler la poudre en Norvège en appuie des troupes de montagne allemandes.

La Bulgarie devient le seul client d’avant-guerre de ce canon de montagne. Pour compléter leurs Bofors de 75mm, ils vont passer commande de 60 exemplaires qui sont livrés entre 1944 et 1947 pour compléter les canons suédois mais aussi les canons austro-hongrois qui faisaient de la résistance en dépit d’une usure prononcée.

Ces canons vont opérer dans les Balkans pour appuyer les troupes bulgares aussi bien dans leurs combats conventionnels contre les alliés que lors des sinistres opérations de nettoyage.

A la fin du conflit il restait 23 pièces en service. Certaines ont été stockées jusqu’en 1975 quand décision est prise de purger les stocks des armes dépassées. Ces canons de montagne sont tous envoyées à la ferraille sauf deux préservées dans des musées.

Le 7.5cm M.1944 était un canon de montagne de 75mm pesant 750kg disposant d’un tube de 19 calibres (longueur du tube 1.45m) permettant le tir d’un obus de 5.75kg à raison de six à huit coups par minute. L’équipe de pièce composée de cinq hommes pouvant pointer le canon en site de -2° à +70° et en azimut sur 40° de part et d’autre de l’axe.

7.5cm M1903

Le 7.5cm M1903 était un canon de 75mm comparable au M1904 ci-après mais de conception et de fabrication allemande, un produit de la firme firme Krupp. Ce canon acquis en 1913 était toujours en service au début du second conflit mondial même si il était en cours de retrait.

Il n’y eut pas de témoignage de son utilisation sur le front balkanique mais comme des partisans yougoslaves ont capturé un exemplaire il est évident qu’il à été utilisé dans les tristements célèbres opérations de nettoyage menées en Macédoine par les troupes bulgares.

Quelques rares exemplaires ont survécu jusqu’au printemps 1954 mais c’était pour mieux subir les foudres des chalumeaux des démolisseurs.

Le 7.5cm M1903 était un canon léger de 75mm pesant 1070kg en batterie mais 1770kg en configuration transport disposant d’un tube de 30 calibres (longueur 2.25m) permettant le titre d »un obus explosif de 6.35kg à une distance maximale de 8000m à raison de huit coups par minute. L’équipe de pièce composée de six hommes pouvait pointer le canon en site de -5° à +15° et en azimut sur 3°

Canon de 75mm Schneider-Canet

Le 7.5cm M1904 était un canon produit pour la Bulgarie par la firme française Schneider-Canet, un des grands «marchands de canon» d’avant le premier conflit mondial avec son concurrent allemand Krupp.

324 exemplaires du modèle 1904 sont commandées par la Bulgarie en 1906 ett livrées jusqu’en 1909. Avec un tel nombre vous n’allez pas être surpris chers lecteurs d’apprendre que ce canon sera la principale pièce d’artillerie de campagne de l’armée bulgare durant les deux guerres balkaniques et la première guerre mondiale.

A ces canons vont s’ajouter 180 canon de 75mm Schneider-Canet modèle 1907, des canons d’origine serbe capturés sur le champ de bataille en 1915 (180) mais aussi auprès de l’Armée d’Orient qui perdit neuf canons en 1916.

Et ce n’est pas finit puisque la Bulgarie va également récupérer des canons de 75mm Schneider-Canet modèle 1908, huit de ces canons capturés sur les troupes grecques en 1916 étant promptement remises en service au sein de l’armée bulgare.

Ces canons vont opérer au sein de l’armée bulgare durant tout le conflit et vont rester en service durant la période où les effectifs et les moyens de l’armée du tsar Boris III sont sévèrement contingentés. Nombre de pièces sont modernisées notamment en vue de les adapter à la traction automobile mais clairement en septembre 1948 ces différentes pièces étaient dépassées.

Elles vont néanmoins faire le coup de feu durant tout le conflit et en mai 1954 il restait encore une cinquantaine de ces pièces encore en service. Usées jusqu’à la corde elles n’ont pas été conservées par la suite et ont toutes finies sauf une sous les chalumeaux des ferrailleurs.

Le 7.5cm M1904 était un canon léger de 75mm pesant 1017kg en batterie (mais 1700kg en configuration transport) disposant d’un tube de 31.4 calibres (longueur 2.4m) lui permettant de tirer un projectile de 6.5kg (obus 75x280R) à une distance maximale de 8000m à raison de 15 coups par minute. L’équipe de pièce composée de six hommes était protégée par un bouclier de 5mm ce qui lui permettait de pointer en site de -5° à +16° et en azimut sur 3°.

7.5cm M1910

Le 7.5cm M1910 était une autre création de la maison Krupp mais plus récente car datant comme sa désignation l’indique de 1910. Ces canons ont été acquis non pas légalement mais sur le champ de bataille, capturées au cours de différents conflits.

C’est ainsi que l’artillerie bulgare récupéra des M.1910 auprès des turcs (aux côtés de M.1904, M.1908 et M.1913) lors des deux guerres balkaniques, des M.1910 auprès de la Serbie en 1915 et des M.1910 auprès de la Grèce, ces canons étant d’anciennes pièces ottomanes !

Toujours en service dans l’armée bulgare en septembre 1948, ce canon était surtout utilisé depuis des positions fixes, des positions de campagne soigneusement aménagées pour casser l’avance alliée, la canaliser et l’user pour permettre la contre-attaque par des unités mobiles, unités de plus en plus rares au fur et à mesure que la guerre durait.

En mai 1954 il restait une poignée de pièces en service. Les chiffres sont incertains variant selon les sources entre 4 et 9. Ce qui est certain c’est que à part une pièces préservée dans un musée toutes les autres ont été envoyées à la ferraille.

Le 7.5cm M1910 était un canon léger de 75mm pesant 1079kg en batterie (mais 1770kg en configuration transport) disposant d’un tube de 30 calibres (2.250m) permettant le tir d’obus de 6.5kg (75x280R) à une distance maximale de 8000m à raison de huit coups par minute. L’équipe de pièce composée de six hommes protégée par un bouclier de 4mm pouvait pointer le canon de -5° à +16° en site et sur 7° en azimut.

7.7cm FK-16

Quand l’armée allemande décida de développer une artillerie de campagne moderne elle choisit le calibre de 77mm. Pourquoi un tel calibre ? Visiblement il s’agissait de pouvoir si besoin est réaléser les canons de 75mm français et de 76.2mm russes pour leur permettre de tirer des obus allemands.

Ce canon mis en service en 1896 sous la désignation de 7.7cm FK96 n.A va être supplanté durant le premier conflit mondial par le 7.7cm Feldkanone 16, un canon disposant d’un tube plus long, d’une élévation plus importante et un système de munition séparé pour réduire la consommation de poudre et ainsi l’usure des tubes.

Des canons de ce type ont été livrés à l’armée bulgare durant le premier conflit mondial en l’occurence vingt exemplaires. Dix-huit sont toujours là en novembre 1918 et 14 sont toujours en service à la fin de la guerre de Pologne mais en septembre 1948 les quatre survivants étaient utilisées uniquement pour l’entrainement. Ils sont été ferraillées durant le conflit à une date inconnue pour nous.

Le 7.7cm Feldkanone 16 était un canon léger de 77mm pesant 1318kg en position de tir et disposant d’un tube de 35 calibres (longueur du tube 2.695m) permettant le tir d’un obus de type séparé (77x230mm) de 7.2kg à une distance maximale de 10700m (9100m en pratique). L’équipe de pièce pouvait pointer le canon en site de -10° à +40° et en azimut sur 4°.

8cm Feldkanone C/80

Le 8cm Feldkanone C/80 était un canon de conception et de fabrication allemande mis au point par Krupp à la fin du XIXème siècle. Cette arme à été utilisée par l’armée allemande mais aussi es pays étrangers à savoir l’Albanie, la Bulgarie, le Brésil, le Chili, la Grèce, le Monténégro, l’Etat libre d’Orange, l’empire ottoman, la Roumanie et la Serbie. Au total 1880 pièces ont été produites pour l’Allemagne et pour l’export.

Les bulgares vont utiliser cette arme durant les guerres balkaniques, la première guerre mondiale et dans l’entre-deux-guerres. Quelques pièces étaient encore en service en septembre 1939 mais en septembre 1948 le canon n’était plus en service. Tous ces canons ont été envoyés à la casse à une date inconnue probablement durant le second conflit mondial.

Le 8cm Feldkanone C/80 était une pièce d’artillerie de campagne de 75mm pesant 850kg et disposant d’un tube de 27 calibres (longueur du tube 2m) permettant le titre d’un obus de type séparé de 4.3 (standard ou shrapnel) ou 4.9kg (canister) à une distance maximale de 6000m à raison de dix coups par minute. L’équipe de pièce peut pointer le canon en site de -8° à +24°.

Mitteleuropa Balkans (52) Bulgarie (16)

L’armée bulgare dans l’entre-deux-guerre

Le traité de Neuilly-sur-Seine signé le 27 novembre 1919 comprend de sérieuses clauses militaires qui vont limiter la puissance de l’armée bulgare dont les effectifs sont limités à 20000 hommes en incluant les forces intérieures et les gardes frontières.

Les unités plus grande que la division sont interdites mais les trois inspectorats qui doivent mettre en place en temps de guerre autant d’état-major d’armées sont maintenus sous la désignation passe-partout de «Garnison de 1ère classe», garnisons installées à Sofia, Varna et Plovdiv. Naturellement l’armée de terre du tsar Boris III ne peut posséder ni chars ni artillerie lourde.

En 1928 la commission de contrôle alliée quitte le pays ce qui permet à la Bulgarie de prendre de plus en plus de libertés avec ces limitations. C’est ainsi qu’une quatrième garnison de 1ère classe voit le jour en 1928 à Pleven. De nouveaux plans de mobilisation sont mis au point, plans qui selon les époques prévoyaient la mise sur pied de quatre à cinq armées avec jusqu’à 30 divisions.

Après 1934 l’armée bulgare à pu déjà augmenter ses effectifs avec quatre armées (en réalité des corps d’armée) et huit divisions d’infanterie ce qui représente une force de combat de 40 régiments d’infanterie, de 19 régiments d’artillerie et de 10 régiments de cavalerie. Les effectifs atteignent déjà 103000 hommes.

Comme tous les vaincus elle va tenter de contourner ces interdictions mais il faudra attendre la signature de l’accord de Salonique le 31 juillet 1938 avec ses voisins pour que les limitations militaires du traité de paix soient définitivement abandonnées et que le réarmement déjà entame de facto le soit de jure.

En ce qui concerne l’équipement il est modernisé même si les moyens manqueront pour renouveler totalement l’équipement de l’armée bulgare.

Chenillette L-3

Cette dernière va s’équiper de chars et de véhicules blindés d’abord italiens (CV-33) et britanniques (Vickers type E) puis essentiellement tchèques et allemands.

Vickers type E

Ces moyens vont former deux brigades blindées mais le projet de les transformer en véritables divisions blindées ne verra jamais le jour faute de moyens (la Bulgarie ne possède qu’une faible industrie et dépend de manufacturiers étrangers pour s’équiper).

A partir de 1945 la Bulgarie investit massivement dans son outil militaire. Enfin tout est relatif et si une petite industrie militaire voit le jour elle ne peut couvrir tous les besoins de l’armée de Boris III qui dépend encore des importations notamment allemandes.

Ces derniers sont réticents à livrer le matériel demandé non seulement parce qu’ils doivent privilégier l’équipement de leur armée mais aussi et peut être surtout parce qu’on se méfie des bulgares.

Panzer IV Ausf G

Les demandes en matériel ne seront jamais satisfaites mais certaines étaient tellement extravagantes (500 Panzer IV et 300 Stug III par exemple) qu’on est en droit de se demander si il ne s’agissait pas de demander plus pour obtenir ce qu’on voulait vraiment. Le débat reste ouvert…… .

L’infanterie renouvèle son armement qui est dans l’ensemble assez moderne même si il reste ici ou là quelques armes utilisées par leurs ainés durant le premier conflit mondial.

Si on compare aux pays voisins la Bulgarska Armiya n’à pas à rougir de son équipement et les manœuvres estivales exécutées en 1946, 1947 et 1948 ont révélé certes des lacunes mais également un niveau acceptable voir bon dans certains domaines, une armée de format réduite ayant permis de créer de bons officiers et d’excellents sous-officiers. Certes en cas de guerre de masse cela peut aboutir à une armée à deux vitesses…… .

A l’été 1948 alors que les tensions ne cessent de croitrent en Europe, le gouvernement bulgare décide en toute discretion de rappeler des réservistes et de préparer les centres de mobilisation et ainsi gagner quelques jours.

Signe qui ne trompent pas les troupes reçoivent l’ordre dès le mois d’août de gagner les blockhaus et autres abris de Ligne Kubrat et de tenir fermement leurs positions pour protéger la mobilisation générale, mobilisation qui va tarder à venir comme nous allons voir dans la partie suivante.

L’armée de terre bulgare dans le second conflit mondial

Mobilisation et montée en puissance

Le 5 septembre 1948 l’Allemagne par son invasion du Danemark et de la Norvège propulse le monde dans une nouvelle guerre mondiale. La Bulgarie liée au pacte tripartite se déclare prête à toute évantualité.

La mobilisation générale n’est pas pour autant décidée mais on décide de maintenir sous les drapeaux les conscrits qui devaient être libérés d’ici fin 1948 et de rappeler de nouveaux réservistes sans compter que des volontaires se présentent spontanément et sont souvent incorporés aux unités notamment celles qui sont en déficit de personnel.

Ce n’est qu’en janvier 1949 que la mobilisation générale est ordonnée par un décret royal du 14 janvier 1949. Des dizaines de milliers de réservistes, les conscrits du contingent annuel affluent vers les casernes et les centres de mobilisation mis en place à l’automne 1948.

En janvier 1948 soit encore en temps de paix, l’armée bulgare possédait huit divisions d’infanterie, deux brigades blindées, une brigade de cavalerie, une brigade de gardes-frontières, un service aéronautique et différentes unités d’appui (artillerie, génie) et de soutien.

La mobilisation générale permet d’augmenter les effectifs des unités existantes et surtout d’en créer des nouvelles. Résultat quand la mobilisation est terminée le 2 février 1949, l’armée bulgare affiche le visage suivant :

Soldats bulgares au repos. Date et lieu inconnus

-Douze divisions d’infanterie

-Une division de cavalerie

-Deux brigades blindées

-Une brigade du génie

-Une brigade d’artillerie

-Les troupes aériennes royales

Les douze divisions d’infanterie vont être déployées au sein de quatre armées, la 1ère armée défend la Bulgarie contre une potentielle action roumaine en Dobroudja du Sud, les 2ème et 3ème armées font face à la Yougoslavie et la 4ème Armée fait face à la Grèce.

L’unique division de cavalerie (une deuxième doit être mis sur pied ultérieurement) est maintenue en réserve stratégique en compagnie des deux brigades blindées, de la brigade du génie et de la brigade d’artillerie.

C’est avec ces capacités que la Bulgarie va entrer en guerre même si Sofia ne participera pas directement à l’opération MARITSA.

