ROYAL CANADIAN ARMY (RCA) ARMEE ROYALE CANADIENNE
Une histoire militaire du Canada
Quelques considérations préliminaires
Coloniser un territoire c’est une action qui n’est pas à la portée du premier venu. Il faut une dose de courage voir d’inconscience pour se lancer dans une telle épreuve. Même quand la décision est prise, il faut un temps d’adaptation.
C’est le cas pour la Nouvelle France, la colonisation française de l’Amérique du Nord, une aventure de plus de cinquante ans qui se terminera amèrement par un traité de Paris signé en 1763, traité qui faisait de la Grande-Bretagne la seule puissance coloniale en Amérique du Nord.
Dans ces territoires isolés aux populations autochtones pas toujours amicales et accueillantes, la question de la défense et de la sécurité se posa immédiatement. Dans un premier temps ce fût du chacun pour soit.
C’est ainsi que naquit un personnage qui fit la légende de l’histoire canadienne, le coureur des bois, un homme vivant au contact des populations amérindiennes, commerçant et braconnant, faisant régulièrement le coup de feu contre ses concurrents et contre les indiens notamment les iroquois souvent hostiles aux français.

Un coureur des bois
Ces hommes combattent à l’indienne, utilisant le terrain pour mener une guerre de guérilla, une «petite guerre» pour reprendre la terminologie de Clausewitz, petite guerre qui allait dérouter les régiments européens envoyés sur place, régiments qui allaient cependant vite s’adapter sans forcément y être parfaitement à l’aise, nombre d’officiers regrettant surement de ne pouvoir combattre en ordre serré, à l’européenne dans cette «guerre en dentelle» beaucoup moins propre et romantique qu’on ne l’à écrit.
En 1665 cependant une unité régulière est envoyée en Nouvelle-France pour renforcer les défenses de la colonie contre les amérindiens. Il s’agit du Régiment de Carignan-Salières, régiment créé en 1658 (ou 1659), ses 3500 hommes menant une série d’opérations jusqu’en 1667 quand la mission terminée, le régiment rentre en France où il deviendra le Régiment de Soisson en 1676.
Au complet ? Non puisque 400 soldats acceptent de rester sur place comme colon, se mariant avec des jeunes femmes venues de France («les filles du Roy») pour peupler la colonie et renforcer ses défenses.
Ces hommes ne deviennent pas de simples paysans, ils sont à la base des futures compagnies franches de la marine.
Parallèlement en 1669, Louis XIV ordonne la création d’une milice pour permettre une défense solide de la colonie. Tout homme de 16 à 60 hommes est astreint à ce service militaire. Chaque paroisse dispose d’une compagnie organisée sur le modèle des compagnies régulières de l’Armée Royale. Ces compagnies qui s’équipent à leurs frais sont souvent composées de coureurs des bois.
Il faudra attendre la guerre de Sept Ans pour voir à nouveau des troupes régulières françaises gagner la Nouvelle-France pour combattre leurs homologues britanniques, les fameuses Tuniques Rouges.
Durant ce qui est considéré comme le premier conflit mondial, les combats en Amérique du Nord commence dès 1754 ce qui explique que cette partie du conflit est appelée dans l’historiographie anglo-saxonne «French and Indian Wars».
Si il y à des batailles rangées où deux armées manœuvrent à l’européenne en ordre serré, la majorité des combats appartiennent à la «petite guerre», des raids, des coups de mains et des embuscades où il est davantage question de faire peur à l’ennemi que d’être «fair-play» ou «korrect».
Après le traité de Paris (1763) qui met fin au premier empire colonial français, les unités locales de défense ne sont pas supprimées même si Londres maintien des troupes régulières dans ces territoires fraîchement conquis.

La guerre de Sept Ans
Peu à peu pourtant Londres va se retirer du futur dominion obligeant les canadiens à prendre leur défense en main. Le Militia Act de 1855 permet la création de la Permanent Active Militia ou Milice d’Active qui malgré son nom est en réalité une véritable armée permanente. Le reliquat est intégré à la Non-Permanent Active Militia (NPAM) dont l’organisation se rapproche d’une véritable milice.
