Pologne et Pays Neutres (95) Pologne (7)

FORCES ARMEES POLONAISES (1) : ARMEE DE TERRE

Une histoire militaire de la Pologne

Aux temps jadis

Parmi les premiers grands événements de l’histoire militaire de la Pologne figure la Bataille de Legnica survenue le 9 avril 1241 (NdA date incertaine) entre les polonais alliés aux chevaliers teutoniques face aux mongols.

C’est une déroute pour les troupes chrétiennes mais fort heureusement pour le reste de l’Europe les mongols mettent cap au sud-est renoncent à avancer plus à l’ouest. A noter que sur le plan tactique cette bataille montre la vulnérabilité de la cavalerie lourde aux archers, une leçon qui ne pas comprise par certains suivez mon regard.

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Représentation de l’Armée polono-lituanienne

La République des Deux Nations disposait naturellement d’une armée composée de plusieurs unités comme les Wojsko Kriarciane (unités régulières soldées), les Wojsko Komputowe (unités semi-régulières créées pour la durée d’une guerre qui sont intégrées en 1652 avec les premières dans une nouvelle armée permanente), la Pospolite Ruzzenie (levée en masse de la Szlachta), les Piechota lanowa et les Piechota wyzbraniecka (unités de paysans recrutés).

On trouve également des cosaques enregistrés (troupes formées par des cosaques utilisées surtout à l’infanterie, rarement à la cavalerie avec des tabors recrutés jusqu’en 1699), la Garde Royale, des Mercenaires et des armées privées dépendant des grands féodaux.

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La Guerre Nordique de Sept Ans à lieu de 1563 à 1570. La Suède est opposée à une coalition dano-polono-lübeckoise, l’élément déclencheur étant un contentieux dano-suédois depuis la fin de l’Union de Kalmar. Je cite ce conflit pour information car les troupes polonaises ne sont pas engagées !

De 1605 à 1618 les polonais affrontent les russes, de 1600 à 1629 les polonais affrontent les suédois et de 1620 à 1621 les ottomans.

Durant ce dernier conflit les ottomans défont les polonais la bataille de Tutoia (17 septembre au 7 octobre 1620), les polonais subissant de lourdes pertes.

L’année suivante une imposante armée ottomane (100 à 250000 hommes selon les sources !) repart en campagne avec premier objectif la conquête de l’Ukraine et pour les plus ambitieux d’atteindre la mer Baltique en détruisant la République des Deux-Nations !

Cette campagne sera un échec avec une défaite contre les polonais et les cosaques zaporogues à Khotin (2 septembre au 9 octobre 1621).

En 1633/34 11 à 30000 polonais et alliés affrontent 55000 ottomans et alliés dans une nouvelle guerre polono-ottomane.

De 1654 à 1667 les polonais et les russes s’affrontent, conflit se terminant par une victoire russe. A l’origine du conflit une révolte de cosaques contre la Pologne, révolte soutenue par la Russie.

En juillet 1654, 41000 russes envahissent la République des Deux-Nations. Les villes de Bely et de Dorogobsy sont prises, Smolensk assiégée. C’est ensuite la bataille de Chklow (12 août 1654) et de Szepielewicze (24 et 25 août 1654), les russes l’emportant à chaque fois. En revanche la bataille de Ochmatow (janvier/février 1655) se termine par un résultat indécis à la différence de la bataille de Jaehkiv qui est une victoire polono-tatare.

La Première Guerre du Nord à lieu de 1655 à 1660 opposant la Suède à la République des Deux-Nations.

En juillet 1655 l’Armée suédoise envahit la Pologne-Lituanie depuis la Poméranie suédoise à l’ouest et par la Livonie au nord. C’est 13650 hommes et 72 canons d’un côté, 21200 de l’autre. En face les polono-lituaniens n’alignent que 14000 hommes. Une partie de la noblesse polonaise rallie le roi de Suède après la bataille d’Ujscee le 25 juillet 1655. En août 1655, le Grand-Duché de Lituanie se place sous la protection suédoise, le 8 septembre 1655 Varsovie est occupée.

Les suédois sont victorieux à Zarnow le 16 septembre et Wojnicz le 3 octobre. Jean II Casimir est capturé et exilé en Silésie. Cracovie capitule le 19 octobre et le lendemain un traité est signé à Kedainiei, la Lituanie est unie à la Suède, la majorité de l’armée polonaise se rendant à la Suède.

Très vite l’occupation suédoise suscite une violente opposition en Pologne, entrainant une guerilla et en réponse une répression sanglante. A la bataille de Golab en février 1656, 11000 suédois défont 2400 polonais. Les suédois sont défaits à Zamosc puis le 7 avril 1656 à Warka.

Les suédo-brandebourgeeois l’emporte à Varsovie (28 au 30 juillet 1656), Jean II Casimir se retire à Lublin. La victoire polonaise à Leczyca le 4 octobre 1656 est sans lendemain.

De 1672 à 1676 les polonais affrontent les ottomans perdant à cette occasion la Podolie. Les polonais l’emporte à Khotin le 11 novembre 1673, une victoire remportée par le Hetman (chef de l’armée) Jean Sobieski. En revanche la bataille de Jouravno (25 septembre au 14 octobre 1676) se termine par une victoire ottomane.

De 1683 à 1699 c’est la Grande Guerre Turque, un conflit opposant le Saint-Empire Romain Germanique à l’Empire ottoman. La Maison d’Autriche n’est pas seule pouvant compter également sur l’aide de la Pologne (NdA bah oui sinon je parlerai pas de ce conflit), des Etats Pontificaux, de Venise, de Gênes, de la Toscane, de la Savoie, de l’Espagne et du Portugal, le tout formant la Sainte Ligue.

When the wing hussar arrive !

Le climax, l’apogée de ce conflit c’est naturellement le siège de Vienne et l’intervention décisive de l’armée du roi de Pologne Jean III Sobieski qui dégage la capitale du Saint-Empire. C’est surtout le début du déclin irrémédiable de la Sublime Porte.

Les 150000 hommes de l’armée ottomane franchissent la frontière le 29 juin. L’armée de Charles V de Lorraine (beau-frère de Léopold 1er) est battue le 2 juillet, la cour impériale quittant Vienne le 7 juillet pour Linz puis Passau. Vienne est assiégée à partir du 14 juillet 1683.

L’armée coalisée arrive sous les murs de Vienne le 3 septembre alors que la capitale autrichienne chancèle. Les 75000 hommes de Sobieski franchissent le Danube s’installent sur les hauteurs de Kahlenberg et de Leopoldsberg.

Les polonais et les impériaux attaquent le 12 septembre 1683, la cavalerie polonaise et notamment ses fameux hussards ailés (When the winged hussars arrive comme chante Sabaton) s’illustre mettant les ottomans en déroute. 15000 turcs sont tués, dix fois moins pour les coalisés.

La menace écartée, Léopold 1er est de retour à Vienne, ne pardonant pas à Jean III Sobieski d’être entré le premier dans sa ville.

Après un temps d’hésitation, les coalisés se lancent à la poursuite des ottomans, remportant une nouvelle victoire à Parkany le 9 octobre. La ville hongroise d’Esztergon tombe le 25 octobre suivie d’une ultime victoire le 1er novembre. L’armée polonaise se replie. Le 25 décembre 1683, Kara Mustafa et étranglé sur ordre du sultan. A noter que les polonais ne participent pas à la suite du conflit.

Ce conflit se termine par le Traité de Karlowitz (26 janvier 1699), traité qui voit la Pologne récupérer la Podolie perdue en 1672.

La Grande Guerre du Nord (1700-1721)

La Pologne ne participe pas officiellement mais va être un enjeu de la lutte entre la Suède et la Saxe dont l’électeur est également roi de Pologne (1700-1709).

Après avoir neutralisé la Russie, Charles XII se tourne vers la Saxe et la Pologne d’Auguste II. La Pologne-Lituanie est envahie le 18 juillet 1701 quand l’armée du dernier roi de Suède impérialiste franchit la rivière Dagauva.

En 1702 la Suède affronte les troupes de l’hetman de Lituanie Michal Serwacy Wisniowicki et s’empare de Wilno au mois d’avril. L’armée saxo-polonaise est écrasée le 19 juillet 1702 à Kliszow à 50km au nord de Varsovie.

Auguste II se replie sur Sandormiez pendant que les suédois occupent Cracovie puis Varsovie. Le roi de Pologne n’à d’autre choix que de se retirer en Saxe. Charles XII fait élire comme nous l’avons vu un nouveau roi Stanislas Leczynskiy.

L’armée saxonne est à nouveau vaincue à Fraustadt (Wschowa) près de la frontière avec la Silésie, cette défaite entrainant le Traité de Altranstadt (24 septembre 1706). Auguste II reconnaît Stanislas comme roi de Pologne.

Charles quitte la Saxe en août 1707, laissant en Pologne 24000 homms pour aller avec 35000 hommes combattre en Russie. La suite est connue, Poltava tout ça tout ça. En 1710 l’armée suédoise se retire de Pologne direction la Poméranie. La mort de Charles XII entraine la division de la coalition, les différents protagonistes se disputant nombre de territoires, la menace russe étant un moteur majeur des négociations.

