Grande Bretagne (68) Fleet Air Arm (8)

Les hydravions de la Fleet Air Arm

Avant-propos

L’apparition de l’avion permettait d’envisager de voir au delà de l’horizon et guider le plus précisément possible le tir des cuirassés, la portée des canons ne cessant d’augmenter pour atteindre 40km (en théorie) au moment du second conflit mondial.

La mise en œuvre d’avions supposait des bases à terre, faute de pouvoir décoller et être récupéré d’un navire, les techniques envisagées (portiques, plate-formes sur tourelles, barges remorquées) n’étant que des pis-aller. Quand à la récupération n’en parlons même pas.

Un concurrent de l’avion paru bientôt, l’hydravion, un hybride d’avion et de bateau. Muni d’une coque étanche et/ou de flotteurs il parut être mieux à même de devenir les yeux des cuirassés et des croiseurs.

Lui aussi eut des problèmes de mise en œuvre et de récupération. Si la mise en œuvre fût résolue avec la catapulte (encore que ces installations étaient encombrantes, fragiles, soumises aux éléments), la récupération resta un problème insoluble, l’usage de la grue rendant le navire vulnérable car il devait ralentir alors que les tapis d’amerrissage furent une de ces fausses bonnes idées, séduisantes sur le papier, inapplicables en pratique.

En dépit de ces problèmes, l’hydravion était indispensable dans toute marine digne de ce nom et la Royal Navy n’échappe à cette règle, la Fleet Air Arm disposant de nombreux hydravions, essentiellement embarqués, les hydravions basés à terre dépendant du Coastal Command de la Royal Air Force.

Contrairement à d’autres aéronavales, la Fleet Air Arm ne disposait pas d’hydravions-torpilleurs ni d’hydravions de chasse.

Supermarine Walrus

le roi George VI (1936-1952) passant en revue une unité de Supermarine Walrus

le roi George VI (1936-1952) passant en revue une unité de Supermarine Walrus

En septembre 1948, le Supermarine Walrus à une position monopolistique au sein des unités de la Fleet Air Arm (FAA). Mis au point par le père du Spitfire, Reginald Mitchell, c’était un hydravion biplan monomoteur à hélice propulsive. C’était le premier hydravion britannique à disposer d’un train totalement rétractable (ce qui en faisait un véritable hydravion amphibie), d’un habitacle fermé et d’un fuselage entièrement en métal.

Conçu dans un premier temps comme hydravion de reconnaissance destiné aux cuirassés et aux croiseurs, il fût également utilisé pour la lutte anti-sous-marine, l’entrainement, la liaison, le sauvetage en mer aussi bien aussi de la RAF que de la FAA sans parler des pays étrangers qui le commandèrent en grand nombre.

A l’origine de cet appareil figure une initiative de la firme Supermarine pour la Royal Australian Air Force (RAAF), l’armée de l’air australienne qui demandait un hydravion catapultable pour les croiseurs de la Royal Australian Navy (RAN).

Cet appareil baptisé Seagull V n’apparut qu’en 1933, effectuant son premier vol le 21 juin 1933 avant d’être confié à la Royal Navy pour des tests de validation.

La RAAF commanda 24 appareils qui furent livrés entre 1935 et 1937 suivis par douze appareils pour la RAF qui le rebaptisa Walrus. Les commandes se succédèrent et en septembre 1948, le Walrus équipait au sein de la FAA les unités suivantes :

-Au sein du Home Command, les deux groupements d’hydraviation (1st & 3rd Seaplane Group) sont entièrement équipés de Supermarine Walrus. Le premier dispose de vingt appareils, le second dispose de quarante-huit exeplaires de cet appareil soit un total de soixante-huit hydravions.

-Au sein du Mediterranean Command, on trouve également deux groupements d’hydraviation entièrement équipés de Walrus, le 2nd Seaplane Group stationné à Malte et qui dispose de six Supermarine Walrus alors que le 4th Seaplane Group stationné à Alexandrie aligne vingt-quatre appareils type Walrus.

