Italie (56) Regio Esercito (6)

Alpini et Bersaglieri dans le premier conflit mondial

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Défilé des Bersaglieri de l’Esercito Republicana Italiana en tenue de tradition

Comme nous avons étudié l’histoire de ces deux unités d’élite de leur création à l’éclatement du premier conflit mondial, il me semblait utile d’étudier les Alpini et les Bersaglieri dans ce qui aurait du être «La Der des ders».

Quand l’Italie entre dans le premier conflit mondial, les Alpini disposent à la fois d’unités d’active, d’unités de réserve et d’unités territoriales.

On trouve ainsi des régiments d’Alpini au nombre de huit. Ces régiments disposent de bataillons d’active et de réserve.

Ces bataillons sont de recrutement local pour des raisons d’esprit de corps mais aussi pour des raisons bassement pratiques : la majorité des montagnards non seulement sont analphabètes mais en plus ne parlent pas italien mais un dialecte local.

NdA : les bataillons dont le nom est souligné sont des bataillons d’active, les autres sont des bataillons de réserve.

Le 1er régiment Alpini dispose de neuf bataillons, des bataillons désignés Ceva, Val Tanaro,Monte Mercantour, Pieve di Teco, Val Arroscia,Monte Saccarello,Mondovi, Val d’Ellero et Monte Clapier.

Le 2ème régiment Alpini dispose de dix bataillons, des bataillons désignés Borgo San Dalmazzo, Val Stura,Monte Argentera, Cuneo,Dronero,Val Maira,Bicocca,Saluzzo,Val Varaita et Monte Viso.

Le 3ème régiment Alpini dispose de dix bataillons, des bataillons désignés Pinerolo, Val Pellice,Monte Granero,Fenestrelle,Val Chisone,Monte Albergian,Courmayeur,Exilles,Val Dora et Monte Assietta.

Le 4ème régiment Alpini dispose de dix bataillons, des bataillons désignés Ivrea,Val d’Orco,Monte Levanna,Pallanza,Aosta,Val Baltea,Monte Cervino,Intra,Val Toce et Monte Rosa.

Le 5ème régiment Alpini dispose de seize bataillons, des bataillons désignés Morbegno, Val d’Intelvi,Monte Spluga,Monte Mandrone,Tirano,Valtellina,Stelvio,Tonale,Edolo,Val Camonica,Monte Adamello,Monte Ortler,Vestone,Val Chiese,Monte Suello et Monte Cavento.

Le 6ème régiment Alpini dispose de dix bataillons, des bataillons désignés Verona,Val d’Adige,Monte Baldo,Vicenza,Val Leogra,Monte Berico,Monte Pasubio,Bassano,Val Brenta et Sette Comuni.

Le 7ème régiment Alpini dispose de douze bataillons, des bataillons désignés Feltre,Val Cismon,Monte Pavione,Pieve di Cadore,Val Piave,Monte Antelao,Belluno,Val Cordevole,Monte Pelmo,Monte Marmolada et Uork Amba.

Le 8ème régiment Alpini dispose de dix bataillons, des bataillons désignés Tolmezzo,Val Tagliamento,Monte Arvenis,Gemona,Val Fella,Monte Canin,Cividale,Val Natisone,Monte Matajur et Monte Nero.

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Un Alpini

En mars 1915, les «troupes alpines» sont organisées de la façon suivante :

-Au sein de la 1ère armée, on trouve le 3ème Corps d’Armée qui dispose de quatre bataillons alpins mixtes combinant des unités de milice régulières et mobiles. Ces bataillons ne portent pas de numéros mais les noms des lieux où ils sont déployés à savoir Morbegno (cinq compagnies), Tirano (cinq compagnies), Edolo (cinq compagnies) et Vestone (quatre compagnies).

Ce corps d’armée dispose également de quatre bataillons de la milice alpine territoriale, les bataillons Val d’Intelvi (trois compagnies), Valtelina (trois compagnies), Val Cannonica (trois compagnies) et Val Chiese (deux compagnies).

Le 5ème Corps d’Armée de la 1ère armée dispose de quatre bataillons mixtes de la milice alpine, les bataillons Verona (cinq compagnies), Vincenza (cinq compagnies), Bassano (quatre compagnies) et Feltre (quatre compagnies) ainsi que de quatre bataillons de la milice alpine territoriale et si le bataillon Val d’Adige dispose de trois compagnies, les bataillons Val Leogra, Val Brenda et Val Cismon disposant de seulement deux compagnies.

-La 2ème armée dispose au sein du 4ème Corps d’Armée des Alpini Group A et Alpini Group B.

