Dominions (36) Afrique du Sud (1)

UNE AUTRE SECONDE GUERRE MONDIALE
T.8 : LES DOMINIONS (2) AFRIQUE DU SUD

Afrique du Sud 12.jpg

Le drapeau sud-africain en vigueur jusqu’à la fin de l’Apartheid

AVANT-PROPOS

Depuis 2011 je me suis lancé dans une œuvre gigantesque, titanesque, une uchronie traitant d’un second conflit mondial ayant débuté en septembre 1948 et s’étant achevé en septembre 1954 soit un décalage de neuf ans par rapport au second conflit mondial tel que nous l’avons connu.

Je crois que si j’avais su qu’en 2019 je serais encore dans la partie préparatoire au conflit je crois que j’aurais reculé devant une telle ampleur qui je suis certain à découragé certains de mes lecteurs.

Commencée en 2011 par la France, je suis toujours rendu en 2019 à la présentation des différentes volumes. Initialement je voulais attendre pour rédiger mon second conflit mondial mais devant l’étendue j’ai donc fait de grandes entorses à cette règle d’or.

Après un Tome 1 beaucoup trop long consacré à la France, j’ai effectué un Tome 2 consacré à l’Allemagne entamé comme la France mais que j’ai fini par réduire de manière drastique avant de finalement faire un tome mêlant parties très détailles, parties (trop) synthétiques et parties équilibrées.

C’est avec le Tome 3 consacré à la Grande-Bretagne que j’ai atteint un vrai équilibre ni trop ni pas assez détaillé. J’ai poursuivi avec le tome 4 consacré aux Etats-Unis, le tome 5 consacré au Japon et le tome 6 dédié à l’Italie.

Dans ces tomes j’ai intégré des éléments consacré au conflit et même à l’après guerre ce qui à provoqué des contradictions avec les tomes précédents.

J’ai l’intention de corriger tout cela mais si je n’arrive pas à le faire à temps la règle édictée dans le tome 6 s’applique toujours à savoir qu’une information récente prime sur une information plus ancienne.

J’ai dit dernier des tomes majeurs tout simplement parce que les tomes suivants seront consacrés non seulement à des puissances secondaires mais à des pays qui ne disposent pas forcément uniquement d’armes nationales.

A quoi bon détailler un avion, un navire ou un char déjà présenté ailleurs ? D’où cette nouvelle distinction entre tomes majeurs et tomes mineurs.

Les Tomes Majeurs sont au nombre de sept (T.1 pour la France T.2 pour l’Allemagne T.3 pour Grande-Bretagne T.4 pour les Etats-Unis T.5 pour le Japon T.6 pour l’Italie et le T.7 pour l’URSS) suivis de Tomes mineurs.

Le Tome 8 va traiter des Dominions (Canada, Afrique du Sud, Australie, Nouvelle-Zélande), le Tome 9 du Benelux (Belgique, Pays-Bas et Luxembourg), un Tome 10 consacré au Portugal, à l’Espagne et à la Turquie, les Tome 11 et 12 consacrés aux autres pays européens, le Tome 13 aux pays d’Amérique Centrale et Latine.

Plus précisément le Tome 11 sera consacré aux pays scandinaves (Norvège, Danemark,Suède,Finlande) mais aussi à la Suisse et à la République d’Irlande alors que le Tome 12 sera consacré aux pays de l’Est et des Balkans (Grèce, Yougoslavie, Hongrie, Bulgarie,Roumanie,Slovaquie) et que le Tome 13 traitera des pays d’Amérique Centrale et Latine à savoir le Brésil, l’Argentine, le Chili, l’Uurugay, le Paraguay, le Perou, l’Equateur, la Bolivie, la Colombie, le Venezuela, le Mexique et les petits états d’Amérique Centrale (Salvador, Nicaragua, Honduras,Salvador,Panama,Costa Rica)

Ce Tome 8 va donc être consacré aux principaux dominions britannique en l’occurrence le Canada, l’Afrique du Sud, l’Australie et la Nouvelle-Zélande.

Dans ce tome je vais donc aborder l’histoire de ces dominions, l’organisation de leurs forces armées (dont une partie est placée sous le commandement de l’ancienne puissance impériale) et leur équipement.

Je vais traiter successivement du Canada, de l’Afrique du Sud et deux dominions du Pacifique en première ligne face au Japon, l’Australie et la Nouvelle-Zélande souvent traduit par le signe ANZAC (Australian New Zealand Army Corps), le corps d’armée australo-néo zelandais qui s’illustra à Gallipoli et aux Dardanelles en 1915 au point de faire de l’ANZAC Day une fête plus importante pour les Aussies et les Kiwis que le jour du souvenir commémorant la fin du premier conflit mondial.