-Au sein du Far East Command, on trouve le 5th Seaplane Group qui dispose de vingt-deux Supermarine Walrus répartis entre Singapour (squadron 713 neuf appareils), à Hong Kong (squadron 714 sept appareils) et à Alor Setar (squadron 715 six appareils) plus le squadron 916 avec quatre Supermarine Walrus de servitude.

-Au sein de l’India Command on trouve le 6th Seaplane Group avec quatre Supermarine Walrus + deux destinés à servir de volant de fonctionnement ainsi qu’un squadron 914 avec quatre Supermarine Walrus de liaison.

-Au sein du West Indies Command, on trouve le 7th Seaplane Group dispose de six Walrus ainsi que le squadron 918 disposant de quatre Walrus pour des missions de servitude.

-Au sein du South Atlantic Command, on trouve le 8th Seaplane Group/squadron 718 équipé de huit Supermarine Walrus de reconnaissance et de surveillance maritime.

150 Supermarine Walrus Mk I et II (respectivement 100 Mk I et 50 Mk II) sont en service en septembre 1948. A cela s’ajoute des appareils de réserve, 48 Supermarine Walrus Mk III et 42 Supermarine Walrus Mk IV.

Le Walrus équipe également des squadron du Coastal Command en l’occurence six squadron disposant de Supermarine Walrus Mk V, une version adaptée aux besoins de la force de patrouille maritime de la RAF.

La production n’est pas poursuivie, un nouvel appareil baptisé Supermarine Sea Otter doit être introduit au printemps 1949.

L’appareil à été largement exporté en Argentine, en Australie, au Canada, en Egypte, en Irlande, en Nouvelle-Zélande et en Turquie (usage militaire) sans parler des utilisateurs civils.

Supermarine Walrus 21

Caractéristiques Techniques du Supermarine Walrus

Type : hydravion de reconnaissance, d’observation et de soutien

Masse : à vide 2200kg en charge 3265kg maximale au décollage 3650kg

Dimensions : longueur 11,45m envergure 14m hauteur 4.6m

Motorisation : un moteur radial Bristol Pegasus VI de 680ch

Performances : vitesse maximale 215 km/h à 1450m distance franchissable 956km plafond opérationnel 5650m

Armement : deux ou trois mitrailleuses Vickers K de 7.7mm six bombes de 45kg ou deux bombes de 110kg ou deux charges de profondeur Mk VIII de 110kg

Equipage : trois ou quatre hommes

Supermarine Stranaer

Supermarine Stranaer

Supermarine Stranaer

A l’origine du Stranaer figure la spécification R.24/31 du Ministère de l’Air pour un hydravion de reconnaissance côtière. Baptisé dans un premier temps Southampton Mk V, le contrat de développement est signé en 1933 et l’appareil rebaptisé Stranaer.

Le premier vol à lieu le 24 octobre 1934 et après les tests officiels de validation, une commande de 17 appareils est passée le 29 août, les appareils étant mis en service à partir d’avril 1937, le dernier étant livré deux ans plus tard. Une commande supplémentaire de six exemplaires est annulée mais 40 appareils sont construits sous licence au Canada.

Les appareils furent utlisés par la RAF puis après la mise en service des Short Sunderland et Saro Lerwick cédés à la Fleet Air Arm pour servir d’hydravion de servitude.

Huit appareils sont mis en oeuvre par le squadron 905 dépendant du Home Command, par le squadron 908 du Mediterranean Command (huit appareils également) et par le squadron 910 du Far East Command qui met en oeuvre quatre Stranaer ex-RCAF (Royal Canadian Air Force), ces appareils ayant été remplacés au Canada par des Catalina.

Ces appareils étaient encore utilisés en septembre 1948 quoique fort usés.