La guerre russo-polonaise (1792)

Du 18 mai au 27 juillet 1792 les polonais et les russes s’affrontent pour l’ultime épisode des guerres polono-russes, ce conflit aboutissant au deuxième partage de la Pologne, la République des Deux-Nations entrant en phase de décomposition et d’agonie. Le résultat du conflit était pour ainsi dire écrit d’avance, Saint-Pétersbourg engageant 106000 hommes, Varsovie 37000.

Les russes sont organisées en deux armées, l’Armée de Kakhavsky dispose de 64000 hommes répartis en quatre corps d’armée, l’Armée de Kretchetnikov comprend lui 38000 hommes avec quatre corps d’armée dont celui de la confédération de Targowice.

En face les polono-lituaniens peuvent en théorie aligner 48000 polonais et 15000 lituaniens mais en réalité seulement 37000 hommes sont engagés.

Le 14 juin 1792 les russes l’emporte à Boruszhowice, 5000 russes défaisant 1800 polono-lituaniens, ces derniers prennant leur revanche à Zielence (15357 polonais contre 11000 russes) le 18 juin 1792.

Les polonais l’emporte à nouveau à Dubienka le 18 juillet 1792, engageant 5000 hommes contre 18000 russes. Les russes l’emporte à Zelva (4 et 5 juillet 1792) après avoir engagé 6500 hommes contre 7000 polonais.

Les polonais l’emporte à Kzemien le 24 juillet 1792 après avoir engagé 12000 hommes contre 4500 russes. Les polonais remportent une ultime bataille le 26 juillet 1792 (Nda lieu inconnu)

Les unités de volontaires polonais au service de la France

Le 9 janvier 1797 deux légions polonaises sont créées pour intégrer l’Armée de la république lombarde, chaque légion comprenant trois bataillons à six compagnies de 125 hommes auxquelles on ajoute trois compagnies d’artillerie. Les effectifs atteignent très vite 5000 hommes.

Ces unités combattent en Italie et répriment de nombreuses révoltes bien loin de leur espoir de combattre pour libérer leur patrie. En mai 1798 les polonais occupent Rome. La même année les effectifs atteignent 10000 hommes, les polonais combattant les anglais dans le Royaume de Naples.

En 1799 les pertes sont particulièrement sévères, les polonais se retrouvant en première ligne, les meilleures troupes se trouvant en Egypte. Les polonais participent aux batailles de Novi et de Zurich.

Le 10 février 1800 les survivants des légions polonaises d’Italie sont réorganisées à Marseille sous la forme de la Légion italique censée aligner 9000 hommes mais les effectifs vont atteindre péniblement 5000 hommes.

Le 8 septembre 1799 est créée la Légion du Danube composée d’un état-major, d’unités d’artillerie, de quatre bataillons d’infanterie et d’un régiment de uhlans à quatre escadrons. Elle combat en Bavière et participe à la bataille de Hohenlinden (3 décembre 1800).

En 1801 les polonais sont envoyés dans le Royaume d’Etrurie et de Toscane. Le moral est très bas car ces soldats veulent combattre les partageurs de la Pologne et non réprimer les révoltes.

Le 21 décembre 1800 les légions polonaises sont dissoutes et transformées en trois demi-brigades, la légion polonaise d’Italie forme le gros des 1ère et 2ème demi-brigades étrangères, la Légion du Danube formant la 3ème demi-brigade étrangère. Ces unités intègrent ensuite l’armée française sous la forme des 113ème et 114ème demi-brigades de ligne.

Après l’Italie les polonais vont combattre aux Antilles à Saint-Domingue en 1802/03. 4000 polonais vont y mourir, 400 restant sur l’île, d’autres se sont dispersés dans les Caraïbes, 700 retournant en France.

En 1805 les polonais stationnés en Italie forment la 1ère légion polonaise et en 1806 les légions de Dombrowski et du Danube sont réduites à un régiment d’infanterie et de cavalerie, combattant en Italie.

Toujours en 1806, une Légion du Nord est formée, légion qui est bientôt accompagnée par une division polonaise à trois régiments. Les troupes dans cette unité sont cependant de piètre qualité. Une 2ème légion du Nord est mise sur pied le 23 septembre 1806 mais elle fusionne avec la première dès mars 1807.

En juin 1807 la Légion du Nord composée de quatre régiments d’infanterie et de trois régiments de cavalerie est à Varsovie, Kalisz et Cracovie.

La division polonaise (trois régiments d’infanterie et de trois régiments de chasseurs de Posen) est avec le 8ème Corps d’Armée du général Mortier participe à la bataille de Friedland (14 juin 1807). En mars 1808 la Légion du Nord est versée dans l’armée du Duché de Varsovie.

Le 5 avril 1807 une légion polacco-italienne est créée avec un régiment de lanciers et trois régiments d’infanterie.

Légion de la Vistule

Elle passe au service de la Westphalie en octobre 1807 puis à nouveau au service de la France en mars 1808. le 29 mars 1808 l’unité devient la Légion de la Vistule, le régiment de lanciers comprend quatre escadrons soit 47 officiers et 1171 hommes. Les trois régiments d’infanterie comprennent 140 hommes par compagnie, 840 par bataillons, 1680 par régiment, 5040 pour trois régiments. A la mi-1808 les effectifs sont passés à 6000 hommes.

Après la victoire de Wagram on tente de mettre sur pied une légion avec les prisonniers de guerre polonais de l’armée autrichienne mais faute d’effectifs suffisants elle fusionne avec la Légion de la Vistule. Cette dernière combat en Espagne puis s’illustre en Russie, en Allemagne et en France, 96000 polono-lituaniens participant à la campagne de Russie en 1812.

Quand la Grande Armée repasse le Niémen à la suite de la retraite, la légion sur la Vistule ne compte plus que 1500 hommes sur les 7000 du départ. Les polonais se sont illustrés à la bataille de la Moskova, à Winkowo et sur la Bérézina qui contrairement à ce qu’on pense souvent est une victoire française et non un désastre. En 1813 les polonais participent à la bataille de Leipzig et en 1814 à la campagne de France. Des polonais sont encore là sur l’île d’Elbe et pendant les Cent-Jours.

Parmi ces polonais figure le 1er régiment de chevau-légers lanciers polonais de la Garde impériale, une unité créée le 6 avril 1807 et dissoute le 1er octobre 1815. Elle combat en Espagne, s’illustrant sur le col de la Somossiera, en Autriche (1809), en Espagne (1810/11), en Russie (1812), en Allemagne (1813), en France (1814) avant d’accompagner Napoléon dans son exil sur l’île d’Elbe puis lors de l’aventure des Cent Jours.

Les guerres de la 4ème coalition (1806/07)

Unité de l’armée du Duché de Varsovie

Cette guerre qui à la Prusse et la Pologne pour théâtre aboutità la création du Duché de Varsovie, un compromis entre le maintien de la domination étrangère sur la Pologne et la renaissance d’un véritable royaume de Pologne, un compromis qui ne satisfait guère les polonais, les plus optimistes y voyant une première étape.

Ce sont les victoires françaises de Saalfeld (10 octobre 1806), Iena et Auerstaedt (14 octobre) _Berlin tombant le 27 octobre 1806_ , Eylau le 8 février 1807 et Friedland le 14 juin 1807, ces combats aboutissant à la paix de Tilsit et à une éphémère alliance franco-russe.

Pologne et Pays Neutres (56) Suisse (6)

FORCES ARMEES SUISSES

Une histoire militaire de la Suisse

Avant-propos

Dans cette partie je vais parler non pas de l’armée suisse stricto sensu mais des unités militaires de recrutement helvétique en service dans les armées étrangères notamment en France qui depuis 1515 avait le monopole du recrutement des mercenaires suisses particulièrement réputés pour leur qualité, leur énergie et leur agressivité (dans le bon comme dans le mauvais sens du terme).

Au service de la France

Du 15ème au 19ème siècle une armée populaire, une armée nationale n’allait pas de soit à la fois parce que le sentiment national était naissant, que la noblesse rechignait à armer le «peuple» et qu’il était plus facile de faire appel à des mercenaires, des professionnels de la guerre avec toutes les limites que cela comporte.

Parmi les mercenaires les plus recherchés figuraient les suisses réputés pour des fantassins robustes voir agressifs au point que certains gentilhommes se plaignaient du comportement de ces montagnards avant, pendant et après la bataille.

La France par la paix perpétuelle reçoit le monopole du recrutement des suisses (avec une exception le pape) qui vont former un important contingent de soldats de métier fidèles et dévoués jusqu’au sacrifice suprême comme aux Tuileries le 10 août 1792.

Tous les régimes politiques français à l’exception de la Révolution vont disposer au sein de leurs armées d’unités suisses. C’est sous la Monarchie de Juillet que l’existence de ces unités prend fin mais pour mieux renaitre au sein d’un corps appelé à devenir légendaire : la Légion Etrangère.

Les premières unités suisses permanentes au sein de l’armée française remontent à la fin du 15ème siècle. Ce sont les Bandes Suisses qui vont constituer parmi les premières unités militaires françaises permanentes après les francs-archers et avant les Bandes Françaises (1480-1567).

De 1477 à 1553 des levées annuelles sont réalisées pour des campagnes précises et licenciées à la fin de la dite campagne. Vous direz mais où est la permanence ? Elle est peut être à trouver dans la volonté royale de s’appuyer sur des unités permanentes plus que sur les unités stricto sensu.

