Dominions (92) Nouvelle-Zélande (3)

La Nouvelle-Zélande dans le second conflit mondial

Tout comme en 1914, la Nouvelle-Zélande s’engage immédiatement aux côtés de la Grande-Bretagne, déclarant la guerre à l’Allemagne dès le 7 septembre 1948. Cette déclaration est bien entendue symbolique encore que la jeune marine néo-zélandaise va participer à la protection des convois contre les menaces allemandes qu’elles soient de surface ou sous-marines.

Les quelques ressortissants allemands présents en Nouvelle-Zélande sont internés comme «ressortissants d’un pays ennemi». Certains resteront jusqu’à la fin de la guerre mais d’autres s’engageront dans la Légion Etrangère française, combattant les japonais en Indochine ou dans les Salomons.

La mobilisation des forces est totale même si le réservoir humain est nettement plus réduit que celui du voisin australien.

En ce qui concerne l’armée de terre, trois divisions d’infanterie vont être mis sur pied mais leur nombre sera réduit à deux en raison d’un manque de ressources humaines ce qui fera regretter à certains d’avoir accepter de compléter deux divisions australiens avec des bataillons d’infanterie.

Les projets de créer une division blindée se heurtera à un manque qualitatif et quantitatif et les chars néo-zélandais seront intégrés directement aux divisions d’infanterie.

L’armée de l’air néo-zélandaise aurait également un certain nombre de squadrons déployés essentiellement dans le Pacifique mais quelques unités seront engagées en Méditerranée en soutien de la 1st New Zealand (Infantry) Division.

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Soldat néo-zélandais en Afrique du Nord durant le second conflit mondial

La marine néo-zélandaise va aussi posséder des moyens conséquents avec notamment deux croiseurs légers anciens, les HMNZS Dunedin et Dispatch et deux croiseurs légers modernes les HMNZS Achilles et Leander.

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Le HMNZS Leander

Tout comme durant le premier conflit mondial, la législation ne permettant d’engager la milice outre-mer, une 2nd New Zealand Expeditionnary Force est donc créée avec trois divisions d’infanterie comme principales unités de combat.

Cette Deuxième Force Expéditionnaire Néo-Zélandaise ne va cependant pas être engagée en bloc puisque la 1ère division va être engagée en Méditerranée, les 2ème et 3ème sur le théâtre d’opérations Asie-Pacifique.

Au cours du conflit, la Nouvelle Zélande connu une sérieuse crise des effectifs moins liée au manque de volontaires qu’à la nécessité d’alimenter l’industrie et l’agriculture. La 3ème division sera donc dissoute, une partie des effectifs ralliant la 1ère division en Méditerranée et les autres étant renvoyés à la vie civile.

En ce qui concerne l’armée de terre, la 1ère division néo-zélandaise est levée en août 1948 d’abord à des fins territoriales pour défendre le pays contre une potentielle attaque japonaise qui nous paraît peu probable à nos yeux de personnes connaissant la fin mais qui dans le feu de l’action paraît nettement plus probable.

Cette première division est d’abord organisée avec trois brigades d’infanterie et des unités d’appui mais elle est réorganisée au printemps 1951 avec la transformation d’une brigade d’infanterie en brigade blindée avec deux régiments de chars et un bataillon d’infanterie portée, une sorte de mini division blindée même si sa mission était davantage le soutien de l’infanterie que la percée et l’exploitation.

Initialement cette division devait être envoyée dans les Salomons mais au final la 1ère division d’infanterie néo-zélandaise allait être engagée en Méditerranée. Après plusieurs convois, les kiwis rejoignent l’Afrique du Nord à l’hiver 1951/52.

Sans expérience du combat, les soldats néo-zélandais vont d’abord subir un entrainement aussi intensif que rigoureux avec des unités françaises et britanniques ayant combattu dans les Balkans mais aussi par le passé en Afrique du Nord.

Son baptême du feu à lieu le 11 mars 1952 quand la division va participer à l’opération ACOLADE, la capture de Lampedusa et de Pantelleria. Ces deux îles italiens au milieu du détroit de Sicile étaient des épines pouvant s’opposer au passage des convois alliés même si à chaque manifestation des italiens, les marines et les aviations alliées se montraient impitoyables.

