22-Armée de terre : armement et matériel (8)

Mortiers

Mortiers de tranchée

mortier de 75mm modèle 1915A utilisé dans les tranchées

mortier de 75mm modèle 1915A utilisé dans les tranchées

En septembre 1939, on trouve encore deux modèles de ce type. Le mortier de 75T est remis en service au 165ème régiment d’artillerie de position pour assurer la défense rapprochée des forts de Metz à raison de cinquante exemplaires.

Le mortier de 75mm modèle 1915A (sa dénomination officielle) est un petit matériel à tube rayé rigide tirant le même obus que le canon de 75mm à seulement 1500m à raison de 4 coups à la minute.

Le mortier de 150T modèle 1917 Fabry est encore présent à 866 exemplaires au sein du 391ème Régiment d’Artillerie de Tranchée mais également au sein de cinq régiments d’artillerie de position (155ème, 156ème, 159ème, 160ème et 166ème RAP).

Cette arme envoie une bombe de 17kg à 2000m à raison de quatre coups à la minute.

A l’issue de la démobilisation, les mortiers de 75T sont retirés du service (pour assurer la défense des forts de Metz, il est prévu l’installation de mortiers de 81mm Brandt) alors que les mortiers de 150T sont maintenus en service au sein des RAP jusqu’en mars 1947 quand usés et faute de munitions, ils sont retirés du service.

Lance-grenades de 50mm modèle 1937

Dès l’apparition de la grenade VB, l’état-major envisagea une arme plus puissante pour permettre à l’infanterie dispose d’un appui-feu qui lui serait propre. C’est ainsi qu’en 1924, on définit cette arme selon les critères suivants :

-Grande mobilité ce qui implique un engin d’une seul pièce d’un poids si possible inférieur ou égal à quatre kilos

-Peu vulnérable à la riposte ennemie et très maniable

-une vitesse de tir rapide (dix à vingt coups à la minute)

-portée allant de 60 à 600m

-Projectiles d’un calibre de 40mm

-Liberté totale de format : fusil-obusier ou petit mortier.

Cela marque le début de quinze ans d’étude auxquelles vont participer les manufactures d’état mais également les manufacturiers privés.

En 1933, l’état-major notifie une étude à la MAC pour un lance-grenades de 60mm qui n’aboutit pas tout comme celui du 47mm Brandt ou du fusil lance-grenades Nivert.

En 1936, le capitaine Nahan de la Commission d’Expérience de l’infanterie réalise un lance-grenades léger de 3.3kg pour remplacer le tromblon VB, tirant des grenades à une distance maximale de 4 à 500m.

La MAC en qualité de maitre d’œuvre réalise seize exemplaires baptisés N-3 qui après tests en corps de troupe sera adopté sous le nom de «lance-grenades de 50mm modèle 37» le 6 décembre 1937.

Les commandes successives passées entre janvier 1938 et février 1939 porte le total commandé à 21950 exemplaires, la fabrication étant sous-traitée par la MAC surchargée par les autres productions.

A cette époque, les exemplaires devaient être livrés d’ici juillet 1940 mais les retards et le déclenchement de la guerre qui porte la commande globale à 50000 exemplaires fait que ces armes ne seront toutes livrées qu’en janvier 1941 soit avec plusieurs mois de retard, sans conséquences puisque que la guerre de Pologne n’à pas dégénéré en conflit mondial contrairement à ce qu’on à pu craindre au début.

Au niveau des munitions, pas moins de 7.5 millions de grenades ont été produites soit plus de 100 coups par pièce.

Cette arme était donc utilisée au niveau de la section de combat à raison de trois LG servis par six hommes qui peuvent être détachés au niveau des trois groupes de combat.

Caractéristiques Techniques du lance-grenades de 50mm modèle 1937

Calibre : 50mm Poids: 3.6kg Cadence de tir : 20 coups/min Hauteur en batterie : 33cm Portée : 450m

Mortier de 60mm modèle 1935

mortier de 60mm modèle 1935

mortier de 60mm modèle 1935

C’est la version réduite du mortier de 81mm Brandt. Elle est utilisée par les compagnies d’infanterie à raison d’une seule et unique arme par compagnie.

