22-Armée de terre : armement et matériel (53)

Chenillettes de ravitaillement

Le terrain bouleversé des no man’s land rendait la progression de l’infanterie difficile, très difficile puisqu’à cela s’ajoutait les barbelés et les mitrailleuses. Quand au ravitaillement, il était tout aussi difficile puisqu’il fallait un véhicule à l’aise en terrain varié avec un blindage.

En 1918, un char transporteur de munitions baptisé Renault GJ est mis au point sous la forme d’un dérivé du Renault FT. Ce véhicule est destiné à soutenir les batteries de 75mm transportés sur des tracteurs chenillés Caterpillar. Cette première tentative n’à pas de suite concrète du fait de la fin du premier conflit mondial qui stoppe dans l’immédiat tout dévellopement de nouveau matériel militaire.

Pour ce qui est de l’infanterie, une première tentative est menée en 1923 quand Citroën reçoit commande de deux tracteurs 10cv à propulseurs Kergresse, carrosserie spéciale et six remorques pour le transport d’engins d’accompagnements (mitrailleuses, mortiers……….) et de munitions. Ces véhicules sont testés en 1924 sans que cela aboutisse à une commande en série ou à un programme particulier.

Il faut attendre l’été 1930 pour que la situation évolue quand l’ingénieur Brandt de la société AMG favorise l’essai de deux chenillettes Carden-Lloyd qui vont inspirer le le programme pour un véhicule de ravitaillement d’infanterie ou type N lancé le 7 octobre 1930.

Ce programme réclame un véhicule d’une hauteur maximale de 1.10m, une charge utile de 950kg + deux hommes d’équipage, une autonome de 5heures et une vitesse instantanée de 35 km/h.
Trois constructeurs présentent des projets, Latil avec une version francisée de la chenillettes Carden Lloyd, Citroën avec trois prototypes d’un véhicule semi-chenillé (les versions à chenille intégrale n’ont apparemment pas été réservés) et Renault avec une chenillette de sa conception.

C’est ce dernier modèle baptisé Renault UE qui est adopté sous le nom de Chenillette de Ravitaillement d’Infanterie modèle 1931R.

A cette chenillette va s’ajouter également des tracteurs ravitailleurs pour les chars et la cavalerie fournis par Renault, par Lorraine et par Berliet.

Chenillette de ravitaillement Renault UE

Chenillette de ravitaillement Renault UE

-La chenillette Renault UE apparaît donc en 1931 adoptée sous le nom de Chenillette de Ravitaillement d’Infanterie modèle 1931R. Une première commande de 600 exemplaires est honorée le 10 septembre 1932. De nouvelles commandes sont passées et le nombre de CRI commandées passe à 793 dont 700 livrées en juin.

La guerre menaçant chaque jour un peu plus, les commandes se multiplient tandis que la production est décentralisée. Outre l’usine AMX (ex-Renault) d’Issy-les-Moulineaux, Berliet à Lyon et Fouga à Béziers sont chargées du montage des chenillettes.

A noter que le 20 avril 1937, un programme d’épreuves opposa des véhicules proposés par Lorraine (Lorraine modèle 1937 adopté sous une version TRC), Renault avec son UE 2 apparue en 1934, Hotchkiss, Fouga et Berliet dont le modèle TCA sera adopté en petite série.

Produite à 7500 exemplaires, cette chenillette de ravitaillement va également servir de tracteur pour canon antichar, pour mortier de 120mm, comme ravitailleur et même comme transport de troupes de fortune.

Non armée à l’origine en dépit de tentatives menées par Renault (suivant un modèle vendu à la Chine) et AMX, la chenillette ne recevra un armement que lors du début du second conflit mondial quand les chenillettes du CEFAN (Corps Expéditionnaire Franco-Anglo-polonais en Norvège) recevront un fusil mitrailleur modèle 1924-29, montrant l’intérêt d’un tel armement.

Poids à vide 2640kg (776kg pour la remorque) Poids total en charge : 3300kg (1276kg pour la remorque) Longueur : 2.80m (2.59m pour la remorque) largeur 1.74m (1.62m pour la remorque) hauteur 1.25m (0.77m pour la remorque) Puissance moteur maximale : 40ch à 2800 tours/minute Vitesse maximale : 30 km/h Autonomie : 5 heures

-Le Tracteur de Ravitailleur de Chars modèle 1936R connu également sous le nom de Renault ACD-1 est un dérivé de la chenillette UE, reprenant son moteur et le train de roulement. Il est présenté en 1935 comme engin de ravitaillement pour char.

Adopté en 1936, il est commandé à 260 exemplaires. La production est lente et difficile et ce n’est qu’à la fin de janvier 1940 que la commande est honorée.

