9-Croiseurs légers (21)

G-Croiseurs légers classe Dupuy de Lôme

Une nouvelle classe de croiseurs

A la suite de la construction des six De Grasse, le Service Technique des Constructions Navales _section croiseurs_ se pencha sur le remplacement des Duguay-Trouin dont le remplacement était prévu pour le début des années cinquante après avoir été repoussé pour augmenter « artificiellement » les capacités de la marine nationale dans ce domaine.

Le désarmement du Duguay Trouin était ainsi prévu pour 1948, celui du Lamotte-Picquet pour 1949 et celui du Primauguet pour 1950 soit respectivement 21, 22 et 23 années de service actif.

Ce calendrier fût certes bousculé par le désarmement du Lamotte-Picquet en 1946 mais la volonté de remplacer ces navires peu protégé à l’artillerie principale au calibre hétérodoxe ne faiblit pas.

Les premières esquisses commencèrent dès 1942 alors qu’aucun De Grasse n’était encore en service ce qui rendait malaisée l’identification des changements à apporter pour ces trois nouveaux navires.

Le projet d’étude fût mené sans empressement par les bureaux d’études qui ne manquaient pas de travail par ailleurs.

Ce n’est qu’à la fin 1943 que le projet de croiseur C6 devint une priorité. Un temps on envisagea un croiseur léger antiaérien semblable au futur Waldeck-Rousseau avant de rapidement préférer un véritable croiseur léger à canons de 152mm.

Il était cependant hors de question de refaire trois nouveaux De Grasse, il fallait marquer une rupture avec les De Grasse Chateaurenault Guichen Latouche-Tréville Gambetta et Condé. En clair, conserver le meilleur de ces six croiseurs de 8000 tonnes mais introduire les progrès de l’armement et de l’électronique.

En ce qui concerne le flotteur, la ligne générale est reprise sur celle des De Grasse mais affine un peu l’étrave et élargit la coque pour améliorer sa stabilité par mer formée.

Le bloc-passerelle est copiée sur celui des De Grasse, suivant plus généralement le modèle introduit dans notre marine par le croiseur lourd Algérie dont la tour de commandement inspira celles des Dunkerque et Strasbourg en conséquence celles des cuirassés rapides.

La propulsion reste standard avec turbines à engrenages et chaudières bien qu’un temps on étudia une propulsion à base de moteurs diesels voir une propulsion mixte vapeur/diesel, ce dernier modèle étant rapidement abandonné en raison de sa complexité.

En ce qui concerne l’armement, les croiseurs de type C6 marque une rupture avec le choix d’un nouveau modèle de canon de 152mm, le modèle 1941 qui réussit là où les canons de 152mm destinés aux Richelieu avaient échoué : le tir contre-avions.

A noter que plusieurs configurations d’armement furent envisagées : Le C6-1 prévoyait ainsi un armement de 9 canons de 152mm en trois tourelles triples, le C6-2 un armement de 12 canons de 152mm en quatre tourelles triples, le C6-3 un armement de 8 canons de 152mm en quatre tourelles doubles et le C6-4 un armement de 12 canons de 130mm en six tourelles doubles.

C’est donc le projet C6-3 qui est choisit avec un nouveau modèle de canon et un nouveau modèle de tourelle.
Les croiseurs C-6 vont donc être armés de huit canons de 152mm en quatre tourelles doubles, disposées classiquement : deux à l’avant et deux à l’arrière. L’artillerie secondaire se compose de douze canons de 100mm en six affûts doubles, identiques aux De Grasse.

Quand à la DCA légère, elle se compose de douze canons de 37mm Schneider modèle 1941 en trois affûts quadruples et seize canons de 25mm Hotchkiss modèle 1939-40 en huit affûts doubles et que l’armement en torpilles, il reste classique avec deux plate-formes triples de 550mm installées latéralement au milieu du navire.

Le croiseur type C-6 est le premier modèle de croiseur à ne pas prévoir de catapulte et d’hydravions, les systèmes radars étant jugés matures. Cependant, il n’était pas dit que ces croiseurs n’embarqueraient plus d’aéronefs, l’embarquement d’autogyres était sérieusement envisagé même si leur mise en œuvre n’était pas moins compliquée qu’un hydravion

Le premier croiseur léger C6 est financé à la tranche 1946 et ses deux sister-ships à la tranche 1948, des navires baptisés Dupuy de Lôme Sully et Louvois.

Henri Dupuy de Lôme (1816-1885)

Henri Dupuy de Lôme (1816-1885)

-Le Dupuy de Lôme est mis sur cale aux Ateliers et Chantiers du Havre (ACH) le 12 septembre 1946. Il est lancé le 14 septembre 1948 et sa mise en service est prévue courant 1949

Maximilien de Bethune, duc de Sully (1559-1641)

Maximilien de Bethune, duc de Sully (1559-1641)

-Le Sully est mis sur cale à l’Arsenal de Brest sur la cale n°1 de la Penfeld le 12 mars 1948 et toujours en construction quand éclate le second conflit mondial qui va de toute façon accélérer la construction.