Elle est servit par cinq hommes et est toujours en service en septembre 1948 après que le projet initial de deux armes par compagnie soit devenue réalité avec un deuxième mortier nécessitant de réduire le groupe de chaque pièce à un chef de pièce, un tireur, un pourvoyeur-artificier et un conducteur soit huit hommes pour deux pièces.

Sur le plan industriel, 1500 mortiers de 60mm sont commandés pour équiper les unités d’active et les unités de série A. 350 sont disponibles en juin 1936, 1050 le 1er février 1937, 2100 au 1er janvier 1938 sur les 4200 jugés nécessaires.

Quand éclate la guerre de Pologne, 4646 mortiers de 60mm ont été livrés mais la production continue pour au moins constituer un volant de fonctionnement, la cadence étant de 150 pièces par mois, cadence qui aurait été portée à 300 au printemps 1940 si la guerre s’était poursuivit.

La production ne cesse qu’en septembre 1944. Au 1er mai 1940, on trouvait 4900 mortiers en ligne, chiffre porté à 5800 en décembre 1940, 7000 en décembre 1941, 8200 en décembre 1942, 8800 en décembre 1943 et 9250 en septembre 1944.

La production va reprendre à la mobilisation pour être sur de pouvoir équiper les unités françaises mais également des unités tchèques et polonaises.

Caractéristiques Techniques du mortier de 60mm Brandt modèle 1935

Calibre : 60mm Poids : 17.7kg Longueur du tube : 727mm Cadence de tir : 20 coups/minute Portée pratique : 1700m avec l’obus de 1.33kg, 1000m avec l’obus de 1.6kg

Mortier de 81mm Brandt modèle 1927/31

mortier de 81mm modèle 1927/31

mortier de 81mm modèle 1927/31

Ce mortier est issu du mortier Stokes adapté en 1918. Par rapport à son devancier, le mortier Brandt dispose d’un amortisseur de recul (disjoncteur) par le verrouillage du tube sur la plaque de base, par un appareil de pointage perfectionné et un bipied permettant de réaliser des corrections de devers qui élimine la nécessité d’un terrassement pour mettre l’engin en batterie.

Cette arme est issue du programme du 21 février 1921 qui demandait un poids total de 46kg (le Stokes pèse 54kg), une vitesse de tir maximale assortie d’une bonne précision, un nombre de charges réduit, un projectile ne dépassant pas 3kg avec une portée comprise entre 1500 et 1800m.

Six constructeurs se proposent, cinq avec un projet de mortier de 75mm et Brandt avec un projet de mortier de 81mm mais aucun n’atteint les spécifications demandées.

La mise au point d’un projectile plus sur pour le mortier Stokes (modèle 24) permet à Brandt de prendre une avance décisive avec un nouveau mortier de 81mm, le modèle 1927 qui modifié et adopté en octobre 1929 devient le mortier modèle 1927/31.

1573 mortiers sont commandés en 1930 mais seulement 602 sont livrés un an plus tard en raison de problèmes techniques nécessitant la modification de la plaque de base. Au 1er janvier 1937 cependant, 2600 mortiers sont en service, 2800 au 1er septembre 1939.

Les dotations atteintes la production se poursuit pour permettre d’équiper de nouvelles unités et surtout pour former un volant de fonctionnement.

C’est ainsi que la production se poursuit jusqu’en juin 1942 au rythme de 150 par mois d’octobre 1939 à mai 1940 portant le total de mortiers produit à 4000 en mai 1940, 5400 en décembre 1940, 7800 en décembre 1941 et donc au final 9000 mortiers en juin 1942 quand la production est stoppée

Il est utilisé par la compagnie d’accompagnement des bataillons d’infanterie à raison de deux engins par compagnie, chaque mortier étant servit par cinq hommes (un chef de pièce, un pointeur, un télémétreur, un chargeur et un artificier) soit huit mortiers par régiment (deux pièces pour chaque compagnie d’accompagnement au sein du bataillon et deux à la compagnie régimentaire d’engins)

Il utilise trois types de projectiles : explosif non préfragmenté, explosif à grande capacité fumigène et un obus d’exercice fumigène.