A noter que jusqu’à la création de la Confédération en 1867, les provinces maritimes disposaient de leurs propres milices qui n’avaient de comptes à rendre à personne.
Durant le premier conflit mondial, un corps expéditionnaire est mis sur pied, laissant la défense du pays à la Milice.
En 1940 après des années d’hésitations et de débats, la Milice Permanente devient la Canadian Army (Active) puis en 1944 la Royal Canadian Army (Active), faisant de la Milice Non-Permanente, la Royal Canadian Army (Reserve). Cette situation va perdurer jusqu’en 1968 quand les trois armées fusionnent pour former les Forces Armées Canadiennes.
Au sein des Forces Armées Canadiennes/Canadian Armed Forces, la composante terrestre est appelée Force Terrestre/Land Force puis à partir de 1980 Mobile Command/Commandement Mobile.
Néanmoins dans l’usage courant, le terme d’armée canadienne était toujours en usage. En 2011, le terme de Canadian Army/Armée Canadienne est restauré.
Au temps des coureurs des bois une histoire militaire de la Nouvelle-France
Durant la période où le futur Canada était une colonie française sous le nom de Nouvelle-France (1605-1763), sa défense était assurée par un réseau de forts (dont certains étaient aussi des comptoirs commerciaux) mais aussi par des troupes qu’elles soient régulières ou appartenant à une milice locale.
En ce qui concerne les troupes régulières on trouve tout d’abord des unités issues de l’armée de terre (régiment de Carignan-Salières), de la marine (Troupes de la Marine, Compagnies Franches de la Marine) mais aussi d’une milice mise sur pied en 1669 sous ordre de Louis XIV (une compagnie par paroisse, hommes âgés de 16 à 60 ans).
Ces hommes comme nous l’avons vu dans l’avant-propos pratiquent la «petite guerre» seule adaptée à ce type de terrain.
C’est une guerre de coups de main, d’embuscade, des raids menés dans la profondeur d’un territoire encore largement sauvage. C’était aussi une question numérique, la Nouvelle-France étant vingt fois moins peuplée que les colonies britanniques d’Amérique du Nord il fallait compenser en choisissant la stratégie du faible au fort.
Cette milice comprend en 1759 5640 miliciens pour le district de Québec, 5455 pour celui de Montréal, 1300 pour le district de Trois-Rivières, 200 cavaliers canadiens, 150 miliciens acadiens et environ 1800 indiens.
A partir de la fin du XVIIème siècle, très peu de troupes régulières sont présentes dans la colonie, il faudra attendre la guerre de Sept Ans (1756-1763) (qui commence dès 1754 sur le continent américain) pour que des troupes régulières soient envoyées de France pour affronter les «tuniques rouges» dans des batailles en ordre rangé.
Parmi les régiments réguliers envoyés sur place on trouve le Régiment de la Reine, le Régiment de Guyenne, le Régiment de Berry, le Régiment de Béarn, le Régiment La Sarre, le Régiment Royal Roussillon, le Régiment de Languedoc, le Régiment d’Artois et le Régiment de Cambis. A cela s’ajoute des unités spécialisées comme des compagnies de canonniers-bombardiers ou une unité de maréchaussée.
En ce qui concerne la marine, elle fournit le Régiment suisse de Karrer (1722-1749), des compagnies franches de la Marine, des compagnies de bombardiers, des Troupes de la Marine (ancêtres de nos Bigors), des unités de galériens.
La guerre de Sept Ans (1756-1763) commence dès 1754 ce qui explique qu’elle connu au Canada sous le nom de French & Indian Wars. Ce conflit à pour origine le contrôle de la vallée de l’Ohio, les français cherchant à en conserver le contrôle pour éviter que la Nouvelle-France ne soit coupée du reste de leurs possessions nord-américaines à savoir l’immense Louisiane.
