Pologne et Pays Neutres (53) Suisse (3)

Les grandes figures de l’histoire de la Suisse

Guillaume Tell

Guillaume Tell est un personnage légendaire, l’un des mythes fondateur de l’histoire helvétique. Tout le monde ou peu s’en faut connait la légende du père qui doit percer une pomme placée sur la tête de son fils avec un carreau d’arbalète.

Tout le monde connait également le bailli impérial Herman Gessler qui chercha par ce défi atroce à punir l’homme qui avait refusé de s’incliner devant son chapeau placé sur un mât.

Cette histoire qui à lieu en juillet 1307 se déroule dans le contexte de prise de conscience des cantons (nous sommes seize ans après le pacte d’alliance entre Uri, Schwyz et Nidwald) et de la volonté des Habsbourgs de réaffirmer leur autorité sur la région.

Après avoir réussi à percer la pomme d’un carreau d’arbalète, Guillaume Tell tue Gessler d’un autre carreau d’arbalète. Cette histoire longtemps considérée comme plausible est aujourd’hui jugée comme étant un mythe. L’histoire qui à été adaptée en roman, pièce de théâtre, opéra, films et séries télés à connu plusieurs variantes adaptées à l’époque et au goût du public.

Au 16ème siècle ce récit est considéré comme véridique et il à l’avantage d’être utilisé aussi bien par le peuple qui voit en lui un libérateur de la tyrannie habsbourgeoise que par les classes dirigeantes qui voit en lui la preuve que les revendications des cantons helvétiques sont légitimes.

A la fin du 18ème siècle il devient la figure de proue du mouvement révolutionnaire suisse contre l’oppression aristocratique. Le général Brune envisage par exemple de diviser la Suisse en trois républiques dont l’une d’elle serait baptisée Tellgovie !

Au cours du 19ème siècle à part peut être les conservateurs il est revendiqué par tous les courants politiques et sociaux. Durant ce siècle l’histoire comme science apparaît et les historiens tentent de démêler le vrai du faux. En dépit du fait que nombre d’historiens considèrent l’histoire comme une légende force est de constater que cela n’à pas entamé la popularité du sieur Tell dans les classes populaires.

Si l’on ne veut fâcher personne on peut imaginer que cette histoire contient un fond de vérité à savoir l’affrontement entre les cantons et les représentants impériaux mais que la mémoire nationale helvète pour diverses raisons à écrit et réécrit l’histoire avec des éléments étrangers pour l’adapter aux besoins politiques et idéologiques du moment.

Ulrich Zwingli

Ulrich Zwingli (Wildhaus, canton de Saint-Gall 1er janvier 1484 Kappel am Albis canton de Zurich 11 octobre 1531) est un réformateur protestant suisse. Humaniste de formation, il est d’abord prêtre catholique avant de peu à peu considérer que l’Eglise devait être profondément réformée et purgée de tout ce qui était vu comme des excès et des abus.

En 1523 il fait adopter la réforme par le canton de Zurich qui est le premier à basculer. Il n’hésite pas à utiliser la force militaire pour imposer ses idées ce qui le conduira à la mort sur le champ de bataille.

Il rejette les différents sacrements et impose le retrait des images dans toutes les églises de Zurich, s’imposant comme une figure du protestantisme libéral. Son œuvre principale est les Soixante-sept Thèses publiées en 1523.

Très influencé par la doctrine humaniste, ses racines idéologiques sont plus philosophiques que purement spirituelles. Ce qui explique la rupture avec les anabaptistes et les luthériens. Marié à Anna Reinhart, il eut quatre enfants (Regula, Huldrich Wilhelm et Anna).

Il suit une formation complète à l’université de Bâle où il obtient en 1504 le grade de bachelier et en 1506 celui de maitre és arts. La même année il est ordonné prêtre à Constance. Il s’oppose au mercenariat ce qui ne plait guère dans une Suisse qui y voit un lucratif débouché. En 1512 il est aumônier militaire des suisses servant le pape. En 1514 il rencontre Erasme et en 1515 il participe à la bataille de Marignan qui le conforte dans son opposition au mercenariat.

Curé de Zurich en 1519, il renonce en 1520 à sa pension papale. En 1523 la publication de son œuvre majeure le fait définitivement basculer dans le camp de la Réforme. En septembre 1525 il obtient l’abolition de la messe à Zurich et en mars 1526 il célèbre le premier culte réformé. En mai il est excommunié. En 1529 il rencontre Martin Luther avec lequel il est en désaccord sur plusieurs points.

Les cantons catholiques attaquent en octobre 1531 l’alliance combourgeoise. Le 11 à la deuxième bataille de Kappel, Zwingli est tué alors qu’il était aumonier et qu’il assistait les blessés et les mourants.

Jean Calvin

Jean Calvin (Noyon, Picardie 10 juillet 1509 Genève 27 mai 1564) est un théologien et réformateur français qui joua un rôle capital dans la Réforme Protestante puisque sa pensée aboutira au calvinisme l’un des courants majeurs du protestantisme.

Il suit des études de droit puis rompt avec l’église apostolique, catholique et romaine vers 1530. Pour fuir les persécutions des protestants, il se réfugie à Bâle où il publie la première édition de son œuvre majeure L’Institution de la religion chrétienne (1536).

Toujours en 1536 il est recruté par Guillaume Farel pour réformer l’église à Genève. Expulsé de la cité helvétique, il séjourne à Strasbourg de 1538 à 1541 tout en étant toujours influent à Genève.

En 1541 il est autorisé à revenir à Genève. Il intègre une nouvelle liturgie et des idées politiques novatrices non sans mal car il se heurte à une opposition forte et déterminée. Il parvient cependant à vaincre cette opposition et peut ensuite promouvoir la Réforme à Genève et dans toute l’Europe.

Outre son œuvre majeure, il rédige des commentaires sur de nombreux livres de la Bible, des traités de théologie et des confessions de foi. Il correspond avec les martyrs protestants qui attendent leur exécution.

Il fait émerger le concept de double prédestination en disant comme Luther que les gens sont prédestinés à être sauvés ou damnés mais que Dieu choisit avant même la naissance ce qui explique les grâces et les actions n’ont aucun effet. Voilà pourquoi le calvinisme va remporter un immense succès car cela va soulager de nombreux chrétiens de l’obsédante pensée du salut de leur âme.

Ainé de quatre fils parvenus à l’âge adulte, il est issu d’une famille ayant des responsabilités en Picardie et bénéficiant de la protection d’une riche famille. Il devient chapelain en 1521 et rentre au collège de la Marche à Paris puis au collège de Montaigu ayant pour condisciple un certain Ignace de Loyola, le futur fondateur de l’ordre des Jesuites.

En 1525 ou 1526 il est retiré du collège de Montaigu pour être inscrit à l’université d’Orléans et suivre des cours de droit. Il rentre ensuite à l’université de Bourges en 1529. A l’automne 1533 il adopte les idées de la Réforme protestante.

Entre-temps Calvin obtient sa licence de droit (1532) mais en janvier 1535 il doit se réfugier à Bâle en raison des persécutions contre les protestants considérés comme hérétiques par François 1er qui avait longtemps fait preuve d’une grande tolérance (le basculement date de l’affaire des placards en octobre 1534).

En septembre 1538 il s’installe à Strasbourg et obtient la citoyenneté de la ville. En août 1540 il épouse Idelette de Bure (décédée en mars 1549), veuve d’un anabaptiste converti par lui ayant deux enfants d’un premier mariage. Un fils nait de cette union mais Jacques Calvin est mort jeune.

A l’été 1541 il est de retour à Genève, Strasbourg déléguant Calvin pour six mois. Le 20 novembre 1541 vote les Ordonnances ecclésiastiques en suivant les propositions de Calvin.

En 1542 il adapte aux spécificités genevoises un livre liturgique déjà utilisé par Strasbourg. A Genève il réalise plus de 2000 sermons mais très peu ont été conservés pour ceux prononcés avant 1549 (cette année un scribe Denis Raguenier à appris ou développé un système de sténographie pour enregistrer plus facilement les sermons de Calvin). Selon une analyse ultérieure, les thèses sont restées constantes et son style à peu évolué.

A partir de 1546 l’opposition grandit à Genève avec un groupe qui s’appelle les libertins. En 1547 l’opposition à Calvin grandit, la majorité des magistrats civils de Genève lui étant hostile ainsi qu’aux autres pasteurs français présents à Genève. Un complot contre Calvin est découvert, la tête pensante Jacques Gruet est décapité.

Entre le Conseil et le Consistoire c’est la guerre ouverte mais quand il demande de démissionner le 24 juillet 1553 on lui refuse car le Conseil comprend qu’elle peut affaiblir l’autorité de Calvin mais n’à pas assez de pouvoir lpour le bannir.

La situation va basculer grâce à l’affaire Michel Servet dont l’exécution le 27 octobre 1553 transforme Calvin en défenseur de la chrétienté. Deux ans plus tard en 1555 il triomphe des libertins. Son autorité est désormais incontestée et incontestable.

En 1559 il créé un Collège divisé en un Collège (schola privata) et un lycée appelée Académie ou schola publica. Il recrute Théodore de Bèze et très vite l’établissement regroupe 1500 étudiants dont 300 à l’Académie. Ultérieurement le Collège devient le Collège Calvin, l’Académie étant l’ancètre de l’université de Genève.

Il donne un dernier sermon à la cathédrale Saint-Pierre le 6 février 1564, rédige son testament le 25 avril et meurt le 27 mai 1564 à l’âge de 54 ans. Il est enterré dans une fosse anonyme au cimetière des Rois, l’emplacement exact de sa tombe est inconnu.

Jomini

Antoine Henri, baton de Jomini (Payerne 6 mars 1779 Paris 22 mars 1869) est un historien et stratège militaire suisse. Il sert d’abord la république helvétique de 1798 à 1801, l’empire français de 1803 à 1813 et l’empire russe de 1813 à 1829.

Célèbre de son vivant, il est tout autant militaire qu’historien avec notamment son œuvre majeure Précis de l’art de la guerre qui en fait un théoricien à la hauteur de Clausewitz.

Issue d’une famille bourgeoise, il est très tôt attiré par la carrière des armes. Sa volonté est contrariée par les événements révolutionnaires. Il travaille un temps dans la banque avant de devenir en 1798 secrétaire du ministre de la Guerre de la République helvétique, et en devient l’adjoint en 1800, avec le grade de chef de bataillon. Il démissionne cependant dès 1801.

