Les avions de l’Elleniki Vassiliki Aeroporia (3) : reconnaissance et coopération
Henschel Hs-126K6
Le Henschel Hs-126K6 est un avion de reconnaissance et de coopération de conception et de fabrication allemande. C’est un monoplan à aile haute et train fixe et moteur radial, un biplace avec le pilote abrité et l’observateur à l’air libre que la Grèce choisit pour équiper ses unités de reconnaissance.
L’appareil effectue son premier vol en août 1936, trois prototypes subissant une évaluation opérationnelle en Espagne au sein de la Legion Condor ce qui permet à l’appareil d’être mis en service en 1937.
L’appareil va être utilisé par l’Allemagne, la Croatie (appareils ex-allemands), l’Espagne, l’Estonie et selon certaines sources en Bulgarie.
Outre la reconnaissance, l’appareil à été utilisé par l’Allemagne comme remorqueur léger de planeurs et comme avion de harcèlement nocturne. L’appareil est resté en service jusqu’à la fin du conflit en 1954 même si à l’époque il était totalement dépassé.
Douze appareils sont acquis par la Grèce auprès des allemands, ces appareils étant complétés par des avions produits en Grèce. Les projets initiaux prévoyaient 90 avions made in Greece mais au final seulement 52 avions sont sortis.
En septembre 1948, l’armée de l’air royale grecque dispose de quatre escadrilles de reconnaissance et de coopération, les 41. 42. 43. et 44. Mira Stratiokis Synergassias qui disposaient chacune de seize appareils soit soixante-quatre appareils en ligne, tous les appareils disponibles ce qui ne laisse aucune réserve au commandement grec.
Les avions vont être engagés pour la reconnaissance, l’observation, la coopération mais aussi le bombardement léger.
Durant la guerre italo-grecque seize appareils sont perdus, quatre sous les coups de la chasse, cinq sous les coups de la DCA et sept pour causes diverses notamment des accidents au décollage ou à l’aterrissage.
Quarante-huit appareils sont disponibles au moment où débute l’opération MARITSA l’invasion de la Yougoslavie par les allemands, les italiens et les hongrois. Les Henschel grecs surveillent surtout l’Albanie craignant un retour offensif de l’Italie. Des appareils sont perdus sous les coups de la DCA et de la chasse transalpine.
Quand les allemands envahissent la Grèce en septembre 1949 il restait une trentaine d’appareils de disponible. Ces avions vont être utilisés pour la reconnaissance, la coopération et le harcèlement nocturne.
Cette dernière mission n’avait qu’un impact limité mais psychologiquement déstabilisait l’ennemi et réconfortait les troupes grecques quand celles-ci voyaient ces petits avions décoller en pleine nuit pour mener une mission rendue célèbre sur le front de l’est d’abord par les soviétiques puis par les allemands.
Quand la Campagne de Grèce se termine il restait neuf appareils de disponible mais ils étaient tous très usés et en mauvais état. Ils sont stockés sur un aérodrome près de Corinthe et sont détruits lors d’un bombardement aérien allemand, les épaves étant ensuite ferraillées par les alliés.
Caracteristiques Techniques
Type : biplan biplace monomoteur à train fixe de reconnaissance
Armement : une mitrailleuse de 7.92mm MG-17 fixe tirant vers l’avant et une mitrailleuse de 7.92mm MG-15 en poste arrière, plus de 150kg de bombes
Bloch MB-176
Bloch MB-176
Le Bloch MB-176 est un élégant bimoteur de reconnaissance tactique de conception et de fabrication française, «The French Mosquito» comme l’ont appelé certains pilotes anglais francophiles (NdA si si ça existe).
A l’origine de cet appareil figure un projet lancé par une équipe d’ingénieurs de la SNCASO (Société Nationale des Constructions Aéronautiques du Sud-Ouest) issu de la compagnie «Avions Marcel Bloch» pour un bimoteur bi ou triplace destiné à combler l’espace séparant les bombardiers du programme B4 (Amiot 351, Lioré et Olivier Léo 451) et des bimoteurs légers qu’il s’agisse du triplace de chasse Potez 631 ou des biplaces d’assaut Bréguet Br691.
Il s’agissait d’un élégant bimoteur à ailes bases cantilever pouvant accueillir un équipage de deux ou trois hommes sous une large verrière placée très avant d’un fuselage ovoïde.
La soute à bombes était réduite et l’armement composé dun canon de 20mm à l’avant gauche du fuselage, deux mitrailleuses d’ailes et deux autres de défense arrière, une en poste supérieur et une dans une coupole ventrale.
Deux prototypes du MB-170 furent réalisés, le premier effectuant son premier vol le 15 février 1938 mais fût perdu le 17 mars 1938, le second restant seul en piste, un second prototype à la configuration modifiée (suppression de la coupole ventrale notamment).
Les besoins officiels ayant changé, les projets MB-171/172/173 ne dépassèrent pas le stade la planche à dessin et seul resta en piste, le MB-174 conçu pour la reconnaissance stratégique, le premier prototype quittant le plancher des vaches la première fois le 5 janvier 1939.
Après la production de seulement cinquante Bloch MB-174, l’Armée de l’Air préféra miser sur le Bloch MB-175.
En septembre 1939, les plans officiels prévoyaient pour l’armée de l’air la commande de 814 MB-175 et de 323 MB-176.
Ce dernier modèle était identique en tout point au MB-175 à une exception mais importante les moteurs. Aux Gnôme Rhône 14N, il préférait les Pratt & Whitney Twin Wasp. Ce plan fût révisé en février 1940 avec 660 MB-175 et 1550 MB-176 à livrer entre avril 1940 et juillet 1941.
Au sein de l’armée de l’air française, les Bloch MB-175 et MB-176 (les MB-174 ont été rapidement retirés des unités de première ligne et réservés pour l’entrainement) vont à la fois remplacer des unités équipées de Potez 63.11 mais aussi permettre la création de nouvelles unités.
Quand le second conflit mondial éclate en septembre 1948, le Commandement de Reconnaissance et de Coopération (CRC) dispose de quatre escadres à quatre groupes de quatre escadrilles de neuf appareils soit 576 appareils en ligne.
A cela s’ajoute pour le MB-175, les seize appareils destinés aux GCRO (Groupes Coloniaux de Reconnaissance et d’Observation) d’Indochine, les huit pour le GRCO (Groupe de Reconnaissance, de Coopération et d’Observation) de Corse et les MB-175T de la marine (144 appareils).
Au final le Bloch MB-175 va équiper douze des trente-six GAO (Groupes Aériens d’Observation) destinés aux Corps d’Armées soit un total de 96 appareils, les deux GCRO d’Indochine soit 16 appareils et la 33ème escadre de reconnaissance soit 144 appareils. A cela s’ajoute 296 appareils stockés portant le total à 550 appareils, les appareils étant livrés entre mai 1940 et septembre 1943.
En mars 1944, les Potez 63-11 des deux groupes de reconnaissance de la Force Aérienne Polonaise Libre (FAPL) équipés de seize appareils chacun sont remplacés par des Bloch MB-175 réduisant le stock à 264 avions.
Son demi-frère Bloch MB-176 va équiper les vingt-quatre autres GAO soit un total de 192 appareils sans oublier les trois autres escadre de reconnaissance tactique et le GRCO de Corse soit un total de 440 appareils.
On arrive à 624 appareils en ligne et avec les appareils en réserve, le nombre passe à 1248 ! Les MB-176 sont livrés entre septembre 1943 et septembre 1948 à raison d’une vingtaine d’appareils par mois ce qui représente une cadence plus qu’honorable.
En juin 1944, deux groupes indépendants de reconnaissance composés de pilotes tchèques remplacent leurs Potez 63-11 par vingt-quatre Bloch MB-176 soit douze appareils par groupe, réduisant le stock à 600 avions.
On est donc en légère baisse par rapport au contrat initial qui prévoyait 2200 appareils. Le total final est donc de 1798 appareils dont seulement 936 appareils en ligne. Ce fort taux de réserve s’expliquant par les craintes d’une saignée dans les unités de reconnaissance.
Quand le second conflit mondial éclate en septembre 1948, ces avions sont toujours en service mais le stock de MB-175 est tombé à 248 et celui du MB-176 est passé de 600 à 540 entre les accidents, l’usure et la réforme d’appareils victimes de problèmes structurels.
La production n’est pas reprise mais des versions améliorées sont produites avec des moteurs plus puissants et un armement défensif renforcé avec quatre mitrailleuses dans les ailes.
