Le Conflit (212) Balkans (46)

Le 10 janvier 1953 les alliés débarquent à Tarente (opération SKYLOCK). Cela surprend les italiens qui s’attendaient plutôt à un débarquement en Calabre ou en Campanie du côté de Naples ou de Salerne.

En dépit d’un état militaire, psychologique et moral préoccupant les italiens vont résister au maximum pensant probablement que les allemands allaient arriver à la rescousse mais si des renforts allemands sont envoyées en Italie péninsulaire elles ne vont pas dépasser Rome officiellement pour ne pas «entraver l’effort italien».

En réalité il s’agit de mettre la pression sur Mussolini et les troupes italiennes qui ne savent pas si les soldats allemands qui combattent avec eux sont des alliés ou des cerbères.

On connait la suite : de violents combats, une lente et pénible avancée, la chute de Naples le 21 mars , le renversement puis la mort de Mussolini dans des circonstances encore troubles (officiellement mort lors d’une tentative d’évasion).

Le 7 avril 1953 un armistice est signé entre l’Italie et les alliés. Les allemands qui se doutent de quelquechose déclenchent l’opération Asche.

Les troupes italiennes sont désarmées et leur comportement est très variable : passivité, résistance voir collaboration, les soldats plus fascistes que royalistes n’hésitant pas à donner un coup de main aux fridolins pour se débarrasser de ceux qu’ils considéraient a minima comme des mous et au pire comme des traitres.

Les territoires occupés par les italiens en Yougoslavie sont immédiatement occupés par les troupes de l’Etat indépendant de Croatie qui se préparent à encaisser le choc d’unités régulières soient quelquechose de plus costaud, de plus consistant que les maquisards et les partisans.

En Albanie la situation est différente car les italiens tiennent un secteur sans troupes allemandes et comme les deux armées allemandes sont aux prises avec les alliés ils ne peuvent pas vraiment imposer leur volonté.

Alors que faire ? Les italiens pourraient résister et ne pas tenir compte de l’armistice mais dans quel but. Autant dire qu’il y avait plus confortable comme situation que celle d’un militaire italien en ce mois d’avril 1953.

Le haut-commandement italien hésite et sont troublés par l’attitude des troupes alliées qui ne font rien pour profiter du chaos et de l’incertitude ambiante.

Finalement les troupes italiennes les plus motivées vont tenir le front mais elles sont peu nombreuses. Celles refusant de se battre sont internées et se montrant insolentes vis à vis de ceux croyant encore en la victoire de l’Allemagne.

Les alliés parfaitement informés de la situation par leurs agents infiltrés vont maintenir la pression sur les italiens en attendant une offensive digne de ce nom.

En théorie après la défection italienne on pourrait s’attendre à une simple poursuite du sud vers le nord. En réalité ce n’est pas si simple il faut prendre en compte des facteurs politiques, diplomatiques et tenir compte d’autres fronts notamment le front italien. Cela explique pourquoi l’offensive SLEDGEHAMMER ne va être déclenchée que le 19 mai 1953 après de longs mois de calme relatif sur le front balkanique.

Il n’y avait de toute façon pas de véritables alternatives à un assaut frontal à travers la péninsule balkanique.

Il y eu bien un plan baptisé BALBUZZARD proposé par le colonel Jeantour mais ce plan ne fût qu’une simple proposition qui ne fût pas sérieusement étudiée.

Il prévoyait un débarquement dans le nord de l’Albanie pour crééer une tête de pont et prendre italiens, allemands et même bulgares à revers, les forcer à se replier dans la panique la plus complète pour accélerer le tempo tactique et stratégique.

Ce plan fût jugé «intéressant mais perfectible». En clair, trop hasardeux et trop innovant pour des officiers d’état-major conformistes.

Non décidément l’opération MASSUE ne pouvait être qu’une avancée vers le nord en espérant que cela soit rapide avec le moins de pertes possibles. A cette époque on pensait déjà à l’après guerre avec un possible affrontement avec l’ours russe pardon soviétique et quitte à le faire autant être le plus proche possible des frontières soviétiques.

Entre le 7 avril et le 19 mai 1953 le front balkanique fût étonamment calme, les deux camps telles deux bêtes fauves se regardent prêts à se sauter à la gorge, sachant parfaitement que le premier qui attaquera aura l’avantage. A cela s’ajoute que le temps joue clairement pour les alliés.

