Mitteleuropa Balkans (147) Yougoslavie (35)

ARMEE DE L’AIR ROYALE YOUGOSLAVE

Historique de la Jugoslovensko Kraljevsko Ratno Vazduhoplovsto (JKRV)

Les origines : serbes bien entendu

Bien entendu chers amis lecteurs et uchronautes vous ne serez pas surpris d’apprendre que l’origine de l’aviation militaire yougoslave vient de Serbie puisque parmi les Slaves du Sud, les serbes étaient les seuls avant la première guerre mondiale à posséder leur propre état.

Le 2 août 1893 une loi prévoit que chaque division de l’armée serbe possède sa propre compagnie d’aérostats pour la reconnaissance, l’observation et le guidage des tirs de l’artillerie.

En 1901/02 le major Kosta Miletic est entrainer comme aérostier militaire à Saint-Pétersbourg en Russie. On le forme également à l’utilisation des pigeons voyageurs. Trois ballons sont acquis en Allemagne, un quatrième auprès des russes ainsi que tous les équipements nécessaires à leur utilisation et ce auprès de différents fournisseurs européens.

En mai 1911 un appel à candidature est lancé pour trouver des candidats à la formation de pilotes militaires. Les premiers sont formés en France du 21 mai au 8 septembre 1912, rentrant à Serbie à temps pour participer à la première guerre balkanique. Toujours en 1912 des officiers sont envoyés en France pour se former aux subtilités de l’utilisation de l’aviation militaire.

Le 24 septembre 1912 un commandement de la force aérienne est créé à Nis avec sa tête Kosta Miletic. Il comprend un escadron de douze avions, l’escadrille d’aérostats, un colombier militaire pour les pigeons voyageurs et la base de Nis.

La petite aviation militaire serbe connait son baptême du feu lors du siège de Skhodra où une petite unité (trois avions et quatre pilotes) est envoyée en soutien des monténégrins qui assiégeaient la forteresse turque.

Le 24 décembre 1912 un commandement de l’aviation (NdA différent du premier ou simple changement de dénomination je ne le sais) voit le jour toujours à Nis. C’est la date officielle de l’aviation militaire serbe et la date retenue pour les différentes célébrations que ce soit à l’époque royale, à l’époque communiste ou à l’époque actuelle où la Serbie est redevenue un état indépendant.

Naturellement l’aviation militaire serbe va participer au premier conflit mondial contre les austro-hongrois, les allemands et les bulgares. Il s’agit d’abord de missions de reconnaissance et d’observation avant que la chasse et le bombardement ne vienne se greffer.

Quand le conflit éclate, l’aviation militaire serbe se compose de neuf appareils dont sept sont en état de voler. Autant dire que l’arrivée d’une escadrille française, la MFS-99 est la bienvenue (mars 1915).

En juin 1915 des unités de guetteurs et des unités de DCA voient le jour. Le 30 septembre 1915 au dessus de Kragujevac, un appareil est abattu par la DCA, ce qui constitue une première mondiale.

A l’automne 1915 à lieu la première évacuation sanitaire par voie aérienne, l’utilisation de l’avion et plus tard de l’hélicoptère sauvant un nombre important de vies en réduisant le delai de prise en charge (ce que les anglo-saxons appellent la Golden Hour).

L’équipement est quasi-exclusivement français, les rares appareils serbes étant sous-motorisés ce qui les rélèguent de facto à l’entrainement.

Les aviateurs militaires serbes participent à l’anabase des troupes serbes dans les montagnes d’Albanie par un froid glacial et sous les attaques des bandes albanaises. Arrivés à Corfou l’aviation militaire est réorganisée sur le papier puisqu’il faudra attendre le transfert à Mikra près de Thessalonique pour que la réorganisation soit matériellement effective.

Cela passe par la création de cinq escadrilles franco-serbes, escadrilles qui équipées de soixante avions modernes vont réaliser 3000 sorties aériennes, escadrilles regroupant 70 pilotes et 40 observateurs militaires.

Nieuport 24

Le 17 janvier 1918 décision est prise de créer deux escadrilles serbes. La 1ère escadrille serbe ou Prva Srpska Eskadrilla est opérationnelle en avril 1918 avec douze Dorand AR type I A2 et trois Nieuport XXIV C1. En mai /juin 1918, la deuxième escadrille ou Diuga Srpska Eskadrila est à son tour opérationnelle. Bien qu’officiellement serbes ces unités comprennent du personnel français qui est progressivement remplacé par du personnel serbe équivalent.

Création, évolution et expansion

Avec la mise en place du Royaume des Serbes, Croates et Slovènes, un département de l’aviation de l’Armée est formé avec d’anciens membres de l’aviation austro-hongroises (croates et slovènes).

A la tête de la nouvelle aviation yougoslave non pas un serbe mais l’ancien chef des troupes d’Aviation royales impériales, l’aviation austro-hongroise le général Emil Uzelac.

Durant les premières années le manque de fonds ne permet pas de réaliser les projets prévus, la jeune aviation yougoslave devant faire avec les moyens hérités de la guerre.

En 1922 Uzelac (qui va partir à la retraite en 1923) effectue une tournée européenne pour s’informer sur l’aviation militaire en Europe aussi bien sur le plan de l’équipement et de l’utilisation.

Plusieurs pilotes russes sont intégrés non sans problèmes car deux d’entre-eux essayent de s’enfuir en direction de l’URSS.

En 1923, un programme est lancé pour remplacer les avions hérités du premier conflit mondial par des appareils plus modernes. Des contrats sont signés avec des fabricants étrangers mais aussi avec des manufacturiers locaux.

Toujours en 1923 le Département de l’Aviation est rebaptisé Commandement de l’Aviation et placé directement sous le contrôle du Ministère de l’Armée et de la Marine (Ministarstvo vojske i mornarice).

Bréguet 19 en vol

En 1924 un premier avion yougoslave est produit même si le moteur est étranger. En 1925 150 Bréguet 19 sont acquis. Les appareils démontés sont assemblés à Novi Sad puis répartis entre différents aérodromes à savoir Novi Sad, Sarajevo, Mostar, Zagreb et Skopje.

Potez 25TOE (Théâtre des Opérations Extérieures)

En 1926 un aérodrome est installé à Zemun près de Belgrade et en 1927 de nouveaux appareils sont acquis en l’occurrence des Potez 25 de reconnaissance et de bombardement ainsi que des chasseurs Dewoitine et des avions d’entrainement Hanriot et Hansa-Brandeburg.

