3-Industries et infrastructures (5)

NdA : il s’agit apparemment d’un article qui n’à pas dépassé le stade du brouillon. Je le reposte donc maintenant

D-Les autres industries liées à la construction navale

Les nationalisations voulues par le Front Populaire ont gravement entamé la compétitivité des industries qui doivent digérer un important bouleversement dans leurs structures profondes. Elles doivent également digérer le passage de l’artisanal ou semi-industriel à la production de masse qui ne laisse pas de place pour l’improvisation.

Si la géographie à permis à la France d’avoir des proportions harmonieuses, l’histoire à fait que les ressources de l’industrie lourde (charbon, minerai de fer) sont massivement concentrées aux périphéries du territoire, menacées par un pays hostile et en conséquence,  les industries de transformation qu’il s’agisse des hauts-fourneaux du Nord Pas de Calais ou de Lorraine sont également menacées.

Raoul Dautry

En 1942, Raoul Dautry quitte son poste de Ministre de l’Armement et de la Production de Guerre pour prendre la têtre de la Mission Française d’Achats aux Etats Unis (MFAE). Il est remplacé par un jeune normalien, Jean Bichelonne qui va passer la démultipliée en terme de production industrielle.

Jean Bichelonne

Bénéficiant de la confiance du président Tardieu et du président du conseil Reynaud, il va encore accélerer la production militaire. Plus que de prévoir le lendemain, il va également préparer l’avenir en favorisant notamment les travaux sur l’atome menés par Irène et Frédéric Joliot-Curie ou ceux sur la propulsion à réaction menés par René Leduc.

A l’époque de sa nomination en mars 1942, la société Schneider souhaite installer un nouveau haut fourneau soit en Lorraine à Pont-A-Mousson ou en Alsace à Fessenheim. Le jeune ministre y met son véto provoquant la colère de la firme du Creusot qui se ravise bien vite puisqu’une aide conséquente est débloquée pour permettre l’installation d’un haut fourneau à Port de Bouc en Provence sur l’Etang de Berre, à l’abri des bombardements allemands.

Ce coup d’éclat du jeune ministre marque le début d’une politique en vigueur jusqu’aux années quatre-vingt à savoir une politique de décentralisation industrielle qui voyait l’Etat décider de l’implantation de telle ou telle usine même si les grands groupes nationaux n’étaient pas les derniers à influencer de manière plus ou moins discrète telle ou telle décision.

C’est ainsi que janvier 1943, la société Wendel accepte sans rechigner d’implanter son nouvel haut-fourneau à Arzew près d’Oran.

 L’attention du ministre Bichelonne se porte également sur l’Empire à savoir en particulier l’Afrique du Nord. Les mines de charbon de Tunisie et du Maroc sont modernisées et parviennent à produire presque autant que les mines de métropole et ce dès 1946. La découverte de pétrole dans le Sud-Sahara permet à la France de réduire sa dépendance au pétrole arabe et texan.

Les premiers puits sont forés en 1940 et la production atteint son rythme de croisière en 1946, ce pétrole brut étant raffiné d’abord à Port de Bouc, faute de raffinerie en Afrique du Nord, le projet d’une raffinerie près d’Alger autorisé en 1946 étant encore dans les limbes quand éclate la seconde guerre mondiale.

L’action énergique de ce technocrate ambitieux permet à l’industrie française de faire jeu égal avec l’industrie allemande.

En ce qui concerne les moteurs, la marine souhaite une certaine standardisation. Après des négociations houleuses avec les différents chantiers (qui tenaient aux licences acquises vis à vis de différents constructeurs), la marine obtient la possibilité de choisir le modèle de turbine ou de moteurs diesels même si au final en raison des besoins, une classe des navires aura plusieurs modèles de turbines, les chaudières étant standardisées et fournies par la société Penhoët bien qu’en raison de la demande importante, la dite société choisie fût obligée de largement sous-traiter la production.

En 1942, Hans Pielstick, juif allemand quitta sa maison de Stuttgart où il était assigné à résidence pour se réfugier en France. Brillant ingénieur, il avait refusé de travailler pour le IIIème Reich. Il s’installa à Saint Nazaire aussi discrètement que possible mais sa présence ne passa pas inaperçue aussi bien pour l’Abwehr qui tenta de l’enlever que des autorités françaises qui bien informés par un efficace 2ème bureau connaissaient parfaitement les talents du sieur Pielstick..