Ce conflit mêle raids de la petite guerre mais aussi batailles rangées entre troupes régulières, la différence se faisant sur la logistique et sur le contrôle des lignes de communication avec la lointaine Europe.
A ce jeu là hélas la belle marine de Louis XV ne fit pas le poids face à la Royal Navy et avec l’impossibilité d’envoyer des renforts importants, le sort de la Nouvelle-France malgré quelques magnifiques coups d’éclat dignes de la furia francese était scellé. Sa perte ne chagrina pas grand monde car pour Voltaire il ne s’agissait que de quelques arpents de neige.
Il y eu pourtant des victoires françaises comme lors de la bataille de Fort William Henry au sud du lac Champlain (3-8 août 1757) où 2400 hommes pour la plupart britanniques se rendirent.
En 1758 c’est l’armée du général Abercrombie qui est défaite à la bataille de Fort Carillon (7-8 juillet 1758) (futur Fort Ticonderoga pour les britanniques) toujours au sud du lac Champlain. A chaque fois les troupes françaises avaient combattu en infériorité numérique mais avaient infligé des pertes sérieuses aux «tuniques rouges», le tout pour un prix dérisoire.
Les choses allaient peu à peu changer. Si à Versailles on avait les yeux rivés sur l’Allemagne et la Bohème, à Londres on avait compris l’importance de l’Amérique du Nord.

William Pitt l’Ancien
Le nouveau premier ministre, William Pitt décida de faire porter son effort sur l’Amérique du Nord en envoyant en juin 1758 13000 hommes commandés par le major général Jeffrey Amherst avec parmi ses subordonnés un certain James Wolfe. Ils capturent la forteresse stratégique de Louisbourg (8-26 juillet 1758), la marine française qui avait sauvé la forteresse en 1757 ne pu réaliser ce prodige l’année suivante.

James Wolfe
La Vallée du Saint-Laurent était ainsi ouverte à la pénétration britannique. Pour la campagne de 1759, James Wolfe fixa Québec pour objectif. Le 12 septembre 1759 l’armée britannique s’installa en rangs serrés sur les plaines d’Abraham.

Buste du Montcalm
Les français sous les ordres du marquis de Montcalm décidèrent de sortir pour affronter les britanniques dans une bataille rangée à l’européenne. Cette bataille vit la mort des deux commandants avec des pertes similaires (658 tués et blessés côté britannique 644 tués et blessés côté français) mais les britanniques restèrent maître du terrain. Québec resta assiégée jusqu’à sa rédition le 18 septembre 1759.
La campagne de 1760 vit le successeur de Montcalm, le général François Gaston de Lévis marcher en direction de Québec depuis Montréal. Il remporta la bataille de Sainte-Foy le 28 avril 1760 puis assiégea Québec mais au printemps c’est une flotte britannique et non une flotte français qui arriva sur place. C’était de facto la fin de la Nouvelle-France même si il fallu attendre 1763 et le traité de Paris pour que tout cela soit réglé de jure.
Du traité de Paris (1763) à la Confédération (1867) : une histoire militaire du Canada
La guerre de Sept Ans terminée, les britanniques maintiennent des troupes importantes dans feu la Nouvelle-France. Cela provoque des hausses de taxes et d’impôts très mal vécues par les canadiens francophones mais aussi par leurs anciens ennemis, les citoyens des 13 colonies qui ne comprenaient pas le maintien de troupes britanniques importantes alors qu’il n’y avait plus d’ennemi à combattre.
Après des années de maturation, le mécontentement éclata au milieu des années 1770. Sous le slogan «no tax whitout representation», les treize colonies de la Couronne britannique se soulevèrent, marquant le début d’une guerre d’indépendance qui verra feu la Nouvelle-France être impliquée souvent à son corps défendant, la majorité des canadiens francophones restant neutre.