Il est découvert en 1803 par Ney qui l’aide à publier ses premières œuvres. Il s’engage comme volontaire dans l’armée française et ne tarde pas à intégrer l’Etat-Major de la Grande Armée.

Il participe à la campagne dd’Allemagne en 1805, celle de Prusse en 1806, la campagne de Pologne en 1807. Il est fait chevalier de la Légion d’Honneur le 14 mai 1807 puis baron de l’Empire le 27 juillet 1808.

Il participe à la campagne d’Espagne, devenant général de Brigade le 7 décembre 1810. Il participe ensuite à la campagne de Russie. Malade il est évacué en France. En 1813 il participe à la campagne d’Allemagne et notamment aux batailles de Lützen et de Bautzen. Ney le propose au grade de général de division mais Berthier pour un motif futile lui refuse ce grade. Ulcéré il va passer au service de la Russie d’Alexandre 1er.

Il est général de division (lieutenant général) dans l’armée russe, devenant aide de camp de l’empereur. Il est ensuite conseiller privé de Nicolas 1er qui le nomme général en chef en 1826. Il participe à la guerre russo-ottomane de 1828-1829. Il est également consulté lors de la guerre de Crimée.

Le conflit terminé il reçoit mission de réformer l’armée, de moderniser les forteresses de l’Empire et de servir de précepteur militaire au futur Alexandre II. En 1859 Napoléon III neveu de qui vous savez le consulte pour la campagne d’Italie en 1859.

Il publie Traité des Grandes opérations militaires, une étude critique des campagnes de Frederic II et des guerres de la Révolution puis son Histoire des Guerres de la Révolutions en 15 volumes publiée entre 1820 et 1824.

En 1827 il publie Vie politique et militaire de Napoléon écrite à la première personne en quatre volumes. En 1836 il écrit un Précis de l’Art de la guerre inspiré des cours donnés au tsarevitch. D’autres œuvres ont été publiées après sa mort.

Jean Jacques Rousseau

Jean-Jacques Rousseau (Genève 28 juin 1712 Ermenonville 2 juillet 1778) est un écrivain, philosophe et musicien genevois francophone. Issu d’une famille d’horlogers genevois, il perd sa mère très jeune.

Il est connu comme romancier avec son œuvre Julie ou la Nouvelle Héloise (1761) qui annonce le romantisme et par ses œuvres de philosophie et d’introspection comme les Confessions rédigées entre 1765 et 1770 mais publiées seulement après sa mort en 1782 et 1789 ou encore les Rêveries du promeneur solitaire (écrites en 1776-1778 publiées en 1782).

Il publie le Discours sur les sciences et les arts (1750), le Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes (1755) et Du contrat social (1762). Dans cette dernière œuvre, il met en avant la souveraineté du peuple et l’égalité civique devant la loi. C’est pour lui l’expression de la volonté générale.

La philosophie rousseauiste part du postulat que l’homme est naturellement bon et que la société corrompt. Il est opposé à Diderot et critique les philosophies politiques de Locke et d’Hobes. Il influence grandement la Révolution Française puis le mouvement républicain français et la philosophie allemande (il influence beaucoup Kant).

Marié à Marie-Thérèse Le Vasseur depuis 1768 il aura cinq enfants qu’il placera à l’assistance ce qui lui sera beaucoup reproché surtout après avoir écrit Emile ou De l’Education, un traité sur l’éducation des enfants. Selon ses œuvres il dira ne pas avoir assez d’argent pour élever une famille ou de vouloir faire une action militante.

Né protestant il se converti au catholicisme en 1728 mais revient à ses premières amours en 1754.

Elevé par son père et une tante paternelle, il à un frère François né en 1705. Son enfance est marqué par de nombreuses lectures mais aussi par le deuil continuel de la mère. En 1722 son père se réfugie à Nyon mais reste en contact avec ses fils sans jamais revenir à Genève. Il est balloté de familles en placement. Clairement son enfance est marqué par l’errance et l’impossibilité de trouver un point de chute.

La baronne de Warens joue un grand rôle dans son éducation intellectuelle et sentimentale, devenant aussi bien son mentor que sa maitresse. C’est cependant madame de Larnage, de vingt ans son ainée et mère de dix enfants qui est sa véritable initiatrice à l’amour physique (v.1737).

Jean Jacques Rousseau est peu allé à l’école, c’est donc un véritable autodidacte qui se construit patiemment une culture intellectuelle et philosophique.

En 1743/44 il est secrétaire du comte de Montaigu, ambassadeur de France à Venise. En juin 1762 il doit fuir la France se réfugiant à Yverdon. Si à Paris ce sont ses idées politiques qui sont critiques, à Genève on se méfie de ses idées religieuses, Rousseau rejettant aussi bien l’athéïsme des philosophes que le fanatisme des dévots.

Accablé par Voltaire (qui rendra public le placement des enfants de Rousseau) et d’Alambert, Rousseau hypersensible sombre de plus en plus dans la paranoïa voyant même dans ses amis des menaces potentielles. A cela s’ajoute des problèmes de santé, le philosophe genevois souffrant de la maladie de la Pierre.

Le 12 mai 1763 il renonce à la citoyenneté genevoise. Il est à Paris en 1765 et à Londres en 1766 où il se brouille avec Hume. Le fossé se creuse encore davantage avec les philosophes quand il est l’un des rares à critiquer la décision de Catherine II de partager la Pologne avec la Prusse et l’Autriche alors que d’autres philosophes sont en pamoison devant la Grande Catherine.

Il meurt le 2 juillet 1778 des suites d’un AVC (certains ont parlé d’un suicide). Il est enterré dans la propriété de son dernier hôte le marquis de Girardin. Sa tombe ne tarde pas à devenir un lieu de pèlerinage.

Necker

Jacques Necker (Genève 28 septembre 1732 Coppet 9 avril 1804) est un financier et homme politique genevois célèbre pour avoir été le ministre des Finances de Louis XVI. Marié en 1764 à Suzanne Necker née Curchod, il eut une fille une certaine Germaine de Staël plus connue sous le nom de Madame de Staël (1766-1817).

Il est le deuxième fils de Charles-Frédéric Necker avocat à Custrin (Brandebourg) devenu citoyen de la république de Genève le 28 janvier 1726 et de Jeanne Gautier. Il entre comme simple commis à la banque Girardot, progressant rapidement dans les échelons. En 1756 il devient l’un des associé de la banque Thelluson Vernet & Necker qui devient en 1762 Thellusson Necker & Cie. Il s’enrichit rapidement en spéculant au moment de la paix qui met fin à la guerre de Sept ans.

Syndic de la Compagnie française des Indes orientales en 1765 après avoir été actionnaire, il la renfloue et relance son activité. Ce sera hélas de courte durée et la compagnie devra se dissoudre incapable de trouver 18 millions de livres pour faire face aux dépenses à venir.

Il devient un créancier d’une monarchie française toujours à court d’argent ce qui le fait remarquer par des personnes influentes comme Choiseul ou encore l’abbé Terray.

Il se retire des affaires en 1772 avec une coquète fortune. Il songe à autre chose. Pourquoi pas la politique ? Après tout depuis 1768 il est ministre de la République de Genève à Paris. Il publie en 1773 un Eloge de Colbert couronné par l’Académie française.

Sous ce portrait laudateur du grand ministre de Louis XIV perce son autoportrait et la critique de Turgot.

A ce doctrinaire, le banquier genevois oppose sa flexibilité et son pragmatisme. Il est pourtant protestant ce qui lui ferme l’accès au conseil du roi, il ne connait rien de la France, de son histoire, de ses structures administratives.

Après avoir fait fortune comme banquier et être devenu célèbre en publiant des essais de politique économique il est nommé par Louis XVI directeur du trésor royal le 21 octobre 1776 puis des finances. En effet il est protestant et ne peut donc être nommé contrôleur général des finances. Un fantoche Taboureau des Réaux est nommé à ce poste mais en pratique c’est Necker qui agit au point que Taboureau des Réaux démissionne dès le 29 juin 1777.

Il modernise les structures administratives du royaume en s’éloignant du libéralisme d’un Turgot. Il créé des assemblées provinciales (Berry, Haute-Guyenne, Dauphiné et Bourbonnais) et publie en janvier 1781 l’état réel des finances publiques ce qui ne lui vaut pas que des hommages. Sa politique est critiquable car il augmente considérablement l’endettement de la monarchie, armant sans le savoir une machine infernale qui allait exploser en 1789. Ses réformes lui aliène les parlements et la ferme générale.

Renvoyé le 19 mai 1781, il se retire à Saint-Ouen puis séjourne en Suisse en 1784 et en France en 1785. Il est attaqué par son successeur Calonne mais ce dernier échoue et le roi pour éviter la faillite de la monarchie n’à d’autre choix que de rappeler le genevois.

Necker est rappelé le 25 août 1788 avec le titre de ministre d’Etat, son retour s’expliquant par sa popularité au sein de l’opinion. Il obtient de Louis XVI la convocation des Etats Généraux (pas réunis depuis 1614) et le doublement du Tiers Etat. Renvoyé à nouveau le 11 juillet 1789, il retrouve ses fonctions deux jours après la prise de la Bastille (soit le 16 juillet 1789) mais confronté à l’opposition de l’Assemblée nationale il démissionne le 4 septembre 1790.

Après sa démisssion, il se retire dans son château de Coppet où il écrit de nouveaux ouvrages. Il meurt le 9 avril 1804 des suites d’un arrêt cardio-respiratoire.

Madame de Staël

Anne-Louise-Germaine Necker baronne de Staël-Holstein dite Madame de Staël (Paris 22 avril 1766 Paris 14 juillet 1817) est une romancière épistolière et philosophe genevoise et française. C’est la fille de Jacques Necker et de Suzanne Curchod.

Issue d’une riche famille protestante, elle est élevée dans un milieu de gens de lettres. En 1786 elle épouse le baron Erik Magnus Staël von Holstein, ambassadeur du roi Gustave III de Suède en France, le couple se séparant en 1800. De cette union arrangée sans amour et sans bonheur sont nés quatre enfants : Gustavine, Auguste, Albert et Albertine. De sa liaison avec son futur deuxième époux Albert de Rocca est né un fils Louis-Alphonse Rocca.