En 1928 une usine d’aviation publique est inaugurée à Kraljevo et une autre privée est installée près de Belgrade. Des avions mais aussi des moteurs sont produits sous licence. Des avions de reconnaissance Fizir F1V sont acquis et en 1929 l’attaché militaire britannique dans son rapport note que l’aviation militaire yougoslave effectue de lents mais constants progrès.

En 1930 le commandement de l’Aviation est rebaptisé Jugoslovensko Kraljevsko Ratno Vazduhoplovsto (JKRV) ce qui donne en français aviation royale yougoslave.

Les principaux problèmes de la JKRV concerne le manque d’infrastructures opérationnelles et de maintenance. En 1930 des ateliers sont aménagés à Zagreb et à Mostar ce qui évitait de devoir ramener les appareils en usine pour de la maintenance lourde.

En mai 1930 le premier appareil entièrement yougoslave est construit à Kraljevo. Cette usine est dirigée par des français avec des ouvriers venus de l’Hexagone même si il est prévu qu’en 1932 le gouvernement yougoslave en prenne le contrôle et puisse choisir les appareils à produire. De son côté Ikarus produisait des Potez 25 sous licence ainsi que des hydravions.

A l’époque la force aérienne yougoslave comprend 26 escadrons de douze appareils soit environ 312 exemplaires. C’est beaucoup mais surtout le problème c’est qu’il y à très peu d’appareils de réserve pour rééquiper et renouveler la flotte. Ce n’est qu’une question de temps et peu à peu environ 200 appareils de réserve sont acquis et stockés sur différents aérodromes régionaux.

Avoir des appareils c’est bien avoir des appareils et des pilotes entrainés c’est mieux. C’est là que le bas blesse, les rapports de l’attaché militaire britannique montrant un entrainement insuffisant. Un grand nombre d’accidents ont lieu.

En 1931 trois chasseurs Hawker Fury sont acquis pour évaluation, deux avec des moteurs Rolls Royce et un troisième avec un moteur Hispano Suiza. Cette acquisition est mal vue par la France qui considère qu’il s’agit d’une ingérence dans son pré-carré.

En 1932 le 2ème régiment aérien stationné près de Sarajevo est secoué par des problèmes de moral et de discipline.

Les progrès sont constants mais il y à toujours un certain nombre de problèmes comme le manque d’appareils modernes, la dépendance vis à vis des manufacturiers étrangers et encore et toujours le manque d’infrastructures de réparations et de maintenance. De plus le haut-commandement ne faisait pas tout pour dévelloper une aviation moderne.

Deux escadrons supplémentaires sont ajoutés à chacun des six régiments aériens en 1932 ce qui porte le nombre d’appareils en ligne à 430 avec 300 appareils en réserve.

Aux côtés des Breguet 19 et des Potez 25 produits en grand nombre, des appareils d’autres pays notamment d’Allemagne sont évalués pour une éventuelle production, des appareils fournis par Junkers, Dornier et Fokker.

En 1933 le gouvernement yougoslave craint qu’une guerre éclate avec l’Italie en raison de nombreux différents territoriaux. Cette crainte met en lumière le manque de stocks de bombes et de carburant qui ne pourraient que gêner les opérations de l’armée de l’air yougoslave sur la terre.

Toujours en 1933, la JKRV décide d’acquéri vingt chasseurs monoplaces. Six modèles vont être évalués, un modèle polonais proposé par la firme PZL, le Hawker Fury britannique, un modèle proposé par Dewoitine, deux modèle proposés par la firme néerlandaise Fokker et enfin un modèle de la firme tchécoslovaque Avia.

Cette première commande doit être suivit par la production d’un nombre équivalent d’appareils sous licence puis potentiellement d’une troisième commande de cinquante exemplaires sans que l’on sache si il s’agit d’une commande directe ou d’une production sous licence. Parallèlement l’acquisition d’avions de reconnaissance est sérieusement envisagée alors que pour les bombardiers nous en sommes toujours au stade de l’évaluation.

L’année 1933 est décidément riche en événement pour la jeune armée de l’air yougoslave puisque l’état-major de la 1ère brigade aérienne est transférée à Zemun (NdA j’ignore son stationement précédent).

On compte alors trente-six squadrons répartis en six régiments, régiments répartis en trois groupes à quoi il faut ajouter un squadron de liaison, de maintenance et de réserve au niveau de chaque régiment. Il y à donc trente-six squadrons et six squadrons de soutien soit quarante-deux unités élémentaires. Il faut encore ajouter des squadrons d’entrainement et un groupe d’expérimentation et d’évaluation. En ce qui concerne les appareils de réserve on en trouve environ 250 exemplaires.

En dépit de fonds disponibles, aucune décision n’est prise en 1934 concernant l’acquisition d’un nouveau chasseur monoplace. La seule chose certaine c’est que le candidat polonais à été éliminé.

Le 19 septembre 1935 un contrat est signé pour l’acquisition de dix chasseurs Hawker Fury ainsi que cinquante-six moteurs Rolls-Royce. Une licence est acquise pour l’appareil et pour les moteurs histoire de gagner en autonomie et en indépedance.

Aucun autre appareil n’est acquis durant cette année en dépit du fait que la flotte vieillit et est même obsolète, les Breguet 19 et autres Potez 25 étant davantage des antiquités volantes qu’autre chose. C’est clairement regrettable car le niveau moyen des pilotes yougoslaves est correct. En revanche le moral est bon et les candidats ne manquent pas.

La modernisation de l’armée de l’air yougoslave va être lente et poussive. Le constat tout le monde le fait mais comme toujours on se perd en querelles pichrocolines pour savoir quel appareil acquérir, comment l’utiliser…… . A cela s’ajoute les rivalités de personnes entre officiers supérieurs.

Durant la guerre de Pologne, la Yougoslavie reste neutre et la VKKJ n’à pas à s’employer pour repousser l’ennemi ce qui est selon certains heureux car une flotte en cours de modernisation sa capacité à combattre sur la durée aurait été fortement limitée.

Comme dans plusieurs pays la fin brutale de la guerre de Pologne est un véritable electrochoc et tout le monde pressent que la prochaine fois on aura pas autant de chance. La modernisation s’impose et cette fois elle va être menée même si tout ne va pas être parfait. Un certain nombre de problèmes vont rester prégnant :

-Multiplicité des modèles en service ce qui ne peut que provoquer des problèmes de maintenance. On compte en effet pas moins de onze modèles d’appareils opérationnels, quatorze d’appareils d’entrainement, cinq d’appareils auxiliaires. Ces appareils utilisent vingt-deux modèles différents de moteurs, quatre modèles de mitrailleuses et deux de canons embarqué.