L’Alpini Group A dispose de quatre bataillons de la milice alpine (milice régulière et alpine), le bataillon Aosta disposant de trois compagnies d’active et deux compagnies de milice, le bataillon Irrea disposant de cinq compagnies d’active, le bataillon Intra disposant de quatre compagnies d’active alors que le bataillon Cividale disposait de cinq compagnies d’active.

Cette «division» aligne également quatre bataillons de la milice alpine territoriale, des bataillons à deux compagnies (Val Natisone, Val Orco, Val Baltea et Val Toce).

L’Alpini Group B dispose de quatre bataillons mixte de la milice alpine, deux bataillons à cinq compagnies (Susa, Val Pellice) et deux bataillons à quatre compagnies (Pinerolo, Exilles) mais également de deux bataillons de la milice alpine territoriale (deux compagnies pour le Val Cenischia et deux pour le Val Dora)

-La 4ème Armée dispose au sein du 9ème Corps d’Armée avec trois bataillons mixtes de la milice alpine (milice mobile et régulière), les bataillons Fenestrelle (quatre compagnies), Pieve di Cadre (quatre compagnies) et Belluno (quatre compagnies).

Ce corps d’armée dispose également de trois bataillons de la milice alpine territoriale, les bataillons Val Chisone (trois compagnies), Val Piave (deux compagnies) et Val Cordevole (deux compagnies).

-La Zone Carnie (Carnia Zone, Frioul) dispose de huit bataillons mixtes de la milice alpine (régulière et mobile), le bataillon Mondovi à trois compagnies, les bataillons Tobrezzo et Gemona à quatre compagnies ainsi que les bataillons Pieve di Teco, Ceva, Borgo San Dobnazzo, Dronero et Saluzzo à cinq compagnies.

On trouve également huit bataillons de la milice alpine territoriale, des bataillons à deux compagnies (Val d’Eilero, Val Tanara,Valle Stura, Val Maira, Val Tagliamento,Val Fella) et à trois compagnies (Val d’Anoxia et Val Varaita)

Ces formidables combattants vont connaître une guerre épouvantable où les combats particulièrement durs (essayez de vous abriter d’un tir de barrage ennemi dans un milieu minéral) se doublent de conditions météo apocalyptiques avec le vent, le froid (des pointes à -42° !) et les avalanches qui coutent aux Alpini pas moins de 14000 morts !

240000 hommes vont combattre dans les rangs des Alpini durant le premier conflit mondial avec plus de 50% de pertes soit 24876 morts, 76670 blessés, 18305 disparus au combat sans oublier les 14000 tués dans les avalanches.

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Un casque standard du Regio Esercito avec le fameux plumet de coq

Le 1er janvier 1871, les bataillons de Bersaglieri perdent leur autonomie opérationnelle passant sous le contrôle de dix régiments disposant chacun de trois bataillons. Deux régiments supplémentaires s’y ajoutent en 1883. A noter qu’à l’époque chaque régiment dépend du corps d’armée dont il porte le numéro.

-1er régiment de bersagliers avec les 1er, 7ème et 9ème bataillon

-2ème régiment de bersagliers avec les 2ème, 4ème et 17ème bataillon

-3ème régiment de bersagliers avec les 18ème, 20ème et 25ème bataillon

-4ème régiment de bersagliers avec les 26ème, 29ème et 31ème bataillon

-5ème régiment de bersagliers avec les 14ème, 22ème et 24ème bataillon

-6ème régiment de bersagliers avec les 6ème, 13ème et 19ème bataillon

-7ème régiment de bersagliers avec les 8ème, 10ème et 11ème bataillons

-8ème régiment de bersagliers avec les 3ème, 5ème et 12ème bataillon

-9ème régiment de bersagliers avec les 28ème, 30ème et 32ème bataillon

-10ème régiment de bersagliers avec les 16ème, 34ème et 35ème bataillon

-11ème régiment de bersagliers avec les 15ème, 27ème et 33ème bataillon

-12ème régiment de bersagliers avec les 21ème, 23ème et 26ème bataillons

En 1910 une ordonnance renforce chaque régiment de bersaglier d’un bataillon d’infanterie cycliste, ce bataillon étant supprimé en mars 1919.

Durant le premier conflit mondial, les bersaglieri sont organisés en une division spécialisée, sept brigades, vingt et un régiments et cinq bataillons autonomes, les douze régiments existants étant renforcés par neuf unités supplémentaires nouvellement créées.

Quand l’Italie entre en guerre, les unités de Bersaglieri sont réparties de la façon suivante :

-3ème Corps d’Armée (1ère armée) : 7ème régiment de Bersaglieri plus le 45ème bataillon de bersaglieri (milice mobile)

-5ème Corps d’Armée (1ère armée) : 2ème, 4ème et 8ème régiments de Bersaglieri + trois bataillons de Bersaglieri appartenant à la milice mobile (n°41, 42 et 48).