D’autres divisions vont être créées et c’est ainsi qu’au moment du déclenchement de l’opération BARBAROSSA, l’armée bulgare aligne seize divisions d’infanterie, deux divisions de cavalerie partiellement motorisées («pétrole-picotin»), deux brigades blindées, une brigade du génie, une brigade de gardes-frontières et trois brigades d’artillerie.

De nouvelles unités seront ultérieurement créées et à son apogée la Bulgarska Armiya atteindra le chiffre respectable de vingt deux divisions d’infanterie, deux brigades de chasseurs, deux divisions de cavalerie, deux brigades blindées, une brigade du génie, deux brigades de gardes-frontières et trois brigades d’artillerie.

Au combat !

L’armée bulgare est sur le pied de guerre au printemps 1949. Elle pourrait participer à l’opération MARITSA (l’invasion de la Yougoslavie et de la Grèce) mais s’abstient se contentant d’ouvrir son territoire aux allemands.

Selon certains historiens et amateurs de wargames si la Bulgarie était intervenue même avec des moyens limités, la Yougoslavie se serait effondrée en quelques jours et les alliés décidés à tenir en Grèce auraient vite été culbutés par les troupes germano-bulgaro-italiennes.

Une fois la Yougoslavie vaincue, la Bulgarie entre en Macédoine et en Thrace occidentale, des zones considérées comme bulgares et peuplées essentiellement d’ailleurs de bulgarophones. Cela n’empêchera pas la population d’être victimes d’exactions de la part de la soldatesque ce qui entrainera des révoltes vite écrasées.

Pour occuper cette région, la Bulgarie y déploie la 4ème Armée composée de trois divisions d’infanterie (5ème, 6ème et 11ème DI), la 1ère division de cavalerie, la 11ème brigade blindée et une brigade d’artillerie.

Dans un premier temps cette armée doit surtout lutter contre des unités de guerilla, plus ou moins bien entrainées, plus ou moins bien disciplinées. Des campagnes de «pacification» sont régulièrement menées avec son lot d’exactions et de massacres qui alimentent les guerillas rapidement encadrées par les services de renseignement alliés.

Après le retrait des troupes bulgares du dispositif BARBAROSSA suite à l’opération URANUS (contre-offensive de l’été 1951 pour repousser les allemands du Caucase), la 4ème Armée reçoit des renforts, une façon pour les bulgares de se faire pardonner par les allemands.

Le dispositif est réorganisé avec la création d’une 5ème Armée. Si la 4ème Armée reste déployée essentiellement en Macédoine, la 5ème Armée est surtout destinée à défendre la Grèce continentale aux côtés d’unités italiennes et allemandes.

La 4ème Armée dispose désormais de quatre divisions d’infanterie (2ème DI, 4ème DI, 6ème et 11ème DI), la 1ère division de cavalerie et la 1ère brigade de chasseurs plus destinée aux opérations anti-guerilla.

La 5ème Armée dispose de quatre divisions d’infanterie (1ère, 3ème, 5ème et 8ème DI), la 2ème division de cavalerie, la 11ème brigade blindée et la 2ème brigade de chasseurs.

Ces huit divisions d’infanterie vont affronter les alliés à partir de l’automne 1952. C’est à cette époque les alliés décident d’avancer dans les Balkans pour déstabiliser le dispositif global de l’Axe.

Informés de mouvements importants côté allié ce qui laisse présager une opération d’ampleur (sans que l’on sache si il s’agit d’une offensive ou d’une simple diversion) les bulgares demandent des renforts en hommes et en matériel de la part des allemands mais ces derniers ne sont pas pressés d’aider un allié en qui ils n’ont plus du tout confiance. Les renforcements seront minimaux et ne permettront probablement pas de repousser l’attaque alliée.

L’opération ANVIL est déclenchée le 21 septembre 1952. A partir du 14 septembre, l’aviation et l’artillerie alliées entament une intense préparation, frappant des cibles stratégiques et les positions ennemies pour faciliter des troupes engagées.

Les marines alliées effectuent également des bombardements sur la côte ouest de la Grèce et en Albanie pour attirer des forces dans ces régions et faciliter l’avancée depuis le Péloponnèse. Même situation en mer Egée avec des raids commandos dans le nord de la Grèce (attaque du port de Thessalonique le 15 septembre 1952) mais leur impact à été assez limité.

Comme le dira plus tard un officier allemand «C’était trop brouillon, trop étiré pour être vraiment crédible. Avec moins d’opérations on aurait pu y croire mais là le scepticisme était général même si dans les hautes sphères certains croyaient dur comme fer à un débarquement dans la région de Thessalonique en liaison avec les turcs»

Les alliés vont engager dix-sept divisions dans cette offensive avec la 8th Army (UK) (8ème Armée britannique) composée d’un corps armée britannique (deux DI et une DB) et un corps d’armée sud-africain (deux DI), la 10th Army (UK) composée d’un corps d’armée sud-africain (une DI et une DB) et deux corps d’armées britanniques (deux DI chacun) et l’Armée Grecque de Libération (trois corps d’armée à deux divisions, deux corps à deux DI et un corps d’armée à une DB et une DI).

Il était prévu l’engagement de divisions yougoslaves mais leur montée en puissance est plus longue que prévue en raison de problèmes d’équipements et d’encadrement entre des officiers majoritairement serbes et un corps de troupes composé essentiellement de monténégrins, de bosniens et de croates, ces derniers étant vus comme des traîtres en puissance et sont donc tenus en piètre estime.

En face le dispositif germano-italo-bulgare est moins puissant, leurs troupes sont moins entraînées mais l’équipement est assez bon et surtout le terrain habilement utilisé est un atout précieux dans leurs mains.

Les consignes du Heeresgruppe E (Groupe d’Armées E) qui chapeaute toutes les troupes de l’Axe dans les Balkans : user au maximum les troupes alliées, les faire douter, les allemands sachant que les moyens engagés si ils sont impressionnant sur le papier sont finalement limités en raison des besoins et des priorités sur les autres fronts.

Les combats sont durs et impitoyables. Les germano-italiens sont en première ligne pour empêcher la sortie des alliés du Péloponnèse. Les bulgares sont d’abord tenus en réserve officiellement parce qu’on craint un débarquement allié dans la région de Thessalonique mais il n’est pas impossible que Berlin ait pu craindre un manque de mordant des troupes de Sofia.

Ce n’est qu’alors qu’Athènes est menacé et que l’hypothèse d’un débarquement allié dans le nord de la Grèce soit devenu une chimère (aucune force navale présente en mer Egée, activité aérienne importante mais pas gigantesque non plus) que les troupes bulgares sont engagées.

Elles montrent un mordant et une vigueur qui surprend leurs alliés comme leurs ennemis. Les britanniques qui sont les premiers à entrer en contact doivent engager toute leur puissance de feu pour repousser de vigoureuses et tenaces attaques bulgares.

Es-ce à dire que les bulgares peuvent renverser la situation stratégique dans la région ? Hélas pour eux non. C’est ainsi qu’après de violents combats, Athènes détruit à 80% est libérée le 17 décembre 1952.

Symboliquement c’est le bataillon sacré, un bataillon para-commando grec qui entre le premier dans la ville, hissant sur l’Acropole le drapeau grec récupéré in extremis lors de la chute de la ville en 1950.

La quasi-totalité du territoire grec est libérée en février 1953 après de violents combats. Le territoire hellène est ravagé, une famine biblique frappe les habitants. L’impact est d’autant plus violent que les corps ont été affaiblis par les privations. A la famine s’ajoute différentes épidémies.

Les alliés vont procéder à des distributions de nourriture mais cela ne fera que compenser les privations. Il faudra attendre 1956/57 pour que la situation s’améliore durablement.

Les troupes bulgares ont subit de lourdes pertes. C’est ainsi que sur les quatre divisions d’infanterie de la 5ème Armée, deux ont été détruites et deux très affaiblies.

La 1ère et la 5ème DI sont ainsi retirées du front et remplacées par les 16ème et 22ème DI mais ces unités sont de création récente et manque non seulement d’expérience mais aussi de cohésion puisque leur recrutement mélange «bulgares de souche» et «bulgares de branche» issus de Macédoine et tous ne sont pas des adeptes passionnés de la Grande Bulgarie. Les 3ème et 8ème DI ont subi des pertes mais au final elles sont encore capables de tenir le front.

La 2ème division de cavalerie, une unité «pétrole-picotin» à été saignée à blanc en menant des raids sur les arrières de l’ennemi et en se sacrifiant pour permettre le repli des unités d’infanterie moins mobile. Résultat elle est retirée du front et en dépit de plusieurs projets ne sera jamais reconstruite et peut être considérée comme dissoute de facto et non de jure.

En revanche la 11ème brigade blindée et la 2ème brigade de chasseurs ont fait plus que tenir le coup. Combattant souvent ensemble ils ont pu associer habilement le choc et la manœuvre, posant des problèmes tactiques aux alliés.

Le manque de moyens empêche de profiter pleinement du basculement italien dans le camp allié en avril 1953.

Le 19 mai 1953 est déclenchée l’opération SLEDGEHAMMER avec les 8ème et 10ème armées britanniques, la 1ère Armée Grecque (ex-Armée Grecque de Libération) et la 1ère Armée Yougoslave qui comprend deux corps d’armée à deux DI plus une division blindée sous commandement direct de l’armée.

Face à cette nouvelle offensive d’ampleur, les bulgares déploient toujours les 4ème et 5ème Armées.

La 5ème Armée aligne donc quatre divisions d’infanterie (3ème DI, 8ème DI, 16ème et 22ème DI), la 11ème brigade blindée et la 2ème brigade de chasseurs.

La 4ème Armée aligne quatre divisions d’infanterie (2ème, 4ème, 6ème et 14ème DI), la 1ère division de cavalerie et la 1ère brigade de chasseurs.

Les bulgares alignent huit divisions d’infanterie, une division de cavalerie, une brigade blindée et deux brigades de chasseurs.

Si l’Albanie est occupée quasiment sans combats suite à la défection italienne (une partie se rend sans combattre, d’autres restent aux côtés des allemands) et parce que les allemands retraitent en bon ordre en pratiquant la politique de la terre brûlée, le reste du front est le théâtre de combats impitoyables où on ne se fait aucun cadeau.

A l’été 1953 le front suit grosso modo une ligne partant du nord de Durres (le port reste sous le feu de l’artillerie allemande qui pratique des tirs de harcèlement contre les navires venant y faire relâche), traverse le centre de la Macédoine avant de suivre à peu près la frontière bulgaro-grecque.

Les bulgares combattent avec énergie probablement parce qu’ils savent que leur pays est proche et qu’ils vont devoir défendre leur pays, leur patrie, leur terre. Cela motive n’importe quel corps de troupe comme les alliés s’en sont rendu compte quand sur le front occidental ils s’approchaient de la frontière allemande, du Vaterland.

Selon certains historiens l’engagement de moyens supplémentaires aurait permis de faciliter la progression vers le nord mais à cette époque les alliés vont donner la priorité au front occidental, au front scandinavie et même au front italien.

C’est ainsi qu’on laisse en ligne que la 8ème Armée Britannique avec deux corps sud-africains et un corps britannique, la 1ère Armée Grecque et la 1ère Armée Yougoslave, la 10ème Armée britannique (deux corps britanniques) ralliant le front italien en relève d’autres troupes qui vont être mises en repos en Afrique du Nord.

Cela nous laisse un total de quatre divisions sud-africaines, deux divisions britanniques, six divisions grecques et six divisions yougoslaves soit un total de dix-huit divisions même si toutes ne sont pas en ligne en raison d’un terrain défavorable et une logisitique qui connait parfois des ratés.

En face le Heeresgruppe E aligne six divisions allemandes réparties entre une 11ème et une 15ème Armée et deux armées bulgares, les 4ème et 5ème armées

Leur composition évolue avec une 4ème Armée composée des 2ème, 4ème et 14ème DI, de la 1ère division de cavalerie alors que la 5ème Armée est composée de la 8ème DI, de la 16ème et de la 22ème DI et de la 11ème brigade blindée soit six divisions d’infanterie, une division de cavalerie et d’une brigade de cavalerie.

Les deux brigades de chasseurs, des unités d’infanterie légère sont redéployées sur l’arrière du front pour des opérations anti-guerilla, la 1ère brigade de chasseurs opérant aux côtés des troupes de l’Etat croate indépendant alors que la 2ème brigade de chasseurs opère en Macédoine.

Les alliés repassent à l’offensive en novembre 1953 (opération SWORD) pour fixer le plus de troupes et éviter l’envoi de troupes sur un autre front alors qu’ils ont notamment pris pied en Scandinavie (opération BOREALIS).

L’avancée alliée est davantage ralentie par le mauvais temps et les contraintes logistiques que la résistance ennemie même si les bulgares se défendent avec acharnement pour empêcher leur invasion de leur pays notamment par les grecs.

Les alliés parviendront à prendre pied sur le territoire bulgare mais devant la poussée soviétique ils préféreront sanctuariser leur domination sur une Yougoslavie appelée à rester pro-occidentale et royaliste même si cela n’allait pas durer.

La situation militaire devient clairement critique début 1954. les troupes soviétiques envahissent le territoire bulgare le 9 janvier et huit jours plus tard le 17 janvier, un coup d’état crypto-communiste chasse Simeon II et son gouvernement au profit d’un gouvernement républicain qui déclare la guerre à l’Allemagne le 21 janvier 1954.

Les troupes bulgares se retournent contre leurs anciens alliés allemands ce qui provoque parfois des drames quand des soldats bulgares sont désarmés et froidement abattus par les allemands rapidement mis au courant de ce qu’on peut clairement qualifier de trahison.

Le nouveau gouvernement bulgare reprend la main sur son armée, l’épurant d’éléments jugés peu fiables. La nouvelle armée maintient la pression sur les allemands mais ses attaques manquent de mordant sans que l’on sache si cela est volontaire ou non.

Es-ce pour cela que les soviétiques refusent la proposition bulgare d’attaquer la Yougoslavie et de couper l’herbe sous le pied des alliés ? Cela est clairement un motif d’explication sans compter que ce grand paranoïaque de Josef Staline se méfiait de cet alliés de la dernière heure.

Parachutiste canadien détaché auprès de ses homologues britanniques en tenue standard

Les alliés peuvent lancer l’opération WELCOME en larguant la brigade parachutiste canadienne sur Belgrade pour favoriser l’action des maquisards royalistes qui reprennent la capitale et permettre le rétablissement du royaume de Yougoslavie même si à l’époque personne ne peut savoir ce que cela n’est que temporaire.

Les troupes bulgares se replient sur le pays et vont être désarmées sans ménagement par les troupes soviétiques qui occupent le pays et vont y rester jusqu’au début des années soixante le temps qu’une nouvelle armée bulgare ne soit mise en place, une armée sure politiquement, la Bulgarie devenant le plus fidèle allié de Moscou au sein du bloc des «Démocraties Populaires».

Ce n’est pas un hasard si nombre d’historiens comparent l’évolution de la Bulgarie et de la Thaïlande. Autre pays vaincu du second conflit mondial, la Thaïlande allait devenir le plus fidèle allié des occidentaux dans la région au point qu’on à pu parler un temps de quasi-servitude.

La Bulgarie va également participer à l’opération BARBAROSSA. Enfin participer c’est vite dit car le tsar Boris III est très réticent à engager des troupes sur le front russe.