Devenue baronne de Staël, elle se lance dans une vie sentimentale agitée avec notamment une relation orageuse avec Benjamin Constant. Sa réputation littéraire est affirmée par trois essais philosophiques à savoir Lettres sur les ouvrages et le caractère de Jean-Jacques Rousseau (1788), De l’influence des passions sur le bonheur de l’individu et des nations (1796) et De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (1800) .

Initialement favorable à la Révolution Française elle devient très critique dès 1791, affinant, affirmant ses positions en faveur d’une monarchie constitutionnelle. Bien que son mari soit diplomate, elle doit se réfugier auprès de son père en Suisse. Elle est ensuite interdite du territoire français par Napoléon Bonaparte.

Installée au château familial de Coppet, elle écrit plusieurs romans comme Delphine (1802), Corinne ou l’Italie (1807) et De l’Allemagne (1810-1813). Veuve en 1802 elle se remarie avec un jeune officier genevois, Albert de Rocca. Elle profite de la Restauration pour rouvrir son salon parisien. Elle présent des œuvres en langue allemande et ouvre la voie au romantisme français.

Elle meurt en 1817 des suites d’une attaque. Ses derniers ouvrages Considérations sur les principaux événement de la Révolution Française et Dix Années d’exil sont publiés à titre posthume respectivement en 1818 et 1821.

Mitteleuropa Balkans (165) Grèce (9)

La naissance d’une nation

Les constitutions grecques

Constitution du 30 mars 1844

Othon 1er

Durant la guerre d’indépendance grecque plusieurs textes constitutionnels sont publiés mais quand il arrive au pouvoir en 1832 Othon 1er de culture absolutiste refuse le texte de 1832 et va gouverner pendant plus de dix ans sans constitution. Le 15 septembre 1843 la garnison d’Athènes se soulève pour réclamer une constitution ce qu’elle obtient l’année suivante avec l’assemblée dite du 3 septembre qui va rédiger la Constitution du 30 mars 1844 (18 mars dans le calendrier julien).

Cette constitution va être organisée en douze chapitres, le chapitre premier consacré à la religion, le chapitre II consacré au droit public des grecs, le chapitre III consacré à la forme du gouvernement, le chapitre IV consacré au roi, le chapitre V consacré au mécanisme de succession et de la régence, le chapitre VI consacré à la Chambre des Députés et du Sénat, le chapitre VII consacré à la Chambre des députés, le chapitre VIII consacré au Sénat, le chapitre IX consacré aux ministres, le chapitre X consacré au pouvoir judiciaire, le chapitre XI consacré aux dispositions générales et le chapitre XII destiné aux dispositions particulières.

Le chapitre premier concerne les deux premiers articles, le chapitre concerne les articles 3 à 14 avec l’égalité devant la loi, le respect des droits individuels et collectifs, l’interdiction du servage et de l’esclavage, la liberté de la presse, le droit à l’éducation, le droit de propriété ou encore le secret de la correspondance.

Le chapitre III concerne les articles 15 à 21 et impose la séparation des pouvoirs avec la répartition entre pouvoir exécutif, pouvoir législatif et pouvoir judiciaire.

Le chapitre IV couvre les articles 22 à 36 et concerne les pouvoirs du roi qui sont importants mais qui sont limités. Il sanctionne et promulgue les lois, convoque l’assemblée et le sénat en séances ordinaires et extraordinaires. Il possède le droit de grâce (à l’exception de ses ministres), peut proposer l’amnistie (après accord du ministre de la Justice), il peut battre monnaie, bénéficie d’une liste civile.

Le chapitre V couvre les articles 37 à 35 et concerne la succession au trône et la régence. La couronne hellène est héréditaire et transmissible aux descendants légitimes d’Othon 1er par ordre de primogéniture (article 37) puis de ceux de ses frères toujours par ordre de primogéniture (article 38).

En l’absence de tout héritier du trône le roi en fonction nomme son successeur du consentement de la Chambre des députés et du Sénat convoqués à cet effet avec 2/3 de chaque chambre et une majorité des 2/3 des membres présents.

Le roi doit être de religion orthodoxe (article 40), les couronnes de Bavière et de Grèce ne peuvent être réunies sur la même tête (article 41), la majorité du roi est fixée à 18 ans accomplis (article 42) et prête serment dans un délai de deux mois devant les deux assemblées réunies (article 43). En cas d’absence de successeur ou si le nouveau roi est mineur ou absent, une régence est mise en place (article 44). En cas de vacance du trône, régent grec et de religion orthodoxe est élu par les deux assemblées réunies par un seul corps.

Le chapitre VI qui va des articles 46 à 58 concerne la Chambre des Députés et du Sénat, répartissant les pouvoirs entre les deux assemblées. Les élus bénéficient d’une immunité parlementaire notamment durant les sessions. Les deux assemblées votent le budget chaque année.

Le chapitre VII (articles 59 à 68) concerne la Chambre des Députés qui sont élus dans chaque province proportionnellement à sa population avec un nombre minimal de 80. Ils sont élus au suffrage censitaire pour trois ans (article 62).

Pour être éligible il faut être citoyen grec établi en Grèce et jouir des droits civils et politiques, être âgé de trente ans accomplis et posséder les autres conditions requises par la loi électorale (article 63). Un député ne peut être ministre en même temps ce qui impose une nouvelle élection (article 64), chaque député recevant une indemnité mensuelle de 250 drachmes pendant la durée des travaux législatifs (article 67)

Le chapitre VIII (articles 69 à 79) concerne le Sénat qui sont nommés à vie par le roi. Le nombre minimal est fixé à vingt-sept avec un âge minimal de 40 ans, être de citoyen grec et avoir été nommé à une fonction politique ou militaire. Les princes du sang et l’héritier du trône sont membres à l’âge de 18 ans mais avec voix délibérative à partir de 25 ans. Le Sénat ne peut se réunir hors de la session de la Chambre des Députés. L’indemnité est fixée à 500 drachmes par mois.

Le chapitre IX (articles 80 à 85) concerne les ministres. L’article 80 prévoit qu’aucun membre de la famille royale ne puisse être nommé ministre. Les ministres peuvent être mis en accusation devant la chambre des Députés et jugés par le Sénat. Seul le Sénat peut autoriser le roi à gracier

Le chapitre X (article 86 à 96) concerne le pouvoir judiciaire rendu au nom du roi. Les juges sont nommés à vie, les procureurs du roi, les substituts ainsi que les juges de paix ne jouiront pas de l’inamovibilité. Les audiences sont publiques et le jury maintenu.

Seul autre emploi public que les juges peuvent accepter est celui de professeur à l’université. Des lois spéciales seront votées pour mettre en place la justice militaire et réglé les conditions d’admissibilité dans l’ordre judiciaire.

Le chapitre XI couvre les articles 97 à 103 et concerne les dispositions générales alors que le chapitre XII couvrant les articles 104 à 106 concerne des dispositions particulières.

Constitution du 28 novembre 1864

Georges 1er

La Constitution du 28 novembre 1864 (calendrier grégorien 16 novembre selon le calendrier julien) est mise en place après le renversement d’Othon 1er le 22 octobre 1862 et l’élection du prince Guillaume de Danemark qui devient Georges 1er de Grèce. Cette constitution intègre les îles ioniennes jusqu’ici protectorat britannique et impose le suffrage universel masculin. Cette constitution sera profondément révisée en 1911.

Elle est divisée en onze chapitres, le chapitre I concernant la religion, le chapitre II concernant le droit public des hellènes, le chapitre III concernant les pouvoirs, le chapitre IV concerne le Roi, le Chapitre V concerne la succession au trône et de la régence, le chapitre VI concerne la chambre des députés, le chapitre VII concerne les ministres, le chapitre VIII concerne le Conseil d’Etat, le chapitre IX concerne le pouvoir judiciaire, le chapitre X concerne les dispositions générales et le chapitre XI concerne les dispositions particulières.

Le chapitre I couvre les deux premiers articles alors que le chapitre II va des articles 3 à 20 et concerne les différents droits et devoirs des citoyens. Les citoyens grecs ont la liberté d’expression, la liberté de réunion, la liberté de la presse, l’esclavage et le servage étant clairement interdits, au serment peut être imposé et l’Etat à un devoir d’éducation auprès des citoyens. La peine de mort en matière de délits politiques est abolie tout comme la torture. Les citoyens grecs bénéficient du secret de la correspondance.

Le chapitre III concerne les pouvoirs et couvre les articles 21 à 28, ces articles définissant les champs de compétence entre pouvoirs législatifs, exécutifs et judiciaires.

Le chapitre IV couvre les articles 29 à 45 et concerne le roi qui est une personne irresponsable et inviolable, ses actes doivent être contresignés par un ministre (qui est nommé et révoqué par le roi),

le roi est le chef de l’état et le chef des armées, nomme aux emplois publics, promulgue les ordonnances nécessaires pour l’exécution des lois, sanctionne et promulgue les lois, convoque la chambre des Députés, peut ajourner ou proroger la session, possède le droit de grâce, peut battre monnaie conformément à la loi, possède une liste civile et doit préter serment à la constitution.

Le chapitre V (articles 45 à 53) concerne les régles de succession et de la régence. Ces règles sont similaires à celle de la constitution précédente.

Le chapitre VI (articles 54 à 76) concerne la chambre des Députés qui est élue au suffrage universel direct pour 4 ans au scrutin secret avec des boules pour désigner leurs préférences. Les députés représentent la nation et non la province dont ils viennent. Le nombre est fixé proportionnellement à sa population, le nombre ne pouvant excéder 150. Il faut être citoyen héllène au moins deux ans avant son élection et être âgé de 30 ans. Les députés ne peuvent cumuler un mandat et un emploi public.

Les députés reçoivent une indemnité de 2000 drachmes pour chaque session ordinaire (simple défraiment en cas de prolongation).

Le chapitre VII (articles 77 à 82) concerne les ministres selon les règles de la constitution précédente.

Le chapitre VIII (article 83 à 86) concerne le Conseil d’Etat qui est un conseil consultatif siégeant à Athènes pour préparer et examiner les projets de loi. Aucun projet ne peut présenté devant la Chambre des Députés sans avoir été examiné par le Conseil d’Etat. Ils sont au minimum quinze et au maximum vingt. Chaque conseiller touche sept milles drachmes par an. Ils sont nommés par le roi (ces articles ont été abolis par la loi du 7 décembre 1865).