Autant dire que quand les soldats alliés débarquent (les néo-zélandais opèrent en compagnie de canadiens et de français) la menace est clairement résiduelle. Il faudra néanmoins deux semaines de combat pour neutraliser définitivement cette menace.

Les néo-zélandais se montrent à la hauteur, prenant de la confiance pour la suite des opérations qui seront nettement plus importantes puisque la 1ère division néo-zélandaise est engagée dans l’opération DRAGON, la conquête de la Sardaigne.

La division d’infanterie néo-zélandaise reste déployée en Sardaigne jusqu’au mois de mars 1953, recevant des hommes venant de la 3ème division dissoute en raison d’un manque de ressources humaines.

Réorganisée et ré-équipée, la 1ère division est ensuite engagée en Italie jusqu’à la fin de la guerre en Europe, se retrouvant la frontière italo-yougoslave. La division reste en Europe jusqu’en septembre 1954 avant de rentrer au pays et d’être dissoute, certains hommes rempilant au sein des unités maintenues opérationnelles en Nouvelle-Zélande, en Corée et au Japon.

La 2nd New Zealand (Infantry) Division est créée en même temps que la 1ère avec toujours une visée territoriale avant d’être appelée à participer à des opérations extérieures. Elle est envoyée en Australie en janvier 1952 pour relever des divisions australiennes envoyées ailleurs sur le théâtre d’opérations Asie-Pacifique. Elle participe ensuite à la campagne de Nouvelle-Guinée au sein du 1er Corps d’Armée Australo-Néo Zélandais (1st ANZAC) composé également des 1ère et 8ème Divisions australiennes.

Elle combat aux Philippines de juillet 1953 à janvier 1954, participant à la libération de plusieurs villes de l’ancienne colonie américaine. Elle va aussi participer à des opérations de nettoyage, certains vétérans néo-zélandais considérant ces opérations comme plus dangereuses que les combats en eux mêmes.

La division est envoyée en Chine continentale pour l’opération BOXER. Elle combat aux côtés de la 2nd ANZAC Division qui n’est autre que la 1st Australian (Infantry) Division complétée de deux bataillons néo-zélandais.

La division est restructurée sous la forme d’une New Zealand Brigade in Japan qui va participer aux opérations d’occupation du Japon jusqu’en juin 1958 quand la brigade est réduite à un bataillon intégré à la 4th Australian (Infantry) Division qui devient l’Australian-New Zealand Division in Japan, division dissoute en septembre 1960.

La 3rd New Zealand (Infantry) Division est créée au printemps 1949 comme unité territoriale. Elle reste déployée au pays jusqu’en janvier 1951 quand elle rallie l’Australie pour renforcer les défenses du Queensland.

Elle renforce les défenses côtières, manœuvre avec des troupes américaines et australiennes. Elle est enfin engagée aux Salomons en relève de troupes américaines. La division combat dans cet archipel jusqu’à la fin de la campagne en septembre 1951. Elle rallie ensuite la Nouvelle-Calédonie juste à temps pour assister en spectatrice à une tentative japonaise contre le caillou.

La France, l’Australie et les Etats-Unis manquant de troupes, on demande à Wellington de maintenir la division en Nouvelle-Calédonie pour défendre le caillou. Le gouvernement néo-zélandais accepte mais au printemps 1953 estime devoir dissoudre la division pour renforcer la 1ère division en Méditerranée et éviter la paralysie de l’économie.

Les alliés acceptent et la division est officiellement dissoute le 17 mai 1953. Une partie des hommes remplume la 1ère division en Italie, les autres sont renvoyés dans les usines pour maintenir à flot l’économie néo-zélandaise.

Est également dissoute la New Zealand Mounted Brigade envoyée au Moyen-Orient dès septembre 1948 et qui mena des opérations de maintien de l’ordre en Palestine mandataire et en Transjordanie. Après l’abandon d’un projet de transformation en brigade blindée, l’unité qui n’à plus sa place sur les champs de bataille modernes est dissoute en mars 1953 et ses hommes rapatriés en Nouvelle-Zélande ou utilisés pour recompléter certaines unités.

