3-Industries et infrastructures (4)

F-Les Arsenaux métropolitains et coloniaux

En 1926, l’Arsenal de Rochefort sur Mer est fermé en raison de l’envasement de La Charente qui rendait son utilisation problématique. Cette fermeture laisse en Métropole un total de quatre Arsenaux : Cherbourg sur la Manche, Brest et Lorient sur l’Atlantique et Toulon en Méditerranée.

A ces quatre arsenaux métropolitains s’ajoute l’Arsenal de Bizerte en Méditerranée et celui de Saïgon en Indochine. Peu de choses sont faites durant l’entre-deux-guerre, les budgets étant largement consacrés au renouvellement de la flotte. Ce n’est qu’à la fin des années trente qu’un effort significatif sur les infrastructures est lancé pour augmenter la survivabilité de la flotte.

Les arsenaux existant en 1918 : des travaux importants

 

Plan général du site de Cherbourg

*Cherbourg : Cet Arsenal bien que pouvant construire des navires de surface s’est spécialisé depuis longtemps dans la construction de sous-marins. Il dispose en 1948 de deux bassins de 215m de long sur 36m de large donnant sur le premier bassin, de quatre cales de 150m donnant sur le bassin Charles X alors que sur le bassin Napoléon III, l’Arsenal de Cherbourg dispose de deux cales de 180m et d’une forme de radoub de 200m.

Le port de commerce dispose également d’une forme de radoub, la Forme du Homet qui longue de 249m sur 35m de large avec un tirant d’eau de 8m. En 1948, elle est prolongée à 260m et élargit à 38m pour pouvoir si nécessaire accueillir un cuirassé de classe Alsace.

Les ateliers sont modernisés et les capacités de levage augmentées. Un dépôt pétrolier est également implanté en janvier 1948 pour le ravitaillement rapide avec des réservoirs enterrés et trois postes de ravitaillement.

 

Plan général de l’Arsenal de Brest en 1939

*Brest : L’Arsenal du Ponnant aménagé depuis le dix-septième siècle dispose à la fin des années trente de huit formes de radoub numérotés 1,2,3,4,6,7,8 et 9.

Les six premières sont implantés sur les rives de la Penfeld, le bassin n°1 ou bassin Tourville mesure 115m de long sur 25m de large et le seul à être installé sur la rive gauche, les bassins n°2 et 3 mesurent 178m de long sur 27m de large qui sont allongés à 190m de long sur 30m de large pour pouvoir caréner un croiseur léger.

Au niveau du Salou, on trouve les bassins n°4,6 et 7. Le bassin n°4 qui avait accueillit la construction des Dunkerque, Richelieu et Clémenceau mesure 200m de long sur 35m de large mais faute de place n’est pas agrandit.

Le bassin n°6 est désaffecté alors que le bassin n°7 mesure 118m de long sur 26m de large est modernisée et allongée à 130m en récupérant l’emprise occupé par feu le bassin n°6. La cale du Point au Jour est désaffecté en 1947 et remplacé par une forme de radoub n°12 longue de 150m sur 25m de large.

Les plus grands bassins de l’Arsenal de Brest sont situées sur la Rade-Abri. Numérotés n°8 et 9 au lieu dit du Laninon, ils mesurent 250m de long sur 36m de large, pouvant accueillir un Richelieu mais pas un cuirassé de classe Alsace.

En 1938, d’importants travaux sont donc engagés pour augmenter les capacités de l’Arsenal de Brest. Une forme n°10 est aménagée au Laninon juste à côte du bassin n°8. Il doit mesurer 360m de long sur 58m de large avec un tirant d’eau de 13m, largement suffisant pour accueillir un cuirassé de classe Alsace.

Cette forme est inaugurée en 1942 à 275m de long mais prolongée à 300m en 1948 quand la guerre éclata, celle-ci stoppa une nouvelle extension qui devait porter cette forme à 360m de long. Une forme n°11 est aménagée à proximité du bassin n°8, inaugurée en 1945, ses dimensions sont similaires à celle de la forme n°10 avec une néanmoins longueur portée à 320m.

A proximité de la forme n°10, un vrai complexe industriel est aménagée avec de nouveaux ateliers, de nouveaux magasins et deux cales/plans inclinés, un de 220m et un autre de 175m pour la construction mais également pour le carénage d’unités légères. Ces installations sont toutes inaugurées en 1944.

