22-Armée de terre : armement et matériel (102) ordre de bataille (36)

Les troupes alliées : un bref aperçu

Préambule

Dans cette partie, je vais aborder dans les grandes lignes (sauf exceptions) le rôle des forces étrangères dans le dispositif français essentiellement en Europe occidentale mais parfois dans certaines contrées exotiques et éloignées.

Je vais successivement aborder la place du Corps Expéditionnaire Britannique (British Expeditionnary Force), de l’armée néerlandaise, de l’armée belge, d’unités tchècoslovaques et de l’Armée Polonaise en France.

Si je détaillerai le plus possible l’APF, les autres parties seront plus succinctes et la question sera largement étudié dans les chapitres correspondant aux différents pays.

British Expeditionnary Force (BEF)

-Le BEF première version : 1939

Comme vous le savez, la Grande Bretagne à déclaré la guerre à l’Allemagne en même temps que la France suite à des accords de défense passés avec la Pologne.

Ces accords prévoyant le déploiement de forces armées sur le continent, l’armée britannique arrive en France avec tout d’abord cinq divisions d’active puis avec l’aide de la conscription rétablie pour l’occasion six grandes unités supplémentaires sont envoyées en France.

La British Expéditionnary Force (BEF) est cependant loin d’être opérationnelle, son commandant, le général Lord Gort n’arrivant au Mans que le 14 septembre, ville qui deviens son état-major jusqu’au 22 septembre quand il s’installe à Arras.

Avec une hâte toute britannique, les deux premiers corps d’armée s’installent en octobre suivis d’un troisième corps en novembre alors que le conflit à pris une tournure étrange après l’assassinat du chancelier Hitler le 9 novembre 1939 dans le célèbre Attentat de la Brasserie.

Suite à la fin du conflit décrété unilatéralement par le Kaiser Guillaume II, deux écoles s’opposent en Grande Bretagne : ceux partisan d’un retour immédiat des soldats britanniques au pays et ceux partisan d’un maintien d’une force conséquente sur le continent pour dissuader l’Allemagne d’attaquer à nouveau en Europe.

Finalement, le BEF va rester sur le pied de guerre jusqu’au 1er juin 1940 même si dans le cadre de cas bien particuliers, des soldats ont regagné leur pays.

Au total, ce sont pas moins de treize divisions d’infanterie plus des unités blindées qui vont être déployées en France :

-Cinq Divisions d’active : 1st Infantry Division 2nd Infantry Division 3rd Infantry Division 4th Infantry Division et 5th Infantry Division

-Cinq divisions issues de la mobilisation : 42nd « East Lancashire Division », 44th «Home Counties Division», 48th « South Midland Division » 50th «Northumbrian Division» et 51th «Highland Division»

-Trois divisions de travailleurs : 12th «Eastern Division» , 23rd «Northern Division» et 46th «North Midland Division »

A ces divisions d’infanterie ou assimilées s’ajoute une division blindée, la 1st Armoured Division qui dispose de deux brigades blindées à trois régiments de chars plus des unités de soutien.

Au niveau du quartier général du BEF, on trouve un Royal Tank Corps qui dispose des moyens suivants :

-La 1st Armoured Brigade avec trois régiments de chars

-La 1st Cavalry Brigade

-La 2nd Cavalry Brigade

-Cinq régiments de reconnaissance issus de la cavalerie

-L’artillerie britannique déploie en France sept régiments d’artillerie légère, neuf régiments d’artillerie moyenne, trois régiments d’artillerie lourde, trois régiments d’artillerie super lourde et enfin deux régiments et deux batteries antichars.

-La défense antiaérienne est assurée par cinq brigade dont une fournie par la RAF auxquelles s’ajoute une brigade de projecteurs.

