Et la colonie du Cap devint britannique
Britannique, néerlandaise et britannique

Carte de la colonie du Cap en 1806
Le 16 mai 1795 le traité de La Haye place les Pays-Bas sous influence françaises, les Provinces Unies devenant une des républiques-soeurs qui doivent servir de bouclier à la Grande Nation. Les britanniques prennent immédiatement des dispositions pour occuper militairement les colonies bataves ce qui est chose faite en 1797. En 1798, la VOC fait faillite suite à une mauvaise gestion et une corruption endémique.
La colonie du Cap n’échappe pas à cette occupation. Les boers et les autorités néerlandaises tentent de résister mais la désertion massive des khoïsans rend cette résistance illusoire. Durant leur brève occupation, les britanniques abolissent la torture et d’autres lois anachroniques.
En 1799 et 1801, les Boers se révoltent mais ces révoltes sont réprimées. En février 1803, suite à la paix d’Amiens, la colonie du Cap redevient une possession néerlandaise dépendant de la république batave. La colonie fait néanmoins faillite en 1805.
En janvier 1806, la république batave devient le royaume des Pays-Bas confié à un frère de Napoléon Bonaparte, Louis. Suite à cette transformation, la colonie du Cap est à nouveau occupée par les britanniques.
Elle s’étend alors sur 194000 kilomètres carrés. On compte 60000 habitants dont 25000 blancs, 15000 khoïsans, 25000 esclaves et 1000 affranchis.
Selon une étude de 1807 concernant la population afrikaner, 36,8% est d’origine néerlandaise, 35% d’origine ou de langue allemande, 14.6% d’origine française, 3,2% de non-blancs, 2.6% d’autres origines, 3.5% d’origine indéterminée et 0.3% de britanniques.
A partir de 1807, la colonie du Cap dépend du Colonial Office. Les britanniques essayent d’avoir un comportement équilibré entre Boers et populations indigènes. Cela irrite les premiers mais cela ne les empêchent pas de combattre aux côtés des «tuniques rouges» sur la Great Fish River les incursions xhosas.
Le traité de Paris signé en 1814 fait de la colonie du Cap une colonie britannique et ce sans possibilité de retour en arrière. Tout comme les néerlandais auparavant, les britanniques veulent surtout faire de leur nouvelle possession une base de ravitaillement pour leurs navires ralliant le joyau de leur empire à savoir les Indes.
Mfecane et Grand Trek
Cinq ans après avoir définitivement acquis la colonie les britanniques reprennent l’expansion en annexant après une guerre frontalière tous les territoires situés en amont de la Great Fish River et ce jusqu’à une autre rivière, la rivière Keishama. L’année suivante en 1820, 5000 colons britanniques arrivent dans la colonie, fondant la ville de Port-Elizabeth.
Peu à peu les britanniques détiennent les postes clés dans l’administration, la justice, l’armée et même l’économie, les boers sont peu à peu relégués à la marge, dominant dans le domaine agricole ce qui représente un poids mais offre peu de leviers de décision.
Peu à peu le ressentiment des boers augmente. La langue néerlandaise n’est plus une langue officielle, l’égalité des droits est établie entre blancs et khoïkhoïs, l’esclavage est aboli. Tout cela alimente une potion amère qui allait avoir de sérieuses conséquences dans les décennies à venir.
De l’autre côté chez les noirs le 19ème siècle est marqué par un profond bouleversement de toutes les entités, de toutes les structures, un phénomène appelé Mfecane (écrasement). Une nouvelle puissance apparaît, le royaume Zoulou du roi Shaka.
Shaka arrive au pouvoir en 1816 par un coup d’état, l’enfant illégitime de son père écartant ses frères. Il réorganise non seulement son administration et son armée mais aussi la société. Tel une «Prusse africaine», le royaume zoulou s’organise pour devenir la puissance dominante en Afrique australe.
L’expansion reprend vers l’ouest et le sud. En quatre ans, il conquiert un territoire plus grand que la France. Ce n’est qu’une question de temps avant que les zoulous ne se heurtent aux britanniques. Si ces derniers ont sous-estimé la puissance zoulou, il vont le payer très cher…… .
