24-Armée de l’air (31)

M-Les équipements associés (2) : les véhicules spécifiques de l’armée de l’air

Préambule

Si les avions sont la partie la plus visible de l’armée de l’air, il ne faut pas oublier tous les véhicules terrestres, tout ce qui permet à ces avions de voler qu’il s’agisse des tracteurs d’avions ou des camions ateliers. Dans le domaine des véhicules, l’armée de l’air dispose à la fois de véhicules identiques à ceux de l’armée de terre mais également de véhicules conçus ou acquis pour ses besoins spécifiques.

A la différence de l’armée de terre, l’armée de l’air est entièrement motorisée, disposant après la mobilisation de 25000 véhicules de tous types mais beaucoup étant issus de la réquisition, ces besoins en matériels neufs sont importants en l’occurence 11800 véhicules et comme l’armée de terre est prioritaire, les besoins de l’armée de l’air ne seront jamais totalement satisfaits et la pénurie subsistera jusqu’à la démobilisation à l’impact relativement modéré pour nos forces aériennes.

Si pour la première catégorie, c’est le ministère de la Guerre qui gère les fournitures, pour la deuxième catégorie, c’est le Ministère de l’Air qui gère les acquisitions.

Dans cette optique, je ne vais pas rappeler les différents modèles de véhicules communs aux deux armées, me contentant de rappeler les grandes catégories concernées. Je serais naturellement plus prolixe en revanche sur les véhicules spécifiques à l’armée de l’air.

Les véhicules communs aux deux armées

-Voitures de liaison

-Camionnettes ordinaires

-Sanitaires légères et lourdes
-Camionnettes de Ravitaillement en Viande

-Camions de 2t, 3.5t, 5t, 7t, 10t et plus

-Autobus

-Motos solos ordinaires et motos side-cars ordinaires

-Remorques ordinaires

-Tracteurs de dépannage

-Bicylettes

-Camions bennes

-Différents véhicules 6×6 généralement semblables à ceux de l’armée de terre mais avec une carosserie et un aménagement intérieur spécifique à l’armée de l’air

Les véhicules spécifiques

Au niveau des groupes de combat, on trouve un échelon roulant comprenant 17 à 34 véhicules en fonction de la taille du groupe. Tous les groupes ayant trois ou quatre escadrilles, la majorité des échelons roulants ont 34 véhicules voir parfois plus.

En mai 1945, décision est prise d’uniformiser la composition des échelons roulants des groupes de combat qui sont désormais composés des véhicules suivants au nombre de 48 :

-Quatre bicyclettes et deux motocyclettes

-Trois voitures de liaison

-Huit camions de 3.5 tonnes remplaçant les 2.5 tonnes précédement utilisés

-Sept camions de 5 tonnes

-Deux camions grues

-Un autobus salle de renseignement

-Un autobus ordinaire

-Un camions d’électriciens

-Six remorques ordinaires

-Une remorque réservoir d’eau

-Deux remorques à carburant

-Deux remorques magasin d’armes

-Une cuisine roulante

-Deux camions d’insufflation d’air chaud

-Deux voitures sanitaire

-Une tour de contrôle mobile (utilisée notamment au cas où le groupe serait seul sur un terrain somairement aménagé)

-Deux camions-pompe anti-incendie

La majorité de ces véhicules sont identiques à ceux de l’armée de terre mais il y à parmi ses quarante-huit véhicules des véhicules propres aux besoins des aviateurs :

-autocar mixte de renseignement Rochet-Schneider qui sert de véhicule de transport pour les non-navigants (la présence d’un deuxième autocar rendant cette utilisation de plus en plus rares) et surtout de salle de briefing pour les navigants. Certains groupes disposent d’autocars semi-remorques.

-Le camion d’électricien chargé comme son nom l’indique de toutes les réparations électriques sur les avions en panne auquel s’ajoute une version agrandie, l’atelier mobile de groupe équipement-électricité ou AAF.