Certes une partie de son armée veut en découdre avec les bolchéviques mais pour beaucoup de bulgares l’URSS communiste reste la Russie éternelle, la «Troisième Rome», protectrice des slaves et des orthodoxes.

L’armée bulgare va engager des moyens assez limités qui ne vont pas faire preuve d’un zèle extraordinaire au point qu’un colonel allemand dira désabusé «On aurait du laisser les bulgares combattre aux côtés des russes cela aurait été moins hypocrite» Sans commentaire…… .

C’est effectivement exagéré car quand les bulgares attaquaient ou étaient attaqués ils n’étaient pas moins bons que les hongrois, les roumains ou les italiens.

Les deux divisions (13ème et 15ème DI) bulgares vont combattre dans le sud de l’URSS, opérant sous commandement allemand en Crimée puis sur les côtes de la mer Noire, participant de manière secondaire à l’opération FRIEDRICH, en fixant des troupes soviétiques pour empêcher ces dernières de renforcer le front visé par l’offensive stratégique de l’Axe du printemps 1951.

Ces deux divisions vont combattre dans les premiers contreforts du Caucase avec certes un certain professionnalisme et une certaine discipline mais sans enthousiasme, nombre d’entre-eux se demandant ce qu’ils faisaient si loin de chez eux.

Soldat de la Waffen S.S. Certains soldats bulgares préféreront déserter plutôt que de rentrer en Bulgarie en dépit de l’ordre personnel de Boris III. Après un temps de méfiance, les allemands accepteront l’intégration de ces hommes qui n’avaient plus rien à perdre au sein de la S.S de combat. Ils feront preuve d’une telle férocité que dans certaines régions d’Ukraine, le mot bulgare va devenir synonyme de Diable. Sans commentaires.

Ces troupes doivent brutalement battre en retraite en direction de la Crimée au moment d’URANUS sur ordre personnel de Boris III avant d’être évacués par voie maritime en direction de la Bulgarie suscitant le courroux des allemands mais aussi de certains soldats qui plutôt que de rentrer en Bulgarie vont préférer déserter pour rejoindre la Waffen S.S voir des maquis anti-communistes souvent composés de nationalistes ukrainiens.

Comme nous l’avons vu pour se faire pardonner les bulgares décideront d’engager davantage de forces en Macédoine et sur le front grec ce qui permet aux allemands de transférer plusieurs divisions sur le front russe ce qui fait qu’au final les allemands vont être plutôt gagnants.

Mitteleuropa Balkans (47) Bulgarie (11)

Navires et hydravions de la marine bulgare

Torpilleurs

Torpilleurs classe Druzki

Torpilleur Druzki ou plutôt une reconstruction à l’identique réalisée entre 2000 et 2005 par une poignée de passionnés

Ces torpilleurs au nombre de six sont de conception et de construction française, ayant vu le jour aux chantiers navals Schneider de Chalons-sur-Saône.

Ces navires baptisés Druzki, Smeli,Hrabi,Strogi,Letjashchi et Shumni sont mis en service en 1908 et 1909. A noter que les trois derniers ont été assemblés en France, démontés puis remontés en Bulgarie.

Ces torpilleurs comparables aux célèbres «numérotés» de la marine française sont engagés dans la première guerre balkanique mais ne participent pas à la deuxième en raison de l’internement de la marine bulgare à Sebastopol, les navires militaires bulgares ne rentrant au pays qu’en 1914.

Ils vont participer au premier conflit mondial, le Shumni étant coulé par une mine au large de Varna en septembre 1916. Le Strogi est endommagé mais réparé mais le Letyashchi qui s’échoue à Varna le 28 novembre 1918 est capturé par les français qui vont l’envoyer à la démolition.

Suite au traité de Neuilly-sur-Seine les quatre torpilleurs sont maintenus en service mais sans tubes lance-torpilles, devenant ainsi des patrouilleurs ou des mouilleurs de mines. Modernisés en 1934 ils retrouvent leurs tubes lance-torpilles à la fin des années trente à une époque où ils étaient totalement obsolètes.

Le Druzki est désarmé en septembre 1944, le Smeli est désarmé en mars 1945, le Hrabi en octobre 1945 et le Strogi en juin 1946. Ils vont être remplacés par des torpilleurs de conception allemande et de fabrication bulgare, ces derniers reprendront les noms de leurs aînés. Les «numérotés bulgares» sont envoyés à la casse.

Caractéristiques Techniques

Déplacement : standard 97.5 tonnes

Dimensions : longueur 38m largeur 4.40m tirant d’eau 1.30 à 2.40m

Propulsion : une machine verticale à triple expansion (VTE) alimentée en vapeur par deux chaudières Normand dévellopant 1950ch et entrainant une hélice.

Performances : vitesse maximale 26 nœuds distance franchissable 5000 miles nautiques à 16 nœuds Capacité charbon : 11 tonnes

Armement : deux canons de 47mm modèle 1902, deux plate-formes doubles lance-torpilles de 450mm latérales et un tube lance-torpilles à la proue

Equipage : 27 à 32 officiers et marins

Torpilleurs légers classe Smeli

Les torpilleurs bulgares sont inspirés des Elbing allemands

A la fin des années trente les torpilleurs bulgares de classe Druzhi sont obsolètes. Leur remplacement devient urgent mais les bulgares n’ont aucune expérience dans la réalisation de navires de ce type.

Comme Sofia voulait gagner en autonomie et batir une industrie navale militaire, la simple commande à l’étranger était impossible ou du moins improbable. Plusieurs pays furent approchés pour fournir des plans et une assistance technique.

C’est l’Allemagne qui offrit la meilleur offre. Un contrat est signé le 14 septembre 1942 pour la construction à Varna de quatre torpilleurs légers inspirés des nouveaux torpilleurs allemands construits pour la toute jeune Kriegsmarine. Il semble que la marine bulgare avait envisagé la construction de quatre autres navires mais cela n’à pas dépassé le stade du projet.

Le modèle est approuvé par la marine bulgare le 14 mars 1943 nous donne un navire de 1200 tonnes pouvant filer à 30 nœuds et franchir 1500 miles nautiques à 25 nœuds.

Propulsés par des turbines à engrenages et des chaudières à vapeur surchauffée, ces navires étaient armés de trois canons de 105mm en affûts simples, une DCA légère composée de canons de 20 et de 37mm et deux plate-formes doubles lance-torpilles de 533mm sans oublier des grenades ASM.

Ces navires sont baptisés Smeli, Druzkhi, Shumni et Strogi et sont mis en service respectivement en octobre 1944, en mars 1945, en septembre 1945 et en juillet 1946.

Ces navires vont naturellement participer à la seconde guerre mondiale pour défendre les côtes, escorter des convois et attaquer ceux de l’adversaire.

Le Smeli est coulé le 14 juin 1951 par une mine alors qu’il tentait d’attaquer un convoi soviétique ravitaillant la Crimée. Le Shumni est coulé le 8 septembre 1952 par l’aviation soviétique, le Druzkhi est victime de vedettes lance-torpilles soviétiques déployées en Crimée après la reprise de la presqu’ile suite à l’opération PIOTR VELIKY déclenchée en septembre 1953 (2 octobre 1953) alors que le Strogi qui avait survécu à de nombreux conflits finit par être sabordée à Varna le 25 janvier 1954.

Caractéristiques Techniques

Déplacement : standard 1200 tonnes pleine charge 1580 tonnes

Dimensions : longueur hors tout 97.50m largeur 11.50m tirant d’eau 3.95m

Propulsion : deux turbines à engrenages alimentées en vapeur par deux chaudières dévellopant 45000ch et entrainant deux hélices

Performances : vitesse maximale 30 nœuds distance franchissable 1500 miles nautiques à 25 nœuds 3500 miles nautiques à 15 nœuds

Armement : trois canons de 105mm sous masque (deux avant et un arrière), quatre canons de 37mm en deux affûts doubles, six canons de 20mm en affûts simples, deux plate-formes doubles lance-torpilles de 533mm et huit grenades ASM

Equipage : 110 officiers et marins

Vedettes lance-torpilles

S-Boot

Pour renouveler leur flotte certains marins bulgares se mirent à rêver de croiseurs et de destroyers soit une flotte capable non pas de tenir tête à la Flotte soviétique de la mer Noire ou à la marine turque mais de rendre intenable un blocus comme l’art de la guerre navale le prescrivait pendant des siècles.

Hélas trois fois hélas les moyens attribués à la marine du royaume de Bulgarie étaient trop faibles pour créer une Blue Water Navy même légère. Les marins bulgares furent donc obligés de se rabattre sur une Green Water Navy, une marine littorale composée outre de quatre torpilleurs légers d’une flottille de huit vedettes lance-torpilles fournies par la compagnie allemande Lurssen.

Ces vedettes lance-torpilles étaient comparables aux S-Boot allemandes en un peu plus gros avec un armement renforcé. Après la livraison des quatre premières vedettes en 1939, quatre autres furent livrées en 1941 pour permettre de former la première flottille de torpilleurs.

Ces vedettes étaient désignés par les lettres TL (torpeda lokda bateau lance-torpilles) suivit d’un chiffre allant de 1 à 8.


Ces vedettes étaient les seules en service en septembre 1948 mais durant le conflit huit autres nouvelles furent fournies par les allemands non pas pour augmenter les capacités offensives de la marine bulgare mais pour compenser des pertes très élevées ce qui dément cette image d’une marine bulgare sur la défensive et faisant preuve d’une totale pusillanimité.

Ce sont donc seize vedettes (TL-1 à 16) qui ont été fournies à la marine bulgare. En janvier 1954 quand la Bulgarie change de camp, il n’en reste plus que deux qui sont sabordées à Varna en compagnie des restes de la flotte bulgare. Cet événement survenu le 25 janvier 1954 reste d’ailleurs un vrai traumatisme dans la marine bulgare et je n’ose imaginer ce qui se serait passé si notre marine française avait connu un tel événement.

Sur les quatorze vedettes détruites, six l’ont été par l’aviation, quatre par des mines, deux accidentellement et deux par leurs homologues soviétiques.

Caractéristiques Techniques

Déplacement : standard 51 tonnes pleine charge 60 tonnes

Dimensions : longueur hors tout 29m largeur 4.46m tirant d’eau 1.51m

Propulsion : trois moteurs essence Daimler-Benz dévellopant 2850ch et entrainant trois hélices

Vitesse maximale : 36 nœuds

Armement : un canon de 37mm, deux canons de 20mm, deux mitrailleuses de 7.92mm et deux tubes lance-torpilles de 533mm

Equipage : 23 officiers et marins

Mouilleur de mines Bulgaria

Le HMS Abddiel

Pour une marine littorale, une Green Water Navy la mine marine est une arme capitale. Peu coûteuse mais d’une efficacité redoutable, elle ne peut et ne doit surtout pas être négligée que ce soit pour être mouillée ou pour être neutralisée.

Pour le mouillage on peut utiliser des navires marchands plus ou moins modifiés ou des navires spécialisés. Si aujourd’hui les mouilleurs de mines, les minelayer sont peu nombreux, à l’époque de la seconde guerre mondiale nombre de marines possédaient un ou plusieurs mouilleurs de mines.

Le principal inconvénient était que ce navire était conçu pour une période de guerre ce qui rendait son financement difficile à obtenir à moins de lui attribuer une mission du temps de paix ce qui pouvait avoir des conséquences dramatiques comme l’à montré la perte du mouilleur de mines Pluton à Casablanca en septembre 1939.

La marine bulgare souhaite dans le cadre de sa modernisation posséder un véritable mouilleur de mines pour poser les champs de mines défensif destinés à protéger les accès aux ports du pays.

Non sans mal le budget est obtenu et un grand mouilleur de mines semblable au HMS Abdiel et logiquement baptisé Bulgaria.

Plus gros navire de la marine bulgare, le Bulgaria dont le commandant honoraire était le tsar Boris III était un mouilleur de mines pouvant être utilisé également comme transport de troupes, navire de commandement et navire de soutien.

Il est mis sur cale aux chantiers navals de Varna (avec toujours l’assistance technique allemande) le 25 septembre 1942 lancé le 8 mars 1944 et mis en service le 17 septembre 1945.

Alors que la paix règne encore en Europe, le Bulgaria sert d’abord de navire-école pour former les futurs officiers de la marine bulgare mais aussi de transport de troupes, la Bulgarie expérimentant le transport rapide de troupes d’un port à l’autre.

Quand la seconde guerre mondiale éclate le 5 septembre 1948, le Bulgaria redevient un vrai mouilleur de mines, embarque son chargement de mines et va installer les champs de mines prévus de longue date.

Une fois cette opération terminée, le Bulgaria va servir de transport de troupes rapide notamment en direction de l’URSS quand l’armée bulgare participera à la «croisade antibolchevique» avec le résultat que l’on sait. Ultérieurement le navire assurera le rapatriement des troupes bulgares.

Le 7 octobre 1952 alors qu’il venait de transporter en Crimée des troupes allemandes, il est surpris par l’aviation soviétique.

Des bombardiers bimoteurs Peltyakov Pe-2 passent à l’attaque en profitant d’une trouée dans la couverture nuageuse.

Naviguant sans escorte, le Bulgaria se défend comme un beau diable, manoeuvrant avec énergie et ouvrant le feu avec sa DCA. Si cette dernière abat trois avions, les sept autres parviennent à l’attaquer.

Trois bombes tombent à proximité fragilisant la coque (coups à toucher ou near missed) mais trois autres touchent le navire, le transformant en une annexe de l’enfer.

Le navire commence à se coucher sur tribord et chavire, explosant avant de sombrer ne laissant qu’une poignée de survivants qui seront repêchés le lendemain par deux hydravions allemands.

L’épave repose aujourd’hui à 350m de fond à environ 100 miles nautiques des côtes de Crimée.

Caractéristiques Techniques

Déplacement standard 2800 tonnes pleine charge 3750 tonnes

Dimensions : longueur hors tout 125m longueur entre perpendiculaires 122mm largeur 12m tirant d’eau 3.50 à 4.30m

Propulsion : turbines à engrenages alimentées en vapeur par quatre chaudières développant 68000ch et entraînant deux hélices

Performances : vitesse maximale 37 noeuds (35 nœuds à pleine charge) distance franchissable 1000 miles nautiques à 37 noeuds

Armement : six canons de 105mm en trois affûts doubles (deux avant et un arrière), huit canons de 37mm en quatre affûts doubles, douze canons de 20mm en affûts simples et 140 mines. En configuration transport de troupes il peut embarquer entre 400 et 900 hommes.

Equipage : 242 officiers et marins

Mitteleuropa Balkans (45) Bulgarie (9)

La Bulgarie dans le second conflit mondial

Le 5 septembre 1948 éclate le second conflit mondial quand l’Allemagne déclenche l’opération WESERÜBUNG, l’invasion du Danemark et de la Norvège officiellement pour protéger Copenhague et Oslo d’une attaque franco-britannique (sic).

La Bulgarie liée à l’Allemagne par le pacte tripartite se contente de prendre note du conflit tout en informant Berlin qu’elle se tient prêt à toute éventualité. Berlin se contente de prendre bonne note de la décision bulgare.

Boris III, tsar de Bulgarie de 1918 à 1951

Si Boris III avait pu conserver la Bulgarie neutre durant la guerre de Pologne, le tsar au pouvoir depuis près de 30 ans maintenant est conscient que ce sera plus difficile pour ce conflit qui allait durer.