Comme souvent dans l’histoire le pouvoir absolu de Shaka bascule dans la tyrannie. Son peuple qui jadis l’acclamait commence à avoir peu de lui. Il voit la trahison par tout et finit par être assassiné en 1828. On estime qu’entre les combats, le nettoyage ethnique et l’eugénisme, la politique expansionniste de Shaka à fait plus de deux millions de morts, vidant des territoires entiers et facilitant ainsi le Grand Trek des populations boers.

Tableau représentant le Grand Trek
A l’origine du Grand Trek figure l’abolition de l’esclavage. Les propriétaires des 40000 esclaves furent indemnisés pour cette «perte». Comme toujours les indemnités étaient toujours insuffisantes mais les plus bruyants furent les trekboers qui étaient trop pauvres pour posséder des esclaves. De quoi se plaignaient-ils alors ? Tout simplement que l’abolition de l’esclavage était pour eux une atteinte à la volonté divine de hiérarchie des races.
La mise en place d’un conseil législatif de douze membres pour associer les administrés au gouvernement de la colonie du Cap ne calme pas les esprits. A cela s’ajoute l’arrogance de l’administration britannique qui va ainsi pousser des milliers de trekboers dans l’intérieur des terres pour créer une république boer indépendante.
En 1835 plusieurs dizaines de milliers de blancs vivaient dans la colonie du Cap (68 à 105000 selon les sources). 4000 Boers quittent la colonie avec femmes, enfants et serviteurs, imitant sans le savoir des millions d’américains à des milliers de kilomètres de là dans les Grandes Plaines américaines.
Peut être (et même surement) il y avait-il des pionniers américains qui partageaient un ancêtre commun avec des boers partis du Cap, de Graaff-Reinet, de George ou de Grahamstown. 14000 pionniers vont ainsi partir en direction de l’inconnu dans les années qui vont suivre. L’histoire s’est souvenu d’eux sous le nom de Voortrekkers («ceux qui vont de l’avant»).
Cet épisode tout comme le front pionnier et la Frontière fonde la mythologie afrikaner qui se voient comme le peuple élu, la tribu blanche qui à l’instar des hébreux cherche sa terre promise.
Les motivations sont résumés dans un manifeste rédigé le 22 janvier 1837 par Piet Retief, manifeste qui dénonce le mépris de l’autorité britannique, les humiliations que les boers ont ressenti, la volonté de rallier une terre promise où ils pourront vivre comme ils l’entendent.
C’est une véritable odyssée, les Boers sont décimés par les fièvres et les attaques de tribus hostiles sans compter les trahisons lors de la signature d’accords de coexistence ce qui explique en partie la méfiance des afrikaners vis à vis des noirs d’Afrique du Sud.

Monument de la bataille de Blood River
Le 16 décembre 1838, la bataille de Blood River voit 500 boers derrière leurs chariots remporter une victoire éclatante contre plus de 10000 guerriers zoulous. Cela renforce la conviction des Boers dans leur «destinée manifeste».
Une république de Natalia est créée mais en 1842 les britanniques y envoient un corps expéditionnaire pour annexer le Natal le 12 mai 1843.
Les Boers reprennent leur route en direction du nord au delà des fleuves Orange et de Vaal, retrouvant des communautés déjà établies.
D’autres populations notamment métis effectuent également leur propre Trek mais ils sont nettement plus confidentiels.
A la frontière orientale de la colonie du Cap, les escarmouches se multiplient, escarmouches qui virent souvent à de véritables combats et de véritables guerres. Ce sont les différentes guerres cafres. Une Cafrérie britannique est mise en place, cafrérie qui devient une colonie de la couronne en 1853 après une nouvelle révolte xhosa (1850-1853).
En 1856 suite à une vision de Nongqawuse, les xhosas abattent leur bétail, brûlent leurs récoltes et leurs réserves alimentaires. C’était selon elle la condition sine qua none pour permettre leur retour de la puissance xhosa et le départ des blancs. Des régions entières sont victimes de la famine, se nourrissant de tout, se livrant au cannibalisme.
Cela met fin aux guerres contre britanniques et xhosas, de nouveaux territoires étant attribués à 6000 immigrants européens d’origine allemande. En 1866 le territoire de la cafrerie britannique est incorporée à la colonie du Cap.