Le chapitre IX (articles 87 à 97) concerne le pouvoir judiciaire, le chapitre X (articles 98 à 103) concerne les dispositions générales alors que le chapitre XI concerne les dispositions particulières (articles 104 à 110).

Constitution du 1er juin 1911

Eleftherios Venizelos

En 1911 sous l’impulsion du premier ministre Elefthérios Venizelos, la constitution de 1864 est profondément réformée. C’est la Constitution du 28 novembre 1864 modifié 1911.

Elle comprend dix chapitres, le premier concerne la religion, le deuxième concerne le droit public des hellènes, le chapitre III les pouvoirs publics, le chapitre IV le roi, le chapitre V sur la succession au trône et la Régence, le chapitre VI la Chambre des Députés, le chapitre VII les ministres, le chapitre VIII le pouvoir judiciaire, le chapitre IX la cour des comptes et le chapitre X les dispositions générales.

Ce texte est la conséquence du Coup de Goudi, un nouveau coup d’état militaire mené dans la nuit du 15 août 1909. Cinquante amendements modifient profondément la constitution qui est promulguée le 1er juin 1911.

Le chapitre I concernant la religion couvre les deux premiers articles du texte, le chapitre II concernant le droit public des héllènes couvre les articles 3 à 20 avec les droits et devoirs des citoyens héllènes (les modifications sont assez mineures mais limitent les potentiels abus signe que le texte d’origine ou du moins sa pratique n’était pas parfait ).

Le chapitre III concernant les pouvoirs publics couvre les articles 21 à 28 et répartis les différents pouvoirs. La seule modification concerne l’interdiction d’une nouvelle présentation d’un texte rejeté par un des acteurs du pouvoir législatif.

Le chapitre IV qui couvre les articles 29 à 44 concerne le roi sa personne, ses pouvoirs, les limites de ses responsabilités.

Le texte de 1911 par rapport à celui de 1864 limite les nominations potentielles pour le roi, il ne peut le faire que dans le cadre de la loi. La dissolution est également encadrée notamment le delai pour la convocation de nouvelles élections. Même jour pour l’ajournement de la session de la chambre.

Le chapitre V qui couvre les articles 45 à 53 et concerne les règles de succession et une potentielle régence. La seule modification concerne la mise en place de la régence en cas de voyage du roi en dehors du royaume.

Le chapitre VI (articles 54 à 76) concerne la chambre des députés . Les modifications concerne une durée minimale pour la session (trois mois minimum), l’égalité de vote (égalité = le texte est repoussé), une loi abrogée ne peut être rétablie, le Chambre des Députés vérifie que le budget à bien été exécuté. Elle est toujours élue au suffrage universel direct et secret, l’âge d’éligibilité est abaissé à 25 ans révolus et un député ne peut être également fonctionnaire.

Le chapitre VII (articles 77 à 86) concerne les ministres et les modifications sont du niveau cosmétique sans modifications majeures. A noter que la constitution de 1911 rétablit les articles 83 à 86 de la constitution de 1864 concernant le Conseil d’Etat, articles qui avaient été supprimés par la loi du 7 décembre 1865.

Le chapitre VIII (articles 87 à 97) concernent le pouvoir judiciaire. Comme pour le titre précédent les modifications sont assez limitées. Ce chapitre ne permet pas la constitution de tribunaux extraordinaires hors vote d’une loi spécifique.

Le chapitre IX (articles 98) concerne la cour des comptes alors que le chapitre X concerne des dispositions générales (articles 99 à 111) qui couvre aussi bien les questions militaires que la question des élections locales ou la langue officielle. L’article 108 interdit toute révision intégrale de la Constitution mais il est prévu une révision des dispositions fondamentales d’ici dix ans.

Constitution républicaine du 3 juin 1927

Le 25 mars 1924 la république héllénique est proclamée. Il faudra attendre le 3 juin 1927 pour qu’une nouvelle constitution soit officiellement adoptée alors qu’entre-temps le général Pangalos avait commis un coup d’état en mars 1926 avant d’être renversé dès le mois d’août.

Ce texte comprend pas moins de quatorze chapitres. Le chapitre 1 concerne la religion et l’Eglise, la chapitre 2 la forme et les bases du régime, le chapitre 3 le droit public des héllènes, le chapitre 4 le pouvoir législatif, le chapitre 5 le président de la République, le chapitre 6 concerne le gouvernement et les ministres, le chapitre 7 le pouvoir judiciaire, le chapitre 8 la justice administrative, le chapitre 9 la cour des Comptes, le chapitre 10 l’autonomie administrative et la décentralisation, le chapitre 11 l’administration du mont Athos, le chapitre 12 les dispositions générales, le chapitre 13 les dispositions transitoires alors que le chapitre 14 concerne «la vigueur et la modification de la Charte».

Ce texte s’inspire des lois constitutionnelles françaises de 1875 soit un régime parlementaire avec un pouvoir exécutif très faible. Une vie politique troublée ne permet pas vraiment à ce texte de s’appliquer.

Ioannis Metaxas

Le 10 octobre 1935 un coup d’état monarchiste permet la restauration de Georges II et le rétablissement de la constitution de 1911 mais pour peu de temps avec la dictature du général Metaxas (Régime du 4 août 1936).

A sa mort en 1941 une période de flou constitutionnel apparaît, flou qui va durer jusqu’en 1943, Georges II semblant hésiter entre un retour à une vraie démocratie et le maintien d’un régime autoritaire.

En mars 1944 il nomme le général Vastotris comme premier ministre et protecteur du royaume. Ce dernier obtient du roi la nomination d’une chambre consultative qui avalise une série de Décrets Constitutionnels qui va être la «Constitution» de la Grèce jusqu’à l’invasion italo-allemande.

Ces décrets puisent dans les constitutions de 1864, de 1911 et de 1927 maintenant un régime autoritaire mais ouvrant une certaine libéralisation ce qui laisse augurer à certains grecs qu’un retour de la démocratie est possible, retour qui ne se fera qu’après la libération du pays (Constitution de 1956).

Revenons à cette constitution de 1927 après cette parenthèse. Le chapitre premier comprend un article unique qui reconnaît la place première de l’Eglise orthodoxe tout en imposant une liberté de conscience inviolable.

Le chapitre II concerne la forme et les bases du régime (articles 2 à 5) avec l’identification de la Grèce comme une république parlementaire avec un parlement bicaméral, un président et des ministres. Le pouvoir judiciaire est indépendant.

Le chapitre III (articles 6 à 27) concerne les droits et les devoirs des citoyens grecs, le chapitre IV (articles 28 à 66) concerne le pouvoir législatif qui est partagé entre le gouvernement, la Chambre et le Sénat.

La Chambre des députés se compose de députés élus au suffrage universel direct et secret, les élections ayant lieu simultanément sur tout le territoire. Le nombre de députés ne peut être inférieur à 250 et les sièges vacants sont pourvus par des élections complémentaires

Les députés sont élus pour quatre ans, les élections devant avoir lieu dans les 45 jours uivent l’expiration de la précédente mandature. L’assemblée nouvellement élue doit être convoquée dans un délai d’un mois après l’élection.

Les députés doivent être âgé de 25 ans. Les députés ne peuvent également posséder un emploi politique. La session ordinaire se réunit tous les 15 octobre sauf en cas de convocation antérieure. La session ne peut être inférieure à trois mois ni supérieure à six mois.

Le parlement comprend également un Sénat de 120 membres. 9/12 sont élus par le peuple et un douzième au plus peut être désigné par la Chambre et le Séance en séance commune au début de chaque législature de la Chambre.

Les sénateurs sont élus pour neuf ans renouvelés par tiers tous les trois ans. Les sénateurs désignés par la Chambre et le Sénat conservent leur mandat seulement pendant la durée de la législature de la Chambre. Pour être élu sénateur il faut être citoyen hellène et être âgé de 40 ans révolu. Le Sénat peut être convoqué en Cour de Justice pour juger les cas de haute-trahison.

Le chapitre V (articles 67 à 86) concerne le président de la République qui est élu pour cinq ans par la Chambre et le Sénat réunis en séance commune en présence des 3/5 et à la majorité absolue du nombre de leurs membres. Il nomme le président du conseil et les ministres. Tous les actes du président doivent être contresignés par le président de la République. Il bénéficie de l’immunité. Il sanctionne les lois et permet leur mise en application, peut gouverner par décrets-lois. Il peut convoquer et dissoudre la Chambre. Il possède également le droit de grâce.

Le Chapitre VI qui concerne le gouvernement et les ministres regroupe les articles 87 à 93. Le gouvernement doit jouir de la confiance de la Chambre, une motion de défiance est validée uniquement si elle réunit les 2/5 des députés. Les ministres qui sont députés peuvent participer au vote de défiance et peuvent assister librement aux séances. Une loi spécial peut autoriser la mise sur pied de sous-secrétaires d’Etat.

Le Chapitre VII est consacré au pouvoir judiciaire et regroupe les articles 94 à 101 à l’exception de la justice administrative qui regroupe les articles 102 à 105. le chapitre IX regroupe les articles 106 à 108 qui concernent la Cour des comptes. Le chapitre XI qui regroupe les articles 109 à 112 concerne l’Administration du Mont-Athos qui bénéficie d’une juridiction particulière.

Le Chapitre XII (articles 113 à 118) concerne les dispositions générales sur notamment la cession ou l’acquisition de territoire (uniquement via la loi), sur la fonction publique et d’autres sujets divers.

Le Chapitre XIII comprend les articles 119 à 124 et concerne les dispositions transitoires alors que le Chapitre XIV (articles 125 à 127) concerne la vigueur et la modification de la Charte.

Politique intérieure : miscellanées

La vie politique grecque est particulièrement agitée avec de violentes querelles politiques, des assassinats de responsables politiques et plusieurs coups d’état, l’armée grecque n’hésitant pas à intervenir dans la vie politique grecque.

Le pays reste pauvre et sous tutelle des puissances protectrices vis à vis desquelles la Grèce à contracté des dettes importantes. Elle ne peut donc développer une industrie qui aurait nécessité de solides barrières douanières.