Pour l’opération MARITSA (invasion de la Yougoslavie), la Bulgarie n’intervient pas directement mais son territoire est ouvert aux troupes allemandes ce qui favorise l’avancée de la Wehrmacht même si selon certains historiens cette décision de non-intervention prise par Sofia à été une bénédiction pour Belgrade puisque cela à permis aux troupes yougoslaves de se replier sans panique direction la Macédoine et éviter une déroute militaire qui aurait également mis en danger la Grèce.

Les troupes bulgares vont entrer en Yougoslavie uniquement pour occuper la Macédoine puis le nord de la Grèce. Il y à quelques combats avec les alliés mais on ne peut pas dire que les troupes bulgares fassent des merveilles.

La Macédoine est occupée par les armées bulgares qui très vite font face à des mouvements de résistance qui avant d’être structurés étaient un mélange détonant de bandits de grand chemin, de soldats egarés et de jeunes garçons trop jeunes pour s’engager ou êtres appelés.

Surpris les bulgares réagissent avec férocité. Les crimes de guerre sont nombreux, les civils payant un lourd tribu à la soldatesque bulgare. Cela va permettre à Sofia de maintenir un certain ordre dans cette région qui doit être clairement annexée à la Bulgarie une fois le conflit terminé.

Ce projet ne verra jamais le jour car comme durant le premier conflit mondial la Bulgarie va se retrouver en avril 1954 dans le camp des vaincus.

Le 17 juin 1950 la campagne de Grèce s’achève après la bataille navale du Golfe de Zanthe. Si l’Axe occupe le nord de la Grèce, le Péloponnèse, la Crète et de nombreuses îles restent aux mains des alliés.

Les allemands auraient voulu achever cette campagne mais il n’y eut jamais assez de troupes pour réaliser une offensive décisive. La presqu’ile péloponnésienne va rester une épine dans le pied de l’Axe, servant de base de départ à des opérations navales et aériennes gênant considérablement l’Axe et favorisant l’action des maquisards royalistes et des partisans communistes.

Faute de troupes suffisantes les alliés mènent une guerre d’usure. Les bulgares déploient des troupes nombreuses en Macédoine et dans le nord de la Grèce pour tenir le front en liaison avec quelques troupes allemandes.

Des fortifications sont dressées pour user l’ennemi en cas d’offensive, des blockhaus sont construits par des prisonniers de guerre et des travailleurs forcés. Nul doute que les plus lucides des officiers bulgares savaient que cela ne saurait que ralentir les alliés en cas d’offensive majeure.

La situation se dégrade à partir de 1952. Les services secrets alliés parviennent enfin à coordonner leurs actions et leurs efforts pour encadrer et soutenir les maquisards et les partisans qui mènent des opérations de renseignement, d’exfiltration des pilotes abattus et d’attaque des lignes de communication ennemies.

Il s’agit de préparer les futures offensives «majeures» lancées dans les Balkans pour donner notamment des gages aux soviétiques et sans le dire éviter que Moscou ne prennent ses aises dans cette région.

Carte de la Grèce automne 1952. En rouge les territoires dominés par l’Axe et en bleu ceux dominés par les alliés. Les Cyclades seront rapidement évacuées par les allemands peu après le début de l’opération ANVIL alors que l’île de Céphalonie sera conservée le plus longtemps possible pour rester une menace constante sur le flanc des alliés qui ne la neutraliseront qu’au printemps 1953.

A l’automne 1952 les alliés lancent l’opération ANVIL (enclume) qui bousculent les troupes de l’Axe en Grèce, libérant Athènes en décembre 1952 et l’ensemble de la Grèce ou peu s’en faut en février 1953, laissant un pays dévasté où va régner une quasi-famine en partie compensée par le largage de vivres par les alliés.

Le 19 mai 1953 les alliés lancent l’opération SLEDGEHAMMER. Les bulgares encaissent le choc de deux armées britanniques, une armée grecque et une armée yougoslave.

Siméon II en 2017

Les soldats de Simeon II se montrent à la hauteur, réhabilitant la réputation martiale des troupes bulgares. Les alliés ne s’y trompent pas et engagent davantage de moyens qu’initialement prévu ce qui montre que les bulgares ont combattu bravement et n’ont cédé qu’une fois le point de rupture atteint.

A l’été 1953 le front suit le tracé d’une ligne reliant Durres, centre de la Macédoine et frontière bulgaro-grecque.

En novembre 1953 les alliés repassent à l’attaque (opération SWORD). Le front germano-bulgare est enfoncé et doivent reculer pour ne pas être débordés.

Les hongrois doivent même être engagés dans une zone considérée comme bulgare ce qui irrite profondément Sofia qui ne fait rien pour aider les troupes hongroises en dépit d’une situation militaire très difficile pour l’Axe qui recule sur tous les fronts.

La situation militaire devient clairement critique début 1954. les troupes soviétiques envahissent le territoire bulgare le 9 janvier et huit jours plus tard le 17 janvier, un coup d’état crypto-communiste chasse Simeon II et son gouvernement au profit d’un gouvernement républicain qui déclare la guerre à l’Allemagne le 21 janvier 1954.

Les troupes bulgares se retournent contre leurs anciens alliés allemands ce qui provoque parfois des drames quand des soldats bulgares sont désarmés et froidement abattus par les allemands rapidement mis au courant de ce qu’on peut clairement qualifier de trahison.

Le nouveau gouvernement bulgare reprend la main sur son armée, l’épurant d’éléments jugés peu fiables. La nouvelle armée maintient la pression sur les allemands mais ses attaques manquent de mordant.

Es-ce pour cela que les soviétiques refusent la proposition bulgare d’attaquer la Yougoslavie et de couper l’herbe sous le pied des alliés ? Cela est clairement un motif d’explication sans compter que ce grand paranoïaque de Josef Staline se méfiait de cet alliés de la dernière heure.

Parachutiste canadien lors d’un entrainement en Grande-Bretagne. Il porte pour cela la même tenue que les troupes aéroportées britanniques alors que la tenue des paras Canucks est plus proche de celle des Etats-Unis.

Les alliés peuvent lancer l’opération WELCOME en larguant la brigade parachutiste canadienne sur Belgrade pour favoriser l’action des maquisards royalistes qui reprennent la capitale et permettre le rétablissement du royaume de Yougoslavie même si à l’époque personne ne peut savoir ce que cela n’est que temporaire.

Les troupes bulgares se replient sur le pays et vont être désarmées sans ménagement par les troupes soviétiques qui occupent le pays et vont y rester jusqu’au début des années soixante le temps qu’une nouvelle armée bulgare ne soit mise en place, une armée sure politiquement, la Bulgarie devenant le plus fidèle allié de Moscou au sein du bloc des «Démocraties Populaires».

La Bulgarie va également participer à l’opération BARBAROSSA. Enfin participer c’est vite dit car le tsar Boris III est très réticent à engager des troupes sur le front russe. Certes une partie de son armée veut en découdre avec les bolchéviques mais pour beaucoup de bulgares l’URSS communiste reste la Russie éternelle, la «Troisième Rome», protectrice des slaves et des orthodoxes.

L’armée bulgare va engager des moyens très limités qui ne vont pas faire preuve d’un zèle extraordinaire au point qu’un colonel allemand dira désabusé «On aurait du laisser les bulgares combattre aux côtés des russes cela aurait été moins hypocrite» Sans commentaire…… .

Les bulgares vont combattre sur les rives de la mer Noire, opérant sous commandement allemand en Crimée puis sur les côtes de la mer Noire, participant de manière secondaire à l’opération FRIEDRICH, en fixant des troupes soviétiques pour empêcher ces dernières de renforcer le front visé par l’offensive stratégique de l’Axe du printemps 1951.

Ces troupes doivent brutalement battre en retraite en direction de la Crimée avant d’être évacués par voie maritime en direction de la Bulgarie suscitant le courroux des allemands.

Pour se faire pardonner les bulgares décident d’engager davantage de forces en Macédoine et sur le front grec ce qui permet aux allemands de transférer plusieurs divisions sur le front russe ce qui fait qu’au final les allemands vont être plutôt gagnants.

En ce qui concerne la question juive, la Bulgarie à des lois discriminatoires vis à vis de la communauté juive et va organiser l’envoi de certains d’entre-eux en Palestine mandataire.

Durant le second conflit mondial, la volonté allemande de déporter les juifs bulgares dans le Gouvernement Général se heurte à une fin de non recevoir de la part de Boris III.

Pour certains c’est ce refus qui à poussé le duo Himmler/Heydrich à éliminer le tsar bulgare dans un accident d’avion encore nimbé de mystère soixante-neuf ans plus tard.

La seconde guerre mondiale pour la Bulgarie c’est également une guerre navale et une guerre aérienne.

La petite marine bulgare qui à bénéficié de quelques modestes renforcement durant la Pax Armada n’à pas les moyens de contrer la flotte soviétique de la mer Noire.

Elle va donc choisir la stratégie du faible au fort en harcelant l’ennemi par des unités légères et en escortant des convois en tentant d’échapper aux mines, aux sous-marins et aux unités de surface soviétique mais si la RKKF fût bien en peine de maintenir une pression constante sur les ports bulgares et roumaines d’où partaient des convois ravitaillant notamment la Crimée.

A la fin du conflit nombre de navires ont été coulés et les unités restantes vont se saborder pour ne pas tomber aux mains des soviétiques.

L’armée de l’air bulgare va elle appuyer les troupes au sol et devoir défendre l’espace aérien du pays contre les bombardements alliés, les franco-britanniques visant notamment la gare de triage de Sofia, des ponts sur le Danube et différentes industries stratégiques. Manquant d’appareils modernes, les pilotes bulgares vont tenter de faire le maximum avec ce qu’ils avaient.

En septembre 1955 la monarchie est officiellement abolie et la république proclamée. Les communistes sont encore dans l’ombre mais vont peu à peu prendre le pouvoir éliminant peu à peu leurs alliés selon une tactique baptisée «tactique du salami».

Un traité de paix est signé en mai 1956. Il est plutôt modéré pour Sofia qui peut conserver la Dobroudja du Sud mais doit renoncer à ses réclamations sur la Grèce et la Yougoslavie.

Des indemnités doivent également être payés ce qui va permettre à la Grèce et à la Yougoslavie de se reconstruire même si Athènes comme Belgrade ont jugé le prix payé par Sofia très insuffisant par rapport aux dégâts. Ils ne parviendront pas non plus à obtenir l’extradiction d’officiers clairement impliqués dans des crimes de guerre.

Pour éviter de nouveaux problèmes, des échanges de population plus ou moins forcés sont organisés. C’est ainsi que 150000 bulgares de Thrace sont expulsés en direction de la Bulgarie.

Mitteleuropa Balkans (44) Bulgarie (8)

D’une guerre à l’autre

L’après guerre en Europe est marqué par l’instabilité politique et la crise économique consécutive au conflit (destruction par les conflits, reconversion des industries d’armement, arrivée sur le marché du travail de nombreux anciens combattants).

Quand en plus vous êtes comme la Bulgarie un pays vaincu soumis à de sérieuses restrictions politiques, économiques et militaires…… .

Carte du traité de Neuilly sur Seine. En rouge les territoires perdus par la Bulgarie

En mars 1920 le parti agrarien remporte les élections. Leur leader Alexander Stambolyski forme le premier gouvernement vraiment démocratique du pays.

Alexander Stambolyski

La situation qu’il doit gérer est donc compliquée avec un contexte politico-économique difficile entre la pauvreté du pays, les réparations à payer et la questions des macédoniens bulgarophones qui refusant de vivre sous l’autorité du royaume des Serbes, Croates et Slovènes ont préféré se réfugier en Bulgarie.

Les réformes menées par Stambolyski ne plaisent ni au roi ni aux grands propriétaires ni aux militaires. Si l’armée bulgare à du sérieusement réduire ses effectifs, elle conserve encore une forte influence et donc un potentiel pouvoir de nuisance.

Pour ne rien arranger le gouvernement bulgare doit faire à une organisation terroriste, la Vatreshna Makendonska Revolutsionna Organizatasiya (VMRO) soit en français l’organisation révolutionnaire intérieure macédonienne qui avait pour objectif de provoquer une nouvelle guerre et ainsi unir à la Bulgarie la Macédoine majoritairement peuplée de bulgarophones.

Cette politique va être brutalement stoppée par le coup d’Etat de juin (Devetoyunski Preverat) mené le 9 juin 1923 par l’Union Militaire dirigée par le général Ivan Valkov. Cette organisation avait été créée en 1919 pour permettre à l’armée bulgare de conserver son influence sur la politique alors que ces effectifs allaient être sérieusement réduits suite au traité de Neuilly sur Seine.

Aux élections de 1920, les agrariens et les communistes avaient remporté la majorité des sièges avec 160 sièges (110 pour les agrariens et 50 pour les communistes) sur 229 sièges à pourvoir.

La politique menée par Aleksandar Stamboliyski est donc appréciée par l’électorat. En 1922 un plébiscite va dans le même sens ce qui pousse le gouvernement à mener des opérations de police contre les leaders des partis d’opposition. Pour ces derniers le coup de force est la seule solution pour éviter leur disparition.

Du 1er au 17 mars 1923 une conférence se tient à Nis dans le Royaume des Serbes, Croates et Slovènes. Cette conférence aboutit à la signature le 23 mars du traité de Nis qui permet la reconnaissance de la frontière bulgaro-yougoslave et engage le gouvernement agrarien à mettre fin aux activités de la VMRO.

C’est plus que les nationalistes bulgares peuvent supporter. Dans la nuit du 8 au 9 juin 1923, un coup d’état militaire est déclenché. Les garnisons de Sofia bloquent les routes, coupent les lignes de téléphone et occupent les points clés de la capitale comme les commissariats ou les gares.

Dès 5h du matin soit trois heures après le déclenchement du coup de force, un nouveau gouvernement dirigé par Aleksandar Tsankov est mis en place.

Aleksandar Tsankov

Le lendemain après une une réunion de 6h, le tsar Boris III avalise à posteriori le coup d’état même si deux de ses demandes (inclusion des agrariens dans le gouvernement et aucune répression) n’ont pas été acceptées par les putschistes.

Le 14 juin 1923, Stamboliyski est capturé et livré à la VMRO qui l’execute après de longues heures de torture. Détail macabre, avant de l’exécuter ils lui coupe la main droite qui avait signé le traité de Nis deux mois plus tôt. Une véritable Terreur Blanche s’abat sur le pays visant les agrariens et les communistes dont le leader Georg Dimitrov doit s’enfuir en URSS.

Les agrariens et les communistes tentent de résister mais ils sont divisés et mal organisés, le parti communiste bulgare bien que disposant d’une organisation militaire appliquait les consignes du Komintern du «classe contre classe».

Néanmoins la Troisième Internationale ordonne au BCP d’agir et une insurrection éclate le 14 septembre 1923, insurrection qui se termine le 29 par la victoire du camp gouvernemental qui avait mobilisé l’armée mais aussi des unités paramilitaires (shpritskomandi). Le bilan des combats est incertain, le chiffre le plus souvent admis étant de 841 morts. Cela ne met cependant pas fin à l’instabilité politique et sécuritaire bulgare.