L’évolution de la colonie du Cap
En 1848 le Colonial Office veut faire de la colonie du Cap un lieu de relégation pour les irlandais qui ne cessent de s’agiter. Quand le premier navire arrive le 19 septembre 1849, les colons refusent de laisser les forçats débarquer. L’Office Colonial décide de faire marche arrière et d’envoyer les irlandais en Australie et en Tasmanie.
Le 11 mars 1854, la colonie du Cap se dote d’une constitution. La même année un nouveau gouverneur arrive au Cap, George Grey qui va rester en fonction jusqu’en 1861. Il mène de nombreuses réformes et surtout une politique de développement économique (travaux publics, infrastructures). La colonie est nettement plus moderne et contraste avec les républiques boers qui restent nettement plus primitives et arriérées.
En 1872, le gouvernement représentatif du Cap est remplacé par un gouvernement responsable devant le Parlement de la Colonie. Le gouverneur à statut de chef d’état constitutionnel, s’occupant des affaires intérieures de la colonie mais comme haut commissaire d’Afrique du Sud et à ce titre responsable des relations de la Grande-Bretagne avec les états et les peuples de la région.

L’Afrique du Sud en 1885
Le territoire de la colonie s’étend progressivement. Le territoire des Bosothos est annexé en 1868, le Griqualand-Ouest en 1871, les territoires indigènes en amont de la rivière Kei et en aval de Port Edwards dans la colonie du Natal sont progressivement annexés à partir de 1875, le Fingoland en 1875, le Griqualand-Est en 1879, Gealekaland et Bomvanoland en 1885, le Thembuland en 1885, le Pondoland en 1894.
En 1876, le projet d’une fédération sud-africaine sur le modèle canadien est rejeté. Il faudra attendre plus de trente ans pour que tous les territoires sud-africains soient unifiés sous la forme d’un dominion.
Républiques boers et guerres zoulous
Après l’annexion du Natal, deux républiques indépendantes sont créées par les boers en 1852-1854, la Zuid Afrikaansche Republiek (république sud-africaine) au Transvaal et l’Oranje Frystaat (Etat libre d’Orange). Ces deux états sont reconnus par les britanniques par la convention de Sand River (1852).
Si le premier état va longtemps rester instable avec de multiples républiques réfractaires, le second va rapidement se stabiliser. Au début des années 1860, Marthinus Wessel Pretorius tente de fusionner les deux républiques mais c’est un échec. A partir des années 1870, la puissance zoulou renait, les Boers du Transvaal sont sérieusement accrochés.
Entre-temps en 1854, la colonie du Cap s’est doté d’une constitution avec deux assemblées élues au suffrage censitaire, un cens très faible permettant à 80% de la population masculine d’exercer son droit de vote. On réaffirme l’égalité des races reconnue depuis 1828.
C’est nettement plus agité au Natal en raison de la menace zoulou, de la question des réserves (destinés à satisfaire les besoins en main-d’œuvre) et de l’arrivée de milliers d’indiens sous contrat qui vont constituer un nouveau groupe ethnique.
Au début des années 1870, des diamants sont découverts. Cette ressource précieuse est rapidement contrôlée par les britanniques (fondation de la ville de Kimberley) à la grande fureur des Boers. C’est une des causes de l’échec d’un projet de fédération sur le modèle canadien proposé par lord Carnavon.
En 1877, le Transvaal instable et au bord de la banqueroute est annexé par les britanniques. Les boers protestent peu, préoccupés essentiellement par la menace zouloue qui renaît de ses cendres.
Entre janvier et juillet 1879 ont lieu une guerre anglo-zoulue, une guerre où le prince impérial fils de Napoléon III est tué lors d’une escarmouche. Cette guerre n’est pas une promenade de santé, loin de là même puisqu’en janvier 1879 l’armée britannique est battue à Isandhlwana, sous-estimant la puissance zouloue en dépit des avertissements des boers qui avaient un grand respect pour leurs qualités martiales. Le grand royaume zoulou est démantelé et divisé en treize petits royaumes inoffensifs.
La défaite des zoulous rend la position des républiques boers précaire mais surtout réveille leur opposition à l’annexion qui est considérée comme illégale, violant la convention de Sand River et de celle de Bloemfontein (1854) mais les britanniques n’en ont cure.