La première levée à lieu en 1477 avec 6000 hommes qui participent au siège de Dôle puis à la campagne de Picardie contre le duc de Bourgogne Charles le Téméraire dont la puissance inquiétait de plus en plus les cantons suisses.

En 1479 les francs-archers sont licenciés et au printemps 1480 on procède à une levée de 5900 hommes. Les archives ont gardé la trace de l’origine de ces hommes. Les cantons de Zurich et de Berne fournissent chacun 1000 hommes, le canton de Lucerne 800, les cantons d’Uri, de Schwytz, d’Unterwald, de Zoug et de Glaris fournissent ensemble 2000 hommes, les cantons de Fribourg et de Soleure fournissent 1000 hommes et Berne 150. A ces fantassins s’ajoutent 400 cavaliers.

Outre leur force militaire, les suisses forment les hommes de pied français à la tactique d’infanterie mais aussi à la coopération avec la cavalerie et l’artillerie. Au bout d’un an les suisses sont congédiés.

En 1484 ce sont pas moins de 8000 suisses qui sont appelés pour la Guerre de Bretagne (1487-1491) étant congédiés seulement en 1490. Un autre contingent de 8000 hommes participe à la Bataille de St Aubin du Cormier considérée par les nationalistes bretons comme la fin de l’indépendance du duché de Bretagne qui étaient de puissants seigneurs («Les ducs de Bretagne n’étaient pas de petits compagnons»). Ce dernier contingent est licencié en 1488.

En 1491 et 1492 deux contingents de respectivement 8 et 4000 hommes sont levés mais sont congédiés en fin d’année.

Deux ans plus tard en 1494, 8000 suisses participent à l’Expédition d’Italie se distinguant notamment à la Bataille de Fournoue (6 juillet 1495).

En 1495 10000 valaisans et grisons sont envoyés en renfort en Italie. Ils sont congédiés en fin d’année sauf une compagnie conservée pour la garde du roi de France (c’est l’origine de l’unité des Cent-Suisses).

En 1496 4000 suisses 1000 valaisans et 1000 grisons sont envoyés à Naples. Ils sont licenciés à la fin du mois d’octobre.

En 1499 12000 suisses participent à la deuxième guerre d’Italie (1499-1500). En 1500 ce sont pas moins de 20000 suisses qui sont envoyés en Italie. En 1502 4000 suisses combattent en Italie et en 1507 ce sont 10000 montagnards qui franchissent le col du Petit St-Bernard pour participer au siège de Gênes.

En 1509 8000 suisses passent en Italie par le col du Saint-Gothard pour participer à la guerre contre Venise et à la bataille d’Agnadel.

En 1521 4000 suisses servent au sein de l’armée d’Italie (ils sont licenciés l’année suivante). La même année 6000 autres suisses sont engagés en Picardie (ils sont également licenciés en 1522).

En mars 15222 16000 suisses participent à la sixième guerre d’Italie et notamment à la Bataille de la Bicoque (licenciés en 1522) (NdA j’ignore si les contingents cités juste au dessus en faisait partie)

En 1524 ce sont pas moins de 13000 suisses et de 10000 grisons qui sont engagés en Italie. Ils sont licenciés en 1525.

En 1527 10000 suisses servent au sein de l’armée française au sein de trois corps d’armée, ces hommes n’étant licenciés qu’en 1536.

En 1536 ce sont onze bandes soit 6000 hommes qui opèrent en Picardie contre les armées espagnoles. De 1537 à 1539 on trouve 8000 suisses.

L’année suivante en 1538 la France lève 14000 suisses suivis en 1542 de 14000 autres sachant que 8000 d’entre-eux sont envoyés dans le Roussillon et 6000 en Picardie.

En 1543 7000 suisses sont envoyés en Picardie (congédiés en 1545) et la même année 7000 grisons vont combattre jusqu’en 1545 toujours en Picardie. Toujours en 1543 6000 suisses combattent à la Bataille de Cerisoles aux côtés de 5000 grisons. En 1545 22000 hommes sont levés (une levée de 6000 hommes et une autre de 16000).

En 1553 10000 hommes sont levés et licenciés la même année. A noter qu’à partir de 1549 les troupes suisses vont modifier leur organisation et prendre la forme d’un régiment portant le nom de leur colonel commandant et souvent pour ne pas dire toujours propriétaire.

En 1672 est créé le Régiment d’Erlach qui après plusieurs changements de nom devient en 1782 le Régiment d’Ernest. Le 1er janvier 1791 les régiments reçoivent un numéro et le régiment d’Ernest devient le 63ème régiment d’infanterie de ligne. Il est licencié le 20 août 1792.

Toujours en 1672 est créé le Régiment de Stuppa qui devient en 1782 après plusieurs changements de nom le Régiment de Salis-Samade. Devenu le 64ème régiment d’infanterie de ligne le 1er janvier 1791, il est licencié le 20 août 1792 suite à la chute de la monarchie.

A noter que 32 grenadiers et 82 invalides du régiment étaient présents à la Bastille un certain 14 juillet 1789.

Le Régiment de Salis est créé le 17 février 1672. Le 26 décembre 1768 il devient le Régiment de Sonnenberg. Rebaptisé 65ème régiment d’infanterie de ligne le 1er janvier 1791, il est licencié le 20 août 1792 après une histoire riche en événements.

En effet ce régiment à participé à la guerre de Hollande (1672-1679), à celle des Pays-Bas (1683-1684), à la guerre de la Ligue d’Augsbourg (1689-1697) et à la guerre de Succession d’Espagne (1701-1714).

Le Régiment de Castellas est créé le 17 février 1672 sous le nom de Régiment de Pfiffer. Il prend le nom de régiment de Castellas le 14 mars 1756. Rebaptisé 66ème régiment d’infanterie de ligne le 1er janvier 1791 avant d’être licencié le 20 août 1792.

Ce régiment participe à la guerre de Hollande, à la guerre de la Ligue d’Augsbourg ainsi qu’aux guerres de succession d’Espagne et d’Autriche ainsi qu’à la guerre de Sept Ans. A la dissolution les hommes souhaitant rester au service de la France sont versés à la Légion de Luckner.

Le Régiment de Châteauvieux est créé le 28 janvier 1677 sous le nom de Régiment de Stuppa le Jeune adoptant le premier nom cité en 1783. Rebaptisé le 1er janvier 1791 76ème régiment d’infanterie de ligne. Cette unité participe notamment à la guerre de Succession d’Espagne.

Le Régiment de Courten est créé le 6 février 1690. Il est rebaptisé 86ème régiment d’infanterie de ligne le 1er janvier 1791 avant d’être licencié le 20 août 1792.

Le Régiment de Diesbach est créé le 1er janvier 1690 sous le nom de Régiment de Sanlis, adoptant le premier nom cité le 4 janvier 1721. Rebaptisé 85ème régiment d’infanterie de ligne le 1er janvier 1791 il est licencié le 20 août 1792.

Durant sa carrière il participe à la guerre de la Ligue d’Augsbourg, aux guerres de Succession d’Espagne et d’Autriche ainsi que la guerre de Sept Ans.

Le Régiment de Hallwyl est créé sous le nom de Régiment de Karrer en 1719. Rebaptisé le 21 août 1752, il est licencié le 1er juin 1763 intégrant le Régiment de Béarn. Il à combattu en Lousiane et sur les îles à sucre.

Le Régiment de Meuron est un régiment particulier. Il est en effet créé le 28 mai 1781 au service des Provinces-Unies mais le recrutement est piloté par la France. En 1795 il passe au service de la Grande-Bretagne. Il était composé de deux bataillons à cinq compagnies chacune.

Envoyé aux Indes il y est commandé par un certain Arthur Wellesley futur duc de Wellington. Il est envoyé en 1807 au Canada participant à la guerre de 1812. Le régiment est licencié le 11 mars 1816, certains soldats restant au Canada tandis que d’autres rentrent en Grande-Bretagne.

Le Régiment de Vigier (qui prend ce nom en 1783) est créé le 5 décembre 1673 sous le nom de Régiment de Greder. En 1791 il devient le 69ème régiment d’infanterie de ligne avant d’être dissous le 26 août 1792.

Durant sa carrière il participe à la guerre de Hollande, à la guerre des Pays-Bas, à la guerre de la Ligue d’Augsbourg, à la guerre de Succession d’Espagne, à la guerre de Succession de Pologne (1733-38), à la guerre de Succession d’Autriche et à la guerre de Sept ans. Il participe également à l’Affaire de Nancy (1790), une mutinerie violement réprimée par le marquis de Bouillé ce qui allait conduire Louis XVI à prendre la décision de fuir à Varennes.

Le Régiment de Meinach est créé sous le nom de Régiment d’Eptingen en 1758. Rebaptisé en 1786, il devient le 1er janvier 1791 le 100ème régiment d’infanterie de ligne. Il est licencié le 20 août 1792.

Ce régiment à douze compagnies participe à la guerre de Sept Ans puis à la guerre d’indépendance de Corse (1768-69).

Le Régiment de Salis est créé le 1er juin 1734 sous le nom de Régiment de Travers. Rebaptisé en 1740, il devient le 1er janvier 1791 le 95ème régiment d’infanterie de ligne. Il est licencié le 20 aoû 1792.

