Mitteleuropa Balkans (148) Yougoslavie (36)

L’armée de l’air yougoslave dans le second conflit mondial (1) : l’opération MARITSA

Organisation sommaire de l’armée de l’air royale yougoslave en juillet 1949

Comme les autres composantes de l’armée yougoslave, l’armée de l’air commence sa mobilisation à partir du 30 août 1948.

Les réservistes sont rappelés, les unités partent vers leurs terrains de déserrement pour éviter les frappes aériennes surprises, des appareils de réserve sont remis en état en attendant de devoir remplacer au pied levé les appareils en première ligne. La mobilisation terminée, l’armée de l’air yougoslave affiche le visage suivant :

-Un état-major

-Un commandement de la logistique et du soutien opérationnel

Lioré et Olivier Léo 451 en vol

-Brigade Aérienne Stratégique (BAS) sous le contrôle direct du commandant en chef de l’armée de l’air avec le 2ème régiment de bombardement volant sur Lioré et Olivier Léo 451 et 458, le 1er régiment de chasse volant sur Ikarus IK-7, le 10ème régiment de bombardement disposant de dix-huit Savoia-Marchetti SM.79,

le 12ème régiment de bombardement volant sur dix huit Rogorzarski R-313, le 9ème régiment de reconnaissance et de coopération qui disposait de six Caproni Ca-310 et douze ANF-Les Mureaux ANF-123 et le 21ème régiment de reconnaissance et de coopération qui disposait de douze Caproni Ca.313 et six ANF-Les Mureaux ANF-123.

Focke-Wulf Fw-190 en vol

-1ère brigade aérienne multirôle (ex-1ère brigade de chasse) avec le 2ème régiment de chasse volant sur Focke-Wulf Fw-190 et Messerschmitt Me-109, le 6ème régiment de chasse volant sur Hawker Hurricane, le 8ème régiment de bombardement volant sur Bristol Blenheim et le 11ème régiment de reconnaissance et de coopération volant sur Potez 25 et ANF-Les Mureaux ANF-123.

Hawker Hurricane Mk II

-2ème brigade aérienne multirôle (ex-2ème brigade mixte) avec le 3ème régiment de chasse volant sur Hawker Hurricane, le 4ème régiment de chasse volant sur Rogozarski IK-3, le 3ème régiment de bombardement volant sur Dornier Do-17K et le 15ème régiment de reconnaissance volant sur Ikarus IK-5R

Rogozarski IK-3

-3ème brigade aérienne multirôle (ex-3ème brigade mixte) avec le 5ème régiment de chasse volant sur Rogozarski IK-3 et Ikarus IK-5, le 7ème régiment de chasse volant sur Ikarus IK-7, le 4ème régiment de bombardement volant sur Lioré et Olivier Léo 451 et 458 et le 17ème régiment de reconnaissance volant sur ANF-Les Mureaux ANF-123 et Potez 25.

Potez 25TOE (Théâtre des Opérations Extérieures)

-4ème brigade aérienne multirôle (ex-4ème brigade de bombardement) avec le 8ème régiment de chasse volant sur Focke-Wulf Fw-190 et Messerschmitt Me-109, le 9ème régiment de chasse volant sur Hawker Hurricane et Ikarus IK-5, le 1er régiment de bombardement volant sur Bristol Blenheim, le 7ème régiment de bombardement volant sur Dornier Do-17K et le 19ème régiment de reconnaissance volant sur Rogorzarski RK-5R et Potez 25.

A ces vingt régiments de première ligne s’ajoute plusieurs unités de transport, de liaison et d’entrainement. Les avions civils sont également réquisitionnés pour le transport et l’évacuation sanitaire.

La JRKV au combat

Bien que neutre jusqu’au mois de juillet 1949 la Yougoslavie à attentivement étudié les combats menés en Scandinavie, en Méditerranée et en Europe de l’Ouest.

Elle connait donc parfaitement le modus operandi de la Luftwaffe qui à l’aube lance tous ses moyens pour écraser l’aviation ennemie au sol.

Dès que la guerre semble inevitable, l’armée de l’air royale yougoslave construit de nouveaux terrains pour disperser toujours plus ses forces au risque que son effort au moment voulu soit dilué.

Les terrains voient leur camouflage et leurs défenses être améliorées. Des patrouilles de chasse sont organisés mais la JRKV n’à pas les moyens de maintenir une permanence aérienne pour éviter d’être surprise par l’ennemi.

Il y aurait bien le radar mais les yougoslaves sont très sceptiques sur son utilité et le seul radar acquis pour expérimentation en 1947 n’est plus utilisé faute d’opérateurs formés et de pièces détachées ! De quoi donner raison aux attachés militaires étrangers qui considèrent les officiers yougoslaves comme d’indécrottables conservateurs.

Le 7 juillet 1949 débute l’opération MARITSA. Il s’agit de sécuriser le flanc sud de la future opération BARBAROSSA et accessoirement porter assistance aux italiens enlisés, enbourbés dans une opération militairement incensée contre les grecs.

A l’aube la Luftwaffe est la première à entrer en action. Des dizaines de bombardiers, de chasseurs et de chasseurs-bombardiers décollent des aérodromes autrichiens pour tenter d’anéantir l’aviation yougoslave en vol.

Comme dix-mois plus tôt en Scandinavie, comme trois mois plutôt en France, en Belgique et aux Pays-Bas, les résultats sont contrastés. Le mauvais temps (plafond bas, averses), le grand nombre cibles et une réaction rapide de l’ennemi à rendu l’impact de ses frappes préliminaires moindre qu’escompté.

A moins que le véritable objectif ne soit pas de détruire tous les avions au sol mais de provoquer chaos et confusion, que l’ennemi mette du temps à prendre la mesure de ce qui se passait et que les troupes allemandes en profite pour avancer vite et frapper fort.

Un Friedrich (Me-109F) en vol

Des avions yougoslaves sont détruits au sol mais de nombreux combats aériens ont lieu. Le fait que des Me-109 et des Fw-190 soient en service dans la JKRV provoque à plusieurs reprises confusion et incertitudes dans les rangs allemands ce qui allait parfois profiter aux pilotes yougoslaves.

De leur côté les unités de bombardement tentent de freiner l’avancée des colonnes allemandes, subissant de lourdes pertes sous les coups de la chasse et de la Flak qui n’à en rien perdu de sa mortelle efficacité.

Des bombardiers yougoslaves notamment les Léo (que leurs équipages surnommaient Lavca ou lionne) tentèrent de frapper l’arrière du dispositif ennemi avec des résultats positifs mais cela ne pouvait être au mieux que des piqures d’aiguille, une simple nuisance plutôt qu’une vraie menace.

Les unités de reconnaissance et de coopération volant souvent sur des appareils déclassés voir obsolètes faisaient preuve d’un grand courage pour renseigner le haut-commandement et éviter d’être surpris par l’ennemi.

Durant la première semaine, l’armée de l’air yougoslave va clairement contester le contrôle de l’espace aérien aux allemands, aux italiens et aux hongrois. Passé cette première semaine, la JKRV va être trop affaiblie pour représenter une véritable menace et quand celle-ci ressurgissait, elle était impitoyablement chatiée par les allemands (et secondairement par les italiens et les hongrois).

Des avions yougoslaves vont continuer à voler et à combattre mais essentiellement de nuit ce qui leur permettait d’échapper à une partie des défenses allemandes.

C’est donc sur le tas que l’armée de l’air yougoslave va apprendre la navigation et le combat de nuit qui n’avait été qu’éfleuré avant guerre. Bien entendu cela allait générer son lot de problèmes, d’accidents mais aussi de surprises notamment chez l’ennemi.

Après un mois de lutte on peut dire que la Jugoslovensko Kraljevsko Ratno Vazduhoplovsto (JKRV) à cessé d’exister comme entité constituée et surtout comme menace militaire crédible pour les italiens, les allemands et les hongrois.

Avant même cette période, les autorités yougoslaves se sont préoccupés de préserver les pilotes, les navigants et les mécaniciens qui avaient survécu à cette terrifiante ordalie.

Dès le 17 juillet soit à J+10, le gouvernement ordonne à ce que les pilotes ne pouvant disposer immédiatement d’un appareil ou des pilotes en formation soient rapidement évacués vers la Grèce par voie aérienne ou maritime.

Les alliés bien conscients qu’un pilote nécessite plus de temps de formation qu’une autre fonction (NdA on ne citera personne pour éviter de froisser les susceptibilités) prêteront bien volontiers leurs concours n’hésitant à débaucher certains pilotes yougoslaves qui intégreront des unités de l’Armée de l’Air (sous contrat Légion Etrangère) ou de la RAF au grand dam du gouvernement yougoslave.

Les alliés s’excuseront, sacrifieront quelques lampistes mais meneront cette politique jusqu’à ce que la reconstitution d’une armée de l’air yougoslave crédible prenne le dessus sur des considérations locales (remplumer des unités ne pouvant être rapidement relevées).

Parallèlement certains pilotes croates font défection après la proclamation de l’Etat indépendant de Croatie. Ils rallieront les allemands avec leurs appareils et participeront à la création d’une armée de l’air croate indépendante.

Quand la Campagne de Yougoslavie se termine à la fin du mois de septembre, la Jugoslovensko Kraljevsko Ratno Vazduhoplovsto (JKRV) à subit de lourdes pertes mais à acquis une expérience iremplaçable qui va être utilisée pour recréer une nouvelle JKRV.

L’armée de l’air de l’Etat indépendant de Croatie

Ante Pavelic

Le 15 juillet 1949, le Povglanik Ante Palevic proclame l’Etat indépendant de Croatie, un état satellite de l’Allemagne que l’Italie aurait bien vu en royaume confié à la Maison de Savoie mais le chef croate n’était pas du genre à partager le pouvoir. Il n’avait de plus pas digéré le retrait du soutien de Rome en 1937.

Qui dit état même à souveraineté limité dit armées. C’est ainsi que l’Etat indépendant de Croatie va posséder sa propre armée de l’air plutôt ses armées de l’air puisque deux organismes vont se concurrencer avant que l’un absorbe l’autre.

La Zrakorplovstvo Nezavisme Drzave Hrvatske (ZNDH) est l’armée de l’air officielle de l’Etat indépendant de Croatie. Elle est officiellement créée le 24 juillet 1949 soit seulement neuf jours après la proclamation de l’indépendance croate.

Elle met d’abord en place des structures d’entrainement et de soutien. On trouve une Ecole de formation à Rajhovac près de Sarajevo (l’Etat indépendant de Croatie à une superficie bien plus vaste que la Croatie actuelle), école qui déménage ensuite à Velika Gorica et à Plesa près de Zagreb, la Bosnie devenant très vite une terre hostile pour les croates face aux partisans communistes et aux maquisards royalistes. On trouve également une Ecole de parachutisme à Koprivnica.

En ce qui concerne le matériel c’est d’abord le système D avec la récupération d’équipements, de matériel et d’avions capturés par les allemands et les italiens.

Ces derniers ne sont pas emballés à l’idée de mettre sur pied la ZNDH et ne font montre ni d’un enthousiasme ni d’une activisme débordant.

Voilà pourquoi la mise sur pied effective à lieu plutôt à la fin 1949 et au début de 1950 à une époque où émerge une concurrente, la Légion aérienne croate en version originale Hrvatska Zrakoplovna Legija.

Cette unité est mise sur pied avec des croates clairement pro-allemands voir pro-nazis du genre qui trouvent que Pavelic est trop mou (sic). Certains étaient membres de l’armée de l’air yougoslave et avaient déserté avant même le 7 juillet 1949 avec ou sans leur appareil.

Violement anticommuniste et antisémite, cette unité se voit comme de nouveaux croisés qui ne luttent plus contre les ottomans ou les arabes mais contre les «judéo-bolcbeviques».

Cela explique leur emploi exclusif sur le front de l’est où ils se tailleront une belle réputation, le meilleur pilote de l’unité, le capitaine Mako Dukovac étant crédité de 47 victoires plus 15 probables soit 62 victoires en combat aérien ce qui le place parmi les meilleurs as du conflit.

Dornier Do-217 en vol

A son apogée, elle va disposer de deux groupes de chasse volant sur Messerschmitt Me-109G, deux groupes de bombardement volant sur Do-17 puis Do-217, un groupe de reconnaissance volant sur Junkers Ju-188R et un groupe de transport disposant de Junkers Ju-52 et Junkers Ju-90.

Cette unité va rester sur le front russe même après le rapatriement des troupes terrestres en Croatie. En août 1952 le gouvernement de Pavelic obtient son rapatriement au pays puis sa fusion avec la ZNDH.

La ZNDH commence d’abord par mettre sur pied toute la structure arrière avec la mise en place d’un raison de guetteurs, la mise en place d’unités de DCA avec des canons de différentes provenance, essentiellement capturés par les allemands ce qui provoque des migraines c’est les responsables de la logistique.

A noter que du personnel allemand détaché par la Luftwaffe participe à cette montée en puissance (il s’agissait essentiellement de personnel entre deux déploiements ou de convalescents).

La ZNDH va rapidement mettre sur pied quatre groupes de chasse, deux groupes de bombardement et deux groupes de reconnaissance.

Ces groupes vont réutiliser les aérodromes de Zagreb, de Sarajevo, de Mostar, de Banja Luka et de Zemun sans compter de nombreux terrains secondaires, terrains de déserrement qui deviennent des bases de premier plan.

Sur le plan des missions si les chasseurs doivent parfois décoller pour intercepter des bombardiers et surtout des avions de reconnaissance ennemis, l’essentiel des missions concerne la lutte antiguérilla où les papys font de la résistance, des Bréguet 19 et des Potez 25 sortis des stocks de la JKRV vont être utilisés pour attaquer maquisards et partisans mais aussi pour ravitailler les postes isolés.

Bréguet 19 de l’Aéronautique Militaire en vol

Deux groupes vont ainsi être créés après une période de tatonement où plusieurs organisations ont été expérimentées avec plus ou moins de bonheur.

En ce qui concerne l’équipement les débuts sont marqués par la réutilisation d’appareils anciens ayant appartenus à la JKRV et remis en état par les allemands ou par le personnel des usines Ikarus et Rogorzarski.

On trouve des chasseurs Me-109 et Rogozarski IK-3, des bombardiers Dornier Do-17, des avions de reconnaissance Caproni Ca-313, ANF-123 Les Mureaux et des Fieseler Fi-156. Pas de quoi faire basculer le conflit dans le camp de l’Axe mais à l’époque les alliés sont bloqués dans le Péloponnèse et n’ont pas encore lancé des opérations aériennes massives pour frapper le flanc sud de l’Axe.

Fieseler Fi-156 Storch

Le 21 janvier 1950 est créée sur l’aérodrome de Koprivnica à la frontière croato-hongroise la 1ère Compagnie Légère d’Infanterie Parachutiste ce qui donne en version originale Prva Laka Padobranska Satnija.

Composée de 120 hommes elle dispose à demeure d’un Avia-Fokker F.7 pour l’entrainement au parachutisme, d’autres appareils pouvant être affectés en cas de besoin. Elle est organisée en une section de commandement et de soutien, trois sections d’assaut et une section d’armes lourdes (mitrailleuses et mortiers).

Le 6 juillet 1951 elle effectue une démonstration de ses capacités sur l’aérodrome de Zagreb en présence du chef de l’Etat croate. La compagnie est rapidement engagée contre les partisans communistes et les maquisards royalistes.

Son baptême du feu à lieu le 12 juillet 1951 avec un saut près de Banja Luka pour tenter d’intercepter une colonne de maquisards royalistes qui avait brièvement occupé la ville.

C’est une réussite et très vite les paras croates vont se tailler une solide réputation chez leurs alliés comme chez leurs ennemis. On verra mêmes des groupes de résistants se replier en voyant les corolles des parachutes.

En face l’armée yougoslave en exil possédant son propre bataillon de parachutiste mais il ne sera jamais engagé dans une mission aéroportée.

On ne verra donc jamais paras yougoslaves contre paras croates combattant l’un contre l’autre après avoir sauté de leurs appareils respectifs.

Ironie de l’histoire certains se retrouveront au sein des Bataillons Etrangers Parachutistes (BEP) de la Légion Etrangère française et combattront ensemble en Indochine.

La compagnie légère d’infanterie parachutiste devient un bataillon à l’été 1952 alors que la compagnie à déjà réalisé une vingtaine de missions en étant parachutée ou transportée par planeur.

Ce bataillon est organisé en une compagnie de commandement, de transmission et de soutien, trois compagnies de combat et une compagnie d’armes lourdes (canons antichars légers, canons sans recul, mortiers de 81mm et mitrailleuses).

Ce bataillon va aussi combattre les troupes régulières alliés. Si les français et les britanniques avaient une piètre opinion des autres unités de l’armée croate, en revanche les paras ne furent jamais sous-estimés.

Comme le dira le lieutenant Francesci du Corps Franc des Balkans (CFB) qui les à affrontés à plusieurs reprises : «Ces types étaient des guerriers, rudes, solides et endurants. Pas du genre à détaler comme les autres soldats croates quand cela devenait un peu dur. Je me suis retrouvé en Indochine en 1961 à la tête du 1er BEP composé essentiellement d’anciens Fallschirmjager et de paras croates. J’étais plus impressionné par les seconds que par les premiers».

Avec la poussée irresistible des alliés, le bataillon parachutiste croate (qui à la fin du conflit possédait six compagnies de combat au lieu de trois) était sur tous les fronts servant de pompier mais aussi de père-fouettard pour maintenir la discipline au sein d’une armée croate de moins en moins motivée.

Jusqu’à la fin du conflit le bataillon parachutiste croate va conserver son unité et sa capacité de combat.

Pas étonnant que les français qui les ont fait prisonniers en Autriche ont refusé avec la dernière énergie de livrer ses hommes au gouvernement yougoslave, bien conscient du sort terrible qui les attendait en cas de retour en Yougoslavie car bien entendu au delà de cette mentalité de troupe d’élite, les paras croates ont commis leur lot de massacres et d’atrocités.

Tout juste Paris acceptera de livrer les plus compromis, libérant les autres qui pour beaucoup allaient se retrouver au sein des BEP à combattre à nouveau une résistance nationale au cours d’une guerre qui se termina mieux pour eux.

A l’été 1952 la ZNDH reçoit enfin des appareils modernes. Il faut dire que la pression alliée se fait de plus en plus fortes sur les Balkans annonçant la reprise d’une offensive en bonne et due forme. Les allemands passent outre les protestations italiennes et vont livrer la partie la plus moderne de leur arsenal.

Messerschmitt Me-110 en vol

C’est ainsi que les Messerschmitt Me-109 livrés sont du modèle K, appareils qui vont combattre aux côtés de quelques bimoteurs Messerschmitt Me-110E et F, des appareils issus des stocks stratégiques de la Luftwaffe.

Les bombardiers Dornier Do-17 encore en état sont remplacés par des Junkers Ju-288, nouvelle déclinaison du Ju-88 après le Ju-188 et en attendant le Ju-388.

La reconnaissance est assurée par des Junkers Ju-188R alors que la lutte antiguérilla est menée par des Fieseler Fi-167 et par des Henschel Hs-123 qui vont remplacer les Bréguet 19 et Potez 25 à bout de potentiel.

Fieseler Fi167 en vol

Début 1953 la ZNDH atteint son apogée avec huit groupes de chasse (dont issus de l’ancienne Légion Croate que nous avons vu plus haut), quatre de bombardement (dont deux issus de l’ancienne Légion Croate), deux de lutte antiguérilla, deux de reconnaissance ainsi qu’un groupe de transport et de liaison.

Les combats contre les alliés sont très durs. La ZNDH ne va pas démériter mais l’opposition est clairement trop forte. Elle va perdre peu à peu de sa substance mais gardera sa cohérence opérationnelle bien plus longtemps que les troupes terrestres.

Le sort des pilotes sera variable, certains seront condamnés à mort et exécutés (voir exécuté sommairement), d’autres s’échapperont vers l’occident, s’engageant dans des armées étrangères après naturalisation tandis que d’autres peu ou pas compromis intégreront l’armée de l’air royalr yougoslave reconstituée, certains restant même sous le régime communiste soit par apolitisme ou par simple discipline militaire.

L’armée de l’air yougoslave dans le second conflit mondial (2) : la renaissance

Comme nous l’avons vu plus haut, le gouvernement yougoslave comprend très vite que pour des raisons politiques il est capital de reconstituer une armée de l’air même réduite. Voilà pourquoi les pilotes sont rapidement évacués vers la Grèce d’abord puis vers l’Egypte où des unités de chasse, de bombardement et de reconnaissance doivent être reconstituées.

L’Armée de l’Air Libre Royale Yougoslave (Kraljevsko jugoslavensko ratno zrakoplovstvo)ou Free Royal Yugoslavian Air Force (FRYAF) est officiellement créée le 9 novembre 1949 sur la base aérienne d’Ismalia en Egypte.

Le gouvernement yougoslave en exil alors installé à Jerusalem est à l’époque très amibitieux puisque voulant une armée de l’air plus forte que celle de juillet 1949 ! Les projets les plus fous sont imaginés et certains officiers alliés ont pu se demander si leurs alliés slaves n’avaient pas perdu la raison. Peu à peu la raison et le pragmatisme vont l’emporter et on ne verra pas comme envisagé des unités de bombardiers lourds au sein de la FRYAF.

Elle va disposer de quatre groupes de chasse monomoteurs, deux groupes de chasse lourde, trois groupes de chasse-bombardement, un groupe de bombardement, deux groupes de reconnaissance et de coopération, un groupe de transport soit un total de treize groupes qui disposent de vingt-sept appareils en ligne soit un total de 351 appareils en ligne. A cela s’ajoute des appareils de liaison et d’entrainement portant le nombre d’appareils en ligne à environ 400 appareils.