Ce mortier à été progressivement remplacé à partir de 1942 au sein des unités d’infanterie par le mortier de 120mm mais avec la mobilisation, le vénérable mortier reprendra du service.

Caractéristiques Techniques du mortier de 81mm modèle 1927/31

Calibre : 81mm Poids: 56kg (divisible en trois fardeaux) Longueur du tube : 1267mm Cadence de tir : 200 coups/minute Portée maximale : 1000m avec l’obus à grande capacité de 6.5kg et 2000m avec l’obus standard modèle 1924

Mortier de 120mm Brandt modèle 1942

Dès février 1923, on envisage la possibilité de mettre au point un mortier plus puissant que le mortier de 81mm et à traction mécanique pouvant tirer un obus de 20kg dont 5.8kg d’explosif au minimum. Il aurait du être remorqué par un semi-chenillé Citroën-Kergresse.

Un temps le matériel de 135mm type Loire _mis au point pour la ligne Maginot_ tient la corde mais en 1932, le mortier lourd est classé en deuxième urgence (matériel à fabriquer après la mobilisation).

Au début des années trente, Brandt met au point une gamme complète de mortiers de 120mm dont un modèle léger de 377kg tirant des obus de 16.4kg (4.4kg d’explosif) à une distance annoncée de 7000m (4000m en réalité), le tout remorqué par une chenillette Renault UE ou par un attelage hippomobile.
Dans les années trente, Brandt faute d’un marché national l’exporte en Chine, en Amérique du Sud et en URSS qui en sortie une copie.

Suite au déclenchement de la guerre de Pologne, la production du mortier de 120mm est envisagée pour remplacer le mortier de 81mm mais quand le conflit se termine, la production n’à pas encore été lancée.

Elle est finalement lancée début 1942, le remplacement des mortiers de 81mm étant engagé à partir du mois de septembre 1942 d’abord au sein des Divisions d’Infanterie Motorisée avant les Divisions d’Infanterie et même les dragons et les chasseurs portés. Le remplacement du mortier de 81mm étant terminé fin 1945 avec le même nombre de pièces que les mortiers qu’ils remplaçaient.

Caractéristiques Techniques du mortier de 120mm modèle 1942

Calibre : 120mm Poids en batterie : 377kg Poids sur train rouleur : 613kg  Cadence de tir : 8 coups/minute en moyenne Portée pratique : 4000m avec l’obus ordinaire de 16.4kg 3000m avec l’obus à grande capacité de 28kg Chargement par la bouche

22-Armée de terre : armement et matériel (5)

Grenades et Mines

La situation de l’armée de terre dans ce domaine en septembre 1939 n’évolue guère jusqu’en 1948, seule des modèles plus perfectionnés sont mis au point, testés, fabriqués et enfin distribués aux troupes.

Grenades et pétards

Bien qu’apparu dès le 11ème siècle en même temps que les explosifs, la grenade à main n’à véritablement été techniquement mature qu’au cours du premier conflit mondial. Dans la boue des tranchées, elle à été intensivement utilisée et après des tatonements et des improvisations souvent plus dangereuses pour ses utilisateurs que pour l’ennemi, elle à adopté la forme du fruit qui lui à donné son nom.

En septembre 1939, l’armée de terre dispose de plusieurs modèles de grenades qu’elles soient défensive avec des fragmentations redoutables en milieu clos, offensive où l’effet principal est le souffle, des grenades à «effets spéciaux» ainsi que des grenades d’instruction et d’entrainement.

La grenade F1 modèle 1915 est une grenade défensive de 660g qui munie d’un nouveau bouchon allumeur (BG modèle 1935) devient la grenade DF modèle 1935. Ces grenades sont toujours en service en 1948 même si leur stock n’est guère étendu.

