23-Armée de terre Ligne Maginot (12)

Une ligne Maginot particulière : la Ligne Maginot alpine

La fortification alpine reprend une grande partie des formes architecturales dévellopées pour sa grande soeur du Nord-Est mais le terrain, les conditions climatiques obligent à de naturelles adaptations.

Les organisations d’intervalles

Une seule casemate type CORF _l’annexe de Saint Antoine_ est réalisée tout simplement car ce type d’ouvrage ne se justifie pas. Le plus souvent les ouvrages de flanquement d’infanterie sont intégrés dans les ouvrages. On trouve également une casemate cuirassée appelée officiellement «petit ouvrage» à Saint Ours Bas qui dispose pas moins de trois cloches pour mitrailleuses et de deux cloches GFM.

Cloche pour Jumelage de mitrailleuses (JM)

Cloche pour Jumelage de mitrailleuses (JM)

Plus encore que dans le Nord-Est, la question des abris est crucial. La topographie de la frontière Sud-Est impose des abris-caverne. Ces abris se subdivisent entre des abris défensifs totalement passifs et les abris actifs ou ouvrages d’infanterie destinés à abriter des troupes, des abris équipés d’un organe actif.

La réalisation des observatoires est également prévue mais la préférence donnée aux observatoires de campagne fait que seuls trois observatoires seront réalisés en temps de paix dont deux dans le Secteur Fortifié des Alpes Maritimes (SFAM) sur les treize prévus dans les plans initiaux.

Les ouvrages

Qu’ils soient d’infanterie, mixtes ou d’artillerie, tous les ouvrages des Alpes sauf Saint-Ours Bas comportent une organisation souterraine et des organes de surface (blocs).

Contrairement aux ouvrages d’infanterie du Nord-Est qui doivent assurer une mission de flanquement, les ouvrages d’infanterie des Alpes doivent assurer plutôt le barrage des vallées et l’interdiction des cols.

Peu d’ouvrages de la ligne Maginot alpine ressemblent aux ouvrages du nord-est, le plus approchant, celui de Granges-Communes aurait été identique si le bloc d’entrée avait été réalisé.

Les blocs-casemates d’infanterie

Très peu d’ouvrages des Alpes comportent des blocs-casemates d’infanterie type Nord-Est avec chambre de tir à deux créneaux pour jumelage et un ou plusieurd cloches tout simplement parce que la mission des ouvrages fortifiés de la ligne Maginot alpine est de barrer des axes. On trouve plutôt ce type d’ouvrage :

-des blocs pour mitrailleuses à un, deux ou trois casemates agissant en flanquement ou en action frontale.

-des blos à action multidirectionnelle comportant des jumelages de mitrailleuses ou de FM, des jumelages d’armes mixtes (remplacés dans la pratique par des JM) et des FM (PO de seconde génération)

-des blocs-casemates cuirassées équipées de cloches JM (bloc 2 de Granges-Communes)

-des blocs composés d’une simple cloche GFM ou observatoire par éléments.
Les blocs d’artillerie

Dans les Alpes, le manque de place conjugué avec la superposition des axes de tir amène les concepteurs des dits ouvrages à concentrer sous un même bloc des armes de nature différente, donnant un aspect particulier aux ouvrages.

La notice du 31 août 1931 définit la configuration des casemates d’artillerie des Alpes qui doivent être de deux types : le casemate de flanquement et le casemate d’action fronale. Il se présente sous une forme compacte avec deux canons de 75mm (au lieu de trois dans le Nord-Est).

En pratique, peu de casemates pour 75 en pays de montagne seront réalisés, la CORF préférant plutôt «alpiniser» les casemates de flanquement du Nord-Est. Aucun casemate d’action frontale ne sera construit avec des canons-obusiers modèle 1929 et une poignée de casemates de ce type équipés de canons de 75mm modèle 1931 seront réalisés.

mortier de 81mm modèle 1932  jadis installé dans la Ligne Maginot

mortier de 81mm modèle 1932 jadis installé dans la Ligne Maginot

En raison du manque de place donc, la majorité ces casemates d’artillerie des Alpes vont regrouper dans un même bloc jusqu’à deux canons de 75mm et deux mortiers de 81mm, faisant donc cohabiter des armes à tir tendu et des armes à tir courbe.