Bréguet Br700C2, l’un des chasseurs biplaces de l’armée de l’air

En ce qui concerne la chasse, la FRYAF choisit le même appareil que l’aéronavale à savoir l’Arsenal VG-40 qui va équiper les groupes de chasse sur monomoteurs. Les groupes de chasse lourde vont voler pour l’un sur Bréguet Br700C2 et pour le second sur des De Havilland Hornet.

Les trois groupes de chasse-bombardement vont voler sur Hawker Tempest alors que l’unique groupe de bombardement va disposer de Bristol Beaumont. Les deux groupes de reconnaissance vont voler sur Bloch MB-176 et Dewoitind D-720Y, le groupe de transport volant sur des Douglas C-47 Skytrain (as usual).

A la différence de l’armée de terre, la montée en puissance de la FRYAF est assez rapide puisqu’elle est considérée comme opérationnelle au printemps 1950. Ces unités vont d’abord opérer depuis la Crète et le Péloponnèse.

La chasse assure la couverture globale du territoire contrôle par les alliés, les monomoteurs assurant également l’escorte des bombardiers qu’il s’agisse de bombardiers yougoslaves, grecs, britanniques, français ou américains.

Les bimoteurs de chasse vont mener à la fois des missions de chasse de nuit pour contrer les raids de harcèlement menés par la Luftwaffe (bombardement, mouillage de mines) ou des missions de chasse-bombardement avec bombes et roquettes.

Les chasseur-bombardiers Hawker Tempest vont opérer sur le front pour empêcher l’ennemi de trop renforcer son dispositif. Ils vont aussi harceler les convois de caboteurs ravitaillant les îles occupées par les allemands et les italiens.

Les bombardiers bimoteurs Bristol Beaumont (choisit de préférence aux Amiot Berry et au B-25) vont opérer pour des missions opératives pas vraiment stratégiques mais au delà du domaine tactique. Ils vont s’acharner sur les infrastructures grecques (routes, voies ferrées, ponts, gares…..) mais aussi les positions militaires italiennes et allemandes.

Les avions de reconnaissance Bloch MB-176 vont assurer depuis leurs bases crétoises des missions de reconnaissance et de renseignement. Il s’agit d’alimenter les SR alliés en photos fraiches pour améliorer les cartes et alimenter les bases de données sur les unités allemandes et italiennes.

Ils vont également mener des missions d’éclairage (Pathfinder), larguant des fusées éclairantes pour marquer des cibles au profit des chasseur-bombardiers et des bombardiers.

Les Dewoitine D-720Y vont opérer au profit direct des troupes au sol avec la surveillance immédiate des mouvements ennemis, le contrôle aérien avancé et le réglage des tirs de l’artillerie.

Enfin les C-47 vont assurer des missions de transport logistique et d’évacuation sanitaire. Initialement les appareils pouvaient effectuer des transports urgents entre l’Egypte et la Crète puis une fois les unités majoritairement déployées au Péloponnèse, les bimoteurs américains assuraient le brouettage entre la Crète où des convois déplosaient armes, munitions et carburant qui ensuite étaient envoyés directement sur les bases opérationnelles.

L’équipement des unités va rapidement évoluer. L’Arsenal VG-40 va être remplacé par des VG-52, les Bréguet Br700C2 vont être remplacés par de nouveaux De Havilland Hornet alors que l’unité volant déjà sur cet appareil vont recevoir des appareils du même type mais plus moderne.

Les Hawker Tempest vont être remplacés par d’autres Arsenal VG-52 (pour simplifier la logistique) alors que les Bristol Beaumont vont être remplacés par des appareils plus modernes mais du même type.

Dewoitine D-720

Les Bloch MB-176 vont rester en service jusqu’à la fin de la guerre tout comme le Dewoitine D-720Y et le C-47 Skytrain.

Les unités yougoslaves vont opérer depuis la Crète jusqu’en mars 1952 avant de rallier au moins partiellement la péninsule du Péloponnèse. Ils vont notamment opérer depuis Patras pour matraquer les positions germano-italiennes sur l’île de Céphalonie, île qui sera évacuée sans réels combats lors de l’opération SLEDGEHAMMER (mai 1953).

Elle va ensuite se déployer en Attique à l’ouest d’Athènes opérant essentiellement au dessus de la Grèce avec des incursions en direction de la Macédoine. Elles vont couvrir l’avancée des troupes alliées (grecques, yougoslaves, britanniques et sud-africains) affrontant la Luftwaffe dans de bien meilleurs conditions.

Plusieurs pilotes yougoslaves vont s’illustrer, l’as des as étant le capitaine Ezra Simonovic crédité de 32 victoires certifiées et 8 probables jusqu’à sa mort survenu aux commandes de son Arsenal VG-52 le 4 janvier 1954 au dessus de Zagreb.

Les différents groupes vont effectuer des sauts de puce, gagnant des bases dans le nord de la Grèce à portée de la Bulgarie avant de s’installer à la fin de l’automne 1953 dans le sud de la Serbie.

Naturellement les pertes vont être lourdes d’autant que les yougoslaves se montraient particulièrement agressifs, prennant des risques jugés inconsidérés par leurs confrères mais comme le dira un pilote serbe «Nos alliés ne combattaient pas pour libérer leur patrie».

Comme les effectifs ne pouvaient être facilement complétés, des unités furent dissoutes. C’est ainsi qu’au 30 avril 1954 la FRYAF ne possédaient plus que trois groupes de chasse de jour, deux groupes de chasse lourde, deux groupes de chasse-bombardement, un groupe de bombardement, un groupe de reconnaissance et un groupe de transport soit dix groupes au lieu des treize, les groupes dissous étant un groupe de chasse de jour, un groupe de chasse-bombardement et un groupe de reconnaissance ce qui est tout sauf étonnant.

La FRYAF redevient le 15 septembre 1954 l’Armée de l’Air du Royaume de Yougoslavie ou Jugoslovensko Kraljevsko Ratno Vazduhoplovsto (JKRV).

En ce qui concerne l’équipement il ne va pas immédiatement évoluer, l’Arsenal VG-52, le De Havilland Hornet et le Bristol Beaumont vont rester en service. En revanche le Bloch MB-176 va être remplacé par des De Havilland Mosquito, les Dewoitine D-720Y sont retirés du service sans être remplacés. Les Douglas C-47 Skytrain restent eux aussi en service.

Es-ce le temps de la sérenité retrouvée ? Pas vraiment puisque le temps des épreuves n’est pas terminé, Pierre II tout heureux de retrouver son royaume ne veut ou ne peut voir que le royaume de Yougoslavie est déjà condamné par l’histoire. Ceci est cependant une autre histoire……. .

Mitteleuropa Balkans (147) Yougoslavie (35)

ARMEE DE L’AIR ROYALE YOUGOSLAVE

Historique de la Jugoslovensko Kraljevsko Ratno Vazduhoplovsto (JKRV)

Les origines : serbes bien entendu

Bien entendu chers amis lecteurs et uchronautes vous ne serez pas surpris d’apprendre que l’origine de l’aviation militaire yougoslave vient de Serbie puisque parmi les Slaves du Sud, les serbes étaient les seuls avant la première guerre mondiale à posséder leur propre état.

Le 2 août 1893 une loi prévoit que chaque division de l’armée serbe possède sa propre compagnie d’aérostats pour la reconnaissance, l’observation et le guidage des tirs de l’artillerie.

En 1901/02 le major Kosta Miletic est entrainer comme aérostier militaire à Saint-Pétersbourg en Russie. On le forme également à l’utilisation des pigeons voyageurs. Trois ballons sont acquis en Allemagne, un quatrième auprès des russes ainsi que tous les équipements nécessaires à leur utilisation et ce auprès de différents fournisseurs européens.

En mai 1911 un appel à candidature est lancé pour trouver des candidats à la formation de pilotes militaires. Les premiers sont formés en France du 21 mai au 8 septembre 1912, rentrant à Serbie à temps pour participer à la première guerre balkanique. Toujours en 1912 des officiers sont envoyés en France pour se former aux subtilités de l’utilisation de l’aviation militaire.

Le 24 septembre 1912 un commandement de la force aérienne est créé à Nis avec sa tête Kosta Miletic. Il comprend un escadron de douze avions, l’escadrille d’aérostats, un colombier militaire pour les pigeons voyageurs et la base de Nis.

La petite aviation militaire serbe connait son baptême du feu lors du siège de Skhodra où une petite unité (trois avions et quatre pilotes) est envoyée en soutien des monténégrins qui assiégeaient la forteresse turque.

Le 24 décembre 1912 un commandement de l’aviation (NdA différent du premier ou simple changement de dénomination je ne le sais) voit le jour toujours à Nis. C’est la date officielle de l’aviation militaire serbe et la date retenue pour les différentes célébrations que ce soit à l’époque royale, à l’époque communiste ou à l’époque actuelle où la Serbie est redevenue un état indépendant.

Naturellement l’aviation militaire serbe va participer au premier conflit mondial contre les austro-hongrois, les allemands et les bulgares. Il s’agit d’abord de missions de reconnaissance et d’observation avant que la chasse et le bombardement ne vienne se greffer.

Quand le conflit éclate, l’aviation militaire serbe se compose de neuf appareils dont sept sont en état de voler. Autant dire que l’arrivée d’une escadrille française, la MFS-99 est la bienvenue (mars 1915).

En juin 1915 des unités de guetteurs et des unités de DCA voient le jour. Le 30 septembre 1915 au dessus de Kragujevac, un appareil est abattu par la DCA, ce qui constitue une première mondiale.

A l’automne 1915 à lieu la première évacuation sanitaire par voie aérienne, l’utilisation de l’avion et plus tard de l’hélicoptère sauvant un nombre important de vies en réduisant le delai de prise en charge (ce que les anglo-saxons appellent la Golden Hour).

L’équipement est quasi-exclusivement français, les rares appareils serbes étant sous-motorisés ce qui les rélèguent de facto à l’entrainement.

Les aviateurs militaires serbes participent à l’anabase des troupes serbes dans les montagnes d’Albanie par un froid glacial et sous les attaques des bandes albanaises. Arrivés à Corfou l’aviation militaire est réorganisée sur le papier puisqu’il faudra attendre le transfert à Mikra près de Thessalonique pour que la réorganisation soit matériellement effective.

Cela passe par la création de cinq escadrilles franco-serbes, escadrilles qui équipées de soixante avions modernes vont réaliser 3000 sorties aériennes, escadrilles regroupant 70 pilotes et 40 observateurs militaires.

Nieuport 24

Le 17 janvier 1918 décision est prise de créer deux escadrilles serbes. La 1ère escadrille serbe ou Prva Srpska Eskadrilla est opérationnelle en avril 1918 avec douze Dorand AR type I A2 et trois Nieuport XXIV C1. En mai /juin 1918, la deuxième escadrille ou Diuga Srpska Eskadrila est à son tour opérationnelle. Bien qu’officiellement serbes ces unités comprennent du personnel français qui est progressivement remplacé par du personnel serbe équivalent.

Création, évolution et expansion

Avec la mise en place du Royaume des Serbes, Croates et Slovènes, un département de l’aviation de l’Armée est formé avec d’anciens membres de l’aviation austro-hongroises (croates et slovènes).

A la tête de la nouvelle aviation yougoslave non pas un serbe mais l’ancien chef des troupes d’Aviation royales impériales, l’aviation austro-hongroise le général Emil Uzelac.

Durant les premières années le manque de fonds ne permet pas de réaliser les projets prévus, la jeune aviation yougoslave devant faire avec les moyens hérités de la guerre.

En 1922 Uzelac (qui va partir à la retraite en 1923) effectue une tournée européenne pour s’informer sur l’aviation militaire en Europe aussi bien sur le plan de l’équipement et de l’utilisation.

Plusieurs pilotes russes sont intégrés non sans problèmes car deux d’entre-eux essayent de s’enfuir en direction de l’URSS.

En 1923, un programme est lancé pour remplacer les avions hérités du premier conflit mondial par des appareils plus modernes. Des contrats sont signés avec des fabricants étrangers mais aussi avec des manufacturiers locaux.

Toujours en 1923 le Département de l’Aviation est rebaptisé Commandement de l’Aviation et placé directement sous le contrôle du Ministère de l’Armée et de la Marine (Ministarstvo vojske i mornarice).

Bréguet 19 en vol

En 1924 un premier avion yougoslave est produit même si le moteur est étranger. En 1925 150 Bréguet 19 sont acquis. Les appareils démontés sont assemblés à Novi Sad puis répartis entre différents aérodromes à savoir Novi Sad, Sarajevo, Mostar, Zagreb et Skopje.

Potez 25TOE (Théâtre des Opérations Extérieures)

En 1926 un aérodrome est installé à Zemun près de Belgrade et en 1927 de nouveaux appareils sont acquis en l’occurrence des Potez 25 de reconnaissance et de bombardement ainsi que des chasseurs Dewoitine et des avions d’entrainement Hanriot et Hansa-Brandeburg.

En 1928 une usine d’aviation publique est inaugurée à Kraljevo et une autre privée est installée près de Belgrade. Des avions mais aussi des moteurs sont produits sous licence. Des avions de reconnaissance Fizir F1V sont acquis et en 1929 l’attaché militaire britannique dans son rapport note que l’aviation militaire yougoslave effectue de lents mais constants progrès.

En 1930 le commandement de l’Aviation est rebaptisé Jugoslovensko Kraljevsko Ratno Vazduhoplovsto (JKRV) ce qui donne en français aviation royale yougoslave.

Les principaux problèmes de la JKRV concerne le manque d’infrastructures opérationnelles et de maintenance. En 1930 des ateliers sont aménagés à Zagreb et à Mostar ce qui évitait de devoir ramener les appareils en usine pour de la maintenance lourde.

En mai 1930 le premier appareil entièrement yougoslave est construit à Kraljevo. Cette usine est dirigée par des français avec des ouvriers venus de l’Hexagone même si il est prévu qu’en 1932 le gouvernement yougoslave en prenne le contrôle et puisse choisir les appareils à produire. De son côté Ikarus produisait des Potez 25 sous licence ainsi que des hydravions.

A l’époque la force aérienne yougoslave comprend 26 escadrons de douze appareils soit environ 312 exemplaires. C’est beaucoup mais surtout le problème c’est qu’il y à très peu d’appareils de réserve pour rééquiper et renouveler la flotte. Ce n’est qu’une question de temps et peu à peu environ 200 appareils de réserve sont acquis et stockés sur différents aérodromes régionaux.

Avoir des appareils c’est bien avoir des appareils et des pilotes entrainés c’est mieux. C’est là que le bas blesse, les rapports de l’attaché militaire britannique montrant un entrainement insuffisant. Un grand nombre d’accidents ont lieu.

En 1931 trois chasseurs Hawker Fury sont acquis pour évaluation, deux avec des moteurs Rolls Royce et un troisième avec un moteur Hispano Suiza. Cette acquisition est mal vue par la France qui considère qu’il s’agit d’une ingérence dans son pré-carré.

En 1932 le 2ème régiment aérien stationné près de Sarajevo est secoué par des problèmes de moral et de discipline.

Les progrès sont constants mais il y à toujours un certain nombre de problèmes comme le manque d’appareils modernes, la dépendance vis à vis des manufacturiers étrangers et encore et toujours le manque d’infrastructures de réparations et de maintenance. De plus le haut-commandement ne faisait pas tout pour dévelloper une aviation moderne.

Deux escadrons supplémentaires sont ajoutés à chacun des six régiments aériens en 1932 ce qui porte le nombre d’appareils en ligne à 430 avec 300 appareils en réserve.

Aux côtés des Breguet 19 et des Potez 25 produits en grand nombre, des appareils d’autres pays notamment d’Allemagne sont évalués pour une éventuelle production, des appareils fournis par Junkers, Dornier et Fokker.

En 1933 le gouvernement yougoslave craint qu’une guerre éclate avec l’Italie en raison de nombreux différents territoriaux. Cette crainte met en lumière le manque de stocks de bombes et de carburant qui ne pourraient que gêner les opérations de l’armée de l’air yougoslave sur la terre.

Toujours en 1933, la JKRV décide d’acquéri vingt chasseurs monoplaces. Six modèles vont être évalués, un modèle polonais proposé par la firme PZL, le Hawker Fury britannique, un modèle proposé par Dewoitine, deux modèle proposés par la firme néerlandaise Fokker et enfin un modèle de la firme tchécoslovaque Avia.

Cette première commande doit être suivit par la production d’un nombre équivalent d’appareils sous licence puis potentiellement d’une troisième commande de cinquante exemplaires sans que l’on sache si il s’agit d’une commande directe ou d’une production sous licence. Parallèlement l’acquisition d’avions de reconnaissance est sérieusement envisagée alors que pour les bombardiers nous en sommes toujours au stade de l’évaluation.

L’année 1933 est décidément riche en événement pour la jeune armée de l’air yougoslave puisque l’état-major de la 1ère brigade aérienne est transférée à Zemun (NdA j’ignore son stationement précédent).

On compte alors trente-six squadrons répartis en six régiments, régiments répartis en trois groupes à quoi il faut ajouter un squadron de liaison, de maintenance et de réserve au niveau de chaque régiment. Il y à donc trente-six squadrons et six squadrons de soutien soit quarante-deux unités élémentaires. Il faut encore ajouter des squadrons d’entrainement et un groupe d’expérimentation et d’évaluation. En ce qui concerne les appareils de réserve on en trouve environ 250 exemplaires.

En dépit de fonds disponibles, aucune décision n’est prise en 1934 concernant l’acquisition d’un nouveau chasseur monoplace. La seule chose certaine c’est que le candidat polonais à été éliminé.

Le 19 septembre 1935 un contrat est signé pour l’acquisition de dix chasseurs Hawker Fury ainsi que cinquante-six moteurs Rolls-Royce. Une licence est acquise pour l’appareil et pour les moteurs histoire de gagner en autonomie et en indépedance.

Aucun autre appareil n’est acquis durant cette année en dépit du fait que la flotte vieillit et est même obsolète, les Breguet 19 et autres Potez 25 étant davantage des antiquités volantes qu’autre chose. C’est clairement regrettable car le niveau moyen des pilotes yougoslaves est correct. En revanche le moral est bon et les candidats ne manquent pas.

La modernisation de l’armée de l’air yougoslave va être lente et poussive. Le constat tout le monde le fait mais comme toujours on se perd en querelles pichrocolines pour savoir quel appareil acquérir, comment l’utiliser…… . A cela s’ajoute les rivalités de personnes entre officiers supérieurs.

Durant la guerre de Pologne, la Yougoslavie reste neutre et la VKKJ n’à pas à s’employer pour repousser l’ennemi ce qui est selon certains heureux car une flotte en cours de modernisation sa capacité à combattre sur la durée aurait été fortement limitée.

Comme dans plusieurs pays la fin brutale de la guerre de Pologne est un véritable electrochoc et tout le monde pressent que la prochaine fois on aura pas autant de chance. La modernisation s’impose et cette fois elle va être menée même si tout ne va pas être parfait. Un certain nombre de problèmes vont rester prégnant :

-Multiplicité des modèles en service ce qui ne peut que provoquer des problèmes de maintenance. On compte en effet pas moins de onze modèles d’appareils opérationnels, quatorze d’appareils d’entrainement, cinq d’appareils auxiliaires. Ces appareils utilisent vingt-deux modèles différents de moteurs, quatre modèles de mitrailleuses et deux de canons embarqué.

Dornier Do-17 finlandais

Un exemple parlant plus qu’une phrase, le cas du Dornier Do-17. Ce bombardier est fabriqué sous licence par les yougoslaves. La cellule est bien entendu d’origine allemande mais avec des moteurs français Gnome-Rhone, un armement belge (Fabrique Nationale d’Arme à Herstal), un équipement de photoreconnaissance tchécoslovaque et des instruments de bord yougoslaves.

-Entrainement insuffisant aux opérations de nuit et par basse visibilité (le vol aux instruments est peu pratiqué)

-Stocks insuffisants de moteurs, de munitions et de carburant

-Manque d’aérodromes modernes et bien équipés ce qui rend la JRKV particulièrement dépendante de quelques aérodromes que l’ennemi connait parfaitement.

Au début des années quarante l’armée de l’air royale yougoslave comprend un peu plus de 460 appareils de première ligne dont un certain nombre de modèles nationaux et en ce qui concerne les effectifs 1875 officiers et 29527 sous-officiers et hommes du rang.

Elle est organisé en un état-major qui dispose d’une réserve stratégique _tout est relatif_ , de quatre brigades aériennes et d’une brigade navale. Cette organisation évoluera durant la Pax Armada, la brigade navale étant dissoute et ses moyens transférés à la marine qui disposait déjà de sa propre aéronavale.

L’état-major sera toujours là et disposera d’une véritable brigade de combat destinée à des missions plus stratégiques que tactiques. Cela changera de la situation au début des années quarante où les moyens dépendant directement du chef de l’armée de l’air yougoslave était davantage un rassemblement opportuniste d’appareils plutôt qu’un outil cohérent.

On trouve également un commandement de la logistique et des infrastructures chargés normalement de l’entretien et du soutien logistique des forces. Il devait également piloter un grand programme d’infrastructures de desserrement (aérodromes, dépots et ateliers) mais son action à été peu efficiente en raison d’un manque de moyens ou du moins d’un manque de moyens par rapport aux ambitions qui avaient présidé à sa constitution.

La substance vitale de la JRKV était composée de quatre brigades multirôles censées couvrir la totalité du territoire. Chaque brigade comprenait des groupes de chasse, de bombardement et de reconnaissance.

Sur le plan de l’équipement des appareils plus modernes sont livrés qu’ils soient étrangers ou yougoslaves. On assiste à une véritable volonté de vouloir réduire le nombre de modèles en service mais cette volonté ne se traduira qu’imparfaitement dans les faits.

