Le Conflit (174) Balkans (8)

L’opération MARITSA commence à l’aube du 7 juillet 1949 quand les allemands attaquent la Yougoslavie par le nord depuis un territoire qui jusqu’en 1938 était autrichien. Berlin déclenche le feu de Wotan dès 04.45.

Le modus operandi est classique : des frappes aériennes pour anéantir sur les aérodromes l’aviation yougoslave. Il s’agit aussi de perturber la montée en ligne des renforts yougoslaves en détruisant routes, chemin de fer et ponts. Comme souvent les résultats sont contrastés selon les secteurs.

Des missions «anti-cités» sont également menées sur les villes, des raids de terreur, des raids terroristes dans l’espoir de provoquer l’effroi dans les populations et pousser le gouvernement yougoslave à la capitulation. Sans succès, ces raids aériens vont en réalité provoquer la haine et la rage des populations civiles.

Des chasseurs-parachutistes de la 3.FallschirmjägerDivision sont largués par petits paquets au grand dam de certains qui auraient voulu un saut groupé sur une ville ou un objectif précis comme Zagreb ou une autre ville du nord de la Yougoslavie.

Selon eux cela aurait permis de déstabiliser durablement le dispositif yougoslave et de permettre aux divisions d’infanterie et aux trois panzerdivisionen de foncer rapidement vers Sarajevo et Zagreb.

Les partisans des «petits paquets» étaient persuadés de provoquer une psychose, une panique dans les rangs yougoslaves. Si cela à parfois réussit, si cela à parfois entrainé la défection de troupes (notamment croates), dans l’ensemble l’impact est assez limité. Ce n’est ni la première ni la dernière fois que les espoirs mis dans les troupes aéroportées vont être déçus.

La tactique allemande va être classique : l’infanterie perce et les chars exploitent. La résistance yougoslave est inégale, certaines unités se font tuer sur place, d’autres paniquent, d’autres font défection.

Les yougoslaves qui avaient adapté la défense en profondeur se replient dans l’ensemble dans l’ordre sans panique.

Ils disputent aux allemands le contrôle des accès des villes avant de se replier plus ou moins rapidement, repli couvert par les Tcheniks, des paramilitaires censés mener des missions de guerilla en territoire occupé.

Ces «commandos» vont faire renaître chez les allemands la peur panique du «franc-tireur» pour le plus grand malheur des populations civiles.

Reste à savoir si les exactions ont été «excusées» par la présence des tcheniks ou si il était inévitable que les populations civiles souffrent sous les actions d’une soldatesque allemande biberonnée au nazisme depuis sa prime jeunesse.

Les combats ont également lieu en Adriatique où la marine yougoslave va tenter de faire ce qu’elle peut se sachant en parfaite infériorité face à la marine italienne. A cela s’ajoute la crainte d’une aviation allemande dont on connait depuis septembre 1948 l’efficacité.


Le 11 juillet le destroyer Split est victime de l’aviation allemande, deux bombardiers Junkers Ju-88 du II/KpfG-44 (2ème groupe de la 44ème Escadre de Combat) placent deux bombes de 500kg qui ne laissent aucune chance au navire qui coule rapidement.

Le 13 juillet, le conducteur de flotille Dubrovnik est endommagé par l’aviation allemande au large de Split, encaissant deux bombes de 250kg, un cadeau de deux Focke-Wulf Fw-190D du IV/KpfG-42. Il arrive à Split et les réparations commencent pour être arrêtées quasiment aussitôt quand les ouvriers croates refusent de travailler à la réparation du navire.

Néanmoins quelques marins plus yougoslaves que croates parviennent à saborder le navire en eaux peu profondes. Es-ce la fin du navire-amiral de la marine yougoslave ? Hélas non mais patience on en reparlera bientôt….. .

Pendant ce temps la situation se dégrade mais plus lentement que ne l’avait craint les yougoslaves et que ne l’avait espéré allemands et italiens.

Le 14 juillet 1949, Zagreb tombe aux mains des allemands. C’est un coup dur pour les yougoslaves à la fois pour le symbole et pour son impact politique.

Des unités croates se mutinent puis se rallient aux oustachis d’Ante Pavelic. Le futur Povglanik proclame l’indépendance de la Croatie le 15 juillet.