Le 2 avril 1924 la cour suprême d’appel bulgare valide l’interdiction du parti communiste bulgare (Belgarska Komunistioska Partya) ce qui entraine la radicalisation de ce dernier qui choisit la lutte armée.

Le 10 mars 1925 la loi de surêté de l’Etat est renforcée et six jours plus tard Yako Dorosiev, chef de l’Organisation Militaire, le bras armé du BKP décide de lancer des opérations majeures, opérations qui selon certains auraient bénéficié du soutien des services secrets soviétiques même si aucun document n’à été retrouvé pour confirmer cette hypothèse.

Le 14 avril 1925 le tsar Boris III est victime d’une tentative d’assassinat à Arabakanah et le même jour le général Konstantin Georgiev est abattu.

Ce dernier n’est pas un personnage de premier plan mais son assassinat fait partie d’un plan destiné à décapiter le pouvoir bulgare en faisant tout simplement exploser l’église Saint Nedalya où doit se tenir la cérémonie.

La cathédrale de Saint Nedelya après l’attentat

L’attentat à bien lieu le 16 mars 1925 provoquant la mort de 150 personnes pendant 500 autres étaient grièvement blessées. Aucun membre du gouvernement et a fortiori le tsar ne sont touchés.

Le soir même la loi martiale est proclamée et une répression impitoyable engagée. On estime à 450 personnes le nombre de personnes sommairement exécutés durant les deux semaines qui suivent l’attentat. Un procès est organisé entre le 1er et le 11 mai 1925 aboutissant à plusieurs condamnations à mort dont certaines par contumace.

Du 19 au 29 octobre 1925, la Bulgarie et la Grèce sont à deux doigts d’entrer en guerre. C’est l’incident de Petrich.

L’incident est assez obscur avec deux versions de l’incident survenu le 18 octobre 1925. Selon une première version, un soldat héllene cherchant son chien pénètre en territoire bulgare et est abattu par des sentinelles bulgares.

Selon une deuxième version des soldats bulgares auraient franchit la frontière grecque, attaqué un poste à Belasitsa tuant un capitaine grec et une sentinelle.

Tout de suite la Bulgarie explique l’incident par un tragique quiproquo. Sofia propose une commission d’enquête mixte mais les grecs déclinent et exigent le départ des troupes bulgares présentes sur le territoire grec.

Athènes émet un ultimatum de 48h aux bulgares, exigeant la punition du responsable, des excuses officielles et deux millions de francs français pour les familles des victimes.

Le 22 octobre 1925 des troupes grecques occupent la ville bulgare de Petrich. La guerre bulgaro-grecque n’aura finalement pas lieu car la Société des Nations (SDN) décide d’intervenir et impose sa médiation.

Elle exige un cessez-le-feu, l’évacuation des troupes grecques du territoire bulgare et le paiement par la Grèce de 45000 livres à la Bulgarie.

Les deux pays acceptent et pour vérifier son application, des observateurs français, italiens et britanniques sont envoyés sur place, ces derniers interdisant aux bulgares de réoccuper immédiatement les territoires pour éviter un nouvel incident frontalier. L’incident à fait cinquante morts, essentiellement des civils bulgares.

En 1926 le tsar pousse Tsankov à démissioner. Un gouvernement plus modéré dirigé par Andrey Lyoychev arrive au pouvoir. Une amnistie est decrérée mais les communistes en sont exclus.

En 1931 les agrariens reviennent au pouvoir mais alors que la situation politique, la situation économique se dégrade, la Bulgarie étant comme le reste du monde frappé par la Grande Dépression.

Le 19 mai 1934 la Bulgarie est secouée par un nouveau coup d’état militaire mené par deux organisations (Zveno et l’Union Militaire) soutenus par l’armée bulgare mais comme nous le verrons sans l’assentiment du tsar.

Ce coup de force renverse le gouvernement du Bloc Populaire qui regroupait le parti démocratique, l’Union Nationale Agrarienne Bulgare, le Parti National Libéral et le Parti Démocratique Libérale.

C’est en novembre 1933 que l’Union Militaire décide au cours de son congrès de décider de renverser le pouvoir actuel. Dans un premier temps les comploteurs essayent de dissoudre la coalition en attirant vers eux certains partis mais c’est un échec.

En réalité au printemps 1934 la coalition commence à se disloquer toute seule comme une grande ce qui va faciliter la tache des putschistes qui passent à l’action le 19 mai, devançant de 24h un autre coup d’état fomenté par les partisans d’Aleksandar Tsankov.

Les partis opposés ne parviennent pas à s’entendre pour une riposte concertée. Le nouveau gouvernement abolit temporairement la constitution de Tarnovo, dissous l’assemblée nationale et interdit partis politiques, organisations révolutionnaires et syndicats. De grandes entreprises sont nationalisées.

Le 23 juillet 1934 le nouveau gouvernement établit des relations diplomatiques avec l’URSS et se rapproche de la France (mais sans que ce soit l’amour fou entre Paris et Sofia).

Et Boris III dans tout ça ? Il n’à pas approuvé ce coup d’état en raison de la présence de nombreux républicains au sein du Zveno. Voilà pourquoi en janvier 1935 le tsar pousse Georgiev à la démission. Il est remplacé par Pencha Zlatev, une créature à sa main. Jusqu’à sa mort en 1951 le tsar va avoir les pleins pouvoirs avec des gouvernements à sa main. En somme une sorte de dictature royale dont la dureté variera selon les époques.

A la fin des années trente, la Bulgarie se rapproche clairement de l’Axe tout en améliorant les relations avec ses voisins. Ce n’était pourtant pas gagné puisque le 9 février 1934 la Grèce, la Turquie, la Roumanie et la Yougoslavie avait signé le Pacte Balkanique.

Ce pacte appelé également Entente balkanique était destiné à maintenir le statu-quo et donc géler les acquis des traités de paix. Sans que cela soit clairement dit du moins au début, c’est un front contre une Bulgarie revancharde qui mis sur pied.

Signe qui ne trompe pas d’autres pays ont été conviés à la conférence aboutissant à ce pacte mais ont refusé de signé. Il s’agit de l’Italie, de l’Albanie, de la Bulgarie, de la Hongrie et de l’URSS soit des pays qui n’étaient pas satisfaits du nouveau découpage de l’Europe après la première conflagration mondiale. Ce pacte est reconnu par la SDN le 1er octobre 1934.

Cela ne cessa pourtant pas les intrigues régionales mais le 31 juillet 1938 les pays signataires du pacte signent avec la Bulgarie l’Accord de Salonique confirmant les clauses du traité de Neuilly-sur-Seine et de Lausanne (qui remplace le traité de Sévres signé initialement avec l’empire ottoman) mais en échange de zones démilitarisées sur ses frontières avec la Grèce et la Turquie, Sofia était autorisée à se réarmer. Selon certains historiens ce pacte et cet accord à évité une troisième guerre balkanique dans la foulée ou au moment de la guerre de Pologne.

En septembre 1939 la guerre de Pologne éclate. Sofia reste neutre n’ayant aucun intérêt à entrer en guerre aux côtés de l’Allemagne qui de toute façon n’à rien demandé à son allié balkanique.

La période de la Pax Armada est vu rétrospectivement comme un Age d’Or. Certes la Bulgarie reste un régime autoritaire, une dictature royale mais le niveau de vie s’améliore et un semblant de vie politique renaît avec la ré-autorisation de certains partis politiques.

Le 7 septembre 1940 suite au deuxième accord de Vienne, la Dobroudja du Sud est restituée par la Roumanie bien mal récompensée de son alliance avec l’Allemagne puisqu’elle à du également céder la Transylvanie du Nord à la Hongrie, la Bucovine du Nord et la Bessarabie à l’URSS.

En 1941 la Bulgarie signe le Pacte Tripartite ce qui fait de Sofia un allié de l’Allemagne ce qui pourrait l’engager dans un conflit qui ne la concernerait pas directement.

A partir de 1943 la situation économique devient plus difficile et le tsar Boris III impose un nouveau tour du vis ce qui met fin à la période dite «libérale» de la dictature royale. Des partis sont interdits mais le projet d’un parti unique ne dépasse pas le stade du projet.

A partir de 1945 la Bulgarie investit massivement pour moderniser son outil de défense et ainsi faire face aussi bien à une attaque yougoslave, une attaque grecque voir une attaque roumaine.

L’armée de terre et l’armée de l’air bénéficient d’importants crédits mais la marine n’est pas oubliée même si la marine bulgare serait bien incapable d’affronter une marine soviétique disposant de cuirassés ou d’une marine ottomane disposant d’un cuirassé, un cuirassé anglo-américain (coque et propulsion américaine, armement britannique).

Les frontières sont fortifiés avec une série de blockhaus, de champs de mines, de barbelés et d’obstacles antichars. Ce n’est pas une ligne Maginot mais plutôt une ligne tactique destinée à empêcher une attaque surprise et protéger les mouvements du corps de bataille et in fine la mobilisation générale en cas de conflit majeur.

Mitteleuropa Balkans (43) Bulgarie (7)

La Bulgarie dans le premier conflit mondial

Du 14 octobre 1915 au 30 septembre 1918 la Bulgarie va participer au premier conflit mondial du côté des Empires Centraux. Clairement Sofia veut prendre sa revanche sur les deux guerres balkaniques qui l’avait vue passer du statut de puissance vainqueur à celui de puissance défaite.

Clairement quand le premier conflit mondial éclate à l’été 1914 la Bulgarie est isolée et entourée de voisins hostiles. Pour ne rien arranger, Sofia ne peut compter sur le soutien d’une ou plusieurs grandes puissances.

C’est le cas notamment de la France et de la Russie qui la blâme pour avoir provoqué la dissolution de la Ligue Balkanique.

Pas étonnant que la politique étrangère bulgare soit marquée par des sentiments profondément revanchards.

Néanmoins à l’été 1914 la Bulgarie préfère rester neutre à la fois pour susciter le désir des deux camps en position mais aussi pour récupérer des conséquences des deux guerres balkaniques, la Bulgarie ayant perdu plusieurs dizaines de milliers de soldats dans ces deux conflits qui annonçaient les horreurs du premier conflit mondial. De plus 120000 réfugiés doivent être intégrés à la vie économique et sociale bulgare.

Neutralité ne veut pas dire inaction. Une loi permet l’établissement de la loi martiale sur le territoire bulgare et une autre loi permet l’organisation d’un prêt national de 50 millions de leva pour les besoins de l’armée.

Un traité secret est signé entre la Bulgarie et l’Empire ottoman le 6 août 1914. C’est un pacte mutuel de défense si jamais un état balkanique attaquait l’un des deux signataires. La Bulgarie s’engage à informer Constantinople de tout processus de mobilisation. Les allemands ne sont informés qu’en décembre 1914. En octobre 1914 l’empire ottoman entre en guerre mais la Bulgarie décide de rester neutre.

Cela n’empêche pas les Empires Centraux de travailler la Bulgarie au corps pour un accord militaire voir une entrée en guerre pleine et entière. L’Entente tente également une approche mais semble ne pas mettre la même énergie et le même enthousiasme.

La guerre devant durer l’opinion publique bulgare est moins encline à soutenir l’entrée en guerre du pays tant aux côtés des alliés que du côté des empires centraux.

Il semble acquis que début 1915 la Bulgarie n’à pas définitivement choisit dans quel camp entrer en guerre. En mai 1915 après l’entrée en guerre de l’Italie, l’Entente tente d’attirer la Bulgarie de son côté pour soutenir la Serbie et faire peser une nouvelle menace sur l’empire ottoman.

Des propositions alléchantes sont faites à Sofia mais comme la Serbie et la Grèce sont tenues à l’écart, Sofia se méfie des réelles intentions alliées. Les Empires Centraux reviennent alors à la charge alors que militairement ils sont en meilleur position que l’Entente.

Pour ne rien arranger les membres de l’Entente peinent à faire une proposition commune en raison d’intérêts divergents. Clairement à l’été 1915 l’Entente à laissé passer sa chance.

Carte postale célébrant l’alliance bulgaro-allemande avec le tsar Ferdinand 1er

Le 6 septembre 1915 la Bulgarie formalise son adhésion aux Empires Centraux en signant un traité d’amitié avec l’Allemagne, un traité valable cinq ans.

Une annexe secrète spécifie les futures acquisitions bulgares en l’occurence le Vardar macédonien et une partie de la Serbie à l’est de la rivière Morava.

Si la Grèce et la Roumanie attaquent sans provocation bulgare, Sofia récupérera les territoires perdus au traité de Bucarest en 1913 plus la rectification de la frontière bulgaro-roumaine selon celle prévue par le traité de Berlin de 1878.

L’Allemagne et l’Autriche-Hongrie garantissent à la Bulgarie un prêt de 200 millions de francs et dans le cas où la guerre durerait plus de quatre mois, Berlin et Vienne se porteront garant d’un prêt supplémentaire.

Un troisième texte est également signé en l’occurence une convention militaire planifiant la défaite de la Serbie.

Toujours le 6 septembre 1915 une convention militaire est signée entre la Bulgarie et l’empire ottoman.

Le 22 septembre 1915 les bulgares décrètent la mobilisation générale et le 5 octobre 1915 les alliés renoncent à attirer la Bulgarie dans leur camp.

Le premier ministre britannique Asquith fait porter le chapeau de l’échec sur la Russie et la Serbie qui auraient fait preuve d’un manque de volonté (NdA c’est sûrement ça le fair-play britannique).

NdA Je ne vais pas rentrer dans les détails de l’organisation de l’armée de terre bulgare que j’aborderai dans la partie idoine. Je vais me contenter de parler de l’engagement militaire de la Bulgarie dans le premier conflit mondial.

A l’époque le Royaume de Bulgarie couvre 144 424 km² pour 4.9 millions d’habitants dont 2.4 millions d’hommes mais tous ne sont naturellement pas mobilisables.

La mobilisation se fait dans des conditions difficiles avec un manque d’enthousiasme, un manque d’armement et un manque d’équipements. Néanmoins au début du mois d’octobre 616680 hommes sont sous les drapeaux soit 12% de la population et de 25% des hommes.

La convention militaire demandait aux bulgares cinq divisions mais Sofia parvient à mobiliser onze divisions d’infanterie et une division de cavalerie sans compter des unités auxiliaires, des unités de soutien et des unités de Milice. Ces moyens doivent être répartis en trois armées, deux sur le front serbe et une sur la frontière roumaine.

La 1ère armée bulgare dépend du Groupe d’Armées Mackensen (du fedlmarshall Mackensen, le commandant en chef allemand de ce groupe) en compagnie de la 11ème armée allemande et de la 3ème armée austro-hongroise. Cette première armée bulgare comprend quatre divisions d’infanterie et d’une brigade de cavalerie.

En revanche la 2ème armée qui doit être engagée dans le Vardar Macédonien reste sous le contrôle direct du haut-commandement bulgare.

La mobilisation bulgare ne passe naturellement pas inaperçue du côté serbe. Belgrade déploie sur la frontière serbo-bulgare 145 bataillons d’infanterie, 25 escadrons de cavalerie et 316 canons soit la moitée de l’armée serbe qui comprend 288 bataillons, 40 escadrons de cavalerie et 678 canons.

Belgrade espère le renfort de 150000 soldats alliés pour défendre le Vardar Macédonien mais l’Entente n’en à ni les moyens ni visiblement la volonté de renforcer le dispositif serbe.

