Le Conflit (198) Balkans (32)

Dans cette partie je vais parler des combats terrestres, aériens et navals qui vont précéder le déclenchement de l’opération ANVIL.

Sur le front l’Axe ne peut que constater que quelquechose de gros, d’énorme, de gigantesque se prépare de l’autre côté.

Des patrouilles des deux camps s’affrontent, des échanges d’artillerie ont lieu même si l’Axe dispose de moyens plus faibles que ce soit en terme de pièces en ligne et de munitions.

Les alliés vont multiplier des raids pour rafraichir leur connaissance du dispositif ennemi et maintenir l’ennemi sous pression.

Ils espèrent ainsi que les italiens, les allemands et les bulgares vont épuiser leurs forces limitées et difficilement renforçables et renouvelables en multipliant les attaques limitées mais nombreuses.

En réalité l’Axe à vite compris (sauf rares exceptions où l’état-major du Heeresgruppe E à pensé que l’offensive avec un grand O avait début notamment lors de l’opération ICARE) qu’il s’agissait d’une guerre de basse intensité, qu’il fallait courber l’échine et attendre le moment opportun pour riposter.

Par rapport à 1950 et 1951, la différence c’est que les maquis et autres mouvements de résistance sont mieux organisés, mieux armés et mieux encadrés. Ils sont aussi moins querelleurs, mettant sous l’éteignoir leurs querelles politiques (bon parfois il y avait des rechutes hein).

Comme la riposte des italiens, des allemands, des bulgares et de leurs collaborateurs était particulièrement féroce, les maquis avaient pour mission principale de récupérer les pilotes abattus, de faire du renseignement mais de limiter leurs actions directes. Encore une fois cette dernière consigne était parfois difficilement applicable pour des maquisards harcelés par les troupes d’occupation qui de plus brûlaient d’en découdre.

En attendant la spectaculaire opération THUNDERBOLT contre Thessalonique, les différentes unités commandos et assimilées ont mené de nombreux raids. Evzones, hoplites de la mer, infanterie de marine britannique et yougoslave, fusiliers-commandos de marine français mais aussi Bataillon Sacré ont réalisé un certain nombre de raids dans la profondeur en utilisant planeurs et parachutes, vedettes lance-torpilles et sous-marins.

A cela s’ajoute une guerre de l’ombre, les différents services de renseignement se rendant coup pour coup dans les villes et les villages occupés. Encore aujourd’hui malgré des archives largement ouvertes et exploitées, la connaissance de cette guerre est souvent lacunaire et partiale.

Encore aujourd’hui de sales petits secrets sont enfouis et beaucoup de personne ont tout intérêt à ce qu’ils ne remontent jamais. Dans des régions où la vendetta est une pratique connue et reconnue on comprend aisément pourquoi.

Le 14 janvier 1952, des éléments du 3ème bataillon de fusiliers-marins commandos sont mis à terre sur l’île de Skiros par deux sous-marins français, les Aurore et Le Glorieux.

Les sous-marins font brièvement surface, les commandos mettent à l’eau des canots pneumatiques et rejoignent le plus silencieusement possible vers le rivage à la force des bras.

La plage reconnue la veille ayant été minée (on apprendra par la suite qu’un agent grec avait été retourné par l’Abwehr), les fusiliers-marins commandos change de lieu de mise à terre et vont ainsi surprendre les garnisons allemandes.

Les pièces d’artillerie sont sabotées, des documents récupérés, des mines posées. Les fusiliers-marins rejoignent la plage, tiraillant contre la garnison allemande avant d’être récupéré par les sous-marins non sans avoir laissé quatre morts derrière eux.

Les corps seront clandestinement enterrés par les habitants. Une fois la guerre terminée, des hommes du 3ème bataillon reviendront pour récupérer les corps de leurs camarades et les enterrer en France.


Le 30 janvier 1952, le Bataillon Sacré effectue un posé d’assaut sur l’île de Lemnos avec douze planeurs remorqués par des bombardiers britanniques déclassés Armstrong-Whitwort Whitley qui trouvaient là l’occasion de participer encore un peu à la fête.

L’opération démarre mal. Deux planeurs rompent leur câble et tombent à l’eau ne laissant aucune chance à leurs occupants. Deux autres seront perdus quand leurs avions pris dans un nuage entreront en collision ! Les accidents vont coûter plus chers au thébains que les combats !