-Le camion insufflateur d’air chaud

-Les echelons roulants des GR et des GAO disposent de deux remorques mobiles aménagées en labo photos pour le dévellopement des clichés pris par les appareils de reconnaissance (nombre inclus dans les remorques ordinaires).

-En ce qui concerne les transmissions, la majorité des moyens sont rattachés aux bases aériennes et dépendent donc des ZAM mais une partie est rattachées aux groupes en l’occurence une section électricité-transmissions.

Chaque section comprend un atelier de réparations et d’entretien, une unité d’éclairage de terrains, une stadio radio de campagne et un élément de transmissions par fil.

Les véhicules de transmission utilisés sont pour la plupart semblables à celles de l’armée de terre à savoir des camionnettes mais les équipements radios et de transmissions sont spécifiques à l’armée de l’air.

Pour l’éclairage des terrains, on utilise des remorques fabriquées notamment par Barnier, Benard et Turenne (BBT).

Le remorquage des avions est assurée par des tracteurs FAR type 22X à trois roues pour les monomoteurs et bimoteurs légers, les avions les plus lourds utilisant des semi-chenillés Citroën-Kergresse puis Unic P-107  pour le remorquage des bimoteurs et des quadrimoteurs.

Unic P-107

Unic P-107

D’autres types de véhicules sont utilisés comme des camions-grues et des camions-pompes pour lutter contre les feux d’aéronefs.

On trouve enfin des véhicules d’aérostation destinés à la mise en oeuvre et au soutien des ballons captifs désormais utilisés comme barrages antiaériens et non comme moyens d’observation.

22-Armée de terre : armement et matériel (48)

Les camions de 3.5 tonnes

Les camions appartenant à cette catégorie sont tous des camions routiers 4X2, des camions civils à peine adaptés aux besoins militaires avec un équipement de remorquage à l’avant et à l’arrière, une caisse en bois avec des ridelles pour protéger le compartiment à marchandises et des aménagements intérieurs notamment pour l’armement des conducteurs (mousqueton puis ultérieurement fusil ou pistolet-mitrailleur). Quand à la peinture, elle est vert olive pour l’armée de terre et gris clair pour l’armée de l’air.

On aurait pu s’attendre à des véhicules tout terrain mais la qualité du réseau routier français (réputé depuis le 18ème sous l’impulsion du Corps des Ponts et Chaussées) permet à l’armée de se passer de ce type camion peu courant dans l’industrie et l’économie civile.

Avec leur caisse de 3.60m (4m pour les camions à cabine avancée) de long sur 1.80m de large, ces camions peuvent transporter 3500kg de chargement ou 16 à 22 soldats équipés soit grosso modo deux groupes de combat voir des systèmes d’armes comme des canons de 25mm ou des systèmes logistiques comme des cuisines roulantes.

Comme les camionnettes, les camions sont regroupés en section de vingt véhicules (dix-sept disponibles et un volant de réserve de trois exemplaires), chaque compagnie regroupant quatre ou cinq sections soit 80 à 100 camions, une capacité de transport non négligeable.

Comme dans toutes les autres catégories, on trouve plusieurs modèles fournis par les constructeurs de l’époque.

-Camion bâché de 3.5 tonnes Panhard K 101

-Camion bâché de 3.5 tonnes Latil M2B3D

-Camion bâché de 3.5 tonnes Berliet VDCA

-Camion bâché de 3.5 tonnes Citroen Type 45

Renault AGR 2

Renault AGR 2

-Camion bâché de 3.5 tonnes Renault AGR 2

-Camion bâché de 3.5 tonnes Delahaye type 103

Les camions de 5 tonnes

Ce sont les camions standard les plus gros de la flotte militaire. Au delà de ce tonnage, les militaires estiment que le véhicule serait impropre à l’utilisation en campagne. Les camions plus lourds que ceux que nous allons voir maintenant sont rares et utilisés pour un usage bien particulier.
On trouve plusieurs variantes dans cette catégorie de véhicules en l’occurence des camions ordinaires ou non aménagés, les camions de transport spéciaux destinés au transport à longue distance sur route des chenillettes de ravitaillement et les camions de transport toute nature (TTN).