C’est le début de la ruée vers l’Afrique et de nombreux pays européens cherchent à se tailler un empire considéré comme un gage de puissance et de richesse car à l’époque qui dit empire dit ressources et marché captif.
Ce n’est pas la seule raison. Il existe en effet une raison nettement moins noble et pompeuse : la présence de riches gisements d’or et de diamant dans le Transvaal. Cette découverte ne fait pas les affaires des boers, ces fermiers voyant l’arrivée de milliers d’aventuriers aux valeurs nettement éloignées de l’austérité et du puritanisme.
Les guerres anglo-boers

Bataille de Majuba le 27 février 1881
C’est le 20 décembre 1880 qu’éclate la première guerre anglo-boer. Dès le 16, les boers se révoltent surprenant les britanniques en infériorité numérique. Un convoi britannique est détruit à la bataille de Bronkhorstspruit (20 décembre), les garnisons britanniques sont assiégées notamment celles de Pretoria, de Potchefstroom et de Lydenburg.

Kommados Boers au combat. Excellents cavaliers, connaissant parfaitement le terrain et bons tireurs, ils vont en faire voir des vertes et des pas mûres à Britannia
C’est clairement une guerre du faible au fort. Les troupes régulières britanniques en uniforme rouge, disciplinées et peu autonomes se heurtent à une guérilla boers composées d’unités appelées kommandos, des hommes connaissant parfaitement le terrain, des unités où les chefs sont élus, des unités en tenue kaki nettement mieux adaptée au terrain que l’uniforme britannique, des cavaliers et tireurs émérites.
Les trois principales batailles du conflit eurent lieu à faible distance les unes des autres en l’occurence celle de Laing’s Nek (28 janvier), celle de la rivière Ingogo (8 février) et la colline de Majuba (27 février). A chaque fois ces batailles furent provoquées par des tentatives britanniques pour délivrer des garnisons.
Lors de la bataille de Laing’s Nek la Natal Field Force tentent de dégager la garnison britannique en s’emparant des collines occupées par les boers. Elle subit de lourdes pertes, perdant 150 hommes dont nombre d’officiers.
Lors de la bataille d’Ingogo (8 février), une autre troupe britannique échappa de peu à l’anéantissement. Les deux camps alignaient des effectifs semblables, le combat dura plusieurs heures jusqu’à ce que les boers l’emportent. 139 britanniques sont tués.
Les hostilités sont suspendues le 14 février suite à l’ouverture de négociations. Des renforts britanniques arrivent enfin mais si les autorités de Londres étaient prêtes à la conciliation et à faire de nombreuses concessions, le général Colley lui était nettement plus ferme, attaquant pour obtenir une position plus forte ce qui entraîna la défaite de Majuba le 27 février 1881 et sa propre mort, «Souvenez-vous de Majuba» devenant un cri des troupes britanniques durant la deuxième guerre anglo-boer.
Ironie de l’histoire, quand une nouvelle trêve est décidée le 6 mars 1881, les forts étaient toujours aux mains des britanniques. Les engagements furent limités, les boers comptant sur la faim et la maladie pour venir à bout des britanniques.
Un traité de paix est signé le 23 mars 1881. le Transvaal restait sous tutelle britannique mais cette tutelle était très théorique. La convention de Pretoria du 3 août 1881 valide les discussions, convention ratifiée par le Transvaal Volksraad (parlement du Transvaal) le 25 octobre 1881 ce qui conduisit au retrait des dernières troupes britanniques. En 1884 la convention de Londres rendit une totale indépendance au Transvaal. En 1886 on découvre de l’or à 50km au sud de Pretoria, découverte à l’origine de la ville de Johannesburg.
Cette indépendance ne va pas durer. Un homme d’affaires britannique Cecil Rhodes va saper la stabilité des républiques boers pour réaliser son rêve d’un dominion sud-africain unifié et d’un axe impérial britannique du Cap au Caire.
Sa compagnie la British South Africa Company (BSAC) s’occupe du Matabeleland (1889) au nord du Transvaal puis en 1890 alors que Rhodes est devenu premier ministre de la colonie du Cap, la BSAC s’occupe du Mashonalad. Ces deux territoires en amont du fleuve Zambèze vont former la Rhodésie.