Vu que la Grande-Bretagne n’à pas hésité à imposer le blocus des ports grecs pour des motifs bien moins importants, il n’était pas difficile d’imaginer qu’une politique protectioniste grecque aurait entrainé comme réaction britannique.

Même chose pour l’agriculture qui reste archaïque et improductive. Seule la marine marchande et les finances parviennent à tirer leur épingle du jeu mais cela ne touche pas grand monde. Quant à l’Etat c’est déjà corruption, incompétence et clientélisme. A la fin du XIXème siècle on trouve 370000 fonctionnaires pour 2.5 millions d’actif soit 14.8 %.

En 1832 Othon 1er devient le premier roi des héllènes. Issu de la dynastie des Wittelsbach, il ne fait rien pour s’intégrer à son nouveau royaume. Autoritaire et absolutiste, il s’entoure de bavarois que ce soit un conseil de régence, des architectes et une garde royale composée de 4000 bavarois. Si je devais prendre une métaphore biologique je dirai qu’il se comporte comme un corps étranger.

Pas étonnant que les grecs se soient sentis offensés surtout après une longue et sanglante guerre d’indépendance.

Certes Othon 1er organisait le pays et bénéficiait de prêts de la Grande-Bretagne, de la France et de la Russie mais ses prêts rendaient la Grèce dépendante des politiques extérieures de Londres, Paris et Saint-Pétersbourg (surtout que le remboursement des prêts était particulièrement dur et que les créanciers se montraient absolument intraitables).

C’était surtout la rivalité anglo-russe qui handicapait la politique athénienne, la Russie voulant faire de la Grèce un bélier pour démanteler l’empire ottoman alors que la Grande-Bretagne voulait conserver l’équilibre dans la région et empêcher les russes d’accéder aux mers chaudes en faisant sauter le verrou représenté par les détroits turcs.

Surtout l’organisation de partis français, anglais et russes pouvaient donner l’impression aux patriotes héllènes que leur pays était gouverné par des étrangers depuis l’étranger.

Suite à la défaite dans la guerre egypto-ottomane (la Grèce avait prit le parti de Mehmet Ali, pacha d’Egypte qui avait cherché à se débarrasser définitivement de la tutelle ottomane) à lieu le premier d’une longue série de coups d’état militaires, le coup d’état du 3 septembre 1843.

Pour être pleinement rigoureux, c’est en réalité le troisième coup d’état de l’histoire grecque moderne mais les deux premiers ont eu lieu avant l’avènement d’Othon 1er.

Ioánnis Kapodístrias

Je vais donc les citer ici juste pour mentionner leur existence avec tout d’abord un coup d’état en 1831, la mutinerie de la marine organisée par Andreas Miaoulis contre le gouvernement de Ioannis Kapodístrias conduit à l’incendie de la flotte le 13 août 1831 dans le port de Poros. Toujours en 1831 après l’assassinat de Kapodístrias, une révolte contre son frère Augustinos oblige le Sénat à se réfugier à Astros.

Comme nous l’avons vu le roi Othon 1er avait refusé d’accorder la constitution promise ce qui ulcérait les grecs qui parlaient de xénocratie («pouvoir des étrangers»).

Beaucoup de patriotes grecs étaient amers. A quoi bon s’être battu pendant des années contre les ottomans pour remplacer le joug de la Sublime Porte par celui des bavarois ? En revanche il ne remettait en cause ni la monarchie ni le roi mettant la situation sur le compte des «mauvais conseillers».

Comme le roi Othon 1er faisait la sourde oreille, les partisans de la constitution se firent de plus en plus radicaux. Très vite il devint évident que seul un coup de force pourrait aboutir.

Les premiers conspirateurs furent des civils, des politiques mais ils sont parvenus à obtenir le soutien des chefs de la garnison d’Athènes. Le coup de force était prévu initialement pour le 25 mars 1844 mais de multiples indiscrétions obligèrent les conspirateurs à précipiter leur coup de force.

Dans la nuit du 2 au 3 septembre alors que les noms des conspirateurs étaient connus de la police et que les arrestations étaient sur le point d’être menées, le colonel Démétrios Kallergis, commandant la cavalerie de la garnison d’Athènes précipita les choses en faisant sortir ses hommes de leur caserne direction le palais royale.

Il fit ouvrir les portes de la prison de Medrese pendant que le capitaine Schinas qui commandait l’artillerie et qui avait reçu l’ordre de réprimer l’insurrection se rallia aux insurgés.

Les soldats encerclèrent le palais royal en criant «Vive la Constitution». Othon 1er contraint et forcé s’inclinant nommant premier ministre l’un des conjurés Andréas Metaxas. Le projet de constitution était en réalité déjà prêt ce qui explique qu’il à été rapidement adopté par une nouvelle assemblée.

De leur côté les grandes puissances se contentèrent de prendre acte, le coup d’état n’ayant pas dégénéré en bain de sang voir pire en nouvelle guerre civile. En mémoire de cet événement, la place du palais royal fût rebaptisée Place de la Constitution (Syntagma, Πλατεία Συντάγματος en grec moderne).

Est-ce à dire que tout était rentré dans l’ordre ? Hélas non car si Othon 1er avait accordé une constitution il n’était pas pour autant décidé à l’appliquer. Ignorant les usages du parlementarisme qui commençaient à s’imposer peu à peu en Europe, le roi des hellènes gouvernait selon son bon plaisir et plus souvent contre la volonté de la Chambre.

Les années 1850 furent marquées par plusieurs crises internationales avec le blocus des ports grecs et même l’occupation du port du Pirée par les français et les britanniques durant la guerre de Crimée (1853-1856), occupation qui se prolongea jusqu’en 1859.

En février 1861 Aristidis Dosios tenta d’assassiner la reine Amalia. Condamné à mort il vit sa peine commuée en détention perpétuelle. Si pour certains il devint un héros, il est incontestable de noter que la famille royale connu un regain de popularité qui allait s’avérer insuffisant.

En effet l’année suivante éclata la Révolution grecque de 1862 qui allait aboutir au renversement du roi bavarois et de son épouse.

Tout commence le 1er février 1862 quand une première insurrection éclate à Nauplie. Cette insurrection fait tache d’huile mais le pouvoir royal parvient à reprendre la main et le 20 mars tout est terminé.

Le roi Othon 1er et son épouse décident de réaliser un voyage dans le royaume pour raffermir les liens entre les grecs et la couronne. Ils quittent Athènes le 16 octobre mais une nouvelle insurrection éclate deux jours plus tard à Vonitsa, s’étendn très vite à Missolonghi, à Patras et même à Athènes le 22 octobre.

Un gouvernement provisoire est mis en place et le lendemain 23 octobre les révolutionnaires proclament la destitution du couple royal et la convocation d’une nouvelle assemblée destinée à élire un nouveau souverain.

Le couple royal est placé sous la protection d’un navire de guerre britannique le HMS Scylla. Sur les conseils des ambassadeurs des grandes puissances, le roi et la reine des héllènes prennent le chemin de l’exil même si Othon 1er à refusé d’abdiquer.

Une consultation populaire organisée en décembre 1862 offre au prince Alfred de Grande-Bretagne, deuxième fils de la reine Victoria la couronne de Grèce. C’est un véritable plébiscite puisqu’il reçoit 230016 voix sur 244202. Un autre candidat, le prince Guillaume de Danemark _retenez bien ce nom_ reçoit six votes.

Cette élection jette l’embarras sur la Grande-Bretagne. Le gouvernement de Londres est réticent à envoyer un prince britannique à Athènes et de toute façon le Protocole de Londres du 22 mars 1829 interdit qu’un membre d’une famille régnant sur un état protecteur de la Grèce ne règne sur la Grèce.

Et même si Londres avait décidé de passer outre ce texte nul doute que la France, la Russie voir même l’Autriche aurait accepté que la Grèce devienne un simple protectorat britannique, position stratégique oblige.

D’autres candidats sont avancés comme le duc Nicolas de Leuchhtenberg, l’ex-roi du Portugal Ferdinand II, le duc Ernest II de Saxe-Cobourg-Gotha et le prince Guillaume de Bade.

Le 2 février 1863 le gouvernement provisoire grec émet une série de décrets qui réaffirment la déposition d’Othon 1er, d’Amélie et de toute la maison Wittelsbach. Un autre décret reconnaît l’élection d’Alfred lors du référendum de décembre et le proclame roi mais le gouvernement britannique reste sur sa position. D’autres candidats sont proposés mais aucun ne parvient à convaincre les grecs au point qu’on parle un retour des Wittelsbach !

A la fin du mois de mars 1863 le Royaume-Uni propose la candidature de……Guillaume de Danemark, fils du futur Christian IX de Danemark et dont les sœurs ont épousé le prince de Galles (futur Edouard VII) et le tsaveritch Nicolas (fils d’Alexandre II qui ne régnera pas).

L’assemblée l’élit le 30 mars 1863 mais les danois trainent les pieds et le gouvernement n’accepte que le 1er juin. Le 6 juin au château de Christianborg Guillaume est proclamé roi des héllènes sous le nom de Georges 1er.

Une nouvelle constitution est mise sur pied en 1864. Elle étend les libertés de la constitution précédente mais reste vague sur les pouvoirs du roi qui ne sont guère différents de ceux de Othon 1er ce qui montre que l’usage et la coutume sont aussi importants que le texte.

Ce qui ne change pas en revanche c’est l’instabilité de la vie politique grecque. Entre 1870 et 1875 il y à pas moins de quatre élections législatives et neuf gouvernements.

En 1893, le pays fait faillite et passe sous le contrôle de ses créations qui parviendront à récupérer 40% des fonds avancés via une procédure rigoureuse de contrôle.

Dans la nuit du 28 août 1909 eut lieu en Grèce un nouveau coup d’Etat militaire, le Coup de Goudi du nom des casernes de la banlieue est d’Athènes d’où est partit le mouvement. C’est une conséquence du discrédit de la classe politique grecque depuis la défaire dans la guerre greco-ottomane (1897).

A la suite de l’échec de l’énosis avec la Crète, une société secrète la Ligue Militaire est créée pour faire office de groupe de pression et plus si affinités.

A cela s’ajoute une crise économique et financière qui n’améliorait pas le mécontement général. D’autant que ceux qui s’en sortaient voyaient tout de mêle le pays s’enrichir et se demandaient pourquoi l’état était si mal géré et si mal organisé.