Dornier Do-17 finlandais

Un exemple parlant plus qu’une phrase, le cas du Dornier Do-17. Ce bombardier est fabriqué sous licence par les yougoslaves. La cellule est bien entendu d’origine allemande mais avec des moteurs français Gnome-Rhone, un armement belge (Fabrique Nationale d’Arme à Herstal), un équipement de photoreconnaissance tchécoslovaque et des instruments de bord yougoslaves.

-Entrainement insuffisant aux opérations de nuit et par basse visibilité (le vol aux instruments est peu pratiqué)

-Stocks insuffisants de moteurs, de munitions et de carburant

-Manque d’aérodromes modernes et bien équipés ce qui rend la JRKV particulièrement dépendante de quelques aérodromes que l’ennemi connait parfaitement.

Au début des années quarante l’armée de l’air royale yougoslave comprend un peu plus de 460 appareils de première ligne dont un certain nombre de modèles nationaux et en ce qui concerne les effectifs 1875 officiers et 29527 sous-officiers et hommes du rang.

Elle est organisé en un état-major qui dispose d’une réserve stratégique _tout est relatif_ , de quatre brigades aériennes et d’une brigade navale. Cette organisation évoluera durant la Pax Armada, la brigade navale étant dissoute et ses moyens transférés à la marine qui disposait déjà de sa propre aéronavale.

L’état-major sera toujours là et disposera d’une véritable brigade de combat destinée à des missions plus stratégiques que tactiques. Cela changera de la situation au début des années quarante où les moyens dépendant directement du chef de l’armée de l’air yougoslave était davantage un rassemblement opportuniste d’appareils plutôt qu’un outil cohérent.

On trouve également un commandement de la logistique et des infrastructures chargés normalement de l’entretien et du soutien logistique des forces. Il devait également piloter un grand programme d’infrastructures de desserrement (aérodromes, dépots et ateliers) mais son action à été peu efficiente en raison d’un manque de moyens ou du moins d’un manque de moyens par rapport aux ambitions qui avaient présidé à sa constitution.

La substance vitale de la JRKV était composée de quatre brigades multirôles censées couvrir la totalité du territoire. Chaque brigade comprenait des groupes de chasse, de bombardement et de reconnaissance.

Sur le plan de l’équipement des appareils plus modernes sont livrés qu’ils soient étrangers ou yougoslaves. On assiste à une véritable volonté de vouloir réduire le nombre de modèles en service mais cette volonté ne se traduira qu’imparfaitement dans les faits.

Même chose pour l’entrainement et la formation des pilotes, des navigants et même des mécaniciens. La volonté est là, le «matériau» de base est de qualité mais des cursus mal organisés ne permettent d’en tirer le maximum.

En ce qui concerne l’équipement, il évolue et se modernise même si tout ne peut pas être parfait.

Messerschmitt Me-109E du JG-51

En ce qui concerne la chasse, on trouve dans l’ensemble une flotte moderne avec des Messerschmitt Me-109E, des Hawker Hurricane (quoiqu’en juillet 1949 le Me-109E et le Hurricane étaient en voie de déclassement face aux nouveaux chasseurs allemands et italiens), des Focke-Wulf Fw-190 et surtout des modèles nationaux produits par la firme Ikarus qu’il s’agisse des monomoteurs IK-3 et IK-7 ou des bimoteurs IK-5.

Cela explique pourquoi la Luftwaffe va effectuer un gros effort opérationnel. On trouve tout de même des chasseurs obsolètes comme des Avia B-534 dont certains seront lancés au combat pour le plus grand malheur de leurs pilotes.

En ce qui concerne le bombardement si les Bristol Blenheim sont obsolètes et les Dornier Do-17K en voie de déclassement, les Savoia-Marchetti SM-79 et les Lioré et Olivier Léo 451 n’ont rien à envier aux bombardiers en service en Allemagne.

Deux Lioré et Olivier Léo 451 en vol

La reconnaissance et la coopération ont été longtemps délaissées mais un ultime effort rend le tableau moins sombre que craint avec certes toujours des antédiluviens Potez 25 mais des plus moderne ANF-Les Mureaux ANF-123, des Caproni Ca-310 et 313 et des Ikarus IK-5R, une adaptation pour la reconnaissance du chasseur bimoteur.

Caproni Ca-310 Libeccio

Mitteleuropa Balkans (114) Yougoslavie (2)

HISTOIRE DE LA YOUGOSLAVIE

Avant-propos

Le concept de regrouper les Slaves du Sud (Yougo-Slaves) apparaît à la fin du 17ème siècle. Au 19ème siècle le mouvement illyrien (1835-1863) marque la naissance d’un sentiment national croate.

Au delà du culturel, les leaders du mouvement voulaient créer au sein de l’Autriche-Hongrie un établissement national croate. Ils évolueront vers l’idée de regrouper sous un même état les cousins slovènes, bosniens et serbes, les Jug-Slaveni (sud-slaves).

On aurait pu aboutir à la Croatie comme cœur moteur de l’union des Slaves du Sud mais comme nous le savons tous ce sera la Serbie, état constitué en 1918 qui deviendra le cœur battant de la future Yougoslavie.

Cette union va se faire sur les ruines et les décombres de l’Autriche-Hongrie qui comme les trois autres empires présents en août 1914 disparaît ce qui était plus ou moins attendu tant les observateurs les plus lucides savaient que comme la Russie des Romanov, l’Autriche-Hongrie des Habsbourgs était un colosse aux pieds d’argile traversé par tellement de failles que sa survie jusqu’en 1918 pouvait être considéré comme miraculeuse.

Il était important pour moi de rappeler le contexte car cela expliquera un certain nombre de choses par la suite. Je pourrai refaire de l’uchronie dans l’uchronie mais on peut imaginer une histoire différente si les slovènes, les croates, les bosniens et les monténégrins s’étaient unis dans un contexte de paix.

L’union va se faire dans les années chaotiques de l’immédiat après premier conflit mondial où les passions sont encore à vif. Les croates et les slovènes sont impatients de prendre leur indépendance et espèrent que les serbes joueront le jeu d’une véritable union.

Or la Serbie qui à terriblement souffert du premier conflit mondial (violents combats, anabase homérique, occupation rude) veut restaurer sa grandeur et son prestige (N’oublions pas que la Serbie avant la conquête ottomane à connu des périodes où elle était un acteur majeur de la région).