Si vous ajoutez à cela l’occupation du Bechuanaland vous comprenez aisément la situation : le Transvaal est encerclé à l’exception d’un corridor en direction du port de Lourenço-Marquès dans la colonie portugaise du Mozambique mais comme le Royaume du Portugal est très proche de la Grande-Bretagne cela ne change pas grand chose.

Paul Kruger
Au milieu des années 1890 les tensions ne cessent de s’accroître entre le Transvaal et la colonie du Cap, tensions symbolisées par le duel entre le président Kruger et Cecil Rhodes. Le président Kruger refuse de donner la citoyenneté aux étrangers venus suite à la découverte de l’or (uitlanders) pour préserver l’identité boer du Transvaal et éviter qu’un jour une majorité ne réclame l’annexion pure et simple de la république indépendante à la couronne britannique.
En 1895, le bras droit de Rhodes, le docteur Leander Starr Jameson monte une opération de déstabilisation contre le Transvaal. Ce raid Jameson est un échec et le scandale est tel que Cecil Rhodes doit démissionner l’année suivante (1896) de son poste de premier ministre de la colonie du Cap.
En septembre 1899 le ministre des colonies Joseph Chamberlain envoie un ultimatum à Kruger pour exiger la complète égalité de droits pour les citoyens britanniques résidant au Transvaal. Le président de la république sud-africaine lance un autre ultimatum pour exiger l’évacuation des troupes britanniques des frontières du Transvaal. La deuxième guerre anglo-boer éclate le 12 octobre 1899.

La carte politique de la région au début de la guerre : la République sud-africaine du Transvaal (vert), l’État libre d’Orange (orange), la colonie du Cap (bleu), et le Natal (rouge)
Mafikeng au nord de la colonie est immédiatement assiégée tout comme la ville de Kimberley. Les premiers combats sont désastreux pour les britanniques. Utilisant une tactique fait de raids et de coups de main, évitant autant faire se peu les batailles rangées, les boers infligent de cuisantes défaites à l’armée de Sa Majesté du 10 au 15 décembre 1899 à Magersfontein, Stormberg et Colenso.
Le 15 février 1900, Kimberley est libérée (elle avait été efficacement défendue durant son siège par Cecile Rhodes) suivit le 17 mai 1900 par le dégagement de Mafikeng.
Rapidement la Grande-Bretagne reprend le dessus en menant une guerre totale. Aidée de contingents venus du Canada, d’Australie et de Nouvelle-Zélande, l’armée britannique occupe les capitales des deux républiques dès l’été 1900 (Pretoria et Bloemfontein).
La guérilla continue dans le pays, les civils sont internés dans des camps de concentration, camp où règnent la maladie et la malnutrition, situation dénoncée par Emily Hobhouse. 136000 boers accompagnés de 115000 serviteurs noirs et métis sont internés. 28000 blancs et 15000 noirs et métis périssent. 22000 soldats britanniques et 4000 combattants boers ont été tués au combat.
Fin 1900, la guérilla boer devient endémique. En janvier 1901, l’armée est placée sous le commandement de lord Roberts et de lord Kitchener. La loi martiale est mise en place dans toute la colonie en octobre 1901.
Des négociations finissent par s’ouvrir aboutissant à un traité de paix signé à Pretoria le 31 mai 1902 (traité de Vereeniging).
Les républiques sont annexées à l’empire britannique, les territoires ravagés, les boers déclassés, un profond sentiment de rancune et de haine anime les boers vis à vis des britanniques en dépit du fait que Londres mène une politique d’apaisement (libération rapide des prisonniers, aides financières).
La marche vers l’Union
A plusieurs reprises des projets d’union sud-africaine avaient été proposés, des projets s’inspirant de ce qui à été fait au Canada. Ces projets avaient été tantôt rejetés par les sujets de la colonie du Cap tantôt par les Boers.
La victoire britannique dans la deuxième guerre anglo-boer change la donne. Les britanniques se retrouvent à la tête d’un grand nombre de colonies : le Cap, le Natal, le Transvaal, l’Orange, le Griqualand, la Nouvelle République, le Stellaland, le Zoulouland et le Botswana soit 5.2 millions d’habitants dont 3 millions de noirs et de 1.3 million de blancs.