Même chose pour l’entrainement et la formation des pilotes, des navigants et même des mécaniciens. La volonté est là, le «matériau» de base est de qualité mais des cursus mal organisés ne permettent d’en tirer le maximum.

En ce qui concerne l’équipement, il évolue et se modernise même si tout ne peut pas être parfait.

Messerschmitt Me-109E du JG-51

En ce qui concerne la chasse, on trouve dans l’ensemble une flotte moderne avec des Messerschmitt Me-109E, des Hawker Hurricane (quoiqu’en juillet 1949 le Me-109E et le Hurricane étaient en voie de déclassement face aux nouveaux chasseurs allemands et italiens), des Focke-Wulf Fw-190 et surtout des modèles nationaux produits par la firme Ikarus qu’il s’agisse des monomoteurs IK-3 et IK-7 ou des bimoteurs IK-5.

Cela explique pourquoi la Luftwaffe va effectuer un gros effort opérationnel. On trouve tout de même des chasseurs obsolètes comme des Avia B-534 dont certains seront lancés au combat pour le plus grand malheur de leurs pilotes.

En ce qui concerne le bombardement si les Bristol Blenheim sont obsolètes et les Dornier Do-17K en voie de déclassement, les Savoia-Marchetti SM-79 et les Lioré et Olivier Léo 451 n’ont rien à envier aux bombardiers en service en Allemagne.

Deux Lioré et Olivier Léo 451 en vol

La reconnaissance et la coopération ont été longtemps délaissées mais un ultime effort rend le tableau moins sombre que craint avec certes toujours des antédiluviens Potez 25 mais des plus moderne ANF-Les Mureaux ANF-123, des Caproni Ca-310 et 313 et des Ikarus IK-5R, une adaptation pour la reconnaissance du chasseur bimoteur.

Caproni Ca-310 Libeccio

Mitteleuropa Balkans (143) Yougoslavie (31)

Artillerie antiaérienne

2cm M.1939

Sous la désignation yougoslave de canon de 20mm modèle 1939 se cache le Canon de 20mm Breda modèle 1935 soit en version originale dans la langue de Dante Cannone-Mitragliera da 20/65 modello 35 [Breda] (canon-mitrailleur de 20mm (65 calibres) modèle 1935 Breda).

Il s’agissait du principal canon antiaérien de 20mm en service dans les forces armées italiennes, le parc étant complété par un canon de même calibre de la firme Scotti.

Outre son pays d’origine, le canon-mitrailleur de 20mm modèle 1935 fût utilisé par l’Australie (armes capturées lors de l’opération BAYARD ou lors de l’opération GIDEON), la Chine, l’Equateur, la Finlande, l’Allemagne, la Slovaquie, la République Dominicaine, le Royaume Uni (armes capturées également) et la Yougoslavie.

Le canon de 20mm Breda à donc participé à de nombreux conflits à partir des années trente en Europe, en Afrique, en Asie et même en Amérique du Sud (conflit entre l’Equateur et le Pérou entre le 5 juillet 1941 et le 31 juillet 1942).

Ce canon à été utilisé à terre, à bord de véhicules (notamment le char léger Fiat L-6/40 et l’auto blindée AB-41) mais aussi sur des navires de la Regia Marina, le couple 20/37mm fourni par la firme Breda assurant la défense rapprochée des navires de la marine italienne.

Monté sur un affût à deux roues, il pouvait en théorie être remorqué par un véhicule automobile mais comme des faiblesses structurelles limitait la vitesse à 20 km/h on préférait l’embarquer sur le camion pour aller plus vite.

La Yougoslavie à reçu 120 pièces courant 1939. Elles sont utilisées pour protéger l’infanterie au sein de compagnies antiaériennes organisées selon le modèle des compagnies antichars soit avec 12 pièces en ligne même si il s’agissait d’une dotation toute théorique.

Au combat ces canons furent principalement utilisés pour la défense contre-avions mais aussi pour le tir contre les cibles terrestres, un canon-mitrailleur de 20mm étant d’une redoutable efficacité contre les cibles dites molles que ce soit les camions, les véhicules légers et le personnel à découvert.

Quelques canons sont parvenus à s’échapper en direction de la Crète où ils sont restés sur place bien que leur utilisation soit handicapée par le manque de munitions. Les italiens ont naturellement réutilisés les canons capturés alors que les allemands ont le plus souvent cédé leurs Breda à leurs alliés croates qui utilisaient davantage leurs canons de 20mm contre des cibles terrestres.

Le canon-mitrailleur de 20mm modèle 1935 Breda était un canon-mitrailleur de conception et de fabrication italienne pesant 330kg en ordre de combat (370kg en configuration transport), disposant d’un tube de 65 calibres (soit un longueur de 1.87m) permettant le tir d’un projectile (20x138mm) de 320g (explosif) ou 370g (perforant) à une distance maximale de 2500m en tir contre-avions et de 5500m en tir contre terre (avec une capacité de perforation de 14mm à 500m incidence 30°) à raison de 240 coups par minute (120 coups en pratique) sachant que l’alimentation se faisait par des lames-chargeurs de douze coups. L’équipe de pièce composée de trois à six hommes pouvait pointer le canon en site de -10° à +80° et en azimut sur 360°

Canon de 20mm Oerlikon

Canon de 20mm Oerlikon en affût terrestre

Si le canon de 20mm Oerlikon est une arme suisse tellement exportée qu’elle allait être utilisée par les deux camps durant le second conflit mondial, elle à pour origine un canon allemand, le Becker utilisé à la fin du conflit par des avions allemands et comme arme antiaérienne.

Le traité de Versailles interdisant toute recherche en matière militaire (ou en mettant tellement de contraintes que cela revenait au même), les ingénieurs allemands s’installent en Suisse, en Suède, aux Pays-Bas et dans d’autres pays pour continuer leurs recherches.

Les plans du canon Becker furent transférées à la firme SEMAG mais cette dernière fit faillite en 1924 et la firme Oerlikon récupéra les plans, les machines et les employés de la SEMAG pour continuer à produire un canon de 20mm qui n’était plus identique au Becker, utilisant par exemple une cartouche différente du Becker et du SEMAG L.

Des nouveaux modèles apparaissaient régulièrement, l’année 1935 voyant la mise en service d’un canon destiné aux avions de combat, différentes variantes s’adaptant aux désidératas des clients.

La firme Oerlikon ne tarda pas à vendre des licences de fabrication comme à la firme française Hispano-Suiza, à l’allemande Ikaria, au Japon mais également à la Grande-Bretagne, Londres équipant aussi bien sa marine que son aviation ou que son armée de terre.

Les premiers canons destinés aux forces armées britanniques sont produits directement en Suisse avant qu’une chaine de montage ne prenne le relais au printemps 1941, les premiers Oerlikon made in Great Britain sortant des usines à l’été.

Si à bord des navires il était utilisé en affûts simples, doubles et quadruples, à terre, il était utilisé depuis un affût léger équipé de deux roues qui se relevaient au moment du tir pour permettre à l’affût de reposer au sol et d’être plus mobile. Quelques canons étaient montés sur des camions mais leur utilisation était plus anecdotique qu’autre chose.
Ce n’est qu’au cours du conflit que se généralisa les SPAAG (Self Propelled Anti-Aircraft Gun), le canon antiaérien automoteur, le plus courant étant un châssis de Cruiser avec un affût quadruple de 20mm redoutable en antiaérien comme contre des cibles terrestres peu protégées.

La Yougoslavie connaissait bien le canon de 20mm Oerlikon pour l’avoir choisit pour sa marine comme arme antiaérienne et pour aviation comme canon de bord. Logiquement quand il fût question de remplacer les Breda par un canon léger automatique équivalent, le choix de l’Oerlikon tombait sous le sens.

Dans la nouvelle compagnie antiaérienne yougoslave (au nombre de cinq, une par division d’infanterie et la dernière pour la 1ère Division Blindée) on trouvait quatre pelotons antiaériens, deux équipés de canons de 40mm Bofors et deux équipés de canons de 20mm Oerlikon soit un total de douze Bofors (2×6) et de seize Oerlikon (2×8) soit un total de vingt-huit armes, une puissance de feu sacrément accrue par rapport à l’été 1949.

Si dans l’infanterie les armes étaient remorquées par des véhicules légers (certains équipages installaient leurs canons à l’arrière du véhicule tracteur), au sein de la compagnie antiaérienne blindée, les canons étaient montés sur le plateau de camions avec des boucliers de protection (Si la guerre s’était poursuivie, la Yougoslavie aurait envisagé l’acquisition de canons automoteurs antiaériens mais les combats se sont arrêtés avant).

Comme de coutume ces canons étaient utilisés aussi bien pour le tir antiaérien que pour le tir contre les cibles molles au sol. Toujours en service à la fin du conflit le Oerlikon à été remplacé au début des années soixante par des canons de 23mm de conception soviétique mais fabriqués sous licence en Yougoslavie.

Le canon de 20mm Oerlikon était un canon léger antiaérien de conception suisse pesant 480kg à vide disposant d’un tube de 70 calibres (soit 1.40m) lui permettant de tirer un projectile (20x110mm) de 0.123 kg à une distance maximale pratique de 914m à raison de 450 coups par minute (250 à 320 coups en pratique) sachant que l’alimentation se fait par des chargeurs cylindres de 60 coups. L’affût permet au canon de pointer en site de -15° à +90° et en azimut sur 360°

Canon de 40mm Bofors

Certaines armes sont légendaires. Il suffit de prononcer le mot «Bofors» et toute personne un temps soit peu averties sait que je fais référence au canon de 40mm mis au point à la fin des années vingt par la firme suédoise.

A l’origine de ce programme lancé en 1928 figure une demande de la marine suédoise pour un nouveau canon antiaérien léger destiné à remplacer les 2 Pounder acquis en 1922 auprès des britanniques.

Au moment du lancement du programme, la firme allemande Krupp prit un tiers du capital pour poursuivre ses recherches mais signe de l’importance du programme, le projet de canon de 40mm est dissimulé aux techniciens allemands.

Un prototype sort des usines en novembre 1931 après trois ans de développement mais les essais vont se poursuivre jusqu’en octobre 1933 bien que l’acceptation officielle du modèle remonte à 1932 ce qui explique le nom du canon à savoir 40mm akan M/32 plus connu sous le nom de Bofors 40mm L/60,le chiffre 60 correspondant à longueur du tube en calibre soit une longueur de 2.4m.

Ironie de l’histoire, la marine suédoise préféra se concentrer sur une artillerie antiaérienne de plus petit calibre dans la tranche 13/25mm, Bofors plaça un canon de 25mm en 1932. Elle n’acquis qu’ultérieurement ce canon de 40mm d’abord dans une version réservée aux sous-marins avec un canon de 42 calibres (longueur du tube : 1.680m) avant de choisir également la variante standard.

Le premier client du Bofors L/60 fût la marine néerlandaise qui passa commande de cinq affûts en août 1934.

En avril 1935, Bofors présenta en Belgique une version terrestre de son canon avec un affût muni de quatre roues, le tir pouvant se faire depuis cet affût ou depuis une plate-forme qui s’abaisse au sol pour améliorer la stabilité.

Les commandes ne tardèrent pa affluer, commandes venues de Belgique, de Pologne, de Norvège, de Finlande et de Suède en attendant la France, la Grande-Bretagne et les Etats-Unis.

La Grande-Bretagne étudia le Bofors en acquérant quelques exemplaires produits sous licence en Pologne, les tests s’avérant concluants puisqu’une licence de fabrication fût acquise. Le Canada et l’Australie ne tardèrent pas à suivre pour équiper leurs armées nationales puis participer au réarmement de la Métropole. Ce canon allait équiper aussi bien la marine que l’armée de l’air ou l’armée de terre.

Outre les pays déjà cités ce canon à été utilisé par l’Allemagne (exemplaires capturés en Pologne en 1939, des exemplaires commandés directement à la Suède), la Chine (ce qui permis au Japon de le fabriquer sous licence), le Brésil, le Paraguay, l’Argentine, la Nouvelle-Zélande, le Mexique, l’Afrique du Sud et la Yougoslavie.

Tout comme l’Oerlikon, le Bofors n’était pas un inconnu pour les forces armées yougoslaves puisqu’il était utilisé par la marine. Ce n’est cependant qu’après la reconstitution des forces armées en exil que le Bofors allait également équiper l’armée de terre.

Au sein des quatre divisions d’infanterie et de la 1ère division blindée on trouvait une compagnie antiaérienne qui disposait de quatre pelotons antiaériens, deux équipés d’Oerlikon et deux armés chacun de six Bofors soit douze pièces par compagnie et un total de soixante pièces en ligne, la Yougoslavie recevant également douze pièces pour l’entrainement des servants.

Les Bofors furent utilisés principalement comme canons antiaériens mais aussi comme pièces sol-sol, le second rôle prennant de plus en plus de place avec l’affaiblissement de l’aviation ennemie de plus en plus rare dans le ciel balkanique.

Toujours en service à la fin de la guerre, le canon de 40mm Bofors resta en service jusqu’à la fin des années soixante avant d’être remplacé par le canon de 57mm S-60 de conception et de fabrication soviétique.

Le canon de 40mm Bofors était un canon antiaérien de conception et de fabrication suédoise pesant 1981kg en configuration transport (sur un châssis à quatre roues) mais seulement 522kg en ordre de combat. Disposant d’un tube de 60 calibres (soit un longueur de 2.4m), il tirait un projectile de type 40x311R pesant 0.9kg à une distance maximale de 7160m à raison de 120 coups par minute sachant que l’alimentation se fait par des lames-chargeurs de quatre obus.. L’affût permet aux quatre servants de pointer le canon en site de -5° à +90° et en azimut sur 360°

7.5cm M.1937

Ce canon antiaérien est une pièce tchèque créé par la firme Skoda. Après le démantèlement de la Tchécoslovaquie (1938/39), les canons disponibles ont été récupérés par l’Allemagne qui fit poursuivre la production au profit de ses alliés finlandais et italiens.

L’Italie récupéra selon les sources entre 150 et 200 pièces, la Finlande moins d’une centaine de pièces. Si Helsinki conserva ses pièces jusqu’à la fin du conflit, les pièces cédées à l’Italie et encore disponibles furent récupérées au profit des troupes allemandes déployées dans la péninsule.

Quelques pièces sont parvenus jusqu’à nos jours, faisant le bonheur des musées militaires d’Europe et d’Amérique.

La Yougoslavie à acquis 40 canons de ce type en 1937 pour équiper une partie de ses six régiments antiaériens créés au cours des années vingt et trente.

Ces pièces étaient surtout destinées à la défense antiaérienne du territoire mais durant la Campagne de Yougoslavie ils furent employés dans un rôle plus tactique. Il semble mais cela n’est pas avéré que quelques canons de ce type ont été utilisés non seulement pour la lutte antichar mais aussi comme pièce d’artillerie sol-sol.

Les italiens ont capturé quatre pièces, les allemands douze ce qui laissait un reliquat de vingt pièces puisque seulement trente-six pièces étaient encore en service en Yougoslavie en juillet 1949. Si les italiens ont conservé leurs pièces, les allemands les ont rétrocédés aux forces armées de l’Etat indépendant de Croatie. En ce qui concerne les canons yougoslaves aucun n’est parvenu jusqu’en Crète ou en Egypte.

Le 7.5cm kanon PL vz.37 était un canon antiaérien lourd de 75mm pesant 2800kg et tirant via un tube de 48.7 calibres (3.65m) un projectile type 75x656mmR de 6.5kg à une distance maximale de 9200m en tir antiaérien et de 4 à 6000m en tir sol-sol à raison de 10 à 15 coups par minute. L’affût permettait à l’équipe de pièce de neuf hommes de pointer le canon en azimut sur 360° et en site de 0° à +85°.

7.62cm M.1936

Le canon de 76.2mm modèle 1936 était ô surprise un canon antiaérien lourd de conception et de fabrication tchécoslovaque.

80 exemplaires ont été acquis par l’armée yougoslave pour équiper ses régiments antiaériens et assurer la défense du territoire plus que celle des troupes au sol. Ces canons ont participé à la campagne de Yougoslavie, quatre pièces parvenant jusqu’en Crète où elles n’ont pu servir à grand chose faute de munitions adaptées.

L’immense majorité du parc à soit été détruit ou alors capturé par les italiens (seize pièces) et par les allemands qui ont capturé trente-six pièces qui ont été pour la plupart transférées aux croates qui ne mirent en ligne qu’une partie des pièces pour faire durer l’arme. Deux canons ont survécu et sont aujourd’hui exposés dans des musées, la première à Zagreb et la seconde à Londres.

Le canon de 7.62cm modèle 1936 était un canon antiaérien de conception et de fabrication tchèque d’un calibre réel de 76.5mm pesant 3800kg en position de tir mais 5370kg en configuration transport.

Disposant d’un tube de 52.8 calibres (longueur du tube 4.04m) il tirait un projectile explosif de 14.58kg à une distance maximale de 16900m en tir sol-sol et 11500m en tir antiaérien à raison de 10 à 15 coups par minute.

L’équipe de pièce composée de neuf hommes pouvait pointer le canon en site de -1° à +85° et en azimut sur 360°.

7.65cm M.1928

Le canon de 76.5mm modèle 1928 était encore en juillet 1949 le principal canon antiaérien médian de l’armée yougoslave avec pas moins de 132 exemplaires acquis en 1930 pour équiper des régiments antiaériens créés à la même époque.

Quand les germano-italo-hongrois déclenchent l’opération MARITSA, il restait 96 canons en service, les trente-six autres ayant été réformés ou détruits suite à des incidents de tir. Comme il ne fallait rien gâcher, les canons réformés étaient cannibalisés pour récupérer la moindre pièce possible.

Lors de la Campagne de Yougoslavie ces canons furent utilisés pour la défense contre-avions mais aussi pour la lutte antichar (au moins six chars allemands ont été détruits) et pour le tir sol-sol même si ce n’était pas son domaine de prédilection.

Sur les 96 canons disponibles le 7 juillet 1949 54 ont été détruits au combat ou suite à des problèmes de munitions dont certains ont probablement été sabotées. Si l’armée yougoslave à réussi à en évacuer huit jusque dans le Péloponnèse (où elles ne serviront guère faute de munitions en quantité suffisante), les autres soit 34 ont été capturées par l’ennemi et réutilisées par celui-ci jusqu’à la fin du conflit ou leur destruction ce qui revenait au même puisqu’aucun n’à survécu à la fournaise du conflit.

Le Canon de 76.5mm modèle 1928 était un canon antiaérien de conception et de fabrication tchécoslovaque pesant 2440kg en batterie, disposant d’un tube de 50 calibres (soit une longueur de 3.825m) lui permettant de tirer un obus explosif de 14.9kg à une distance maximale en tir antiaérien de 8388m à raison de 15 à 20 coups par minute. L’équipe de pièce composée de neuf servants pouvait pointer le canon en site de 0° à +85° et en azimut sur 360°

Ordnance QF 3.7 Inch Gun

En 1914, l’avion est un appareil chetif fait de bois et de toile aux performances incertaines. Quatre ans plus tard, l’avion est toujours en bois et en toile mais l’enfant chétif à laissé la place à un vigoureux adolescent avec lequel il faut compter.

Si tous les pays n’ont pas créé une armée de l’air indépendante comme la Grande-Bretagne, le facteur aérien doit être pris en compte par les troupes au sol qui doivent se protéger.

Quand le premier conflit mondial se termine, le principal canon antiaérien britannique est le 3 Inch 20 cwt, un bon canon mais qui aurait du être remplacé par un canon de 3.6 pouces. Bien qu’officiellement accepté, ce canon n’entra jamais en production et à fortiori en service.

Seuls les canons de 3 pouces restèrent en service mais les unités de défense antiaériennes furent démantelées, la DCA étant absente de l’armée britannique jusqu’en 1922 quand elles renaissent, l’augmentation de la performance des avions rendant impensable l’absence d’unités de DCA dédiées.

Outre la recherche sur les canons, cette période voit la multiplication des projets, des démonstrateurs technologiques pour trouver les moyens d’employer au mieux les futurs canons antiaériens lourds.

En 1928, le portrait robot du futur canon antiaérien lourd est définit : 3.7 pouces pour le calibre (94mm), un obus de 25kg pouvant atteindre l’attitude de 8500m mais faute de financements, rien ne change jusqu’à la décennie suivante où les spécifications évoluent avec un obus de 13kg, une vitesse initiale de 910 m/s, un plafond de 11000m, la capacité d’être remorquée à la vitesse de 40 km/h avec un poids maximal de 8 tonnes et un délai de mise en oeuvre maximal de 15 minutes.

En 1934, Vickers-Armstrong se lança dans la réalisation de prototypes qui passèrent leurs tests d’acceptation en 1936 qui révèlèrent un poids plus important que demandé et une vélocité qui n’atteignait pas le chiffre demandé. En dépit de ces problèmes, la production fût lancé en 1937, le contexte international y étant certainement pour beaucoup.

La production commença doucement mais pris peu à peu sa vitesse de croisière, permettant d’équiper les douze divisions antiaériennes entre 1938 et 1945, les derniers 3 pouces quittant le service cette année là.

Le canon de 3.7 pouces installé sur un affût à quatre roues fût aussi employé sur des camions et sur des emplacements fixes. Comme ses homologues américains (M-1 de 90mm) français (canon de 90mm modèle 1939) et allemands (canon de 88mm), ce canon fût aussi employé comme pièce antichar.

Outre l’armée de terre, il fût utilisé par la Royal Navy pour la protection de ses bases navales. Il fût également exporté en Australie (produit sous licence), au Canada (produit sous licence), en Belgique, en Inde, en Irlande, en Nouvelle-Zélande, en Afrique du Sud, en Yougoslavie et en Grèce.