Ce véhicule se révélant non satisfaisant, sa production ne fût pas poursuivit dans le cadre du programme de guerre. Durant la période de paix armée (1940-48), il va être peu à peu remplacé par le nettement plus performant TRC modèle 1937L (Lorraine 37L).

Poids à vide en ordre de route : 2700kg Charge utile 1400kg Longueur : 3.15m largeur 1.70m hauteur 1.90m Puissance moteur maximale : 38ch à 2500 tours/minute Vitesse maximale 35 km/h (28 km/h avec remorque chargée)

-La chenillette Renault DAE est une descendante de la Renault UE/UE 2. Plus grande et plus rapide, elle est commandée à 500 exemplaires livrés essentiellement à la cavalerie pour ses DLM où ils servent de TRC. Elle va également servir de base de départ à la VBCP Renault DAJ-1.

-Le 17 avril 1936, le programme de tracteur de ravitaillement pour les chars de combat est lancé par l’état-major. Ce programme ne passionne pas les constructeurs puisque seule la firme Lorraine présente un projet en l’occurence une version allongée de sa chenillette d’infanterie.

Cette dernière avait été commandée à cent exemplaires mais avant même qu’un exemplaire du Lorraine modèle 1937L ne sorte, cette commande est transférée sur le nouveau modèle dont la désignation officielle est TRC (Tracteur de Ravitaillement de Chars) modèle 1937L (Lorraine).

Chaque bataillon de chars disposant de 12 TRC, cela nécessite un total de 708 TRC pour équiper cinquante-neuf BCC déployés en Métropole et dans l’Empire. Au total ce sont 1100 véhicules qui vont être commandés et produits pour équiper les unités existantes en 1940 et pour fournir un volant de roulement de 392 véhicules.

Ultérieurement d’autres véhicules sont produits pour équiper les BCC des 5ème et 6ème Divisions Cuirassées portant le total de TRC de ce type en ligne à 804 exemplaires, la production se poursuivant à cadence réduite pour constituer des stocks en vue d’un conflit que tout le monde estime qu’il sera long et difficile.

Poids mort en ordre de marche : 5240kg (1200kg pour la remorque) Charge utile 810kg (690kg pour la remorque) Longueur : 4.20m (2.70m pour la remorque) largeur 1.57m (1.55m pour la remorque) hauteur : 1.215m (1.30m pour la remorque) Moteur : Delahaye 135 6 cylindres délivrant 70ch à 2800 tours/minute Vitesse instantanée : 35 km/h vitesse moyenne 20 km/h Autonomie 130 à 140km

Les tracteurs du génie

Arme savante par excellence, le génie ne peut dignement passé à côté de la motorisation, motorisation d’autant plus vitale que le choix d’une armée de choc entraine pour les sapeurs de nouvelles servitudes pour le déminage, le franchissement de coupures humides et l’aménagement du terrain.

Elle utilise donc des tracteurs, tracteurs dérivés des modèles utilisés par l’artillerie. Le génie l’utilise notamment pour ses équipages de pont et le remorquage des éléments nécessaires pour franchir les coupures humides.

Le principal tracteur est l’Unic P107 BU qui est utilisé par les équipages de pont à 208 exemplaires auxquels s’ajoutent 100 exemplaires pour les parcs du génie de corps d’armée.

Le plan E prévoyait 900 tracteurs pour le génie, cette commande est transférée d’abord à l’artillerie qui n’en recevra finalement que 350, le reste étant finalement livré comme prévu au génie qui se retrouve avec un parc pléthorique de 858 Unic P107BU utilisés pour remorquer les remorques transportant les éléments de bateau mais également au profit des sapeurs démineurs.

-Le génie utilise des véhicules toutes roues motrices comme le Latil M2 TL 6 (officiellement tracteur TL6 à moteur M2). Ce véhicule conçu comme tracteur d’artillerie ne fût pas utilisé dans ce rôle par la France (à la différence de la Belgique, de la Roumanie et de la Finlande) qui va l’utiliser comme tracteur léger du génie, 250 exemplaires étant livrés au génie.

Le génie va également mettre en oeuvre des poseurs de pont notamment des Renault FT avec pont Bourguignon de 7m permettant le franchissement d’une coupure de 6m.

Il est complété par un système de pose-pont monté sur un char léger Renault R-35 tandis que la cavalerie va mettre en oeuvre un poseur de pont de 20 tonnes pour char moyen, le Somua-Coder qui peut lancer une travée de 8m sous blindage permettant de franchir une coupure de 7m. Une version évoluée donne un véhicule de 25 tonnes pouvant lancer un pont de 17m sous blindage.

Le génie met également en oeuvre des chars d’aménagement du terrain, des Renault FT transformés en bouteurs et des chars de déminage en réalité des chars légers munis de dispositifs adaptés. A cela s’ajoute des chars lance-fascine et des poseurs de masque pour l’attaque des fortifications.