Le Conflit (85) Europe Occidentale (51)

Fils de Pologne !

Du 20 au 24 août 1949 à lieu la célébrissime Bataille de Reims, une bataille qui fait les délices des historiens mais aussi des romanciers qui y trouvent une matière inépuisable puisqu’aux combats s’ajoutent un aspect religieux (les polonais se sentent en croisade contre les païens portant la svastika) et surnaturel avec miracles et autres phénomènes inexpliqués dans la cathédrale de Reims qui était déjà célèbre pour avoir abrité tous les sacres de nos rois (à l’exception d’Henri IV sacré à Reims, de Louis XVII mort en prison et de Louis XVIII trop malade pour supporter l’interminable cérémonial).

A ce jour on compte pas moins de seize romans traitant totalement ou partiellement de cette bataille de quatre jours. Même le général Villeneuve en fait une scène marquante de son roman Les Immortels du Rhin (Prix Nobel de Litterature en 1966).

Côté français cette bataille s’inscrit dans le repli méthodique sur La Seine. La consigne est toujours la même : gagner le plus de temps possible et limer les crocs du loup allemand pour le faire moins tranchant, moins violent et moins virulent et ainsi l’empêcher de franchir La Seine au risque de déstabiliser l’ensemble du dispositif allié.

Côté allemand, il s’agit d’enfin obtenir un avantage décisif que les allemands croyaient avoir obtenu en perçant en Champagne le 18. Malheureusement pour eux, ils ont connu ce que les alliés ont souvent connu pendant le premier conflit mondial : la percée obtenue n’à pas été exploitée suffisamment rapidement et le front s’est reformé obligeant à une nouvelle opération d’ampleur avec le risque d’augmenter encore des pertes déjà importantes (on estime qu’à la fin août 13% des effectifs allemands engagés au 10 mai sont hors de combat entre les tués, les blessés et les prisonniers).

La défense de la ville du sacre est assuré par deux corps d’armée, les 7ème et 23ème Corps d’Armée, deux unités qui ont souffert lors des combats menés respectivement pour la défense de Verdun et de Nancy. Ils sont encore loin d’être anéantis et vont à nouveau s’illustrer au combat.

Ils vont également bénéficier du soutien d’un corps motomécanique, le 3ème Corps de Cavalerie qui s’était illustré à Verdun sans pour autant empêcher cette autre ville symboliquement très forte. Les hommes de cette unité ont donc à cœur se racheter et effacer cet échec qui est cependant loin d’être déshonorant.

A ces trois corps d’armée vont s’ajouter des moyens fournis par la 3ème Armée et par la Réserve Générale même si ces deux entités ont elles aussi souffert des combats depuis le 22 juin 1949.

C’est ainsi que son déployés deux bataillons de chars de combat, les 3ème et 21ème BCC équipés respectivement de Renault R-35 et d’AMX-44, le 34ème Régiment Légère d’Artillerie (34ème RLA) avec trois groupes de 75mm, le 185ème RALT avec quatre groupes de 155L GPF-T mais aussi des unités repliées de la Ligne Maginot (128ème RIF 152ème RAP 164ème RIP 153ème RAP) (NdA ailleurs il y eut des unités repliées de la «Muraille de France» mais elles opéraient en groupement rarement en unités constituées).

Dans le camp d’en face les allemands vont engager deux corps d’armée, les 2. et 23.ArmeeKorps, des unités qui combattent non stop depuis le 22 juin ce qui à nécessité comme côté français la relève de certaines unités éprouvées.

Ces unités sont mises au repos à l’arrière du front mais ne se tournent pas les pouces pour autant puisqu’elles doivent recompléter leurs effectifs et récupérer du matériel, des armes et des munitions en vue d’une future opération. Certaines unités déclaraient même préférer la première ligne avec ses risques et ses dangers plutôt que la mise au repos où elles estimaient travailler plus qu’au combat !

C’est ainsi que les 66. et 69.ID sont mises au repos et remplacées par les 273 et 275.ID ce qui nous donne un deuxième corps d’armée composé de la 68.ID, de la 275.ID et de la 11. Panzerdivision S.S alors que le 23ème Corps d’Armée allemand était composé de la 64.ID, de la 6ème division S.S et de la 273.ID. Des moyens supplémentaires du génie et de l’artillerie sont également déployés.

Les premiers combats pour Reims ont lieu à partir du 20 août. Il s’agit de quelques escarmouches au sol entre unités de reconnaissance qui comme souvent se tombent dessus quasiment par hasard.