Face à ces miliciens, face à ces anciens combattants de la guerre de Sept Ans, les britanniques engagèrent des troupes britanniques (même si l’armée de terre était réduite) mais aussi des mercenaires allemands, pas moins de 30000 dont environ un tiers déployés dans la province de Québec, 2000 d’entre-eux environ faisant souche dans le pays.
Les principaux contributeurs furent le duché de Brunswick-Wolfenbüttel, le comté de Hesse-Hanau, l’Etat d’Anhalt-Zerbst (d’où était originaire Catherine II de Russie), le langraviat de Hesse-Cassel, le margraviat d’Anspach-Bayreuth, la principauté de Waldeck et l’Electorat de Hanovre ce qui explique que ces soldats pas toujours volontaires furent appelés hessois ou brunswickers.
Le rôle des mercenaires allemands à été au final assez limité, beaucoup servant davantage à terminer garnison dans la province de Québec pour libérer des troupes britanniques plus utiles ailleurs.
Au final sur les soldats allemands envoyés en Amérique on compte 6354 morts de maladies, 1200 morts au combat, 4972 restant sur place pour faire souche au Canada comme aux Etats-Unis et la majorité (17313) rentrant en Europe.
Dès le début du conflit, les insurgents de la Continental Army essayèrent de convaincre les canadiens francophones de rallier leur cause. Plus généralement il s’agissait de s’emparer de la province de Quebec (qui est l’équivalent du Canada actuel).
Quand le conflit débute, il n’y à que deux régiments de «tuniques rouges» dans la province de Québec ce qui obligea le gouverneur à lever des compagnies de volontaires pour renforcer les troupes régulières (sans oublier la présence de miliciens). Cela d’ailleurs posa des problèmes puisque la compagnie levée par les marchands montréalais affichait ouvertement ses sympathies aux rebelles !
La milice fût ainsi divisée entre la Canadian Militia composée de francophones et la British Militia composée comme son nom l’indique d’anglophones.
Ils ne portaient pas l’uniforme rouge mais un uniforme vert et bistre, uniformes issus de stocks pour un corps d’infanterie légère du Canada dont la création n’avait pas dépassé la lettre d’intention.
Les insurgents réussirent néanmoins à s’emparer de Montréal mais aussi des forts de la vallée de Richelieu mais leur rêve d’intégrer la province de Québec au nouvel état se fracassa sur le mur de la réalité.
Le conflit terminé 40000 loyalistes persona non grata aux Etats-Unis s’installèrent dans la province de Québec, apportant leur savoir-faire militaire ce qui renforça la défense de la province contre une possible invasion d’un jeune mais dynamique état qui semblait ne pas vouloir s’arrêter de si bon chemin.
Les Etats-Unis d’Amérique n’avaient pas renoncé à s’emparer du futur Canada. Profitant de l’engagement britannique en Europe dans les guerres napoléoniennes, les américains se lancèrent dans une véritable aventure militaire que certains considèrent comme la deuxième guerre d’indépendance (1812-1815).
Les troupes britanniques étant peu nombreuses, les miliciens canadiens et les unités indiennes jouèrent un rôle capital, vital dans la défense du Canada (depuis 1791 la province de Québec à été divisée en Haut-Canada ou Ontario et Bas-Canada ou Québec)
Contrairement à la guerre d’indépendance, le Canada est cette fois au cœur d’un conflit aux motivations et raisons multiples.
Comme nous l’avons vu plus haut de nombreux loyalistes américains s’étaient installés après l’indépendance. En dépit de cela, les autorités américaines étaient persuadées que la conquête du Haut et du Bas-Canada serait une formalité.
Quand la guerre éclate en juillet 1812 seulement 6034 tuniques rouges étaient présentes au Canada, troupes régulières appuyées par la milice dont les effectifs étaient théoriquement de 60000 hommes mais en réalité seulement 10000 hommes furent mobilisés parmi lesquels 1620 désertèrent.