Ces blocs multidirectionnels peuvent se ranger en deux catégories : les casemates de flanquement dont il existera au final un seul exemplaire, le bloc 2 de Roquebrune (SFAM) combinant un mortier de 75mm modèle 1931 et un de 81mm, aucun casemate ne combinant dans cette catégorie une arme à tir tendu et un matériel à tir courbe. Les casemates de flanquement type Nord-Est allégé seront eux plus nombreux.

Les casemates d’action frontale vont être paradoxalement les plus difficiles à mettre au point alors que logiquement, cela aurait du être le contraire. Les tourelles de 75mm étant réservés à des ouvrages précis et l’embrasure frontale étant exclue, il à fallut innover pour trouver une solution efficace.

Chronologiquement, on trouve successivement la casemate sous roc, le bloc de barrage, la casemate cuirassée et la casemate défilée.

Les premiers nommés sont souvent situés dans de vieux forts remaniés, des embrasures largement ouvertes pour laisser place à un canon de 75mm de campagne. Certains plus élaborés étaient armés d’un canon-obusier de 75mm modèle 1933.

Le bloc de barrage appelé aussi casemate bétonnée d’action frontale n’à été construit qu’à deux exemplaires à chaque fois dans le Secteur Fortifié des Alpes Maritimes. Le canon de 75mm est ainsi accompagné de mitrailleuses et de mortiers de 81mm.

Le bloc de barrage n’ayant pas donné satisfaction, il est remplacé par la casemate cuirassée pouvant recevoir soit un mortier de 75mm modèle 1931 ou un modèle 1933.

Ailleurs, le bloc de barrage est remplacé par la casemate défilée installée à contre-pente le dissimulant à la vue de l’ennemi avec le prix modique d’un petit nombre d’angles morts.

On à également trouvé trace d’un projet de casemate d’action frontale à deux obusiers de 75mm modèle 1933 et deux mortiers de 81mm pour l’ouvrage de Flaut sans réalisation concrète à la différence des blocs-casemates équipés uniquement de mortiers de 81mm.

Les autres blocs

-La Ligne Maginot alpine dispose de blocs mixtes qui comme leur nom l’indique regroupe de l’artillerie et des armes d’infanterie en raison d’un terrain exigu et parfois difficile à aménager. Le bloc 2 du Janus dispose par exemple de deux jumelages pour mitrailleuses et deux mortiers de 81mm.

-Si le Nord-Est permet la généralisation de la tourelle, ce n’est pas le cas dans les Alpes ce qui explique la rareté des blocs-tourelles installés uniquement sur des sites optimaux. On en trouve ainsi quatre (deux au Mont-Agel et deux au Monte Grosso soit un total de trois tourelles de 75mm et une tourelle de 135mm), deux autres devant être réalisés mais abandonnés pour des raisons budgétaires.

Tourelle de 135mm à éclipse

Tourelle de 135mm à éclipse

-Comme pour le cas des blocs-tourelles, les blocs casemates-tourelles sont peu nombreux sur le front des Alpes avec deux exemples, le Bloc 5 de Roche-la-Croix (une tourelle de 75mm modèle 1933 associé à un casemate de flanquement modèle 1931 combinant deux canons de 75mm modèle 1931 et deux mortiers de 81mm) et le Bloc 3 de l’Agaisen (une tourelle de 75mm modèle 1933 et un bloc de deux 81mm).

-C’est la note du 15 avril 1930 qui indique les types d’observatoires destinés à la fortification alpine, trois types d’observatoires doivent être construits :

-des observatoires cuirassés pour l’observation et le service des engins de feux sous tourelle ou sous casemate agissant frontalement. Ces observatoires sont équipés soit d’une cloche VDP, soit d’une cloche GFM ou des deux.

-des observatoires bétonnés pour le service des engins de feux agissant en flanquement, ces observatoires sont équipés de créneaux bétonnés installés le plus souvent dans les casemates d’artillerie.

-des cloches de guetteurs pour la surveillance des abords et le service des armes de défense rapprochée.

En fait peu d’ouvrages sont dotés d’observatoires spécifiques et, dans la plupart des cas, les cloches observatoires sont intégrés dans un bloc d’ouvrage.