En levant les yeux ces unités (GRCA et GRDI d’un côté Aufklärung Abteilungen de l’autre) ont peut être pu voir les premiers combats aériens, les unités de chasse des deux camps cherchant à crever l’œil indiscret que constituent les unités de reconnaissance aérienne. Ce sera ensuite les unités de bombardement et d’assaut qui seront l’objet des sollicitudes des Groupes de Chasse et des Jagdgruppen.

Dans l’après midi du 20, les unités d’artillerie lourde des deux camps ouvrent le feu, se livrant à un duel féroce. Plusieurs dépôts de munitions explosent provoquent de terribles pertes tant du côté allemand que du côté français.

Cela prépare côté allemand une première attaque lancée par la 64.ID appuyée une partie de la 6. S.S Division. Couverts par l’artillerie, l’aviation et des canons d’assaut, les Landser bousculent sérieusement la 36ème DI qui plie mais ne rompt pas grâce à l’intervention providentielle du 1er GRDI polonais et surtout des chars du 3ème C.C.

Les allemands qui pensaient les alliés démunis de chars dans le secteur déchantent et doivent se replier pour un nouvel assaut le lendemain 21 août 1949. les français n’en profitent pas car ils se contentent de se replier en bon ordre sur Reims.

Pour le lendemain, ordre est donné au 3ème Corps de Cavalerie de lancer un nouvel assaut «massif» pour tenir en respect les allemands pendant trois à cinq jours histoire de permettre aux unités alliées encore déployées à l’est de Reims de se replier en bon ordre c’est-à-dire non seulement en restant sous la forme d’unités constituées mais aussi avec le maximum d’armes, de véhicules et de munitions.

On ne pratique cependant pas l’acharnement thérapeutique et dès qu’un véhicule tombe en panne et ne peut être évacué rapidement il est saboté le plus possible (les allemands dans une étude menée après la Campagne de France remarquerons «qu’à partir de la mi-août les véhicules capturés étaient quasiment tous inutilisables. L’ennemi prenait bien soin de les saboter pour rendre leur récupération inutile ou illusoire. Ce n’était pas le cas avant…..»).

Ce plan est contrecarré par les allemands qui attaquent dès l’aube avec toutes leurs unités dans l’espoir de s’emparer en un claquement de doigt de la ville.

Cela est un échec mais un échec relatif et si les français tiennent solidement la ville c’est que les allemands ne peuvent engager tous leurs moyens en raison des attaques répétées du 3ème Corps de Cavalerie (3ème C.C) qui allègent la pression sur les troupes franco-polonaises.

Les combats sont d’une incroyable intensité, la consommation de munitions atteint des niveaux qu’aucun belligérant n’aurait pu imaginer avant guerre. On verra à plusieurs reprises des combats à l’arme blanche, des fusils utilisés comme matraques et même des pierres lancées contre l’ennemi à défaut de grenades !

Les bâtiments sont pris et repris cinq, dix, quinze fois ! La gare de Reims est prise et reprises à douze reprises ! La cathédrale devient le théâtre de combats d’une violence inouie, violence qui s’explique par le caractère de croisade conféré à cet affrontement par l’archevêque de Reims Louis-Auguste Marmottin.

Ce dernier n’hésitera pas à sortir de son abri pour donner l’absolution et les derniers sacrements aux mourants qu’ils soient français, polonais ou allemands. Il sera d’ailleurs blessé à deux reprises mais légèrement. Il restera durant toute l’occupation à Reims au grand dam des autorités allemandes.

Après trois jours d’intenses combats, les divisions alliées que ce soit celles du 7ème ou du 23ème CA sont éreintées. Si sur le papier les unités sont toujours là, en pratique ces deux corps d’armée n’ont plus que la moitié de leurs capacités d’origine. On envisage un temps de faire monter un nouveau corps d’armée de la Réserve Stratégique avant d’y renoncer devant le manque de mordant des allemands qui sont comme les alliés sur la corde raide.

Si les 7ème et 23ème CA doivent se replier, le 3ème C.C qui à laissé des plumes doit encore s’employer encore et toujours pour permettre un repli en bon ordre sur La Seine qui devient un «nouveau limes séparant la civilisation des barbares» (bon d’accord c’est exagéré mais ces propos ont été tenu probablement dans la fièvre des combats) en compagnie du 2ème CAC.