A noter que certaines unités croates vont masquer leurs origines pour continuer à combattre pour la Yougoslavie.

Le 16 juillet 1949, une partie de la marine yougoslave se mutine. Certains navires rallient le régime oustachi, d’autres vont tenter de rallier la Méditerranée dans l’espoir de continuer la lutte aux côtés des alliés occidentaux dont l’intervention est espérée.

Parmi les navires choisissant le camp oustachi on trouve des navires qui soient ont été endommagés et saisis par les croates ou les italiens ou des navires livrés si l’on peut dire clé en main au nouveau pouvoir d’Ante Pavelic. Certains navires seront conservés par les italiens au grand dam des croates.

C’est le cas du Dubrovnik relevé par les italiens et remis en service après réparations sous le nom de Premuda mais aussi du Zagreb qui une fois réparé sera remis en service sous le nom de Dalmatia. En revanche le Lubjana est bien volontiers cédé aux croates qui vont le remette en service sous le nom de Slavonija. L’Osijek lui se rallie directement aux autorités croates.

Si le sous-marin Hrabri se saborde, l’Ostvenik se rallie aux oustachis après la mutinerie de son équipage. Une déloyauté bien mal recompensée car le sous-marin sera récupéré par les italiens. Le Smeli capturé par les allemands est cédé aux croates qui n’en feront rien, le navire étant trop usé pour être réutilisé.

Parmi les navires qui vont rallier la marine en exil on trouve par exemple les destroyer Beograd Pogoritsa et Sarajevo. Le Nebojsa est le seul sous-marin à parvenir en Egypte mais trop usé et surtout trop ancien il sera utilisé en Egypte comme but sonar et non comme sous-marin opérationnel.

Les vedettes lance-torpilles subissent de lourdes pertes ce qui est en partie lié à leur utilisation très agressive.

Neuf sont coulées et les sept survivantes repliées à Corfou y seront sabordées lors de l’évacuation de l’île, leur transfert vers la Crète voir l’Egypte se révélant impossible.

L’expérience ne sera cependant pas dilapidée car les britanniques vont livrer douze Fairmile D à des équipages expérimentés qui brûlaient d’en découdre.

La majorité de ces hommes étaient croates ce qui prouve que le ralliement au régime oustachi était tout autant une question de nationalité que d’idéologie. Nul doute que les communistes croates n’avaient aucune envie de soutenir le Poglavnik.

En ce qui concerne les navires auxiliaires leur sort sera contrasté. Le Zmaj sera capturé par les allemands et réutilisé sous le nom de Drache. Le Sitnica aura une guerre brève puisqu’il est coulé par des bombardiers allemands au large de Rijeka le 8 juillet 1949.

Le Hvar lui va rallier la marine yougoslave en exil en continuant son rôle de l’ombre même si sa mission sera différente faute de sous-marins yougoslaves à soutenir.

Le Spasilac va être capturé par les italiens et devenir l’Instancabile, le Lovcen va rallier la marine en exil alors que la citerne à eau Perun va être coulée par l’aviation allemande le 15 juillet 1949.

Dans le domaine des navires de guerre des mines, la situation est tout aussi contrastées. Sur les cinq unités de classe Malinska, trois vont rallier la marine en exil (Malinska Meljine Mosor) et deux la légion navale croate (Mayan Mlept).

En ce qui concerne les unités de type D, quatre vont rallier la marine yougoslave en exil (D-5 D-6 D-7 D-8), une unité va être coulée (D-1 par des vedettes lance-torpilles italiennes dès le 8 juillet 1949), deux capturées et réutilisées par la légion navale croate (D-2 D-4) et la dernière capturée par les italiens (D-3)

En ce qui concerne les quatre vieux torpilleurs de 250 tonnes ex-austro hongrois encore utilisés en 1949 comme auxiliaires, ils connaissent également des sorts contrastés puisque le T-1 est victime de chasseurs-bombardiers Focke-Wulf Fw-190D allemands au large de Split le 10 juillet 1949, le T-3 est sabordé à Kotor, les T-5 et T-6 servant de navires bons à tout faire à La Sude.