La Grèce choisit le Bloch MB-176 pour équiper deux escadrilles de reconnaissance, les 41. et 43. Mira Stratiokis Synergassias, des unités disposant chacune de vingt appareils, unités opérationnelles à l’été 1951.
Il semble mais cela n’est pas certain que les appareils grecs étaient réalité des MB-176 intégrant certaines améliorations apportées aux modèles MB-176bis et ter.
Ces appareils vont d’abord opérer depuis la Crète (41ème escadrille) et depuis le Dodécanèse (43ème escadrille) pour des missions de reconnaissance opérative et stratégique cherchant à répérer les convois, le déplacement des troupes, de nouveaux aménagements de défense…… .
Imitant les français les grecs mènent bien volontiers des missions de reconnaissance armée avec deux bombes de 125 ou de 250kg en soute pour permettre l’attaque d’objectifs d’opportunité.
Certains appareils préféraient emporter des appareils photos et des fusées éclairantes pour permettre de prendre des prises de vue de nuit ou par mauvais temps.
Une fois la contre-offensive lancée les Bloch grecs vont opérer plus en arrière du front pour anticiper d’éventuels mouvements de troupes et guider sur eux les bombardiers alliés.
Les deux unités vont rallier fin 1952 la Grèce continentale puis au printemps 1953 l’Epire, terminant la guerre du côté de Dubrovnik pour la 41ème escadrille et du côté de Podgorica pour la 43ème.
Ces unités vont rester en Yougoslavie jusqu’en octobre 1954 après accord du gouvernement royal pour réaliser ce qu’on pourrait appeler le «service après vente» de la guerre, repérer d’éventuels groupes ennemis isolés voir des groupes pas spécialement ravis que la monarchie soit rétablie à Belgrade.
Début novembre les deux escadrilles retournent en Grèce et comme le reste de l’armée de l’air royale grecque vont participer à la guerre civile grecque.
Remplacés par des appareils plus modernes en 1960 les Bloch MB-176 grecs (la Grèce à utilisé au total cinquante-six appareils) vont tous être ferraillés sauf deux exemplaires préservés, l’un dans un musée à Athènes et le second à l’entrée de la base aérienne de Larissa. Ils sont toujours là en 2021.
Caractéristiques Techniques du Bloch MB-176
Type : bimoteur de reconnaissance et de bombardement triplace
Poids : à vide 5600kg maximal 7150kg
Dimensions : Envergure 17.80m Longueur 12.15m (12.30m pour le MB-175) Hauteur 3.50m. Le MB-176 affichent les dimensions suivantes : 17.95m d’envergure, 12.25m de longueur et 3.55m de hauteur
Motorisation : deux moteurs Pratt & Whitney Twin Wasp R-1830 SC 3G de 1050 ch
Armement : deux mitrailleuses MAC 34 de 7.5mm dans les ailes (1000 coups chacune), un jumelage de deux MAC en défense arrière, une puis trois MAC 34 en défense inférieure arrière (une orientée vers l’avant, deux vers l’arrière) 400 kg de bombes (500kg de bombes pour le MB-175)
Stinson L-5 Sentinel
Affectueusement surnommé «The flying jeep» (la jeep volante), le Sentinel était issu d’un appareil civil, le Stinson HW-75. A la différence des appareils précédents, le L-5 était un appareil triplace ou plutôt un biplace et demi, la troisième place étant destinée à un passager pas trop exigeant.
Commandé à 150 exemplaires en septembre 1943, l’appareil donne pleinement satisfaction, ces L-5A étant livrés entre octobre 1943 et mars 1944 suivis de 150 exemplaires commandés en avril et livrés entre mai et octobre 1944, ces appareils étant eux aussi des L-5A.
A ces 300 L-5A succèdent 500 L-5B commandés en mars 1945 et livrés entre avril 1945 et juin 1946, portant le total à 800 exemplaires. En septembre 1948, 500 L-5C sont commandés et livrés entre octobre 1948 et mars 1949, ces appareils étant suivis par 250 appareils supplémentaires livrés entre juin 1949 et janvier 1950.
1550 appareils sont donc en service quand les Etats-Unis entrent en guerre. Leur nombre augmente sensiblement puisqu’aux 300 L-5A, aux 500 L-5B et aux 750 L-5C succèdent 2500 L-5D et 3500 L-5E, portant le nombre d’appareils produits à 7550 Sentinel, appareils utilisés aussi bien pour la liaison, l’observation, l’évacuation sanitaire, le réglage des tirs, les opérations clandestines.
D’autres exemplaires furent livrés à l’US Navy, à l’US Army, à l’USMC mais également à des pays étrangers comme la Grande-Bretagne, la France, l’Australie et la Grèce, d’autres pays comme l’Italie, le Japon, la Corée, les Philippines, la Chine, la Thaïlande reçurent des appareils après guerre, généralement des appareils issus des immenses stocks américains.
De nombreux appareils ont été utilisés sur le marché civil et un nombre non négligeable de L-5 Sentinel sont encore en état de vol aujourd’hui.
La Grèce à reçu une poignée d’appareils utilisés au profit des unités de l’armée de terre pour l’observation et le réglage des tirs de l’artillerie. Ils vont être après guerre utilisés pour la lutte anti-guerilla au cours de la guerre civile grecque.
Caractéristiques Techniques du Stinson L-5 Sentinel
L’armée yougoslave avant la Yougoslavie : miscellanées
Dans cette partie je vais brièvement parler de l’art de la guerre slave et du rôle des unités slaves dans la défense de l’empire austro-hongrois, croates, slovènes et serbes de Croatie jouant un rôle important dans la défense de la Frontière Militaire, une marche destinée à contrer non seulement les invasions ottomanes planifiées mais surtout les raids de pillage menés par les tristement célèbres bachi-bouzouks.
Représentation graphique es unités de la Frontière Militaire
En revanche en ce qui concerne la Serbie le rôle joué par l’armée serbe dans le premier conflit mondial mérite des catégories à part.
Les Slaves sont apparus dans l’histoire au 6ème siècle venant des steppes russes. Il s’agissait essentiellement nomades combattant donc à cheval même si très vite les unités d’infanterie se développèrent par exemple sous l’empire bulgare, la noblesse bulgare ne jurant que par et pour la cavalerie, laissant les slaves combattre au sein des unités d’infanterie.
Avec la montée en puissance des habsbourgs et la menace ottomane, les slaves ont servit de soldats pour les deux camps et surtout pour la maison d’Autriche qui pour faire face aux ottomans transforma l’actuel sud de la Croatie en marche militaire.
Les pandurs étaient une unité de cavalerie légère qui comme les dragons pouvaient aussi combattre à pied
Le 5 décembre 1868 est créée la garde nationale royale de croatie (Kraljevsko hrvatsko domobranstvo), une entitée militaire de l’armée royale hongroise. Cela faisait suite au compromis hungaro-croate de 1868 qui faisait suite au compromis de 1867.
Cet accord prévoyait que les croates et les serbes de Croatie réalisent leur service militaire en Croatie, que l’entrainement se fasse dans la langue croate, que des académies soient mises sur pied et que les unités puissent prendre des noms croates.
Cette force militaire est d’abord composée de huit escadrons stationnées dans cinq villes différentes.
C’est ainsi que la ville de Varazdin accueille les 29ème, 30ème et 79ème escadrons, Zagreb le 80ème, Virovitica le 81ème, Vukovar le 82ème et enfin Vinkovici les 31ème et 32ème.
Suite à une réforme, les moyens sont réorganisés en huit bataillons stationnés à Sisak (83ème bataillon), Bjelovar (84ème), Gospic (87ème), Ogulin (88ème),Svarca (89ème), Glina (90ème), Nova Gradiska (91ème) et Mitrovica (92ème).
Une nouvelle réforme regroupe les moyens en cinq régiments stationéns à Zagreb (25ème), à Karlovac (26ème), Sisak (27ème), Osijek (28ème) et Varazdin (10ème), les quatre premiers régiments étant des unités d’infanterie, le dernier un régiment de cavalerie.
Ces unités vont participer à la première guerre mondiale sur le front serbe, la garde nationale disparaissant en même que l’Autriche-Hongrie.
Au sud de la future Yougoslavie on trouve l’armée royale monténégrine. Avant d’être royale cette armée défendait la principauté du Monténégro qui devint royaume en 1910 pour seulement dix ans.
Cette armée est réorganisée en 1880. Chaque commune doit former un bataillon de réserve ce qui représente quatre bataillons. Dès l’année suivante des exercices réguliers sont conduits.
