Allemagne (57) Armée de terre (14)

Armement (6) : canons automoteurs

Avant-Propos

La mise en œuvre et le transport de pièces d’artillerie et jadis des armes de siège posa toujours de redoutables problèmes aux planificateurs. Il y avait bien la traction animale mais cela nécessitait de nombreux animaux qu’il fallait entrainer et nourrir.

En dépit de ces inconvénients, la traction hippomobile resta le moyen de déplacement privilégié des pièces d’artillerie ce qui nécessitait pour les plus grosses de les diviser en plusieurs fardeaux.

L’invention du moteur à explosion puis de la chenille permis la mise au point de tracteurs d’artillerie qui permettait le remorquage des pièces les plus lourdes de façon plus efficace que la traction hippomobile même si pour les mastodontes de siège, il fallait toujours diviser la pièce en un ou deux fardeaux.

L’utilisation de tracteurs chenillés Baby Holt ou Caterpillar pour tracter les pièces donna des idées à certains, l’idée de monter le canon sur un châssis chenillé pour pouvoir suivre l’infanterie et les chars dans la profondeur du dispositif ennemi.

A part la France aucun pays ne développa une artillerie d’exploitation et surtout pas l’Allemagne qui ne crut même pas dans le char de combat, l’A7V étant un mastodonte maladroite, une réponse aux tanks anglais mais pas un véhicule issue d’une véritable réflexion.

La guerre terminée, l’artillerie se désintéressa d’une artillerie automotrice. Il fallut attendre la fin des années trente pour qu’une artillerie autonome revoit le jour dans le but d’appuyer les chars de combat.

Plusieurs réponses furent apportées à la problématique de l’appui des chars dans la profondeur et si les Stukas de la Luftwafe furent conçus en partie pour soutenir les chars et anéantir les points de résistance ennemis, la Heer ne resta pas les bras croisés en mettant au point des canons automoteurs en combinant des châssis de chars en voie de déclassement et des pièces d’artillerie mis au point à l’origine pour l’artillerie de campagne.

Elle développa également un modèle de canon d’assaut, le Stug destiné à l’origine au soutien rapproché de l’infanterie mais qui devint également un succédané de canon automoteur.

Automoteur Wespe

Automoteur Wespe en batterie au cours d'un exercice. Au combat, ils étaient davantage dispersés et souvent camouflés

Automoteur Wespe en batterie au cours d’un exercice. Au combat, ils étaient davantage dispersés et souvent camouflés

Pour appuyer les chars, l’artillerie allemande ne disposait à l’origine que de pièces tractées qui seraient bien incapables de suivre les chars dans la profondeur et en cas de mauvais temps, l’aviation ne pourrait pas prendre le relais.

Il fallait donc une pièce d’artillerie automotrice aussi rapide et mobile que le char. La solution la plus simple était installé une pièce d’artillerie de campagne sur un châssis de char, permettant aux Panzer de toujours disposer d’un appui-feu.

En 1939 si le Panzer III et le Panzer IV sont les chars principaux des Panzerdivisionen, il reste encore en service des Panzer I et II totalement dépassés ou en passe de l’être.
Ces châssis sont disponibles pour une reconversion. Si le Panzer I équipé d’un canon de 150mm SiG-33 ne dépasse pas le stade du prototype, le Panzer II va connaitre une deuxième jeunesse comme canon automoteur, les chassis utilisés étant soit d’anciens chars transformés ou des châssis neufs tout juste sortis d’usine.

C’est l’acte de naissance du FH 18/2 auf Fgst Kpfw II (Sf) SdKfz 142 Wespe plus connu sous le nom de Wespe. Il combinait un châssis de Panzerkampfwagen II Ausf F avec un canon de 105mm FH 18, une superstructure remplaçant la tourelle.

Au sein des régiments d’artillerie des Panzerdivisionen, il équipait trois des cinq groupes d’artillerie   soit un total de vingt-quatre Wespe par régiment et de 288 pour l’ensemble des Panzerdivisionen.

La production continua pour constituer un volant de fonctionnement et anticiper la mise sur pied de nouvelles divisions blindées voir d’unités de chars plus petites.

Caractéristiques Techniques du Sdkfz 142 Wespe

Type : canon de campagne automoteur

Poids : 11 tonnes  Longueur : 4.81m largeur : 2.28m hauteur : 2.30m

Moteur : Maybach à essence de 140ch

Performances : vitesse maximale sur route 40km/h autonomie maximale 220km

Armement : un canon de 105mm FH 18 et une mitrailleuse de 7.92mm MG-34.

Equipage : cinq hommes

Automoteur Hummel

automoteur Hummel

automoteur Hummel

Le canon de 105mm monté sur le Wespe était un excellent canon mais pour augmenter la puissance de feu des PzD, il fallait un canon de plus gros calibre. Si la combinaison canon de 105mm/châssis de Panzer II était efficace, pourquoi ne pas imaginer un châssis plus gros et un canon plus lourd.

C’est l’acte de naissance du 15cm Panzerfeldhaubitze 18M auf GW III/IV SdKfz 165 Hummel plus connu sous le simple nom de Hummel (bourdon).