En ce qui concerne les navires fluviaux, le Vardar est coulé par des Junkers Ju-188 le 12 juillet 1949 alors qu’il opérait sur le Danube, les Sava et Drava sont capturés par les allemands et cédés aux croates alors que le Morava bien que capturé est dans un tel état qu’il va être rapidement démoli.

L’aéronavale yougoslave va faire ce qu’elle peut avec ce qu’elle à c’est-à-dire in fine pas grand chose sans compter qu’en raison d’un ciel disputé, les avions et les hydravions sont particulièrement vulnérables.

Cela n’empêchera pas certaines unités de s’illustrer, s’attirant le respect de leurs alliés et chose plus étonnante de leurs ennemis.

On comprend pourquoi le gouvernement royal en exil veillera à reconstituer une aéronavale digne de ce nom alors que certains n’auraient pas été contre l’intégration des pilotes de la marine au sein de l’armée de l’air royale yougoslave en exil.

Résultat dès le mois de juin 1950 des unités équipées d’avions auxquels ils n’auraient pas osé rêver sont déjà opérationnelles ce qui contraste avec la lenteur de la montée en puissance des unités terrestres qui ne seront que tardivement engagées au grand dam des alliés.

Les hydravions Rogorzarski SIM-XIV-H et SIM-XIVB-H subissent de lourdes pertes avec respectivement six et douze appareils détruits, quatre et dix respectivement parvenant en Grèce puis en Crète où ils vont être utilisés pour des missions de servitude et d’entrainement.

Deux SIM-XIV-H et six SIM-XIVB-H sont capturés par les italiens, six SIM-XIV-H et SIM-XIVB-H étant capturés par les croates.

Trente Bréguet Br790Y sont disponibles en juillet 1949 mais seulement dix sont encore là à la fin de la Campagne de Yougoslavie et seulement deux arrivent en Egypte.

En ce qui concerne les Rogorzarski PVT, huit sont capturés par les croates et quatre vont rallier Corfou puis la Crète, les premiers étant utilisés pour la lutte anti-guerilla et les seconds pour des missions de servitude.

Les croates vont également récupérer quatre Rogorzarski SIM-XII-H via leurs protecteurs allemands.

En ce qui concerne les Dornier Do-22, sur les dix appareils disponibles au début de l’opération MARITSA, deux sont détruits au mouillage par la chasse allemande lancée dans des missions de chasse libre (Freiejagd), deux autres sont abattus par la DCA, les six autres opérant jusqu’à la fin, deux seulement parvenant en Crète puis en Egypte pour être ferraillés.

La marine yougoslave avait acquis durant la Pax Armada trente-six Bloch MB-481. Trente-quatre exemplaires sont encore là en juillet 1949. Dix appareils sont là à la fin de la campagne, volant jusqu’en septembre 1951. Six appareils seront rachetés par la France pour récupérer des pièces détachées.

Seize Heinkel He-117 ont été livrés par l’Allemagne au printemps 1947. Seuls deux appareils sont parvenus en Egypte pour être utilisés pour des missions secondaires. Quatre appareils capturés par les allemands seront rétrocédés aux croates et deux seront capturés par les italiens. Aucun de ses huit appareils ne survivra à la terrible ordalie du second conflit mondial.

L’aéronavale yougoslave se sont aussi des avions notamment des chasseurs. C’est ainsi que la Croatie récupéra dix Rogorzarski IK-3, deux opérationnels et huit stockés pour former un premier escadron de chasse.

Les Hawker Hurricane ont moins de chance puisque sur les seize exemplaires disponibles en juillet 1949, seulement deux parviennent à se replier sur Corfou où ils sont détruits en décembre 1949.

les allemands capturent trois Rogorzarski R-313 mais au grand dam des croates les envoient directement à la ferraille.

Les seize Bristol Blenheim disponibles en juillet 1949 étaient censés lutter contre la marine italienne mais vont devoir s’employer avec des cibles terrestres, subissant de lourdes pertes. Tous les appareils sont détruits, les deux derniers en mauvais état sont incendiés par leurs équipages avant que ces derniers ne franchissent la frontière greco-yougoslave. Ils ne tarderont pas à reprendre la lutte sur des appareils plus modernes.