La Yougoslavie à acquis quelques canons de ce type avant le début de la seconde guerre mondiale, canons déployés autour de Belgrade pour protéger la capitale yougoslave. Ces douze canons furent tous détruits durant la Campagne de Yougoslavie.

Au moment de la reconstitution de l’armée yougoslave, un régiment antiaérien lourd fût mis sur pied avec trois groupes de trois batteries de quatre pièces soit un total de 36 canons de ce type, canons employés d’abord comme pures pièces antiaériennes puis peu à peu comme canons sol-sol, la menace aérienne diminuant sensiblement tant les alliés maitrisaient le ciel des Balkans.

Ces canons sont conservés dans l’immédiat après guerre mais remplacés dans les années soixante par quelques canons de 85mm mais surtout par des canons de 100mm en attendant la livraison des premiers missiles antiaériens.

L’Ordnance QF 3.7 Inch Gun était un canon antiaérien de conception et de fabrication britannique pesant 9317kg et disposant d’un tube de 50 calibres (longueur 4.7m) lui permettant de tirer un obus de 12.96kg à une distance maximale de 9754m en tir antiaérien et de 5600m en tir sol-sol à raison de 10 à 20 coups par minute, l’équipe de pièce pouvant pointer ce canon de 94mm en site de -5° à +80° et en azimut sur 360°

Mitteleuropa Balkans (132) Yougoslavie (20)

L’armée de terre yougoslave durant le second conflit mondial

Anticipation, préparation et mobilisation

La guerre de Pologne terminée, l’armée yougoslave à pu évaluer dans un contexte réel, dans un contexte de «stress opérationnel» ses atouts et ses manques. Inutile de préciser que les seconds l’emporte sur les premiers.

Un effort important doit être mené pour améliorer les capacités de l’armée yougoslave. Il ne s’agit pas uniquement d’acheter de nouvelles armes mais d’améliorer les capacités tactiques et stratégiques. Il s’agit également d’améliorer la représentativité des autres nationales dans les hautes sphères de l’armée.

Ce dernier effort mal considéré par les serbes donnera quelques résultats et c’est ainsi qu’en juillet 1949 au moment du déclenchement de l’opération MARITSA, sur les 175 généraux on comptera 124 serbes, 32 croates et 19 slovènes.

Cette modernisation ne peut se faire sans aide extérieure. Vu le contexte la logique aurait voulu que l’Allemagne soit la puissance tutélaire pour améliorer l’entrainement et l’équipement de la Jugoslovenska Vosjka.

Seulement voilà Berlin doit ménager son allié italien (que Berlin méprise pourtant et en qui il n’à guère confiance) et surtout la guerre civile allemande rend délicat tout investissement majeur.

Le Hotchkiss H-39

La France va en profiter et le 14 septembre 1945 un accord de coopération et d’assistance militaire est signé entre la République Française et le Royaume de Yougoslavie. Outre la fourniture d’armes modernes (fournitures symbolisées par les Hotchkiss H-39 et les Lioré et Olivier Léo 451) la France dépêche en Yougoslavie la MMFY (Mission Militaire Française en Yougoslavie) dirigée par le général Gamelin.

Ce dernier va transmettre les dernières conceptions tactiques d’une armée française en plein renouveau ce qui est ironique car en poste comme chef d’état-major des armées, il n’à pas fait preuve du même zèle moderniste que son successeur, le général Villeneuve.

Cette mission militaire va former et informer, va également servir d’officine de renseignement. Son travail ne sera pas toujours apprécié, plusieurs attentats étant déjoués par la police yougoslave.

Elle quitte le pays à l’été 1948 alors que les tensions deviennent telles en Europe que le conflit n’est qu’une question de semaine. Il y à aussi la réaffectation d’officiers à des postes plus opérationnels.

Pierre II, le général Mongomery et Winston Churchill

Le 30 août 1948 le roi de Yougoslavie Pierre II ordonne la mobilisation générale. Il s’agit d’éviter une attaque surprise alors que des mouvements de troupes italiens laissent craindre une attaque du Regio Esercito.

Elle se passe bien. Le plan de mobilisation de 1930 révisé à plusieurs reprises (la dernière fois en 1947 sous l’impulsion de la MMFY) se déroule avec fort peu d’incidents y compris dans des zones jugées problématiques comme la Slovénie et surtout la Croatie. Les déserteurs et les insoumis sont peu nombreux. Clairement la politique libérale de Pierre II a porté ses fruits en donnant envie aux croates et aux slovènes d’eux-aussi mourir pour Belgrade ce qui n’était bien entendu pas si évident auparavant.

Pierre II est officiellement commandant en chef de l’Armée yougoslave. Son oncle Paul l’ancien régent est inspecteur général, commandant en chef officieux de l’armée ce qui va poser problème avec le titulaire du poste, le général Dusan Simovic car les deux ne sont pas d’accord sur la stratégie à suivre.

A l’issue de la mobilisation (considérée comme achevée le 5 octobre 1948) l’armée de terre yougoslave aligne vingt-huit divisions d’infanterie, deux divisions d’infanterie de montagne, trois divisions de cavalerie, une brigade mécanisée ainsi que des unités de forteresse, de garde-frontières, d’artillerie (lourde et antiaérienne) et du génie.

Les frontières yougoslaves sont couvertes par des positions fortifiées. Loin d’être une Ligne Maginot Slave, ces positions sont des fortifications de campagne comparables sans la standardisation à celles aménagées par le CEZF en France durant la Pax Armada.

On trouve des blockhaus armés de canons et de mitrailleuses, des blockhaus permettant d’abriter des pièces d’artillerie, des abris pour l’infanterie, des tranchées, des champs de mines et des barbelés.

Il s’agit de freiner l’ennemi et d’éviter les percées ennemies. Des officiers yougoslaves seront informés sur les premières leçons de la Campagne de France sur l’importance de la profondeur, sur le concept du hérisson mais ces leçons ne seront que très partiellement appliquées en raison du manque de temps et surtout du manque d’unités motomécaniques pour éviter que les troupes yougoslaves ne s’enferrent dans une défensive stérile.

Sur le plan stratégique la Yougoslavie tente de convaincre Athènes, Paris et Londres de déployer des troupes mais c’est un échec.

Les grecs ne veulent pas sacrifier la défense du territoire national contre une aventure militaire dans le Vardar, les français et les britanniques sans le dire ouvertement doute de la capacité des troupes yougoslaves à tenir suffisamment longtemps pour permettre l’envoi d’un corps expéditionnaire.

Ordre de Bataille de l’armée yougoslave (juillet 1949)

1er Groupe d’Armées : couverture de la frontière italo-yougoslave et la frontière yougoslavo-allemande (ex-autrichienne)

Il comprend une 1ère Armée avec trois divisions d’infanterie (1ère, 7ème et 10ème DI), des unités d’artillerie lourde, une unité de reconnaissance aérienne détachée par l’armée de l’air, des unités de soutien.

La 2ème Armée dispose de trois divisions d’infanterie (17ème, 24ème et 30ème DI), de l’artillerie lourde, une unité de reconnaissance aérienne et des unités de soutien.

Deux Grandes Unités dépendent de l’état-major du groupe d’armées à savoir la 1ère division de cavalerie et la 1ère division d’infanterie de montagne.

2ème Groupe d’Armées : Il couvre la frontière avec la Hongrie ainsi que les accès à la capitale Belgrade.

Il comprend la 4ème Armée (27ème, 40ème et 42ème DI, de l’artillerie lourde, une unité de reconnaissance aérienne et des unités de soutien) ainsi que la 7ème Armée (32ème, 36ème et 38ème DI, de l’artillerie lourde, une unité de reconnaissance aérienne et des unités de soutien) mais aussi des unités de réserve générale à savoir la 3ème division de cavalerie et la 2ème division d’infanterie de montagne.

3ème Groupe d’Armées : Il couvre l’Albanie en cas d’attaque venue du petit royaume annexé par l’Italie en 1939.

Ce groupe d’armées comprend la 3ème Armée (13ème, 15ème et 25ème DI, unités d’artillerie lourde, de reconnaissance aérienne et de soutien) et la 8ème Armée (ex-3ème Armée territoriale) avec trois divisions d’infanterie (5ème, 20ème et 46ème DI) et les unités d’appui et de soutien habituelles.

La Réserve Générale comprend des unités d’appui, de soutien ainsi que la 22ème DI.

La 5ème Armée indépendante couvre les frontières avec la Roumanie et la Bulgarie. Elle comprend quatre divisions d’infanterie (8ème, 9ème, 34ème et 50ème) ainsi que la 2ème division de cavalerie.

La 6ème Armée indépendante déployée à cheval sur la Serbie et la Bosnie-Herzegovine est une réserve opérationnelle immédiate pour soutenir principalement les 1er et 2ème GA. Elle comprend trois divisions d’infanterie (3ème, 14ème et 49ème DI) ainsi que trois régiments de cavalerie indépendants (49ème, 75ème et 94ème).

La Réserve Stratégique comprend les 4ème et 6ème DI mais aussi la 1ère brigade mécanisée.

Ordre de bataille des armées ennemies

Le Panzer IV à été engagé en Yougoslavie

L’Allemagne déploie trois divisions blindées (1.PzD, 5.PzD et 12. PzD), la 1ère division de montagne (1. Gerbirgsjager Division), la 3ème division de chasseurs parachutistes (3. Fallschirmjäger Division) et sept divisions d’infanterie (3ème, 9ème, 14ème,25ème, 31ème,35ème DI, 5. Leichte Division).

Soldats italiens en Yougoslavie

L’Italie déploie la 2ème Armée avec le 5ème Corps d’Armée (3ème division alpine «Iulia» et 5ème DI «Cosseria»), le 7ème Corps d’Armée (14ème DI «Isonzo» et 17ème DI «Pavia») plus des unités de réserve générale avec la 47ème DI «Bari» et la 48ème DI «Taro».

La Hongrie engage sa 3ème Armée avec le 1er Corps d’Armée (16ème DI, 21ème DI, 25ème DI), le 2ème Corps d’Armée (17ème, 22ème et 26ème DI) et le 3ème Corps d’Armée (18ème, 24ème et 27ème DI).

L’armée yougoslave au combat

Dès le début de la campagne de Yougoslavie le haut-commandement choisit une défense élastique en s’appuyant sur les fortifications de campagne, les coupures humides et différents points hauts. Cette défense élastique aurait mérité de s’appuyer sur de puissantes unités motomécaniques pour contre-attaquer, pour user les pointes ennemies mais la Yougoslavie n’avait pas les moyens de ses ambitions.

Pour compenser le manque d’unités motomécaniques, le haut-commandement yougoslave mobilise ses unités de tcheniks, des unités de guérilla censées en cas d’occupation étrangère de provoquer le désordre et la discorde chez l’ennemi. Durant l’opération MARITSA, ils vont se laisser dépasser par l’ennemi pour attaquer la logistique et les militaires isolés. Ces attaques à l’impact militaire limité vont provoquer le retour de la peur du franc-tireur chez les soldats allemands pour le plus grand malheur des populations civiles, victimes collatérales du conflit.

L’Opération Maritsa est déclenchée le 7 juillet 1949 quand les allemands déclenchent le feu de Wotan avec des frappes aériennes et des tirs massifs de l’artillerie. Des parachutistes sont largués sur l’arrière du front mais leur impact est limité en raison de mauvaises conditions météo et d’un comité d’accueil parfois musclé. Cela fait regretter à certains officiers que le projet de larguer la division sur Zagreb ait été abandonné.

A la grande satisfaction du haut-commandement yougoslave (à majorité serbe rappelons-le) les troupes croates et slovènes ne se débandent pas toutes au premier choc. Il y à bien entendu des mouvements de panique, quelques mutineries et quelques cas de fraternisation mais ils sont limités.

Les italiens attaquent quelques heures plus tard. Pas (encore) de grandes manœuvres mais des bombardements aériens, des frappes d’artillerie et des reconnaissances armées que les yougoslaves contrent avec férocité et brutalité.

Les hongrois attaquent sans ardeur le lendemain 8 juillet 1949. Ils s’attendent à être accueillis en libérateurs par la minorité hongroise de Voïvodine mais ce n’est pas le cas. Après trois jours de flottement les hongrois se ressaisissent.

Très vite les troupes yougoslaves doivent se replier sur la Bosnie, ses montagnes, ses fleuves et ses forêts.

Les grandes villes tombent les unes après les autres. Lubjana est prise par les allemands dès le 10, les yougoslaves après avoir disputé les accès immédiats à la ville mais avoir renoncé à un combat urbain très aléatoire et surtout dévoreur d’hommes et de munitions ce que l’armée yougoslave possède en quantité limité.

Zagreb est prise le 14 juillet 1949. Dès le lendemain les oustachis d’Ante Pavelic proclame l’indépendance du pays. La majorité des unités croates mettent bas les armes, d’autres sont désarmées mais d’autres cachent leur origine pour continuer le combat.

La capitale yougoslave Belgrade tombe le 17 juillet. Les hongrois qui rentrent les premiers constatent un spectacle désolation en raison des violents bombardements aériens allemands, bombardements de terreur et non à vocation militaire.

Les troupes yougoslaves continuent de se battre avec férocité et acharnement mais elles sont au bord de l’épuisement et de la rupture.

Marchant la nuit et combattant le jour, elles ne peuvent imposer leur rythme à des troupes allemands plus fringantes encore que la très, la trop légère logistique allemande associée aux destructions va provoquer un ralentissement du tempo opérationnel évitant aux yougoslaves un effondrement plus rapide.

Le 9 août 1949 les hongrois et les bulgares font leur jonction. Les troupes de Sofia n’ont pas participé aux opérations de combat mais vont rapidement occuper les terres bulgarophones, une occupation très dure que fera regretter parait-il aux habitants le joug serbe voir pour les plus anciens le joug ottoman.

De leur côté les allemands se sont arrêtés dans le sud de la Serbie laissant aux italiens le Monténégro que Rome considère comme faisant partie de sa chasse gardée.

A l’automne 1949 les dernières troupes yougoslaves encore en état de se battre se replient sur la Grèce.

Si certaines encore disciplinées vont combattre, nombre d’entre-elles n’ont plus d’unité militaire que le nom et vont rapidement être évacués vers la Crète puis vers l’Egypte pour entamer le long et lent processus de reconstruction d’une armée yougoslave digne de ce nom.

Renaissance et libération

Le gouvernement yougoslave réfugié à Jerusalem puis au Caire se préoccupe très vite à la fois de reconstituer une armée crédible et de convaincre les alliés de reprendre la lutte dans les Balkans d’en faire sinon le front principal du moins un front important dans la stratégie générale des alliés.

Ils vont échouer sur les deux plans. Non seulement les alliés n’ont pas l’intention de déployer des forces importantes mais juste les forces nécessaires à tenir le front mais la reconstitution de l’armée va se heurter à un manque de moyens, des querelles de personnes, des querelles politiques et idéologiques.

Certains officiers yougoslaves écœurés vont préférer démissionner pour intégrer la Légion Etrangère ou opérer au profit des SR alliés au soutien des maquisards royalistes et des partisans communistes.

Le front grec avant le déclenchement de l’opération ANVIL. En voyant la carte on se dit qu’Athènes va être vite reprise. En réalité il faudra près de deux mois de violents combats pour y parvenir avec des dégâts considérables pour ce phare de la civilisation occidentale.

La Campagne de Grèce qui fait suite à la Campagne de Yougoslavie. Elle s’achève à l’orée du printemps 1950, les historiens fixant traditionnellement sa date au 17 mars et la bataille du golfe de Zanthe où cuirassés et porte-avions des deux camps s’étripent joyeusement.

Les Balkans avant le début de la contre-offensive alliée

Si les alliés contrôlent le Dodécanèse (capturé lors de l’opération CATAPULT), la Crète et la Péloponnèse, l’Axe domine la Grèce continentale, la Céphalonie et les Cyclades. Le front se fige, les deux belligérants épuisés sont incapables de prendre le dessus. Des attaques locales sont menées tout comme des raids commandos pour maintenir la pression mais pas d’offensive avec un grand O.

Il faudra attendre l’automne 1952 pour que les alliés se décident à repasser à l’offensive. C’est l’opération Anvil déclenchée le 21 septembre 1952 mais les yougoslaves ne sont pas encore engagés faute d’unités suffisamment équipées et suffisamment entrainées.

On trouve la 8th Army (UK) avec deux corps d’armées, un corps d’armée britannique (deux DI et unr DB) et un corps d’armée sud-africain (deux DI), la 10th Army (UK) avec un corps d’armée sud-africain (une DI et une DB) et deux corps d’armée britanniques (deux DI chacun) et l’Armée Grecque de Liberation (AGL) qui dispose de trois corps d’armée à deux divisions (deux CA à deux DI et un CA avec une DB et une DI).

Après de violents combats, la capitale Athènes est reprise le 17 décembre 1952. La ville est dévastée y compris l’Acropole. Symboliquement c’est le bataillon sacré _une unité para-commando_ qui hisse sur l’Acropole le drapeau grec qu’un evzone avait retiré au nez et à la barbe des allemands.

Le territoire grec est entièrement libéré ou presque en février 1953. Des unités alliées effectuent des incursions en Albanie et en Macédoine mais elles sont trop faibles pour se maintenir.

Le basculement italien du printemps 1953 favorise l’avancée alliée, l’Albanie étant occupée quasiment sans combats.

Le 19 mai 1953, les alliés lancent l’opération Sledgehammer avec enfin l’engagement de troupes yougoslaves. La 1ère Armée Yougoslave dispose de deux corps d’armées à deux DI, le 1er CA avec les 8ème et les 13ème DI ainsi que le 2ème CA avec les 5ème et 27ème DI + la 1ère division blindée yougoslave rééquipée par les américains avec Greyhound, Chaffee et Sherman. Les numéros des divisions ont été choisis pour célébrer la mémoire des divisions qui s’étaient illustrées durant l’opération MARITSA.

Les débuts sont médiocres non par manque de volonté mais par une volonté de trop bien faire, l’agressivité des troupes yougoslaves générant des pertes assez lourdes. Il faudra un peu de temps pour corriger le tir.

Outre la 1ère Armée Yougoslave, d’autres unités vont participer à cette Campagne des Balkans. On trouve notamment une compagnie commando, la 7ème compagnie du 10ème commando interallié qui intègre également des commandos britanniques, français, polonais, grecs et même sud-africains.

Cette compagnie va opérer dans des raids contre l’arrière du front, vont mener des opérations homo contre certains chefs collabos ou d’anciens résistants retournés par les allemands et les italiens.

Ils vont être les premiers soldats yougoslaves à reprendre officiellement la lutte et pénétrer sur le territoire yougoslave.

Un bataillon parachutiste est formé en juin 1953 mais il n’est engagé que comme infanterie traditionnelle et non comme unité aéroportée.

A l’été 1953 le front suit une ligne qui passe au nord de Durres (le port reste sous le feu de l’artillerie allemande), traverse le centre de la Macédoine et longe la frontière bulgaro-grecque.

Le 9 novembre 1953 alors que l’automne est exceptionnellement clément les alliés relancent les opérations avec l’opération Sword.

Les yougoslaves sont en pointe de l’offensive aux côtés des grecs, les britanniques et les sud-africains étant en retrait pour éviter de s’aliéner les populations locales pas vraiment enclines à échanger une domination étrangère contre une autre.

Cette opération voit la libération de la totalité du territoire albanais, du Monténégro et du sud de la Serbie.

Sarajevo tombe le 23 novembre, Split le 25, Nis le 7 décembre 1953. En revanche un coup de main mal planifié et mal exécuté en direction de Belgrade échoue le 17 décembre 1953.

A l’orée de 1954, le front passe au sud de Belgrade (50 à 75km selon les endroits), traverse le nord de la Bosnie et atteint le sud de Zadar. Cette dernière ville est prise dès le 5 janvier 1954, le port saisi quasiment intact permet un ravitaillement plus rapide des troupes alliées.

Le 17 janvier 1954 les alliés lancent une audacieuse opération, l’opération Welcome/Bienvenue qui voit la brigade parachutiste canadienne être larguée près de Belgrade pour favoriser l’action des maquisards royalistes qui dominent dans cette région alors qu’en Bosnie et dans le sud de la Serbie les communistes sont davantage maitres du jeu.

Parachutiste canadien

Les paras canucks s’emparent des cibles stratégiques en liaison avec les combattants de l’ombre et d’autres unités commandos alliées (bataillon sacré, 10ème commando interallié, corps franc des Balkans).

Les allemands qui savent leur position intenable se content de mener des combats retardateurs pour replier le maximum d’hommes et de matériel en vue d’une contre-offensive qui n’aura jamais lieu. La capitale de la Yougoslavie tombe le 20 janvier 1954.

Tout le territoire yougoslave est libéré à la fin du mois de février et le 4 mars 1954 les dernières troupes ennemies capitulent. Si les allemands sont bien traités, leurs supplétifs qu’ils soient monténégrins, slovènes, croates ou serbes sont souvent massacrés dans des conditions atroces.

L’armée yougoslave va passer l’été à tenter de ramener l’ordre et la sécurité sur le territoire national non sans mal en raison de problèmes avec certains irréguliers qui avaient clairement pris goût à la clandestinité et à l’illégalité. De véritables opérations militaires doivent être menées non sans regrettables dérapages.

Quand le second conflit mondial se termine l’armée royale yougoslave qui a intégré de nouvelles recrues au fur et à mesure de son avancée sur le territoire du royaume de Pierre II aligne six divisions d’infanterie (quatre divisions d’infanterie vue plus haut et deux divisions d’infanterie légère, les 4ème et 7ème DLI), une division blindée, des unités commandos, de l’artillerie et du génie.

C’est une armée expérimentée, habile mais déjà travaillé par les dissensions entre royalistes et communistes, divisions qui remplacent souvent les divisions nationales de l’avant-guerre mais ceci est une autre histoire.