L’opération SLEDGEHAMMER devait initialement être engagée le 30 avril mais le temps est trop mauvais pour permettre l’engagement de l’aviation. De plus quelques coups de main sont menés par les allemands et les bulgares pour maintenir les alliés sous pression. Cela reste cependant quelques petits coups d’épingle et pas un grand coup de canif.

Après deux autres reports (7 et 11 mai), l’opération doit être déclenchée le 19 mai 1953. Les frappes aériennes régulières depuis début mai quand la météo s’améliore enfin sur les Balkans augmentent crescendo.

Comme d’habitude les avions alliés bombardent l’arrière du front, visant essentiellement les infrastructures de transport pendant que l’artillerie traite davantage le front et ses abords immédiats.

Parallèlement le génie prépare des brèches dans le front, la logistique accumule les quantités colossales de carburant, munitions, pièces détachées et autres fournitures nécessaires à une offensive mécanisée moderne même si le terrain compliqué et ingrat de la péninsule balkanique rend peu probable d’élégants mouvements dans la profondeur comme sur le front occidental ou le front russe.

En fait l’opération SLEDGEHAMMER sera très proche de la future opération BOREALIS avec des affrontements brutaux et frontaux jusqu’à ce qu’une brèche se créé, brèche dans laquelle il faudra s’engouffrer le plus vite possible. Le fait que les deux opérations aient lieu dans des péninsules n’est probablement pas un hasard.

Au moment où l’opération est déclenchée le front suit globalement une ligne passant au sud de Durres et de Tirana, arrive sur le lac Ohrid, traverse le sud de la Macédoine puis suit la frontière bulgaro-grecque, les alliés ayant signifié aux soviétiques qu’ils pouvaient faire ce qu’ils voulaient de la Bulgarie et de la Roumanie.

Les alliés vont ainsi craindre une offensive venue de Bulgarie pour les prendre de flanc même si en réalité Sofia n’en avait pas les moyens ni la volonté tant cela ne changerait pas la donne. Les grecs vont cependant déployer la 7ème DLI (H) à la frontière pour se prémunir d’un coup de Jarnac bulgare

D’ouest en est on trouve la 1ère Armée Yougoslave, la 1ère Armée grecque et les deux armées britanniques les 8thet 10th Army (UK).

En face donc il y les italiens passablement démotivés et qui n’attendent que la bonne occasion pour ouvrir la porte aux alliés. Au centre les allemands doivent tenir le front tout en surveillant les italiens à l’ouest et les bulgares en qui ils n’ont pas confiance. Ambiance….. .

La tactique alliée est classique : une préparation d’artillerie brève, violente et surtout ciblée, l’infiltration de groupes combinant commandos, sapeurs, observateurs et transmetteurs pour déstabiliser le dispositif ennemi, l’assaut des unités d’infanterie, la percée obtenue puis l’exploitation par les unités motomécaniques.

En mer les marines alliées sont ultra-dominantes, la marine italienne s’étant également divisée entre pro-allemands et pro-alliés. L’impact de ces navires ne sera pas limité mais inexistant, les allemands comme les alliés n’ayant aucune confiance dans les navires transalpins. Comme nous l’avons vu plus haut, certains navires anciennement yougoslaves vont quitter le pavillon italien pour celui des croates.

La 1ère Armée Yougoslave est la première à être engagée. C’est le baptême du feu de la nouvelle armée yougoslave qui à fort à faire pour faire mentir les sceptiques sur les capacités militaires des «slaves du sud».

Certaines mauvaises langues prétendent que c’est pour cela qu’on les à déployés contre des italiens démotivés et pour ainsi dire déjà hors course. Ambiance….. .

Effectivement les italiens ne se font pas tuer sur place mais les plus motivés, les plus fascistes tiennent le coup mais sont débordés par le nombre.

En dépit de cela les yougoslaves subissent de lourdes pertes en partie liées à la volonté de montrer qu’ils savent se battre et que si ils rentrent si tardivement au combat c’est à cause des politiciens et non des militaires ce qui est un poil réducteur.

Les italiens vont battre en retraite de manière ordonnée, les officiers italiens qui connaissent par cœur le théâtre albanais tiennent, se replient mais parfois ordonnent des contre-attaques qui vont troubler des soldats yougoslaves qui pensaient combattre un ennemi vaincu.