-Les douze Savoia-Marchetti SM-79 subissent de lourdes pertes puisque six appareils sont détruits au sol, quatre sont livrés aux allemands par leurs pilotes croates et deux abattus par la chasse.

-L’aéronavale yougoslave va recevoir un total de seize Dornier Do-17K pour des missions de patrouille maritime et d’assaut aéromaritime.

Aux huit appareils en ligne vont s’ajouter huit autres utilisés pour la formation, l’entrainement et les liaisons.

En juillet 1949 seulement douze sont encore opérationnels. Prévus pour des cibles navales, ces appareils vont être surtout engagés au sol, le haut-commandement de la marine yougoslave estimant non sans raison que la destruction d’un croiseur ou d’un cuirassé italien serait certes spectaculaire et utile sur le plan de la propagande mais en pratique son impact serait des plus limités.

Quatre appareils sont engagés à basse altitude contre une colonne motorisée italienne. L’attaque est un succès mais deux appareils sont abattus et le troisième est si gravement endommagé qu’il ne volera plus.

A la fin du mois de juillet, il restait quatre appareils qui vont opérer de nuit pour échapper à la chasse et à la DCA ennemie. Ils sont tous détruits avant la fin de la Campagne de Yougoslavie (deux par la chasse, un par la DCA et le dernier au sol lors du bombardement d’un aérodrome yougoslave par l’artillerie italienne)

-L’aéronavale yougoslave possédait également douze Lioré et Olivier Léo 456, la version bombardement-torpillage du Léo 451. Tous les appareils n’étaient pas en ligne puisque seulement huit étaient immédiatement disponibles, les quatre autres étant en réserve pour entrainement, formation des jeunes pilotes et expérimentations.

Deux appareils seulement vont survivre à la Campagne de Yougoslavie, deux appareils utiliséés pour l’entrainement en Egypte jusqu’en septembre 1952 quand ils sont interdits de vol puis ferraillés.

La marine yougoslave se sont aussi des batteries côtières notamment pour protéger Split (quatre batteries disposant chacune de deux tourelles doubles de 120mm) et Kotor (quatre batteries à deux tourelles doubles de 120mm et quatre batteries légères disposant de quatre canons de 100mm).

Ces batteries vont opérer contre la mer et même contre terre, les yougoslaves ayant eut la sagesse de permettre aux canons de tirer tous azimut. Ils vont dissuader la marine italienne de se rapprocher exagérément des côtes mais aussi d’appuyer les troupes au sol. Ils vont parfois servir d’ilôts de fixation pour permettre un repli en ordre. Néanmoins ces batteries vont être progressivement neutralisées par la marine italienne mais surtout par l’aviation.

La marine yougoslave c’est également un bataillon d’infanterie navale (1.Bataljon mormaricko prjesastvo) qui bien que composé majoritairement de croates (environ 75% des effectifs, le reste étant composé de slovènes _environ 2%_ de bosniaques _environ 8%_ , de monténégrins _environ 9%_ et de serbes _environ 6%_) va combattre loyalement comme unité de choc.

Sa présence va galvaniser les troupes de l’armée de terre qui vont trouver dans l’exemple des fantassins navals yougoslaves une source de motivation.

L’unité mène des contre-attaque et même quelques raids sur les arrières de l’ennemi anticipant sans le savoir son futur rôle. L’unité est repliée sur Corfou puis sur l’Egypte où l’unité va devenir une véritable unité commando.

Les combats se passent également au dessus de la Yougoslavie. Comme auparavant en Scandinavie et en Europe Occidentale, les allemands tentent de s’emparer rapidement de la maitrise du ciel.

Cela passe par des raids massifs pour tenter d’écraser l’armée de l’air yougoslave au sol. Comme auparavant et comme par la suite ce sera un échec. Il y à trop peu d’avions et trop de terrains à traiter.

Es-ce à dire que jusqu’au bout les allemands (et dans une moindre mesure les italiens et les hongrois) vont devoir s’employer ? Non bien entendu car dès le 12 les allemands considèrent le ciel yougoslave comme leur chasse gardée.

Cinq jours plus tard, le 17 juillet 1949, le gouvernement yougoslave replié à Nis dans le sud du pays ordonne que tous les pilotes sans appareil soient évacués vers la Grèce pour reconstitution d’unités dans un délai plus ou moins long et plutôt plus que moins.