Mitteleuropa Balkans (131) Yougoslavie (19)

Création et évolution de la Jugoslovenska vojska

La future Jugoslovenska vojska voit le jour le 1er novembre 1918 quand le Conseil National des Croates, Slovènes et Serbes met sur pied un Département de la Défense Nationale pour pouvoir chapeauter les unités austro-hongroises présentes sur son territoire.

Un mois plus tard l’Etat des Slovènes, Croates et Serbes s’unit avec le Royaume de Serbie ce qui donne naissance au Royaume des Serbes, Croates et Slovènes.

Quatre jours plus tard, le 5 décembre 1918, le 25ème régiment d’infanterie de la Garde Nationale Croate ainsi que des éléments de la 53ème DI opposés à l’unification des Slaves du Sud dans un même état manifestent dans les rues de Zagreb.

La police charge et règle le problème de façon musclée puisqu’on compte 15 morts et 17 blessés. Les unités concernées sont aussitôt démobilisées puis dissoutes.

A la fin de l’année 1918, une mission militaire serbe dirigée par Milan Pribicevic, Dusan Simovic et Milisav Antonijevic arrive à Zagreb pour former l’armée du nouveau royaume.

Le 1er janvier 1919 134 officiers supérieurs de l’armée austro-hongroise sont mis à la retraite ou relevés de leurs postes. En 1919/20 des combats opposent l’armée yougoslave et des corps françs autrichiens à propos de la Carinthie, region disputée entre la future Yougoslavie et la république d’Autriche.

En 1921 l’armée yougoslave comprend une division de cavalerie à quatre régiments montés et seize divisions d’infanterie à trois régiments d’infanterie et un régiment d’artillerie plus des unités d’appui et de soutien.

Les seize divisions d’infanterie sont regroupées en quatre zones militaires qui en temps de guerre doivent former autant d’armées : Novi Sad (1ère Armée), Sarajevo (2ème Armée), Skopje (3ème Armée) et Zagreb (4ème Armée). Fin 1921 une 2ème division de cavalerie est créée avec les quatre régiments montés qui dépendaient de chaque armée.

En ce qui concerne l’artillerie outre les régiments divisionnaires on trouve un régiment de canons et un régiment d’obusiers pour chaque armée.

Comme l’immense majorité des pays, c’est une armée de conscription, le service militaire étant nécessaire pour non seulement maintenir les effectifs du temps de paix (140000 hommes) et pour aboutir aux effectifs du temps de guerre (qui vont varier durant la période qui nous intéresse).

En ce qui concerne l’équipement il est naturellement disparate avec deux arméees disposant d’uniformes austro-hongrois et deux armées habillées à la française. L’armement est lui aussi varié avec des armes héritées de l’ancienne armée serbe et des armes venues de feu la Double-Monarchie.

Dans les années vingt l’armée yougoslave est impliquée dans plusieurs opérations comme les tentatives de retour de Charles IV de Hongrie ou encore des querelles de frontière avec l’Albanie et la Bulgarie.

Les premières années sont difficiles. La discipline est très stricte mais si une armée ne peut se passer de discipline cela ne fait pas tout. Les manques sont nombreux : budgets insuffisants, infrastructures défaillantes, manque de personnel compétent, manque de fournitures et d’armes…. .

En 1922 l’artillerie est réorganisée. Les obusiers présents au niveau des différentes armées vont rallier le niveau divisionnaire, huit des seize divisions d’infanterie disposant d’une brigade d’artillerie avec le régiment d’artillerie divisionnaire présent depuis 1921 et un régiment d’obusiers.

Les effectifs du temps de paix sont réduits passant de 140 à 10000 hommes avec le transfert des Gardes Frontières sous l’autorité du ministère des Finances alors que la Gendarmerie passe sous l’autorité du ministère de l’Intérieur.

Une partie de l’armée yougoslave est très engagée politiquement notamment des officiers serbes qui forment la Main Blanche, un groupe occulte qui va notamment tout faire pour bloquer la «yougoslavisation de l’armée». Cela explique que jusqu’à une date récente les hautes-sphères de l’armée royale yougoslave étaient quasi-exclusivement serbes.

En 1923 le service militaire universel est mis en place. Les hommes yougoslaves sont soumis à des obligations militaires de 21 à 50 ans étant affectés après leur service dans l’armée d’active lors de rappels réguliers de 21 à 40 ans puis de 40 à 50 ans dans la Réserve.

Des compagnies frontalières sont mises sur pied pour éviter les attaques surprises, compagnies qui couvrent la frontière albanaise, la frontière grecque et la frontière bulgare.

Toujours en 1923 le dernier général non serbe se retire. Le nombre de généraux passe de 26 à plus de 100.

En 1924 les seize divisions d’infanterie disposent désormais d’une brigade d’artillerie avec les deux régiments selon le modèle décrit plus haut.

En 1925 une Division de la Garde est mis sur pied avec deux régiments de cavalerie, un régiment d’infanterie et un régiment d’artillerie.

En 1926 une 5ème Armée est mise sur pied. Cette création se fait à effectifs constants avec deux divisions de la 1ère Armée (Novi Sad) et de la 4ème Armée (Zagreb).

Treize compagnies frontalières supplémentaires sont mises sur pied pour couvrir les frontières italiennes et hongroises.

Du 29 septembre au 2 octobre 1926 les premières grandes manœuvres sont organisées mais signe important on doit mobiliser des réservistes pour atteindre le chiffre de 10000 hommes.

En revanche on peut douter de la pertinence du scenario choisit à savoir des exercices s’inspirant des tactiques et des règlements de l’armée britannique avant la deuxième guerre des Boers, un conflit ayant eu lieu de 1899 à 1902.

Des militaires yougoslaves et différentes armes automatiques

En 1928 l’armée yougoslave met sur pied quatre régiments d’infanterie supplémentaires pour faire face à la montée en puissance de l’armée italienne. Ils doivent servir de noyau à quatre nouvelles divisions d’infanterie.

En 1929 Alexandre 1er met en place une dictature royale qui entraine une purge dans l’armée avec 32 généraux démis de leurs fonctions.

De nombreuses armes (fusils, mitrailleuses et canons notamment) sont livrés et la même année trois exercices inter-divisionnaires sont organisés avec des résultats mitigés.

En 1930 l’immense majorité des généraux de l’armée yougoslave sont serbes. Les généraux croates et slovènes occupent des postes secondaires. Cette politique ne va changer que dans les années quarante au moment de la Pax Armada. Cela explique les réticences des jeunes croates et des jeunes slovènes à s’engager dans l’armée puisque les perspectives de postes prestigieux sont limitées pour ne pas dire inexistantes.

En dépit d’achats réguliers d’armes les manques sont nombreux (mitrailleuses légères et lourdes, transport motorisé, transmissions, ponts mobiles, chars) et les manœuvres sont organisées comme si le premier conflit mondial n’avait pas eu lieu puisque la cavalerie charge toujours comme du temps de Napoléon ou encore l’infanterie attaque en masse à la façon de l’infanterie française à l’été 1914.

Les attachés militaires britanniques en poste à Belgrade ne sont pas tendre avec les officiers yougoslaves vus comme ultra-conservateurs, d’un esprit étroit, borné, refusant tout changement.

La crise de 1929 gêle l’entrainement des unités et quand il y à entrainement il se limite à des parades, à une formation de tir peu adaptée au combat et à quelques manœuvres en terrain libre.

En 1931 chaque bataillon d’infanterie reçoit une compagnie de mitrailleuses. Les divisions Svaska (Zagreb) et Dravska (Lubjana) convertissent un de leurs trois régiments d’infanterie en régiment d’infanterie de montagne. C’était une première étape vers la création de véritables unités de ce type.

C’est l’année suivante en 1933 que deux brigades de montagne indépendantes sont mises sur pied avec deux batteries de 75mm.

Dès cette époque on envisage une guerilla en cas d’invasion du territoire national et pour cela on prépare des unités Chetnik. Toujours en 1932, trois régiments d’artillerie antiaérienne sont mis sur pied.

Au début de 1933 Belgrade craint un conflit avec l’Italie et la Hongrie, deux pays avec lesquels la Yougoslavie partage de solides contentieux frontaliers.

L’état-major se montre cependant confiant dans les capacités d’une infanterie robuste et d’une artillerie bine équipée. Il manque cependant de nombreuses armes pour faire la différence dans un conflit moderne.

C’est aussi à cette époque que commence la période des «classes creuses», les appelés pour le service militaire sont moins nombreux qu’auparavant car nombre de jeunes hommes sont morts durant les guerres balkaniques et le début du premier conflit mondial avant d’avoir pu avoir des enfants.

Des choix sont donc faits avec des dissolutions d’unités ou la réaffectation d’effectifs dans d’autres armes. Si on dissous des unités d’infanterie on créé néanmoins trois régiments antiaériens indépendants. Il faut noter néanmoins que l’armée yougoslave connait un déficit en terme d’officiers (3500 postes vacants) et de sous-officiers (7500 postes vacants).

En 1934 on note une volonté de réduire la taille des DI pour créer un échelon intermédiaire entre la division et l’armée à savoir l’échelon du corps d’armée mais cette réforme est ralentie puis quasiment bloquée par les plus conservateurs. A noter également la création d’un bataillon de guerre chimique avec pour objectif que chaque armée dispose d’une compagnie.

Des manœuvres militaires au niveau de l’armée sont prévues pour 1935 et on commence à étudié la possibilité de développer au sein de l’armée yougoslave des unités motomécaniques. Le rapport demande cependant d’y aller avec prudence en raison d’une géographie contrainte et d’infrastructures pas toujours adaptées.

Toujours en 1935 on estime qu’il faudrait un mois à l’armée yougoslave pour mobiliser 800 à 900000 hommes. Le processus de mobilisation prévoit le dédoublement de huit des seize divisions d’infanterie du temps de paix mais aussi le dédoublement de l’unique division alpine.

On prévoit également la formation d’une troisième division de cavalerie qui représenterait vingt-quatre divisions d’environ 25000 hommes, une Division de la Garde, deux Divisions Alpines et trois Divisions de Cavalerie. La même année six régiments d’infanterie sont dissous mais les moyens sont répartis pour permettre le renforcement des régiments existants.

Des armes modernes continuent d’arriver notamment de Tchécoslovaquie mais les lacunes restent nombreuses notamment en ce qui concerne les radios et quand ces derniers sont présentes il y à impossibilité de communiquer par exemple entre l’artillerie et l’aviation ou entre l’infanterie et l’artillerie !

Les fameuses manœuvres de 1935 sont davantage des démonstrations que l’on ferait pour des autorités que de véritables exercices militaires. De plus les généraux ont peu de liberté de manœuvre ce qui nuit au but recherché à savoir amélioré les compétences des officiers d’état-major.

Renault FT en version canon avec un canon de 37mm SA modèle 1916

En 1936 un premier bataillon de chars est créé, un bataillon à trois compagnies de trois pelotons de cinq chars équipé de vénérables Renault FT.

En septembre 1937 des manœuvres sont organisées en Slovenie avec l’équivalent de quatre divisions.

Les attachés militaires invités en observateurs peuvent observer les nombreuses lacunes de l’armée yougoslave : incompétence de nombreux officiers, formation et entrainement insuffisant à tous les échelons, manque d’armes modernes….. . Le seul point positif est que les réservistes croates et slovènes ont répondu présents.

Toujours en 1937 des fortifications sont construites à la frontière italienne pour contrer une attaque surprise de l’armée italienne. Point de Ligne Maginot mais plutôt comme souvent en Europe des blockhaus et autres bunkers tactiques destinés à empêcher que l’on franchisse trop facilement la frontière. Clairement il s’agit de gagner du temps et non de stopper l’ennemi.

En 1938 la situation géopolitique de la Yougoslavie se dégrade avec l’union ou plutôt l’annexion de l’Autriche par l’Allemagne, l’affaiblissement de la Tchécoslovaquie avec les Accords de Munich. Il y à désormais une frontière commune avec l’Allemagne ce qui change bien des choses sur le plan militaire.

Toujours en 1938 un Commandement de la Défense Côtière est créé mais c’est une simple réorganisation administrative puisque cela se fait à effectifs et moyens constants. La même année les livraisons de fusils et de mitrailleuses de la part de la dynamique industrie militaire tchécoslovaque permet de combler les dernières lacunes et les premiers ouvrages fortifiés sont érigés à la frontière avec l’Allemagne.

Une chose ne change pas cependant : la surreprésentation des serbes parmi les hauts-gradés de l’armée. Sur 165 généraux on trouve seulement deux croates et deux slovènes ce qui laisse 161 postes aux serbes.

Un effort significatif sera mené durant la Pax Armada et sans totalement rééquilibrer les choses il corrigera nombre de situations abérrantes comme l’absence totale de généraux croates ou slovènes à la tête d’unité composées de soldats venus de ces régions.

A l’orée de la guerre de Pologne la Yougoslavie doit normalement pouvoir mobiliser 1 457 760 soldats répartis en trente divisions d’infanterie, une division de la Garde et trois Divisions de Cavalerie.

Quand le conflit éclate la Yougoslavie déclare sa neutralité et mobilise une partie de ses troupes pour pouvoir faire face à un débordement du conflit voir une attaque surprise de l’Italie que Belgrade fixe plutôt depuis l’Albanie en direction du Monténégro plutôt que sur la frontière nord-ouest.

La fin du conflit permet à l’armée de terre yougoslave de revenir à son format du temps de paix. Il faut cependant tenir compte des leçons du conflit et essayer si possible de corriger les problèmes d’équipement.

Sur ce plan la situation est contrastée. Si l’armée yougoslave possède 4000 pièces d’artillerie seules 1700 peuvent être considérées comme modernes et nombre d’entre-elles (812) sont des canons antichars ce qui signifie que le parc de l’artillerie de campagne est sinon obsolète du moins en voie de déclassement.

On compte également 2300 mortiers de différents calibres (mortiers d’infanterie et d’artillerie _220 et 305mm par exemple_) et 940 canons antiaériens légers et médians.

En ce qui concerne les chars et les unités motomécaniques on trouve six bataillons d’infanterie cycliste au sein des divisions de cavalerie (trois par division en temps de paix, deux en temps de guerre), six régiments d’artillerie motorisés et des unités de chars, des Renault FT et des Renault R-35. On trouve également des chenillettes à la valeur militaire douteuse et des camions importés des EUA.

Renault R-35

Le plan de mobilisation actualisé en 1941 prévoit la mise sur pied de vingt-huit divisions d’infanterie, de trois divisions de cavalerie et de trente-cinq unités indépendantes qui doivent former le cœur de groupements occasionnels pour combattre sur la frontière. A la même époque sur les 167 généraux on compte 150 serbes, 8 croates et 9 slovènes. Un progrès mais la route est encore très longue.

Les divisions doivent être regroupées en armées puis en groupes d’armées. Toujours selon le plan de mobilisation de 1941 cela doit aboutir à la situation suivante :

-2ème Groupe d’Armées (Entre les Portes de Fer sur le Danube et la Drava) : 1ère et 2ème Armée

-1er Groupe d’Armées (Italie, Allemagne et Hongrie) : 4ème et 7ème Armées

-3ème Groupe d’Armées (Roumanie, Bulgarie, Albanie) : 3ème Armée, 3ème Armée territoriale, 5ème et 6ème Armée

On peut voir que les moyens sont concentrés dans le sud du pays et non au nord. Là aussi durant la Pax Armada la répartition va être mieux équilibrée.

Mitteleuropa Balkans (128) Yougoslavie (16)

ARMEE ROYALE YOUGOSLAVE

Une histoire militaire de la Yougoslavie

L’armée yougoslave avant la Yougoslavie : miscellanées

Dans cette partie je vais brièvement parler de l’art de la guerre slave et du rôle des unités slaves dans la défense de l’empire austro-hongrois, croates, slovènes et serbes de Croatie jouant un rôle important dans la défense de la Frontière Militaire, une marche destinée à contrer non seulement les invasions ottomanes planifiées mais surtout les raids de pillage menés par les tristement célèbres bachi-bouzouks.

Représentation graphique es unités de la Frontière Militaire

En revanche en ce qui concerne la Serbie le rôle joué par l’armée serbe dans le premier conflit mondial mérite des catégories à part.

Les Slaves sont apparus dans l’histoire au 6ème siècle venant des steppes russes. Il s’agissait essentiellement nomades combattant donc à cheval même si très vite les unités d’infanterie se développèrent par exemple sous l’empire bulgare, la noblesse bulgare ne jurant que par et pour la cavalerie, laissant les slaves combattre au sein des unités d’infanterie.

Avec la montée en puissance des habsbourgs et la menace ottomane, les slaves ont servit de soldats pour les deux camps et surtout pour la maison d’Autriche qui pour faire face aux ottomans transforma l’actuel sud de la Croatie en marche militaire.

Les pandurs étaient une unité de cavalerie légère qui comme les dragons pouvaient aussi combattre à pied

Le 5 décembre 1868 est créée la garde nationale royale de croatie (Kraljevsko hrvatsko domobranstvo), une entitée militaire de l’armée royale hongroise. Cela faisait suite au compromis hungaro-croate de 1868 qui faisait suite au compromis de 1867.

Cet accord prévoyait que les croates et les serbes de Croatie réalisent leur service militaire en Croatie, que l’entrainement se fasse dans la langue croate, que des académies soient mises sur pied et que les unités puissent prendre des noms croates.

Cette force militaire est d’abord composée de huit escadrons stationnées dans cinq villes différentes.

C’est ainsi que la ville de Varazdin accueille les 29ème, 30ème et 79ème escadrons, Zagreb le 80ème, Virovitica le 81ème, Vukovar le 82ème et enfin Vinkovici les 31ème et 32ème.

Suite à une réforme, les moyens sont réorganisés en huit bataillons stationnés à Sisak (83ème bataillon), Bjelovar (84ème), Gospic (87ème), Ogulin (88ème),Svarca (89ème), Glina (90ème), Nova Gradiska (91ème) et Mitrovica (92ème).

Une nouvelle réforme regroupe les moyens en cinq régiments stationéns à Zagreb (25ème), à Karlovac (26ème), Sisak (27ème), Osijek (28ème) et Varazdin (10ème), les quatre premiers régiments étant des unités d’infanterie, le dernier un régiment de cavalerie.

Ces unités vont participer à la première guerre mondiale sur le front serbe, la garde nationale disparaissant en même que l’Autriche-Hongrie.

Au sud de la future Yougoslavie on trouve l’armée royale monténégrine. Avant d’être royale cette armée défendait la principauté du Monténégro qui devint royaume en 1910 pour seulement dix ans.

Cette armée est réorganisée en 1880. Chaque commune doit former un bataillon de réserve ce qui représente quatre bataillons. Dès l’année suivante des exercices réguliers sont conduits.

Qui dit armée dit cadres et en 1882 quatorze monténégrins sont envoyés à l’étranger (notamment en Italie et en Russie) pour être formés au métier d’officier, dix d’entre-eux obtenant leur diplôme. Ils ouvrirent des cours à Podgorica, Niksic et Cetinje pour transmettre leur vécu.

En septembre 1885 une école de sous-officiers d’infanterie est ouverte à Podgorica. L’année suivante c’est une école d’officiers d’artillerie qui ouvre à Cetinje (c’est également la première école d’officiers du Monténégro).

En 1910 un texte est adopté pour officialiser les lois et l’organisation de l’armée monténégrine qui s’organise entre des unités d’infanterie, d’artillerie, de reconnaissance, du génie, des unités sanitaires, dees ouvriers militaires, une justice militaire, une gendarmerie et des unités logistiques.

Trois ans plus tard en 1913 la gendarmerie monténégrine devient une unité de police spéciale.

Depuis 1912 le territoire du royaume du Monténégro est divisé e quatre zones divisionnaires : Cetinje, Podgorica, Niksic et Kolasic. Suite aux deux guerres balkaniques on ajoute les zones divisionnaires de Plevlja et de Pec.

A cette époque l’armée monténégrine comprend onze zones de brigade, cinquante-deux districts et 322 zones bataillonnaires.

Chaque division d’infanterie regroupe deux ou trois brigades avec également trois batteries d’artillerie. Cela représente une force militaire de 55000 hommes.

Après avoir participé aux deux guerres balkaniques aux côtés de la Serbie, l’armée monténégrine mobilise 50000 hommes alors que début la première guerre mondiale.

Ces moyens sont répartis entre la Division de Plevjla qui comprennait dix bataillons soit environ 6000 hommes, le Détachement d’Herzegovine composé de quinze bataillons et d’environ 15000 soldats, le Détachement de Lovcen qui disposait de 18 bataillons et d’environ 8000 hommes alors que le Détachement de la Vieille Serbie disposait de treize bataillons et d’environ 6000 hommes.

Mal équipée cette armée fit ce qu’elle pu face à l’offensive austro-hongroise lancée en 1916 et qui submergea rapidement le petit royaume qui ne le savait pas encore mais allait disparaître après moins de dix ans d’expérience.

Feldwebel (sergent) de l’infanterie bosniaque

Au sein de l’empire austro-hongrois on trouvait des unités d’infanterie bosniaques. Appelées Bosniaken, ces soldats étaient recrutés en dehors des régions autrichiennes et hongroises avec une part significative de personnel de confession musulmane (un tiers environ).

Formant des régiments ils portaient leurs propres uniformes, une coiffure distinctive (le fez) et disposaient de leur propre séquence numérale.

En 1914 ils formaient quatre régiments d’infanterie numérotés un à quatre et un bataillon de fusilier de campagne (Feldjägerbataillon).

Suite au Congrès de Berlin, l’Autriche-Hongrie avait reçu l’administration de deux provinces ottomanes, le Vilayet de Bosnie et le Sandjak de Novi-Pazar. L’occupation militaire généra des combats jusqu’en octobre 1878, les austro-hongrois perdant plus de 4000 soldats (946 morts et 3980 blessés).