La mission de l’Arsenal est l’entretien mais il peut aussi construire des navires. Il est prévu d’y consacrer les plans inclinés de la Pointe de la Penfeld, le bassin 2 ou le bassin 3, le bassin 4 et le bassin 9. Le bassin 10 sera chargé des constructions mais uniquement le temps de construire les Alsace, Brest se voyant confier la construction de deux cuirassés de ce type.

*Lorient : Cet arsenal est chargé des constructions neuves, les rares travaux d’entretien étant assurés pour des raisons d’urgence comme la remise en état du contre-torpilleur Bison après son abordage par le croiseur Georges Leygues ou en cas de saturation de l’Arsenal de Brest.

En 1948, il dispose de la forme de Lanester implantée sur la rive orientale du Scorf avec une longueur de 240m et une largeur de 30m accompagnée par trois cales, la n°1 (couverte) de 230m de long sur 32m de large, la n°2 de 195m de long sur 28m de large et la n°3 de 175m de long sur 25m de large, le tout accompagné d’ateliers notament pour la préfabrication.

La rive occidentale _le site original de l’Arsenal de L’Orient_ dispose d’une forme de 240m de long sur 28m de large pour carénage et armement des navires (notamment quand la forme de Lanester est occupée) et de deux cales de 175m de long sur 20m de large (n°4 et n°7).

Quand la guerre éclate, une base de ravitaillement est inaugurée à Lorient avec des dépôts de carburant souterrains et plusieurs postes de ravitaillement.

*Toulon : C’est l’unique arsenal de la marine nationale en métropole en Méditerranée. Ces importantes installations sont surtout destinées à l’entretien, les constructions neuves étant rares mis à part pour les sous-marins et quelques auxiliaires.

En 1940, Toulon dispose des trois bassins du Missiessy (215m de long sur 31m de large pour les 1 et 2, 205m de long sur 32m de large pour le 3), des deux bassins du Castigneau (n°4 mesurant 163m sur 23m et n°5 mesurant 114m sur 22m de large, prolongés à 185m et 130m respectivement et élargis à 25m) et de cinq bassins Vauban (n°6 [ex-n°3] long à l’origine de 90m et large 15m mais allongé à 120m et élargit à 20m; n°9 de 120m de long sur 20m et n°10 de 120m de long sur 20m de large; n°7 [ex-n°4] et n°8 [ex-n°5] long de 422m sur 42m de large).

En 1944, un slipway de 150m pour carénage ou constructions est construit au Mourillon complétant deux cales plus anciennes de 110m utilisées pour la construction de sous-marins.

 

Plan général du site de Bizerte

*Bizerte : Cet arsenal est dédié uniquement à l’entretien avec quatre formes, deux de de 250m et deux de 120m implantées à Sidi-Abdallah.

Les formes 1 et 2 sont modernisées et agrandies à 280m pour permettre le carénage d’un cuirassé de classe Alsace, le canal de Bizerte étant approfondit à 15m pour permettre de laisser passer un tel navire.

Les formes 3 et 4 de 120m de long sont agrandies à 195m pour permettre de caréner torpilleurs, contre-torpilleurs et croiseurs légers. Il dispose également d’un dock flottant pour sous-marins pouvant caréner tous les sous-marins sauf le Surcouf.

 

Bassin de l’Arsenal d’Indochine avant agrandissement

*Saigon : l’Arsenal d’Indochine est officiellement créé en 1922 mais en 1936, il est cédé à un usage civil mais repris en 1940 par la marine qui espère l’agrandir mais faute de place, elle se contente de moderniser la forme qui passe de 152 à 190m avec des ateliers plus modernes, ateliers qui peu à peu fabriqueront également des véhicules blindés et des armes allant du fusil au mortier.

De nouvelles installations pour la marine : Mers-El-Kebir, Diego-Suarez, Cam Ranh, Dakar

*Mers-El-Kébir : Au milieu des années trente, le haut commandement français se préoccupa de l’absence de véritable point d’appui dans la partie occidentale de l’Afrique du Nord.