-Le génie royal déploie plusieurs compagnies notamment des unités comparables aux unités Z françaises

-On trouve également sept bataillons de pionniers et six bataillons de mitrailleurs

-Le BEF deuxième version (1948)

Suite à la démobilisation, la quasi-totalité des unités britanniques rentrent en Grande Bretagne à l’exception de la 1st Infantry Division qui reste déployée dans la région de Lille suite à un accord entre Paris et Londres. C’est la première fois depuis 1815 que des troupes britanniques sont stationnées de manière permanente en France.

La présence d’une division britannique dans le nord de la France va permettre un déploiement plus aisé des troupes britanniques, la 1ère division étant tout autant une division de combat qu’une unité de travailleurs, aménageant dès le mois d’août les installations nécessaires au transfert sur le continent des nombreuses divisions britanniques.

Le BEF nouvelle version est nettement plus musclé avec douze divisions déployées au sein du Groupe d’Armée n°1 comme son devancier mais auxquelles s’ajoutent quatre divisions placées sous contrôle opérationnel français, divisions regroupées en deux corps d’armée, le 4th British Corps déployé au sein de la 3ème armée et le 5th British Corps déployé au sein de la 4ème armée.

-L’Etat-major du BEF est installé à Lille et dispose d’unités qui lui sont directement rattachées en l’occurrence une réserve conséquente d’artillerie (six régiments d’artillerie légère, quatre régiments d’artillerie de campagne et quatre régiments d’artillerie lourde), des unités antiaériennes et antichar (cinq brigades AA et trois régiments antichars), deux régiments de cavalerie pour la reconnaissance et diverses unités de soutien.

-Les unités de combat sont réparties en cinq corps d’armée pour l’infanterie et un corps d’armée blindé regroupant les deux divisions blindées, corps blindé pouvant pourquoi pas opérer avec les CAC et les CC français.

-1st British Corps : trois divisions d’infanterie : 1st Infantry Division 1st Canadian Infantry Division et 44th «Home Counties Division»

-2nd British Corps : trois divisions d’infanterie : 2nd Infantry Division 3rd Infantry Division et 48th « South Midland Division

-3rd British Corps : trois divisions d’infanterie : 4th Infantry Division 6th Infantry Division et 50th «Northumbrian Division

-La 46th Nort Midland Division est une division de travailleurs mais aussitôt transformée en division d’infanterie ce qui explique qu’elle est en réserve, ne devant rejoindre le front qu’une fois bien entrainée.

-1st British Armoured Corps avec la 1st Armoured Division et la 2nd Armoured Division

-4th British Corps (3ème armée) : deux divisions d’infanterie, les 51th Highland Division et la 48th Northumberland Division

-5th British Corps (4ème armée) : deux divisions d’infanterie, les 5th Infantry Division et d’une division territoriale, la 42nd East Lancashire Division.

Six autres divisions furent déployées dans le Sud-Est de l’Angleterre à la fois pour défendre le territoire national mais également renforcer le dispositif allié sur le continent.

Armée néerlandaise

En 1939, l’armée néerlandaise est loin d’être la plus puissante d’Europe. Si La Haye est une puissance coloniale avec les Indes Néerlandaises, elle est loin sans faut une puissance militaire de premier plan, n’ayant plus participé à un conflit majeur depuis les années 1830 et sa volonté d’empêcher l’indépendance du futur royaume de Belgique.

Quand éclate la guerre de Pologne, l’armée néerlandaise comporte 270000 hommes répartis en quatre corps d’armée soit un total de huit divisions d’infanterie de ligne (numérotées 1 à 8), une unité de cavalerie baptisée une division légère (1ère division légère) et quatre divisions de réserve (A, B, G et Peel) auxquelles on peur ajouter une brigade du génie et une brigade de défense contre avions plus des positions fortifiées.

En dépit de sa neutralité, les Pays Bas décident de moderniser leur outil militaire surtout après qu’un officier antinazi ait transmis à l’attaché militaire néerlandais à Berlin, des documents prouvant que les Pays Bas devaient être envahis contrairement au premier conflit mondial.