Dans la nuit du 28 août les unités se réclamant de la Ligue Militaire se réunissent dans les casernes du Goudi, se proclament en état d’insurrection et envoie un mémorandum au gouvernement réclamant le redressement du pays et de ses forces armées. Le roi Georges 1er accepta et changea de premier ministre mais cela ne suffisait pas et la LM s’appuya sur une manifestation populaire en septembre pour obtenir plus.

Suite à un processus électoral, Elefthérios Venizelos devint premier ministre et entama la politique réformatrice réclamée par les instigateurs du coup d’Etat. Il n’était cependant pas leur créature et n’hésita pas à faire preuve d’autonomie.

Les réformes concernèrent tous les secteurs de la société que ce soit le social, l’enseignement, l’agriculture, l’industrie et bien entendu l’armée. Le clientélisme fût jugulé car un recrutement sur concours, l’évasion fiscale baissa drastiquement.

En ce qui concerne l’armée et la marine elles furent réorganisées avec l’aide d’une mission militaire française dirigée par le général Eydoux pour l’armée et d’une mission militaire britannique menée par l’amiral Tufnell pour la marine grecque.

Les militaires furent exclus de la politique mais Constantin et ses frères retrouvèrent leurs postes ce qui suscita le mécontement des anciens membres de la Ligue Militaire qui songèrent à la réformer et à organiser un autre coup d’état.

Politique extérieure : miscellanées

Dans le domaine de la politique extérieure on trouve la trace de plusieurs conflits mais aussi de plusieurs extensions territoriales. En 1864 la République des Sept Iles protectorat britannique est rattaché à la Grèce, un cadeau de Londres pour le nouveau roi Georges 1er.

L’île de Samos principauté autonome depuis 1829 choisit en 1913 sont rattachement à la Grèce. La Crète suivra un chemin nettement plus complexe avec plusieurs révoltes, un conflit greco-ottoman en 1897, un statut d’autonomie jusqu’en 1909 quand elle est rattachée de facto à la Grèce (de jure en 1913).

Entre temps la Grèce récupéra la Thessalie et une partie de l’Epire mais allait échouer à récupérer la Macédoine et la Crète.

En 1897 à lieu une nouvelle guerre gréco-ottomane entre la Grèce de Georges 1er et l’empire ottoman du sultan Abdülhamid II. Appelée également «Guerre de Trente Jours» elle à pour origine les revendications de la Grèce dans le cadre de la Grande Idée (NdA j’en parlerai davantage dans la partie «Grande idée et Grande catastrophe»). L’élément déclencheur est la révolte des crétois qui souhaitent l’énosis, l’union avec la Grèce.

Le 21 janvier 1897 la Grèce débarque en Crète mais elle doit se replier le 5 avril sous la pression de la Grande-Bretagne et de l’Allemagne, laissant les insurgés crétois à la merci de la répression ottomane.

Athènes choisit alors d’attaquer l’empire ottoman en Epire et en Macédoine. Face aux 60000 hommes ottomans d’Edhem Pacha, les grecs alignaient seulement 46000 hommes sous le commandement du diadoque Constantin.

Le conflit ayant exclusivement terrestre, la supériorité maritime ne fût d’aucune utilité. Battus à Matti les grecs se replièrent au delà de Larissa, choisissant de résister près de Pharsale. Ils contre-attaquent le 17 mai mais l’armée grecque connait une deuxième défaite à Domokos, les ottomans occupant la majeure partie de la Thessalie grecque. En Epire les deux ennemis se neutralisèrent.

Sous la pression des grandes puissances, le sultan ottoman proposa un cessez-le-feu aux grecs ce qui sauva le pays. Le traité de paix fût signé le 20 septembre et se révéla favorable aux turcs qui prirent le contrôle de cols stratégiques et une forte somme d’argent (94.3 millions de francs-or) que la Grèce ne put payer qu’avec l’aide des puissances occidentales qui allaient resserrer leur emprise sur les finances grecques.

Mitteleuropa Balkans (41) Bulgarie (5)

Princes et tsars de Bulgarie

Alexandre de Battenberg

Alexandre de Battenberg (Vérone, Lombardie-Vénétie 5 avril 1857 Graz, Autriche-Hongrie 17 novembre 1893) est le premier knyaz (prince) de Bulgarie du 29 avril 1879 date de son élection par une Assemblée Nationale Bulgare (qu’il va dissoudre en 1880) jusqu’à son abdication le 7 septembre 1886.

C’est le deuxième fils du Prince Alexandre de Hesse-Darmstadt et de la comtesse Julia Hauke (un mariage morganatique). Neveu du tsar Alexandre II (qui à épousé une sœur de son père), son frère à épousé une petite fille de la reine Victoria et parmi les neveux du premier prince de Bulgarie on trouve la reine Louise de Suède ou encore Alice de Battenberg, future reine de Grèce et mère du prince Philip époux de la reine Elizabeth II de Grande-Bretagne qui succède à son père en plein second conflit mondial.

Arrivé au pouvoir le prince Alexandre est coincé entre l’influence des russes qui voulaient qu’il soit un «roi fainéant» et la turbulente classe politique bulgare qui voulait un prince guerrier, incarnant la nation bulgare pour restaurer les frontières du traité de San Stefano.

Conservateur de nature et de formation, il avait accepté du bout des lèvres la Constitution de Tarnovo dont il obtient la suspension pour sept ans le 13 juillet 1881 suite au vote d’une assemblée acquise à sa cause.

Cette période autocrate ne dure pas car la constitution est restaurée le 19 septembre 1883. En 1885 il unifie à titre personnel la principauté de Bulgarie et la province de Roumélie orientale dont il devient le gouverneur-général suite à un accord avec la Sublime Porte.

Suite au coup d’état manqué d’août 1886 il décide d’abdiquer le 7 septembre 1886, obtenant le titre de prince de Tarnovo. Il est enterré dans un mausolée installé à Sofia.

Ferdinand 1er de Bulgarie

Ferdinand 1er, premier tsar de Bulgarie de 1908 à 1918

Ferdinand Maximilian Karl Leopold Maria de Saxe-Cobourg & Gotha (Vienne 26 février 1861 Coburg,Allemagne 10 septembre 1948) est le deuxième prince de Bulgarie du 7 juillet 1887 au 5 octobre 1908 puis roi de Bulgarie du 5 octobre 1908 au 3 octobre 1918.

Fils du prince Auguste de Saxe-Cobourg et Gotha et de Clémentine d’Orléans (fille de Louis-Philippe 1er) il épouse en 1893 la princesse Marie-Louise de Bourbon-Parme.

De cette brève union (Marie-Louise meurt en 1899 des suites de la naissance de sa fille cadette) naissent quatre enfants, deux fils le futur tsar Boris III (1894) et son frère Kiril (1895) ainsi que deux filles Eudoxia (1898) et Nadezhdad (1899). Il se remarie en 1908 (après la mort de sa mère) avec la princesse Eleonore Reuss de Köstriz.

Il est le neveu de François-Joseph et de Ferdinand II du Portugal et le petit-neveu de Léopold 1er de Belgique.

Réputé indolent et bon vivant, ayant de nombreux enfants naturels et réputé pour être également attiré par les hommes, son arrivée au pouvoir surprend tous les cours européennes. Les relations avec les têtes couronnées étaient parfois difficiles.

En mai 1894 Stefan Stambolov démissionne et en juillet 1895 il est assassiné. Le tsar Ferdinand 1er est fortement soupçonné d’en être le commanditaire.

En février 1896 il décide de se réconcilier avec la Russie en convertissant son jeune fils Boris à la religion orthodoxe (alors qu’il avait été baptisé catholique, la religion de ses deux parents). Cela le fâcha avec son oncle François-Joseph avec lequel les relations n’étaient guère moins chaleureuses qu’avec Guillaume II.

En dépit de la défaite lors de la deuxième guerres balkanique il agrandit le territoire bulgare avec la Thrace occidentale qui permet à Sofia d’obtenir un accès à la mer Egée.

Il engage son pays dans la première guerre mondiale le 11 octobre 1915 mais après des succès importants, l’année 1918 devient difficile pour ne pas dire pire.

Pour sauver ce qui peut l’être il abdique le 3 octobre 1918 au profit de son fils ainé Boris qui devient Boris III de Bulgarie à l’âge de vingt-quatre ans. Il s’installe à Coburg où il vit jusqu’à sa mort le 10 septembre 1948.

Comme la guerre à éclaté entre-temps, il est enterré dans une crypte provisoire, un provisoire qui va durer jusqu’en 1993 quand la chute du régime communiste et le retour de la démocratie va permettre le retour du premier roi de Bulgarie et son enterrement dans la crypte des rois de Bulgarie à Sofia.

Boris III de Bulgarie

Boris III

Boris Klemens Robert Maria Pius Ludwig Stanislas Xavier (Sofia 30 janvier 1894, près de Plovdiv 14 septembre 1951) est le deuxième et avant dernier tsar de Bulgarie.

Fils ainé de Ferdinand 1er et de Marie-Louise de Bourbon-Parme, il est marié à la princesse Giovanni d’Italie, fille de Victor-Emmanuel III, roi d’Italie. De cette union vont naitre deux enfants, la princesse Marie-Louise et Siméon qui sont respectivement nés le 13 janvier 1932 et le 16 juin 1937.

Baptisé dans la religion orthodoxe à des seuls fins politiques (se réconcilier avec la Russie, les autres enfants de Ferdinand 1er étant baptisés selon le rite catholique), il participe aux guerres balkaniques et à la première guerre mondiale dans des tâches d’officier de liaison.

Le 3 octobre 1918 alors que la guerre est clairement perdue pour la Bulgarie, son père abdique en sa faveur dans l’espoir de sauver ce qui peut être mais les alliés se montreront intransigeants dans les négociations qui aboutiront au traité de Neuilly sur Seine.

Les premières années de son règne sont assez agitées avec plusieurs attentats et tentatives d’assassinat sans oublier un incident de frontière avec la Grèce en octobre 1925 qui menace de dégénérer en guerre ouverte.

Le 19 mai 1934, une organisation politico-militaire appelée Zveno organise un coup d’état qui suspend le processus politique et électroral et réduit le rôle de Boris III à celui d’un «roi-fainéant».

Cette situation ne dure qu’un an puisqu’en 1935 il organise un contre-coup d’état qui le rétablit dans la plupart de ses prérogatives. La Bulgarie reste un état autoritaire mais un semblant de vie politique est rétablit par la réautorisation des partis politiques.