Qui dit armée dit cadres et en 1882 quatorze monténégrins sont envoyés à l’étranger (notamment en Italie et en Russie) pour être formés au métier d’officier, dix d’entre-eux obtenant leur diplôme. Ils ouvrirent des cours à Podgorica, Niksic et Cetinje pour transmettre leur vécu.
En septembre 1885 une école de sous-officiers d’infanterie est ouverte à Podgorica. L’année suivante c’est une école d’officiers d’artillerie qui ouvre à Cetinje (c’est également la première école d’officiers du Monténégro).
En 1910 un texte est adopté pour officialiser les lois et l’organisation de l’armée monténégrine qui s’organise entre des unités d’infanterie, d’artillerie, de reconnaissance, du génie, des unités sanitaires, dees ouvriers militaires, une justice militaire, une gendarmerie et des unités logistiques.
Trois ans plus tard en 1913 la gendarmerie monténégrine devient une unité de police spéciale.
Depuis 1912 le territoire du royaume du Monténégro est divisé e quatre zones divisionnaires : Cetinje, Podgorica, Niksic et Kolasic. Suite aux deux guerres balkaniques on ajoute les zones divisionnaires de Plevlja et de Pec.
A cette époque l’armée monténégrine comprend onze zones de brigade, cinquante-deux districts et 322 zones bataillonnaires.
Chaque division d’infanterie regroupe deux ou trois brigades avec également trois batteries d’artillerie. Cela représente une force militaire de 55000 hommes.
Après avoir participé aux deux guerres balkaniques aux côtés de la Serbie, l’armée monténégrine mobilise 50000 hommes alors que début la première guerre mondiale.
Ces moyens sont répartis entre la Division de Plevjla qui comprennait dix bataillons soit environ 6000 hommes, le Détachement d’Herzegovine composé de quinze bataillons et d’environ 15000 soldats, le Détachement de Lovcen qui disposait de 18 bataillons et d’environ 8000 hommes alors que le Détachement de la Vieille Serbie disposait de treize bataillons et d’environ 6000 hommes.
Mal équipée cette armée fit ce qu’elle pu face à l’offensive austro-hongroise lancée en 1916 et qui submergea rapidement le petit royaume qui ne le savait pas encore mais allait disparaître après moins de dix ans d’expérience.
Feldwebel (sergent) de l’infanterie bosniaque
Au sein de l’empire austro-hongrois on trouvait des unités d’infanterie bosniaques. Appelées Bosniaken, ces soldats étaient recrutés en dehors des régions autrichiennes et hongroises avec une part significative de personnel de confession musulmane (un tiers environ).
Formant des régiments ils portaient leurs propres uniformes, une coiffure distinctive (le fez) et disposaient de leur propre séquence numérale.
En 1914 ils formaient quatre régiments d’infanterie numérotés un à quatre et un bataillon de fusilier de campagne (Feldjägerbataillon).
Suite au Congrès de Berlin, l’Autriche-Hongrie avait reçu l’administration de deux provinces ottomanes, le Vilayet de Bosnie et le Sandjak de Novi-Pazar. L’occupation militaire généra des combats jusqu’en octobre 1878, les austro-hongrois perdant plus de 4000 soldats (946 morts et 3980 blessés).
Pour assurer le maintien de l’ordre les austro-hongrois lèvent une force militaire local baptisée pandurs mais c’est un échec cuisant, nombre d’entre-eux se transformant en brigands qui augmentent l’insécurité qu’ils étaient censés combattre.
En novembre 1881 le gouvernement austro-hongrois passe une loi militaire ou Wehrgesetz obligeant les bosniens à servir dans l’armée impériale.
Cela entraine un certain nombre de révoltes entre décembre 1881 et janvier 1882, révoltes durement réprimées. Il faudra l’intervention du Mufti de Sarajevo pour ramener le calme.
Les premières unités d’infanterie sont levées en 1882 dans les quatre principaux districts de recrutement (Sarajevo, Banja Luka, Tuzla et Mostar). Du format companie ils passent au statut de bataillon (huit en 1889). En 1892 trois autres bataillons sont mis sur pied.
En 1894 l’administration militaire met sur pied l’association du régiment d’infanterie de Bosnie-Herzégovine pour préparer son intégration à l’armée impériale. Cette décision est juridiquement validée mais ne sera pleinement appliquée qu’en 1897. En 1903 le Feldjägerbataillon est mis sur pied.
A l’orée du premier conflit mondial, les quatre régiments d’infanterie bosniaques regroupent 10156 hommes plus 21327 réservistes. Le Feldjägerbataillon comprend 434 jägers (chasseurs) et 1208 réservistes. Sur plan religieux c’est ainsi équilibré avec un tiers de musulmans, un tiers de serbes orthodoxes et un tiers catholiques romains avec respectivement 31, 39 et 25, le reliquat soit 5% étant constitué de catholiques grecs (uniates), de juifs et de protestants.
Durant le premier conflit mondial les effectifs connurent une très grande expansionavec pas moins de 36 bataillons de 1200 hommes chacun soit un effectif théorique de 43200 soldats.
Une telle expansion ne peut se faire sans «tricher» sur l’origine des recrues et on pu voir des hongrois, des polonais, destchèques et des ukrainiens rejoindre les unités bosniennes pendant que des bosniens rejoignaient des unités de recrutement germanophone ou magyarophone. Cela diminua l’efficacité d’unités qui restèrent fidèles à la Double-Monarchie et ce jusqu’à la fin du conflit.
En 1916 la conquête de l’Albanie ouvrit à Vienne un autre vivier potentiel de recrutement et c’est ainsi que 5000 albanais furent recrutés au sein d’unités dont l’encadrement était fourni par des officiers bosniens de confession musulmane.
Plusieurs furent décorés voir anoblis pour acte de bravoure au combat, certains connaissant une deuxième carrière militaire au sein des forces armées de l’Etat indépendant de Croatie ou au sein d’unités recrutées par la Waffen S.S.
En ce qui concerne les uniformes ces régiments ont un certain nombre de particularités comme le fez comme couvre-chef. En théorie les officiers portaient la casquette plate ou le shako mais dans la pratique c’était beaucoup plus compliqué. La vareuse était de même couleur que celles de l’infanterie de ligne allemande, les boutons étaient en bronze. L’uniforme des officiers était bleu clair avec un col rouge et des boutons jaune.
Le Feldjägerbataillon avait un uniforme différent. Les officiers et les cadets portaient le même uniforme que le bataillon de chasseurs tyroliens (Tyrolean Jägerbataillon) alors que les soldats du rang portaient un uniforme gris avec des pattes de col vertes et un fez de couleur rouge-brun.
Le corps de gendarmerie (zandamerijski) portait le couvre-chef des Jägers mais avec des plumes noires.
En 1908 l’uniforme bleu gris clair est introduit pour le combat et le service quotidien, réléguant la tenue décrite plus haut (bleu clair) pour les parades et les périodes de repos. Deux ans plus tard un fez de même couleur est adopté même si le fez rouge-brun était retenu pour la tenue de parade et la tenue de repos.
Durant les combats sur le front de l’est, l’uniforme adopté en 1908 se révéla trop visible et en urgence un uniforme d’une teinte proche de l’armée impériale allemande fût adopté même si comme souvent en temps tous les uniformes ne purent être changés.
En ce qui concerne l’armement, les unités bosniennes furent équipées durant toute leur carrière du fusil Mannlicher M1890.
Le processus qui allait aboutir à la création de la Yougoslavie commence officiellement le 20 juillet 1917 par la Déclaration de Corfou.
En 1916 le parlement serbe en exil se réunit à Corfou, île grecque qui avait accueillit troupes, civils et institutions serbes après l’occupation du pays par les Empires Centraux. Un vote solennel propose la création d’un «royaume des slaves du sud».
Ce texte solennel et non contraignant est validé par le Comité Yougoslave qui regroupait des politiciens croates, slovènes et serbes pour faire avancer le projet d’une union des slaves du sud, une sorte de lobby pro-slave.
Ce comité se rapproche du royaume de Serbie et peut se targuer du soutien de la France et de la Grande-Bretagne pour qui tout ce qui peut affaiblit la double monarchie est bon à prendre. Cela doit aboutir à un monarchie parlementaire sous l’autorité de la dynastie Karadjordevic, une dynastie qui est apparue en 1804 et qui régna sur la Serbie avec des éclipses puisqu’elle fût au pouvoir de 1804 à 1813, de 1842 à 1858 et depuis 1903. La constitution doit être rédigée par une assemblée nationale constituante qui devra être élue après guerre.
Le 6 octobre 1918 un conseil des Slovènes, Croates et des Serbes prends le pouvoir à Zagreb. Cette entité proto-gouvernementale est naturellement pro-alliée.