Pour assurer le maintien de l’ordre les austro-hongrois lèvent une force militaire local baptisée pandurs mais c’est un échec cuisant, nombre d’entre-eux se transformant en brigands qui augmentent l’insécurité qu’ils étaient censés combattre.

En novembre 1881 le gouvernement austro-hongrois passe une loi militaire ou Wehrgesetz obligeant les bosniens à servir dans l’armée impériale.

Cela entraine un certain nombre de révoltes entre décembre 1881 et janvier 1882, révoltes durement réprimées. Il faudra l’intervention du Mufti de Sarajevo pour ramener le calme.

Les premières unités d’infanterie sont levées en 1882 dans les quatre principaux districts de recrutement (Sarajevo, Banja Luka, Tuzla et Mostar). Du format companie ils passent au statut de bataillon (huit en 1889). En 1892 trois autres bataillons sont mis sur pied.

En 1894 l’administration militaire met sur pied l’association du régiment d’infanterie de Bosnie-Herzégovine pour préparer son intégration à l’armée impériale. Cette décision est juridiquement validée mais ne sera pleinement appliquée qu’en 1897. En 1903 le Feldjägerbataillon est mis sur pied.

A l’orée du premier conflit mondial, les quatre régiments d’infanterie bosniaques regroupent 10156 hommes plus 21327 réservistes. Le Feldjägerbataillon comprend 434 jägers (chasseurs) et 1208 réservistes. Sur plan religieux c’est ainsi équilibré avec un tiers de musulmans, un tiers de serbes orthodoxes et un tiers catholiques romains avec respectivement 31, 39 et 25, le reliquat soit 5% étant constitué de catholiques grecs (uniates), de juifs et de protestants.

Durant le premier conflit mondial les effectifs connurent une très grande expansionavec pas moins de 36 bataillons de 1200 hommes chacun soit un effectif théorique de 43200 soldats.

Une telle expansion ne peut se faire sans «tricher» sur l’origine des recrues et on pu voir des hongrois, des polonais, destchèques et des ukrainiens rejoindre les unités bosniennes pendant que des bosniens rejoignaient des unités de recrutement germanophone ou magyarophone. Cela diminua l’efficacité d’unités qui restèrent fidèles à la Double-Monarchie et ce jusqu’à la fin du conflit.

En 1916 la conquête de l’Albanie ouvrit à Vienne un autre vivier potentiel de recrutement et c’est ainsi que 5000 albanais furent recrutés au sein d’unités dont l’encadrement était fourni par des officiers bosniens de confession musulmane.

Plusieurs furent décorés voir anoblis pour acte de bravoure au combat, certains connaissant une deuxième carrière militaire au sein des forces armées de l’Etat indépendant de Croatie ou au sein d’unités recrutées par la Waffen S.S.

En ce qui concerne les uniformes ces régiments ont un certain nombre de particularités comme le fez comme couvre-chef. En théorie les officiers portaient la casquette plate ou le shako mais dans la pratique c’était beaucoup plus compliqué. La vareuse était de même couleur que celles de l’infanterie de ligne allemande, les boutons étaient en bronze. L’uniforme des officiers était bleu clair avec un col rouge et des boutons jaune.

Le Feldjägerbataillon avait un uniforme différent. Les officiers et les cadets portaient le même uniforme que le bataillon de chasseurs tyroliens (Tyrolean Jägerbataillon) alors que les soldats du rang portaient un uniforme gris avec des pattes de col vertes et un fez de couleur rouge-brun.

Le corps de gendarmerie (zandamerijski) portait le couvre-chef des Jägers mais avec des plumes noires.

En 1908 l’uniforme bleu gris clair est introduit pour le combat et le service quotidien, réléguant la tenue décrite plus haut (bleu clair) pour les parades et les périodes de repos. Deux ans plus tard un fez de même couleur est adopté même si le fez rouge-brun était retenu pour la tenue de parade et la tenue de repos.

Durant les combats sur le front de l’est, l’uniforme adopté en 1908 se révéla trop visible et en urgence un uniforme d’une teinte proche de l’armée impériale allemande fût adopté même si comme souvent en temps tous les uniformes ne purent être changés.

En ce qui concerne l’armement, les unités bosniennes furent équipées durant toute leur carrière du fusil Mannlicher M1890.

Mitteleuropa Balkans (126) Yougoslavie (14)

Avions

Rogorzarski IK-3

Tout en achetant des chasseurs étrangers (dont certains furent produits sous licence comme le Hawker Hurricane) la Yougoslavie chercha à mettre au point des modèles nationaux pour réduire sa dépendance aux grands marchands d’armes.

Cette volonté est presque aussi ancienne que la naissance du pays et va donc aboutir à cet élégant monoplan qui effectue son premier vol à la fin du mois de mai 1938. Mis en service dans l’armée de l’air yougoslave au printemps 1940 il intéresse très tot la marine qui est bien décidée à disposer de ses propres unités de chasse pour protéger les côtes, ses bases et les principaux ports du pays.

L’aéronavale yougoslave va ainsi recevoir douze Rogorzarski IK-3 pour équiper son squadron n°2 qui déployé dans le nord du pays devait couvrir les ports de la côte dalmate facilement accessible pour les bombardiers italiens.

En juillet 1949 il y avait toujours douze appareils en service au sein de l’unité mais quatre appareils neufs avaient livrés pour remplacer des appareils perdus suite à des accidents à l’entrainement.

Dès le début de l’opération MARITSA, l’aviation de l’Axe tente de frapper les aérodromes yougoslaves pour anéantir l’aviation ennemie au sol. Quatre IK-3 sont perdus au sol mais les autres parviennent plus ou moins facilement à décoller pour prendre à partie les bombardiers italiens et allemands.

Appareil aux performances comparables à celui d’un Me-109E voir F pour les versions les plus évoluées, l’Rogozarski IK-3 fit ce qu’il peut pour tenter d’enrayer la machine de guerre ennemie.

Après une semaine de durs de combat, le squadron n°2 avait été virtuellement éliminé même si certains pilotes se retrouveront soit au sein de l’armée de l’air croate ou au sein de l’armée de l’air royale en exil.

Si l’armée de l’air royale en exil ne put évacuer d’appareils, l’armée de l’air de l’Etat indépendant de Croatie récupéra deux appareils plus huit autres stockés.

Ces dix appareils formèrent le premier squadron de chasse croate, les IK-3 frappés du diamier rouge et blanc assurant la protection de la capitale Zagreb. L’unité à subit de lourdes pertes et en septembre 1951 les derniers Rogozarski IK-3 ont été remplacés par des Me-109F ayant appartenus à la Luftwaffe, des appareils reconditionnés avant transfert.

Initialement il était prévu que l’aéronavale yougoslave reçoive des IK-7, un appareil issu de l’IK-3 mais les appareils produits ont été seulement utilisés par l’armée de l’air.

Caracteristiques Techniques

Type : chasseur monomoteur monoplan monoplan

Masse à vide 2048kg en charge 2630kg

Dimensions : longueur 8m envergure 10.3m hauteur 3.25m

Motorisation :un Hispano-Suiza sous licence Avia puis Ikarus dévellopant selon les versions entre 980 et 1450ch entrainant une hélice tripale à pas variable

Performances : vitesse maximale 527 à 575km/h selon les variantes vitesse de croisière 400 à 450km selon les variantes distance franchissable environ 785km plafond opérationnel 9400m

Armement : (premiers modèles) un canon de 20mm Oerlikon et deux mitrailleuses de 7.92mm Browning-FN (derniers modèles) deux canons de 20mm Oerlikon FF avec 150 coups chacun, quatre mitrailleuses de 7.92mm Browning-FN avec 500 coups par arme

Hawker Hurricane

Certains Hawker Hurricane ont été préservés jusqu’à aujourd’hui en état de vol

Au milieu des années trente, l’ère du chasseur biplan s’achevait, l’ère du monoplan s’ouvrait. Oh certes il y eut des monoplans de chasse durant le premier conflit mondial comme le Morane-Saulnier L ou le Fokker E.III, des monoplans à aile haute mais ils étaient largement marginaux par rapport aux biplans.

Dans le cadre de l’appel d’offres F.7/30, Sydney Camm, chef du bureau d’études d’Hawker proposa le Hawker P.V.3, un appareil issu du Hawker Fury qui fût rejeté par l’Air Ministry.

Suite à cet échec, Sydney Camm travailla sur un monoplan aux ailes cantiveler et train fixe mais il n’attira pas l’intérêt du ministère de l’Air.

La firme Hawker ne se découragea pas et continua à travailler sur un nouvel appareil avec une revision complète du désign, un moteur Rolls Royce Merlin (alors connu comme le PV-12) et un train d’aterrissage retractable.

En septembre 1934, trois mois après le refus de poursuivre le design précédent, le ministre de l’Air accepta de financer la construction d’un prototype.

En novembre 1934 fût lancée l’appel d’offre F.5/34 qui demandait un intercepteur monoplan armé de huit mitrailleuses dans les ailes. En janvier 1935 une maquette en bois est terminée et après quelques modifications mineures, la production du prototype est approuvée, l’appel d’offres devient le F.36/34 suite à une modification de l’armement.

Le prototype est assemblé en octobre 1935 et effectue son premier vol le 6 novembre 1935, les tests officiels commençant en mars 1936. Ils se révèlèrent très satisfaisants et sur proposition du constructeur, l’appareil fût officiellement baptisé Hurricane le 26 juin 1936. Une faiblesse structurelle fût cependant détectée et ne fût modifiée qu’à partir du 61ème exemplaire de série.

La production en série du Hurricane est décidée en juin 1936, le premier appareil de série effectuant son premier vol le 12 octobre 1937, les livraisons suivant rapidement puisque dix-sept squadrons sont équipés en septembre 1939.

Le nombre passe rapidement à vingt-deux par rééquipement des unités équipées de biplans (Gladiator et Gauntlet) mais à terme le Hurricane va être surclassé par le Spitfire plus moderne mais surtout au potentiel de dévellopement plus prometteur et intéressant.

Le Hurricane peut cependant toujours rendre des services outre-mer. Il équipe ainsi encore des unités déployées en Extrême-Orient et au Moyen-Orient soit six squadron équipées de Hurricane Mk II.

Il équipe également des unités de chasse-bombardement intégrées non au Figther Command mais au Bomber Command.

Si pour les missions de chasse, le Hurricane est surclassé par les Me-109 et les Fw-190, en matière de chasse-bombardement, il est toujours largement capable même si à terme il doit être remplacé complètement par le Typhoon et le Tempest. Quatre squadrons sont encore équipés de Hurricane Mk III, appareils déployés en Inde et au Soudan.

Dix squadrons sont encore équipés de “Hurri” en septembre 1948. La production ayant été stoppée en septembre 1945 après la satisfaction des commandes export.

Le Hawker Hurricane à ainsi équipé l’Australie, la Belgique, le Canada, l’Egypte, la Finlande (durant la guerre d’Hiver), la Grèce, l’Inde britannique, l’Iran, l’Irlande, la Nouvelle-Zélande, la Norvège, le Portugal, la Roumanie, l’Afrique du Sud, la Turquie et la Yougoslavie.

Il va aussi équiper un temps la Fleet Air Arm (FAA) dans une version embarquée (Sea Hurricane), un appareil en service de juillet 1940 à avril 1944.

La Yougoslavie va être un gros utilisateur du Hurricane. Non seulement elle va acquérir des appareils directement auprès des britanniques mais va en plus obtenir la licence de fabrication ce qui lui permettra également de moderniser son industrie aéronautique.

Si l’armée de l’air va être l’utilisateur majeur, l’aéronavale yougoslave va recevoir vingt-quatre monoplaces, douze pour équiper le squadron n°14 et douze pour former un volant de fonctionnement.

En juillet 1949, l’aéronavale yougoslave dispose encore de seize Hurricane, huit ayant été perdus entre 1944 et 1948 lors d’accidents à l’entrainement, accidents qui pour certains furent considérés comme suspects.

Déployée pour protéger l’Arsenal de Tivat, l’unité n’eut d’abord qu’à repousser des avions de reconnaissance avant de devoir affronter des bombardiers italiens et parfois allemands. L’unité qui va conserver jusqu’au bout sa cohérence opérationnelle.

Avec deux appareils ils vont se replier sur Corfou où ils vont combattre jusqu’en décembre 1949 quand les deux appareils sont détruits par un bombardement allemand. Le personnel à pu évacuer en direction de la Crète et à pu reprendre la lutte.

Caractéristiques Techniques du Hawker Hurricane Mk IIC

Type : chasseur et chasseur-bombardier monoplan monomoteur

Masse à vide 2605kg en charge 3480kg maximale au décollage 3950kg

Dimensions : longueur 9.84m envergure 12.19m hauteur 4m

Motorisation : un moteur en ligne Rolls-Royce Merlin XX de 1185ch à 6400m

Performances : vitesse maximale 547km/h à 6400m distance franchissable 965km plafond opérationnel 10970m

Armement : huit mitrailleuses de 7.7mm Browning dans les ailes deux bombes de 500kg ou quatre de 250kg ou des roquettes.

Rogorzarski R-313

Durant la période 1919-1939 on s’inquiéta du dévellopement de l’aviation de bombardement. On se demandait si la chasse et la DCA pouvait repousser les puissantes escadres que Douhet et Mitchell appelaient de leurs vœux.

Pour défendre les villes, de nombreux pays décidèrent d’équiper leurs forces aériennes de bimoteurs de chasse lourde, un appareil pas toujours rapide, pas toujours maniable mais disposant d’une grande autonomie et d’un puissant armement.

L’appareil devait patrouiller plusieurs heures à proximité des cibles potentielles ou à longue distance comme une première ligne de défense.

La Yougoslavie qui n’était pas une puissance aérienne de premier plan tarda à suivre le mouvement faute de moyen. Cela se concrétisa avec le Rogorzarski R-313 qui fût développé comme un bimoteur polyvalent pouvant servir à la chasse, au bombardement léger et à la reconnaissance.

Le premier vol à lieu en 1940 et l’appareil est mis en service en 1943 dans l’armée de l’air, en 1945 dans l’aéronavale au sein du squadron n°1 pour couvrir le sud de la Dalmatie et notamment le port stratégique de Split.

Si le prototype avait volé avec des Daimer-Benz DB-601 les appareils de série vont recevoir des Rolls-Royce Merlin dont la licence fût acquise de haute lutte dans le cadre du contrat des Hurricane.

Comme les préparatifs italiens ne pouvaient pas passer inaperçus, un système de patrouille fût mis en place pour couvrir le port la journée. Voilà pourquoi les premiers bombardiers italiens envoyés sans escorte attaquer le port de Split furent étrillés par les bimoteurs yougoslaves qui eurent néanmoins très vite fort à faire avec des monomoteurs plus agiles.

En effet si le R-313 était rapide, endurant et bien armé, sa maniabilité quoique pas aussi mauvaise qu’on l’à parfois dite ne pouvait rivaliser avec celle d’un monomoteur. De plus si les pilotes yougoslaves étaient des novices au combat, les pilotes italiens et allemands étaient pour beaucoup des vétérans de la guerre aérienne.

Très vite l’unité fût incapable de défendre le port de Split. Suite à de lourdes pertes, le personnel reçoit l’ordre de rallier le Monténégro puis la Grèce par voie maritime. Hélas le caboteur utilisé fût coulé par l’aviation alliée provoquant la mort de la majorité des pilotes de l’unité.

Sur les vingt bimoteurs reçus par l’aéronavale yougoslave, trois ont été capturés par les allemands qui après inspection et évaluation les envoyèrent à la casse au grand dam de leurs alliés croates qui révèrent longtemps d’un appareil que la littérature populaire yougoslave de l’époque se plaisait à comparer au Mosquito britannique.

Caracteristiques Techniques

Type : bimoteur biplace de chasse lourde

Masse à vide 3075kg en charge 5120kg

Dimensions : longueur 11.50m envergure 13m hauteur 2.75m

Motorisation : deux moteurs en ligne Rolls-Royce Merlin de 1500ch chacun entrainant une hélice tripale à pas variable

Performances : vitesse maximale 525km/h au niveau de la mer distance franchissable 1100km plafond opérationnel 8000m

Armement : deux canons de 20mm Oerlikon FF et deux mitrailleuses FN-Browning de 7.92mm dans le nez, deux mitrailleuses FN-Browning de 7.92mm dans le poste arrière. Possibilité d’installer des réservoirs supplémentaires ou deux bombes de 100kg sous les ailes.

Arsenal VG-40 et VG-52

Arsenal VG-39. C’est de cet appareil qu’est issu le VG-40.

En quelques années, la technologie aéronautique à fait un bon de géant en passant de l’association bois/toile à l’utilisation d’acier et de différents alliages légers. Cette évolution permettait d’augmenter les performances mais avait l’inconvénient d’augmenter le niveau technique nécessaire pour les ouvriers et surtout des matériaux stratégiques dont la fourniture pourrait être perturbée par le conflit.

D’où l’idée de construire des avions en bois et de revenir ainsi aux origines de l’aviation où le bois et la toile étaient prépondérantes. Cela avait l’avantage du moins sur le papier de produire des avions performants surtout si les moteurs sont puissants même si en 1939 la puissance n’était pas le point fort des moteurs français.

Une société baptisée Arsenal de l’Aéronautique est créée pour dévelloper des avions de ce type, des avions qui sont désignés VG en référence aux noms des ingénieurs dirigeant cette nouvelle entreprise à savoir Michel Vernisse et Jean Galtier.

Après un Arsenal VG-20, le duo Vernisse/Galtier va mettre au point une lignée de remarquables chasseurs qui nait avec le VG-30 qui ne dépassa pas le stade du prototype alors que le VG-31 ne voit pas le jour et que le VG-32 apparu après le VG-33 ne dépassera pas non plus le stade du prototype.

Le premier appareil produit de série sera l’Arsenal VG-33 qui effectue son vol inaugural le 25 avril 1939. Cet appareil répondait à un programme de 1937 destiné à remplacer le Morane-Saulnier MS-406 qui à l’époque effectuait à peine ses premiers vols mais à l’époque, la conception des avions ressemblait à une partie d’échecs, il fallait jouer avec deux ou trois coups d’avance.

Le futur VG-33 n’est pas le seul appareil en course puisqu’on trouve également le Dewoitine D-520, le CAO-200 et le Morane-Saulnier MS-450 mais ces deux derniers ne dépasseront pas à l’état de prototype moins en raison de performances insuffisantes que dans la volonté de l’armée de l’air de rationnaliser sa flotte, rationalisation qui allait s’accroitre durant le conflit.

Plusieurs commandes sont passées mais elles sont souvent réduites. C’est ainsi que si initialement il était prévu 720 Arsenal VG-33, au final seulement 450 exemplaires furent livrés dont seulement 216 appareils en ligne pour équiper un total de huit groupes de chasse, deux escadres complètes les 1ère et 2ème EC et la 14ème EC avec deux groupes, son troisième groupe disposant d’Arsenal VG-36.

Comme nous l’avons vu, le VG-33 fût le premier appareil produit en série à la différence des autres projets. Cette situation concerne également le VG-34 (cellule de VG-33 avec un Hispano-Suiza 12Y-45) mais aussi le VG-35 qui avec un moteur Hispano-Suiza de 1100ch annonce le VG-36 dont le prototype effectue son vol inaugural le 25 mai 1940.

Trois groupes de chasse (un groupe de la 14ème Escadre et deux groupes de la 15ème Escadre) ainsi que six Escadrilles Régionales de Chasse (ERC) vont ainsi être équipés, l’Armée de l’Air ayant au total reçu 300 VG-36 (153 avions en ligne et le reste en réserve).

Cette version fût jugée suffisamment bonne pour être produite en série et équiper au final trois groupes de chasse, un au sein de la 14ème Escadre, le GC III/14 créé en juillet 1942 et deux groupes de la 15ème Escadre, les GC I/15 et II/15 créés en janvier et mars 1943.

Après le VG-36, d’autres projets furent étudiés mais n’ont pas débouché sur une production en série comme le VG-37 avec un moteur en ligne Hispano-Suiza de 1000ch et le VG-38 propulsé par un Hispano-Suiza 77 suralimenté par deux compresseurs Brown Boveri.

C’est finalement l’Arsenal VG-39 qui va être produit en série, un appareil dont la silhouette est plus fine pour certains plus élégante que ces devanciers, un choix qui est peut être esthétique («Un bel avion est un avion qui vole bien» disait Marcel Bloch) mais qui à été rendu nécessaire par l’installation d’un Hispano-Suiza 89ter de 1280ch.

A noter qu’il s’en ait fallu de peu pour que le VG-39 ne soit propulsé par un moteur en ligne américain Allison. Le vol inaugural du prototype à lieu le 30 mai 1940 mais la production ne sera lancée qu’en septembre 1941. Sept groupes de chasse vont ainsi voler sur ce splendide appareil qui dispute au Dewoitine D-551 et au Bloch MB-157 le titre de meilleur chasseur français en septembre 1948.

Quand le second conflit mondial éclate, 237 VG-39 sont en ligne, 240 en réserve et 15 utilisés pour entrainement, essais formations des mécaniciens soit un total de 492 appareils.

Au VG-39 succède logiquement l’Arsenal VG-40. C’est une évolution du VG-39 initialement baptisée VG-39bis qui se distinguait des premiers VG-39 par un moteur plus puissant (1650ch au lieu de 1250) et la possibilité de changer les ailes, des ailes avec un armement différent (un modèle avec six mitrailleuses de 7.5mm, un second avec huit mitrailleuses de ce calibre et le troisième modèle _le plus utilisé_ avec deux canons de 20mm et trois mitrailleuse de 7.5mm).