Les ouvrages mixtes alpins (artillerie et infanterie)

Comme leurs homologues du Nord-Est, les ouvrages mixtes de la ligne Maginot alpine peuvent disposer de plusieurs types, plusieurs modèles d’entrée, une entrée en plain-pied (la plus courante), une entrée en puits ou encore une entrée en plan inclinée. Certains ouvrages ont deux entrées et d’autres une entrée mixte, ces dernières se distinguant dans les Alpes par la présence d’un pont levis et parfois d’un téléphérique.

A la différence des ouvrages du Nord-Est, les ouvrages alpins bénéfécient de la protection de la roche et les locaux soutterains sont généralement établis de plain-pied avec l’entrée, un plus évident pour le ravitaillement. Avec des galeries réduites, la distinction «zone avant/zone arrière» est nettement plus ténue.

Si les ouvrages alpins disposent comme en Lorraine et en Alsace d’usines de production électriques, les soutes à munitions sont de dimensions plus réduites et surtout il n’existe pas de soute à munitions centrales (magasin M1).

Plus encore que dans le Nord-Est, la nécessaire concentration des organes s’impose en raison d’un sol souvent difficile à creuser et le faible dévellopement des ouvrages qui fait cohabiter oeuvre vives et blocs de combat.

Caractéristiques des ouvrages de Corse et de Tunisie

Les casemates d’Infanterie de Corse

Pour ce qui est des casemates de première génération (1932-33), il s’agit de casemates type CORF allégés à un ou deux étages. Ces casemates sont équipés de jumelages de mitrailleuses, de fusils-mitrailleurs sous créneau, d’une cloche GFM (et quelques fois d’une cloche mitrailleuse) mais sans armement antichar.

Pour les casemates de seconde génération (1939-40), il s’agit d’un compromis entre la casemate CORF et le blockaus double STG dont il reprend la forme générale. Chaque chambre de tir dispose de deux créneaux équipés de jumelages de mitrailleuses et d’un canon de 47mm antichar. Ces casemates sont à niveau unique. Les deux casemates reçoivent seulement fin 1940 une cloche GFM type B.

Pour ce qui est des blockaus, il s’agit de simples blocs carrés armés d’une mitrailleuse Hotchkiss 8mm puis Darne de 7.5mm pour assurer le flanquement des casemates doubles de Saint Florent et de Bastia.

Les casemates d’artillerie de Corse

Trois casemates d’artillerie ont été réalisés, un double à Santa Manza et deux simples, le premier à L’Arena et le second à Saint Cyprien. Deux des quatre canons-obusiers de 75mm modèle 1929 sont issus du bloc de flanquement nord non construit au Barbonnet. Ils ne disposent pas de cloche mais d’un créneau d’observation par direction.

Les abris de Corse

Des abris sont construits à Pertusato par la Main d’Oeuvre Militaire en 1932-33 sur le modèle d’abris cavernes simplifiés comportant deux entrées, deux galeries parallèles protégées par six mètres de roc. Chacun des trois abris peuvent abriter soixante-dix hommes.

Particularités des organisations fortifiées de Tunisie

La Ligne Mareth est organisée en points d’appuis avec un total de quarante-neuf PA, vingt-huit sur la LPR (Ligne Principale de Résistance) et vingt-un sur la ligne d’arrêt. . La physionomie varie en fonction de l’emplacement des points d’appui : plaine ou montagne.

L’essentiel des constructions bétonnées ont été construites entre 1936 et 1939 et se décomposent en plusieurs types :

-La casemate d’infanterie ressemble fortement à une casemate STG (Service Technique du Génie qui à repris le flambeau de la CORF le 1er janvier 1936) allégée à deux créneaux de mitrailleuses en échelon refusé. L’épaisseur des murs le met à l »abri d’un coup isolé de 105 mm.

-Le poste commandement (PC) se présente sous deux formes soit comme PC de surface comme dans l’Oued Gouabasia ou comme PC-caverne type A10.

-La casemate/PC ressemble aux casemates du Rhin, combinant comme son nom l’indique un poste de commandement et une casemate de mitrailleuses, l’épaisseur de ses murs étant similaire à celle des murs des casemates d’infanterie.