A l’aide d’un groupe d’investisseurs français soutenus par la Banque Rotschild, il créa une société destinée à dévelloper de nouveaux moteurs diesels plus compacts mais surtout plus puissants et plus endurants.

La marine nationale sauta sur l’aubaine, privilégiant la Société Nazairienne de Motorisation (SNM) pour équiper les navires sortant de chantier mais également ceux sortant de carénage. La jeune entreprise disposa d’une première unité de production à Saint Nazaire suivit d’une seconde à Bordeaux et d’une troisième à Marignane près de Marseille.

Cela créa une saine émulation avec la société Sulzer permettant à la France de rattraper le retard important qui la séparait de l’Allemagne, pionnière de l’utilisation du moteur diesel pour la propulsion marine.

La SNM songea un temps à se lancer dans les moteurs d’avions avant de provisoirement renoncer officiellement par manque de financement, officieusement suite à l’intense lobbying d’Hispano-Suiza et de Gnôme et Rhone qui furent au moins obligés de dévelloper des moteurs plus puissants et surtout plus fiable. Il fallut attendre le D-555 pour que la SNM ne dévellope son premier moteur d’avion, le SNM Diamant de 2500ch.

Cela n’empêcha pas la France d’acheter des moteurs à l’étranger notamment des moteurs américains à la fois en raisons de besoins gigantesques mais également de crainte de voir les usines perdues en cas d’invasion du territoire. C’est ainsi qu’à partir de 1942, les prototypes devaient être devellopé avec un moteur produit en France et un moteur produit en Grande Bretagne ou aux Etats Unis.

En ce qui concerne les radars, c’est une entreprise nationale, la Generale d’Electronique qui reçut en 1943 le monopole dans la fabrication des détecteurs électromagnétiques même si dans le langage courant, le terme radar était le plus usite tout comme le mot Asdic à la place de détecteur sous-marin.

Stratégie, ennemis potentiels et potentiel militaire (2)

C-Forces et faiblesses de la marine nationale

Le 28 juin 1940 à lieu Rue Saint Dominique au ministère de la Guerre une réunion au sommet entre le président du Conseil André Tardieu, le ministre de la Guerre Edouard Daladier, le ministre de l’Armement, Raoul Dautry et les chefs d’état major des trois armes : le général Villeneuve, l’amiral Darlan et le général Vuillemin.

Elle doit faire le bilan de la récente guerre de Pologne et adapter les commandes et les tactiques à un futur conflit dont ignore la date mais dont on est sur de la réalisation.

Sur le plan naval, la marine à été largement à la hauteur des missions demandées. Elle à menée une guerre efficace avec du matériel qui ne l’était pas toujours. L’amiral Darlan liste ainsi plusieurs faiblesses qu’il faut songer à combler d’urgence :

-Matériel trop fragile, trop complexe et trop hétérogène : la performance à souvent été recherchée mais sans se soucier de son utilisation par des équipages dont le niveau de formation pouvait parfois être plus faible que prévu (par exemple en cas de guerre longue) sans parler de son utilisation après des avaries de combat.

-Navires peu endurants au rayon d’action trop court : des navires méditerranéens ont été engagés dans l’Atlantique où leurs «jambes courtes» les ont pénalisé par rapport à leurs homologues britanniques qu’à défaut d’un rayon d’action bien plus élevé pouvait compter sur le ravitaillement à la mer qui est en cours de dévellopement dans notre marine.

-Appareillage de détection quasiment inexistant : les recherches sur les radars ont été grandement accéléré depuis six mois en bénéficiant de l’appoint d’informations britanniques mais également de transfuges allemands, juifs pour la plupart, exfiltrés par le 2ème bureau ou ayant réussi à échapper aux griffes nazies. Quand aux détecteurs sous-marins, les seuls appareils au point sont britanniques mais les services techniques ne désespèrent pas mettre au point un système français efficace.

-DCA dépassée : cette lacune était connue mais nos navires, faute d’avoir pu affronter la Luftwafe n’ont heureusement pas payé avec leur sang ce retard. D’ici 1942, les mitrailleuses de 8 et de 13.2mm ainsi que les canons de 37mm modèle 1925 et 1933 devraient être remplacés par des canons de 25mm Hotchkiss et surtout des canons de 37mm Schneider ou des canons ACAD modèle 1935.