Le 28 octobre 1918 suite à l’implosion de l’Autriche-Hongrie nait l’Etat des Serbes, Croates et Slovènes. Le lendemain 29 octobre, un parlement croate pro-yougoslave le Sabor se réunit à Zagreb et proclame l’indépendance d’un état regroupant les Serbes, les Croates et les Slovènes.
Le 31 octobre 1918 ils annoncent leur volonté de s’unir aux serbes et aux monténégrins même si il faudra pour cela attendre le 1er décembre pour que cela devienne officielle/ Trois jours Trois jours plus tôt le royaume du Monténégro s’associe à la Serbie suite à un vote controversé d’une assemblée réunie à Podgorica.
Le 5 novembre 1918 le Conseil National installé à Zagreb demande l’aide de l’armée serbe pour rétablir l’ordre dans une Croatie en pleine anarchie.
Très vite des tensions apparaissent entre croates et serbe. C’est ainsi qu’en mai 1919 un comité croate est créé, comité s’opposant au jeune état qui apparaît de plus en plus comme une Serbie sous stéroïdes. Ce comité n’à cependant qu’un impact limité ce qui explique son exil à Graz puis à Vienne.
Issus pour beaucoup de l’armée austro-hongrois et militants au sein du Parti des Droits (1861-1929), ils vont pour certains finir en prison. En 1921, quatorze membres sont jettés en prison dont un certain Ante Pavelic, le futur Poglavnik de l’Etat indépendant de Croatie.
Tous les territoires peuplés de Slaves ne vont pas intégrer la future Yougoslavie. La Carinthie choisit de rester autrichienne après un plébiscite réalisé le 10 octobre 1920.
Zadar et des îles dalmates intégreront le royaume d’Italie alors que la ville de Fiume formera jusqu’en 1924 un Etat libre brièvement occupé par Gabriele d’Annunzio et ses arditi. En 1924 l’ancien état libre est divisé entre l’Italie qui récupère la ville de Fiume et la Yougoslavie qui récupère l’arrière pays.
Après un long processus, un processus heurté et chaotique, le Royaume des Serbes, Croates et Slovènes dispose enfin de sa constitution. La Constitution de Vidovdan est approuvée par l’Assemblée nationale constituante le 28 juin 1921, un vote marqué par un boycott de l’opposition.
En effet ce texte voté le jour de la Saint Vitan ne l’est que par 258 députés sur 419 (223 oui 35 non) avec 161 abstensions (plus d’un tiers des députés).
Ce texte va être en vigueur jusqu’au 6 juin 1929 quand le roi Alexandre 1er suspend la constitution et instaure une dictature royale.
Clairement l’adoption de cette constitution révèle de nombreuses failles. Si plusieurs partis y sont favorables (Parti Démocratique, Parti Radical Populaire, Organisation des Musulmans Yougoslaves, Alliance des agrariens et le Dzemiyet _un parti musulman_) d’autres sont opposés que ce soit dès le début (Parti Social Démocrate, Parti Républicain) ou durant le processus (communistes, Parti des Paysans Républicains Croates, Parti Populaire Slovène, Parti Populaire Croate et l’Union Croate).
La constitution de Vidovdan fait de la Yougoslavie un royaume parlementaire avec une monarchie héréditaire. Au grand dam des slovènes et surtout des croates on choisit la forme unitaire et non la forme confédérale.
Le pouvoir législatif est assuré par le roi et l’Assemblée Nationale, le monarque sanctionne et promulgue la loi, peut déclarer la guerre et signer la paix. Il peut également nommer aux emplois publics et dissoudre l’Assemblée.
Le parlement est de type monocaméral (une seule chambre), élu par un suffrage censitaire masculin ce qui peut paraître anachronique en 1921.
Le Conseil des Ministres est responsable devant le roi mais aussi devant l’assemblée. Les ministres ne sont pas obligés d’être parlementaires.
Des projets alternatifs ont été proposés, un projet du parti paysan républicain croates et un autre de l’Union Croate qui proposait un royaume confédéral avec Serbie, Croatie, Monténégro, Bosnie-Herzegovine, Voïvodine et Slovenie.
Signe des tensions du moment, le 21 juillet 1921 le ministre de l’Intérieur Melorad Draskovic est assassinné par les communistes.
La vie politique yougoslave est particulièrement mouvementée. Elle prend un tour dramatique le 20 juin 1928 quand le député Punisa Rasic (qui sera condamné à 20 ans de prison mais n’en fera que six) ouvre le feu au parlement sur cinq députés du Parti Paysan Croate, tuant deux députés et blessant les autres dont leur chef, Stjepan Radic. Ce dernier qui finira par succomber à ces blessures était certes croate mais croyait dans le projet yougoslave. Nul doute que l’évolution du pays aurait été différente si il avait survécu.
Alexandre 1er
Conséquence de cet attentat, le roi Alexandre 1er suspend la constitution le 6 janvier 1929 et met en place une dictature royale qui va durer un peu plus de deux ans jusqu’à la mise en place d’une nouvelle constitution par le décret du 3 septembre 1931.
Cette constitution de 1931 comprend douze chapitres (1-Dispositions générales 2-Droits et Devoirs citoyens 3-Précautions sociales et économiques 4-Pouvoirs de l’Etat 5-Le Roi 6-La Régence 7-Parlement 8-Pouvoirs exécutifs 9-Pouvoirs judiciaires 10-Finances 11-Armée 12-Modifications de la Constitution) et 120 articles.
Alexandre 1er tente de centraliser la Yougoslavie, d’en faire un véritable état unitaire. En clair qu’un habitant de Zagreb ou de Lubjana se sente davantage yougoslave que croate ou slovène.
C’est ainsi que les régions historiques sont remplacées par des provinces (Banavinas) qui prennent souvent le nom des fleuves qui les traversent (Drava, Sava, Vrbas, Littoral, Zeta, Vardar, Morava, Drina et Danube).
Ces réformes politiques se doublent d’une vigoureuse répression policière et judiciaire (création d’une cour de surêté de l’Etat le 11 janvier 1929) contre toute forme d’opposition politique. C’est ainsi que les partis politiques s’appuyant sur l’ethnie, la religion ou une région sont interdits. L’administration est réorganisée, le droit est unifié tout comme les programmes scolaires.
Cette politique va se révéler contre productive car pour les non-serbes, la Yougoslavie d’Alexandre 1er n’est qu’une Serbie aggrandie.
Il sera d’ailleurs assassiné le 9 octobre 1934 à Marseille en compagnie du ministre des affaires étrangères français Louis Barthou par Vlado Chernozenski, un terroriste de la VMRO ( Vatreshna Makendonska Revolutsionna Organizatasiya), une organisation macédonienne mais qui avait bénéficié du soutien des Ustachis croates, ces deux organisations ayant appelé le 20 avril 1929 à l’indépendance de la Croatie et de la Macédoine.
Le roi Pierre II en compagnie du général Montgomery et de Winston Churchill
Les années trente sont tendues et quand la guerre de Pologne éclate le royaume de Pierre II est bord de l’implosion. Heureusement cela s’apaise un peu avec la Pax Armada qui voit la Yougoslavie revenir à un état fédéral, Belgrade lâchant du lest pour tenter de reconquérir les croates et les slovènes.
Le concept de regrouper les Slaves du Sud (Yougo-Slaves) apparaît à la fin du 17ème siècle. Au 19ème siècle le mouvement illyrien (1835-1863) marque la naissance d’un sentiment national croate.
Au delà du culturel, les leaders du mouvement voulaient créer au sein de l’Autriche-Hongrie un établissement national croate. Ils évolueront vers l’idée de regrouper sous un même état les cousins slovènes, bosniens et serbes, les Jug-Slaveni (sud-slaves).
On aurait pu aboutir à la Croatie comme cœur moteur de l’union des Slaves du Sud mais comme nous le savons tous ce sera la Serbie, état constitué en 1918 qui deviendra le cœur battant de la future Yougoslavie.
Cette union va se faire sur les ruines et les décombres de l’Autriche-Hongrie qui comme les trois autres empires présents en août 1914 disparaît ce qui était plus ou moins attendu tant les observateurs les plus lucides savaient que comme la Russie des Romanov, l’Autriche-Hongrie des Habsbourgs était un colosse aux pieds d’argile traversé par tellement de failles que sa survie jusqu’en 1918 pouvait être considéré comme miraculeuse.
Il était important pour moi de rappeler le contexte car cela expliquera un certain nombre de choses par la suite. Je pourrai refaire de l’uchronie dans l’uchronie mais on peut imaginer une histoire différente si les slovènes, les croates, les bosniens et les monténégrins s’étaient unis dans un contexte de paix.