Ne pouvant espérer recevoir de renforts, le lieutenant général Prévost doit adopter une stratégie défensive. Il faudra attendre 1814 et la capitulation napoléonienne pour permettre l’envoi de renforts. Cela permis aux britanniques de passer à l’offensive dans les régions de New-York et du Vermont mais il du battre en retraite après son échec lors de la bataille de Plattsburgh.
Côté américain l’impréparation est criante. Ne disposant que d’une armée régulière réduite (moins de 12000 hommes) car les pères fondateurs craignaient les coups d’état et voyaient dans la milice le meilleur moyen de défendre les différents états.
Le Congrès autorisa l’armée à porter ses effectifs à 35000 hommes mais le volontariat était peu populaire, les officiers et les sous-officiers compétents peu nombreux. A cela s’ajoutait des problèmes criants de financement.
Les premiers combats furent des échecs pour les américains qui perdirent même la ville de Détroit ce qui entraîna une crise politique et une réorientation de la stratégie militaire américaine.
Cette nouvelle stratégie prévoit de capturer Montréal mais ce projet sera un échec en raison de querelles de commandement, de problèmes logistiques et d’un commandement canadien plus audacieux qui utilisa à merveille le terrain pour compenser des effectifs très inférieurs aux envahisseurs américains.
Des deux côtés se trouvait des milices. Si les milices américaines ne brillèrent pas par leur efficacité (elles étaient peu motivées par un conflit qui ne faisait pas l’unanimité), les milices canadiennes se montrèrent efficaces en raison de leur composition (on trouvait de nombreux loyalistes qui avaient combattu côté britannique durant la guerre d’indépendance et les francophones étaient heurtés par le sentiment anti-catholique très répandu aux Etats-Unis).
Du côté des francophones qui n’avaient pas vraiment de loyauté vis à vis de Londres, on ne trouvait pas vraiment d’enthousiasme vis à vis des envahisseurs américaines. Le conflit se termina en 1815 par un retour au statu quo ante bellum.
A l’époque il n’y à pas de milice nationale, chaque province, chaque entité créant ses propres unités essentiellement d’infanterie, les unités d’artillerie et les unités de cavalerie étant rares.
On trouve d’abord des unités dites fencible, des unités levées comme unités régulières mais destinées uniquement à servir en Amérique du Nord. On trouve d’abord 100 officiers du département des affaires indiennes, officiers envoyés comme agents d’influence et qui vont encadrer les amérindiens pour combattre les américains.
Dans les provinces Atlantiques, on trouve tout d’abord les Royal Newfoundland Fencibles un régiment créé en 1803 (uniforme rouge et bleu) mais qui n’atteint son niveau opérationnel qu’en 1812 avec 556 hommes sur les 1000 hommes espérés, ces hommes servant comme troupes de marines dans la région. Le régiment est dissous en 1816. Ses traditions sont reprises par le Royal Newfoundland Regiment.
On trouve également les Nova Scotia Fencibles, une unité levée en 1803 portant un uniforme rouge et jaune. Stationné à Kingston (futur Toronto), le régiment n’est pas engagé au combat et démantelé en 1816.
Le New Brunswick Regiment of Fencible Infantry est une unité levée en 1803. Transformé en régiment régulier, il devient le 104th (New Brunswick) Regiment of Foot de l’Armée britannique en 1810. Il sert uniquement en Amérique du Nord, portant un uniforme rouge avec des parements couleur chair. C’est une unité également entraînée comme unité d’infanterie légère. L’unité est dissoute en 1817. On trouve également une unité baptisée New Brunswick Fencibles créée en 1813 pour tenir garnison dans les provinces maritimes avant d’être dissoute en 1816.
Dans le Bas-Canada, on trouve les Canadian Fencibles, une unité initialement mise sur pied en Ecosse mais les recrues se mutinèrent pour ne pas partir en Inde ou en Amérique du Nord. Au final le régiment va être recruté au sein de la partie francophone du futur dominion. L’unité qui portait un uniforme rouge et jaune est dissoute en 1816.