Caractéristiques Techniques du Supermarine Stranaer

Type : hydravion de reconnaissance côtière puis de servitude

Masse : à vide 5100kg en charge 8620kg

Dimensions : longueur 16.7m envergure 25.9m hauteur 6.6m

Propulsion : deux moteurs radiaux Bristol Pegasus X de 920ch

Performances : vitesse maximale 265 km/h à 1830m distance franchissable 1610km plafond opérationnel 5640m

Armement : trois mitrailleuses Lewis de 7.7mm

Equipage : 6 ou 7 hommes

Saro Lerwick

Saro Lerwick

Saro Lerwick

Le Saro Lerwick est issu de l’Air Ministry Specification R.1/36 publiée en mars 1936 pour remplacer au sein de la RAF les Saro London et Supermarine Stranaer qui n’étaient pas encore en service à l’époque.

Les firmes Saunders-Roe, Supermarine, Blackburn et Shorts proposèrent leurs projets mais seuls Short et Saunders-Roe (Saro) furent sélectionnés pour produire respectivement le Sunderland et le Lerwick.

Si le premier devint une véritable légende durant le second conflit mondial (“le porc-épic volant”), le Lerwick se révéla un appareil raté. Effectuant son premier vol le 31 octobre 1938, il se révéla instable et souvent difficile à contrôler. Seulement 21 appareils furent construits mais leur carrière s’acheva dès le printemps 1940 après moins d’un an de service.

Du moins leur carrière en première ligne car les squadron 905 et 910 récupèrent quatre appareils chacun pour des missions de servitude, les appareils étant toujours en service en septembre 1948 mais pour peu de temps, le remplacement par des appareils plus performants étant acquis.

Caractéristiques Techniques du Saro Lerwick

Type : hydravion de patrouille maritime

Masse : en charge 12880kg maximale au décollage 15060kg

Dimensions : longueur 19,40m envergure 24,64m hauteur 6.10m

Motorisation : deux moteurs radiaux Bristol Hercules II de 1375ch chacun

Performances : vitesse maximale 345 km/h vitesse de croisière 267 km/h plafond opérationnel 4270m distance franchissable 2479km

Armement : une mitrailleuse Vickers K de 7,7mm dans une tourelle avant, deux mitrailleuses Browning de 7.7mm en tourelle dorsale et quatre en tourelle de queue 900 kg de bombes ou de charges de profondeur

Equipage : six hommes

Saro London

Saro London

Saro London

Le Saro (Saunders-Roe) London est un hydravion issu de l’Air Ministry Specification R.24/31 pour un hydravion polyvalent à long rayon d’action (en version original General Purpose Open Sea Patrol Flying Boat). Il était issu du Saro A.7 Severn et c’était un contemporain du Supermarine Stranaer.

Le prototype effectua son premier vol en 1934 et les appareils de série sont livrés en mars 1936 avec dix London Mk I suivis de Mk II équipés de moteurs plus puissants, les Mk I étant rétrofités à ce standard ultérieurement.

48 Saro London furent mis en service, équipant quatre squadrons de la RAF (squadron 201, 202,204, 228), appareils encore en service quand éclate la guerre de Pologne.

Leur carrière d’hydravion de première ligne s’achève au printemps 1943 quand ils sont remplacés par des Short Sunderland.

Quatre sont encore en service en septembre 1948 au sein du squadron 918 stationné à Freetown pour des taches de servitude (transport, EVASAN). L’appareil à également été utilisé par le Canada.

Caracteristiques Techniques du Saro London Mk II

Type : hydravion de patrouille maritime

Masse : à vide 5045kg en charge 8364kg maximale au décollage 10000kg

Dimensions : longueur 17.23m envergure 24.39m hauteur 5.72m

Motorisation : deux moteurs radiaux Bristol Pegasus X 9 cylindres de 915ch chacun

Performances : vitesse maximale 250 km/h à 2000m vitesse de croisière 206 Km/h à 4000m distance franchissable 1770km (2800km en configuration convoyage) plafond opérationnel 6067m

Armement : trois mitrailleuses de 7.7mm Lewis et 900kg de bombes, mines, charges de profondeur

Equipage : six hommes