L’union va se faire dans les années chaotiques de l’immédiat après premier conflit mondial où les passions sont encore à vif. Les croates et les slovènes sont impatients de prendre leur indépendance et espèrent que les serbes joueront le jeu d’une véritable union.
Or la Serbie qui à terriblement souffert du premier conflit mondial (violents combats, anabase homérique, occupation rude) veut restaurer sa grandeur et son prestige (N’oublions pas que la Serbie avant la conquête ottomane à connu des périodes où elle était un acteur majeur de la région).
Les non-dits et les rancoeurs vont provoquer un chaos politique régulier, un chaos à bas bruit avec une vie politique mouvementée, une tentative du roi Alexandre 1er de Yougoslavie de centraliser et d’unifier la Yougoslavie au mépris du poids des nationalités, volonté que l’on pourrait comparer à celle d’un «despote éclairé» voulant faire le bien de ses sujets contre leur gré (NdA éternel débat de savoir si le pouvoir doit suivre tout ce que le peuple veut ou si il doit parfois aller à contre-courant), volonté qui allait lui coûter la vie un jour d’octobre 1934 du côté de Marseille.
La Yougoslavie retourne ensuite à la démocratie avec le règne de Pierre II, fils encore mineur du roi assassiné. Si la situation s’apaise un temps, nul doute que si la guerre de Pologne s’était prolongée on aurait pu craindre le pire pour le royaume de Yougoslavie surtout en cas d’invasion étrangère qu’elle soit italienne ou allemande.
La Pax Armada va être l’occasion de revenir à plus de stabilité, plus de sérénité. Pierre II en dépit de son jeune âge va se montrer assez habile.
Il parvient à donner des gages aux slovènes et surtout aux turbulents croates. Il réprime les extrémistes de tous bords et tente de dévelloper une véritable idéologie yougoslave un peu comme son père mais avec plus de réussite.
En septembre 1948 si la Yougoslavie n’à pas exorcisé tous ces démons elle peut voir l’avenir avec une relative sérénité. C’est alors que le second conflit mondial éclata……. .
Du Royaume des Serbes, Croates et Slovènes au Royaume de Yougoslavie
Petit retour en arrière : la Serbie entre grandeur et décadence
Le cœur battant de la Yougoslavie est donc à l’est sous la forme de feu le Royaume de Serbie (Kraljevina Srbija) qui le 6 mars 1882 succède à la Principauté de Serbie (Kneževina Srbija)quand le prnce Milan de la dynastie Obrenovic devient roi sous le nom de Milan 1er.
Cette principauté avait officiellement vue le jour en 1817 quand après des années de troubles et plusieurs révoltes l’empire ottoman décide de lâcher du lest. Il faut néanmoins attendre 1830 pour que cette situation se stabilise juridiquement parlant avec la mise en place d’une série de textes à partir de 1828. Milos Obrenovitch devient prince hériditaire de Serbie.
Cet état va voir deux dynasties alterner au pouvoir. C’est ainsi que les Obrenovic sont au pouvoir de 1815 à 1842 et de 1858 à 1882, les Karadjordevic de 1842 à 1858 avant de revenir au pouvoir en 1903 à une époque où la principauté est devenue royaume.
Vont donc se succéder sur le trone serbe Milos Obrenovitch 1er (1780-1860) prince hériditaire de servie de 1817 à 1839 et de 1858 à 1860, Ses fils Milan Obrenovitch II (1819-1839) et Michel Obrenovitch (1823-1868) qui règne respectivement en 1839 et de 1839 à 1842, Aleksandar Karadjordevic (1806-1888) prince de 1842 à 1858, Mihailo Obrenovitch III (1823-1868), prince de 1860 à 1868 et enfin Milan Obrenovitch IV (1854-1901), prince de 1868 à 1882 puis roi de Serbie jusqu’en 1889.
Le 5 octobre 1866 la Serbie signe une alliance avec le Monténégro puis avec la Grèce le 18 avril 1887 en vue d’une guerre contre l’empire ottoman pour libérer les peuples chrétiens du joug ottoman. Cette alliance allait finalement n’être qu’un coup d’épée dans l’eau.
En 1867 la garnison ottomane quitte occupait Belgrade quitte la capitale serbe. De facto la Serbie est indépendante même si il faudra attendre 1878 pour qu’elle soit reconnue de jure par le Congrès de Berlin.
D’abord limitée au territoire du Pashaluk de Belgrade (appelé également territoire du Sandjak de Smeredevo) la principauté s’étend entre 1831 et 1873 vers l’est, le sud et l’ouest.
La population est à 87% serbe. On trouve également 10.5% de Valaques, 2.1% de Roms et 0.5% d’autres nationalités. Sur le plan religieux, la religion orthodoxe est dans une situation monopolistique avec 99.2% des habitants fidèles de cette religion.
La croissance démocratique est spectaculaire puisque la Serbie passe de 678192 habitants à 1 669 337 habitants entre 1834 et 1878.
En 1869 une nouvelle constitution est promulguée, neuf ans avant que l’indépendance ne soit officiellement reconnue au congrès de Berlin. En 1882 la principauté devient donc royaume, Milan Obrenovitch IV devant Milan 1er.
Du 14 au 28 novembre 1885 la Serbie affronte la Bulgarie dans une guerre où elle à le dessus et uniquement parce que les austro-hongrois ont menacé d’intervenir contre la jeune armée bulgare. Le conflit est réglé par le Traité de Bucarest signé le 19 février 1886. la Serbie reconnait l’unification de la Bulgarie (principauté de Bulgarie et Roumélie orientale sous l’union personnelle de Ferdinand 1er).
Une nouvelle constitution est promulguée en 1888 mais Milan 1er refuse de voir ses pouvoirs ains contraints et préfère abdiquer l’année suivante en 1889. Son fils Alexandre 1er (NdA à ne pas confondre avec le roi de Yougoslavie assasiné en 1934) lui succède en 1893 et supprime cette constitution en 1894.
Roi controversé par sa politique et par sa vie privée, Alexandre 1er Obrenovitch est assassiné en compagnie de son épouse et de sa famille dans la nuit du 28 au 29 mai 1903 (10/11 juin dans le calendrier grégorien) (Coup d’Etat de Mai) ce qui entraine l’extinction de cette maison régnante.
L’assemblée serbe (Shupstina) propose à Pierre Karadjordevic de devenir roi sous le nom de Pierre 1er. Après avoir hésité _on aime guère accepter une couronne après un coup d’état doublé d’un assassinat_ il finit par accepter et est couronné le 21 septembre 1904 (calendrier grégorien) dans un contexte difficile, la mort d’Alexandre 1er et de sa famille ayant choqué l’Europe entière.
Pierre 1er de Serbie puis de Yougoslavie
C’est la fin des bonnes relations avec l’Autriche-Hongrie, Belgrade se tournant davantage vers la France et la Russie. Un traité d’amitié est signé avec la Bulgarie en avril 1904 suivit d’une union douanière en juin 1905. Entre 1906 et 1909 une véritable guerre douanière oppose la Serbie à l’Autriche-Hongrie.
Le 6 octobre 1908 l’Autriche-Hongrie annexe la Bosnie-Herzegovine qu’elle occupait et qu’elle gouvernait depuis 1878. Pour la Serbie c’est un camouflet car ce territoire était une voie naturelle d’expansion. Cette annexion est comme nous le savons une réponse à la proclamation la veille de l’indépendance bulgare.
Le Royaume de Serbie va participer aux deux guerres balkaniques. Ces deux conflits véritables répétition de la première guerre mondiale sont les deux faces d’une même pièce avec d’abord des nations balkaniques unies pour chasser l’empire ottoman d’Europe puis des alliés d’hier devenus des ennemis d’aujourd’hui.
Un traité d’alliance serbo-bulgare est signé en mars 1912, Belgrade et Sofia voulant se partager le Vardar macédonien. En mai la Serbie signe un traité similaire avec la Grèce et en octobre c’est autour du Monténégro de signer un traité d’alliance militaire avec la Serbie.
Durant ces deux guerres la Serbie va conquérir le Kosovo _considéré comme le berceau de la nation serbe_, la Macédoine, le Sandjak de Novi Pazar. Le traité de Londres signé après la première guerre permet à la Serbie de s’emparer du Kosovo et du nord-ouest de la Macédoine.