Les douze planeurs survivants se posent sur l’aérodrome. La garnison bulgare est bousculée, les commandos grecs parviennent à détruire des appareils mais surtout des dépôts de carburant, le panache de fumée noire ayant été visible depuis Alexandropoulis.

Les commandos grecs sont récupérés par des C-47 qui effectuent un posé d’assaut sous la protection de la chasse, des chasseurs terrestres munis de réservoirs supplémentaires, des chasseurs lourds bimoteurs mais aussi des chasseurs embarqués sur le Guillaume le Conquérant.

Quelques isolés seront cachés par la population et récupérés quelques jours plus tard par le sous-marin Aurore.

Le 24 février 1952, des vedettes lance-torpilles néo-zélandaises et grecques transportent sur l’île d’Eubée des hoplites des mers, l’infanterie de marine grecque. Débarquant sous le feu ennemi _ un radar à repéré la petite flotte_ les hoplites font preuve d’agressivité et de décision pour renverser une situation compromise.

En dépit de pertes sensibles _19 tués et 24 blessés_ les hoplites détruisent un poste de commandement et plusieurs batteries avant de rembarquer. Cette demi réussite entrainera une profonde remise en cause des techniques et des tactiques.

Le 27 mars 1952, le 5ème bataillon d’evzones est parachuté (!) près de Larissa pour se porter au secours d’un maquis assaillit par des troupes italiennes et la Force de Sécurité de Soriotis.

Pourquoi une telle mission ? Tout simplement parce que ce maquis était soutenu par des agents du SOE et du BRCA et que leur capture serait une catastrophe si jamais on les faisaient parler.

Les evzones formés en seulement trois semaines (!) sont largués et tendent des embuscades aux troupes ennemies leur provoquant de lourdes pertes et surtout en permettant aux agents alliés d’échapper aux griffes italiennes et collabogrecques. Pour cette action d’éclat, ce bataillon reçoit le titre symbolique de «Bataillon de la Garde» et la Croix de la Guerre.

Dans le domaine aérien, les combats restent assez violents même si l’Axe est plus que jamais sur la défensive, devant s’employer sur d’autres front notamment sur le front occidental et sur le front russe où les combats sont bien plus violents que dans les Balkans.

Sur le plan tactique rien ne change vraiment. La chasse alliée opère dans la profondeur pour tenter d’abattre tout appareil ennemi et couvre le front pour empêcher les avions de reconnaissance de continuer de surveiller le dispositif ennemi et répérer les préparatifs d’une offensive majeure.

Les bombardiers bimoteurs attaquaient les arrières immédiats du front pendant que les bombardiers quadrimoteurs menaient une offensive plus stratégique, attaquant routes, ponts, voies de chemin de fer, industries, certains minant même le Danube !

Cette dernière mission n’était pas vraiment appréciée par les équipages car cela imposait un vol à basse altitude et à faible vitesse ce qui en faisait une proie rêvée pour la chasse et la DCA. A la fin de la guerre les britanniques inventeront des mines munis de parachutes ce qui permettait de voler plus haut et plus vite que par le passé.

En ce qui concerne la reconnaissance là encore peu d’évolution. Il y à bien quelques missions de reconnaissance à haute altitude menée notamment par des Bloch MB-178 français mais la plupart sont menées à moyenne altitude avec si possible une force d’escorte de chasse. Ce sont les opérations GROSEILLE/RAWSBERRY pour tenter d’anéantir la chasse ennemie mais passé l’effet de surprise, leur impact sera pour le moins limité.

Ces missions étaient menées dès que le temps le permettait avec également des missions de reconnaissance nocturne qui voyaient l’usage de fusées éclairantes.

Des avions plus légers surveillant les arrières du front pour répérer de nouveaux travaux ou l’arrivée de nouvelles unités. Les «mouchards» étaient parfois utilisés pour harceler l’ennemi la nuit.

Le Transport était là pour évacuer les blessés et les malades le plus vite possible («la Golden Hour») et pour parachuter du ravitaillement au profit des maquis. En revanche à part quelques sauts tactiques, aucune opération aéroportée sérieuse ne sera menée probablement en raison d’un terrain trop contraignant quoique pas plus que la Corée si vous voyez ce que je veux dire…… .