Certains pilotes vont refuser de suivre ralliant le gouvernement croate (où ils vont former deux armées de l’air !). D’autres estimant qu’ils devaient mourir pour la Yougoslavie décidèrent de combattre au sol avec l’armée de terre avec rarement de bons résultats car si il y à bien une chose qui ne s’improvise pas c’est le combat d’infanterie (qui ne se résume pas à prendre un fusil et tirer).

A cette époque, les rares avions yougoslaves encore actifs opèrent de nuit pour éviter la chasse et la DCA mais cela se fait au détriment de la précision. Cela entraine également un certain nombre d’accidents lié à un manque d’entrainement à ce type d’opérations avant guerre.

Quand l’Axe attaque, l’armée de l’air yougoslave dispose de cinquante-deux Messerschmitt Me-109 en différents modèles. 22 sont détruits et 30 capturés (ou livrés aux allemands) vont être réutilisés par la nouvelle armée de l’air croate.

Le Hawker Hurricane était l’autre appareil majeur de la chasse yougoslave. Sur les 88 exemplaires livrés il n’en restait que 25 exemplaires. Huit appareils survivant aux combats vont être remis e n service dans la ZNDH mais pour mieux être détruits le 14 novembre 1949 par un raid mortier mené par les partisans communistes.

En juillet 1949 l’armée de l’air royale yougoslave disposait de six Focke-Wulf Fw-190A et dix-huit Focke-Wulf Fw-190E. A la fin des combats en Yougoslavie, il ne reste plus qu’un Anton et que trois Emil. Ils sont capturés par les allemands qui les envoient immédiatement à la ferraille, leur état rendant inutile toute tentative de remise en état.

Le Rogorzarski IK-3 était le principal chasseur yougoslave en service en juillet 1949. 45 appareils étaient disponibles mais on n’en trouvait plus que 18 en état. Quelques appareils vont être réutilisés par les croates en attendant des appareils plus modernes.

L’Ikarus IK-7 était le chasseur yougoslave le plus moderne en 1949. 54 étaient en service et 90 autres disponibles en réserve, une mesure provisoire en attendant la mise sur pied de nouvelles unités de chasse le temps que de nouveaux pilotes soient formés. On connait la suite….. .

Aucun appareil ne sera utilisé par les croates, les quelques appareils capturés étant évalués par les italiens et par les allemands (qui les utilisèrent pour l’entrainement à la chasse).

L’Ikarus IK-5 était en service à raison de dix-huit exemplaires en juillet 1949. Douze appareils en service sont détruits tout comme 22 des 30 appareils de réserve. Les quelques appareils capturés par les hongrois, les italiens et les allemands ont été fort peu utilisés en raison d’un stock de pièces détachées trop faible.

-Trente-six Bristol Blenheim étaient en ligne en juillet 1949 mais seulement dix étaient encore disponibles à la fin de la Campagne de Yougoslavie dont seulement six encore en état de vol et quatre indisponibles. Tous les appareils sont envoyés à la ferraille.

-Trente Rogorzarski R-313 sont en service quand les allemands déclenchent l’opération MARITSA. A la fin de la Campagne de Yougoslavie, il restait seulement quatre appareils _deux en version reconnaissance et deux en version bombardement_ capturés par les italiens dans le sud du Monténégro. En mauvais état, les appareils sont sommairement inspectés puis envoyés à la ferraille pour libérer de la place sur l’aérodrome où ils avaient été capturés.

-Trente-six Dornier Do-17K étaient disponibles en juillet 1949. Douze exemplaires survivent et vont être réutilisés par les croates en attendant des appareils plus modernes en l’occurence le Junkers Ju-288.

-Dix-huit Savoia-Marchetti SM-79 Sparviero sont disponibles en juillet 1949. Quelques appareils (quatre à six selon les sources) sont capturés par les allemands qui vont les utiliser pour des missions de transport. Ils disparaissent durant le conflit.

-La force de bombardement yougoslave disposait également de vingt-quatre Lioré et Olivier Léo 451 et douze Lioré et Olivier Léo 456.