Le Régiment de Steiner est créé le 1er mars 1752 sous le nom de régiment de Lochmann. Il adopte le premier nom cité le 24 novembre 1782. Le 1er janvier 1791 le régiment est rebaptisé 97ème régiment d’infanterie de ligne. Le régiment qui durant sa carrière à participé à la guerre de Sept Ans est licencié le 20 août 1792, 300 des 500 hommes du régiment restant en France et s’engagent dans la cavalerie.

La République Helvétique au titre de la convention du 19 décembre 1798 lève un contingent de 18000 hommes. Ce contingent doit se composer de six demi-brigades à trois bataillons. Néanmoins en janvier 1801 en raison d’effectifs insuffisant des fusions sont réalisées : la 1ère demi-brigade avec la 6ème, la 2ème avec la 4ème et la 3ème avec la 5ème demi-brigade.

Sous Napoléon 1er des régiments suisses servent au sein de la Grande Armée en l’occurrence quatre régiments suisses, un bataillon de Neuchâtel et un bataillon valaisan.

Le 1er Régiment Suisse est créé en 1805 et dissous en 1815. Ce régiment participe aux bataillons des troisième (1805), quatrième (1806-1807) et sixième coalitions (1812-1814).

En 1805/06 il est déployé en Italie pour combattre les anglais et leurs alliés napolitains. Il participe ensuite à la Campagne de Russie en 1812.

Le 2ème Régiment Suisse est actif de 1806 à 1814 et en 1815 au moment des Cent-Jours. Il est engagé dans la guerre péninsulaire (1807-1812), la campagne de Russie (1812) et la campagne de France en 1814.

Le 3ème Régiment Suisse est actif de 1806 à 1814, le régiment étant engagé dans la guerre péninsulaire jusqu’en 1812, dans la Campagne de Russie (1812) et dans la Campagne de France (1814), campagne ou Napoléon montre qu’il n’à pas perdu la main mais malgré son génie et l’enthousiasme des «Marie-Louise» le déséquilibre était trop important avec des ennemis bien décidé à détrôner celui que les anglais appelaient «L’Ogre Corse».

Le 4ème Régiment Suisse est créé le 15 octobre 1806 et dissous en 1814 au moment de la première restauration. Durant sa première vie il participe d’abord aux batailles d’Heilsberg (10 juin 1807 victoire tactique française) et de Friedland (14 juin 1807 victoire française).

Il est ensuite envoyé sur les côtes de Gironde pour défendre les côtes avant de participer aux combats menés par la France au Portugal. Portant un pantalon blanc et une veste rouge, ce régiment à combattu d’autres suisses engagés eux auprès de l’armée espagnole qui portaient eux un pantalon blanc et une veste bleue.

Le régiment reste au Portugal jusqu’en 1812 avant de participer à la Campagne de Russie puis aux campagnes d’Allemagne et de France (1813 et 1814 respectivement).

Il est réformé par les décrets des 11 et 15 avril 1815 et du 20 mai sous le nom de 2ème régiment étranger. Ces décrets organisaient huit régiments étrangers avec un 1er régiment étranger composé de piémontais et d’italiens, un 2ème régiment composé de suisses, un 3ème de polonais, un 4ème d’allemands, un 5ème de belges, un 6ème d’espagnols et de portugais, un 7ème d’irlandais et un 8ème d’italiens.

Appelé également Bataillon Stoffel, cette unité qui est quasiment anéantie à la Bataille de Wavre le 18 juin 1815 est définitivement licenciée en octobre 1815 après le retour des Bourbons sur le trône de France.

Enfin presque puisque sur les cendres de ce 2ème régiment étranger nait le Régiment de Hohenlohe, unité d’abord baptisée Légion Etrangère Royale puis Légion de Hohenlohe. En 1821 il devient régiment mais est dissous le 5 janvier 1831. Les traditions de l’unité sont reprises par la Légion Etrangère qui reprend un pas lent pour défiler (88 pas par minute contre 120).

Le 11 mai 1807 un décret du maréchal Louis-Alexandre Berthier créé le Bataillon de Neuchâtel, un bataillon d’infanterie de ligne destiné notamment à servir de garde pour celui qui était prince de Neuchâtel. Cette unité était composée de six compagnies de volontaires et une batterie d’artillerie soit 1050 hommes.

Il participe à la bataille de Wagram (1809) au cours de laquelle il assure la garde des ponts sur le Danube. En Espagne il s’illustre dans une guerre d’un genre nouveau à savoir la contre-guerilla ou petite guerre comme disait Clausewitz.

Décimé durant la Campagne de Russie, il est réduit à une compagnie qui participe aux campagnes d’Allemagne et de France. L’unité est dissoute le 1er juin 1814.

On trouve également un Bataillon Valaisan opérationnel de 1807 à 1814, le bataillon combattant en Espagne.

Outre les unités régulières que nous venons de voir la France à confié aux suisses la protection du souverain. Ce choix peut s’apparaitre de prime abord curieux mais comme l’à montré également l’épopée de la garde varègue du côté Byzance une garde étrangère avait l’avantage d’être imperméable aux clans, coteries et autres intrigues de cour.

Les Cent-Suisses forment une compagnie de 100 hommes tous armés à l’origine d’une hallebarde avant que l’équipement se complexifie avec l’ajout de piquiers et d’arquebusiers.

La compagnie est officiellement créée en 1495 mais il semble que par le passé les souverains français avaient pris l’habitude d’être protégés par des détachements suisses.

Ce corps de la Maison du Roi est supprimé le 12 mai 1792. Reconstitué au printemps 1814 il accompagne Louis XVIII à Gand et lors de la deuxième restauration continue à protéger le frère de Louis XVIII avant de protéger son successeur, son frère Charles X.

L’unité disparaît en juillet 1830 au moment de la Révolution qui renverse l’ancien duc d’Artois. Cette unité à inspiré la création d’unités semblables en Savoie, en Toscane, en Autriche (1581-1767), au Brandebourg et naturellement au Vatican avec la célèbre Garde suisse pontificale.

Le Comte d’Artois futur Charles X en uniforme des gardes suisses

Ce dernier avait disposé de 1773 au 25 juin 1791 d’une unité suisse la compagnie des suisses de Monsieur le Comte d’Artois.

Suite à la bataille de Marignan une paix perpétuelle est signée entre le royaume de France et les cantons suisses le 29 novembre 1516. Entre-temps le 7 novatrices 1515 le traité de Genève avait en théorie réservé le recrutement de mercenaires suisses à la France et à la papauté, ce traité restant en vigueur jusqu’en 1792.

En 1573 Charles IX met sur pied l’unité des gardes-suisses qui sont organisés en régiments à partir de 1616. Ils portent un uniforme rouge rehaussé de bleu.

Ce régiment des gardes-suisses va exister de 1616 à 1792 date de sa dissolution suite à la chute de la Monarchie.

Paradoxalement ce régiment n’appartient pas à la Maison Militaire du roi de France mais assure toutes les fonctions. Sur le champ de bataille forme une brigade avec les gardes-français.

Composé de douze compagnies de 200 hommes soit 2400 hommes, ce régiment porte un uniforme rouge avec des revers bleu foncé et des parements de broderie blanche. En 1763 une compagnie de grenadiers est créée, compagnie qui se distingue par son couvre-chef. Exit le tricorne et bonjour le bonnet en poil d’ours.

En 1760 pas moins de 12888 suisses servaient le roi de France au sein de douze régiments, le régiment des gardes-suisses comprennant 2324. En 1791 la Maison Militaire du roi de France est supprimée et seul est préservé le régiment des gardes-suisses.

Sous la Restauration deux des huit régiments d’infanterie de la Garde Royale sont composés de suisses. Ces régiments sont supprimés par la Monarchie de Juillet le 11 août 1830.

Durant sa longue et prestigieuse carrière, les gardes-suisses et leurs ancêtres immédiats ont participé à la neuvième guerre d’Italie (1542-1546 dont la bataille de Cerisoles), à la troisième guerre de religion (1568-1570), à la guerre franco-savoyarde (1600-1601), à la répression des rebellions huguenotes (comme la siège de Montpellier en 1622), la guerre de Succession d’Espagne (1701-1714) et notamment les batailles de Ramillies et d’Audenarde, à la guerre de Succession d’Autriche (1740-1748) notamment la bataille de Fontenoy.

Longtemps logés chez l’habitants (habitude qui n’à de cesse de provoquer critiques, excès et abus en tout genre) les gardes-suisses sont casernés à partir de 1754 à Rueil-Malmaison, Courbevoie et Saint-Denis.

Au service du pape : la garde suisse pontificale

Prestation de serment des nouveaux gardes suisses protégeant le pape

Avec leur uniforme coloré les gardes suisses pontificaux sont parmi les plus célèbres soldats du monde faisant le bonheur des touristes. C’est aussi l’une des plus anciens unité militaire permanente du monde puisqu’elle à vu le jour le 22 janvier 1506 sur l’ordre du pape Jules II qui maniait aussi bien le goupillon que l’épée.

Elle est actuellement composée de 135 hommes citoyens suisses de sexe masculin et de confession catholique. La taille minimale requise est de 174cm, le célibrat est exigé et l’âge est compris entre 19 et 30 ans.