Les futurs « jardiniers de Salonique » (troupes françaises à Thessalonique en 1915)

Les Empires Centraux continuent leurs préparatifs en vue d’une offensive décisive en Serbie, l’Autriche-Hongrie ne pouvant fournir les six divisions demandées, l’Allemagne est obligée d’engager des unités supplémentaires.

On trouve donc la 11ème armée allemande avec sept divisions allemandes, la 3ème armée austro-hongroise avec quatre divisions austro-hongroises et trois allemandes et la 1ère armée bulgare.

Le 6 octobre 1915 les allemands et les austro-hongrois passent à l’attaque. Un barrage d’artillerie frappe les positions serbes le long de la Sava et du Danube. Le franchissement à lieu le lendemain.

Les bulgares doivent normalement attaquer cinq jours plus tard mais suite à des retards les serbes prélèvent des troupes faisant face aux bulgares pour renforcer le front nord. Cela permet aux bulgares de terminer leur processus de mobilisation avec deux armées soit 300000 hommes, 195820 pour la 1ère armée et le reliquat pour la 2ème armée qui ne comprend que deux divisions d’infanterie et une division de cavalerie, ces moyens devant être engagés sur un front de 300km.

Le 14 octobre 1915 le Royaume de Bulgarie déclare la guerre au Royaume de Serbie. L’engagement de la Българска армия (Bŭlgarska armiya) permet de débloquer la situation sur le front serbe. Cela va permettre également aux allemands de sécuriser les approvisionnements en direction de la Sublime Porte.

Le jour même de la déclaration les troupes bulgares franchissent la frontière sur un front de 140km de long et 15km de profondeur. La 1ère Armée bulgare doit envahir la vallée de la Morava et prendre les villes de Nis et de Aleksinac pour faire la jonction avec la 11ème armée allemande.

L’avancée initiale est d’abord rapide mais très vite elle est contrariée par le mauvais temps qui endommage les routes. La résistance serbe et le relief montagneux de la région n’arrangent rien.

Résultat la 1ère armée bulgare doit stopper son avance avant les forteresses de Pirot et de Zapecar situées à seulement quinze kilomètres de la frontière. Une brèche au centre force les serbes à évacuer et les deux villes susnommées le 26 octobre 1915.

Paradoxalement la 2ème armée bulgare moins forte remporte de plus grands succès. Le 16 octobre 1915 elle s’empare de Vranje dans le sud de la Serbie et coupent les lignes de communication entre la Serbie et le Vardar macédonien.

Une partie de cette armée met cap sur Nis pour aider la 1ère armée à couper la retraite des forces serbes, le gros de cette force mettant cap à l’ouest, s’emparant de Vebes et de Kumanovo (dans l’actuelle Macédoine du Nord) le 20 octobre 1915.

Des troupes bulgares situées autour de Krivolak et de Strumitsa rencontrent pour la première fois les troupes françaises qui avançaient vers le nord pour aider les serbes. C’est le début de la bataille de Krivolak qui va durer du 21 octobre au 22 novembre 1915.

Cette bataille oppose la 11ème division bulgare à trois divisions françaises (57ème, 122ème et 156ème DI). L’échec de deux divisions serbes à s’emparer de Skopje oblige les français à se replier.

Cela provoque la Bataille de Kosturino (6 au 12 décembre 1915) qui oppose la 11ème division bulgare à deux divisions alliées, la 10ème division britannique (division de recrutement irlandais) et la 156ème DI.

Les bulgares l’emporte à nouveau et les alliés doivent se replier sur la Grèce. Les Empires centraux peuvent continuer les travaux de la ligne de chemin de fer Berlin-Constantinople. Les serbes décident de résister face à Mackensen tout en retraitant vers le Kosovo pour échapper à l’anhiliation. Le 1er novembre 1915, la ville de Kragujevac tombe aux mains des allemands.

Retraite de l’armée serbe en 1915

Le 5 novembre 1915 la ville de Nis tombe aux mains de la 1ère Armée bulgare, 5000 soldats serbes étant faits prisonniers. Le même jour cette même armée fait sa jonction avec la 11ème armée allemande, évitant par exemple que les serbes n’attaquent dans l’espace laissé entre les deux armées alliées. Les objectifs de guerre de l’armée bulgare sont atteints après moins d’un mois de combat.

Concentrée au Kosovo l’armée serbe envisage de forcer le passage et de retrouver les alliés en Macédoine. D’autres penchent plutôt pour un repli sur la côte adriatique pour échapper à l’encerclement.

L’armée serbe est certes affaiblie mais elle représente encore une menace. Voilà pourquoi les Empires Centraux décident de la détruire totalement. Le premier objectif est d’atteindre Pristina dans le nord du Kosovo.

La 1ère Armée bulgare doit attaquer depuis l’est, le groupe renforcé de la 2ème Armée bulgare doit attaquer depuis le sud, des éléments de la 11ème armée allemande doivent attaquer au nord et la 3ème armée austro-hongroise depuis le nord-ouest.

Ce plan parfait sur le papier est contré par le franchissement trop lent de la rivière Morava. Les serbes concentrent des moyens importants contre la 2ème armée bulgare car c’est le principal obstacle entre l’armée serbe et les alliés mais aussi parce qu’elle menace les routes d’une potentielle retraite vers l’Albanie.

La tentative de percée est un échec et l’armée serbe doit battre en retraite. Les bulgares tentent de couper leur mouvement depuis le sud. Suite à la prise de Pristina le 23 novembre 1915, le haut-commandement serbe ordonne la retraite générale vers l’Albanie pour éviter une totale annihilation.

La poursuite est essentiellement menée par les bulgares et les austro-hongrois. C’est ainsi que la 3ème division bulgare s’empare de la ville de Prizren dans le sud-ouest du Kosovo, accentuant la pression sur les serbes.

D’autres villes tombent aux mains des bulgares comme Debard (sur l’actuelle frontière macédono-albanaise), Struga (sud-ouet de l’actuelle Macédoine du Nord sur les rives du lac Ohrid) et Ohrid.

Le 4 décembre 1915 les bulgares prennent Bitola (actuellement dans le sud de la Macédoine du Nord) ce qui marque la fin de la campagne militaire pour la Serbie.

La retraite serbe tourne à l’anabase digne de Xénophon mais dans un contexte climatique bien plus difficile

Les serbes eux continuent leur éprouvante anabase qui va provoquer la mort de 55000 soldats. 150000 soldats serbes sont évacués par des navires alliés (essentiellement français et italiens) en direction de Corfou mais ils sont dans un tel état qu’il faudra du temps avant d’en refaire une armée cohérente et capable de combattre.

La veille le 3 décembre 1915 la 2ème armée bulgare avait entamé son avance contre les alliés mais trop tard pour empêcher les divisions alliées de se replier sur Salonique.

Le 11 décembre 1915 les troupes bulgares atteignent la frontière grecque mais reçoivent l’ordre de ne surtout pas la franchir. L’année 1915 se termine et pour l’armée bulgare il s’agit de faire les comptes avec 37000 pertes (tués, blessés, malades) sur 424375 engagés soit 8.72% des effectifs.

Clairement en cette fin 1915 le bloc des Empires Centraux (Allemagne, Autriche-Hongrie, Bulgarie et Empire ottoman) sort renforcé des dernières opérations surtout si on compare la situation de l’Entente qui doit digérer les échecs en Artois, en Champagne, dans les Flandres mais aussi aux Dardanelles.

La conquête de la Serbie à été dure par ses combats mais aussi par l’occupation qui en découle, de nombreux crimes de guerre ont été commis par les troupes bulgares en dépit des dénégations de Sofia.

Des révoltes éclateront, l’une d’elle la Révolte de Toplica (21 février au 25 mars 1917) étant marquée par une répression impitoyable équivalente à celle des turcs face aux bulgares en 1877.

Voilà pourquoi quand les alliés parviendront à percer le front, ils refuseront une offensive en direction de la Bulgarie de crainte que les troupes serbes qui représentaient un élément incontournable du dispositif allié ne se vengent sur la population civile bulgare.

Après des succès initiaux, la guerre devient une guerre d’usure. Ce front est jugé secondaire par les allemands et les moyens engagés seront toujours insuffisant pour débloquer la situation (ce qui sera la même chose côté allié).

Le front de Salonique fin 1915

Le front en question est baptisé le plus souvent front macédonien. Du côté des Empires Centraux, on trouve deux ensembles, l’Army Group Scholz composé de la 11ème armée allemande, des 1ère et 2ème armées bulgares et du 20ème Corps d’Armée ottoman plus l’Army Group Albania qui comme son nom l’indique couvre l’Albanie.

Du côté des alliés nous trouvons l’Armée alliée d’Orient avec l’Armée d’Orient (France), des 1ère,2ème et 3ème Armées serbes (après leur reconstitution), l’Armée britannique de Salonique, l’Armée de Défense Nationale (Grèce), la 35ème DI italienne, une Force Expéditionnaire Russe et le 16ème Corps d’Armée italien.

Appelé également front de Salonique, il s’étend donc de la côte albanaise à la Struma. C’est une éprouvante guerre d’usure où la situation reste longtemps figée ce qui n’est au final pas si différent du front occidental.

Tranchées du front de Salonique

La principale différence c’est que les troupes qui y sont déployées ont le sentiment d’être oubliés au point qu’ils se baptiseront eux-mêmes «les jardiniers de Salonique». Aux combats s’ajoute le climat difficile et les épidémies qui préleveront leur lot de morts et d’invalides.

Le 5 janvier 1916 les austro-hongrois attaquent le Monténégro alliés de la Serbie. La petite armée monténégrine résiste bravement mais le rapport de force est trop déséquilibré ce qui aboutit le 25 janvier à la signature d’un armistice qui fait sortir le Monténégro de la guerre.

A noter que le roi Nicolas 1er réfugié en Italie s’oppose à cet armistice mais le gouvernement passe outre. Un gouvernement militaire est mis en place le 1er mars.

Dans la foulée l’Albanie est envahie, les ports de Scutarri et de Durazzo tombent à la fin février mais heureusement pour alliés l’évacuation sur Corfou de l’armée serbe s’est achevée le 10 février 1916.

A la fin de l’hiver 1915/16, les austro-hongrois contrôlent quasiment toute l’Albanie. A l’époque les britanniques veulent quitter la région mais les français refusent et Londres finit par s’incliner.

Les alliés décident de s’enterrer à Salonique et de s’y maintenir fermement. L’armée serbe reconstituée à Corfou va être transportée par des navires français sur ce front.

Aux problèmes militaires s’ajoute des problèmes politiques avec une Grèce divisée entre un roi pro-allemand et un premier ministre Euletherios Venizelos pro-allié. Comme la Roumanie est sur le point d’entrer en guerre, le général Sarrail, commandant des troupes alliés sur ce front veut lancer une offensive contre les bulgares.

Il n’en aura pas le temps puisque les Empires Centraux attaquent le 17 août 1916. En réalité les bulgares représentent l’immense majorité des troupes engagées, les allemands étant peu présents (une division) et les austro-hongrois sont surtout engagés en Albanie.

A l’est du front les bulgares conquièrent facilement les territoires grecs à l’est de la rivière Struma (17-23 août 1916) et pour cause, le roi de Grèce, le très germanophile Constantin 1er ordonne au 4ème Corps d’Armée de ne pas résister. Il y à cependant des combats de la part d’officiers qui ne peuvent admettre que ces territoires durement acquis durant les deux guerres balkaniques soient abandonnés si facilement.

Cela entraine le 29 août un coup d’état avec l’établissement de l’Etat de Défense Nationale ou gouvernement de Thessalonique sous la direction de Venizelos. A l’ouest même succès du moins initialement car les alliés parviennent après deux semaines de combat à contenir l’offensive bulgare après deux semaines.

Les alliés lancent une contre-attaque le 12 septembre 1916. C’est la Bataille de Kaymakchalan (12 au 30 septembre 1916) menée essentiellement par les serbes. Cela se termine par une victoire tactique des serbes mais les pertes sont lourdes des deux côtés. Les bulgares et les allemands qui ont perdu 60000 hommes évacuent Bitola. Le front à clairement reculé de 40km.

Pour affermir leur position, les alliés et les vénizélistes occupent la Thessalie et l’isthme de Corinthe, coupant les territoires royalistes en deux. Ils échouent à Athènes (1er au 3 décembre 1916). Les alliés reconnaissent officiellement le gouvernement Venizelos et mettent en place le blocus des côtes.

Après un hiver 1916/17 calme, les opérations vont reprendre au printemps 1917. l’Armée alliée d’Orient voit ses effectifs portés à 24 divisions avec six divisions françaises, six divisions serbes, sept divisions britanniques, une division italienne, trois divisions grecques et deux brigades russes.

Tout comme sur le Chemin des Dames, l’offensive alliée lancée au printemps est un échec et après de lourdes pertes pour des gains minimes, le haut-commandement allié décide d’arrêter les frais le 21 mai 1917.

Entre-temps le 14 mai 1917 le roi Constantin 1er s’est exilé remplacé par son fils Alexandre. Venizelos devient premier ministre et aussitôt la Grèce déclare la guerre aux Empires Centraux, une déclaration qui entraine la mise sur pied d’une nouvelle armée grecque capable de tenir son rang aux côtés des alliés.

A l’automne 1918, les Empires Centraux alignent sur le front de Salonique la 11ème armée allemande (deux corps d’armées, sept divisions majoritairement bulgares), la 1ère armée bulgare (trois divisions d’infanterie et une brigade d’infanterie), la 2ème armée bulgare (trois divisions d’infanterie) et la 4ème armée bulgare qui dispose d’une division d’infanterie et d’une division de cavalerie.

De leur côté les alliés alignent une Armée d’Orient composée de cinq divisions d’infanterie françaises, une division d’infanterie italienne et deux divisions grecques, deux Corps d’Armée serbes regroupant huit divisions d’infanterie dont deux françaises plus une division de cavalerie, Un groupe de divisions avec une division coloniale (française), une division grecque et une division britannique, une Armée britannique de Salonique avec deux corps d’armées regroupant trois divisions britanniques et deux divisions grecques et enfin l’Armée Grecque composée de deux corps d’armée soit un total de six divisions d’infanterie dont une à l’entrainement.

Du 29 au 31 mai 1918 à lieu la Bataille de Skra-Di-Leger entre trois divisions grecques plus une brigade française contre une brigade bulgare. Sans surprise les alliés l’emporte et cette défaite bulgare entraine la démission du premier ministre en exercice, Vassil Radoslatov (21 juin 1918).

Il est remplacé par Aleksander Molinar qui entame des négociations secretes avec les alliés mais ces négociations buttent sur la volonté bulgare de conserver sous son autorité l’est de la Macédoine ce que ne peut accepter Athènes et comme Paris et Londres ne veulent pas aller contre les volontés grecques……. .

La France veut lancer une offensive majeure mais il faut un accord politique avant de passer à l’action. Cela prend du temps et ce n’est qu’à l’automne 1918 que tout va se débloquer. A cette époque les effectifs sont équilibrés (291 bataillons côté alliés contre 310 de l’autre côté) mais le conflit à clairement choisit le camp de l’Entente surtout depuis l’échec des offensives allemandes du printemps.