Les non-dits et les rancoeurs vont provoquer un chaos politique régulier, un chaos à bas bruit avec une vie politique mouvementée, une tentative du roi Alexandre 1er de Yougoslavie de centraliser et d’unifier la Yougoslavie au mépris du poids des nationalités, volonté que l’on pourrait comparer à celle d’un «despote éclairé» voulant faire le bien de ses sujets contre leur gré (NdA éternel débat de savoir si le pouvoir doit suivre tout ce que le peuple veut ou si il doit parfois aller à contre-courant), volonté qui allait lui coûter la vie un jour d’octobre 1934 du côté de Marseille.

La Yougoslavie retourne ensuite à la démocratie avec le règne de Pierre II, fils encore mineur du roi assassiné. Si la situation s’apaise un temps, nul doute que si la guerre de Pologne s’était prolongée on aurait pu craindre le pire pour le royaume de Yougoslavie surtout en cas d’invasion étrangère qu’elle soit italienne ou allemande.

La Pax Armada va être l’occasion de revenir à plus de stabilité, plus de sérénité. Pierre II en dépit de son jeune âge va se montrer assez habile.

Il parvient à donner des gages aux slovènes et surtout aux turbulents croates. Il réprime les extrémistes de tous bords et tente de dévelloper une véritable idéologie yougoslave un peu comme son père mais avec plus de réussite.

En septembre 1948 si la Yougoslavie n’à pas exorcisé tous ces démons elle peut voir l’avenir avec une relative sérénité. C’est alors que le second conflit mondial éclata……. .

Du Royaume des Serbes, Croates et Slovènes au Royaume de Yougoslavie

Petit retour en arrière : la Serbie entre grandeur et décadence

Le cœur battant de la Yougoslavie est donc à l’est sous la forme de feu le Royaume de Serbie (Kraljevina Srbija) qui le 6 mars 1882 succède à la Principauté de Serbie (Kneževina Srbija)quand le prnce Milan de la dynastie Obrenovic devient roi sous le nom de Milan 1er.

Cette principauté avait officiellement vue le jour en 1817 quand après des années de troubles et plusieurs révoltes l’empire ottoman décide de lâcher du lest. Il faut néanmoins attendre 1830 pour que cette situation se stabilise juridiquement parlant avec la mise en place d’une série de textes à partir de 1828. Milos Obrenovitch devient prince hériditaire de Serbie.

Cet état va voir deux dynasties alterner au pouvoir. C’est ainsi que les Obrenovic sont au pouvoir de 1815 à 1842 et de 1858 à 1882, les Karadjordevic de 1842 à 1858 avant de revenir au pouvoir en 1903 à une époque où la principauté est devenue royaume.

Vont donc se succéder sur le trone serbe Milos Obrenovitch 1er (1780-1860) prince hériditaire de servie de 1817 à 1839 et de 1858 à 1860, Ses fils Milan Obrenovitch II (1819-1839) et Michel Obrenovitch (1823-1868) qui règne respectivement en 1839 et de 1839 à 1842, Aleksandar Karadjordevic (1806-1888) prince de 1842 à 1858, Mihailo Obrenovitch III (1823-1868), prince de 1860 à 1868 et enfin Milan Obrenovitch IV (1854-1901), prince de 1868 à 1882 puis roi de Serbie jusqu’en 1889.

Le 5 octobre 1866 la Serbie signe une alliance avec le Monténégro puis avec la Grèce le 18 avril 1887 en vue d’une guerre contre l’empire ottoman pour libérer les peuples chrétiens du joug ottoman. Cette alliance allait finalement n’être qu’un coup d’épée dans l’eau.

En 1867 la garnison ottomane quitte occupait Belgrade quitte la capitale serbe. De facto la Serbie est indépendante même si il faudra attendre 1878 pour qu’elle soit reconnue de jure par le Congrès de Berlin.

D’abord limitée au territoire du Pashaluk de Belgrade (appelé également territoire du Sandjak de Smeredevo) la principauté s’étend entre 1831 et 1873 vers l’est, le sud et l’ouest.

La population est à 87% serbe. On trouve également 10.5% de Valaques, 2.1% de Roms et 0.5% d’autres nationalités. Sur le plan religieux, la religion orthodoxe est dans une situation monopolistique avec 99.2% des habitants fidèles de cette religion.

La croissance démocratique est spectaculaire puisque la Serbie passe de 678192 habitants à 1 669 337 habitants entre 1834 et 1878.

En 1869 une nouvelle constitution est promulguée, neuf ans avant que l’indépendance ne soit officiellement reconnue au congrès de Berlin. En 1882 la principauté devient donc royaume, Milan Obrenovitch IV devant Milan 1er.

Du 14 au 28 novembre 1885 la Serbie affronte la Bulgarie dans une guerre où elle à le dessus et uniquement parce que les austro-hongrois ont menacé d’intervenir contre la jeune armée bulgare. Le conflit est réglé par le Traité de Bucarest signé le 19 février 1886. la Serbie reconnait l’unification de la Bulgarie (principauté de Bulgarie et Roumélie orientale sous l’union personnelle de Ferdinand 1er).

Une nouvelle constitution est promulguée en 1888 mais Milan 1er refuse de voir ses pouvoirs ains contraints et préfère abdiquer l’année suivante en 1889. Son fils Alexandre 1er (NdA à ne pas confondre avec le roi de Yougoslavie assasiné en 1934) lui succède en 1893 et supprime cette constitution en 1894.

Roi controversé par sa politique et par sa vie privée, Alexandre 1er Obrenovitch est assassiné en compagnie de son épouse et de sa famille dans la nuit du 28 au 29 mai 1903 (10/11 juin dans le calendrier grégorien) (Coup d’Etat de Mai) ce qui entraine l’extinction de cette maison régnante.

L’assemblée serbe (Shupstina) propose à Pierre Karadjordevic de devenir roi sous le nom de Pierre 1er. Après avoir hésité _on aime guère accepter une couronne après un coup d’état doublé d’un assassinat_ il finit par accepter et est couronné le 21 septembre 1904 (calendrier grégorien) dans un contexte difficile, la mort d’Alexandre 1er et de sa famille ayant choqué l’Europe entière.

Pierre 1er de Serbie puis de Yougoslavie

C’est la fin des bonnes relations avec l’Autriche-Hongrie, Belgrade se tournant davantage vers la France et la Russie. Un traité d’amitié est signé avec la Bulgarie en avril 1904 suivit d’une union douanière en juin 1905. Entre 1906 et 1909 une véritable guerre douanière oppose la Serbie à l’Autriche-Hongrie.