Comme d’habitude bonne lecture.

Ce Tome 8(2) va être consacré à l’Afrique du Sud. L’histoire est particulièrement riche et complexe, une histoire longue même si les sources écrites et donc assez fiables commencent avec l’arrivée des européens.

Les premiers à y arriver sont les portugais, l’explorateur Vasco de Gama qui découvre le cap de Bonne Espérance et pénètre dans l’Océan Indien. Les portugais ne vont cependant pas coloniser le territoire actuel de l’Afrique du Sud, laissant le champ libre aux néerlandais puis aux britanniques.

Les populations européens vont se heurter aux populations autochtones, s’affrontant durant plusieurs guerres dont les plus célèbres sont les guerres contre les Zoulous ainsi que les deux guerres opposant les britanniques aux boers, les descendants des néerlandais venus dès le début du XVIIème siècle.

Colonie du Cap 1885.png

« L’Afrique du Sud » en 1885

En 1910, le dominion d’Afrique du Sud voit le jour par l’union de quatre grandes colonies, les colonies britanniques du Cap et de Natal associées aux républiques boers (Etat libre d’Orange et république du Transvaal).

Ce statut qui va durer jusqu’en 1967 quand l’Afrique du Sud devient une république, quittant également le Commonwealth. Le pays participe aux deux conflits mondiaux en dépit de relations ambivalentes avec la Grande-Bretagne notamment en ce qui concerne les afrikaners.

En ce qui concerne les forces armées, elles sont nettement plus modestes que celles du Canada ou de l’Australie, étant plus proches de celles de la Nouvelle-Zélande.

L’armée de terre domine largement en terme d’effectifs et de moyens, l’armée de l’air disposant de quelques unités alors que la marine créée en 1945 ne reçoit ses premiers navires qu’en 1947 et est donc loin d’être en capacité de combattre quand le second conflit mondial éclate en septembre 1948.

Durant le second conflit mondial, les troupes sud-africaines vont combattre essentiellement en Afrique mais aussi dans les Balkans et même en Birmanie et en Asie du Sud-Est.

A la fin du second conflit mondial, l’Afrique du Sud est dans un état compliqué ce qui explique la mise en place en 1957 d’une politique de séparation (Apartheid).

HISTOIRE DE L’AFRIQUE DU SUD

Les origines : l’arrivée des européens

Les Portugais pour commencer

Les premiers européens à atteindre l’Afrique du Sud sont les portugais. A la fin du 15ème siècle, les sujets des rois lusitaniens cherchent à atteindre les Indes par voie de mer pour contrer le monopole exercé par les républiques maritimes italiennes (Venise, Gênes).

Bartolomeu Dias

Statue de Bartolomeu Dias

Le 3 février 1488, une flotte portugaise commandée par Bartolomeu Dias débarque à Mossel Bay, identifie l’embouchure de la Great Fish River et atteint même le cap des anguilles. Il doit cependant faire demi-tour sous la pression de son équipage qui craint de ne pouvoir rentrer au pays. Il repère sur le chemin du retour un cap qu’il baptise «cap des tempêtes» que le roi Jean II rebaptisé «Cap de Bonne Espérance».

Si Bartolomeu Dias le découvre, celui qui le franchit vraiment et concrètement est un autre navigateur portugais, Vasco Gama. Il explore une région qu’il baptise Natal (Noël en portugais), explore également l’actuel Mozambique avant de rallier les Indes.

Vasco da Gama.png

Vasco da Gama 

Pourquoi si les portugais ont exploré les côtes de l’actuelle Afrique du Sud ne l’ont pas colonisé et lui ont préféré le Mozambique ? Outre des contacts hostiles avec les populations locales, le futur Mozambique dispose de meilleurs points d’accostage et semble plus prometteur en matière de richesses naturelles. Lisbonne va donc laisser le champ libre à deux autres nations européennes, deux nations du nord de l’Europe à savoir la Grande-Bretagne et les Pays-Bas.

Les néerlandais et l’Afrique du Sud

A l’époque la traversée entre l’Europe et les Indes par la mer est une véritable odyssée de six mois dont peu reviennent vivant.

La cause essentielle est le manque de produits frais, une terrible maladie (le scorbut) frappant des équipages qui se réduisent à peu de chose à l’arrivée dans ce qui n’est pas encore le joyau de l’empire britannique.