Restropectivement la période 1935/43 est vue comme un Age d’Or avec une nette amélioration de la qualité de vie des bulgares. Le tsar est très populaire car très abordable et très proche du peuple.

Mieux même le 7 septembre 1940 un accord permet le retour à la mère-patrie de la Dobroudja du Sud au détriment de la Roumanie.

Si il parvient à conserver la Bulgarie neutre durant la guerre de Pologne, Boris III à conscience que ce sera plus difficile dans le conflit qui débute en septembre 1948. Si la Bulgarie ouvre son territoire aux troupes allemandes pour les opérations en Yougoslavie, les troupes bulgares n’entrent dans ce pays que pour occuper la Macédoine et le nord de la Grèce.

Pour l’opération BARBAROSSA, le tsar de Bulgarie refuse dans un premier temps l’engagement de l’armée bulgare en dépit des pressions allemandes mais aussi d’une partie de son armée qui rêve d’en découdre avec les bolchéviques.

De guerre lasse le fils de Ferdinand 1er accepte mais l’engagement est timide pour ne pas dire pusilanime avec seulement deux divisions qui ne brilleront guère sans pour autant ne rien y faire.

Même chose pour la question des juifs de Bulgarie. Il existe bien des lois discriminatoires mais Boris III refuse toute déportation dans la partie allemande de l’ancienne Pologne.

Les pressions se font plus forte jusqu’au 14 septembre 1951 quand l’avion de Boris III s’écrase près de Plovdiv dans des circonstances douteuses. Comme il revenait d’une entrevue houleuse avec le duo infernal Himmler/Heydrich certains y ont vue un attentat destiné à tuer un roi mature et décidé pour le remplacer par un adolescent jugé plus malléable. Encore aujourd’hui il règne de nombreux mystères autour de ce crash.

Le corps de Boris III est d’abord inhumé dans le cimetière de Plovdiv puis en 1993 exhumé pour rejoindre la crypte des rois de Bulgarie où il retrouve son père dont le corps avait fait le voyage depuis l’Allemagne.

Siméon II de Bulgarie

Simeon de Saxe-Cobourg-Gotha (Sofia 16 juin 1937) est le dernier tsar de Bulgarie. Fils de Boris III et de Giovanna d’Italie, il à un sœur Marie-Louise de cinq ans son ainée.

Baptisé selon le rite orthodoxe (avec l’eau prélevé dans le Jourdain excusez du peu) il devient tsar de Bulgarie à l’âge de 14 ans après la mort de son père dans un accident d’avion qui reste encore aujourd’hui nimbé de mystéres.

Comme il est encore mineur, son oncle le prince Kiril devient régent même si très vite Siméon prend des libertés et n’hésite pas à entrer en conflit contre son oncle.

Le 17 janvier 1954 alors que l’URSS se prépare à attaquer une Bulgarie qui avait été éjectée de Macédoine et de Grèce, un coup d’état crypto-communiste renverse Siméon II qui est emprisonné à Sofia.

Les sociaux démocrates et les communistes se disputent sur le sort à réservé à la famille royale bulgare. Après de longues négociations, Siméon II, sa mère, sa sœur et ses oncles et tante parviennent à s’exiler en Suisse.

Un accord prévoit qu’ils s’abstiennnent de tout commentaire politique mais il semble que Siméon II à tenté sans succès de monter un gouvernement en exil pour regrouper les opposants au régime communiste en place à Sofia.

En 1962 il se marie avec une noble espagnole qui lui donnera quatre fils et une fille. Il s’installe en 1970 aux Etats-Unis où il se lance dans les affaires tout en restant une personne appréciée et écoutée par la diaspora bulgare.

Il semble mais ce n’est pas prouvé que les services secrets bulgares ont envisagé son assassinat mais que ce projet à été torpillé par les autorités communistes qui ne voulaient pas en faire un martyr.

Rentré en Bulgarie après la chute du régime communiste, il accueille en 1993 les corps de son père et de son grand-père qui sont enterrés dans une nécropole à Sofia.

En 2020 Siméon II qui vient de féter ses quatre-vingt trois ans est toujours bon pied bon œil comme on dit.

Mitteleuropa Balkans (40) Bulgarie (4)

La Bulgarie moderne

Généralités

Suite au traité de Berlin qui corrige le traité de San Stefano, la Bulgarie devient une principauté en théorie autonome sous l’autorité de la Sublime Porte mais dans la pratique indépendante.

Alexandre de Battenberg, premier knyaz (prince) de Bulgarie

En 1879, Alexandre de Battenberg, un prince allemand est élu prince de Bulgarie. Il va rester à ce poste jusqu’à son abdication en 1886 suite à un coup de force militaire d’officiers bulgares pro-russes.

Un an auparavant en 1885 il avait prit le contrôle de la Roumélie orientale, possession ottomane sous le régime de l’union personnelle (NdA pour ménager les susceptibilités ?).

Ferdinand 1er de Bulgarie, knyaz puis tsar de Bulgarie de 1908 à 1918

Après l’abdication du premier prince de Bulgarie, une assemblée bulgare élit Ferdinand de Saxe-Cobourg-Gotha comme prince de Bulgarie (1887). En 1908 la Bulgarie proclame son indépendance et le prince Ferdinand devient le tsar Ferdinand 1er de Bulgarie.

En 1912/13 ont lieu deux guerres balkaniques. La première oppose les bulgares et leurs alliés grecs, serbes et monténégrins face à l’Empire ottoman. La coalition balkanique l’emporte mais les vainqueurs se disputent sur la répartition des territoires conquis. La seconde oppose la Bulgarie face aux serbes et aux grecs ce qui entraine la perte de la majeure partie des territoires conquis.

Quand éclate la première guerre mondiale la Bulgarie reste d’abord en dehors du conflit et ne va s’engager aux côtés des Empires centraux qu’en 1915. Les troupes bulgares vont combattre les serbes sur le front serbe et les alliés sur le front de Salonique.

La situation reste longtemps figée mais à l’automne 1918 les alliés percent enfin le front qui s’écroule comme un château de carte. Le 3 octobre 1918 Ferdinand 1er abdique en faveur de son fils qui devient Boris III. Le traité de Neuilly sur Seine signé le 27 novembre 1919 se charge de punir la Bulgarie pour son alliance avec les empires centraux.

Boris III tsar de Bulgarie de 1918 à 1951

La période 1919/1939 sera assez difficile pour la Bulgarie entre crise économique et crispations politiques.

Si la guerre de Pologne voit le pays rester neutre, le second conflit mondial verra la Bulgarie s’engager du côté allemand aboutissant non seulement à une défaite mais aussi à un basculement dans l’orbite communiste.

La mise en place d’un nouvel état : la constitution de Tarnovo et l’indépendance

De 1878 à 1908 la Bulgarie est une principauté (Knyazhostvo Balgariya) dirigée par un prince élu en l’occurrence Alexandre de Battenberg de 1879 à 1886 puis le prince Ferdinand de Saxe-Cobourg-Gotha de 1887 à 1908 quand suite à l’indépendance de la Bulgarie (de jure car elle l’était déjà de de facto) il devient le tsar Ferdinand 1er de Bulgarie, la Bulgarie devenant un royaume.

En théorie la principauté de Bulgarie est autonome sous l’autorité du sultan ottoman mais dans la pratique le prince de Bulgarie opère comme un souverain indépendant.

La capitale est pendant une très courte période Plovdiv avant que Sofia ne lui succède. A noter qu’une administration russe provisoire gère le pays au quotidien jusqu’en juin 1879. L’assemblée bulgare constituante s’installe à Tarnovo en 1879 d’où le nom de la constitution que nous allons découvrir plus tard.

Carte du traité de San Stefano puis du traité de Berlin. La Bulgarie de 1908 regroupe l’ancienne principauté de Bulgarie et la Roumélie orientale qui depuis 1885 étaient unies par un lien personnel ce qui ménageait nombre de susceptibilités

Le traité de San Stefano avait été très généreux avec la Bulgarie puisqu’elle regroupait quasiment tous les bulgarophones de la région et débordait donc largement des frontières bulgares actuelles.

Très vite le traité de Berlin signé à la suite d’une conférence tenue le 13 juillet 1878 réduit la taille du nouvel état à la portion congrue. Il le divise également en deux en rendant à l’empire ottoman la Roumélie orientale.

Le 28 avril 1879 (16 avril 1879 calendrier julien) la constitution de Tarnovo est promulguée. Ce texte inspiré de la charte belge de 1831 est considérée comme avancée pour l’époque.

Elle met en place la séparation des pouvoirs (exécutif, législatif et judiciaire), la responsabilité ministérielle, l’immunité des députés et rend la propriété privée inviolable.

L’Eglise orthodoxe bulgare est faite religion d’Etat même si les autres croyances sont reconnues ou du moins les croyants ne sont pas juridiquement discriminés.

La constitution est suspendue de 1881 à 1883 offrant au prince des pouvoirs illimités. Le texte est amendé en 1893, 1908 et 1911. Elle va rester en vigueur jusqu’en 1956 quand elle est remplacée par une constitution communiste. Elle à été suspendue également en 1934 suite à un coup d’état.

La constitution de Tarnovo fait de la Bulgarie une monarchie constitutionnelle héréditaire. Le prince doit être en théorie de confession orthodoxe mais pour le premier prince Alexandre de Battenberg un luthérien une exception législative serait faite.

Le prince peut initier un projet législatif, coordonne l’activité du premier ministre et de son cabinet, les actes du prince doivent être contresignés par le ministre compétent et la loi n’entre en vigueur qu’après la signature du prince.

Le texte constitutionnel bulgare impose l’égalité de tous devant la loi, refuse toute promotion des titres aristrocratiques. La censure est en théorie prohibée mais cet article sera suspendu à plusieurs reprises. Tous les citoyens sont soumis à l’impôt à l’exception du prince. La liberté d’association et la liberté d’action politique sont garanties.

Le 18 septembre 1885 la Roumélie orientale est unie à la principauté de Bulgarie sous la forme d’une union personnelle, le prince de Bulgarie Alexandre de Battenberg devenant gouverneur général de la province de Roumélie orientale.