Le 6 octobre 1908 l’Autriche-Hongrie annexe la Bosnie-Herzegovine qu’elle occupait et qu’elle gouvernait depuis 1878. Pour la Serbie c’est un camouflet car ce territoire était une voie naturelle d’expansion. Cette annexion est comme nous le savons une réponse à la proclamation la veille de l’indépendance bulgare.

Le Royaume de Serbie va participer aux deux guerres balkaniques. Ces deux conflits véritables répétition de la première guerre mondiale sont les deux faces d’une même pièce avec d’abord des nations balkaniques unies pour chasser l’empire ottoman d’Europe puis des alliés d’hier devenus des ennemis d’aujourd’hui.

Un traité d’alliance serbo-bulgare est signé en mars 1912, Belgrade et Sofia voulant se partager le Vardar macédonien. En mai la Serbie signe un traité similaire avec la Grèce et en octobre c’est autour du Monténégro de signer un traité d’alliance militaire avec la Serbie.

Durant ces deux guerres la Serbie va conquérir le Kosovo _considéré comme le berceau de la nation serbe_, la Macédoine, le Sandjak de Novi Pazar. Le traité de Londres signé après la première guerre permet à la Serbie de s’emparer du Kosovo et du nord-ouest de la Macédoine.

Après la deuxième guerre qui voit la Bulgarie attaquer ses anciens alliés serbes et grecs, le traité de Bucarest permet à la Serbie de récupérer tout le Vardar macédonien. Elle aurait souhaité pouvoir disposer d’une fenètre maritime sur l’Adriatique mais les grandes puissances préfèrent créer un royaume d’Albanie. La Serbie gagne 81% de superficie et 1.6 millions d’habitants (passant de 2.9 à 4.5 millions).

Comme nous l’avons à propos de la Bulgarie, la Serbie est aux premières loges durant le premier conflit mondial. Attaquée par les Empires Centraux, elle fait mieux que se défendre mais finit par craquer.

Commence alors une terrible Anabase en plein hiver dans les montagnes albanaises.. 400000 militaires et civils entament un véritable périple direction les ports albanais où des navires italiens parviennent à les évacuer en direction de Corfou. Seuls 120000 soldats (sur 135000) et 60000 civils (sur 280000) parviennent sur l’île grecque. Cela n’est pas finit car 11000 soldats et civils finiront par succomber des conséquences de cette odyssée.

Les autres composantes nationales

Dans cette partie je vais balayer à gros traits l’histoire des autres composantes du royaume de Yougoslavie en essayant de rester factuel et de ne pas trop me disperser.

Slovenie

La Slovénie à fait partie intégrante de l’empire romain. Les invasions barbares vont dévaster le territoire et pour cela les habitants de la future Slovénie ne peuvent incriminer que la géographie puisque leur territoire est un point de passage obligé entre la plaine de Pannonie et la péninsule italique.

Les Slaves s’installent dans ce qui allait devenir la Slovénie à la fin du 6ème siècle. Le territoire va ensuite passer sous l’autorité du Saint Empire Romain Germanique puis après 1806 sous la souveraineté de l’empire d’Autriche et de la maison des Habsbourgs.

Les ancêtres des slovènes actuels occupaient les régions actuelles de la Carinthie, de la Styrie (ouest) et de la Slavonie. Il y eut une brève union avant une division entre les slaves de Carniole (Slovénie actuelle) alors que les Slaves du Nord vont former la Principauté de Carantanie qui par déformation allait devenir la Carinthie. Cette dernière en 746 passe sous la tutelle de la Bavière.

Au 9ème siècle le territoire est sous l’influence du duché de Bavière mais aussi d’une puissance en devenir, la République de Venise. En 952 l’empereur Othon 1er fonde un duché de Karananie qui intègre une partie de l’actuelle Slovenie.

Région frontalière, la future Slovenie était une marche pour protéger le Saint Empire contre les incursions des slaves et des hongrois. La Carniole qui correspond grosso modo à la Slovenie actuelle est une marche de 1040 à 1364 puis un Duché de 1364 à 1918.

La Slovenie n’à pas de statut spécifique mais ils ont des députés à Vienne. Un embryon d’Etat slovène, le comté de Celje disparaît en 1456 après la mort du dernier titulaire tué par Jean Hunaydi.

Si les élites soucieuses de leur position se germanisent, la paysannerie résiste et conserve une identité spécifique. Sur le plan religieux la Réforme est un temps très populaire mais la Contre-Réforme catholique finit par triompher notamment grâce à l’action de l’Archiduc et futur empereur Ferdinand (empereur de 1590 à 1637). En 1573 une révolte paysanne dévaste la région.

En 1806 le Saint Empire Romain Germanique disparaît cédant la place à l’Empire d’Autriche. Les territoires correspondant à la Slovénie restent domaines patrimoniaux de la Maison d’Autriche. Une partie de la Slovénie, le duché de Carniole dont la capitale était Laibach (Lubjana) intègre les Provinces Illyriennes, un territoire sous contrôle français d’octobre 1809 à août 1813. En 1815 le duché est réintégré à l’Autriche avant d’intégrer le Royaume d’Illyrie le 2 août 1816.

Ce royaume va rapidement perdre des territoires au profit des royaumes de Croatie et de Slavonie, le royaume d’Ilyrie ne regroupant plus que le duché de Carinthie, le duché de Carniole et le Littoral Autrichien qui correspond grosso modo à l’Istrie et à la Dalmatie.

En 1848 une proposition est faite pour regrouper tous les slovènes sous un même royaume autonome. Ce projet n’aboutit pas et en 1849 le royaume disparaît laissant des territoires autonomes (Carinthie, Carniole et le Littoral autrichien).

En février 1861 une patente met en place une Diète provinciale qui envoie des élus au Reichsrat, le parlement de la Cisleithanie.

Après 1918 et la disparition de l’Autriche-Hongrie, une grande partie du territoire slovène va intégrer la Yougoslavie mais une petite partie (32700 km² et 1.3 millions d’habitants tout de même) intègre le Royaume d’Italie.

Toujours en 1918 un conflit armé oppose les slovènes à la République d’Autriche allemande, l’un de ses états éphémères apparus dans l’immédiat après guerre. Les territoires contestés ssont la Basse Styrie et le Sud de la Carinthie. Par le traité de Saint Germain, Maribor et la Basse Styrie sont accordés à la Yougoslavie.

Des combats ont lieu en Carinthie du Sud (décembre 1918 à juin 1919), des volontaires slovènes aidés par l’armée serbe tentent d’occuper Klagenfurt.