Comme dans toutes les autres catégories, on trouve plusieurs modèles fournis par les constructeurs de l’époque.

-Camion bâché de 5 tonnes   Latil FB 6 et FSPB 4

-Camion bâché de 5 tonnes Matford F 917-WS

-Camion bâché de 5 tonnes   Berliet GRDA

-Camion bâché de 5 tonnes Renault AGK

-Camion bâché de 5 tonnes Rochet-Schneider 420 VLES

-Camion bâché de 5 tonnes Saurer 3 CT1 M1

Les Transports de Toute Nature (TTN)

Ce concept de camion à été définit le 17 février 1930 après plusieurs essais. Ce concept répond à la variété des type de chargement d’une armée qui combine éléments motorisés et éléments hippomobiles.

Comme les unités de train peuvent avoir à transporter aussi bien des munitions, des hommes, des cuisines roulantes que des chevaux (pour les déplacements stratégiques), l’idée d’un camion pouvant transporter tout type de chargement sans modifications s’impose à tous.

Ces camions sont semblables à ceux que nous venons de décrire mais ne possèdent pas de passage pour les roues (utile pour transporter des pièces légères d’artillerie), une caisse munie de hayons démontables et d’arceaux à bâche, de crochets pour attacher les chevaux sans oublier des bancs amovibles pour ne transport de personnel et de cloisons amovibles pour le transport de munitions.

Cette première configuration était cependant perfectible et en 1939, le lieutenant colonel Dutertre-Delamarcq commandant le centre mobilisateur du train n°23 (Paris) met au point une configuration TTN plus simple, une qualité appréciée en temps de guerre où il faut produire vite et en grand nombre. Cette configuration va être adaptée sur tous les camions de 3.5 ou 5 tonnes progressivement et sans empressement.

Le seul modèle de camion spécifiquement conçu TTN est le Panhard K 125 à cabine avancée,un dérivé du K91 à cabine classique.

Les camions bâchés d’importation

Avant guerre ,l’armée s’était refusée à acheter à l’étranger à la fois pour protéger les intérêts de notre industrie mais également pour ne pas laisser partir à l’étranger des devises précieuses car rares.

Les immenses besoins révélées par la mobilisation et une industrie surchargée de commandes pousse l’armée à faire taire ses pudeurs initiales pour multiplier les commandes à l’étranger notamment en direction du pays où l’automobile est reine : les Etats-Unis

Parmi les modèles achetés, on trouve ainsi des camions bâchés de 2.5 tonnes GMC ACK 353 et ACKWX 353, des camions bâchés de 2.5 tonnes Dodge H 203, des camions bâchés de 5 tonnes Studebaker K25, White 704S, Dodge VH 48 et VK 62, Chevrolet YS 4103 et GMC ACX 504.

L’Italie  va également fournir des camions à l’armée française en l’occurence un camion de 2.5 tonnes, le Fiat-SPA 38 et un camion de 3.5 tonnes le Fiat 626N qui lui était propulsé au diesel.

Si dans un premier temps ces camions auraient du servir l’armée, il vont finir par équiper des entreprises du BTP qui trouveront à bon compte le moyen de moderniser leur flotte, flotte appelée à être réquisitionnée en cas de guerre.

Les poids lourds d’usage général

Généralement dans cette catégorie de camions allant de 5 à 15 tonnes, on ne trouve que de véhicules spécialisés comme des porte-chars. Néanmoins la réquisition offre à l’armée des véhicules d’usage général dépassant les 5 tonnes de charge utile.

Ces réquisitions gênant l’économie du pays, le ministère des Travaux Publics demande le retour à la «vie civile» de ce type de camions. Dès le mois d’octobre, les camions à gazogène qui se sont révélés impropres au service en campagne sont rendus à leurs propriétaires mais pour les véhicules les plus lourds, il faudra souvent attendre le printemps 1940.