On trouve également le Glengarry Light Infantry créé en 1812 au sein d’anciens soldats écossais démobilisés et qui avaient comme on dit fait souche en Amérique du Nord. Le régiment devait initialement porter un uniforme d’highlander mais au final ils portèrent un uniforme vert foncé et noir, au fusil le mousquet étant préféré. L’unité utilisée comme infanterie légère est dissoute en 1816.
Les Michigan Fencibles était une unité de 45 hommes levée à Fort Mackinac en 1813, utilisée jusqu’à sa dissolution en 1815, portant fièrement un uniforme rouge et noire même si très rapidement l’unité était difficilement identifiable.
Aux côtés des unités régulières/fencibles, on trouve des unités relevant de la milice à temps plein, unités initialement destinées à tenir des forts mais qui furent employées au combat. Ces unités étant essentiellement composées de paysans, elles eurent une durée de vie éphémère.
Dans le Bas-Canada, on trouve les Canadian Voltigeurs unité qui était sur le papier une unité de milice à temps plein mais qui était en pratique une unité régulière. Portant un uniforme gris et noir (vert et noir pour les officiers), cette unité recevait ses ordres anglais bien que la majorité des recrues soit issue de la partie francophone du futur dominion. La mémoire de cette unité est préservée par les Voltigeurs du Québec.
Le Foreigner Light Infantry est une petite unité de deux compagnies, semblable à la précédente même si le recrutement était issu de la communauté britannique. Il opérait en compagnie de guerriers mohawk et menait donc une véritable «petite guerre» faite de coups de main et d’embuscades. La mémoire de l’unité est perpétuée par les Sherbrooke Hussars.
On trouve également une unité mixte composée de conscrits mais aussi de volontaires. Quatre bataillons sont formés début 1812 suivit par un cinquième après le début de la guerre, un sixième bataillon de la Select Embodied Militia étant levé en 1813 tout comme les septième et huitième mais ces bataillons levés alors que les américains menaçaient Montréal sont dissous dès l’éloignement de la menace. Ces unités reçoivent fin 1813 un uniforme rouge.
Les Chasseurs Canadiens est le cinquième bataillon de la Select Embodied Militia transformé en unité d’infanterie légère après une totale réorganisation. On trouve également les Volontaires du Québec (The Quebec Volunteers) une unité de cinquante hommes à l’existence éphémère puisqu’elle fût intégrée au 6ème bataillon de la Select Embodied Militia.
Comme je l’ai dit plus haut, les unités montées, les unités de cavalerie étaient peu nombreuses. On trouve la Compagnie des guides, les dragons légers canadiens (The Canadian Light Dragoon), les Dragons Légers de Dorchester (The Dorchester Provincial Light Dragoon).
On trouve également une unité d’artillerie, la Royal Militia Artillery, un détachement de 23 hommes (un officier et vingt-deux hommes) volontaire pour un service continue au sein de la Royal Artillery. Le Corps of Provincial Royal Artillery Drivers est un corps comparable à notre train d’artillerie.
Le Corps of Canadian Voyageurs est un corps appartenant à l’arme du train, un corps de bateliers militarisés destinés à transporter des marchandises sur les fleuves et les lacs pour ravitailler les unités de combat. En 1813 ses missions sont transformés au Commissariat et l’unité est dissoute avant d’être réformée sous le nom de Pronvicial Commissariat Voyageurs.
Dans le Haut-Canada, on d’abord les Caldwell’s Western Rangers une petite unité de cinquante hommes normalement organisée en deux compagnies, opérant en compagnie des officiers du département des affaires indiennes.
On trouve également l’unité des Loyal Kent Volunteers, une compagnie de miliciens volontaires formée dans le comté de Kent le 25 novembre 1813, unité dont les traditions sont préservées aujourd’hui par l’Essex & Kent Scottish Regiment.
L’unité des Loyal Essex Volunteers est levée en mars 1814 dans le comté d’Essex. Parfois connue sous le nom d’Essex Rangers, son souvenir est perpétué lui aussi par l’Essex & Kent Scottish Regiment.