L’Armée de l’Air passe ainsi commande de 250 VG-40 en juin 1948 pour une guerre que l’on préssent iminente mais quand le conflit éclate en septembre 1948, moins d’une dizaine d’appareils à été produite, appareils utilisés pour mettre sur pied de nouvelles unités dont certaines étaient composées de pilotes tchèques, polonais voir venant de pays neutres comme l’Irlande, la Suisse et la Suède et engagés à la Légion Etrangère.

Au final ce sont 2400 Arsenal VG-40 qui ont été produits, l’appareil ayant été choisit pour devenir le chasseur standard de l’Armée de l’Air au grand dam de Bloch et de Dewoitine qui néanmoins parviendront à proposer leurs modèle une fois le conflit terminé.

Tout en produisant l’Arsenal VG-40, le bureau d’études de l’Arsenal de l’Aéronautique étudiait des améliorations avec des moteurs toujours plus puissants, des cellules toujours plus fines avec un armement orienté à la fois vers la chasse et la chasse-bombardement avec notamment l’utilisation de roquettes air-sol.

Tous ces projets n’aboutissent pas à une production en série. C’est ainsi que les VG-42 et VG-43 ne dépassent le stade de l’étude sur la planche à dessin (car n’apportant pas une plus-value importante par rapport au VG-40) mais les VG-44 et VG-45 atteignent le stade du prototype. Les tests réalisés vont permettre d’améliorer le VG-40 dans des modèles bis et ter avant que décision soit prise de produire un nouveau modèle en série.

Ce modèle sera baptisé Arsenal VG-52. Toujours propulsé par un moteur en ligne (un prototype à moteur radial n’à pas donné satisfaction alors que c’était la configuration initialement privilégiée) il effectue son premier vol le 17 janvier 1952.

L’appareil se comporte remarquablement. Son pilote, le sergent-chef Jean Matcheski (vingt-cinq victoires homologuées) raconta dans ses mémoires qu’il aurait aimé que le vol ne s’arrête jamais tant les sensations étaient délicieuses. Au sol aux ingénieurs il déclara simplement «Merci messieurs vous m’avez offert la plus belle émotion de ma vie de pilote».

La production en série est rapidement décidée. Comme de nombreux éléments sont communs avec le VG-40, la production des deux modèles se chevauchent ce qui explique qu’entre les livres le nombre d’Arsenal VG-52 Phenix (NdA le 1er juin 1952 le Ministère de l’Air à annoncé que les appareils recevrait une désignation pour «fortifier le moral des troupes») produits varie.

Selon les archives officielles du Ministère de la Production Aéronautique, 1250 Arsenal VG-52 Phenix ont été produits entre mai 1952 et juin 1955 quand la production cesse.

La Yougoslavie s’intéresse à l’Arsenal VG-40 avant même le début du second conflit mondial mais ne donne pas suite à une demande d’information effectuée le 14 juin 1948 par l’attaché de l’air de l’Ambassade de Yougoslavie à Paris qui avait assisté à une démonstration de l’appareil au mois de mars précédent.

Quand il est question de reconstituer une unité de chasse au sein de l’aéronavale yougoslave, le choix du VG-40 (en dépit des pressions britanniques cherchant à placer le Fury II) s’impose. Les pilotes rassemblés en Crète sont transférés en Tunisie en janvier 1950 où ils sont formés sur le nouvel appareil.

L’unité baptisée escadron de chasse n°1 «Liberté» (1. eskadrilla lovci «sloboda») va disposer de douze chasseurs qui vont rallier la Crète pour couvrir le port de la Sude contre les avions de reconnaissance et de bombardement ennemis.

L’unité va également mener des missions de chasse-bombardement avec bombes et roquettes contre la navigation ennemie.

En octobre 1952 l’unité est déployée sur la presqu’île du Peloponnèse, opérant davantage en Adriatique et en mer Ionienne.

En mai 1953 l’unité rallie l’île de Corfou avec ses Arsenal VG-52 Phenix tous justes livrés (un cadeau du gouvernement français au gouvernement yougoslave en exil) qui vont être essentiellement utilisés pour la chasse-bombardement contre les rares navires allemands et croates qui se risquaient en mer.

L’unité à subit des pertes assez sensible et au final l’aéronavale yougoslave à reçu trente Arsenal VG-40 et vingt Arsenal VG-52. Quand la guerre se termine en avril 1954, l’unité qui venait de rallier le Monténégro volant sur douze VG-52 mais avait conservé huit VG-40.

Les VG-40 et VG-52 yougoslaves étaient toujours en service en 1958 quand les communistes renversent le roi Pierre II. Si certains appareils vont rallier les communistes d’autres font défection pour rallier l’Italie ce qui explique qu’un VG-40 ait été préservé à Brindisi et qu’un VG-52 trone fièrement dans l’entrée du musée de la guerre d’Athènes.

Caractéristiques Techniques de l’Arsenal VG-39

Type : chasseur monomoteur monoplace

Poids : à vide 2100kg en charge 3000kg

Dimensions : envergure 10.80m longueur 8.60m hauteur 3.30m

Motorisation : un moteur en ligne Hispano-Suiza 89ter douze cylindres en ligne dévellopant 1250ch et entrainant une hélice Chauvière tripale de 3.75m de diamètre

Performances : vitesse maximale 624 km/h à 7000m Autonomie maximale 1200km Plafond pratique 11200m

Armement : un canon Hispano-Suiza HS 404 de 20mm tirant à travers le moteur avec soixante coups et quatre mitrailleuses de 7.5mm MAC modèle 1934 M 39 alimentée à 500 coups chacune

Mitteleuropa Balkans (118) Yougoslavie (6)

L’Etat indépendant de Croatie

Un certain Ante Pavelic

Ante Pavelic est né le 14 juillet 1889 à Bradina dans le centre de la Bosnie-Herzegovine alors sous occupation austro-hongroise. Il est issu d’une famille modeste, son père ayant travaillé dans les travaux publics, sa mère étant sans profession.

Il parvient néanmoins à faire de longues études puisqu’il entre à l’université de Zagreb en 1910. En 1912 il est arrêté par la police austro-hongroise car soupçonné d’un projet d’assassinat du ban (gouverneur) de Croatie-Slavonie Slavko Cuvaj. Il n’est pas condamné puisqu’il sort diplomé en 1914, obtenant son doctorat en 1915. Clerc de notaire de 1915 à 1918, il devient ensuite avocat.

Durant le premier conflit mondial il joue un rôle clé dans l’action du Parti des Droits. Dès le début il refuse l’union de l’Etat des Slovènes, Croates et Serbes avec le Royaume de Serbie.

En mars 1919 le Parti des Droits réclame une république croate plutôt qu’un roi serbe. En 1921 il élu à l’assemblée locale de la ville de Zagreb. Il est arrêté pour activités anti-yougoslaves en 1921, soupçonné de connexions avec le Comité Croate mais au procès faute de preuves il est acquitté.

Le 12 août 1922 il se marie à une femme d’origine juive Maria Loviencevic qui lui donnera trois enfants, deux filles Visnja et Mirjana et un fils Velimir. Si je précise «origine juive» c’est qu’à l’époque l’antisémitisme est étranger au futur Poglavnik. Cela hélas évoluera même si j’ignore l’origine de cette future haine contre les juifs.

En 1927 il devient vice-président du Parti des Droits et entame un travail d’influence vis à vis de l’Italie pour obtenir le soutien de Rome en vue de démanteler la Yougoslavie. Il est même prêt à l’époque à accepter un protectorat italien et à accepter l’annexion italienne sur les territoires peuplés de croates que Rome considérait comme des terres irrédentes.

Quelques mois plus tard il s’adresse à Mussolini pour obtenir son soutien à une Grande Croatie. Les italiens acceptent.

Le 1er octobre 1928 il se lance dans l’activité subversive sous le camouflage d’un club de sport mais les autorités yougoslaves ne sont pas dupes et le club est très vite interdit.

Le 7 janvier 1929, Il fonde le mouvement Oustachi soit en version originale Ustaša (Ustaša – Hrvatski revolucionarni pokret/ Oustachis _Mouvement Révolutionnaire Croate)

Il quitte la Croatie pour l’Autriche dans la nuit du 19 au 20 janvier 1929 officiellement pour se faire soigner.

Il rallie ensuite Budapest puis Sofia où il signe la Déclaration de Sofia le 29 avril 1929, un accord de coopération avec le mouvement révolutionnaire macédonien VMRO (Vatreshna Makendonska Revolutsionna Organizatasiya). Il est condamné à mort par contumace le 17 août 1929.

Le 25 septembre 1929 il est arrêté à Vienne et expulsé vers l’Allemagne. Il rallie ensuite l’Italie où les autorités fascistes italiennes autorise la mise sur pied de camps d’entrainement pour former des combattants destinés à destabiliser la Yougoslavie.

Des attentats à l’explosif et des assassinats ciblés sont menés ce qui génère une féroce répression, répression qui ne touche pas toujours des coupables mais souvent des innocents qui comme souvent dans ces moments là sont victimes de répresailles aussi stupides qu’aveugles.

En 1932 il y eut une tentative de soulevement qui fût un véritable coup d’épée dans l’eau signe peut être que la situation n’était pas encore assez mure.

Suite à l’assassinat d’Alexandre 1er, il est jugé en France en son absence et condamnué à nouveau à mort. Sous la pression internationale l’Italie l’emprisonne pendant 18 mois avant de l’assigner à résidence jusqu’en septembre 1939 puis de l’expulser en Amérique du Sud.

En 1937 l’Italie signe un accord avec la Yougoslavie retirant son soutien aux oustachis en fermant les camps d’entrainement les plus voyants. Le soutien se fait davantage financier et logistique par des dons en numéraire et fournitures d’armes.

Après s’être fait oublié quelques temps il rentre en Italie en 1942 et relance le mouvement oustachis qui prend de l’ampleur. A plusieurs reprises il est victime de tentatives d’assassinat sans que l’on sache si il il s’agit d’une action de la Yougoslavie ou de rivaux dans le mouvement nationaliste croate.

Après la défaite et l’occupation de la Yougoslavie, il devient le chef de l’Etat indépendant de Croatie soit en version originale Nezavisna Država Hrvatska (NDH), un état qui n’avait d’indépendant que le nom car totalement dépendant de l’Allemagne tandis que l’Italie avait annexé une partie de la Dalmatie et des îles de l’Adriatique.

Zagreb tombe le 14 juillet 1949 et le lendemain 15 juillet l’état indépendant de Croatie est proclamé avec à sa tête Ante Pavelic qui prend le titre de Poglavnik (guide). Un régime autoritaire se met en place, un régime nationaliste, xénophobe et antisémite.

Aussitôt il met en place une politique de purification ethnique en s’attaquant aux serbes, aux juifs, aux roms mais aussi aux communistes. Il va ainsi faciliter l’action des maquisards royalistes et des partisans communistes.

Plus de 100000 serbes, roms et juifs vont périr dans des camps dits de «relocalisation» mais qui sont vérité de véritables camp d’extermination, le taux de mortalité étant estimé à 95% des suites des travaux forcés, des privations, des maladies et des exactions commis par les gardiens et les gardiennes du camp.

Cela atteignit un tel point que les allemands firent pression sur Ante Pavelic pour que cette politique soit assouplie. Non pour des raisons humanitaires mais pour des raisons militaires (éviter de renforcer les groupes armés et éviter l’envoi de nouvelles troupes plus utiles ailleurs).

Sur le plan extérieur il est fidèle allié de l’Allemagne, engageant des unités sur le front russe dans le cadre de la «croisade antibolchevique».

De la taille d’un régiment, l’unité croate appuyée par des unités aériennes se comportera remarquablement du moins au début mais avec le temps les désertions vont augmenter et la motivation chuter à un tel point que début 1952 le régiment est rapatrié en Croatie et dissous.

L’Etat indépendant de Croatie disparaît dans les convulsions du second conflit mondial. Des unités alliées remontant de Grèce et d’Albanie arrivent en Croatie mais l’essentiel à été fait par les maquisards royalistes et par les partisans communistes unis par une alliance contre-nature qui ne résistera pas à la fin du conflit.

A la fin du conflit Ante Pavelic bascule dans la clandestinité. Pendant plusieurs années on le voit partout en Italie, en Grèce, en Turquie, au Maroc et même en Argentine. Il devient pour ainsi dire une légende.

Traqué par la police royale yougoslave mais aussi par des partisans communistes sans compter différentes initiatives individuelles de juifs, de serbes ou de roms voulant se venger, il est abattu le 18 décembre 1959 lors de l’assaut d’une ferme de la région d’Osijek où il s’était réfugié par une unité parachutiste de l’armée yougoslave communiste. Son corps à été enterré dans un lieu resté secret jusqu’en 2000 quand ses ossements ont été exhumés et rendue à sa famille.

Un Etat croupion au service des allemands : l’Etat indépendant («sic») de Croatie

Le 14 juillet 1949 la ville de Zagreb tombe aux mains des allemands. L’armée yougoslave n’à pas réellement disputé la ville aux forces d’invasion préférant se replier au sud de la ville sur des positions mieux préparéées et plus solides (tout est relatif).

Dès le lendemain, Ante Pavelic, leader du mouvement oustachi proclame la naissance du Nezasvina Dorzava Hrvatska (NDH), l’Etat indépendant de Croatie même si cet état croupion n’à d’indépendant que le nom.

Loin des rêves de Grande Croatie, le Poglavnik doit céder des territoires à l’Italie mais aussi à la Hongrie. La première récupère une partie de la Dalmatie, l’Istrie ainsi que des îles de l’Adriatique tandis que les magyars récupèrent la région de Medimurje (nord-est de la Croatie). Le NDH s’étend également sur la Bosnie-Herzegovine, une partie de la Slovenie et une partie de la Serbie soit 115133 km² et presque sept millions d’habitants.

Les frontières de cet état croupion sont définies au travers d’une série d’accords signé avec l’Allemagne (13 août 1949), avec l’Italie (19 août et 27 octobre en ce qui concerne la frontière croato-monténégrine), avec la Serbie (gouvernorat militaire allemand de Serbie le 7 septembre 1949).

Dès le début se met en place un régime nationaliste, xénophobe et antisémite. Un régime fasciste dans le plus pur et le plus terrifiant sens du terme. Dès le début les serbes, les juifs et les roms sont persécutés.

Les chiffres sont incertains mais ont estime à plus de 100000 morts dans les camps de concentration (22 sur le territoire du NDH), les déplacements forcés de population, les marches de la mort, les opérations de ratissage qui se terminaient invariablement par quelques villages où les habitants étaient massacrés, les habitations incendiées.

Cela génère une guerilla endémique qu’elle soit communiste ou royaliste. De larges parties du territoire échappent très vite à l’autorité de Zagreb.

Sans des querelles entre maquisards et partisans nul doute que l’Etat Indépendant de Croatie aurait été vite submergé par des groupes armées de mieux en mieux organisés, de plus en plus déterminés et de mieux en mieux soutenus par les alliés qui privilégiaient les groupes royalistes tout en offrant une aide limitée aux communistes à la fois pour ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier mais aussi pour montrer au gouvernement yougoslave en exil au Caire les limites de son pouvoir réel.

Sur le plan de la politique extérieure, la Croatie d’Ante Pavelic est comme la Slovaquie un état satellite du Reich et de l’Italie.

Cette dernière espéraient placer à la tête du pays un prince de la maison de Savoie mais le Poglavnik n’avait pas digéré l’accord italo-yougoslave de 1937 qui avait singulièrement diminué le soutien italien à la cause oustachi.

En avril 1953 l’Italie bascule dans le camp allié et en dépit du maintien d’un état fasciste dans le nord de la péninsule, l’Allemagne donne son accord à l’annexion par la Croatie de tous les territoires occupés par les italiens à l’été 1949.

En ce qui concerne les relations diplomatiques elles sont bien entendues très limitées, les seuls pays reconnaissant le NDH étant l’Espagne, l’Allemagne, l’Italie, la Slovaquie, la Hongrie, la Roumanie, la Bulgarie, la Finlande, le Japon, la Suisse, la Suède, le Portugal, l’Argentine et le Brésil (même si tous n’envoient pas d’ambassadeurs à Zagreb).

Sur le plan militaire, une garde nationale et une armée nationale croate sont mises en place, deux entités concurrentes. La première doit surtout assurer la défense du territoire contre les partisans et les maquisards alors que la seconde est plus destinée à opérer à l’étranger.

Soldats croates sur le front de l’est.

C’est ainsi que l’armée nationale croate va envoyer un régiment d’infanterie sur le front de l’est, régiment rattaché à une division d’infanterie allemande. Elle participe dès le début à l’opération BARBAROSSA avec un comportement honorable. En clair ce n’est ni la meilleure ni la pire unité de l’Axe sur le front russe.

Très vite la situation va dégrader avec de plus en plus de désertions surtout après la contre-attaque russe de l’hiver 1950/51. Le régiment est réorganisé et complété avec des recrues venues de Croatie mais ces recrues ne sont pas toutes des soldats de premier ordre et il n’est pas impossible que certains ne soient que des criminels cherchant à se faire oublier en s’engageant dans l’armée.

La situation devient telle que les allemands exigent le rapatriement du régiment en Croatie au début de l’année 1952.

Pendant ce temps la Garde Nationale Croate est montée en puissance car considérée comme plus sur par le régime oustachi. En novembre 1952 l’armée nationale croate et la garde nationale fusionne ou plutôt la seconde absorbe la première après avoir fait le ménage.

Cette garde nationale croate nouvelle version s’identifie de plus en plus avec le régime oustachis au point que certains l’ont comparé avec la Waffen S.S ce qui probablement lui faire trop d’honneur.

Cette garde nationale croate si elle se montre à son avantage face aux maquisards et aux partisans va être en dessous de tout face aux troupes alliées.

Elle se désintègre totalement au printemps 1954, les plus chanceux parvenant à rallier le nord de l’Italie, se fondant dans la masse des réfugiés et si certains sont découverts et livrés aux royalistes yougoslaves d’autres parviennent à fuir en Amérique du Sud ou à s’engager dans la Légion Etrangère.

Les plus malchanceux sont capturés par les partisans et/ou les maquisards et le plus souvent sommairement exécutés.

Une petite aviation et une petite marine sont également mis sur pied mais leur utilité va être très limitée.

Mitteleuropa Balkans (117) Yougoslavie (5)

La Yougoslavie dans le second conflit mondial

La Yougoslavie en guerre : une courte mais héroïque résistance

Situation politique et militaire de la Yougoslavie en septembre 1948

Le 5 septembre 1948 ce que de nombreuses personnes redoutaient se produit : l’Europe bascule dans la guerre.

Cette fois tout le monde est certain, cette guerre n’allait pas durer trois mois mais partait pour plusieurs années, presque six pour être exact avec à la clé des dizaines de millions de morts et des milliards de francs, de dollars et de livres sterling de dégats.

La Yougoslavie est dans une situation très inconfortable. Elle n’est ni pro-alliée (malgré l’accord le 14 septembre 1945) ni pro-Axe, elle cherche une troisième voie en maintenant une forme de neutralité.

Neutralité ne veut pas dire faiblesse puisque dès le 30 août 1948 le gouvernement de Pierre II ordonne la mobilisation générale officiellement pour préserver «la paix et la neutralité dans la région».

Cette mobilisation se passe bien. Le plan rédigé en 1930 et révise à plusieurs reprises (la dernière fois en 1947 avec l’influence de la MMFY) est bien exécuté. Il y à des incidents dans quelques régions mais dans l’ensemble les croates et les slovènes acceptent de rejoindre les casernes et de renforcer l’armée royale yougoslave.

En septembre 1948 le roi Pierre II est officiellement au pouvoir depuis six ans, sa majorité et la fin de la régence de son oncle Paul. Ce dernier à quitté le pays en septembre 1943 et partage sa vie entre la Grande-Bretagne, la France (Riviera) et l’Amérique du Sud.

Paul de Yougoslavie

Il rejoint le pays en août 1948 pour offrir ses services. Il est nommé officiellement inspecteur général des forces armées yougoslaves et en pratique il est le commandant en chef de l’armée yougoslave ce qui est critiqué par une partie de l’opinion qui estime que le jeune roi (25 ans) devait imiter son grand père Pierre 1er en 1914 oubliant à cette occasion que le roi serbe déjà âgé avait confié le rôle effectif à son fils Alexandre.

Ce choix n’est pas forcément heureux moins en raison d’une éventuelle l’incompétence de l’ancien régent (ce n’est pas Napoléon mais ce n’est pas un ignare en matière militaire) que parce qu’il ne s’entend pas avec le commandant en chef officiel, le général Dusan Simovic, ancien premier ministre. Il y aura donc comme on dit de la friture sur la ligne, une mésentente sur la stratégie à suivre.

Dusan Simovic

La mobilisation se passe bien comme nous l’avons vu. Il y à néanmoins des lacunes sur le plan de l’équipement notamment en matière de chars et d’armes automatiques.

Renault R-35. Avec le Hotchkiss H-39 il était le char majeur de l’armée yougoslave

L’armée de terre yougoslave aligne à sa mobilisation vingt-huit divisions d’infanterie, deux divisions d’infanterie de montagne, trois divisions de cavalerie et une brigade mécanisée regroupant une bonne partie des chars de l’armée royale yougoslave. On trouvait également des unités de forteresse, de garde-frontières, d’artillerie et de génie.

Rogozarski IK-3

L’armée de l’air yougoslave dispose d’environ 500 appareils plus ou moins modernes de différents origines (françaises, britanniques, italiennes, allemandes et même yougoslaves).

Le conducteur de flottille Dubrovnil

La marine yougoslave est une Green Water Navy, une marine essentiellement composée d’unités légères (destroyers, torpilleurs, vedettes lance-torpilles), de quelques sous-marins, une marine à l’équipement assez ancien, les moyens ayant manqué pour renforcer une marine qui aurait de toute façon du affronter une marine italienne puissante.