En réalité les unités italiennes en ligne ont fait allégeance aux allemands et au Nuovo Stato Fascista (Nouvel Etat Fasciste) et savent n’avoir aucune pitié à attendre de l’adversaire.

La 1ère Armée Grecque doit elle affronter les allemands. Autant dire un gros morceau même si les unités de la 15ème Armée sont affaiblies par les combats précédents.

Les soldats hellènes sont motivés par la volonté de se venger des exactions commises par la soldatesque teutonne. Des cas d’exécution de prisonniers seront signalés ça et là….. .

Les combats sont violents mais les allemands montrent aux soldats grecs qu’ils ont encore beaucoup à apprendre en terme de maitrise tactique et d’actions combinées.

Néanmoins les grecs sont plus nombreux et peuvent bénéficier du soutien des alliés tant au sol que dans les airs. Malgré leur bravoure les allemands doivent plier sous le nombre et se replier mais toujours dans l’ordre et la discipline. Bah oui on est allemand ou pas….. .

Les 8thet 10th Army [UK] vont opérer contre les bulgares. Pour ménager un outil militaire pas vraiment extensible, les généraux britanniques ne vont pas engager tous leurs moyens contre les bulgares motivés par la possibilité de devoir se battre dans leurs pays.

Certains y verront une ouverture politique pour faire sortir la Bulgarie de la guerre mais il semble que c’est une interprétation un peu capillotractée.

D’ailleurs les combats sont violents, l’artillerie et l’aviation du Commonwealth ne ménageant pas leurs efforts pour amollir les troupes bulgares et faciliter l’avancée de l’infanterie qu’elle soit britannique ou sud-africaine.

Les villes sont tombées les unes après les autres et pour cause les allemands et les bulgares ont refusé la guerre urbaine consommatrice d’hommes et de munitions, chose qu’ils possèdent en quantité de plus en plus limité.

Ils se contentaient de combattre à l’entrée, de freiner le plus longtemps possible avant de se replier sur des positions normalement préparées à l’avance pour éviter que le repli ne se transforme en déroute, en débâcle. De plus les villes albanaises étaient petites et peu étendues, rien qui ne permettrait une résistance longue pour les germano-bulgares.

Gjirokaster tombe le 25 mai 1953, Vlore le 2 juin, Korce le 8 juin, Elbasan le 17 juin, Durres le 24 et Tirana le 26 juin.

Le front se stabilise alors les yougoslaves devant retrouver un second souffle. Ils tentent bien percer les positions fortifiées allemandes (ligne SKANDERBERG) mais échouent et décident d’attendre la future opération SWORD prévue pour septembre 1953.

En Macédoine les combats sont tous aussi violents mais le terrain difficile (sans oublier la météo souvent capricieuse) rend la progression des alliés lente, coûteuse et pénible. Ohrid tombe le 4 juin, Bitola deux jours plus tard le 6, Prilep et Strunica le 17 juin.

A l’été le front occupe une ligne suivant le nord de Durres (le port reste sous le feu de l’artillerie allemande et rester interdit aux navires marchands sauf rares exceptions), le centre de la Macédoine et la frontière bulgaro-grecque, les armées alliées restant dans la même position avec d’ouest en est les yougoslaves, les grecs et les britannico-sud africains.

Le front se calme pour un temps au grand soulagement des germano-bulgares qui multiplient les travaux de fortifications pour tenter de bloquer les alliés le plus longtemps possible.

Côté allié le dispositif est réorganisé avec la 10ème Armée britannique qui va rallier l’Italie pour opérer dans l’Italie péninsulaire et relever d’autres troupes qui si besoin est pourraient rallier les Balkans dans une sorte de jeu des chaises musicales.

Les combats ont lieu également dans les airs et très secondairement sur mer.

Italie (65) Regio Esercito (15)

La fin de l’empire : Abyssinie, Erythrée, Corse

Mussolini rêvait de reconstituer l’empire romain, dominer à nouveau le bassin méditerranéen mais ce rêve totalement chimérique, ce rêve caressé par tant de conquérants se fracassa sur le mur d’une terrible réalité : l’Italie n’à jamais eu les moyens de ses ambitions.

Lire la suite