Du 15 au 18 septembre 1918 à lieu la bataille de Dobro Pole. Elle oppose deux divisions bulgares à trois divisions françaises, deux corps d’armées serbes et trois divisions grecques. C’est le début de l’offensive du Vardar qui allait aboutir à la rupture du front.

Le 18 septembre 1918 à lieu la bataille de Dorian entre d’un côté une division britannique et deux divisions grecques contre une division bulgare renforcée des éléments d’une autre Grande Unité de la Bulgarskaya Armiya.

Après la préparation d’artillerie, les britannico-grecs attaquent les positions bulgares situées près du lac Dorian mais c’est un échec en raison d’un manque d’appui-feu, de problèmes de coordination entre britanniques et grecs et en raison visiblement du manque d’entrain des troupes grecques.

Quelques jours plus tard les positions évacuées sont occupées sans combat par les britannico-grecs. Ils donnent la chasse aux troupes bulgares en retraite mais à un train de sénateur ce qui permet aux soldats de Sofia de se replier en bon ordre.

Le 24 septembre 1918 la Bulgarie demande un armistice aux alliés. Ces derniers acceptent cinq jours plus tard soit le 29 septembre 1918.

Le même jour les alliés occupent Skopje mais une vigoureuse contre-attaque germano-bulgare les obligent à abandonner la ville aux troupes des Empires Centraux.

Si la Bulgarie demande un armistice c’est que l’armée bulgare épuisée s’effondre. De nombreuses mutineries ont lieu et certains mutins proclament même la république à Radomir. Ce putsch républicain est un pétard mouillé qui prend fin le 2 octobre 1918.

Entre-temps l’armistice de Thessalonique à été signé le 29 septembre 1918 et entre en vigueur le lendemain à minuit.

Pour sauver ce qui peut l’être, Ferdinand 1er décide d’abdiquer le 3 octobre 1918 en faveur de son fils qui devient le tsar Boris III.

L’armée bulgare à aussi été engagée contre la Roumanie à l’automne 1916 quand celle-ci entre en guerre aux côtés de l’Entente. Son offensive en Dobroudja du Sud oblige les roumains à détacher des troupes ce qui réduit leur potentiel offensif face aux Empires Centraux qui après une vigoureuse contre-offensive vont occuper quasiment tout le pays même si l’aide russe et celle de conseillers militaires français dirigés par le général Berthelot va permettre à Bucarest d’éviter l’occupation de tout le pays.

Le 27 novembre 1919 est signé le Traité de Neuilly sur Seine. On trouve d’un côté la Bulgarie et de l’autre côté les alliés qu’ils soient importants ou secondaires. En effet la France, la Grèce, l’Italie, le Japon, la Roumanie, la Serbie, la Grande-Bretagne, les Etats-Unis, la Belgique, la Chine, Cuba, le Hejaz, la Pologne, le Portugal, le Siam et la Tchécoslovaquie ont signé ce traité qui peut être résumé ainsi :

-La Thrace occidentale est cédée à l’Entente qui va la rétrocéder à la Grèce (Conférence de San Remo 19 au 26 avril 1920)

-La Bulgarie doit signer une convention d’échange de populations avec la Grèce

-La Bulgarie doit céder 2563 km² sur sa frontière occidentale au Royaume des Serbes, Croates et Slovènes

-Retour à la Roumanie de la Dobrudja du Sud

-Armée de 20000 hommes

-100 millions de livres sterling de dommages de guerre

-Reconnaissance obligatoire du Royaume des Serbes, Croates et Slovènes

Pour la majorité de l’opinion publique bulgare, ce traité est la Deuxième Catastrophe Nationale après celle survenue à peine cinq ans plus tôt à la fin de la deuxième guerre balkanique.

Mitteleuropa Balkans (41) Bulgarie (5)

Princes et tsars de Bulgarie

Alexandre de Battenberg

Alexandre de Battenberg (Vérone, Lombardie-Vénétie 5 avril 1857 Graz, Autriche-Hongrie 17 novembre 1893) est le premier knyaz (prince) de Bulgarie du 29 avril 1879 date de son élection par une Assemblée Nationale Bulgare (qu’il va dissoudre en 1880) jusqu’à son abdication le 7 septembre 1886.

C’est le deuxième fils du Prince Alexandre de Hesse-Darmstadt et de la comtesse Julia Hauke (un mariage morganatique). Neveu du tsar Alexandre II (qui à épousé une sœur de son père), son frère à épousé une petite fille de la reine Victoria et parmi les neveux du premier prince de Bulgarie on trouve la reine Louise de Suède ou encore Alice de Battenberg, future reine de Grèce et mère du prince Philip époux de la reine Elizabeth II de Grande-Bretagne qui succède à son père en plein second conflit mondial.

Arrivé au pouvoir le prince Alexandre est coincé entre l’influence des russes qui voulaient qu’il soit un «roi fainéant» et la turbulente classe politique bulgare qui voulait un prince guerrier, incarnant la nation bulgare pour restaurer les frontières du traité de San Stefano.

Conservateur de nature et de formation, il avait accepté du bout des lèvres la Constitution de Tarnovo dont il obtient la suspension pour sept ans le 13 juillet 1881 suite au vote d’une assemblée acquise à sa cause.

Cette période autocrate ne dure pas car la constitution est restaurée le 19 septembre 1883. En 1885 il unifie à titre personnel la principauté de Bulgarie et la province de Roumélie orientale dont il devient le gouverneur-général suite à un accord avec la Sublime Porte.

Suite au coup d’état manqué d’août 1886 il décide d’abdiquer le 7 septembre 1886, obtenant le titre de prince de Tarnovo. Il est enterré dans un mausolée installé à Sofia.

Ferdinand 1er de Bulgarie

Ferdinand 1er, premier tsar de Bulgarie de 1908 à 1918

Ferdinand Maximilian Karl Leopold Maria de Saxe-Cobourg & Gotha (Vienne 26 février 1861 Coburg,Allemagne 10 septembre 1948) est le deuxième prince de Bulgarie du 7 juillet 1887 au 5 octobre 1908 puis roi de Bulgarie du 5 octobre 1908 au 3 octobre 1918.

Fils du prince Auguste de Saxe-Cobourg et Gotha et de Clémentine d’Orléans (fille de Louis-Philippe 1er) il épouse en 1893 la princesse Marie-Louise de Bourbon-Parme.

De cette brève union (Marie-Louise meurt en 1899 des suites de la naissance de sa fille cadette) naissent quatre enfants, deux fils le futur tsar Boris III (1894) et son frère Kiril (1895) ainsi que deux filles Eudoxia (1898) et Nadezhdad (1899). Il se remarie en 1908 (après la mort de sa mère) avec la princesse Eleonore Reuss de Köstriz.

Il est le neveu de François-Joseph et de Ferdinand II du Portugal et le petit-neveu de Léopold 1er de Belgique.

Réputé indolent et bon vivant, ayant de nombreux enfants naturels et réputé pour être également attiré par les hommes, son arrivée au pouvoir surprend tous les cours européennes. Les relations avec les têtes couronnées étaient parfois difficiles.

En mai 1894 Stefan Stambolov démissionne et en juillet 1895 il est assassiné. Le tsar Ferdinand 1er est fortement soupçonné d’en être le commanditaire.

En février 1896 il décide de se réconcilier avec la Russie en convertissant son jeune fils Boris à la religion orthodoxe (alors qu’il avait été baptisé catholique, la religion de ses deux parents). Cela le fâcha avec son oncle François-Joseph avec lequel les relations n’étaient guère moins chaleureuses qu’avec Guillaume II.

En dépit de la défaite lors de la deuxième guerres balkanique il agrandit le territoire bulgare avec la Thrace occidentale qui permet à Sofia d’obtenir un accès à la mer Egée.

Il engage son pays dans la première guerre mondiale le 11 octobre 1915 mais après des succès importants, l’année 1918 devient difficile pour ne pas dire pire.

Pour sauver ce qui peut l’être il abdique le 3 octobre 1918 au profit de son fils ainé Boris qui devient Boris III de Bulgarie à l’âge de vingt-quatre ans. Il s’installe à Coburg où il vit jusqu’à sa mort le 10 septembre 1948.

Comme la guerre à éclaté entre-temps, il est enterré dans une crypte provisoire, un provisoire qui va durer jusqu’en 1993 quand la chute du régime communiste et le retour de la démocratie va permettre le retour du premier roi de Bulgarie et son enterrement dans la crypte des rois de Bulgarie à Sofia.

Boris III de Bulgarie

Boris III

Boris Klemens Robert Maria Pius Ludwig Stanislas Xavier (Sofia 30 janvier 1894, près de Plovdiv 14 septembre 1951) est le deuxième et avant dernier tsar de Bulgarie.

Fils ainé de Ferdinand 1er et de Marie-Louise de Bourbon-Parme, il est marié à la princesse Giovanni d’Italie, fille de Victor-Emmanuel III, roi d’Italie. De cette union vont naitre deux enfants, la princesse Marie-Louise et Siméon qui sont respectivement nés le 13 janvier 1932 et le 16 juin 1937.

Baptisé dans la religion orthodoxe à des seuls fins politiques (se réconcilier avec la Russie, les autres enfants de Ferdinand 1er étant baptisés selon le rite catholique), il participe aux guerres balkaniques et à la première guerre mondiale dans des tâches d’officier de liaison.

Le 3 octobre 1918 alors que la guerre est clairement perdue pour la Bulgarie, son père abdique en sa faveur dans l’espoir de sauver ce qui peut être mais les alliés se montreront intransigeants dans les négociations qui aboutiront au traité de Neuilly sur Seine.

Les premières années de son règne sont assez agitées avec plusieurs attentats et tentatives d’assassinat sans oublier un incident de frontière avec la Grèce en octobre 1925 qui menace de dégénérer en guerre ouverte.

Le 19 mai 1934, une organisation politico-militaire appelée Zveno organise un coup d’état qui suspend le processus politique et électroral et réduit le rôle de Boris III à celui d’un «roi-fainéant».

Cette situation ne dure qu’un an puisqu’en 1935 il organise un contre-coup d’état qui le rétablit dans la plupart de ses prérogatives. La Bulgarie reste un état autoritaire mais un semblant de vie politique est rétablit par la réautorisation des partis politiques.

Restropectivement la période 1935/43 est vue comme un Age d’Or avec une nette amélioration de la qualité de vie des bulgares. Le tsar est très populaire car très abordable et très proche du peuple.

Mieux même le 7 septembre 1940 un accord permet le retour à la mère-patrie de la Dobroudja du Sud au détriment de la Roumanie.

Si il parvient à conserver la Bulgarie neutre durant la guerre de Pologne, Boris III à conscience que ce sera plus difficile dans le conflit qui débute en septembre 1948. Si la Bulgarie ouvre son territoire aux troupes allemandes pour les opérations en Yougoslavie, les troupes bulgares n’entrent dans ce pays que pour occuper la Macédoine et le nord de la Grèce.

Pour l’opération BARBAROSSA, le tsar de Bulgarie refuse dans un premier temps l’engagement de l’armée bulgare en dépit des pressions allemandes mais aussi d’une partie de son armée qui rêve d’en découdre avec les bolchéviques.

De guerre lasse le fils de Ferdinand 1er accepte mais l’engagement est timide pour ne pas dire pusilanime avec seulement deux divisions qui ne brilleront guère sans pour autant ne rien y faire.

Même chose pour la question des juifs de Bulgarie. Il existe bien des lois discriminatoires mais Boris III refuse toute déportation dans la partie allemande de l’ancienne Pologne.

Les pressions se font plus forte jusqu’au 14 septembre 1951 quand l’avion de Boris III s’écrase près de Plovdiv dans des circonstances douteuses. Comme il revenait d’une entrevue houleuse avec le duo infernal Himmler/Heydrich certains y ont vue un attentat destiné à tuer un roi mature et décidé pour le remplacer par un adolescent jugé plus malléable. Encore aujourd’hui il règne de nombreux mystères autour de ce crash.

Le corps de Boris III est d’abord inhumé dans le cimetière de Plovdiv puis en 1993 exhumé pour rejoindre la crypte des rois de Bulgarie où il retrouve son père dont le corps avait fait le voyage depuis l’Allemagne.

Siméon II de Bulgarie

Simeon de Saxe-Cobourg-Gotha (Sofia 16 juin 1937) est le dernier tsar de Bulgarie. Fils de Boris III et de Giovanna d’Italie, il à un sœur Marie-Louise de cinq ans son ainée.

Baptisé selon le rite orthodoxe (avec l’eau prélevé dans le Jourdain excusez du peu) il devient tsar de Bulgarie à l’âge de 14 ans après la mort de son père dans un accident d’avion qui reste encore aujourd’hui nimbé de mystéres.

Comme il est encore mineur, son oncle le prince Kiril devient régent même si très vite Siméon prend des libertés et n’hésite pas à entrer en conflit contre son oncle.

Le 17 janvier 1954 alors que l’URSS se prépare à attaquer une Bulgarie qui avait été éjectée de Macédoine et de Grèce, un coup d’état crypto-communiste renverse Siméon II qui est emprisonné à Sofia.

Les sociaux démocrates et les communistes se disputent sur le sort à réservé à la famille royale bulgare. Après de longues négociations, Siméon II, sa mère, sa sœur et ses oncles et tante parviennent à s’exiler en Suisse.

Un accord prévoit qu’ils s’abstiennnent de tout commentaire politique mais il semble que Siméon II à tenté sans succès de monter un gouvernement en exil pour regrouper les opposants au régime communiste en place à Sofia.

En 1962 il se marie avec une noble espagnole qui lui donnera quatre fils et une fille. Il s’installe en 1970 aux Etats-Unis où il se lance dans les affaires tout en restant une personne appréciée et écoutée par la diaspora bulgare.

Il semble mais ce n’est pas prouvé que les services secrets bulgares ont envisagé son assassinat mais que ce projet à été torpillé par les autorités communistes qui ne voulaient pas en faire un martyr.

Rentré en Bulgarie après la chute du régime communiste, il accueille en 1993 les corps de son père et de son grand-père qui sont enterrés dans une nécropole à Sofia.

En 2020 Siméon II qui vient de féter ses quatre-vingt trois ans est toujours bon pied bon œil comme on dit.

Mitteleuropa Balkans (40) Bulgarie (4)

La Bulgarie moderne

Généralités

Suite au traité de Berlin qui corrige le traité de San Stefano, la Bulgarie devient une principauté en théorie autonome sous l’autorité de la Sublime Porte mais dans la pratique indépendante.

Alexandre de Battenberg, premier knyaz (prince) de Bulgarie

En 1879, Alexandre de Battenberg, un prince allemand est élu prince de Bulgarie. Il va rester à ce poste jusqu’à son abdication en 1886 suite à un coup de force militaire d’officiers bulgares pro-russes.

Un an auparavant en 1885 il avait prit le contrôle de la Roumélie orientale, possession ottomane sous le régime de l’union personnelle (NdA pour ménager les susceptibilités ?).

Ferdinand 1er de Bulgarie, knyaz puis tsar de Bulgarie de 1908 à 1918

Après l’abdication du premier prince de Bulgarie, une assemblée bulgare élit Ferdinand de Saxe-Cobourg-Gotha comme prince de Bulgarie (1887). En 1908 la Bulgarie proclame son indépendance et le prince Ferdinand devient le tsar Ferdinand 1er de Bulgarie.