-La casemate ou plate-forme pour 47M est une plate-forme bétonnée ressemblant aux cuves aménagées dans le Nord-Est pour un canon de 65mm dôtée d’un toit en tôle et accolée à un abri pour le personnel.

-La casemate à canon de 75mm est conçue pour abriter un canon de 75mm de marine. Elle se présente sous la forme d’un bloc carré ressemblant au blockaus modèle 1936 pour canon antichar. Dix casemates de ce type ont été construits.

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Les ouvrages (1) : généralités et avant-propos

Si les casemates CORF sont impressionants que dire des ouvrages, un ensemble de plusieurs blocs de combat reliés entre eux par des galeries souterraines et disposant d’oeuvres vives communes. Ces ouvrages sont classés officiellement en cinq catégories :

Plan du Hackenberg l'un des plus gros ouvrages de la ligne Maginot

Plan du Hackenberg l’un des plus gros ouvrages de la ligne Maginot

-1ère classe : gros ouvrages comportant un armement mixte et un équipage moyen dépassant les 600 hommes (cas du Hackenberg).

-2ème classe : ouvrages moyens, armement mixte et un équipage compris entre 450 et 600 hommes (cas du Michelsberg)

-3ème classe : petits ouvrages comprenant un armement mixte ou ouvrages moyens d’infanterie avec en moyenne 150 hommes (cas de l’ouvrage de Ferme-Immerhof)

-4ème classe : petits ouvrages d’infanterie avec un équipage moyen de 80 hommes (cas de l’ouvrage de Teting)

-5ème classe : ouvrages d’infanterie monoblocs ou très petits (cas de l’ouvrage de La Ferté)

Dans la pratique, la distinction sera plus simple entre les ouvrages d’infanterie (petits ouvrages ou PO) et les ouvrages d’artillerie (gros ouvrages)

Chaque ouvrage est étudié en détail par le CORF. Après des levers topographiques et des sondages du sol, on réalise des plans de masse et des plans d’implantation, les premiers devant être approuvés par l’état-major de l’armée et les seconds par la direction du génie. Ce n’est qu’à ce moment que les travaux deviennent exécutoires et peuvent donc officiellement commencer.

Dans la mise au point des ouvrages, le CORF va adopter trois types, trois concepts d’ouvrages, les ensembles, les petits ouvrages d’artillerie et les petits ouvrages d’infanterie.

Canon-obusier de 75mm modèle 1929

Canon-obusier de 75mm modèle 1929

Les ensembles sont les héritiers directs des ouvrages puissants du général Fillonneau avec trois canons-obusiers par casemate de flanquement et des tourelles d’action frontale équipées de canons-obusiers de 75mm, de mortiers de 81mm ou encore de lance-bombes de 135mm. Ils devaient être équipés de fossés diamants mais mis à part pour certains ouvrages, ces travaux restent lettre morte.

Les petits ouvrages d’artillerie selon la note du 3 avril 1929 doivent occuper les intervalles entre les ensembles. Ils sont d’abord armés de mortiers de 75mm avant que l’on décide le 8 juin 1931 de les remplacer par des canons de 75R (R = Raccourci).

Les petits ouvrages d’infanterie n’ont comme armement que des jumelages de mitrailleuses, des canons antichars et des fusils-mitrailleurs. Des tourelles pour mortiers de 81mm étaient prévus mais elles furent systématiquement ajournées à l’exception du PO de l’Immerhof alors que celui du Bois-de-Bousse reçoit son puit et les locaux souterrains correspondants sans que la tourelle soit installée.

 Les ouvrages (2) : la physionomie des ouvrages d’artillerie

Comme pour les casemates CORF, on peut distinguer deux générations dans la catégorie des ouvrages d’artillerie.

-Les ouvrages de première génération sont peu nombreux avec seulement trois ouvrages construits selon un schéma en Y avec une galerie principale qui se scinde en deux branches pour accéder à deux demi-forts appelés aile. Sont concernés le Hochwald, le Hackenberg et le Simserhof, ce dernier étant la réalisation la plus aboutie du modèle théorique.

-Les ouvrages de seconde génération sont simplifiés car les budgets se réduisent et les projets initiaux du CORF s’étaient révélés tout aussi brillants que trop coûteux pour le budget de l’armée.

