Etats-Unis (4) Géopolitique

GEOPOLITIQUE DES ETATS-UNIS

50 Etats ? Non 48

Si aujourd’hui, les Etats-Unis d’Amérique possèdent cinquante états plus le District de Columbia, quand éclate le second conflit mondial, il n’en possède que 48, Hawai et Alaska n’étant encore que des territoires, devenant respectivement les 49ème et 50ème Etat qu’en septembre 1954 soit à la fin du second conflit mondial.

La construction des Etats-Unis à été très progressive, s’étalant sur 171 ans des 13 colonies devenues les treize premiers états (et representés sur le drapeau par treize bandes rouges et blanches alternées) au quarante-huit états pour la période qui nous intéresse.

Sauf rares exceptions, dès qu’une zone était suffisament colonisée, elle devenait un territoire avant de se métamorphoser en état après un delai plus ou moins long.

Certains territoires ont été arrachés après une guerre comme la guerre avec le Mexique, annexés sur demande des habitants (Texas) ou achetés (Alaska). Certains états sont issus de partition comme la Virginie Occidentale abolitioniste qui se détacha de la Virginie esclavagiste.

-Les treize premiers états sont donc les treize colonies qui proclamèrent leur indépendance le 4 juillet 1776 devenue la fête nationale américaine (Independence Day), tous situés sur la côte est.

Ce sont les états du Delaware de Pennsylvanie, du New Jersey, de Géorgie, du Connecticut, du Massachusetts, du Maryland, de Caroline du Sud, du New Hampshire, de Virginie, de New York, de Caroline du Nord et de Rhode Island.

La fin du 18ème siècle voit l’admission de trois nouveaux Etats, les Etats du Vermont (ex-république créée en 1777), du Kentucky (qui se sépare de la Virginie) et du Tennessee qui lui s’était séparé de la Caroline du Nord.

La première moitié du dix-neuvième siècle, pas moins de quatorze états intègrent l’Union à savoir l’Ohio (1803), la Louisiane (1812), l’Indiana (1816), le Mississippi (1817), l’Illinois (1818), l’Alabama (1819), le Maine (1820 qui se sépare du Massachusetts), le Missouri (1821), l’Arkansas (1836), le Michigan (1837), la Floride (1845), le Texas (1845), l’Iowa (1846), le Wisconsin (1848) et la Californie (1850 qui intègre l’Union sans passer par la case territoire) portant à trente et un le nombre d’états.

Durant les années séparant l’Union de la déchirure de la guerre de Sécession, trois nouveaux états intègrent les EUA à savoir le Minnesota (1858), l’Oregon (1859) et le Kansas (1861).

Durant le conflit, la Virginie-Occidentale qui se sépare de la Virginie intègre l’union en juin 1863 suivit du Nevada le 31 octobre 1864.

Le rythme décroit ensuite avec l’intégration du Nebraska en 1867 puis du Colorado en 1876.

L’année 1889 est particulièrement riche puisque sont admis les 39ème, 40ème,41ème et 42ème soit le Dakota du Nord, le Dakota du Sud, le Montana et l’Etat de Washington. Deux nouveaux états sont admis en 1890, l’Idaho et le Wyoming.

L’Utah est admis en 1896 suivit onze ans plus tard par l’Oklahoma qui est suivit cinq ans plus tard en 1912 par le Nouveau-Mexique et l’Arizona, les 47ème et 48ème Etats en attendant l’arrivée dans l’Union de l’Alaska et Hawaï. Régulièrement Porto Rico est considéré comme un potentiel 51ème état mais sans que le processus ne soit mené à son terme.

Territoires colonies et protectorats

-En excluant le statut très particulier du District de Columbia, siège du pouvoir fédéral, les Etats-Unis possèdent en 1948 un certain nombre de territoires, protectorats et colonies.

-On trouve tout d’abord Hawai et Alaska, des territoires qui attendent leur admission dans l’Union comme Etats mais leur éloignement tout comme leur poids démographique faible n’incite guère à une admission rapide.

-Ce sont également les «produits» de la guerre contre l’Espagne avec la possession de Porto-Rico, territoire associé aux Etats-Unis, de Guam et des Phillipines, l’immense archipel devenant indépendant en 1945 avec une défense comme on l’à vu assurée par les américains en attendant que l’armée phillipine soit en mesure de le faire ce qui ne sera pas le cas avant le début du second conflit mondial.

-Cette volonté d’expansion coloniale répond à la fois au crédo de la Destinée Manifeste (Manifest Destiny) mais également au besoin d’une soupape de sécurité, la fermeture de la frontière en 1890 faisant craindre à certains une recrudescence des tensions sociales et le risque de troubles en l’absence de terres vierges à cultiver et à mettre en valeur.

-Ce n’est pas un hasard si en 1883 le New Navy Act marque l’entrée de l’US Navy dans la modernité et que sept ans plus tard, Alfred T. Mahan publie «The influence of sea power upon history 1660-1783» qui est considéré comme la base intellectuelle et théorique de la future thalassocratie américaine.