Ils s’illustrent le 6 mai 1527 quand 147 de ces mercenaires de Dieu sont tués en protégeant la fuite du pape Clement VII en direction du château Saint-Ange (42 gardes-suisses assuraient sa protection rapprochée) alors que la ville éternelle avait prise et pillée par des lansquenets mutinés car non payés comme cela arrive souvent à l’époque. Dès 1528 le 6 mai devient le jour où les recrues prêtent serment.

Cette unité à cohabité avec la garde corse (1603-1662), la garde noble et la garde palatine (dissoutes dans les années soixante-dix).

Cette unité n’à plus combattu depuis 1870 et sa défaite contre les troupes italiennes qui cherchaient à achever l’unité du pays en s’emparant de Rome. A noter que depuis 1929 les citoyens suisses peuvent s’engager dans cette unité sans l’autorisation du Conseil Fédéral.

Au service de la perfide Albion et d’autres états

De 1799 à 1801 l’armée britannique disposait d’un régiment de recrutement helvétique le Régiment de Roverea. Une Légion suisse britannique à été levée pour la guerre de Crimée.

Des unités suisses ont également été utilisées par le Royaume de Naples avec pas moins de quatre régiments, le 1er étant composé de lucernois, d’uranais, d’unterwaldiens et d’appenzellois, le 2ème était composée de fribourgeois et de Soleurois, le 3ème de valaisans de grisons de schwytzois alors que le 4ème était composé de bernois.

Sous l’autorité des Provinces-Unies et du Royaume de Hollande on trouvait également des unités de recrutement helvétique à savoir l’unité des Gardes Suisses ou Ewitserse Gardes, le régiment d’infanterie Constant-Rebecque, le régiment d’infanterie Salisch et le régiment d’infanterie Stusler.

Le Royaume de Sardaigne dispose également d’unités suisses ce qui est logique pour le royaume de la Maison de Savoie. On trouve le régiment Du Pasquier, le régiment Grison de Thonatz, le régiment grison, le régiment Keller, le régiment de Glaris et d’Appenzell, le régiment grison (Peyer-Imhof), le Régiment de St Gall et le Régiment de Lucerne.

Pologne et Pays Neutres (37) Portugal (17)

Marine

Une histoire navale du Portugal : entre grandes découvertes et batailles navales

Quand l’histoire navale portugaise commence-t-elle ? On peut citer l’année 1180 quand à lieu une bataille de la Reconquista en 1180 au large du Cap Espichel une escadre lusitanienne commandée par le chevalier Fuas Roupinho défait une escadre musulmane.

Ce chevalier lance en 1181 et 1182 deux raids pour s’emparer de Ceuta, décédant au cours de la deuxième tentative. Il faudra attendre 1414/15 pour que la ville tombe aux mains des portugais (avant de passer sous souveraineté espagnole).

Si la majorité des batailles de la Reconquista sont terrestres, la marine portugaise joue un rôle capitale en sécurisant les côtes et en ravitaillant les troupes. Elle participe à la prise des villes d’Alcacer do Sal, de Silves et de Faro. Elle combat également la Castille lors d’incursions menées par cette dernière dans les terres portugaises.

Par la suite elle va naturellement être engagée dans la croisade menée par les portugais contre l’Afrique du Nord avant que les monarques lusitaniens ne préfèrent les grandes découvertes moins risquées _tout est relatif_ et plus lucratives _tout est relatif_ (bis).

Le 12 décembre 1317 le roi Denis organise la marine portugaise en faisant de Manuel Pessanha, un génois (Emmanuel Pessagno de son vrai nom) le premier amiral du royaume. Cette date est considérée aujourd’hui comme la date de création officielle de la marine portugaise qui à célébré son 700ème anniversaire le 12 décembre 2017.

En 1321 la marine portugaise attaque des ports musulmans d’Afrique du Nord. Entre 1336 et 1341, les portugais posent les jalons de l’expansion en direction notamment des Canaries (qui seront finalement conquises et colonisées par l’Espagne).

Durant la guerre de succession portugaise de 1383 à 1385, la marine portugaise combat son homologue castillane. Une campagne navale portugaise est menée en Galice pour s’emparer de villes côtières mais aussi détruire la base du Ferrol d’où sont partis les navires castillans assiégeant Lisbonne.

La marine portugaise va ensuite participer aux explorations et à la constitution de l’empire colonial portugais en direction de l’Afrique, de l’Amérique et de l’Asie.

Henri le Navigateur

Le patron de cette exploration c’est naturellement Henri le Navigateur (1394-1460), un infant qui en dépit de son surnom n’à jamais navigué !

En 1419 les portugais découvrent l’île de Madère puis en 1427 découvrent les Açores. En 1434 Gil Eanes dépasse le cap Bojador. Le cap Blanc est atteint en 1441, le banc d’Arguin en 1443, le fleuve Sénégal et le Cap-Vert en 1444. Henri le Navigateur accède ainsi à l’or et aux esclaves sans passer par l’intermédiaire des marchands arabes. En 1462 la future Sierra Leone est atteinte.

Après la mort de Dom Henrique l’exploration se poursuit avec la découverte du cap de Bonne Espérance en 1488 que son découvreur Bartolomeu Dias avait baptisé «Cap des Tempêtes». Dix ans plus tard Vasco de Gama arrive aux Indes à Calicut (1498) et en 1500 Pedro Alvares Cabral découvre le Brésil qui va devenir le joyau du premier empire colonial portugais.

Entre 1519 et 1521 un navigateur portugais Fernand de Magellan est le premier à tenter une circumnavigation (tour du monde). Je dis bien tenter puisqu’il est mort aux Philippines dans une querelle entre roitelets locaux.

La mise en place de l’empire colonial n’est ni une sinécure ni une partie de plaisir notamment dans l’Océan Indien où les ottomans s’opposent aux portugais directement ou via des royaumes clients.

En 1509 la bataille de Diu voit une escadre portugaise commandée par Francisco de Almeida remporte une victoire contre les ottomans et les musulmans d’Inde asseyant définitivement l’emprise lusitanienne dans la région.

Les navigateurs portugais se rendent également en Chine (1517), à Formose et au Japon où ils sont les premiers européens à s’y rendre. Ils découvrent ce qui se révélera ultérieurement (mais on le sait pas encore) l’Australie (1522). Les portugais détruisent une escadre ottomane à l’entrée de la mer Rouge en 1542 et la même année se rendent jusqu’en Californie. Dès 1520 des navigateurs portugais se rendent dans ce qui deviendra la Nouvelle Angleterre. En 1588 ils explorent la baie d’Hudson.

Entre-temps en 1520 le roi Manuel 1er organise la flotte portugaise en trois flottes permanentes : une flotte côtière pour les patrouilles le long du littoral, une flotte des îles basées aux Açores pour protéger les îles lusitaniennes et la flotte des détroits qui opérait dans la zone du détroit de Gibraltar pour sécuriser les lignes de communications en direction de la Méditerranée et de l’Afrique du Nord.

Si les deux premières flottes possédaient majoritairement des navires à voile, la flotte des détroits était essentiellement composée de navires à rames (galères et fustes). Cette organisation va rester en place jusqu’au début du 19ème siècle. Aux côtés de ces flottes, des groupes occasionnels ont également été mis sur pied.

En 1535 le gallion Botafogo armé de 366 canons et d’un belier participe à l’expédition de Tunis en 1535. En 1567 une escadre portugaise expulse les français installés en baie de Guanabara (Brésil).

En 1580 Philippe II devient Philippe 1er de Portugal. Le Portugal reste en théorie un royaume indépendant mais en réalité la patrie de Camoes est unie à celle de Cervantes. La marine portugaise reste opérationnelle mais les portugais ont eu la désagréable sensation que la défense de leurs possessions coloniales à été sacrifiée au profit de la défense de l’empire espagnol. Cela jouera clairement dans la révolte de 1640.

C’est ainsi qu’en 1588 l’Invincible Armada est composée en partie de navires portugais avec leur fleuron, le navire-amiral Sao Martinho , un escadron de neuf galions renforcé d’un galion venant de Toscane et de deux zabras ainsi qu’un escadron de quatre galères soit un total de seize navires et de plus de 5800 marins.

Cette Union Iberique à aussi un impact sur l’empire colonial portugais qui est attaqué par les anglais, les français et les néerlandais, trois ennemis de l’Espagne. La marine portugaise à aussi mené des missions de luttre contre la piraterie en Méditerranée et dans l’Océan Indien.

En 1618 le premier régiment d’infanterie de marine est créé. C’est le Terço da Armada da Coroa de Portugal qui est l’une des plus anciennes unités de ce type. Ce «Régiment de la Marine de la Couronne du Portugal» n’est pas né de rien puisque dès 1585 des unités d’infanterie et d’artillerie sont mises sur pied.

En 1625 une flotte portugaise dirigée par Rui Freire de Andrade expulse les anglo-néerlandais du détroit d’Ormuz ce qui permet aux portugais de reprendre le contrôle du golfe Persique. La même année la ville de Salvador de Bahia tombée aux mains des néerlandais en 1624 est reprise par une force luso-espagnole de 52 navires et 12000 marins dont l’infanterie de marine portugaise.

Le 1er décembre 1640 le Portugal se révolte et doit se battre contre les espagnols pour que l’indépendance passe de l’idée à la réalité. La marine portugaise est du côté des révoltés.

Elle parvient à défendre les colonies portugaises et même à reconquérir certains territoires tombés aux mains des néerlandais.