La question du ravitaillement est cruciale. Le plus souvent les navires sont accompagnés de ravitailleurs transportant de la nourriture «fraîche» et de l’eau potable mais cela ne résout pas tous les problèmes. Il faut clairement un point d’appui à mi-chemin entre l’Europe et les Indes.

Le cap de Bonne Espérance semble être le lieu idéal. Il est à mi-distance, il y à une baie protégée (la baie de la Table) avec un plateau (plateau de la Table ou Hoerikwaggo pour les populations indigènes) sur lequel on peut par exemple y installer une forteresse. Le principal problème concerne les populations locales, les Khoïkhoï qui se montrent hostiles.

En 1510 le portugais Francisco de Almeida et soixante hommes sont massacrés lors d’une expédition punitive. 13 marins néerlandais sont tués en 1598 et trente-deux en 1632.

En 1644, le Mauritius Eylant de la Compagnie néerlandaise des Indes Orientales (Vereenigde Oost-Indische Compagnie VOC) s’échoue sur les rochers de Mouille Point. 250 hommes vont y passer quatre mois sur place tout comme quatre ans plus tard les hommes du Nieuwe Haarlem qui vont y survivre un an.

Cette dernière aventure prouve que le site est propice à l’établissement d’un point d’appui fortifié et d’une base de ravitaillement. La décision est rapidement prise dans ce sens.

Le 6 avril 1652, Jan van Riebeeck arrive sur zone avec trois navires, les Drommedaris, Reijer et Goede Hoop. Après avoir perdu 130 hommes durant les quatre mois de voyage, Il y débarque 82 hommes et 8 femmes pour construire un fort et une station de ravitaillement.

Le site n’est pas inoccupé, les Khoïkhoï et les San y habitants, ces deux populations étant appelés Hottentot (bégayeur) par les nouveaux arrivants. Les premières années de cohabitation se passent bien même si les deux populations souffrent, les indigènes sont décimés par la variole apportée par les européens (et contre laquelle ils ne sont naturellement pas immunisés) alors que dix-neuf colons néerlandais ne passent pas le premier hiver.

La colonie prend une nouvelle ampleur à partir de 1657 quand les hommes libérés de leurs obligations vis à vis de la VOC sont autorisés à s’y installer comme citoyens libres et surtout à commencer, ce sont les premiers burgher (citoyen libres) qui mettent en culture des terres appartenant aux autochtones. Les relations tournent à l’aigre en 1659, les néerlandais doivent se replier sur le fort de Bonne Espérance avant de contre-attaquer, les autochtones décimés sont réduits en esclavage ou refoulés vers le nord. Toujours en 1659, la station de ravitaillement est déclarée opérationnelle.

Se jugeant solidement installés, les néerlandais se permettent d’explorer l’intérieur des terres (1657-1657). Quand van Riebeeck quitte le territoire en 1662, le comptoir commercial du Cap compte 134 salariés de la Compagnie des Indes Orientales, 35 colons libres, 15 femmes, 22 enfants et 180 esclaves déportés de Batavia et de Madagascar soit un total de 386 personnes.

Ce n’est qu’à la fin du XVIIème siècle que le comptoir commercial du Cap devient une véritable colonie de peuplement sous l’impulsion de Simon van der Stel. Des néerlandais, des allemands, des danois et des suédois s’installent aux antipodes, fuyant la misère notamment celle provoquée par la guerre de Trente Ans (1618-1648). la ville de Stellenbosch est ainsi fondée en 1679.

Le territoire s’étend désormais de la région du Mulzenberg sur l’océan Indien aux montagnes de Steenberg et de Wynberg. On dévellope l’agriculture avec des terres concédés aux burghers qui commencent à être appelés Boers, un nom qui va rester dans l’histoire.

On trouve des cultures vivrières comme le blé et les arbres fruitiers mais aussi des cultures «spéculatives» comme la vigne, la viticulture étant le domaine réservé de 238 huguenots français chassés du sud-Lubéron par la révocation en 1685 de l’Edit de Nantes. Leur arrivée en 1688 porte le nombre de colons à 1038.

En 1691, le territoire devient officiellement une colonie qui quand débute le XIXème siècle compte 1334 habitants blancs (contre 168 en 1670). On compte en effet de nombreux esclaves venus de Guinée, de Madagascar, d’Angola et de Java pour compenser la pénurie de main d’oeuvre.

Une autre pénurie est celui des femmes européennes ce qui explique la présence de nombreux enfants métis issus de relations ou d’unions entre néerlandais et hottentotes. Ces enfants sont appelés les Kaapkleurige (métis du Cap). Ces relations sont d’abord tolérées mais peu à peu on déconseille (1678) puis on interdit (1685).