On trouve également deux autres modèles de grenades défensives, la grenade DF modèle 1930 et la grenade DF modèle 1937 qui n’est que la modèle 1930 munie du bouchon allumeur modèle 1935.

Cette dernière est considéré comme la grenade réglementaire et à partir de 1941, la seule produite pour équiper l’infanterie mais également les artilleurs et les cavaliers pour la défense rapprochée des pièces et des véhicules.
Les grenades offensives suivent la même évolution que les grenades défensives. Le modèle le plus ancien est la grenade OF modèle 1915 avec un bouchon allumeur modèle 1916 qui devient la grenade OF modèle 1935 avec le bouchon allumeur BG modèle 1935.

On trouve également deux autres modèles de grenades offensives, la grenade OF modèle 1930 et la grenade OF modèle 1937  qui n’est que la modèle 1930 munie du bouchon allumeur modèle 1935.

Cette dernière est considéré comme la grenade réglementaire et à partir de 1941, la seule produite pour équiper l’infanterie.

La grenade incendiaire modèle 1916 est destinée à détruire le matériel sur laquelle elle est posée notamment pour éviter sa prise par l’ennemi. Voilà pourquoi les cavaliers et les artilleurs disposent de plusieurs grenades de ce type pour saboter canons, moteurs et pièces qui risqueraient de tomber aux mains de l’ennemi.

Elle est remplacée par la grenade incendiaire modèle 1930 qui ne tardera au cours des combats à être utilisée de manière nettement plus offensive. D’autres types de grenades à «effets spéciaux» sont en service comme la grenade incendiaire et fumigène modèle 1916 et la grenade suffocante modèle 1916.

On trouve également des grenades d’instruction soit inertes pour apprendre la manipulation, des grenades lestées de sable sans bouchon allumeur et des grenades avec une quantité limitée d’explosifs pour simuler l’éclatement.

On trouve également l’engin fumigène d’infanterie B5 modèle 1935 pour créer un masque destiné à cacher le dispositif à l’ennemi ainsi que les pétards de cavalerie modèle 1886 et 1928 destinés à saboter des ponts, des voies ferrées.

Grenades à fusil

La grenade à fusil modèle 1915 plus connue sous le nom de modèle 15 VB (Vivien Bessière) était une arme redoutable à cause de pouvoir létal. Crainte par les allemands, elle était utilisée au sein du groupe de combat pour fournir un appui de feu jusqu’à 170m, la portée maximale de cette grenade de 490g (dont 60 grammes d’explosif).

Cette grenade était tirée via un tromblon VB fixé dans le tube du fusil Lebel qui put ainsi survivre au sein d’un milieu dominé par le fusil Berthier (modèle 07/15) ou le mousqueton modèle 1892, trop faibles pour encaisser les coups.

Le MAS 36 étant plus solide que ces devanciers, il va pouvoir lancer la grenade VB, permettant à l’ancien Lebel de prendre une retraite bien méritée.

La mise en service du lance-grenade de 50mm modèle 1937 au niveau de la section aurait pu marquer le retrait du service de la grenade VB. C’est le contraire qui se produisit, la grenade à fusil modèle 1915 devant être remplacée par les grenades à fusil modèle 1939 (explosive) et modèle 1941 (antichar).

Ces grenades également utilisables par le lance-grenade de 50mm pesait pour la grenade explosive 486 grammes avec une portée maximale de 260m. La grenade antichar un peu plus lourde tirés à l’aide d’un manchon de 22mm installé dans le canon du fusil avait une portée de 100mm pouvant percer 40mm d’acier à blindage.

Mines

A la différence des grenades, les mines sont assez rares durant la guerre de Pologne. Si elle dispose en 1939 de mines antichars, il faut attendre 1940 pour mettre en service des mines antipersonnelles.

On trouve ainsi la mine antichar lourde à charge allongée modèle 1935 pesant 14.5kg se déclenchant avec une pression de 650kg. On trouve également la mine antichar légère d’infanterie modèle 1936 pesant 5.5 ou 7.5kg, les piquets antichars Olivier ou encore la mine bondissante antipersonnel modèle 1939.