La marine néo-zélandaise qui voit le jour en 1944 est la première à être engagée dans les combats, effectuant des patrouilles anti-raiders et des escortes de convois. Elle va d’ailleurs voir ses moyens sérieusement renforcés avec la mise en service de patrouilleurs, de dragueurs de mines et d’escorteurs.

Après l’entrée en guerre du Japon en mars 1950, la toute jeune marine néo-zélandaise va concentrer ses forces et sa volonté contre le Japon dans des missions de patrouille, d’escorte de convois mais aussi d’affrontement antisurface, les croiseurs légers Achilles et Leander affrontant à plusieurs reprises la marine japonaise, survivant au conflit mais non sans avoir souffert sous les coups d’une marine qui donna longtemps la leçon aux alliés en matière de combat au canon et à la torpille notamment de nuit.

L’armée de l’air est également mobilisée sur tous les fronts. Elle opère en Méditerranée, dans les Balkans, en Italie mais aussi dans le théâtre d’opérations Asie-Pacifique.

Un temps il fût question après le basculement italien de déployer une petite escadre de la RNZAF en Europe occidentale contre l’Allemagne mais Wellington refusa, préférant concentrer ses moyens aériens dans le Pacifique à l’exception des moyens attribués au soutien de la 1st New Zealand (Infantry) Division.

Quand le second conflit mondial se termine, la Nouvelle-Zélande peut être fière de l’oeuvre accomplie. Elle à mobilisé le maximum de ses moyens qui ont alimenté aussi bien l’effort militaire direct des alliés que l’économie de guerre par le travail de ses usines ou de son agriculture.

Suite à l’échec de la SDN, une nouvelle organisation est mise en place, l’Organisation des Nations Unies (ONU) dont la Nouvelle Zélande est bien entendue membre fondateur, étant régulièrement élue au conseil de sécurité comme membre non permanent.

Le conflit terminé, l’occident semble ultra-dominant en Asie-Pacifique. La Corée, le Japon et la Chine sont clairement des satellites américains même si la situation ne semble pas si simple notamment parce qu’il va falloir gérer la délicate question de la décolonisation.

Si certains jusqu’aux-boutistes voulaient un retour au statu quo ante, les plus lucides avaient compris que le monde avait changé et qu’il fallait en tenir compte. Les puissances coloniales en Asie l’avait plus (Grande-Bretagne) ou moins (France, Pays-Bas) ou moins reconnues avant même le second conflit mondial, effectuant quelques timides réformes qui ulcéraient les plus conservateurs et qui frustraient les indépendantistes.

Finalement les différentes colonies allaient accéder à l’indépendance entre la fin des années cinquante et le milieu des années soixante avec plus ou moins de heurts ce qui dans l’ensemble évita l’arrivée au pouvoir des plus extrémistes et permis de maintenir de bonnes relations avec les anciennes puissances coloniales.

Comme un leader vietnamien le dira à propos de la France «nous ne pouvons oublier que des falang sont tombés pour défendre notre pays contre les japonais, que d’autres sont morts pour lé libérer. Il s’agissait certainement de soldats du colonisateur mais ne pouvons oublier qu’en versant leur sang ils sont devenus un peu nos frères. Rien que pour cela nous ne pouvons rompre totalement avec ce beau pays qu’est la France».

Un traité de coopération et de sécurité (traité de Brisbane) est signé en octobre 1957 entre l’Australie, la Nouvelle-Zélande, les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, la France, les Philippines et la Thaïlande qui est passée du statut d’allié du Japon à celui de pilier du camp occidental dans la région.

Les pays de la région (Inde, Pakistan, Laos, Cambodge, Vietnam, Malaisie, Singapour,Indonésie) une fois leur indépendance acquise vont rejoindre ce traité qui va donner naissance à L’Organisation de Sécurité et de Coopération de l’Asie-Pacifique (OSCAP) censée permettre aux différents pays de coopérer et de se défendre en cas de menace intérieure et extérieure.

En réalité cette organisation se montrera assez inefficace, étant incapable d’empêcher la chute de la Chine dans le camp communiste ou les deux guerres du Vietnam. Elle sera d’ailleurs mise en sommeil en 1980.

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