Le Conflit (205) Balkans (39)

Les grecs reprennent le combat le 20 octobre 1952, le 3ème Corps d’Armée attaquant en Thessalie en ménageant la surprise sur son véritable axe d’avancée : plein nord direction l’Albanie ? Vers l’est et Athènes ? A cela s’ajoute les frictions entre allemands et italiens, les premiers reprochant aux seconds de ne pas tout faire, les seconds reprochant aux premiers de ne pas les aider. Ambiance….

Les grecs utilisent une stratégie classique avec une épée _le 3ème CA_ et deux boucliers destinés à protéger ses flancs _1er et 2ème CA_ . L’Armée Grecque Libre (AGL) continue de donner le la alors que les deux armées britanniques fixaient les troupes allemandes, les italiens ayant déjà fort à faire face aux grecs.

Jusqu’au début du mois de novembre, les italiens résistent bien, ils souffrent de pertes sensibles mais pour une raison qu’on ignore il n’y à aucun découragement, aucune panique.

Cela ne peut durer, l’absence de renforts et les mauvaises nouvelles venues d’Italie agissant comme un poison, un acide lent.

Le 31 octobre 1952, la ville de Leucade est prise par la 1ère DI (H), la 23ème DI italienne est détruite, ses éléments se repliant tant bien que mal vers le nord en profitant du relatif état de fatigue des troupes grecques.

Le 4 novembre 1952 les italiens évacuent l’île de Céphalonie qui est aussitôt occupée par un détachement de la 14ème DI, une DLI grecque.

Le 10 novembre 1952, le 2ème CA échoue à s’emparer de Lamia solidement tenue par les allemands et pour cause : il s’agit de ménager un corridor de sortie pour la garnison du Festung Athènes. Ce n’est que partie remise. La ville ne tombera que le 1er décembre après de violents combats nécessitant l’engagement d’unités de la 8ème Armée au grand dam des grecs.

Pendant ce temps la 10ème armée britannique ressert peu à peu son emprise sur Athènes, multipliant les coups de sonde, les coups de main, espérant faire tomber la ville comme un fruit mur.

Malheureusement pour eux les allemands et les collabos grecs vont solidement tenir la ville, multipliant les exactions.

La capitale grecque est violement bombardée par l’aviation et secondairement par la marine, les combats aériens sont violents, les allemands ayant peu à couvrir avec tout de même un certain nombre d’appareils notamment de chasseurs.

Le temps joue naturellement pour les alliés. Les allemands l’ont parfaitement compris et profitant de la présence de l’île d’Eubée à proximité exfiltre des spécialistes précieux, du matériel. Des grecs compromis tentent de leur chance mais les allemands ne font rien pour faciliter leur fuite.

Mieux même certains tentent de négocier avec les britanniques un repli sans combat en échange des soriotistes. Bien que cette proposition soit tentante, les britannico-sud africains refusent et exigent la rédition pure et simple.

Plusieurs assauts sont menés par les grecs par le nord-est pour couper les allemands d’un possible repli, les britanniques et les sud-africains par l’ouest et au sud. Les allemands résistent pied à pied mais doivent plier.

Une bonne partie des troupes se replient en bon ordre mais en laissant une bonne partie de leurs armes lourdes qui sont inévacuables faute de moyens et tout simplement parce le ciel est dominé par les alliés. Il y eut bien des tentatives mais la réaction de l’aviation alliée à été tellement vigoureuse que très vite les allemands y ont renoncé.

La capitale grecque encerclée depuis le 15 décembre 1952 tombe officiellement deux jours plus tard. Symboliquement c’est le Bataillon Sacré qui est la première unité alliée à entrer à Athènes.

On imagine l’émotion de ces hommes qui pour certains combattaient non-stop depuis le printemps 1949. Dans une ville détruite à 80%, les commandos grecs traversent une ville ravagée, une ville ruinée et meurtrie.