A la fin de la Campagne, il restait quatre Léo 451 et quatre Léo 456 aux mains des yougoslaves qui vont être utilisés pour l’entrainement en Egypte avant d’être ferraillés durant le conflit.

Quatre appareils Léo 451 capturés par les allemands ont été cédés aux roumains en compagnie de six appareils ex-grecs. Seulement deux appareils de chaque origine ont été remis en ligne les autres étant ferraillés.

-Dix-huit Ikarus IK-5R sont disponibles en juillet 1949. Six exemplaires sont encore là à la fin du mois de juillet. Quatre sont détruits à Kotor et deux volant jusqu’en Grèce où on perd leur trace.

-Aucun des six Caproni Ca-310 ne survit au conflit.

-Douze Caproni Ca-313 sont en service en juillet 1949. Quatre appareils sont détruits au sol le premier jour, deux autres seront victimes de la Flak et deeux autres victimes de la chasse italienne. Quatre appareils capturés par les allemands seront rétrocédés aux croates. Aucun ne survit au conflit.

-Trente-six ANF-Les Mureaux ANF-123 sont en service en juillet 1949. Vingt-quatre sont perdus au dessus de la Yougoslavie, douze avions parvenant en Grèce.

Si on ignore le sort de quatre appareils, on sait que six autres sont perdus (deux sous les coups de la DCA, deux sous les coups de la chasse et deux au sol par un bombardement d’artillerie). Les deux derniers repliés sur le Peloponnèse sont ferraillés au cours du conflit.

-Sur les dix Fieseler Fi-156 Storch disponibles, quatre sont perdus les six autres étant rétrocédés aux croates qui vont les utiliser pour la liaison et le ravitaillement des postes isolés qui tentaient de géner les mouvements de la guérilla qu’elle soit royaliste ou communiste.

-Les croates vont récupérer des Bréguet 19 et des Potez 25 qui bien que dépassés vont être réutilisés pour des missions de lutte anti-guerilla en attendant la livraison d’appareils plus modernes (Fieseler Fi-167, Henschel Hs-123 et Henschel Hs-126)

Les italiens attaquent le même jour que les allemands enfin presque, ils bombardent les positions yougoslaves avec l’artillerie et l’aviation, mènent quelques reconnaissances en force mais attendront le lendemain pour engager leur «corps de bataille».

Ils vont combattre en Istrie et en Dalmatie, espérant récupérant un maximum de territoires possible au grand dam des oustachis qui ne voulaient pas se retrouver avec un état croupion.

Lubjana est la première grande ville yougoslave à tomber aux mains de l’ennemi en l’occurence les italiens et le 10 juillet 1949 après trois jours de combat. Les yougoslaves n’ont ni les moyens ni l’ambition de combattre en ville.

Ils disputent aux italiens le contrôle des accès des villes avant de se replier plus ou moins rapidement, repli couvert comme nous le savons par les Tcheniks, des paramilitaires censés mener des missions de guerilla en territoire occupé.

Les italiens vont longer la côte Adriatique couvrant le flanc occidental des allemands qui foncent en plein centre du territoire yougoslave.

Les combats sont particulièrement violents, les yougoslaves galvanisés sont loin de s’abandonner à la panique y compris après la mutinerie d’une partie des unités croates.

Rijeka tombe aux mains des italiens le 16 juillet suivit de Pula deux jours plus tard. Split tombe une semaine plus tard le 25 et Ploce le 28 juillet. Mostar tombe le 2 août, Podgorica tombe le 6 août et Cetinje le 8 août.

Après une phase de nettoyage et sécurisation (5-15 août 1949), la 2ème Armée va se déployer à proximité de la Macédoine pour couvrir le flanc occidental du réduit yougoslave, dernière zone contrôlée par Belgrade dans le sud-ouest de la Macédoine.

Les allemands se lancent dans l’offensive dans l’Axe central. Étrangement ils laissent aux hongrois le chemin de Belgrade du moins initialement. Il sera toujours temps de revenir sur cette décision car la prise d’une capitale est tout sauf anodine.

Les allemands pensent pouvoir l’emporter rapidement mais les troupes de la 2ème Armée Yougoslave combattent avec énergie, acharnement mais surtout et c’est sûrement le plus important avec intelligence.