Après la deuxième guerre qui voit la Bulgarie attaquer ses anciens alliés serbes et grecs, le traité de Bucarest permet à la Serbie de récupérer tout le Vardar macédonien. Elle aurait souhaité pouvoir disposer d’une fenètre maritime sur l’Adriatique mais les grandes puissances préfèrent créer un royaume d’Albanie. La Serbie gagne 81% de superficie et 1.6 millions d’habitants (passant de 2.9 à 4.5 millions).
Comme nous l’avons à propos de la Bulgarie, la Serbie est aux premières loges durant le premier conflit mondial. Attaquée par les Empires Centraux, elle fait mieux que se défendre mais finit par craquer.
Commence alors une terrible Anabase en plein hiver dans les montagnes albanaises.. 400000 militaires et civils entament un véritable périple direction les ports albanais où des navires italiens parviennent à les évacuer en direction de Corfou. Seuls 120000 soldats (sur 135000) et 60000 civils (sur 280000) parviennent sur l’île grecque. Cela n’est pas finit car 11000 soldats et civils finiront par succomber des conséquences de cette odyssée.
Les autres composantes nationales
Dans cette partie je vais balayer à gros traits l’histoire des autres composantes du royaume de Yougoslavie en essayant de rester factuel et de ne pas trop me disperser.
Slovenie
La Slovénie à fait partie intégrante de l’empire romain. Les invasions barbares vont dévaster le territoire et pour cela les habitants de la future Slovénie ne peuvent incriminer que la géographie puisque leur territoire est un point de passage obligé entre la plaine de Pannonie et la péninsule italique.
Les Slaves s’installent dans ce qui allait devenir la Slovénie à la fin du 6ème siècle. Le territoire va ensuite passer sous l’autorité du Saint Empire Romain Germanique puis après 1806 sous la souveraineté de l’empire d’Autriche et de la maison des Habsbourgs.
Les ancêtres des slovènes actuels occupaient les régions actuelles de la Carinthie, de la Styrie (ouest) et de la Slavonie. Il y eut une brève union avant une division entre les slaves de Carniole (Slovénie actuelle) alors que les Slaves du Nord vont former la Principauté de Carantanie qui par déformation allait devenir la Carinthie. Cette dernière en 746 passe sous la tutelle de la Bavière.
Au 9ème siècle le territoire est sous l’influence du duché de Bavière mais aussi d’une puissance en devenir, la République de Venise. En 952 l’empereur Othon 1er fonde un duché de Karananie qui intègre une partie de l’actuelle Slovenie.
Région frontalière, la future Slovenie était une marche pour protéger le Saint Empire contre les incursions des slaves et des hongrois. La Carniole qui correspond grosso modo à la Slovenie actuelle est une marche de 1040 à 1364 puis un Duché de 1364 à 1918.
La Slovenie n’à pas de statut spécifique mais ils ont des députés à Vienne. Un embryon d’Etat slovène, le comté de Celje disparaît en 1456 après la mort du dernier titulaire tué par Jean Hunaydi.
Si les élites soucieuses de leur position se germanisent, la paysannerie résiste et conserve une identité spécifique. Sur le plan religieux la Réforme est un temps très populaire mais la Contre-Réforme catholique finit par triompher notamment grâce à l’action de l’Archiduc et futur empereur Ferdinand (empereur de 1590 à 1637). En 1573 une révolte paysanne dévaste la région.
En 1806 le Saint Empire Romain Germanique disparaît cédant la place à l’Empire d’Autriche. Les territoires correspondant à la Slovénie restent domaines patrimoniaux de la Maison d’Autriche. Une partie de la Slovénie, le duché de Carniole dont la capitale était Laibach (Lubjana) intègre les Provinces Illyriennes, un territoire sous contrôle français d’octobre 1809 à août 1813. En 1815 le duché est réintégré à l’Autriche avant d’intégrer le Royaume d’Illyrie le 2 août 1816.
Ce royaume va rapidement perdre des territoires au profit des royaumes de Croatie et de Slavonie, le royaume d’Ilyrie ne regroupant plus que le duché de Carinthie, le duché de Carniole et le Littoral Autrichien qui correspond grosso modo à l’Istrie et à la Dalmatie.
En 1848 une proposition est faite pour regrouper tous les slovènes sous un même royaume autonome. Ce projet n’aboutit pas et en 1849 le royaume disparaît laissant des territoires autonomes (Carinthie, Carniole et le Littoral autrichien).
En février 1861 une patente met en place une Diète provinciale qui envoie des élus au Reichsrat, le parlement de la Cisleithanie.
Après 1918 et la disparition de l’Autriche-Hongrie, une grande partie du territoire slovène va intégrer la Yougoslavie mais une petite partie (32700 km² et 1.3 millions d’habitants tout de même) intègre le Royaume d’Italie.
Toujours en 1918 un conflit armé oppose les slovènes à la République d’Autriche allemande, l’un de ses états éphémères apparus dans l’immédiat après guerre. Les territoires contestés ssont la Basse Styrie et le Sud de la Carinthie. Par le traité de Saint Germain, Maribor et la Basse Styrie sont accordés à la Yougoslavie.
Des combats ont lieu en Carinthie du Sud (décembre 1918 à juin 1919), des volontaires slovènes aidés par l’armée serbe tentent d’occuper Klagenfurt.
En octobre 1920 la majorité de la population de la Carinthie du Sud vote pour rester autrichienne, la seule exception étant la région autour de Dravograd et de Gustany qui est accordée à la future Yougoslavie.
Le traité de Trianon (1920) accorde au royaume de Yougoslavie une région pourtant non slovène, celle de Prekmuye qui appartenait à la Hongrie depuis le 10ème siècle.
En 1929 la Slovénie est rebaptisée Drava Banovina (Drava Banate) du nom de la rivière Drava, la capitale provinciale étant logiquement Lubjana, l’ancienne Laibach. La Slovénie renait en 1944 et sans devenir confédérale la Yougoslavie se libéralise.
Cela explique en partie pourquoi les slovènes et les croates ont combattu en 1949 avec une certaine détermination alors que le haut-commandement serbe craignait mutineries et désertions massives.
Croatie
La Croatie telle que nous l’entendons aujourd’hui couvrait deux provinces romaines, la Dalmatie et la Pannonie. Après 476 et la chute de l’Empire romain d’Occident, elle est occupée par les Ostrogoths pendant cinquante ans avant d’être intégré à l’empire byzantin.
Au VIIème siècle apparaissent ce qu’on pourrait qualifier les proto-états croates, le Duché de Croatie et le Duché de Croatie Pannoniène. Si le premier va perdurer, le second disparaît au 10ème siècle après environ 300 ans d’existance.
Le Duché de Croatie comprend le littoral de l’actuelle Croatie sauf l’Istrie. Ce territoire est l’objet des convoitises franques et byzantines. Une rivalité nait également avec l’orgueilleuse République de Venise bien décidée à faire de l’Adriatique une Mare Venetium. Des batailles opposent les croates aux bulgares mais très vite les relations s’améliorent à la différence des relations avec les arabes qui restent hostiles.
Vassalisé par les Francs vers 790, le duché de Croatie devient en 879 un duché sans suzeraineté suite à l’intervention du pape Jean VIII. En 925 le duché de Croatie devient un royaume d’abord indépendant puis en union personnelle avec la Hongrie à partir de 1102.
La Croatie est en première ligne contre les ottomans. Une marche militaire appelée la Frontière Militaire/Militärgrenze/Vojna Krajina est mise en place en 1553 et supprimée en 1881. C’était un véritable front pionnier avec fortins, fortifications et surtout une colonisation de peuplement par des valaques, des allemands et surtout des serbes ce qui entrainera une cascade de terribles événements notamment durant le second conflit mondial. D’ailleurs la région concernée en Croatie est la Krajina.
Si la Croatie dépend de la Cisleithanie, il est important de noter que la Dalmatie forme un Royaume autonome.
Comme nous l’avons déjà vu au milieu du 19ème siècle, apparaît un romantisme nationaliste croate pour contrer une politique de germanisation et de magyarisation. C’est le mouvement illyrien.
En 1848 la Croatie, la Slavonie et la Dalmatie restent du côté habsbourgeois par peur du nationalisme hongrois. Cela ne leur valut aucun traitement de faveur de la part du nouvel empereur François Joseph.
En 1867 l’empire d’Autriche devient l’empire austro-hongrois et l’année suivante en 1868 on compromis croato-hongrois est signé.
En 1918 les croates décident de s’engager dans l’aventure de l’idée yougoslave dans l’espoir d’aboutir à un état confédéral. Leurs espoirs vont être vite deçus et cette déception est rendue encore plus amère par le fait qu’économiquement la Croatie moins touchée par le premier conflit mondial s’en sortait mieux que nombre de régions de Serbie.