Des améliorations étaient déjà apportées lors des petits carénages ou des refontes plus importantes mais l’objet de cette réunion était d’intégrer les leçons de la guerre de Pologne aux constructions prévues à la tranche 1941 et aux suivantes.

En ce qui concerne l’armement, un effort de standardisation est décidé. C’est ainsi que le nombre de calibres est réduit : au lieu de l’éventail 75-90-100-130-138-152-155-203-330-340 et 380, la marine disposera de l’éventail 90-100-130-152-155-203-330-340 et 380mm soit la suppression du 75 (sauf pour les unités trop petites pour recevoir le 90) et du 138, le 90mm n’étant plus fabriqué que pour les navires légers ne pouvant pas embarquer le canon de 100mm.

La déesse vitesse est abandonnée. L’amiral Darlan imposa ainsi pour les futures unités une vitesse maximale en charge de 32 noeuds, jugée largement suffisante pour les différents modus operandi tactiques.

L’emport en carburant devait être augmenté pour un rayon d’action permettant par exemple à un contre-torpilleur de faire la traversée Brest-Dakar sans avoir à se ravitailler à Casablanca. De plus, le ravitaillement à la mer devrait être généralisé pour toutes les unités hauturières.

Les systèmes de détection étaient également à améliorer. La livraison de radars et de sonars par les anglais va permettre d’équiper les torpilleurs et les contre-torpilleurs engagés dans des missions d’escorte. La mise au point d’un Détecteur Électromagnétique (DEM) fiable est attendue pour 1941/42  mais un radar de conduite de tir ne devrait être disponible au mieux qu’en 1943.

En ce qui concerne la DCA, l’affût ACAD de 37mm modèle 1935 à commencé ses essais à la mer à bord de l’aviso Amiens avec plusieurs années de retard.

 Le Service Technique des Armes et Constructions Navales (STCAN) estime que les premiers affûts de série seront prêts à être installés au printemps 1941, la priorité allant aux cuirassés.

La firme Schneider à proposé un canon de 37mm léger montable en affûts simples, doubles et quadruples. Le STCAN y à mit un avis défavorable mais l’amiral Darlan est passé outre et à autorisé la firme du Creusot à produire quatre prototypes qui doivent être prêts d’ici quelques semaines, des commandes de série pourraient même être passés avant même les essais des prototypes.

Les mitrailleuses de 8 et 13.2mm aux capacités trop faibles face aux avions actuels seront remplacés par le canon de 25mm Hotchkiss modèle 1939-40

L’autre point noir concerne les infrastructures notamment outre-mer. La base de Mers-El-Kebir dont les travaux avaient commencé en 1939 ne devaient s’achever qu’en 1943 (et encore pour les travaux principaux) alors que Bizerte venait d’achever une modernisation à minima en attendant une véritable refonte d’une base bien équipée pour l’entretien mais moins pour l’accueil d’une escadre.

Le gros point noir était l’absence de point d’appui en Indochine, une vraie base bien outillée. Ce n’était pas faute de financement mais plutôt une réticence à construire une base dans une colonie menacée par le Japon.

La réunion du 28 juin 1940 débloque la situation et bientôt les financements (juillet 1940) pour implanter une base bien équipée en baie de Cam-Ranh à mi-chemin entre Tourane et Saïgon. Les travaux doivent débuter au printemps prochain et doivent d’achever en 1944/45.

Les autres bases doivent bénéficier de travaux d’amélioration avec l’objectif d’être le moins dépendant possible des chantiers et arsenaux étrangers. Plus que de simples pôles d’entretien, les grandes bases coloniales doivent pouvoir facilement ravitailler en carburant et munitions les navires déployés sur zone.

La dernière question abordée au cours de cette réunion concerne les réserves notamment de carburant (mazout et kérosène). Le stock de 3 mois est jugé insuffisant et doit être porté à 6 mois d’utilisation de guerre sans ravitaillement d’ici fin 1941-début 1942. Les récentes campagnes exploratrices dans le Sahara sont prometteuses et une mise en exploitation est espérée pour 1943.

En ce qui concerne les munitions, la marine dispose de deux mois de réserve en matière d’obus. Le ministre de l’Armement Raoul Dautry promet de tripler la production de poudre d’ici deux ans afin de permettre l’avitaillement des bases en outre-mer, Dakar, Diego-Suarez, Djibouti et Cam-Ranh doivent ainsi disposer de vrais réserves d’obus de tous calibres pour soutenir n’importe quelle classe de navires.