Sans le savoir ils pratiquent la défense élastique en laissant les allemands approcher pour contre-attaquer. Cette stratégie n’est pas simple à mener nécessitant discipline et intelligence tactique.

Cela n’empêche pas les allemands de s’emparer d’Osijek le 18 juillet 1949 en profitant de la défection d’unités croates qui se rallient au régime d’Ante Pavelic.

Les troupes yougoslaves se replient sans panique derrière la Sava qui à bénéficié de quelques menus travaux pour en faire une barrière naturelle. Le repli est couvert par des «corps francs», les fameux tcheniks.

Les allemands qui se savent supérieurs prennent leur temps peut être informés que ni les grecs ni les franco-britanniques ne vont aider les yougoslaves en déployant des troupes pour soutenir les troupes de Pierre II.

De toute façon même une telle décision si elle avait été prise aurait nécessité une bonne semaine le temps de déployer une division en Yougoslavie et pour quoi faire ? Repoussez les allemands et les italiens ? Illusoire ! Donner du temps aux grecs et aux alliés pour affermir la défense du berceau de la civilisation occidentale ? Plus raisonnable mais tout aussi aléatoire.

La Sava est franchie le 25 juillet 1949 avec un double mouvement, un avancée en ligne droite vers le sud en direction de Sarajevo et un mouvement tournant pour s’emparer par l’ouest et le sud-ouest de la ville de Banja Luka.

Les combats sont toujours aussi violents mais les allemands sont désespérement supérieurs. La ville de Banja Luka tombe le 26 juillet malgré une contre-attaque de la 6ème Armée Indépendante et de la 1ère brigade mécanisée qui malgré son inferiorité s’attire le respect des allemands.

La Bataille de Sarajevo commence le 2 août 1949. Les yougoslaves veulent tenir le plus longtemps possible et sont pour une fois prêts à se lancer dans une guerre urbaine.

Ils n’auront pas le temps, les allemands vaccinés par ce type de combat sur le front occidental vont tout faire pour empêcher les yougoslaves d’y mener la ratkrieg.

Après quatre jours de combat, la ville tombe le 6 août 1949 mais les troupes yougoslaves peuvent se replier en bon ordre vers le sud alors qu’ils sont menacés sur leur flanc occidental par les italiens qui progressent à bonne vitesse mais pas suffisamment pour permettre aux transalpins de déborder les yougoslaves. Les allemands reprocheront à leurs italiens un manque de vigueur préjudiciable à l’avancée globale. Ambiance….. .

Plevjia tombe le 14 août, Ivanagrad le 17 août, Mitrovica tombe le 24 août mais quand ils arrivent à Pristina le 27, les hongrois sont déjà là. Les allemands avancent en direction de Skopje, la dernière grande ville de Yougoslavie dont la chute à lieu le 4 septembre 1949.

Es-ce la fin de la Campagne de Yougoslavie (1949) ? Pas tout à fait car des troupes yougoslaves se sont repliés dans une sorte de réduit national dans le candidat espoir de convaincre enfin les alliés voir les grecs d’envoyer des troupes pour reprendre la lutte. On connait la suite…… .

Le «réduit national» tombe après quelques combats le 16 septembre, des éléments isolés qui annoncent la résistance royaliste et communiste continuant de tirailler contre les allemands, les italiens et les bulgares avant soit de rester sur place ou de franchir la frontière greco-yougoslave.

Les hongrois vont attaquer seulement le 8 juillet 1949, espérant une avancée rapide notamment parce que la Voïvodine est peuplée par une forte minorité hongroise.

Ils s’attendent à être accueillis en libérateurs ou à avancer l’arme à la bretelle. En réalité ils vont devoir combattre une armée yougoslave motivée, une armée composée des meilleures unités puisqu’elles doivent défendre Belgrade.

La 3ème Armée Hongroise doit utiliser toute sa puissance avec son artillerie et son aviation ce qui génère des «dégats colatéraux» alimentant la colère des civils et la motivation des troupes yougoslaves.

Ces dernières doivent cependant se replier progressivement pour éviter par exemple un envellopement depuis la Bosnie où progressent les troupes allemandes.