«C’était absolument atroce. Des bâtiments incendiés et écroulés, des corps pendus, d’autres en état de décomposition avancée. L’odeur un mélange de chair brûlée et d’essence était absolument insoutenable. J’ai vu des durs de durs vomir tripes et boyaux, fondre en larmes comme des gosses tant l’émotion est forte» (lieutenant Solfakis, 1ère compagnie du Bataillon Sacré).

Le caporal Staknikalis porte lui précieusement un drapeau grec mais pas n’importe lequel celui qui flottait au sommet de l’Acropole, drapeau qui avait été évacué au nez et à la barbe des allemands par un evzone. Ce drapeau est hissé à nouveau le 17 décembre 1952 marquant une étape clé dans la libération du territoire grec même si il reste beaucoup de chose à faire.

Les allemands et les italiens se sont repliés en bon ordre pendant que les bulgares ont renforcé leurs positions pour faire face à une offensive alliée prochaine. De nouvelles unités arrivent, des fortifications sont construites, des champs de mines posés.

De leur côté les alliés réorganisent leur dispositif même si il n’y à pas de véritable relève de divisions, les changements se faisant à flux tendu, les blessés et les morts étant remplacés par de jeunes recrues voir de soldats transférées d’autres unités pour injecter de l’expérience ou un nouvel état d’esprit.

L’année 1952 se termine par une stabilisation du front selon une ligne approximative Ioanina-Larissa même si ce n’était pas une simple ligne droite. De plus Corfou étant encore tenue par les italiens même si c’était plus symbolique que réellement menaçant. Même l’île d’Eubée est encore aux mains de l’Axe mais pour peu de temps.

Les alliés reprennent leur offensive dès les premiers jours de janvier, bousculant sérieusement les italiens démotivés par l’annonce du débarquement à Tarente en Italie péninsulaire.

En revanche face aux allemands et bulgares, les britannico-sud africains sont moins à la noce à la fois en raison d’une résistance acharnée de l’Axe mais aussi en raison de problèmes tactiques et d’une entente relative entre Londres et Pretoria.

Corfou est évacuée le 19 janvier 1953 et symboliquement occupé par le Bataillon des Hoplites de la Mer puis par un détachement de la 1ère DI (H). De son côté l’île d’Eubée est occupée par le 15ème CA (UK) dès le 5 janvier 1953.

Les alliés ayant leurs flancs assurés ils peuvent avancer davantage vers le nord en étant certains qu’il n’y aurait pas de risque de déstabilisation de leur dispositif.

Les villes tombent après de violents combats même si il y à peu de combats urbains stricto sensu à la fois parce que les villes sont peu étendues et parce que les italiens, les allemands et les bulgares n’ont pas les moyens de s’user dans des combats mortifères. De plus les alliés ont une expérience de cette forme de guerre, des tactiques et des moyens pour éviter de s’y consumer.

Ioannina tombe le 17 janvier, Larissa le 19, Kozari le 22, Veloia le 30, Thessalonique le 7 février, Lemnos le 12 février (même si l’île est occupée sans combats un peu comme Corfou), Serres le 15, Cavalla le 17, Xanthi le 21 et Alexandropoulis le 24 février 1953.

A chaque fois le territoire est déminé, des routes et des ponts reconstruits. C’est davantage destiné aux opérations militaires qu’aux civils mais cela aide à l’acheminement d’une aide humanitaire vitale en raison d’un territoire ravagé par les combats, la météo et les épidémies.

A la fin du mois de février, le territoire grec est quasi entièrement libéré. Il reste quelques poches tenues par les bulgares, les italiens et les allemands, des positions clés pour éviter que le front ne s’effondre totalement même si les allemands comme les bulgares doutent de la volonté italienne de continuer la lutte. Leurs doutes seront confirmées suite au basculement italien du mois de mars qui nécessitera une totale réorganisation du Heeresgruppe E.