Si le développement de la marine est le plus spectaculaire (Elle à envoyé aux Indes Néerlandaises deux croiseurs de bataille, un porte-avions légers de type Colossus, deux croiseurs légers, six destroyers, six sous-marins plus un train d’escadre laissant à Den Helder un croiseur léger, huit destroyers, douze torpilleurs légers, six sous-marins et des navires de soutien) et que l’armée de l’air aligne des chasseurs et des bombardiers performants, l’armée de terre se modernise également.

Les huit divisions d’infanterie sont mieux équipées en matière de moyens de transport sans pour autant être totalement motorisées comme les DIM françaises ou les Infantry Division britanniques.

char léger modèle 1935 M.39 dit Hotchkis H-39, principal char de l'armée néerlandaise en 1948

char léger modèle 1935 M.39 dit Hotchkis H-39, principal char de l’armée néerlandaise en 1948

La division légère, l’unique unité de cavalerie est motorisée avec à la fois des véhicules de conception nationale mais également des chars français en l’occurence des Hotchkiss H-39 à raison 90 exemplaires répartis en deux bataillons de trente-deux véhicules, le reste étant stocké.

Les seize Renault R-40 livrés aux Pays Bas vont servir à mettre au point un char néerlandais, le gevechtstank modèle 1944 à canon de 47mm, char produit à vingt-quatre exemplaires qui irons renforcer les forces déployées aux Indes Néerlandaises en compagnies de leurs cousins français.

Quand aux fortifications, elles sont renforcées pour permettre aux néerlandais d’user les pointes allemandes, de canaliser leur avancée et de tenir en attendant l’arrivée de renforts français et britanniques.
Quand éclate le second conflit mondial en septembre 1948, les Pays Bas réaffirment leur neutralité tout en assurant la mobilisation générale pour aligner en métropole un total de douze divisions d’infanterie, une division de cavalerie et diverses d’unités d’artillerie, du génie et de soutien.

En toute discrétion cependant, des officiers de liaison rejoignent les différents état-majors alliés notamment celui du général Villeneuve à Vincennes ou celui des forces britanniques du Sud-Est à Douvres.

Armée Belge

La fraternité d’armes franco-belge scellée durant le premier conflit mondial fût confirmée après celle qui aurait du être la «Der des ders» par un traité défensif en 1920 qui intégrait la Belgique au système défensif français.

A l’époque, la stratégie belge est une stratégie de défense totale qui prévoit de défendre la totalité du territoire, défense s’appuyant notamment sur une série de fortifications allant de l’abri de campagne aux puissants forts de Liège, d’Anvers et de Namur, forts de 1914 modernisés ou construction neuves comme le fort d’Eben Emael.

Craignant d’être engagée dans un conflit dont elle ne veut pas, la Belgique de Léopold III déclare unilatéralement sa neutralité au grand dam de la France qui perd là une option stratégique de premier plan et à la grande satisfaction de l’Allemagne qui divise là ses adversaires potentiels.

La guerre de Pologne s’achève sans que la Belgique n’ait été attaqués et certains de se féliciter du choix belge de la neutralité qui avait préservé le pays d’une nouvelle invasion.

Cette position triomphaliste fût brusquement refroidie quand le gouvernement néerlandais transmis par des voix encore aujourd’hui inconnues le plan d’attaque allemand à l’ouest (Fall Gelb Plan Jaune) prévoyant une redite de la manœuvre Schlieffen.

Ce plan suscita un débat passionné entre «neutralistes» et «engagistes», les premiers défendant la position du roi et les seconds voulant revenir à celle défendue par le père du roi actuel, le roi chevalier Albert 1er à savoir celle d’une alliance avec la France.

Sans renier la neutralité imposée en 1936, la Belgique se rapproche de la France, une neutralité bienveillante vis à vis des alliés avec l’envoi d’observateurs aux manœuvres de l’autre pays, l’échange d’officiers, la transmission de plans et d’informations.