Elle participe quelques années plus tard à la Guerre de Succession d’Espagne (1700-1714) aux côtés des anglais. Un escadron de huit navires de ligne est ainsi envoyé au large de Gibraltar en 1705 alors que le rocher est assiégé par une armée franco-espagnole.

Cet escadron participe notamment à la bataille de Cabrita Point (21 mars 1705 35 navires anglo-luso-néerlandais contre 18 navires franco-espagnols. Pertes inconnues mais les franco-espagnols perdent cinq navires _2 détruits et 3 capturés_ ).

En 1716 à la demande du pape, le Portugal accepte de soutenir Venise dans sa défense contre l’avancée ottomane. Le 19 juillet 1717 une flotte luso-malto-vénitienne dirigée par l’amira-comte de Rio Grande défait la marine ottomane au large du cap Matapan.

De 1762 à 1777, les forces navales portugaises sont également engagées dans la défense du Brésil lors de différents conflits et autres querelles frontalières avec l’Espagne.

A la fin du 18ème siècle, le secrétaire d’Etat à la marine D. Martinho de Melo e Castro réorganise totalement la marine portugaise avec la création d’une académie royale d’enseignes (Academia Real dos Guardas-Marinhas) en 1792. La même année les trois régiments navals (deux d’infanterie et un d’artillerie) sont réorganisés et fusionnés au sein d’une Brigada Real de Marinha (Brigade Royale de Marine) qui dispose de plus de 5000 hommes.

La marine portugaise participe aux guerres de la Révolution et de l’Empire. Une escadre de cinq navires de ligne, deux frégates, deux brigantines et un navire-hôpital est envoyé en Grande-Bretagne pour patrouiller dans La Manche et empêcher la France de se montrer trop remuante.

A la fin du siècle la marine portugaise possède 13 navires de ligne, 16 frégates, trois corvettes, 17 bricks et huit navires de soutien. A cela s’ajoute les moyens déployés en permanence aux Indes à savoir un navire de ligne et six frégates.

En 1798 la marine portugaise est engagée aux côtés des anglais contre la France, des navires lusitaniens opérant au large de l’Egypte et lors du Siège de Malte.

En 1807 le général Junot envahit le royaume de Portugal. Suivant un vieux plan le prince-régent Jean (futur Jean VI) décide d’évacuer la famille royale, la couronne et les élites en direction du Brésil pour se mettre à l’abri de ceux que ses ennemis ont baptisé «l’ogre corse».

Le 29 novembre 1807 la famille royale, le gouvernement et 15000 fonctionnaires et militaires (avec leurs familles) quittent le Portugal direction le Brésil. La flotte concernée comprend huit navires de ligne, cinq frégates et cinq navires plus petits. Elle arrive à Bahia le 22 décembre 1807 et enfin à Rio de Janeiro le 8 mars 1808.

En janvier 1809 le Portugal envahit la Guyane Française, une véritable opération amphibie menée par une flottille portugaise, 550 fantassins de marine lusitaniens, 700 fusiliers brésiliens et une frégate britannique.

La marine portugaise combat également en Asie (campagne antipiraterie depuis la colonie de Macau entre novembre 1809 et février 1810).

Après le retour de la paix suite à la fin des guerres napoléoniennes la marine portugaise est engagée dans une guerre civile opposant libéraux et conservateurs, les premiers défendant les droits de Marie II les seconds ceux de Michel 1er, oncle et mari (sic) de la précédente que l’histoire à retenu sous le nom de Michel 1er l’Usurpateur. C’est aussi à cette époque que le Brésil s’émancipe et se sépare du Portugal, devenant un empire.

C’est ainsi que la marine brésilienne est composée essentiellement d’hommes et de navires issus de la marine portugaise et qui avaient choisit de suivre le futur Pierre 1er.

Cela explique peut être pourquoi bien plus tard la marine auriverde aura elle aussi une prompention à la mutinerie et au coup d’état.

L’indépendance du Brésil ne se fait pas sans heurts, une guerre est nécessaire. Si l’essentiel des engagements est terrestre il y à quelques batailles navales opposants navires portugais et brésiliens donc quasiment des combats fratricides.

En 1825 quand le Portugal reconnaît officiellement l’indépendance de son ancien colonie sud-américaine, l’Académie Royale d’Aspirants se divisee en deux, une pour le Brésil et une pour le Portugal.

La guerre civile portugaise (1828-1834) est essentiellement un conflit terrestre mais il y à tout de même des batailles navales en partie en raison du fait qu’initialement seules les Açores restent fidèles à la reine légitime ce qui impose une reconquête du Portugal continental. Autre problème la marine reste fidèle à l’usurpateur (sic) ce qui impose aux libéraux la lourde tâche de construire une nouvelle marine.

En 1829 la marine migueliste tente de reprendre le contrôle de l’île de Terceira dans l’archipel des Açores mais elle est battue lors de la Bataille de Praia de Vitoria. Celle-ci à lieu le 11 août 1829 quand les miguelistes tentent de s’emparer de la capitale de l’île de Terceira. Après une défense énergique des libéraux, la flotte migueliste est repoussée. Désormais les libéraux disposaient d’une solide base de départ pour reconquérir le Portugal continental.

Enfin presque puisque les miguelistes vont maintenir le blocus de l’île jusqu’en 1831. Une flotte française est envoyée au Portugal pour bloquer Lisbonne et chatouiller les arrières de la flotte migueliste. Elle mouille à l’embouchure du Tage le 11 juillet 1831 avec une nette supériorité puisqu’aux six navires de ligne, trois frégates, trois corvettes et quatre bricks, les forces fidèles à Michel 1er ne disposent que d’un navire de ligne, de quatre frégates et de deux corvettes qui plus est en sous-effectifs.

En juillet 1832 Pierre est parvenu à rassembler une flotte de 60 navires sous le commandement de George Rose Sartorius qui débarque 7500 hommes à Mindelo. La petite armée rallie Porto où elle est bientôt assiégée par l’armée migueliste. Le siège allait durer un an avec plusieurs tentatives libérales pour biser le siège mais sans succès.

Le 20 juin 1833 une partie de cette armée quitte Porto à bord des navires commandés par un autre anglais Charles Napier (qui à succédé à Sartorius) direction l’Algarve pour prendre les forces miguelistes à revers. Sur le chemin du retour, la flotte libérale affronte la flotte migueliste.

C’est la Bataille du Cap St Vincent qui à lieu le 5 juillet 1833. Les libéraux alignent trois frégates, une corvette, un brick et plusieurs navires auxiliaires contre trois vaisseaux de lignes, une frégate, trois corvettes, un chebec et deux bricks.

Les deux flottes se sont mutuellement repérés dès le 3 juillet mais nous sommes à l’époque de la voile et les manœuvres sont dépendantes des éléments. Cela aurait pu aller plus vite avec la présence de navires à vapeur mais ces derniers fuient le camp libéral le 4 juillet. Il faudra donc combattre à l’ancienne.

La bataille se termine par une victoire des libéraux (30 morts et 60 blessés) sur les miguelistes qui ont perdus six navires capturés, 200 à 300 hommes tués ou blessés.

Les libéraux prennent l’initiative et montent à l’abordage, la décision se fera à l’ancienne au corps à corps, les libéraux capturant trois vaisseaux de ligne, une frégate et une corvette dont les équipages se rallient. Un sixième navire va ensuite faire défection et rejoindre le camp libéral. Le reste de la flotte migueliste se replie sur Lisbonne. Pierre fait de Napier le vicomte du cap Saint-Vincent. Peu après la flotte fût décimée par le cholera.

En raison de l’instabilité de la monarchie portugaise la marine du royaume est largement délaissée durant le reste du siècle. D’une marine océanique la marine portugaise devient une marine tout juste capable de patrouiller dans les eaux littorales. Autant dire que pour protéger ou étendre les colonies on repassera…… .

Dans les années 1830 les premiers bâtiments à vapeur entrent en service mais on produit encore des navires de ligne à voile (le Vasco de Gama armé de 80 canons est mis en service en 1841) et des frégates à voile (la dernière de ce type, la Dom Fernando II e Gloria est construite aux Indes en 1845).

A la fin des années 1850 la marine portugaise remplace ses dernières unités à voile par des unités à vapeur (ou mixtes), des corvettes à propulsion mixte opérant en haute-mer et des canonnières pour la défense des côtes et des colonies.

En 1880 la marine lusitanienne comprend une corvette blindée, six corvettes, treize canonnières, trois navires-école et quatre navires de soutien. Cette marine est cependant trop faible pour faire autre chose que de la figuration ce qui explique qu’en 1890 Lisbonne doit céder devant l’ultimatum britannique qui enterre le rêve d’un empire colonial allant de l’Atlantique à l’Océan Indien, rêve qui avait été amorcé grâce à une série d’expéditions qui faisait que l’Afrique était de moins en moins une terra incognita.

La marine portugaise veille également à maintenir une garde vigilante en Europe en construisant de solides défenses côtières pour protéger les principales villes du pays à savoir Lisbonne et Porto. En 1876 la marine royale portugaise met en service le monitor Vasco da Gama, son premier navire blindé pensé pour être utilisé comme batterie flottante en liaison avec des batteries côtières, des torpilleurs et même des sous-marins.