De nombreux constructeurs ont ainsi fourni par l’intermédiaire de la réquisition des véhicules de ce type comme Berliet et Renault. Néanmoins les principaux constructeurs sont Willème avec un camion de 7.5 tonnes de charge utile, le DU-10 de 10 tonnes et le DU-12 de 12 tonnes ainsi qu’Unic et son SU 75-4MN de 7 tonnes de charge utile.

Les camions à gazogène

Si la France ne motorisa pas totalement son armée, ce n’est pas faute de volonté mais en l’absence de ressources pétrolières nationales. On chercha donc dès la fin du premier conflit mondial à développer un «carburant national» en utilisant les ressources disponibles en métropole en l’occurence le charbon ou le bois.

C’est l’acte de naissance du gazogène. Trois modèles vont être retenus pour la réquisition en temps de guerre en l’occurence le Gohin-Poudenc à charbon de bois ou charbon minéral, le Imbert-Berliet à bois et le Panhard au charbon de bois.

A l’usage néanmoins, les gazogènes se révéleront d’un usage malaisé en campagne ce qui entrainera la rapide dé-réquisition des véhicules et une restitution sans regrets à leur propriétaire.

Des contrats longue durée passés avec le Moyen Orient, le Caucase, le Venezuela, le Mexique et le Texas et surtout la découverte du pétrole dans le Sahara algérien entrainera une plus grande confiance dans l’utilisation du pétrole comme combustible.

Le seul modèle conçu spécifiquement comme véhicule gazo est le camion bâché de 3.5 tonnes à gazogène Panhard K 128. Les autres véhicules à gazogène sont en fait une adaptation de véhicules existants, un exemplaire par contrat ce qui montre le très relatif intérêt de l’armée pour le «carburant national».

Autobus et autocars de transport de personnel

En temps de paix, l’armée de terre utilise peu d’autocars tandis que le plan de mobilisation prévoit un appel important à la réquisition pour la constitution des compagnies de transport de personnel.

En temps de paix, quelques véhicules de ce type sont commandés pour l’administration centrale, les écoles et les établissements. Préparée de longue date, la réquisition ne réserve aucune mauvaise surprise en septembre 1939.

Lors de la mobilisation partielle de septembre 1938, la STCRP avait mis sur pied six compagnies à quatre sections de vingt autobus soit 480 véhicules plus l’armement, les munitions, les cuisines roulantes, les taxis de réquisition et motos de liaison.

Un an plus tard, la STCRP reçoit l’ordre de mettre sur pied neuf GTP (Groupe de Transport de Personnel) soit dix-huit compagnies, 1440 autobus, 4500 hommes et 110 officiers.

Outre ses GTP, une partie des autobus seront transformés en véhicules de soutien. Les autobus ainsi modifiés seront progressivement déréquisitionnés au printemps 1940, les GTP étant dissous en juin 1940 et les autobus rendus au service commercial.

L’armée de l’air utilise elle aussi des autocars en plus grand nombre pour le transport de personnel et des rôles spécifiques (plus d’informations dans la partie idoine).

Les véhicules sahariens ou adaptés à l’outre-mer

La France possède en septembre 1939 le deuxième empire colonial du monde, essentiellement centré sur l’Afrique ce qui nécessite pour en assurer la surveillance des véhicules adaptés aux conditions climatiques particulières notamment en terme de chaleur, de temps sec……. .

Ces véhicules bénéficient d’une capacité de refroidissement plus importante pour compenser le manque d’eau et d’une capacité tout-chemin pour compenser l’état médiocre des routes d’outre-mer.

Ces véhicules sont soit conçus spécifiquement pour ce rôle ou l’adaptation de véhicules de série à ce milieu particulier.

Le seul camion spécifiquement conçu pour le Sahara est le Panhard K 113 (5 tonnes  de charge utile), produit à 150 exemplaires pour le Maroc et l’Algérie. D’autres exemplaires seront ultérieurement produits pour équiper les régiments portés de tirailleurs sénégalais.

On trouve également des camions citernes Latil M2B1 et des camionnettes Berliet VDAK de 2.7 tonnes.