En 1706, la colonie du Cap prend conscience de sa puissance. Les Boers se révoltent contre le gouverneur Willem Adriaan von der Stel, fils de Simon, tout autant autoritaire que corrompu. Il est remplacé mais les boers obtient également l’arrêt de l’immigration européenne, certains boers revendiquant leur africanité (ce qui est sans doute à l’origine du nom afrikaner).

Cet arrêt de l’immigration européenne s’explique également par la volonté de la VOC de réorienter la colonie du Cap vers sa mission originale de comptoir de commerce et de station de ravitaillement plutôt que de colonie de peuplement.

La population de la colonie peut être ainsi séparée en trois catégories, les habitants du Cap urbains et cosmopolites, les citoyens libres de la région du cap (appelés vrijburgers ou citoyens libres) et enfin les trekboers, des paysans semi-nomades qui pratiquent l’élevage extensif ce qui entraîne de fréquents accrochages avec les populations autochtones.

Ces trekboers vont toujours plus loin pour échapper au pouvoir de la colonie. Leur culture s’émancipe de la culture européenne d’origine même si leur calvinisme austère rappelle leurs origines. Le néerlandais des origines cède peu à peu la place à l’afrikaans, une langue mêlant dialectes hollandais, créole portuaires et mots khoïkhoï, une langue inventée par les Kaapkleurige, les métis du cap. Au XVIIIème siècle, les Trekboers fondent également des villes comme Swellendam et Graaff-Reinet.

En 1708, on compte 1731 habitants libres (qu’ils soient blancs ou métis) et 1771 esclaves. Les autochtones qui survivent soit s’intègrent à la société coloniale comme ouvriers agricoles ou doivent quitter l’emprise de la colonie du Cap, se heurtant à d’autres populations locales comme les Bushmen, eux aussi victimes de raids des colons d’origine européenne.

Tout n’est cependant pas rose pour les colons européens et leurs descendants qui ne connaissent de la métropole que ceux que peuvent leur raconter leurs ascendants encore en vie.

En effet en 1713 et 1755 des épidémies de variole ravagent les populations blanches comme les populations autochtones.

Entre-temps les trekboers ont atteint Mossel Bay en 1730, le fleuve Gamboss en 1765, le Cambedoo en 1770 et la Great Fish River en 1778.

A chaque fois le gouvernement de la colonie tente de suivre le mouvement, de l’accompagner à défaut de pouvoir le stopper. Les villes de Swellendam et de Graaff-Reinet sont ainsi annexées respectivement en 1745 et 1786.

A cette même époque, les trekboers sont bloqués dans leur progression. Au nord le Namaqualand, vaste zone désertique s’étend sur plus de 1000km le long de la côte Atlantique est bien trop aride pour être peuplé et/ou colonisé en dépit du fait qu’il soit séparé par le cours inférieur du fleuve Orange.

Au nord-est le fleuve Orange est d’autant plus infranchissable que cette barrière naturelle se heurte aux San hostiles alors qu’à l’est c’est la Great Fish River (à 1500km du Cap) et les peuples bantous qui bloquent leur avancée.

Les premières échauffourées ont lieu en 1779 (première guerre Cafre) et en 1780 la frontière de la colonie du Cap est fixé aux rivières Great Fish et Gamtoos mais cela ne met pas fin à de multiples escarmouches frontalières, les Trekboers franchissant quasi-immédiatement la Great Fish River en direction du Natal au risque de devoir affronter les populations xhosas.

En 1781 les xhosas qui recherchent de nouveaux pâturages pour leurs troupeaux franchissent la Great Fish River mais sont repoussés par des commandos de paysans boers. Le calme revient mais ce n’est que partie remise, le conflit reprenant en 1790. En 1795, les Boers de l’est se révoltent chassant les représentants de la VOC de Swellendam et de Graaff-Reinet et se déclarant indépendants.

A la fin du 18ème siècle, la population de la colonie du Cap est estimée à 20000 citoyens libres d’origine européenne auxquels il faut ajouter 25000 esclaves. 4300 d’entre-eux arrivent entre 1652 et 1795 puis 200 à 300 par an de 1795 à 1807 où la question de son abolition fait rage. Les esclaves venus aussi bien d’Afrique que d’Asie se révoltent par deux fois en 1808 et 1825. L’esclavage est aboli en 1834 à l’époque où la colonie du Cap était devenue britannique.

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