On trouve également une petite unité levée en 1814, les Volontaires du Mississippi (The Mississippi Volunteers) qui à pu opérer avec un détachement d’artilleurs volontaires du Mississippi (Mississippi Volunteer Artillery Detachment).
On trouve également les Pronvicial Dragoons, une unité opérant dans la péninsule du Niagara, une compagnie d’artillerie incorporée (The Incorporated Artillery Company),une unité de conducteurs d’artillerie (The Provincial Artillery Drivers), une unité d’artificiers (The Corps of Provincial Artificers).
-Enfin on trouve des milices temporaires, des hommes qui aux Etats-Unis seraient appelés des minutemen car mobilisables immédiatement pour une mission précise. Leur efficacité militaire est néanmoins sujette à caution.
Dans le Bas-Canada, on trouve en théorie 54000 hommes disponibles, chaque paroisse devant disposer d’une compagnie de milice, compagnies regroupées en «divisions» mais ces «divisions» sont de simples regroupement administratifs et non des GU. Ces «divisions» dépendent des différents districts (Montréal, Trois-Rivières et Quebec). Leur engagement dans le conflit à été limité et variable.
-Dans le Haut-Canada, les effectifs étaient moindres. Les miliciens de la future province de l’Ontario sont organisés en régiments qui dépendent du comté.
Par exemple le comté d’Essex disposait de deux régiments, les 1st & 2nd Essex Militia (Regiment). Ces unités ne possédaient pas d’uniformes et disposaient de leurs propres armes. Leurs performances militaires furent variables en fonction de leur niveau d’entrainement et de leur niveau de motivation.
En 1837 une révolte éclate dans le Haut-Canada ce qui impose l’utilisation de troupes britanniques et de miliciens canadiens.
Comme nous l’avons vu, la majorité des unités levées pendant la guerre anglo-américaine sont dissoutes, la défense du pays qui se sent encore menacé par le grand et vorace voisin du sud est assuré par des troupes régulières britanniques et par des unités de milices dépendant de chaque colonie.
Cette situation perdure jusqu’en 1854 quand éclate la guerre de Crimée. Ce conflit impose l’envoi de troupes aguerries or à l’époque l’armée britannique est de taille très réduite. On récupère donc tous les soldats disponibles.
C’est ainsi que virtuellement tous les soldats britanniques en garnison dans les colonies d’Ontario et de Quebec sont envoyées à plusieurs milliers de kilomètres de là, laissant la défense du futur dominion aux miliciens.
Aux Etats-Unis, les politiciens qui croient à la «destinée manifeste» pensent que le moment est venu d’annexer aux Etats-Unis d’Amérique l’Ontario et le Québec. Pour se prémunir, en attendant la mise sur pied du dominion en 1867, les assemblées législatives des deux colonies votent le Militia Act en 1855 pour créer une milice nationale.
On trouve une milice permanente appelée Permanent Active Militia qui est la future Canadian Army et une milice de réserve, la Non-Permanent Active Militia à l’origine de la Canadian Army (Reserve).
La milice active est composée de 5000 hommes. En 1868, un nouveau Militia Act est voté pour intégrer celles du Nouveau-Brunswick et de Nouvelle-Ecosse. En février 1869 selon les informations données par le ministre de la défense sir George-Étienne Cartier la milice d’active dispose de 37710 hommes alors que la réserve aligne 618896 hommes.
Cet embryon d’armée canadienne ne va pas tarder à devoir s’employer pour contrer notamment les raids fenians.
Juste une question sur cette phrase :
Il s’agit du Régiment de Carignan-Salières, régiment créé en 1658 (ou 1659), ses 3500 hommes… Le wiki donne, sans source, dans les 1300 hommes de ce régiment partant outre-Atlantique. Est ce une erreur ?
Oui c’est pas impossible qu’il y ait une erreur. Après il y à parfois une différence entre wiki anglophone et francophone.