La situation reste très tendue pour ne pas dire explosive en Croatie durant l’entre-deux-guerres et nul doute que si Pierre II n’était pas revenu sur la politique autoritaire de son père nul doute qu’avant même l’invasion germano-italienne la Croatie aurait explosé provoquant l’implosion de la Yougoslavie.
Bosnie-Herzegovine
Peuplée à l’époque néolithique, elle à été ensuite habitée par les illyriens et les celtes. Comme toute l’Europe la future Bosnie-Herzegovine à été christianisée à partir du 1er siècle et trois siècles plus tard elle était une partie de l’Empire Romain d’Occident avant d’être envahit par les Barbares suite aux invasions du même nom. Plus précisément ce sont les Ostrogoths qui occupent la région et ce dès 455. Les Alains et les Huns traversent également la région.
Après une reconquête sous l’empereur Justinien, l’actuelle Bosnie-Herzegovine est occupée par les avars puis par les slaves. Une certaine influence des Francs est à noté, certains leur attribuant l’introduction du féodalisme même si pour certains ce n’est pas si évident que cela. Le territoire est également l’objet des convoitises serbes, croates et même bulgares.
En 1136 le roi de Hongrie Béla II envahit la Bosnie et créa le titre de Ban de Bosnie, un titre honoraire pour son fils Ladislas II. De 1167 à 1180 la Bosnie-Herzegovine revient temporairement dans le giron byzantin.
Territoire autonome, la Bosnie devient un royaume en 1377 mais moins d’un siècle plus tard en 1463 l’empire ottoman occupe la région (la résistance va perdurer jusqu’en 1527 mais de manière épisodique), la transformant en profondeur puisque les populations locales se convertissent pour une part importante d’entre-elles à l’islam. C’est le début d’une domination qui va durer 415 ans jusqu’en 1878.
A partir de 1831 les paysans bosniens se révoltent. Cette révolte est réprimée seulement en 1850 mais la situation reste toujours aussi tendue. Une véritable rébellion éclate en 1875 et sous la pression des événements mais aussi des grandes puissances, la Sublime Porte va céder à l’Autriche-Hongrie l’administration de la Bosnie-Herzegovine.
La Bosnie-Herzegovine est occupée par l’Autriche-Hongrie entre le 29 juillet et le 20 octobre 1878, occupation qui n’est pas une promenade de santé puisqu’on signale quelques combats avec les ottomans et des milices locales.
Officiellement la Bosnie-Herzegovine appartient toujours à la Sublime Porte mais en réalité c’est devenue une région de l’empire austro-hongrois. Vienne veut en faire une colonie modèle et pour cela va mettre sur pied le Condominium de Bosnie et d’Herzegovine, condominium placé sous l’autorité du ministre des Finances austro-hongrois via un office bosnien.
La politique habsbourgeoise se heurte rapidement aux spécificités du territoire et à l’influence de l’idée yougo-slave, diablement séduisante pour les élites bosniennes. A la fin du siècle les serbes et les musulmans de Bosnie (ou Bosniaques) réclament l’autonomie religieuse et l’autonomie scolaire.
Le projet de dévelloper une identité bosnienne spécifique échoue. Résultat en 1905 la vie politique en Bosnie et en Herzegovine est dominée par trois partis communtaires représentant les serbes, les croates et les musulmans.
Le 5 octobre 1908 suite à la déclaration d’indépendance de la Bulgarie, l’empereur austro-hongrois François Joseph annonce l’annexion de la Bosnie-Herzegovine. Cette annexion est annoncée deux jours plus tard à Sarajevo.
C’est le début d’une crise internationale qui va durer jusqu’au 26 février 1909 quand la Sublime Porte finit par s’incliner. Elle reçoit des compensations matérielles et obtient le départ des garnisons austro-hongroises du Sandjak de Novi-Pazar.
Cette annexion est reconnue par la Russie le 21 mars mais uniquement après un ultimatum allemand. La Serbie la reconnaît le 31 mars et le Monténégro le 5 avril 1909.
Cette annexion entraine des troubles réprimés par un corps spécial austro-hongrois le Streifkorps même si très vite les partis musulmans soucieux de légalisme et de réalisme finissent par admettre cette annexion. Les croates de Bosnie sont d’abord très enthousiastes espérant rejoindre la Croatie et former avec le reste de la Bosnie-Herzegovine un pôle slave au sein d’une monarchie qui ne serait composée de deux pôles mais de trois.
En 1910 le territoire est peuplé de 1 898 044 habitants répartis entre des musulmans (612137 32.2%), orthodoxes (825418, 43.5%), catholiques (434061, 22.9%) et enfin 11868 juifs (0.6%).
La Constitution de 1910 met en place une Diète de Bosnie, un Conseil National et des conseils municipaux mais leurs pouvoirs sont naturellement très limités.
En ce qui concerne l’organisation locale, elle reste inchangée par rapport à l’époque ottomane, les seuls changements concernant les noms. C’est ainsi que le Vilayet de Bosnie devient le Reichsland, les sandjaks deviennent des Kreise (cercles), les Kazas (juridictions) des Bezirke, les Nahiyaks (cantons) sont rebaptisés Exposituren. On compte six Kreise et cinquante-quatre Bezirke.
Suite à l’implosion de l’Autriche-Hongrie, la Bosnie-Herzegovine va intégrer le Royaume des Serbes Croates et Slovènes (Yougoslavie en 1929) mais la région se montra rétive, s’opposant à une réforme agraire puis à une réorganisation des structures administratives qui finalement resteront assez semblables à celles de l’époque ottomane.
La mise en place des Banovina passe mal en Bosnie-Herzegovine d’autant que les bosniaques c’est à dire les musulmans de Bosnie ont le sentiment qu’à terme le territoire sera partagé entre serbes et croates. Finalement le système de banovina sera abandonné et les anciens régions rétablies ce qui allait calmer un peu la situation. Es-ce à dire que tous les problèmes ont été réglés ? Non bien sur le second conflit mondial allait se charger de le montrer.
Monténégro
Durant la période antique le Monténégro appartenait à la province romaine de Dalmatie. Peuplée d’abord par les illyriens, cette région est ensuite occupée par les slaves après avoir été ravavée par les Avars et les Goths. Les bulgares et les serbes vont aussi tenter d’occuper ce territoire tout comme les byzantins.
Au 9ème siècle pas moins de trois principautés se partagent le territoire actuel du Monténégro : la principauté de Dukja (qui correspond approximativement à la moitié sud), la principauté de Travunia (l’ouest) et celle de Rascia (le nord).
En 1042 la principauté de Duklja prend son indépendance, principauté qui devient celle de Zeta au 13ème siècle. En 1054 à lieu un schisme entre Rome et Byzance. Le futur monténégro bascule du côté de Rome avec l’érection de l’évêché de Bar en 1067 (archeveché en 1082).
Au 15ème siècle on appelle davantage la principauté de Zeta comme la principauté de Crna Gora ou en vénétien Monte Negro.
De larges portions du territoires sont occupées par l’empire ottoman de 1496 à 1878. le reste était sous contrôle de Venise notamment la région des bouches de Kotor (1420-1797) ou du prince-évêque de Cetinje (1515-1851). Une ultime dynastie émerge, celle des Petrovic-Njegos qui va régner jusqu’en 1918.
En 1852 le prince-évêque Danilo Petrovic-Njegos se marie et renonce à son état ecclésiastique, devenant le knjaz (prince) Danilo Ier et sécularisant son état.
Il est assassiné à Kotor en 1860 et remplacé par Nicolas 1er. Ce dernier engage une guerre infructueuse contre l’empire ottoman (1861-1862) puis tente de profiter du soulèvement de la Bosnie-Herzegovine (1875-1877) pour reprendre la lutte. Il est aidé par la Serbie mais là encore c’est un échec. Il faudra attendre l’intervention russe pour aboutir à quelque chose avec la signature du Traité de San Stefano (mars 1878), traité très favorable au Monténégro, à la Russie, à la Serbie, à la Roumanie et à la Bulgarie.
Ces gains vont être minorés par le Traité de Berlin (1878) même si ce traité reconnaît le Monténégro comme un état indépendant, état qui double sa superficie avec notamment le port de Bar. Les eaux monténégrines sont fermées aux navires de guerre étrangers. L’administration maritime et la police sanitaire est cependant assurée par l’Autriche-Hongrie.
En 1905 le Monténégro se donne d’une constitution et cinq ans plus tard il devient un royaume. Il participe aux guerres balkaniques, se partageant le Sandjak de Novi-Pazar avec la Serbie mais du rendre la ville de Skadar au nouvel état albanais créé par les grandes puissances.