Cette unification n’est pas sortie de nulle part. Dès la signature du traité de Berlin la Russie à considéré comme cette division entre la Bulgarie et la Roumélie orientale était artificielle et n’avait aucun sens.

William Gladstone

En 1880 William Gladstone devient premier ministre de Grande-Bretagne. En 1876 il s’était montré très enthousiaste pour la cause bulgare et le Comité Central Secret Revolutionnaire Bulgare espère voir sa cause avancer avec l’appui britannique.

Seulement voilà si dans l’opposition Gladstone pouvait se permettre d’être enthousiaste pour la cause bulgare (surtout si le premier ministre en poste était son grand rival Disraeli) au pouvoir il devait tenir compte de la diplomatie britannique qui voulait éviter une position trop forte de la Russie dans les Balkans.

Toujours le sacro-saint équilibre et éviter que la marine russe puisse franchir à sa guise les détroits turcs et menacer les communications britanniques notamment la liaison vitale entre le détroit de Gibraltar et le canal de Suez.

Au printemps 1885 une campagne de presse prépare l’opinion à l’union. A la mi septembre, la milice rumélienne est mobilisée pour des manœuvres automnales. Le plan d’unification doit être annoncé le 27 septembre 1885 (calendrier gregorien 15 septembre pour le calendrier julien) mais le 14 septembre une émeute éclate à Panagyuristhe (91km à l’est de Sofia).

Si la police ottomane réprime l’émeute et reprend le contrôle de la ville, d’autres émeutes éclatent un peu partout.

Le 18 septembre 1885 (6 septembre calendrier julien) la milice rumélienne et des groupes armés unionistes entrent à Plovdiv et prennent le contrôle de la résidence du gouverneur. Garril Krastervich lui même unioniste ne résiste pas.

Un gouvernent provisoire est mis en place et la mobilisation générale est décidée pour contrer une éventuelle offensive ottomane.

Le 20 septembre 1885 le gouvernement provisoire envoie un télégramme au prince de Bulgarie qui accepte l’unification en se rendant en personne à Plovdiv le lendemain.

Les grandes puissances finissent par accepter le fait accompli y compris par l’empire ottoman qui était pieds et poings liés puisque Constantinople ne pouvait envoyer des troupes en Roumélie orientale que sur demande du gouverneur de la province. Naturellement Garril Krastervich s’abstient de le demander.

Le 5 avril 1886 l’Empire ottoman et la Bulgarie signe l’accord de Tophane qui reconnaît le prince de Bulgarie comme gouverneur-général de la province de Roumélie orientale. C’est donc une union personnelle.

Cette union augmente la superficie de la Bulgarie de 63752 à 95223 km² (+33%) et la population de 2 007 919 habitants en 1880 à 4 215 000 habitants en 1908 soit un doublement.

La Grèce et la Serbie veulent des compensations territoriales pour accepter cette union. Si Athènes renonce rapidement à la guerre en l’absence de frontière commune avec Sofia, Belgrade va aller jusqu’au conflit armé. C’est la guerre serbo-bulgare.

Ce conflit dure du 14 au 28 novembre 1885 (2 au 16 novembre calendrier julien). A l’époque au moins sur le plan juridique, la Bulgarie est vassale de l’empire ottoman mais Constantinople n’intervient pas dans cette guerre.

C’est la Serbie qui prend l’initiative de la guerre mais cela tourne très vite à la catastrophe. L’Autriche-Hongrie comme nous le verront interviendra pour stopper l’avancée bulgare en Serbie.

Des négociations aboutiront au traité de Bucarest signé le 3 mars 1886, traité qui ne verra aucun changement de frontière.

Suite à l’union de la Bulgarie avec la Roumélie orientale, la Serbie craint que la Macédoine peuplée en grande partie de bulgarophones ne soit le prochain objectif de Sofia qui retournerait aux frontières du traité de San Stefano.

Milan 1er

De plus Milan 1er (1868-1889) le roi de Serbie était sous pression de l’opposition pro-russe dont les leaders étaient réfugiés en Bulgarie après l’échec d’une rébellion armée.

La Serbie propose une action militaire conjointe avec la Grèce mais Athènes qui ne possède pas de frontière commune avec la Bulgarie refuse. La Serbie persuadée d’être soutenue par l’Autriche-Hongrie décide de s’engager seule.

La Serbie déclare la guerre à la Bulgarie le 14 novembre 1885. Comme les bulgares craignent une intervention ottomane, ils ont mobilisé leurs troupes à la frontière bulgaro-ottomane laissant la frontière avec la Serbie assez dégarnie.

Les serbes sont donc persuadés de l’emporter rapidement. Le prétexte est un incident de frontière,un poste de douane sur la frontière Timok occupé par les serbes alors qu’il était côté bulgare. Les troupes bulgares chassent les serbes et Belgrade décide de contre-attaquer.

Du 17 au 19 novembre 1885 les bulgares l’emportent à Slivtsina puis dégagent Vidin assiégée par les serbes. Le 27 novembre 1885, les bulgares envahissent la Serbie et s’emparent de la ville de Pirot.

C’est à ce moment là que l’Autriche-Hongrie menace d’intervenir contre la Bulgarie. Naturellement Sofia n’est pas en mesure de résister à la Double-Monarchie et accepte de négocier avec la Serbie ce qui aboutit au traité de Bucarest qui ne voit aucun changement de frontière. Ce qui est certain c’est que les relations bulgaro-serbes sont durablement dégradées.

Le premier premier ministre bulgare est un libéral Stéfan Stambolov. Les débuts avec Alexandre de Battenberg plus conservateur sont délicats. Ce dernier réaliste sait s’adapter à la vie politique de son nouveau pays et soutient son premier ministre libéral.

Le 9 août 1886 à lieu un coup d’état pro-russe. Saint-Pétersbourg n’est pas satisfait par la politique menée par le prince bulgare qui était le neveu d’Alexandre II (assassiné en 1881) et le cousin de son successeur Alexandre III.

La Russie n’à pas non plus apprécié l’unification de 1885 et va même jusqu’à retirer les conseillers militaires qui organisaient la jeune armée bulgare alors que la guerre menaçait avec la Serbie.

Les russes sont clairement irrités par l’unification. Les bulgares pro-russes accusent Alexandre de Battenberg d’être responsable de la détérioration des relations bulgaro-russes.

A l’aube du 9 août, Alexandre est arrêté dans son palais de Sofia. On la force à signer un décret d’abdication. Il est expulsé en Russie.

Un gouvernement provisoire dirigé par Kliment de Tarnovo est mis en place. Le coup d’état n’est pas suivit et un contre coup d’état est organisé à Plovdiv. Les putschistes sont très vite isolés et le 17 août 1886 Alexandre est de retour en Bulgarie.

Il finit cependant par abdiquer le 7 septembre 1886 pour améliorer les relations entre Sofia et Saint-Pétersbourg.

Le 7 juillet 1887 Ferdinand de Saxe-Cobourg-Gotha est élu prince de Bulgarie. Les relations bulgaro-russes restent glaciales puisque le nouveau prince est le neveu de François-Joseph et officier de l’armée austro-hongroise. Le futur tsar Ferdinand 1er fait donc figure de «candidat autrichien».

En mai 1894 Stambolov démissione. Il est assassiné en juillet 1895. La politique intérieure bulgare prend un tournant clairement conservateur. Les relations avec la Russie sont peu à peu restaurées.

D’août à novembre 1903 à lieu la révolte d’Illinden-Preobrazhénie en Macédoine et en Thrace, une révolte qui menace de dégénérer en guerre entre Sofia et Constantinople. Inutile de préciser que la répression ottomane à été terrible.

Le 5 octobre 1908 Ferdinand prince de Bulgarie déclare l’indépendance de la Bulgarie qui devient un royaume. Lui même troque le titre de knyaz (prince) pour celui de tsar, la Bulgarie passant du statut de principauté à celui de royaume.

Symboliquement la déclaration est fait en la Sainte Eglise des Quarante Martyrs de Tarnovo, l’ancienne capitale bulgare.

Si cette déclaration à eu lieu à l’automne 1908 c’est pour profiter de l’instabilité de l’empire ottoman secoué depuis juillet par la révolution Jeune Turque qui impose le retour du parlement et le rétablissement de la constitution de 1876.

Les grandes puissances approuvent cette indépendance (internationalement reconnue au printemps 1909) qui se faisait que confirmer juridiquement une situation existante de facto.

L’Autriche-Hongrie en profite pour annexer la Bosnie (elle l’administrait depuis 1878) et la Grèce la Crète (annexion reconnue seulement en 1913).

Le nouveau royaume de Bulgarie va former avec ses voisins orthodoxes une Ligue Balkanique. Le 13 mars 1912 la Serbie et la Bulgarie signent une alliance initialement tournée contre l’Autriche-Hongrie avec tout de même un article secret pour se prémunir d’une éventuelle attaque ottomane.

Parallèlement une alliance est signée entre la Serbie et le Monténégro et une autre alliance unit la Bulgarie et la Grèce (mai 1912). Les alliés promettent de se partager la Macédoine et la Thrace mais les lignes sont vagues ce qui allait poser ultérieurement bien des problèmes.

Le 8 octobre 1912 la ligue Balkanique entre en guerre contre la Sublime Porte. C’est la première guerre Balkanique qui se termine le 30 mai 1913 par une nette défaite ottomane.

Seulement voilà les vainqueurs se disputent les dépouilles notamment la Macédoine revendiquée aussi bien par la Bulgarie (la population est majoritairement bulgarophone), par la Grèce (au nom de l’histoire avec la dynastie des Argéades dont le répresentant le plus illustre est Alexandre le Grand) et la Serbie (Belgrade considérant que la Macédoine fait partie de sa sphère d’influence).

Les territoires conquis par les différents pays (dans une nuance plus foncée que celle du territoire de départ)

Les alliés d’hier deviennent les ennemis d’aujourd’hui. Une deuxième guerre Balkanique à lieu du 29 juin au 10 août entre la Bulgarie d’un côté et une alliance improbable de la Serbie, de la Roumanie, de la Grèce, du Monténégro et de l’empire ottoman.

Cela se termine par un désastre pour la Bulgarie ce qui va grandement influer son attitude durant le premier conflit mondial (NdA plus de détails sur ces deux guerres anonciatrices de la boucherie de la première guerre mondiale dans la partie idoine).

Limites territoriales suite au traité de Bucarest de 1913

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