En octobre 1920 la majorité de la population de la Carinthie du Sud vote pour rester autrichienne, la seule exception étant la région autour de Dravograd et de Gustany qui est accordée à la future Yougoslavie.

Le traité de Trianon (1920) accorde au royaume de Yougoslavie une région pourtant non slovène, celle de Prekmuye qui appartenait à la Hongrie depuis le 10ème siècle.

En 1929 la Slovénie est rebaptisée Drava Banovina (Drava Banate) du nom de la rivière Drava, la capitale provinciale étant logiquement Lubjana, l’ancienne Laibach. La Slovénie renait en 1944 et sans devenir confédérale la Yougoslavie se libéralise.

Cela explique en partie pourquoi les slovènes et les croates ont combattu en 1949 avec une certaine détermination alors que le haut-commandement serbe craignait mutineries et désertions massives.

Croatie

La Croatie telle que nous l’entendons aujourd’hui couvrait deux provinces romaines, la Dalmatie et la Pannonie. Après 476 et la chute de l’Empire romain d’Occident, elle est occupée par les Ostrogoths pendant cinquante ans avant d’être intégré à l’empire byzantin.

Au VIIème siècle apparaissent ce qu’on pourrait qualifier les proto-états croates, le Duché de Croatie et le Duché de Croatie Pannoniène. Si le premier va perdurer, le second disparaît au 10ème siècle après environ 300 ans d’existance.

Le Duché de Croatie comprend le littoral de l’actuelle Croatie sauf l’Istrie. Ce territoire est l’objet des convoitises franques et byzantines. Une rivalité nait également avec l’orgueilleuse République de Venise bien décidée à faire de l’Adriatique une Mare Venetium. Des batailles opposent les croates aux bulgares mais très vite les relations s’améliorent à la différence des relations avec les arabes qui restent hostiles.

Vassalisé par les Francs vers 790, le duché de Croatie devient en 879 un duché sans suzeraineté suite à l’intervention du pape Jean VIII. En 925 le duché de Croatie devient un royaume d’abord indépendant puis en union personnelle avec la Hongrie à partir de 1102.

La Croatie est en première ligne contre les ottomans. Une marche militaire appelée la Frontière Militaire/Militärgrenze/Vojna Krajina est mise en place en 1553 et supprimée en 1881. C’était un véritable front pionnier avec fortins, fortifications et surtout une colonisation de peuplement par des valaques, des allemands et surtout des serbes ce qui entrainera une cascade de terribles événements notamment durant le second conflit mondial. D’ailleurs la région concernée en Croatie est la Krajina.

Si la Croatie dépend de la Cisleithanie, il est important de noter que la Dalmatie forme un Royaume autonome.

Comme nous l’avons déjà vu au milieu du 19ème siècle, apparaît un romantisme nationaliste croate pour contrer une politique de germanisation et de magyarisation. C’est le mouvement illyrien.

En 1848 la Croatie, la Slavonie et la Dalmatie restent du côté habsbourgeois par peur du nationalisme hongrois. Cela ne leur valut aucun traitement de faveur de la part du nouvel empereur François Joseph.

En 1867 l’empire d’Autriche devient l’empire austro-hongrois et l’année suivante en 1868 on compromis croato-hongrois est signé.

En 1918 les croates décident de s’engager dans l’aventure de l’idée yougoslave dans l’espoir d’aboutir à un état confédéral. Leurs espoirs vont être vite deçus et cette déception est rendue encore plus amère par le fait qu’économiquement la Croatie moins touchée par le premier conflit mondial s’en sortait mieux que nombre de régions de Serbie.

La situation reste très tendue pour ne pas dire explosive en Croatie durant l’entre-deux-guerres et nul doute que si Pierre II n’était pas revenu sur la politique autoritaire de son père nul doute qu’avant même l’invasion germano-italienne la Croatie aurait explosé provoquant l’implosion de la Yougoslavie.

Bosnie-Herzegovine

Peuplée à l’époque néolithique, elle à été ensuite habitée par les illyriens et les celtes. Comme toute l’Europe la future Bosnie-Herzegovine à été christianisée à partir du 1er siècle et trois siècles plus tard elle était une partie de l’Empire Romain d’Occident avant d’être envahit par les Barbares suite aux invasions du même nom. Plus précisément ce sont les Ostrogoths qui occupent la région et ce dès 455. Les Alains et les Huns traversent également la région.

Après une reconquête sous l’empereur Justinien, l’actuelle Bosnie-Herzegovine est occupée par les avars puis par les slaves. Une certaine influence des Francs est à noté, certains leur attribuant l’introduction du féodalisme même si pour certains ce n’est pas si évident que cela. Le territoire est également l’objet des convoitises serbes, croates et même bulgares.

En 1136 le roi de Hongrie Béla II envahit la Bosnie et créa le titre de Ban de Bosnie, un titre honoraire pour son fils Ladislas II. De 1167 à 1180 la Bosnie-Herzegovine revient temporairement dans le giron byzantin.

Territoire autonome, la Bosnie devient un royaume en 1377 mais moins d’un siècle plus tard en 1463 l’empire ottoman occupe la région (la résistance va perdurer jusqu’en 1527 mais de manière épisodique), la transformant en profondeur puisque les populations locales se convertissent pour une part importante d’entre-elles à l’islam. C’est le début d’une domination qui va durer 415 ans jusqu’en 1878.

A partir de 1831 les paysans bosniens se révoltent. Cette révolte est réprimée seulement en 1850 mais la situation reste toujours aussi tendue. Une véritable rébellion éclate en 1875 et sous la pression des événements mais aussi des grandes puissances, la Sublime Porte va céder à l’Autriche-Hongrie l’administration de la Bosnie-Herzegovine.

La Bosnie-Herzegovine est occupée par l’Autriche-Hongrie entre le 29 juillet et le 20 octobre 1878, occupation qui n’est pas une promenade de santé puisqu’on signale quelques combats avec les ottomans et des milices locales.

Officiellement la Bosnie-Herzegovine appartient toujours à la Sublime Porte mais en réalité c’est devenue une région de l’empire austro-hongrois. Vienne veut en faire une colonie modèle et pour cela va mettre sur pied le Condominium de Bosnie et d’Herzegovine, condominium placé sous l’autorité du ministre des Finances austro-hongrois via un office bosnien.

La politique habsbourgeoise se heurte rapidement aux spécificités du territoire et à l’influence de l’idée yougo-slave, diablement séduisante pour les élites bosniennes. A la fin du siècle les serbes et les musulmans de Bosnie (ou Bosniaques) réclament l’autonomie religieuse et l’autonomie scolaire.