-2ème Corps d’Armée (2ème armée) : 9ème et 10ème bataillons de bersaglieri cyclistes

-Le 4ème Corps d’Armée (2ème armée) dispose d’une division de Bersaglieri à quatre régiments (6ème, 9ème, 11ème et 12ème) ainsi que d’un régiment indépendant, le 5ème régiment de Bersaglieri.

-Le 12ème Corps d’Armée (2ème armée) dispose du 10ème régiment de Bersaglieri

-Le 6ème Corps d’Armée de la 3ème Armée dispose des 6ème et 12ème bataillons de Bersaglieri cyclistes alors que le 11ème Corps d’Armée dispose au sein de la 2ème Division de Cavalerie de deux bataillons de bersaglieri cyclistes (3ème et 7ème bataillons)

-Le 9ème Corps d’Armée de la 4ème Armée dispose du 3ème régiment de Bersaglieri.

-En réserve de haut-commandement on trouve le 13ème Corps d’Armée qui dispose de trois bataillons de bersaglieri de la milice mobile (49,50 et 52) alors que le 14ème CA dispose du 56ème bataillon de Bersaglieri de la Milice Mobile.

Le 1er régiment de Bersaglieri est lui stationné en Libye à l’exception de son bataillon cycliste. Il rejoindra cependant la métropole pour participer aux ultimes opérations du conflit.

Les neufs régiments créés au cours du conflit sont logiquement numérotés 13 à 21. Le 13ème régiment est créé à partir d’un dépôt du 3ème et dépend d’un détachement d’armée à l’origine de la 4ème armée.

Le 14ème régiment créé à partir de bataillons existants en 1916 est rattaché à sa création à la 29ème division d’infanterie alors que la 15ème régiment créé à partir du 6ème régiment va dépendre du 13ème corps d’armée.

Le 16ème régiment créé en 1915 à partir du 10ème régiment dépend du 4ème Corps d’Armée alors que le 17ème régiment créé en 1917 n’à pas été à ma connaissance engagé au combat.

Le 18ème régiment est créé à partir des 10ème, 11ème et 12ème régiments en 1917, le 19ème régiment à été créé à partir de trois bataillons autonomes, tous les deux ralliant la 3ème brigade Bersaglieri alors que le 20ème régiment créé à la fin de 1917 rejoint la 4ème brigade Bersaglieri.

Enfin le 21ème régiment créé à partir de bataillons de marche rallie la 4ème brigade de Bersaglieri puis le premier conflit terminé la Vème.

Tout comme leurs rivaux Alpini, les Bersaglieri s’illustent au combat avec sur 210000 hommes, 32000 morts et 50000 blessés dont un certain Benito Mussolini.

Outre le front italien, un petit contingent est envoyé au Moyen-Orient pour combattre en Sinai et en Palestine au sein de l’Egyptian Expeditionnary Force du général Edmund Allenby, un rôle plus politique que militairement efficace.

Le conflit terminé, les neuf régiments créés au début de la guerre sont dissous, le nombre de bataillon par régiment passant de trois à deux.

Un autre rôle que celui de pure infanterie légère leur sera ainsi proposé, une infanterie cycliste au sein des divisions rapides (divisione celeri) mais également une infanterie portée au sein des divisione corrazata (divisions cuirassées) mais tout ceci est une autre histoire.

Bilan

L’Italie est victorieuse mais le prix est absolument terrifiant. Entrée en guerre neuf mois après les autres, Rome enregistre 750000 morts, un million de blessés sans compter tous ceux qui indemnes physiquement ont été marqués par les combats et ses horreurs.

Ces pertes auraient pu être digérées, auraient pu être «acceptables» si les sacrifices avaient été récompensées par des promesses tenues. Ce ne sera pas le cas et cette victoire mutilée va clairement favoriser l’arrivée de Mussolini au pouvoir.

Les anciens combattants sont amers car pas récompensés de leurs sacrifices et parce qu’ils se sentent stigmatisés, représentant tous les errements du militarisme comme si la responsabilité d’un simple lieutenant était égale à celle de Cardona.

Le fascisme se nourrira de cette réaction de petits bourgeois devenus des anciens combattants et qu’animent la volonté de changement, la nostalgie de la fraternité égalitaire des tranchées, la haine des «politicards», des planqués et des profiteurs de guerre.

A cela s’ajoute donc la «victoire mutilée». Les interventionnistes espéraient que ce conflit permettrait à l’Italie de devenir une puissance majeure et d’obtenir des territoires supplémentaires notamment les «terres irrédentes» mais également en Méditerranée orientale voir hors d’Europe.

Ils seront particulièrement déçus et amers, une autre carburant pour la montée en puissance du mouvement fasciste.

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