Le général Villeneuve aurait aimé organiser de véritables manœuvres franco-belges pour préparer le plan Dyle-Breda mais cela fût impossible, Bruxelles craignant de provoquer le courroux de Berlin et précipiter une nouvelle invasion comme en 1914.

Au moment où éclate la guerre de Pologne, la Belgique mobilise et aligne une armée très importante par rapport à sa population soit 600000 hommes pour une population de dix huit millions d’habitants.

L’armée de terre aligne ainsi un total de vingt-deux divisions : dix-huit divisions d’infanterie, deux de cavalerie et deux de chasseurs ardennais.

Les unités de combat sont réparties entre sept corps d’armée, le 5ème installé sur la Position Fortifiée d’Anvers avec les 13ème et 17ème DI, le 4ème (12ème et 15ème DI), le 2ème (9ème et 6ème DI), le Corps de Cavalerie (14ème DI et 1ère DI) et le 1er Corps d’Armée (4ème et 7ème DI) sur le Canal Albert.

Si la 18ème DI est chargée de la défense des canaux frontières dans une optique de retardement, la Position Fortifiée de Liège est défendue par le 3ème CA (3ème et 2ème DI), la Position Fortifiée de Namur l’est par le 7ème Corps d’Armée composée de la 2ème division de chasseurs ardennais et la 8ème division d’infanterie.

La défense de la «Position Avancée» au sud de la Meuse et de l’Amblève est assurée par le Groupement K composé de la 1ère Division de Cavalerie et la 1ère Division de chasseurs ardennais.

Enfin, en réserve de GQG, nous trouvons la 2ème division de cavalerie, la 11ème division d’infanterie et le 6ème CA qui dispose de la 5ème, de la 10ème et de la 16ème DI.

Le niveau matériel est relativement bon. L’artillerie n’à rien à envier à celles de ses voisins mais elle manque de pièces antiaériennes. Les chars belges ne sont que de petits blindés mal protégés, bien inférieurs à leurs homologues français.

Suivant une politique semblable à celle de son voisin néerlandais, la Belgique continue son effort de modernisation de ses unités militaires en tentant d’effacer les lacunes aperçues en 1939/40 qu’il s’agisse de l’entrainement de l’infanterie, de la DCA et des chars.

Pour la défense contre-avions, elle reçoit des canons de 90mm Schneider modèle 1939 et commande d’autres Bofors de 40mm pour la défense des armées en campagne.

Char T-13

Char T-13

En ce qui concerne les chars, elle décide de commander des blindés plus puissants et se tourne vers la France pour remplacer ses ACG-1 et ses chasseurs de chars T-13 et T-15 en commandant soixante-quatre Renault R-40 répartis entre les deux divisions de cavalerie (1ère et 2ème divisions) à raisons de deux bataillons de douze par division soit un total de quarante-huit chars en ligne plus seize en réserve.

Obtenant la licence de fabrication, l’usine Cockerill produisit un dérivé belge du Renault R-40, un char plus rapide car combinant la suspension Christie à la caisse du R-40 avec un canon de 47mm de la Fonderie Royale de Canon. Baptisé T-17, ce véhicule est produit à soixante-quatre exemplaires pour compléter les R-40.

Quand la tension devient extrême en Europe, la Belgique mobilise discrètement puis de manière plus visible à partir de la fin du mois d’août et le 5 septembre 1948, la Belgique rallie officiellement le camp allié par échange d’officiers de liaison suscitant la protestation écrite de Berlin.

Sur le plan du dispositif, il est semblable à celui de 1939 à la différence que les chasseurs ardennais sont regroupés dans les Ardennes en un corps d’armée autonome et que le Corps de Cavalerie regroupe les deux divisions de cavalerie, corps placé en arrière du front en soutien des sept autres corps d’armée déployés à la frontière.