Ces ouvrages se composent donc d’une galerie principale sur laquelle se greffent les différents organes. Dans cette catégorie, nous pouvons distinguer les ouvrages à galerie longue (Fermont, Rochonvilliers……….) équipés d’une voie étroite de 60 à traction électrique (sauf au Chesnois) et les ouvrages à galerie courte (Galgenberg, Four-à-Chaux) qui creusés dans les collines ne purent recevoir de train souterrain.

Les ouvrages (3) : la physionomie des ouvrages d’infanterie

Théoriquement, ils se présentent sous trois formes mais comme souvent pour la Ligne Maginot, sur le terrain les différences n’apparaissent par toujours clairement.

-La première forme sont les petits ouvrages (PO) conçus dès l’origine comme tels. Ces ouvrages comme celui de Téting ont été réalisés tout ou en partie et auraient du comporter si les plans d’origine avaient été respectés deux casemates d’infanterie flanquant à droite et à gauche, une tourelle de mitrailleuses et pour un certain nombre, une tourelle de 81mm en retrait et une entrée arrière avec une usine et une casernement. Pour les ouvrages prévus sans tourelle de 81mm, l’entrée est d’un type plus réduit.

-La seconde forme sont les PO appartenant à des ouvrages d’artillerie non réalisés où l’entrée se fait par une casemate active, une sortie de secours étant aménagée dans l’autre casemate.

-La troisième forme sont des ouvrages monoblocs qui en raison du terrain cumulent deux chambres de tir et une tourelle mitrailleuse dans un seul bloc. Ils ressemblent à une casemate CORF en plus gros.

Les blocs de combat

C’est le coeur des ouvrages de la ligne Maginot c’est pour eux que fonctionnent toutes les installations souterrains que nous venons de voir. Ces blocs de combat se divisent en trois catégories à savoir les blocs casemates, les blocs tourelles et les blocs mixtes (casemates + tourelles).

Cette division théorique permet ensuite toutes les combinaisons : blocs d’infanterie sous tourelle ou casemate, blocs d’artillerie sous tourelle ou casemate, blocs mixtes d’infanterie ou d’artillerie, blocs d’artillerie sous casemate et d’infanterie sous tourelle ou d’infanterie sous casemate et d’artillerie sous tourelle. En revanche, on ne trouve nulle part trace de blocs ayant deux tourelles.

Ayant décidé de réserver le détail des ouvrages pour l’ordre de bataille de septembre 1948, je vais me contenter de quelques lignes directrices.

-Généralement les blocs d’artillerie peuvent comporter sous tourelle des canons de 75mm, des mortiers de 81mm et des lance-bombes de 135mm en jumelage. Sous casemate, on peut trouver un, deux ou trois canons de 75mm, la casemate type du Nord-Est disposant de trois canons de 75mm modèle 1929 ou modèle 1932.

En ce qui concerne les matériels de 135mm, on trouve généralement une pièce par casemate, la pièce étant généralement couplée avec d’autres matériels sous casemate ou sous tourelle.

En ce qui concerne les mortiers de 81mm, on les trouve généralement en sous-sol, soit en casemates spécifiques soit en casemates d’infanterie ou encore en casemates d’artillerie. Ces casemates agissent le plus souvent en flanquement, quelquefois en action frontale voir pour le bloc de Métrich en couverture des entrées.

-Le plus souvent les blocs d’infanterie comportent généralement sous tourelle des jumelages de mitrailleuses ou des armes mixtes (jumelage mitrailleuse + antichar à canon de 25mm), sous casemate, des jumelages mitrailleuses, des canons antichars et des fusils mitrailleurs et enfin sous cloche des jumelages de mitrailleuses ou d’armes mixtes.

Les tourelles de mitrailleuses sont destinées à généralement à effectuer le tir frontal mais elles effectuent parfois des tirs de flanquement. Dans quelques ouvrages, l’action flanquante de la tourelle est même renforcée par une cloche de mitrailleuses incrustée dans la dalle du bloc-tourelle.

L’organisation de chacun des blocs comportement généralement au niveau des galeries, divers locaux de service (magasin à munitions, local machinerie des monte-charge, PC, local de récupération des douilles).