En 1912/13 ont lieu deux guerres balkaniques. La première oppose les bulgares et leurs alliés grecs, serbes et monténégrins face à l’Empire ottoman. La coalition balkanique l’emporte mais les vainqueurs se disputent sur la répartition des territoires conquis. La seconde oppose la Bulgarie face aux serbes et aux grecs ce qui entraine la perte de la majeure partie des territoires conquis.

Quand éclate la première guerre mondiale la Bulgarie reste d’abord en dehors du conflit et ne va s’engager aux côtés des Empires centraux qu’en 1915. Les troupes bulgares vont combattre les serbes sur le front serbe et les alliés sur le front de Salonique.

La situation reste longtemps figée mais à l’automne 1918 les alliés percent enfin le front qui s’écroule comme un château de carte. Le 3 octobre 1918 Ferdinand 1er abdique en faveur de son fils qui devient Boris III. Le traité de Neuilly sur Seine signé le 27 novembre 1919 se charge de punir la Bulgarie pour son alliance avec les empires centraux.

Boris III tsar de Bulgarie de 1918 à 1951

La période 1919/1939 sera assez difficile pour la Bulgarie entre crise économique et crispations politiques.

Si la guerre de Pologne voit le pays rester neutre, le second conflit mondial verra la Bulgarie s’engager du côté allemand aboutissant non seulement à une défaite mais aussi à un basculement dans l’orbite communiste.

La mise en place d’un nouvel état : la constitution de Tarnovo et l’indépendance

De 1878 à 1908 la Bulgarie est une principauté (Knyazhostvo Balgariya) dirigée par un prince élu en l’occurrence Alexandre de Battenberg de 1879 à 1886 puis le prince Ferdinand de Saxe-Cobourg-Gotha de 1887 à 1908 quand suite à l’indépendance de la Bulgarie (de jure car elle l’était déjà de de facto) il devient le tsar Ferdinand 1er de Bulgarie, la Bulgarie devenant un royaume.

En théorie la principauté de Bulgarie est autonome sous l’autorité du sultan ottoman mais dans la pratique le prince de Bulgarie opère comme un souverain indépendant.

La capitale est pendant une très courte période Plovdiv avant que Sofia ne lui succède. A noter qu’une administration russe provisoire gère le pays au quotidien jusqu’en juin 1879. L’assemblée bulgare constituante s’installe à Tarnovo en 1879 d’où le nom de la constitution que nous allons découvrir plus tard.

Carte du traité de San Stefano puis du traité de Berlin. La Bulgarie de 1908 regroupe l’ancienne principauté de Bulgarie et la Roumélie orientale qui depuis 1885 étaient unies par un lien personnel ce qui ménageait nombre de susceptibilités

Le traité de San Stefano avait été très généreux avec la Bulgarie puisqu’elle regroupait quasiment tous les bulgarophones de la région et débordait donc largement des frontières bulgares actuelles.

Très vite le traité de Berlin signé à la suite d’une conférence tenue le 13 juillet 1878 réduit la taille du nouvel état à la portion congrue. Il le divise également en deux en rendant à l’empire ottoman la Roumélie orientale.

Le 28 avril 1879 (16 avril 1879 calendrier julien) la constitution de Tarnovo est promulguée. Ce texte inspiré de la charte belge de 1831 est considérée comme avancée pour l’époque.

Elle met en place la séparation des pouvoirs (exécutif, législatif et judiciaire), la responsabilité ministérielle, l’immunité des députés et rend la propriété privée inviolable.

L’Eglise orthodoxe bulgare est faite religion d’Etat même si les autres croyances sont reconnues ou du moins les croyants ne sont pas juridiquement discriminés.

La constitution est suspendue de 1881 à 1883 offrant au prince des pouvoirs illimités. Le texte est amendé en 1893, 1908 et 1911. Elle va rester en vigueur jusqu’en 1956 quand elle est remplacée par une constitution communiste. Elle à été suspendue également en 1934 suite à un coup d’état.

La constitution de Tarnovo fait de la Bulgarie une monarchie constitutionnelle héréditaire. Le prince doit être en théorie de confession orthodoxe mais pour le premier prince Alexandre de Battenberg un luthérien une exception législative serait faite.

Le prince peut initier un projet législatif, coordonne l’activité du premier ministre et de son cabinet, les actes du prince doivent être contresignés par le ministre compétent et la loi n’entre en vigueur qu’après la signature du prince.

Le texte constitutionnel bulgare impose l’égalité de tous devant la loi, refuse toute promotion des titres aristrocratiques. La censure est en théorie prohibée mais cet article sera suspendu à plusieurs reprises. Tous les citoyens sont soumis à l’impôt à l’exception du prince. La liberté d’association et la liberté d’action politique sont garanties.

Le 18 septembre 1885 la Roumélie orientale est unie à la principauté de Bulgarie sous la forme d’une union personnelle, le prince de Bulgarie Alexandre de Battenberg devenant gouverneur général de la province de Roumélie orientale.

Cette unification n’est pas sortie de nulle part. Dès la signature du traité de Berlin la Russie à considéré comme cette division entre la Bulgarie et la Roumélie orientale était artificielle et n’avait aucun sens.

William Gladstone

En 1880 William Gladstone devient premier ministre de Grande-Bretagne. En 1876 il s’était montré très enthousiaste pour la cause bulgare et le Comité Central Secret Revolutionnaire Bulgare espère voir sa cause avancer avec l’appui britannique.

Seulement voilà si dans l’opposition Gladstone pouvait se permettre d’être enthousiaste pour la cause bulgare (surtout si le premier ministre en poste était son grand rival Disraeli) au pouvoir il devait tenir compte de la diplomatie britannique qui voulait éviter une position trop forte de la Russie dans les Balkans.

Toujours le sacro-saint équilibre et éviter que la marine russe puisse franchir à sa guise les détroits turcs et menacer les communications britanniques notamment la liaison vitale entre le détroit de Gibraltar et le canal de Suez.

Au printemps 1885 une campagne de presse prépare l’opinion à l’union. A la mi septembre, la milice rumélienne est mobilisée pour des manœuvres automnales. Le plan d’unification doit être annoncé le 27 septembre 1885 (calendrier gregorien 15 septembre pour le calendrier julien) mais le 14 septembre une émeute éclate à Panagyuristhe (91km à l’est de Sofia).

Si la police ottomane réprime l’émeute et reprend le contrôle de la ville, d’autres émeutes éclatent un peu partout.

Le 18 septembre 1885 (6 septembre calendrier julien) la milice rumélienne et des groupes armés unionistes entrent à Plovdiv et prennent le contrôle de la résidence du gouverneur. Garril Krastervich lui même unioniste ne résiste pas.

Un gouvernent provisoire est mis en place et la mobilisation générale est décidée pour contrer une éventuelle offensive ottomane.

Le 20 septembre 1885 le gouvernement provisoire envoie un télégramme au prince de Bulgarie qui accepte l’unification en se rendant en personne à Plovdiv le lendemain.

Les grandes puissances finissent par accepter le fait accompli y compris par l’empire ottoman qui était pieds et poings liés puisque Constantinople ne pouvait envoyer des troupes en Roumélie orientale que sur demande du gouverneur de la province. Naturellement Garril Krastervich s’abstient de le demander.

Le 5 avril 1886 l’Empire ottoman et la Bulgarie signe l’accord de Tophane qui reconnaît le prince de Bulgarie comme gouverneur-général de la province de Roumélie orientale. C’est donc une union personnelle.

Cette union augmente la superficie de la Bulgarie de 63752 à 95223 km² (+33%) et la population de 2 007 919 habitants en 1880 à 4 215 000 habitants en 1908 soit un doublement.

La Grèce et la Serbie veulent des compensations territoriales pour accepter cette union. Si Athènes renonce rapidement à la guerre en l’absence de frontière commune avec Sofia, Belgrade va aller jusqu’au conflit armé. C’est la guerre serbo-bulgare.

Ce conflit dure du 14 au 28 novembre 1885 (2 au 16 novembre calendrier julien). A l’époque au moins sur le plan juridique, la Bulgarie est vassale de l’empire ottoman mais Constantinople n’intervient pas dans cette guerre.

C’est la Serbie qui prend l’initiative de la guerre mais cela tourne très vite à la catastrophe. L’Autriche-Hongrie comme nous le verront interviendra pour stopper l’avancée bulgare en Serbie.

Des négociations aboutiront au traité de Bucarest signé le 3 mars 1886, traité qui ne verra aucun changement de frontière.

Suite à l’union de la Bulgarie avec la Roumélie orientale, la Serbie craint que la Macédoine peuplée en grande partie de bulgarophones ne soit le prochain objectif de Sofia qui retournerait aux frontières du traité de San Stefano.

Milan 1er

De plus Milan 1er (1868-1889) le roi de Serbie était sous pression de l’opposition pro-russe dont les leaders étaient réfugiés en Bulgarie après l’échec d’une rébellion armée.

La Serbie propose une action militaire conjointe avec la Grèce mais Athènes qui ne possède pas de frontière commune avec la Bulgarie refuse. La Serbie persuadée d’être soutenue par l’Autriche-Hongrie décide de s’engager seule.

La Serbie déclare la guerre à la Bulgarie le 14 novembre 1885. Comme les bulgares craignent une intervention ottomane, ils ont mobilisé leurs troupes à la frontière bulgaro-ottomane laissant la frontière avec la Serbie assez dégarnie.

Les serbes sont donc persuadés de l’emporter rapidement. Le prétexte est un incident de frontière,un poste de douane sur la frontière Timok occupé par les serbes alors qu’il était côté bulgare. Les troupes bulgares chassent les serbes et Belgrade décide de contre-attaquer.

Du 17 au 19 novembre 1885 les bulgares l’emportent à Slivtsina puis dégagent Vidin assiégée par les serbes. Le 27 novembre 1885, les bulgares envahissent la Serbie et s’emparent de la ville de Pirot.

C’est à ce moment là que l’Autriche-Hongrie menace d’intervenir contre la Bulgarie. Naturellement Sofia n’est pas en mesure de résister à la Double-Monarchie et accepte de négocier avec la Serbie ce qui aboutit au traité de Bucarest qui ne voit aucun changement de frontière. Ce qui est certain c’est que les relations bulgaro-serbes sont durablement dégradées.

Le premier premier ministre bulgare est un libéral Stéfan Stambolov. Les débuts avec Alexandre de Battenberg plus conservateur sont délicats. Ce dernier réaliste sait s’adapter à la vie politique de son nouveau pays et soutient son premier ministre libéral.

Le 9 août 1886 à lieu un coup d’état pro-russe. Saint-Pétersbourg n’est pas satisfait par la politique menée par le prince bulgare qui était le neveu d’Alexandre II (assassiné en 1881) et le cousin de son successeur Alexandre III.

La Russie n’à pas non plus apprécié l’unification de 1885 et va même jusqu’à retirer les conseillers militaires qui organisaient la jeune armée bulgare alors que la guerre menaçait avec la Serbie.

Les russes sont clairement irrités par l’unification. Les bulgares pro-russes accusent Alexandre de Battenberg d’être responsable de la détérioration des relations bulgaro-russes.

A l’aube du 9 août, Alexandre est arrêté dans son palais de Sofia. On la force à signer un décret d’abdication. Il est expulsé en Russie.

Un gouvernement provisoire dirigé par Kliment de Tarnovo est mis en place. Le coup d’état n’est pas suivit et un contre coup d’état est organisé à Plovdiv. Les putschistes sont très vite isolés et le 17 août 1886 Alexandre est de retour en Bulgarie.

Il finit cependant par abdiquer le 7 septembre 1886 pour améliorer les relations entre Sofia et Saint-Pétersbourg.

Le 7 juillet 1887 Ferdinand de Saxe-Cobourg-Gotha est élu prince de Bulgarie. Les relations bulgaro-russes restent glaciales puisque le nouveau prince est le neveu de François-Joseph et officier de l’armée austro-hongroise. Le futur tsar Ferdinand 1er fait donc figure de «candidat autrichien».

En mai 1894 Stambolov démissione. Il est assassiné en juillet 1895. La politique intérieure bulgare prend un tournant clairement conservateur. Les relations avec la Russie sont peu à peu restaurées.

D’août à novembre 1903 à lieu la révolte d’Illinden-Preobrazhénie en Macédoine et en Thrace, une révolte qui menace de dégénérer en guerre entre Sofia et Constantinople. Inutile de préciser que la répression ottomane à été terrible.

Le 5 octobre 1908 Ferdinand prince de Bulgarie déclare l’indépendance de la Bulgarie qui devient un royaume. Lui même troque le titre de knyaz (prince) pour celui de tsar, la Bulgarie passant du statut de principauté à celui de royaume.

Symboliquement la déclaration est fait en la Sainte Eglise des Quarante Martyrs de Tarnovo, l’ancienne capitale bulgare.

Si cette déclaration à eu lieu à l’automne 1908 c’est pour profiter de l’instabilité de l’empire ottoman secoué depuis juillet par la révolution Jeune Turque qui impose le retour du parlement et le rétablissement de la constitution de 1876.

Les grandes puissances approuvent cette indépendance (internationalement reconnue au printemps 1909) qui se faisait que confirmer juridiquement une situation existante de facto.

L’Autriche-Hongrie en profite pour annexer la Bosnie (elle l’administrait depuis 1878) et la Grèce la Crète (annexion reconnue seulement en 1913).

Le nouveau royaume de Bulgarie va former avec ses voisins orthodoxes une Ligue Balkanique. Le 13 mars 1912 la Serbie et la Bulgarie signent une alliance initialement tournée contre l’Autriche-Hongrie avec tout de même un article secret pour se prémunir d’une éventuelle attaque ottomane.

Parallèlement une alliance est signée entre la Serbie et le Monténégro et une autre alliance unit la Bulgarie et la Grèce (mai 1912). Les alliés promettent de se partager la Macédoine et la Thrace mais les lignes sont vagues ce qui allait poser ultérieurement bien des problèmes.

Le 8 octobre 1912 la ligue Balkanique entre en guerre contre la Sublime Porte. C’est la première guerre Balkanique qui se termine le 30 mai 1913 par une nette défaite ottomane.

Seulement voilà les vainqueurs se disputent les dépouilles notamment la Macédoine revendiquée aussi bien par la Bulgarie (la population est majoritairement bulgarophone), par la Grèce (au nom de l’histoire avec la dynastie des Argéades dont le répresentant le plus illustre est Alexandre le Grand) et la Serbie (Belgrade considérant que la Macédoine fait partie de sa sphère d’influence).

Les territoires conquis par les différents pays (dans une nuance plus foncée que celle du territoire de départ)

Les alliés d’hier deviennent les ennemis d’aujourd’hui. Une deuxième guerre Balkanique à lieu du 29 juin au 10 août entre la Bulgarie d’un côté et une alliance improbable de la Serbie, de la Roumanie, de la Grèce, du Monténégro et de l’empire ottoman.

Cela se termine par un désastre pour la Bulgarie ce qui va grandement influer son attitude durant le premier conflit mondial (NdA plus de détails sur ces deux guerres anonciatrices de la boucherie de la première guerre mondiale dans la partie idoine).

Limites territoriales suite au traité de Bucarest de 1913