Le croiseur Alfonso de Albuquerque

Justement le premier torpilleur est mis en service en 1882 suivit deux ans plus tard d’une corvette, l’Alfonso de Albuquerque, le premier croiseur sans protection (c’est-à-dire sans blindage). En 1889 un prototype de sous-marin, le Fontes du nom de son inventeur est presenté mais n’aboutit pas.

Tout comme la marine française plus tard si son homologue lusitanienne s’interesse au sous-marin c’est dans une stratégie du faible au fort, un moyen de contrebalancer une infériorité quantitative et qualitative.

En 1896 le ministre de la marine Jacinto Candida da Silva fait voter un programme naval d’urgence, une conséquence de l’ultimatum britannique de 1890 qui avait conduit nombre de portugais à participer à la souscription nationale ouverte pour offrir à la marine un croiseur. Le programme en question prévoir la construction de quatre croiseurs protégés qui doivent remplacer les corvettes à propulsion mixtes comme navires majeurs de la marine portugaise.

En 1901 le vénérable monitor Vasco da Gama est reconstruit sous la forme d’un croiseur cuirassé et en 1907 un premier sous-marin est commandé.

Faute de guerres majeures, la marine portugaise ne participe qu’à des opérations de police coloniale, des opérations de «pacification» où un navire bien armé transporte dans des territoires mal connus des troupes pour maintenir la souveraineté portugaise. Des canonnières fluviales sont construites pour opérer aux côtés d’unités d’infanterie.

La principale opération de ce type est la campagne de pacification de la région de Barué dans le centre du Mozambique, territoire traversé par la rivière Pungwe. C’est une véritable opération combinée qui voit l’engagement des croiseurs Sao Gabriel et Sao Rafael mais aussi des canonnières Chainmite et Liberal qui vont appuyer les canonnières fluviales de la flottilles du Zambezi, cette dernière étant renforcée par des navires marchands réquisitionnés, navires qui assurent le transport d’unités d’infanterie et d’artillerie appartenant à l’Armée de Terre mais aussi des unités d’infanterie de marine ainsi que des unités composées comme on disait à l’époque «d’indigènes».

Au début du vingtième siècle la Ligue Navale Portugaise un organisme d’influence et de propagande lance une série d’études pour réformer et rééquiper la marine portugaise qui dispose durant les dernières années de la Monarchie de six croiseurs, quatre torpilleurs, une canonnière-torpilleur, treize canonnières plus des navires de soutien. Un sous-marin est également en construction.

Le 10 octobre 1910 la monarchie des Bragance est renversée, la république proclamée. Celle-ci à de grands projets pour la marine avec pas moins de trois cuirassés type dreadnought, troi croiseurs, douze destroyers et six sous-marins.

Hélas pour les marines lusitaniens le projet déposé au parlement en 1912 se heurte à un problème majeur : le manque d’argent. Peu à peu l’instabilité politique provoque une nouvelle période de crise pour la marine portugaise qui semble ne jamais pouvoir sortir de la décrépitude qui est la sienne depuis trop d’années. A la fin des années 1920 la marine portugaise n’existe que sur le papier tant l’état matériel des navires est préoccupant.

La marine portugaise est donc clairement dans l’incapacité de défendre efficacement les colonies portugaises contre les attaques menées par les allemands sur le continent africain. En août 1914 le poste de Mazuia (Mozambique portugais) est attaqué, la garnison massacrée. Le sergent Eduardo Rodrigues da Costa de la marine portugais est le premier mort lusitanien du conflit.

D’autres attaques sont menées dans le sud de l’Angola depuis le Sud-Ouest Africain allemand. Le gouvernement portugais décide d’envoyer des renforts, un bataillon expéditionnaire commandé par le Lieutenant-Commander Afonso Cerqueira est envoyé en Angola en novembre 1914.

Avant même la déclaration de guerre de l’Allemagne au Portugal (mars 1916), des combats opposent les deux pays sur le continent africain.

Le 23 février 1916 trente-huit navires allemands sont saisis dans le port de Lisbonne suivis d’autres dans les ports de Porto, de Setubal, de Horta et de Ponta Delgada aux Açores, de Funchal (Madère), de Sao Vicente (Cap Vert), de Luanda (Angola), de Beira et de Lourenço Marques (Mozambique) et de Mormugao (Indes portugaises). Au total de sont soixante-douze navires allemands et austro-hongrois qui sont saisis. Le 9 mars 1916 l’Allemange déclare la guerre au Portugal suivie par son allié austro-hongrois deux jours plus tard.

Quand le premier conflit mondial éclate, la marine portugaise dispose de cinq croiseurs, d’un aviso, d’un destroyer, d’un sous-marin, de douze canonnières, de sept canonnières fluviales, de quatre torpilleurs, de deux navires-écoles et de sept autres navires armés.

Durant le conflit les marins lusitaniens ont reçu deux destroyers, trois sous-marins et trois canonnières auxquels il fallait ajouter les navires réquisitionnés (paquebots, cargos, chalutiers, remorqueurs) pour permettre à la marine portugaise de dispose de trois croiseurs auxiliaires, d’un navire-hôpital, de quatre navires de transports et de vingt chalutiers armés utilisés comme patrouilleurs et dragueurs de mines. Toujours durant le conflit une aéronavale est créée avec des hydravions.

Au Mozambique on trouvait le croiseur Adamastor et la canonnière Chaimite auxquels il faut ajouter des canonnières fluviales et d’autres petits navires de la Flottille du Zambezi.

En mai 1916 le croiseur et la canonnière bombardent les positions ennemis dans l’embouchure de la Rovuma et débarquent des troupes pour s’emparer des fortifications allemandes de l’île de Namaca.

En revanche le débarquement sur la rive nord est repoussé par des troupes allemandes bien retranchées, les mitrailleuses teutonnes provoquant de lourdes pertes chez les portugais. Il faudra attendre trois mois de plus pour que la zone soit occupée par les lusitaniens.

Au printemps 1918 le croiseur Sao Gabriel assure la défense du Cap pendant quatre jours et s’illustre en engageant un U-Boot.

Outre Lisbonne la marine portugaise surveillait attentivement le port cap-verdien de Sao Vincente qui était l’interface des cables télégraphiques sous-marins connectant l’Amérique, l’Europe et l’Afrique. C’était aussi une station de charbonnage vitale.

Dès 1914 la marine portugaise à envoyé une force d’infanterie de marine ainsi que les canonnières Beira et Ibo. Ultérieurement la canonnière Bengo ainsi que barrages anti-sous-marins et des batteries côtières. A plusieurs reprises des attaques de sous-marins allemands sont repoussés.

Les ports de Leixões, Horta, Ponta Delgada, Funchal ainsi que la côte de l’Algarve sont également surveillés et défendus surtout après que Ponta Delgada et Funchal aient été bombardés par les U-Boat.

Le 14 octobre 1918 le chalutier armé Augusto de Castilho commandé par le lieutenant Carvalho Araujo surprend le croiseur sous-marin U-139 qui attaquait le paquebot San Miguel.

Ce dernier naviguait entre Funchal et Ponta Delgada avec 209 passagers à bord, le chalutier armé (un canon de 65mm et un canon de 47mm) assurant l’escorte. En dépit d’une infériorité manifeste (le U-139 disposait de torpilles et de deux canons de 150mm) le navire portugais couvrit la fuite du paquebot, coulant après un combat inégal (le capitaine et nombre de marins ont été tués).

La marine portugaise fût également chargée de transporter des troupes en France (56000 hommes), en Angola (15000) et au Mozambique (17000) sans oublier les personnels envoyés sur de plus petits territoires. Cela ne se fit pas sans pertes pour la marine marchande lusitanienne qui perdit 115 navires sous les coups des sous-marins allemands.

Le destroyer Douro après la seconde guerre mondiale avec une marque de coque permanente

En dépit de la fin du premier conflit mondial, le Portugal continue de construire des navires neufs avec notamment les destroyers de classe Douro et les canonnières de classe Beira. Le pays à également reçu six torpilleurs austro-hongrois type F mais seulement quatre ont été mis en service aux côtés de deux sloops britanniques de classe Arabis qui sont mis en service comme croiseurs.

Durant la période 1919-1939 la marine portugaise entame à Alfeite sur la rive sud de l’estuaire du Tage la construction d’une base navale moderne pour remplacer l’Arsenal de Lisbonne et différentes installations dispersées dans la région. La base aéronavale de Lisbonne installée à Bon Sucesso est transférée à Montijo.

La base d’Alfeite commence à être utilisée en 1924 mais il faudra attendre 1936 pour que l’Ecole Navale y soit transférée et un an de plus pour que l’Arsenal d’Alfeite soit prêt à construire ses premiers navires. Les travaux vont se poursuivre jusqu’en 1955.

Croiseur Adamastor

Pour faire face à la piraterie endémique en mer de Chine les portugais renforcent les moyens navals déployés à Macau, les croiseurs Republica et Adamastor sont envoyés sur place pour renforcer les moyens navals déjà présents en l’occurrence les canonnières Macau et Patria. Une base aéronavale est même mise sur pied à Taipa avec des Fairey III. Le déclenchement de la deuxième guerre sino-japonaise en 1937 entraine un nouveau renforcement des moyens navals et aériens avec des hydravions Hawker Osprey.