Le 6 août 1914 le Monténégro déclare la guerre à l’Autriche-Hongrie en dépit du fait que Vienne lui avait promis la région de Shkoder/Skhadar si le petit royaume restait neutre. L’armée monténégrine est placée sous l’autorité du haut-commandement serbe pour des raisons de coordination.
Belgrade à offert une aide militaire (30 canons et 17 millions de dinars) tandis que la France envoyait 200 soldats des troupes coloniales à Cetinje pour armer deux stations radios de transmission mais aussi d’écoute. Du matériel, de la nourriture et différentes fournitures sont envoyées de France direction le port de Bar jusqu’à ce que ce dernier soit bloqué par la marine austro-hongroise.
Une fois l’Italie en guerre c’est Rome qui prit le relais, ravitaillant le pays par l’Albanie, une route non sécurisée, les irréguliers albanais organisés par des agents autrichiens attaquant les convois. Le manque de ravitaillement fût l’une des causes de la capitulation monténégrine après une belle résistance. L’occupation de la totalité du territoire serbe (décembre 1915) rendait impossible la situation du Monténégro qui est envahit en janvier 1916.
La campagne du Monténégro est une campagne éclair qui dure du 5 au 17 janvier 1916. Elle engage 100000 soldats austro-hongrois contre seulement 50000 monténégrins. Cette la suite directe de la submersion de la Serbie et de la retraite des troupes de Pierre 1er à travers les montagnes albanaises.
Les austro-hongrois voulaient s’occuper des monténégrins alliés à la Serbie mais aussi s’emparer des ports stratégiques de Durazzo et de Valona. Deux corps d’armée austro-hongrois, les 8ème et 19ème CA sont engagés. Le 11 janvier 1916 le mont Lovcen, position défensive monténégrine clé est prise par les austro-hongrois.
Le 13 janvier c’est la capitale qui est prise ce qui entraine l’ouverture de négociations pour un armistice. Les termes sont insupportables pour le roi qui refuse de signer, quittant le pays pour l’Albanie puis pour l’Italie le 19 janvier. Il ordonne au commandant en chef de continuer à combattre au besoin en se repliant sur l’Albanie pour retrouver les troupes serbes à Corfou.
Le gouvernement refuse et ordonne aux troupes monténégrines de déposer les armes. Ils obtiennent gain de cause le 17 janvier 1916.
le 1er mars 1916 un gouvernement militaire provisoire est mise en place sous l’autorité de Viktor Weber Edler von Webeneau qui est remplacé par Heinrich Clam-Martinic le 10 juillet 1917, ce dernier restant aux commandes jusqu’à la fin du conflit.
Après la libération du pays par les alliés un débat fit rage pour savoir si le Monténégro devait rester indépendant ou si il devait rejoindre le futur état des slaves du sud.
Le 1er décembre 1918 le royaume du Monténégro s’unit au royaume de Serbie, déclenchant des troubles entre Blancs et Verts.
Du 2 au 7 janvier 1919 à lieu l’insurrection de Noël (NdA les orthodoxes fêtent Noël le 6 janvier et non le 25 décembre).
Les Verts _nationalistes et séparatistes monténégrins_ refusent la décision de la Grande Assemblée Populaire du Monténégro d’unir le jeune royaume (28 août 1910) au Royaume de Serbie.
Mauvais perdants ? Faut voir puisqu’il devient rapidement évident que les débats de Podgorica (qui à l’époque n’était pas la capitale du pays puisqu’il s’agissait de Cetinje) ont été une farce puisque les Blancs favorables à l’idée yougo-slave et à l’union avec la Serbie ont truqué le processus électoral pour s’assurer d’une confortable majorité.
Es-ce à dire que les Blancs se moquaient de l’avenir de leur pays ? Non puisque comme les croates et les slovènes ils espéraient conserver l’identité monténégrine au sein d’une Yougoslavie confédérale.
Si la révolte va être rapidement réprimée, une guérilla épisodique va durer jusqu’en 1929, les Verts survivants prenant le chemin de l’exil. Les plus extrémistes ou les plus enragés selon les points de vue reviendront en 1949 dans les bagages de l’armée italienne pour servir d’auxiliaires aux troupes d’occupation. Inutile de préciser que ceux tombant aux mains de maquisards royalistes ou des partisans communistes subissaient un sort terrible.
Quand la Yougoslavie implosa au début des années quatre-vingt dix cette révolte de Noël devint un axe majeur du nationalisme monténégrin, les Verts comme les Blancs étant célébrés comme de fiers patriotes, oubliant la division irréconciable entre deux camps.
Macédoine
A la période antique l’actuelle Macédoine du Nord (anciennement Ancienne République Yougoslave de Macédoine) était occupée par le royaume de Paeonie, un royaume aux frontières floues peuplées essentiellement par des descendants illyriens et des thraces.
A la fin du 6ème siècle, les perses de la dynastie Achéménide dirigés par Darius le Grand occupent ce royaume mais après la défaite en -479 les perses se retirent en Asie mineure.
En -336 Philippe II de Macédoine annexe la Haute-Macédoine ce qui correspond à notre Macédoine du Nord actuelle.
La Macédoine est conquise par les romains en -146 devenant une province dont les dimensions vont évoluer, la partie nord intégrant la Mésie à l’époque de Dioclétien.
Les Slaves s’installent sur le territoire de l’empire byzantin, les historiens grecs les appelant Sklavines les slaves attaquant l’empire byzantin avec ou sans l’aide des bulgares et des avares. A plusieurs reprises les différents basileus qui se succèdent à Constantinople doivent lancer des campagnes contre des populations remuantes qui sont pour beaucoup déportées en Cappadoce (Turquie actuelle).
Vers 836 le territoire de la Macédoine intègre le premier empire bulgare, les populations s’assimilant avec les bulgares. C’est aussi à cette période que les slavkines se christianisent avec Saint Cyrille et Saint Methode. A la fin du 10ème siècle l’actuelle Macédoine du Nord devient le cœur idéologique et religieux du premier empire bulgare avec notamment l’évéché d’Ohrid qui après l’occupation de Preslav par Basile II devient le siège du patriarche bulgare.
La domination byzantine est à plusieurs reprises contestée par les serbes et par les bulgares. De 1257 à 1277, Constantin Asen qui fût tsar de Bulgarie était originaire de Skopje. Plus tard la capitale actuelle de la Macédoine du Nord fût celle de l’empire serbe de Stedan Dusan.
La région est conquise par les ottomans à la fin du 14ème siècle et va rester sous le joug de la Sublime Porte pendant près de 500 ans ccomme une partie de la province (Eyalet) de Roumélie («pays des Roums»).
L’Elayet de Roumélie est supprimé en 1867 et le territoire de la Macédoinr du Nord est partagé entre les Vilayet de Monastir, du Kosovo et de Salonique.
En 1903 une République de Krusevo est proclmée suite à la Révolte d’Ilinden-Preobrazhenie mais bien entendue cette république disparaît après la féroce répression ottomane.
En 1912 au cours de la première guerre Balkanique la région est capturée par la Serbie qui l’annexe une fois le conflit terminé à l’exception de la région de Strumica qui appartient à la Bulgarie de 1912 à 1919.
Cette région qui ne dispose d’aucun statut particulier au sein de l’Etat serbe est appelée Južna Srbija (Serbie du Sud ) pour la distinguer de la Stara Srbija (Vieille Serbie). De 1915 à 1918 la région est occupée par la Bulgarie.
Après le premier conflit mondial, le royaume de Serbie devient le cœur battant du Royaume des Serbes, des Croates et des Slovènes. En 1929, le royaume est rebaptisé Royaume de Yougoslavie et divisé en provinces ou banovinas. Le territoire correspondant à la Macédoine du Nord est appelée Banovina du Vardar avec Skopje comme capitale.
Après le premier conflit mondial la région subit une période de serbisation, les écoles bulgares, grecques et roumaines étant fermées, les prêtres bulgares et tous les enseignants non-serbes sont expulsés. Cette politique est violement combattu par la VMRO (Vatreshna Makendonska Revolutsionna Organizatasiya) en français l’organisation révolutionnaire intérieure macédonienne.
Durant le second conflit mondial, la Macédoine du Nord allait être occupée à la fois par les bulgares et par les italiens. Cette région allait connaître une occupation troublée avec de nombreux combats entre partisans et troupes d’occupation. Cela entraina comme nous le verrons un cycle infernal d’attentats et de représailles. Néanmoins au moins au début les bulgares furent bien accueillis par les populations locales bulgarophones.