En 1936, un projet pour aménager la baie de Mers-El-Kebir fût enfin voté mais les travaux furent menés sans réelle urgence jusqu’en 1940 quand les travaux s’accélèrent brusquement pour s’achever en 1945 bien que dès 1942, la base pouvait être considéré comme opérationnelle a minima.

Les installations d’entretien sont assez limitées quoique plus importantes que celles prévues à l’origine qui prévoyait un slipway de 120m, un dock flottant de 90m et un ponton de 120m pour sous-marins. Un dock flottant de 210m pouvant caréner un croiseur lourd est ainsi acquis aux Etats-Unis.

*Diego-Suarez : La base navale située à la pointe nord de la Grande Ile devient la grande base française de la région de préférence à Djibouti jugée trop enclavée et menacée par les colonies italiennes d’Éthiopie et de Somalie.

Les deux bassins de 150m sont allongés à 230m pour permettre le carénage d’un croiseur lourd mais les travaux pour un bassin plus grand pouvant caréner un cuirassé de type Alsace sont abandonnés en raison de la guerre qui empêche la réalisation d’un bassin de 265m de long sur 40m de large. Les ateliers sont modernisés et les capacités de stockage largement augmentées.

*Dakar : Un véritable Arsenal est aménagé dans la capitale de l’Afrique Occidentale Française pour permettre à une force navale conséquente d’opérer longtemps dans l’Atlantique Sud. L’unique forme du port est allongée à 220m pour permettre le carénage d’un Saint Louis.

A cette forme historique s’ajoute une forme de 260m de long sur 40m de large pour permettre l’entretien d’un Alsace moins pour un carénage programmé que pour réparer une avarie de combat (cette installation à permis au Sénégal indépendant d’occuper pendant de nombreuses années une place de premier plan dans le carénage de navires).

Un slipway de 130m est également aménagé pour caréner de petites unités voir construire des navires répondant aux caractéristiques de la «poussière navale» et destinées à un usage local.

*Cam-Ranh : La nouvelle base indochinoise de la marine nationale va disposer à son inauguration en 1944 d’installation d’entretien développées avec une forme de 265m de long sur 40m de large pour pouvoir caréner un cuirassé de classe Alsace, deux formes de 200m de long sur 20m sont aménagées entre 1941 et 1948.

Et ailleurs

Les importants budgets débloqués pour les bases de Mers-El-Kebir, de Dakar, de Cam Ranh et de Diego-Suarez ne permettent pas d’outiller de manière satisfaisante d’autres point d’appui comme Fort de France, Nouméa et Papeete. Seuls des travaux de modernisation sont entrepris.

-Fort de France : base de souveraineté et de soutien, elle dispose en 1948 d’une forme de radoub de 210m, d’un slipway de 75m et d’une cale de 100m pour la construction d’unités légères destinées à un usage local. Présence d’une base aéronavale appelée Base Aéronavale de Fort de France-Schoelcher.

-Nouméa : une forme de  200m à été creusé sur l’île Nou pour caréner tous les navires jusqu’aux croiseurs légers. Un slipway de 100m à été également construit pour l’entretien des unités légères. Des travaux concernant une forme pouvant caréner un cuirassé sont entamés en 1946 mais pas achevés en septembre 1948.

-Papeete : un dock flottant de 150m à été commandé aux Etats-Unis et livré en 1943. Des ateliers et une fonderie ont également été construites pour soutenir les forces de souveraineté. Une cale de 100m à également été construite, cale construisant des navires civils et militaires.

-Djibouti : un bassin de 200m sur 25m inauguré en septembre 1942 avec quelques ateliers et bâtiments de stockage. Néanmoins pour les travaux importants, les navires doivent se rendre à Diego-Suarez.

-Casablanca : un point d’appui pour navires légers et sous-marins à été mis en place au printemps 1945 avec plusieurs réservoirs enterrés et deux postes de ravitaillement protégé, un dépôt de munitions pour cartouches de mitrailleuses et obus du 25 au 130mm, un atelier à torpilles et un atelier de réparations d’urgence. Présence de deux dock-flottants

-Gabès : implantation d’un dépôt pétrolier pour le ravitaillement de la 6ème Escadre Légère

-Beyrouth : pas de forme de radoub mais une station navale avec ateliers de réparations, un dépôt pétrolier et un dépôt de munitions.