La marine portugaise est aussi engagée dans des opérations de police notamment à Madère où le 4 avril 1931 la garnison se rebelle contre le gouvernement de la dictature nationale. Cette révolte faisait partie d’un mouvement national mais ailleurs les rébellions ont été étouffés dans l’oeuf.

En dépit d’une situation matérielle déplorable, la marine portugaise à pu mobiliser une flottile ad hoc pour reprendre le contrôle de l’île. Cette flottille est composée du ravitailleur d’hydravions Cubango, de deux croiseurs auxiliaires, de deux transports, de quatre chalutiers mais aussi du croiseur Vasco da Gama, d’un destroyer et de trois canonnières. Quatre hydravions CAMS 37 sont également de la partie.

La petite escadre quitte Lisbonne le 24 avril et l’opération est lancée le 26. Les rebelles capitulent le 2 mai. Cette réussite va pousser le gouvernement à enfin investir dans une marine digne de ce nom alors que le Portugal doit défendre non seulement des îles et des colonies outre-mer.

Le but est de créer une marine basée sur des destroyers en Europe et des avisos dans les colonies, le tout soutenu par une force de frappe composée de deux croiseurs, un transport d’hydravions, des sous-marins, des navires de soutien et une aéronavale. Comme souvent à peine la moitié du programme sera réalisé.

De 1933 à 1939 vingt-deux nouveaux navires sont acquis comme des destroyers de classe Vouga (ou Douro selon les sources), des sous-marins de classe Delfim (Delfim Espadarte Golfinho), des avisos de classe Afonso de Albuquerque, Golçalo Velho et Pedro Nunes.

La construction des croiseurs fût abandonnée et le transport d’hydravions fût bien mis sur cale mais la construction stoppée au profit d’autres projets jugés plus importants.

Quand éclate la guerre de Pologne, la Marinha de Guerra dispose de six destroyers, sept avisos, trois sous-marins, trois torpilleurs, cinq canonnières, deux canonnières fluviales, trois patrouilleurs, deux dragueurs de mines, deux navires hydrographiques, deux navires de soutien et deux navires d’entrainement. L’aéronavale dispose d’une quarantaine d’appareils stationnés à Lisbonne, Aveiro et Macau, les hydravions pouvant opérer depuis les avisos de classe Alfonso de Albuquerque.

Durant ce court conflit la marine portugaise mène des patrouilles de neutralité, ses navires ainsi que les navires marchands lusitaniens portant des marques de neutralité pour éviter les attaques ce qui ne sera pas toujours le cas.

Les défenses côtières sont renforcées, des troupes supplémentaires envoyées aux Açores et à Madère notamment pour renforcer les défenses et éviter que ces territoires soient capturés par les alliés comme par l’Axe.

Le conflit terminé la marine portugaise soit relancer un programme de construction navale pour remplacer les navires les plus anciens et augmenter ses capacités. Salazar ne se montre pas d’un enthousiasme débordant en raison d’une grande méfiance que le dictateur portugais affiche vis à vis des militaires. Des navires seront bien construits mais ce ne sera pas le grand programme naval caressé par certains marins lusitaniens qui révèrent de cuirassés et de porte-avions (sic).

En septembre 1948 la marine lusitanienne affiche le visage suivant :

-Un croiseur léger navire-amiral le Vasco da Gama mis en service en septembre 1945. Inspiré des Arethusa britanniques sa construction à été aussi lente que pénible en raison du manque d’expérience des chantiers portugais qui pourtant bénéficièrent de l’aide de la firme Vickers qui dépêcha sur place des ingénieurs et des ouvriers expérimentés. Il semble que par fierté les lusitaniens avaient parfois du mal à accepter les solutions proposées par les britanniques.

C’était un élégant navire aux superstructures resserées avec une cheminée unique, un armement composé de six canons de 152mm en trois tourelles doubles (deux avant et une arrière), huit canons de 102mm en quatre affûts doubles, six tubes lance-torpilles de 533mm en deux plate-formes triples, une DCA légère.

-Ce croiseur est accompagné d’une flotte de destroyers plutôt moderne. On trouve cinq destroyers classe Douro (Dao Douro Lima Vouga Tejo) et quatre destroyers classe Guadiana (Guadiana Tamega Fulminante Belem) dérivés des précédents.

-Six torpilleurs légers qui reprennent les noms de torpilleurs cédés au titre des dommages de guerre par l’Autriche-Hongrie (Zezere Ave Cavado Sado Liz Mondego)

-Trois sous-marins classe Delfim (Delfim Espadante Golfinho)

avisos Republica

-Avisos classe Gonçalvo Velho (Gonçalvo Velho Gonçalves Zarco) classe Pedro Nunes (Pedro Nunes Joao de Lisboa) et classe Afonso de Albuquerque (Afonso de Albuquerque et Bartolomeu Dias)

Patrouilleurs légers Maio Porto Santo Sao Nicolau Brava Fogo Boavista

-Patrouilleurs coloniaux : Alvor Aljezur Albafeira (Guinée), Jupiter Venus Maite (Mozambique) Mercurio Saturno Urano (Angola)

-Patrouilleurs des pêches Azevia Bicuda Corvina Dourada Espadilha Fataça Faro Lagos

-Patrouilleurs garde-côtes Torres et Garcia

-Navire d’entrainement torpille Lince

-Cannonières classe Beira (Ibo Mondovi)

-Cannonières fluviales : Zaire Damao Diu Macau

-Navire hydrographique Carlvalho Araujo

-Mouilleur de mines Vulcano

-Mouilleur de filets Phyllisia

-Dragueurs de mines Sao Jorge Pico Graciosa Corvo Sao Roque Ribeira Grande Lagoa et Rosario

Dès le début du second conflit mondial la marine portugaise montre les dents en menant des patrouilles de neutralité pour protéger les eaux territoriales portugaises. Les navires étrangers étaient monitorés comme dirait maintenant par les destroyers, les patrouilleurs mais aussi les hydravions de l’aéronavale.

De nouvelles batteries côtières sont construites dont l’action est relayée par des filets et des champs de mines. Quelques navires et sous-marins alliés et allemands ont été victimes des mines et des batteries côtières. Quelques navires portugais sont également coulés soit par accident ou au cours d’incidents qui dégénèrent pas pour des raisons politiques.

A la fin du conflit la marine portugaise à encore fière allure même si les navires intensivement utilisés sont usés.

Certains navires sont rapidement désarmés mais très vite des navires neufs en partie financés par les américains vont arriver, ces derniers cédant également des navires de seconde main pour faire la soudure. Ce sera la même chose pour l’aéronavale.

Benelux (7) Pays-Bas (7)

De la république batave à Waterloo : Revolution et Empire français pour les Pays-Bas

Avant-propos

A partir de 1789 le Royaume de France est secoué par une série d’événements que l’histoire à retenu sous le nom de Révolution Française. Après une période modérée, «bourgeoise», la Révolution se radicalise, dévorant ses enfants, de grands leaders s’entre-tuant jusqu’à ce qu’émerge la figure controversée _adulée par les uns haïs par les autres_ de Maximilien de Robespierre.

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Italie (81) Regia Aeronautica (3)

Les avions de la Regia Aeronautica (1) : les chasseurs

Avant-propos

Quand éclate la guerre de Pologne en septembre 1939 la chasse italienne est encore largement composée de biplans, des Fiat CR-32 et des Fiat CR-42 autant dire des appareils totalement dépassés, surclassés par le Messerschmitt Me-109, le Hawker Hurricane ou encore le Supermarine Spitfire.

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Italie (57) Regio Esercito (7)

Evolution générale du Regio Esercito Italiano

Une armée en crise

Quand les canons se taisent en novembre 1918 le Regio Esercito Italiano est épuisé. L’armée de terre italienne à été saignée à blanc par les terribles combats de l’Isonzo, de Caporetto mais aussi de Vittorio-Veneto.

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Italie (43) Aéronavale (1)

AERONAVALE

Avant-propos

L’arrivée du vecteur aérien à naturellement changé le cours de la guerre navale même si l’idée d’une guerre au delà de l’horizon sans que les navires ne s’aperçoivent était encore du domaine de la science-fiction pour les amiraux du début du XXème siècle.

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Italie (26) Croiseurs Lourds (3)

Croiseurs lourds classe Ragusa

CA Zara 8

Les Ragusa sont une évolution des Zara (ici le Zara)

Avant-Propos

Comme nous l’avons vu plus haut le croiseur lourd est une véritable créature du traité de Washington signé le 6 février 1922 puisque ces caractéristiques répondent au maximum autorisé à savoir environ 10000 tonnes et une artillerie principale d’un calibre maximal de 203mm même si mis à part les soviétiques avec leurs canons de 180mm, aucun croiseur type Washington sera armé d’un autre calibre que le 203mm (les Hawkins et leurs canons de 190mm ont servis de maitres étalons).

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Italie (4) Histoire (3)

Eveil culturel et morcellement politique : l’Italie de la Renaissance (XVème-XVIème siècle)

Avant-propos

Quand débute le quinzième siècle, le quattrocento la situation de l’Italie est noire puisque le pays à été ravagé par les guerres, les famines et la peste noire.

Peu de transalpins pouvaient imaginer à cet instant que le monde italien était à l’orée d’un éveil culturel qui allait marquer l’Europe, marquant la fin du Moyen-Age et le début d’une nouvelle ère.

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