François Michel Le Tellier, seigneur de Chaville, marquis de Louvois (Paris 1639 Versailles 1691)

François Michel Le Tellier, seigneur de Chaville, marquis de Louvois (Paris 1639 Versailles 1691)

-Le Louvois est mis sur cale aux chantiers de la Société des Ateliers et Chantiers de la Gironde,  Bordeaux le 12 février 1948 et toujours en construction  quand éclate le second conflit mondial qui va de toute façon accélérer la construction.

Ces trois croiseurs doivent théoriquement former une 10ème DC dont le port d’attache sera soit Mers-El-Kébir ou Toulon.

Caractéristiques Techniques de la classe Dupuy de Lôme

Déplacement : 8500 tonnes Pleine Charge : 12150 tonnes

Dimensions : longueur 190.5m largeur : 20.30m tirant d’eau : 7.10m

Propulsion : Deux groupes de turbines Rateau-Bretagne alimentées par quatre chaudières Penhoët dévellopant une puissance totale de 120000 ch et actionnant deux hélices

Vitesse maximale : 32 noeuds Distance Franchissable : 7000 miles nautiques à 13 noeuds

Protection : ceinture 110mm, pont principal 38mm. Les tourelles doublees de 152mm sont protégées à 100mm à l’avant, 50mm sur les côtés, 40mm à l’arrière et 45mm pour le toit. Le blockaus bénéficie de 95mm de blindage sur les faces et 50mm sur le dessus.

Détection et conduite de tir : Ils reçoivent à leur mise en service 3 télémètres stéréoscopiques de 8m doubles OPL installés sur la tourelle de télépointage des 152mm, sur la tourelle II de 152mm et sur la tourelle III de 152mm; 2 télémètres stéréoscopiques de 4m OPL sur les tourelles de télépointage de 90mm. Ils disposent également d’un télémètre à coïncidence de 3m sur le blockaus, 4 télémètres à stéréoscopiques de 1m et deux télémètres à coïncidence de 0.80m.

Electronique : un radar de navigation, un radar de veille aérienne, un radar de veille combinée, deux radars de conduite de tir pour l’artillerie principale, deux radars de conduite de tir pour l’artillerie secondaire et un radar de conduite de tir pour la DCA

Armement : 8 canons de 152mm modèle 1941 en quatre tourelles doubles modèle 1942 (deux avant et deux arrières), 12 canons de 100mm modèle 1933 en six affûts doubles modèle 1937 (deux groupes latéraux),24 canons de 37mm Schneider modèle 1941 en trois affûts quadruples et six affûts doubles, 16 canons de 25mm Hotchkiss modèle 1939-40 en huit affûts doubles et six tubes lance-torpilles de 550mm en deux plate-formes triples.

Aviation : deux autogyres Lioré et Olivier Léo 40.

Equipage : en configuration classique, l’équipage est de 673 hommes et passe à 712 hommes en configuration navire-amiral.  

8 réflexions sur “9-Croiseurs légers (21)

  1. Frédéric dit :

    Pensez vous que les autogires qui ont fait preuve au combat de leur relative inutilité seraient encore d’actualité à la fin des années 40 sans  »l’épreuve du feu » ?

    • clausmaster dit :

      Bonjour

      En fait c’est plus une anticipation qu’autre chose. D’ailleurs je ne sais même pas si la mise en oeuvre des autogyres depuis un croiseur est possible

  2. Roulou dit :

    Bonjour, Vos articles sur les croiseurs français sont très utiles. J’en profite pour vous soumettre une question :
    .
    J’ai récupéré une liasse de photos anciennes dont 3 sont visible ici :
    https://thematique.blogspot.fr/2017/06/3-photos-de-navires-vers-1930.html
    on peut zommer en cliquant sur les images.

    La première montre un navire de guerre français, je suppose qu’il s’agit d’un croiseur, mais je ne reconnais cette forme dans aucun d’eux malgré de longues recherches de 1920 à 1950.
    Reconnaitriez vous ce bâtiment, s’il vous plait?

    Les 2 autres images montrent une rade avec des navires de toutes tailles, voiles et vapeur, Toutefois, je ne suis pas sûr qu’il s’agisse de bateaux à usage militaires. Me trompe je?
    Et la rade, pourtant reconnaissable, m’est inconnue : Toulon, Alger, ??…
    merci de votre aide.

    • clausmaster dit :

      Bonjour

      La première photo ne représente pas un croiseur mais un cuirassé de type Courbet

      Pour les deux autres je n’en suis pas certain mais je pencherai pour Marseille.

      Le mieux pour être certain c’est de venir sur le site http://forummarine.forumactif.com/forum où des spécialistes de l’identification pourront vous aider davantage

      Cordialement,

  3. Roulou dit :

    merci pour votre réponse qui m’a permis d’identifier ce cuirassié.
    Il s’agit du France.
    J’ai rédigé un article avec les meilleurs liens sur sa courte vie : https://thematique.blogspot.fr/2017/06/3-photos-de-navires-vers-1930.html
    J’ai encore quelques questions à propos de ma photo du FRANCE… Mais je crois que ce n’est pas la bonne page pour les poser. Où puis je le faire sur ce site, svp?
    Merci.

  4. clausmaster dit :

    Le mieux serait d’aller sur le site Marine Forum ce serait l’endroit idéal

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