La ville de Novi Sad tombe le 13 juillet 1949 après de violents combats, les yougoslaves contre-attaquant à plusieurs reprises calmant les prétentions hongroises. Belgrade tombe le 17 juillet 1949, la ville est gravement endommagée par les bombardements aériens…..allemands.

Les soldats hongrois qui traversent la ville pour combattre au sud peuvent sentir sur eux des regards d’une sourde hostilité.

Cela confirme ce qui se passe plus au nord où l’occupation hongroise d’un territoire magyarophone est très dure, implacable un peu comme plus au sud les bulgares qui vont occuper des territoires bulgarophones en Macedoine et vont imposer une domination implacable qui va vite faire regretter aux habitants le «joug de Belgrade».

Comment expliquer cette situation ? Essentiellement par un décalage entre le discours un peu éthéré de la «Grande Bulgarie» et la réalité.

Côté bulgare, malgré la volonté de regrouper sous une même souveraineté tous les bulgarophones, les bulgares de Bulgarie ne pouvaient s’empêcher de mépriser les bulgares de Macédoine qui n’étaient pas de «vrais bulgares».

Côté macédonien même si l’idée de Grande Bulgarie était séduisante elle était loin de faire l’unanimité et certains ne trouvaient pas déshonorant d’être sous souveraineté yougoslave.

Très vite des mouvements de résistance voient le jour. C’est un incroyable kaleïdoscope de bandits de grand chemin _toujours à l’aise dans ces périodes troublées où l’autorité s’effondre_ , de soldats égarés, de jeunes hommes trop jeunes pour combattre, d’aventuriers.

Les bulgares vont réagir avec une incroyable brutalité, multipliant les raids de ratissage et les opérations de «pacification», délicats euphémismes pour parler d’hommes exécutés, de femmes violées et tuées, d’enfants massacrés, de villages incendiés….. .

Ce sera le cercle infernal des attentats entrainant une répression qui à son tour alimente la haine et la rage des habitants qui quand ils n’étaient pas prêts à aider directement les résistants ne faisaient rien pour aider l’occupant.

Cette situation évoluera défavorablement dans les années suivante (surtout à partir de 1952) notamment grâce à l’action des Services de Renseignement alliés qui vont encadrer, équiper et entrainer des maquis pas toujours dociles. Le rêve d’une action intégrée maquis/unités commandos/unités régulières sera très vite à ranger dans le tiroir.

Le 24 août 1949 les hongrois font leur jonction avec les troupes bulgares qui vont profiter des efforts des autres, occupant la Macédoine, une région majoritairement bulgarophone. Pour l’armée hongroise c’est la fin des combats majeurs et le début de «missions de police».

Le dispositif magyar est réorganisé, les deux brigades aériennes sont dissoutes mais très vite une brigade sera recrée pour appuyer les troupes hongroises occupant la Serbie.

Les pertes magyares ont été non négligeables puisque la MKHL à perdu 22 Me-109, 4 Me-110, 6 Focke-Wulf Fw-190, 4 Junkers Ju-188, 3 Dornier Do-17, 8 Ju-87A/B, 6 Fiat BR-20, 4 Junkers Ju-86, 1 Focke-Wulf Fw-189 et 6 Fieseler Fi-156 Storch.

A l’automne 1949 les italiens occupent le Monténégro, une partie de la Dalmatie et de l’Istrie, l’Etat indépendant de la Croatie occupe une bonne partie de la Croatie actuelle et la Bosnie. Les allemands occupent une bonne partie de la Serbie.

Côté yougoslave, les troupes encore en état de combattre se replient en ordre sur la Grèce mais très vite leur fatigue, leur épuisement et leur manque d’équipement fait que la possibilité de rester en ligne devint impossible.

Le gouvernement royal décide d’évacuer le maximum de troupes et de civils vers la Crète puis vers l’Afrique du Nord pour reconstituer un Etat en exil et surtout une armée, une double reconstitution pénible et longue. Certains soldats yougoslaves préférons s’engager dans la Légion Etrangère ou dans les Services de Renseignement pour combattre plus tôt.

Le mois de septembre 1949 marque l’arrivée de l’automne et surtout la fin d’une Campagne et le début d’une autre. Adieu Campagne de Yougoslavie et bonjour Campagne de Grèce.