Entre les galeries et la surface, un escalier et un ou deux monte-charges mais tous les blocs n’en disposent pas.

Au niveau du bloc, deux étages, l’étage inférieur qui comprend les locaux de repos et les filtres plus dans le cas des blocs-tourelles, le balancier et le contrepoids de la tourelle alors que l’étage supérieur est l’étage de combat.

Une organisation en profondeur

Indépendament, les différents ouvrages, blocs et autres casemates sont puissants mais pour tirer la quintescence de leur efficacité, il faut une véritable organisation en profondeur, encore un héritage du premier conflit mondial, la défense en profondeur des lignes allemandes expliquant en partie pourquoi la percée décisive espérée par les alliés n’eut jamais lieu.

La Ligne Maginot va donc s’organiser en profondeur, organisation en profondeur destinée à la fois à rendre efficace la défense mais aussi assurer le soutien nécessaire aux unités de combat.

Théoriquement, un secteur fortifié s’organise de la façon suivante :

-Une Ligne des Avant-postes

-Une Ligne Principale de Résistance (LPR)

-La Ligne des Abris

-Une 2ème Ligne ou Ligne CEZF (Commission d’Etudes de Zones Fortifiées)
-Les arrières consacrées notamment à la logistique mais également à l’Artillerie Lourde sur
Voie Ferrée (ALVF).

La LPR (Ligne Principale de Résistance) ne se situe pas immédiatement au contact de la frontière mais généralement à une dizaine de kilomètres de la frontières pour éviter que l’ennemi soit trop rapidement au contact mais aussi pour profiter de meilleurs observatoires et d’un meilleur glacis.

En dépit de remarques dans ce sens ce n’est que durant la guerre de Pologne qu’une ligne d’avant postes composées notamment de maisons fortes sera construite pour éviter les attaques surprises, faire jouer les destructions et jalonner l’avance ennemie. Ces positions n’ont naturellement pas vocation à résister plus de quelques heures ou de quelques jours.

*La Ligne Principale de Résistance (LPR) constitue le coeur de la Ligne Maginot et se compose de deux éléments : la ligne des organisations fortifiées et la ligne des obstacles composés de réseaux de barbelés, de rails, des inondations défensives, des piquets Ollivier (des piquets munis de charges explosives plus ou moins improvisées) sans oublier les différents obstacles de route.

*Les arrières de la position doivent répondre à une double fonction : donner de la profondeur à l’ensemble et desservir les organisations défensives. C’est donc un rôle à la fois de soutien et d’appui à la LPR.

L’organisation de l’arrière fût longtemps négligée, la CORF ayant déjà pas mal de travail avec la LPR. L’initiative à été donc laissée aux autorités locales ce qui explique un manque d’homogénéité de l’ensemble même si la CEZF limitera les dégâts.

Chaque secteur fortifié dispose en théorie de casernements de sûreté, de postes de transformation électrique, de dépôts de munitions, de parc mobiles, d’un réseau routier spécifique et d’un réseau ferré auxquels s’ajoute dans le Sud-Est un téléphérique.

-Les casernements de sûreté sont destinés à abriter les troupes en temps de paix

-Les postes de transformation électriques implantées tardivement (1937) pour relier les ouvrages au réseau civil

-Les dépôts de munitions sont établis à l’air libre, en arrière de la position fortifiée, à proximité d’une voie ferrée. Les dépôts arrières sont situés à environ 40km de la LPR, les dépôts secondaires situés à environ 15km et les poudrières situées à proximité des casernements légers et plutôt réservés aux explosifs de dispositifs de mines.

-Les parcs mobiles sont destinés au stockage du matériel du génie pour établir des positions de circonstance. On trouve donc des piquets, des barbelés, du matériel de terrassement et de construction……. .

-Le réseau routier spécifique ou routes stratégiques est composé de tronçons de routes reliant les ouvrages au réseau civil. Ce sont des tronçons sinueux où on circule en sens unique.

-Le réseau ferré sert lui aussi au ravitaillement. Le réseau national dessert un certain nombre de dépôts situés très en arrière de la ligne de front. A partir de ces dépôts, un réseau extérieur sur voie de 60 dessert les ouvrages d’artillerie équipés d’une entrée type A