-Tout comme les britanniques, leurs cousins, les acquisitions américaines répondent à des besoins stratégiques et non à une volonté d’acquérir des territoires pour des territoires. L’achat de l’Alaska et l’annexion de Midway en 1867 en est la preuve tout comme le contrôle du canal de Panama, l’intégration de la République d’Hawai comme territoire en 1898 ou encore l’achat des Iles Vierges au Danemark en 1917.

L’Isolationisme

James Monroe (1758-1831), cinquième président des Etats-Unis (1817-1825)

-La doctrine Monroe de 1823 était destinée à empêcher la reconquête par l’Espagne et le Portugal de leurs colonies révoltées d’Amérique Latine. En échange, les américains renoncent à intervenir dans les affaires européennes ce qui est un état de fait lié à la puissance limitée des jeunes Etats-Unis.

-Fort occupés avec la Conquête de nouveaux territoires, les Etats-Unis s’occupent peu des affaires européennes.

-L’engagement des Etats-Unis dans le premier conflit mondial est une véritable parenthèse causée par la guerre sous-marine à outrance déclenchée par l’Allemagne.

-Certes le président Wilson participe à la Conférence de Paris aboutissant au traité de Versailles, propose un mode de résolution des conflits (déclaration des quatorze points janvier 1918) mais échoue à convaincre les Etats-Unis de participer à la Société des Nations.

-Les Etats-Unis retournent à leur splendide isolement qui va durer près de trente ans avec de timides ouvertes vis à vis de l’Europe.

Avec les alliés

-Relations particulières avec la Grande-Bretagne, l’ancienne puissance coloniale. Il y eut certes la guerre de 1812 (1812-1815) mais passée cela, il y à une véritable relation spéciale entre Washington et Londres, la capitale britannique dans les moments de tension avec Paris rappelant qu’elle préférerait toujours le grand large au continent.

Il y eut également des tensions au moment des discussions concernant les limitations des armements navals.

-En dépit de l’isolationisme, des discussions ont lieu pour anticiper un possible conflit et une alliance américano-britannique.

-Des équipes d’inspection américaines visitent ainsi des bases britanniques et françaises pour préparer le possible déploiement de navires américains.

-Avec la France, les relations sont sans chaleur et sans aménités même si le personnage de La Fayette rappelle à Washington le concours décisif de la France dans son indépendance.

-Les commandes militaires françaises participent grandement à la montée en puissance du Complexe Militaro-Industriel (CMI), de nouvelles usines sont construites, des technologies nouvelles sont également dévellopées, les historiens estiment que les commandes françaises et britanniques ont fait gagner un à deux ans à l’armée américaine.

-Sur le plan plus militaire, les travaux de la base navale de Fort de France-Schoelcher sont d’abord vus avec méfiance par Washington avant que Paris ne réussisse à convaincre Washington de l’utilité de cette base pour sécuriser les approvisionements pétroliers ainsi que la défense lointaine du canal du Panama.

-Même chose en Nouvelle-Calédonie où le port de Nouméa et la base aéronavale de Nouméa-Tantouta pourraient accueillir avions et navires américains destinés à défendre les communications avec l’Australie et la Nouvelle-Zélande, une division d’infanterie pouvant aussi renforcer les moyens de défense du caillou.

-Guère de relations avec l’URSS

Avec les ennemis potentiels

-Bien que Roosevelt soit conscient du danger nazi, la priorité en matière de défense c’est le Japon, le concurrent des Etats-Unis pour le contrôle du Pacifique.

-Cette rivalité remonte en 1905 quand l’élimination de la Russie laisse le Japon et les Etats-Unis seuls pour le contrôle de cet immense océan.

-Le traité anglo-japonais de 1902 rendait de toute façon quasi-impossible un conflit entre Washington et Tokyo.

-A cette rivalité géographique s’ajoutait la rancoeur nippone vis à vis des Etats-Unis qui étaient accusés d’avoir limité les fruits politiques de la victoire dans la guerre russo-japonaise, Théodore Roosevelt ayant servit de médiateur entre le tsar et l’empereur.

-Une course aux armements navals est lancée en 1916, course aux armements stoppée par le traité de Washington en 1922 qui consacre la suprématie anglo-saxone et minore la puissance japonaise, Londres sacrifiant son alliance de 1902 de toute façon plus aussi utile qu’avant.

-La guerre n’est qu’une question de temps, une guerre essentiellement navale avec une «bataille décisive» censée se dérouler entre Okinawa et les Phillipines.

-Avec l’Allemagne, les Etats-Unis passe d’une neutralité stricte à une neutralité plus souple liée à l’arrivée au pouvoir de Charles Linbergh.

Ce républicain farouche isolationiste refuse de se laisser entrainer dans une future guerre européenne.

Ses sympathies pour le nazisme inquiètent et le projet d’une alliance germano-américaine redoutée dans les chancelleries même si la révélation d’un accord informel en septembre 1945 se révéla être un mensonge monté de toutes pièces par un journaliste new-yorkais, Angus Mack, journaliste en mal de notoriété.

Avec les neutres

-Les Etats-Unis envisagent une Ligue des Neutres en cas de conflit pour maintenir une liberté de navigation du commerce en cas de conflit en Europe. Ce projet ne va cependant pas dépasser le stade du projet.