Le projet de dévelloper une identité bosnienne spécifique échoue. Résultat en 1905 la vie politique en Bosnie et en Herzegovine est dominée par trois partis communtaires représentant les serbes, les croates et les musulmans.

Le 5 octobre 1908 suite à la déclaration d’indépendance de la Bulgarie, l’empereur austro-hongrois François Joseph annonce l’annexion de la Bosnie-Herzegovine. Cette annexion est annoncée deux jours plus tard à Sarajevo.

C’est le début d’une crise internationale qui va durer jusqu’au 26 février 1909 quand la Sublime Porte finit par s’incliner. Elle reçoit des compensations matérielles et obtient le départ des garnisons austro-hongroises du Sandjak de Novi-Pazar.

Cette annexion est reconnue par la Russie le 21 mars mais uniquement après un ultimatum allemand. La Serbie la reconnaît le 31 mars et le Monténégro le 5 avril 1909.

Cette annexion entraine des troubles réprimés par un corps spécial austro-hongrois le Streifkorps même si très vite les partis musulmans soucieux de légalisme et de réalisme finissent par admettre cette annexion. Les croates de Bosnie sont d’abord très enthousiastes espérant rejoindre la Croatie et former avec le reste de la Bosnie-Herzegovine un pôle slave au sein d’une monarchie qui ne serait composée de deux pôles mais de trois.

En 1910 le territoire est peuplé de 1 898 044 habitants répartis entre des musulmans (612137 32.2%), orthodoxes (825418, 43.5%), catholiques (434061, 22.9%) et enfin 11868 juifs (0.6%).

La Constitution de 1910 met en place une Diète de Bosnie, un Conseil National et des conseils municipaux mais leurs pouvoirs sont naturellement très limités.

En ce qui concerne l’organisation locale, elle reste inchangée par rapport à l’époque ottomane, les seuls changements concernant les noms. C’est ainsi que le Vilayet de Bosnie devient le Reichsland, les sandjaks deviennent des Kreise (cercles), les Kazas (juridictions) des Bezirke, les Nahiyaks (cantons) sont rebaptisés Exposituren. On compte six Kreise et cinquante-quatre Bezirke.

Suite à l’implosion de l’Autriche-Hongrie, la Bosnie-Herzegovine va intégrer le Royaume des Serbes Croates et Slovènes (Yougoslavie en 1929) mais la région se montra rétive, s’opposant à une réforme agraire puis à une réorganisation des structures administratives qui finalement resteront assez semblables à celles de l’époque ottomane.

La mise en place des Banovina passe mal en Bosnie-Herzegovine d’autant que les bosniaques c’est à dire les musulmans de Bosnie ont le sentiment qu’à terme le territoire sera partagé entre serbes et croates. Finalement le système de banovina sera abandonné et les anciens régions rétablies ce qui allait calmer un peu la situation. Es-ce à dire que tous les problèmes ont été réglés ? Non bien sur le second conflit mondial allait se charger de le montrer.

Monténégro

Durant la période antique le Monténégro appartenait à la province romaine de Dalmatie. Peuplée d’abord par les illyriens, cette région est ensuite occupée par les slaves après avoir été ravavée par les Avars et les Goths. Les bulgares et les serbes vont aussi tenter d’occuper ce territoire tout comme les byzantins.

Au 9ème siècle pas moins de trois principautés se partagent le territoire actuel du Monténégro : la principauté de Dukja (qui correspond approximativement à la moitié sud), la principauté de Travunia (l’ouest) et celle de Rascia (le nord).

En 1042 la principauté de Duklja prend son indépendance, principauté qui devient celle de Zeta au 13ème siècle. En 1054 à lieu un schisme entre Rome et Byzance. Le futur monténégro bascule du côté de Rome avec l’érection de l’évêché de Bar en 1067 (archeveché en 1082).

Au 15ème siècle on appelle davantage la principauté de Zeta comme la principauté de Crna Gora ou en vénétien Monte Negro.

De larges portions du territoires sont occupées par l’empire ottoman de 1496 à 1878. le reste était sous contrôle de Venise notamment la région des bouches de Kotor (1420-1797) ou du prince-évêque de Cetinje (1515-1851). Une ultime dynastie émerge, celle des Petrovic-Njegos qui va régner jusqu’en 1918.

En 1852 le prince-évêque Danilo Petrovic-Njegos se marie et renonce à son état ecclésiastique, devenant le knjaz (prince) Danilo Ier et sécularisant son état.

Il est assassiné à Kotor en 1860 et remplacé par Nicolas 1er. Ce dernier engage une guerre infructueuse contre l’empire ottoman (1861-1862) puis tente de profiter du soulèvement de la Bosnie-Herzegovine (1875-1877) pour reprendre la lutte. Il est aidé par la Serbie mais là encore c’est un échec. Il faudra attendre l’intervention russe pour aboutir à quelque chose avec la signature du Traité de San Stefano (mars 1878), traité très favorable au Monténégro, à la Russie, à la Serbie, à la Roumanie et à la Bulgarie.

Ces gains vont être minorés par le Traité de Berlin (1878) même si ce traité reconnaît le Monténégro comme un état indépendant, état qui double sa superficie avec notamment le port de Bar. Les eaux monténégrines sont fermées aux navires de guerre étrangers. L’administration maritime et la police sanitaire est cependant assurée par l’Autriche-Hongrie.

En 1905 le Monténégro se donne d’une constitution et cinq ans plus tard il devient un royaume. Il participe aux guerres balkaniques, se partageant le Sandjak de Novi-Pazar avec la Serbie mais du rendre la ville de Skadar au nouvel état albanais créé par les grandes puissances.

Le 6 août 1914 le Monténégro déclare la guerre à l’Autriche-Hongrie en dépit du fait que Vienne lui avait promis la région de Shkoder/Skhadar si le petit royaume restait neutre. L’armée monténégrine est placée sous l’autorité du haut-commandement serbe pour des raisons de coordination.

Belgrade à offert une aide militaire (30 canons et 17 millions de dinars) tandis que la France envoyait 200 soldats des troupes coloniales à Cetinje pour armer deux stations radios de transmission mais aussi d’écoute. Du matériel, de la nourriture et différentes fournitures sont envoyées de France direction le port de Bar jusqu’à ce que ce dernier soit bloqué par la marine austro-hongroise.