Sur le plan stratégique l’armée yougoslave souhaite conserver l’intégrité totale du territoire national mais il s’agit plus d’un vœux pieux qu’autre chose. Elle à cependant aménagé des positions fortifiés aux frontières pour freiner l’assaillant qu’il soit italien, allemand, hongrois voir roumain ou bulgare.

Contrairement à ce qu’à écrit la propagande à l’époque il ne s’agit par d’une «Ligne Maginot Slave» mais d’une série de positions tactiques avec blockhaus de campagne disposant de canons et de mitrailleuses, de tranchées, de barbelés et de champ de mines.

Ces dispositifs seront renforcés jusqu’en juillet 1949, les yougoslaves informés par des officiers amis des leçons tirées de la campagne de France ayant compris l’importance de la profondeur du dispositif pour casser l’énergie cinétique des offensives blindées. Ils manqueront néanmoins de temps pour appliquer ce retour d’expérience et surtout manqueront d’une ou plusieurs unités motomécaniques pour contre-attaquer et éviter de s’enfermer dans une défensive stérile.

Les yougoslaves tentent de s’entendre avec la Grèce et souhaite le déploiement de troupes grecques dans le Vardar Macédonien. Athènes décline estimant ne pas avoir suffisamment de troupes pour une telle mission. Elle est de toute façon engagée contre les italiens qui ont attaqué depuis l’Albanie dans l’espoir de mener une guerre parallèle.

Belgrade n’à pas plus de succès avec les alliés occidentaux. Ces derniers sont fortement engagés sur le front français et ne peuvent guère divertir de troupes pour une véritable aventure militaire car sans le dire trop ouvertement Paris et Londres doutent des capacités de la Jugoslovenska vojska pour résister suffisamment longtemps pour permettre l’arrivée dans le sud de la Serbie de troupes capables de soutenir les divisions yougoslaves encore opérationnelles.

Le gouvernement de Belgrade comprend très vite qu’il sera seul face au minimum à une offensive italienne ou au pire face à une offensive combinée germano-italo-hongroise (voir pire).

Quand l’Axe attaque la Yougoslavie (opération MARITSA) l’ordre de bataille de l’armée de terre yougoslave est le suivant (NdA il s’agit d’une version simplifiée, la version détaillée sera présentée dans la partie concernant l’armée de terre).

En 1949 l’armée yougoslave était toujours équipée à la française, les projets de changement d’équipement n’ayant pas aboutit faute de temps, faute de moyens et peut être faute de volonté ou de scepticisme sur l’utilité de changer l’uniforme alors qu’il y à bien d’autres priorités comme la modernisation de l’armement individuel, de l’artillerie et des armes collectives de l’infanterie.

La Jugoslovenska vosjka déploie ses forces en groupes d’armées, armées et divisions, l’échelon corps d’armée n’existant pas essentiellement parce que l’armée yougoslave manque d’officiers compétents pour faire fonctionner à la fois des états-majors de groupes d’armées, d’armées et de corps d’armées.

Le 1er Groupe d’Armées couvre la frontière avec l’Italie et celle avec l’Autriche. C’est elle qui à priori va recevoir le choc principal même si certains officiers yougoslaves estiment qu’il ne faut pas écarter un assaut par la Hongrie pour ainsi foncer rapidement sur Belgrade et déstabiliser tout le pays.

Il comprend la 1ère Armée disposant de la 1ère, de la 7ème et de la 10ème DI ainsi que la 2ème Armée qui aligne la 17ème, la 24ème et la 30ème DI. A ces six divisions s’ajoutent pour chaque armée des moyens d’appui (artillerie, reconnaissance aérienne) et de soutien ainsi qu’en réserve de groupes d’armée la 1ère division de cavalerie et la 1ère division de montagne.

Le 2ème Groupe d’Armées couvre la frontière avec la Hongrie. Son rôle est donc crucial pour protéger la capitale Belgrade.

Il comprend la 4ème Armée disposant de trois divisions d’infanterie (27ème, 40ème et 42ème DI) alors que la 7ème Armée dispose des 32ème, 36ème et 38ème DI. A ces six divisions s’ajoutent pour chaque armée des moyens d’appui (artillerie, reconnaissance aérienne) et de soutien ainsi qu’en réserve de groupes d’armée la 3ème division de cavalerie et la 2ème division de montagne.

Le 3ème Groupe d’Armées couvre le sud du pays contre une éventuelle offensive italienne depuis l’Albanie que Rome a occupé puis annexé au printemps 1939.

Elle comprend la 3ème Armée qui dispose de trois divisions d’infanterie (13ème, 15ème et 25ème DI) alors que la 8ème Armée (ex-3ème Armée territoriale) comprend les 5èmes, 20ème et 46ème DI. A cela s’ajoute des unités d’appui, de soutien ainsi qu’une division d’infanterie en réserve générale, la 22ème DI.

La 5ème Armée indépendante couvre la frontière que la Yougoslavie partage avec la Roumanie et la Bulgarie. Elle aligne les 8ème, 9ème, 34ème et 50ème DI ainsi que la 2ème division de cavalerie.

La 6ème Armée indépendante déployée à cheval sur la Serbie et la Bosnie Herzegovine doit servir de réserve opérationnelle immédiate pour se porter à l’aide de l’un des groupes. Elle comprend trois divisions d’infanterie (3ème, 49ème et 14ème DI) plus trois régiments indépendants de cavalerie (49ème, 75ème et 94ème régiments) ainsi que des unités d’appui et de soutien

La Réserve Stratégique comprend les deux dernières divisions d’infanterie (4ème et 6ème DI) ainsi que la 1ère brigade mécanisée.

Sur le papier ces moyens sont importants mais ils ne doivent pas faire illusions. Les divisions d’infanterie yougoslave manquent souvent d’entrainement et l’armement pourrait être meilleur même si il n’est pas aussi obsolète que raconté.

Cela s’ajoute la question nationale. Malgré une politique de promotion des nationalités aux postes de responsabilités, le gouvernement yougoslave qui a du mal à se débarrasser de son tropisme serbe craint une défaillance des unités croates et slovènes.

Ce qui est certain c’est qu’en l’absence d’une garantie ferme des alliés occidentaux peu de généraux yougoslaves se pensent capables de repousser une attaque combinée de l’Allemagne, de l’Italie voir de la Hongrie.

Les plus optimistes espèrent tenir suffisamment longtemps pour que Paris et Londres revenant sur leur répugnance initiale ne se décident à voler au secours des yougoslaves.

La Yougoslavie au combat

Face à ce déploiement imposant sur le papier, l’Axe germano-italo-hongrois décide de mobiliser des moyens conséquents. Il s’agit d’aller vite et de neutraliser la péninsule balkanique, d’en faire une zone sous total contrôle de l’Axe pour éviter que les alliés n’utilisent ce territoire pour frapper le flanc de la future opération BARBAROSSA.

Il faut en effet le répéter encore et toujours : l’opération MARITSA n’à pas été décidé en urgence pour sauver Mussolini de sa débâcle militaire grecque mais était prévue et planifiée par les allemands.

Panzerkampfwagen Panzer IV

Les allemands ne déploient pas moins de douze divisions, trois divisions blindées (1ère, 5ème et 12ème Panzerdivisionen), une division d’infanterie de montagne (1. Gebirgjäger Division), une division parachutiste (3. Fallschitmjäger Division) et sept divisions d’infanterie (3ème, 9ème, 14ème, 25ème, 31ème, 35ème DI + la 5. Leichte Division).

Les italiens déploient six divisions dépendant de la 2ème Armée, armée disposant de deux corps d’armées à deux divisions, les deux dernières divisions dépendant directement de l’Armée comme réserve stratégique.

C’est ainsi que le 5ème Corps d’Armée dispose de la 3ème division alpine «Julia» et la 5ème DI «Cosseria» alors que le 7ème Corps d’Armée dispose de la 14ème DI «Isonzo» et la 17ème DI «Pavia». La 47ème DI «Bari» ainsi que la 48ème DI «Taro» sont en réserve d’armée.

Enfin les hongrois sont de la partie avec leur 3ème Armée qui aligne pas moins de neuf divisions d’infanterie réparties en trois corps d’armée. Le 1er Corps d’Armée comprend les 16ème, 21ème et 25ème DI, le 2ème CA engerbe les 17ème, 22ème et 26ème DI alors que le 3ème CA à sous son commandement les 18ème, 24ème et 27ème DI.

Potentiellement ce sont donc 21 divisions ennemies qui vont attaquer un nombre inférieur de Grandes Unités (G.U) yougoslaves. De plus les allemands vont mobiliser trois divisions blindées, un type d’unité que ne possède pas l’armée de terre yougoslave, la brigade mécanisée était bien plus faible qu’une Panzerdivision.

Les yougoslaves vont choisir une défense élastique s’appuyant sur les coupures humides, les obstacles offerts par le relief et des lignes fortifiées aménagées durant la Pax Armada.

Les Tcheniks vont commencer dès l’opération Maritsa à mener des opérations de guérilla, tuant par exemple dans l’œuf certaines mutineries dans des unités croates et slovènes. Leur harcèlement va ressusciter la peur du franc-tireur chez les troupes allemandes pour le plus grand malheur des populations civiles qui paieront lourdement les attaques qui ont été magnifiées par la propagande mais dont l’impact militaire a été limité.

Le 7 juillet 1949 4h45 l’opération MARITSA est déclenchée. Les allemands sont les premiers à attaquer avec un barrage d’artillerie comme durant le premier conflit mondial et des frappes aériennes.

Fallschirmjager

Les parachutistes de la 3. Fallschirmajger sont largués non en bloc (par exemple sur Zagreb) mais par petits paquets pour tenter déstabiliser le dispositif yougoslave avec des résultats contrastés montrant encore une fois que le largage de parachutistes est très aléatoire.

Les troupes yougoslaves encaissent même si il y a des mouvements de panique et de découragement devant une telle puissance de feu. Il y a quelques cas de mutineries et de refus de combattre mais dans l’ensemble le haut-commandement yougoslave (à majorité serbe) est agréablement surpris par la résistance et la résilience des unités de recrutement slovène ou croate.

Difficile de connaitre la ou les causes de cette résistance. Nul doute que la politique libérale de Pierre II et auparavant du régent Paul ont permis à une partie des slovènes et des croates d’avoir envie de se battre pour un pays qui pour beaucoup leur paraissait étranger.

Les italiens attaquent quelques heures plus tard mais pour le Jour J de l’opération MARITSA ils se contentent de reconnaissances armées auxquelles les yougoslaves ripostent de manière féroce.

Les hongrois vont attaquer le 8 juillet 1949 ce qui aurait pu compliquer la tâche des yougoslaves mais les troupes magyares ne montrent guère d’ardeur au combat, étant probablement persuadés que leur offensive serait une promenade militaire.

Les combats sont violents à terre comme en l’air même si très vite l’armée de l’air yougoslave va perdre le contrôle de l’espace aérien au profit de la Luftwaffe et de la Regia Aeronautica. Elle parviendra à tenir plus longtemps face à la MKHL (armée de l’air hongroise).

En dépit d’un grand courage, les troupes yougoslaves doivent rapidement se replier sur les montagnes de Bosnie mais cette retraite est méthodique.

Les grandes villes tombent les unes après les autres, Lubjana tombe dès le 10, Zagreb le 14 et dès le lendemain des oustachis proclament l’indépendance de la Croatie. Cette déclaration va accélérer la désagrégation des unités de recrutement croate au point que les dernières unités venant de cette région seront désarmées.

Certaines unités croates cacheront soigneusement leur origine pour ne pas être désarmées et continuer la lutte.

Le 16 juillet une partie de la marine yougoslave se mutine. Certains navires parviennent à quitter les ports de Split et de Kotor pour rallier la Crète puis l’Egypte.

Le 17 juillet Belgrade tombe aux mains des hongrois. La ville à été dévastée par de nombreuses attaques aériennes menées par les allemands.

Les combats perdent en intensité. Non seulement les allemands, les italiens et les hongrois doivent retrouver leur second souffle mais en plus la logistique peine à suivre. De leur côté les yougoslaves sont au bord de l’effondrement.

L’invasion italo-germano-hongroise se poursuit de manière inexorable, les yougoslaves continuant de se battre. Le 9 août les troupes hongroises et bulgares font leur jonction.

Les bulgares n’ont pas participé directement à l’opération MARITSA mais vont occuper la partie bulgarophone de la Macédoine.

Les allemands de leur côté se sont arrêtés dans le sud de la Serbie, les italiens opérant au Monténégro qu’ils considèrent comme leur pré-carré.

Les dernières troupes yougoslaves passent en Grèce à l’automne 1949 mais déjà dans les territoires occupés par les italiens, les allemands, les hongrois et les bulgares des mouvements de résistance plus ou moins spontanées commencent à tendre des embuscades voir à attaquer des personnels isolés (voir la partie «résistance et collaboration»).

D’autres vont faire le choix de la collaboration, opérant aux côtés des allemands, des italiens, des hongrois et des bulgares pour participer aux sinistres opérations de nettoyage avec son lot de massacres et d’exactions.

Les troupes yougoslaves épuisées vont rallier la Crète puis l’Egypte pour permettre la reconstitution d’une véritable armée capable de participer à la libération de l’ancien Royaume des Serbes, Croates et Slovènes.

Mitteleuropa Balkans (115) Yougoslavie (3)

Un royaume uni ou à unifier ?

Le processus qui allait aboutir à la création de la Yougoslavie commence officiellement le 20 juillet 1917 par la Déclaration de Corfou.

En 1916 le parlement serbe en exil se réunit à Corfou, île grecque qui avait accueillit troupes, civils et institutions serbes après l’occupation du pays par les Empires Centraux. Un vote solennel propose la création d’un «royaume des slaves du sud».

Ce texte solennel et non contraignant est validé par le Comité Yougoslave qui regroupait des politiciens croates, slovènes et serbes pour faire avancer le projet d’une union des slaves du sud, une sorte de lobby pro-slave.

Ce comité se rapproche du royaume de Serbie et peut se targuer du soutien de la France et de la Grande-Bretagne pour qui tout ce qui peut affaiblit la double monarchie est bon à prendre. Cela doit aboutir à un monarchie parlementaire sous l’autorité de la dynastie Karadjordevic, une dynastie qui est apparue en 1804 et qui régna sur la Serbie avec des éclipses puisqu’elle fût au pouvoir de 1804 à 1813, de 1842 à 1858 et depuis 1903. La constitution doit être rédigée par une assemblée nationale constituante qui devra être élue après guerre.

Le 6 octobre 1918 un conseil des Slovènes, Croates et des Serbes prends le pouvoir à Zagreb. Cette entité proto-gouvernementale est naturellement pro-alliée.

Le 28 octobre 1918 suite à l’implosion de l’Autriche-Hongrie nait l’Etat des Serbes, Croates et Slovènes. Le lendemain 29 octobre, un parlement croate pro-yougoslave le Sabor se réunit à Zagreb et proclame l’indépendance d’un état regroupant les Serbes, les Croates et les Slovènes.

Le 31 octobre 1918 ils annoncent leur volonté de s’unir aux serbes et aux monténégrins même si il faudra pour cela attendre le 1er décembre pour que cela devienne officielle/ Trois jours Trois jours plus tôt le royaume du Monténégro s’associe à la Serbie suite à un vote controversé d’une assemblée réunie à Podgorica.

Le 5 novembre 1918 le Conseil National installé à Zagreb demande l’aide de l’armée serbe pour rétablir l’ordre dans une Croatie en pleine anarchie.

Très vite des tensions apparaissent entre croates et serbe. C’est ainsi qu’en mai 1919 un comité croate est créé, comité s’opposant au jeune état qui apparaît de plus en plus comme une Serbie sous stéroïdes. Ce comité n’à cependant qu’un impact limité ce qui explique son exil à Graz puis à Vienne.

Issus pour beaucoup de l’armée austro-hongrois et militants au sein du Parti des Droits (1861-1929), ils vont pour certains finir en prison. En 1921, quatorze membres sont jettés en prison dont un certain Ante Pavelic, le futur Poglavnik de l’Etat indépendant de Croatie.

Tous les territoires peuplés de Slaves ne vont pas intégrer la future Yougoslavie. La Carinthie choisit de rester autrichienne après un plébiscite réalisé le 10 octobre 1920.

Zadar et des îles dalmates intégreront le royaume d’Italie alors que la ville de Fiume formera jusqu’en 1924 un Etat libre brièvement occupé par Gabriele d’Annunzio et ses arditi. En 1924 l’ancien état libre est divisé entre l’Italie qui récupère la ville de Fiume et la Yougoslavie qui récupère l’arrière pays.

Après un long processus, un processus heurté et chaotique, le Royaume des Serbes, Croates et Slovènes dispose enfin de sa constitution. La Constitution de Vidovdan est approuvée par l’Assemblée nationale constituante le 28 juin 1921, un vote marqué par un boycott de l’opposition.

En effet ce texte voté le jour de la Saint Vitan ne l’est que par 258 députés sur 419 (223 oui 35 non) avec 161 abstensions (plus d’un tiers des députés).

Ce texte va être en vigueur jusqu’au 6 juin 1929 quand le roi Alexandre 1er suspend la constitution et instaure une dictature royale.

Clairement l’adoption de cette constitution révèle de nombreuses failles. Si plusieurs partis y sont favorables (Parti Démocratique, Parti Radical Populaire, Organisation des Musulmans Yougoslaves, Alliance des agrariens et le Dzemiyet _un parti musulman_) d’autres sont opposés que ce soit dès le début (Parti Social Démocrate, Parti Républicain) ou durant le processus (communistes, Parti des Paysans Républicains Croates, Parti Populaire Slovène, Parti Populaire Croate et l’Union Croate).

La constitution de Vidovdan fait de la Yougoslavie un royaume parlementaire avec une monarchie héréditaire. Au grand dam des slovènes et surtout des croates on choisit la forme unitaire et non la forme confédérale.

Le pouvoir législatif est assuré par le roi et l’Assemblée Nationale, le monarque sanctionne et promulgue la loi, peut déclarer la guerre et signer la paix. Il peut également nommer aux emplois publics et dissoudre l’Assemblée.

Le parlement est de type monocaméral (une seule chambre), élu par un suffrage censitaire masculin ce qui peut paraître anachronique en 1921.

Le Conseil des Ministres est responsable devant le roi mais aussi devant l’assemblée. Les ministres ne sont pas obligés d’être parlementaires.

Des projets alternatifs ont été proposés, un projet du parti paysan républicain croates et un autre de l’Union Croate qui proposait un royaume confédéral avec Serbie, Croatie, Monténégro, Bosnie-Herzegovine, Voïvodine et Slovenie.

Signe des tensions du moment, le 21 juillet 1921 le ministre de l’Intérieur Melorad Draskovic est assassinné par les communistes.

La vie politique yougoslave est particulièrement mouvementée. Elle prend un tour dramatique le 20 juin 1928 quand le député Punisa Rasic (qui sera condamné à 20 ans de prison mais n’en fera que six) ouvre le feu au parlement sur cinq députés du Parti Paysan Croate, tuant deux députés et blessant les autres dont leur chef, Stjepan Radic. Ce dernier qui finira par succomber à ces blessures était certes croate mais croyait dans le projet yougoslave. Nul doute que l’évolution du pays aurait été différente si il avait survécu.

Alexandre 1er

Conséquence de cet attentat, le roi Alexandre 1er suspend la constitution le 6 janvier 1929 et met en place une dictature royale qui va durer un peu plus de deux ans jusqu’à la mise en place d’une nouvelle constitution par le décret du 3 septembre 1931.

Cette constitution de 1931 comprend douze chapitres (1-Dispositions générales 2-Droits et Devoirs citoyens 3-Précautions sociales et économiques 4-Pouvoirs de l’Etat 5-Le Roi 6-La Régence 7-Parlement 8-Pouvoirs exécutifs 9-Pouvoirs judiciaires 10-Finances 11-Armée 12-Modifications de la Constitution) et 120 articles.

Alexandre 1er tente de centraliser la Yougoslavie, d’en faire un véritable état unitaire. En clair qu’un habitant de Zagreb ou de Lubjana se sente davantage yougoslave que croate ou slovène.

C’est ainsi que les régions historiques sont remplacées par des provinces (Banavinas) qui prennent souvent le nom des fleuves qui les traversent (Drava, Sava, Vrbas, Littoral, Zeta, Vardar, Morava, Drina et Danube).

Ces réformes politiques se doublent d’une vigoureuse répression policière et judiciaire (création d’une cour de surêté de l’Etat le 11 janvier 1929) contre toute forme d’opposition politique. C’est ainsi que les partis politiques s’appuyant sur l’ethnie, la religion ou une région sont interdits. L’administration est réorganisée, le droit est unifié tout comme les programmes scolaires.

Cette politique va se révéler contre productive car pour les non-serbes, la Yougoslavie d’Alexandre 1er n’est qu’une Serbie aggrandie.

Il sera d’ailleurs assassiné le 9 octobre 1934 à Marseille en compagnie du ministre des affaires étrangères français Louis Barthou par Vlado Chernozenski, un terroriste de la VMRO ( Vatreshna Makendonska Revolutsionna Organizatasiya), une organisation macédonienne mais qui avait bénéficié du soutien des Ustachis croates, ces deux organisations ayant appelé le 20 avril 1929 à l’indépendance de la Croatie et de la Macédoine.

Le roi Pierre II en compagnie du général Montgomery et de Winston Churchill

Les années trente sont tendues et quand la guerre de Pologne éclate le royaume de Pierre II est bord de l’implosion. Heureusement cela s’apaise un peu avec la Pax Armada qui voit la Yougoslavie revenir à un état fédéral, Belgrade lâchant du lest pour tenter de reconquérir les croates et les slovènes.