Il combinait un châssis reprenant à la fois des éléments de celui du Panzer III et du Panzer IV et appelé Geschützwagen III/IV avec un obusier de campagne, le 15cm Feldhaubitze 18.

Les premiers prototypes sont réalisés en 1941 mais la priorité donnée au Wespe et les perturbations liées à la guerre civile font qu’il faut attendre 1944 pour que le Hummel commence à équiper deux des cinq groupes du régiment d’artillerie des Panzerdivisionen soit un total de seize Hummel.

Les premiers exemplaires étaient équipés d’un frein de bouche mais à l’usage, il se révéla peu utile et à partir du 51ème exemplaire de série, le frein de bouche fût supprimé.
La production du Hummel, comme celle du Wespe se poursuivit après la livraison des véhicules destinés aux divisions pour anticiper sur les pertes et faciliter la constitution de nouvelles unités à base de chars.

Caractéristiques Techniques du Sdkfz 165 Hummel

Type : canon de campagne

Poids : 24 tonnes Longueur : 4.81m largeur : 2.28m hauteur : 2.30m

Moteur : Maybach à essence de 265ch

Performances : vitesse maximale sur route 42 km/h autonomie maximale 220km

Armement : un obusier de 150mm FH18 et une mitrailleuse de 7.92mm MG-34

Equipage : cinq hommes

Sturmgeschütz III

canon d'assaut Stug III Ausf E à canon long de 75mm

canon d’assaut Stug III Ausf E à canon long de 75mm

Comme vous le savez, le char d’assaut, le tank à été inventé pour percer le front, franchir barbelés et tranchées, permettant à l’infanterie d’occuper le terrain même si le sol bouleversé par les obus, rempli de boue et d’eau n’était pas le plus facile pour les fantassins.

Émergea au délà du char le besoin d’un véhicule d’appui pour l’infanterie qui pouvait suivre les fantassins sur le terrain pour détruire les obstacles, les blockhaus. C’est l’acte de naissance du canon d’assaut.

C’est en 1936 que ce projet est lancé. Sur un châssis de Panzer III, on installait un canon court de 75mm tirant des obus explosifs, installé en superstructure ce qui le rendait plus simple à produire et le rendait plus discret car sa hauteur ne devait pas dépasser celle d’une hauteur d’homme.

Les premiers Sturmgeschütz III (Ausf A à D) étaient armés de ce canon court et une mitrailleuse de 7.92mm, intégrés à un bataillon de quarante-huit véhicules au sein de chaque Panzerdivisionen.

En septembre 1944 apparait la version Ausf E équipé d’un canon long de 75mm _identique à celui des dernières versions du Panzer IV_ tirant des obus explosifs et des obus perforants, faisant du canon d’assaut un chasseur de chars.

En raison d’une priorité donné au réarmement des Panzer IV à canon court, les premiers Sturmgeschütz III Ausf E n’arrivent en unité qu’au printemps 1946 et en septembre 1948, seules six des douze Panzerdivisionen ont reçut des Ausf E.

Schéma d'un Stug III Ausf A à canon court de 75mm

Schéma d’un Stug III Ausf A à canon court de 75mm

Caractéristiques Techniques du Stug III Ausf E

Type : canon d’assaut

Poids : 23.9 tonnes

Moteur à essence Maybach de 265ch

Longueur : 6.77m largeur 2.95m hauteur 2.16m

Vitesse maximale sur route 40 km/h Autonomie sur route 165km

Armement : un canon long de 75mm et deux mitrailleuses de 7.92mm

Equipage : 4 hommes

Les chasseurs de chars

prototype de Panzerjäger I

prototype de Panzerjäger I

Comme nous l’avons vu à propos du Sturmgeschütz III, le canon d’assaut d’infanterie avec son canon court et ses obus explosifs évolua en un véhicule plus polyvalent avec un canon de 75mm long et tirant à la fois des obus explosifs mais également des obus perforants, le rendant apte à la lutte antichar.

Cette évolution eut un impact sur les projets de chasseurs de chars (Panzerjäger) qui ne dépassèrent le statut de l’étude ou du prototype.

A l’instar de la France, l’Allemagne prépara des prototypes de chasseurs de chars pour pouvoir les produire plus rapidement que les chars de combat.

Elle réutilisa des châssis de chars déclassés pour ses projets en l’occurrence les Panzer I et II ainsi que les chars tchèques Pzkpw 35 et 38 (t).

Parmis les projets, on trouvait le Panzerjäger I qui combinait un châssis de Panzer I avec un canon Skoda de 47mm sous bouclier, le Marder I qui combinait un châssis de Panzer II avec un canon de 50mm Pak 38, le Marder II qui combinait un châssis de Panzer II avec un canon antichar de 75mm alors que le Marder III installait le même canon sur un châssis de char tchèque déclassé.

Les projets

Dans le domaine des canons automoteurs, plusieurs projets ne dépassèrent pas le stade du prototype. Citons le SIG 33 auf Geschützwagen qui voyait l’installation d’un canon de 150mm SIG-33 sur un châssis de Panzer I ou le SdKfz 138 connu sous le nom de Bison qui installait le même canon sur le châssis du Pzkpw 38 (t).