Le conflit s’est soldé par 100000 morts sans compter le désastre économique provoqué par la guerre. De plus la mort de nombreux civils dans les camps de concentration rend amers et furieux les boers qui se réfugient dans un nationalisme revendicatif.
Se pose donc la question de l’avenir de la région. Deux écoles s’affrontent : ceux voulant angliciser toute l’Afrique du Sud en favorisant l’immigration britannique et ceux voulant limiter l’immigration pour ne pas précariser les boers et relancer la guerre.
Deux partis s’affrontaient, le Bond plutôt conservateur et le parti progressiste. Les élections générales à venir dans la colonie du Cap n’étaient pas gagnées d’avance car les registres électoraux avaient été purgés de tous ceux qui avaient manifesté leur soutien aux Boers, certains d’entre-eux étant encore emprisonnés. Les deux camps cherchèrent à gagner les faveurs des métis et des noirs.
Les élections de janvier/février 1904 voit la victoire du parti progressiste qui obtient 53 des 95 sièges mis en jeu.
Les problèmes de la colonie sont nombreux notamment en ce qui concerne les finances, le nouveau gouvernement héritant du précédent un déficit budgétaire considérable. La colonie n’avait plus de trésorerie disponible.
Une politique d’austérité est imposée avec de sérieuses coupes budgétaires et une augmentation considérables des impôts et des taxes notamment sur les boissons alcoolisées. Cette politique est efficace puisqu’on passe d’un déficit de 731 000 livres sterling en 1904 à un surplus inattendu de 5 161 livres en 1905.
Le gouvernement de la colonie peut ainsi relancer les investissements dans le domaine des transports, de nouvelles lignes de chemin de fer sont ainsi construites pour redynamiser l’agriculture. Les anciens rebelles sont libérés, les migrants chinois que les noirs voyaient comme des concurrents sont expulsés. En 1906 une loi d’amnistie rétablit les droits civiques de 7000 anciens rebelles boers.
En 1907, une nouvelle crise financière frappe la colonie. Des élections anticipées ont lieu septembre 1907 et se soldent par une victoire de l’opposition incarnée par le Bond. Ils triomphent des unionistes, le nouveau nom des progressistes, remportant 17 des 26 sièges du conseil législatif.
En avril 1908 les élections à l’assemblée législative sont un autre triomphe pour le Bond qui remporte 69 sièges contre 33 aux unionistes et 5 aux indépendants.
Ce changement de gouvernement ne provoque pas un changement de la situation économique, la récession continuant d’affecter les secteurs majeurs de l’économie sud-africaine en l’occurrence la laine et le diamant. Face au déficit budgétaire, il fallut encore baisser les dépenses publiques et relever les barrières douanières ce qui va accroître le mécontentement et donc l’impopularité du gouvernement.
En 1907 le Transvaal et la colonie d’Orange avaient retrouvé leur autonomie mais en 1908 le parlement du Cap à approuvé le projet d’unification sud-africaine. Le projet n’est pas piloté par un sud-africain d’origine britannique mais par le général boer Jan Smuts qui était anglophile.

Jan Smuts
Il imposa une approche unitaire sur l’approche fédérale qui avait de nombreux partisans. Il y eu de nombreux compromis concernant le choix de la capitale sud-africaine (pas moins de trois), les langues officielles (néerlandais et anglais). Les provinces purent ainsi faire leurs propres lois concernant le vote dees indigènes et des personnes de couleur ou encore l’écartement des voies de chemin de fer.
La conférence de Durban produisit une résolution finale à l’été 1909, résolution approuvée à l’unanimité des délégués.
Le projet de constitution fut ratifié par le parlement du Cap, celui de l’Orange et du Transvaal et au Natal par référendum. La constitution fut alors présentée au parlement britannique où elle fut également approuvée le 20 septembre 1909
C’est en décembre 1909 que le roi Édouard VII la promulgua et le 31 mai 1910, la Colonie du Cap, rassemblée avec le Griqualand, le Stellaland et le Bechuanaland britannique, devenait la nouvelle province du Cap pour former, au côté des provinces du Natal, du Transvaal et de l’État libre d’Orange, l’Union d’Afrique du Sud. Le South Africa Act donne ainsi naissance à un nouveau dominion qui suit les exemples canadiens, australiens et néo-zélandais.