Une fois l’Italie en guerre c’est Rome qui prit le relais, ravitaillant le pays par l’Albanie, une route non sécurisée, les irréguliers albanais organisés par des agents autrichiens attaquant les convois. Le manque de ravitaillement fût l’une des causes de la capitulation monténégrine après une belle résistance. L’occupation de la totalité du territoire serbe (décembre 1915) rendait impossible la situation du Monténégro qui est envahit en janvier 1916.

La campagne du Monténégro est une campagne éclair qui dure du 5 au 17 janvier 1916. Elle engage 100000 soldats austro-hongrois contre seulement 50000 monténégrins. Cette la suite directe de la submersion de la Serbie et de la retraite des troupes de Pierre 1er à travers les montagnes albanaises.

Les austro-hongrois voulaient s’occuper des monténégrins alliés à la Serbie mais aussi s’emparer des ports stratégiques de Durazzo et de Valona. Deux corps d’armée austro-hongrois, les 8ème et 19ème CA sont engagés. Le 11 janvier 1916 le mont Lovcen, position défensive monténégrine clé est prise par les austro-hongrois.

Le 13 janvier c’est la capitale qui est prise ce qui entraine l’ouverture de négociations pour un armistice. Les termes sont insupportables pour le roi qui refuse de signer, quittant le pays pour l’Albanie puis pour l’Italie le 19 janvier. Il ordonne au commandant en chef de continuer à combattre au besoin en se repliant sur l’Albanie pour retrouver les troupes serbes à Corfou.

Le gouvernement refuse et ordonne aux troupes monténégrines de déposer les armes. Ils obtiennent gain de cause le 17 janvier 1916.

le 1er mars 1916 un gouvernement militaire provisoire est mise en place sous l’autorité de Viktor Weber Edler von Webeneau qui est remplacé par Heinrich Clam-Martinic le 10 juillet 1917, ce dernier restant aux commandes jusqu’à la fin du conflit.

Après la libération du pays par les alliés un débat fit rage pour savoir si le Monténégro devait rester indépendant ou si il devait rejoindre le futur état des slaves du sud.

Le 1er décembre 1918 le royaume du Monténégro s’unit au royaume de Serbie, déclenchant des troubles entre Blancs et Verts.

Du 2 au 7 janvier 1919 à lieu l’insurrection de Noël (NdA les orthodoxes fêtent Noël le 6 janvier et non le 25 décembre).

Les Verts _nationalistes et séparatistes monténégrins_ refusent la décision de la Grande Assemblée Populaire du Monténégro d’unir le jeune royaume (28 août 1910) au Royaume de Serbie.

Mauvais perdants ? Faut voir puisqu’il devient rapidement évident que les débats de Podgorica (qui à l’époque n’était pas la capitale du pays puisqu’il s’agissait de Cetinje) ont été une farce puisque les Blancs favorables à l’idée yougo-slave et à l’union avec la Serbie ont truqué le processus électoral pour s’assurer d’une confortable majorité.

Es-ce à dire que les Blancs se moquaient de l’avenir de leur pays ? Non puisque comme les croates et les slovènes ils espéraient conserver l’identité monténégrine au sein d’une Yougoslavie confédérale.

Si la révolte va être rapidement réprimée, une guérilla épisodique va durer jusqu’en 1929, les Verts survivants prenant le chemin de l’exil. Les plus extrémistes ou les plus enragés selon les points de vue reviendront en 1949 dans les bagages de l’armée italienne pour servir d’auxiliaires aux troupes d’occupation. Inutile de préciser que ceux tombant aux mains de maquisards royalistes ou des partisans communistes subissaient un sort terrible.

Quand la Yougoslavie implosa au début des années quatre-vingt dix cette révolte de Noël devint un axe majeur du nationalisme monténégrin, les Verts comme les Blancs étant célébrés comme de fiers patriotes, oubliant la division irréconciable entre deux camps.

Macédoine

A la période antique l’actuelle Macédoine du Nord (anciennement Ancienne République Yougoslave de Macédoine) était occupée par le royaume de Paeonie, un royaume aux frontières floues peuplées essentiellement par des descendants illyriens et des thraces.

A la fin du 6ème siècle, les perses de la dynastie Achéménide dirigés par Darius le Grand occupent ce royaume mais après la défaite en -479 les perses se retirent en Asie mineure.

En -336 Philippe II de Macédoine annexe la Haute-Macédoine ce qui correspond à notre Macédoine du Nord actuelle.

La Macédoine est conquise par les romains en -146 devenant une province dont les dimensions vont évoluer, la partie nord intégrant la Mésie à l’époque de Dioclétien.

Les Slaves s’installent sur le territoire de l’empire byzantin, les historiens grecs les appelant Sklavines les slaves attaquant l’empire byzantin avec ou sans l’aide des bulgares et des avares. A plusieurs reprises les différents basileus qui se succèdent à Constantinople doivent lancer des campagnes contre des populations remuantes qui sont pour beaucoup déportées en Cappadoce (Turquie actuelle).

Vers 836 le territoire de la Macédoine intègre le premier empire bulgare, les populations s’assimilant avec les bulgares. C’est aussi à cette période que les slavkines se christianisent avec Saint Cyrille et Saint Methode. A la fin du 10ème siècle l’actuelle Macédoine du Nord devient le cœur idéologique et religieux du premier empire bulgare avec notamment l’évéché d’Ohrid qui après l’occupation de Preslav par Basile II devient le siège du patriarche bulgare.

La domination byzantine est à plusieurs reprises contestée par les serbes et par les bulgares. De 1257 à 1277, Constantin Asen qui fût tsar de Bulgarie était originaire de Skopje. Plus tard la capitale actuelle de la Macédoine du Nord fût celle de l’empire serbe de Stedan Dusan.

La région est conquise par les ottomans à la fin du 14ème siècle et va rester sous le joug de la Sublime Porte pendant près de 500 ans ccomme une partie de la province (Eyalet) de Roumélie («pays des Roums»).

L’Elayet de Roumélie est supprimé en 1867 et le territoire de la Macédoinr du Nord est partagé entre les Vilayet de Monastir, du Kosovo et de Salonique.

En 1903 une République de Krusevo est proclmée suite à la Révolte d’Ilinden-Preobrazhenie mais bien entendue cette république disparaît après la féroce répression ottomane.

En 1912 au cours de la première guerre Balkanique la région est capturée par la Serbie qui l’annexe une fois le conflit terminé à l’exception de la région de Strumica qui appartient à la Bulgarie de 1912 à 1919.

Cette région qui ne dispose d’aucun statut particulier au sein de l’Etat serbe est appelée Južna Srbija (Serbie du Sud ) pour la distinguer de la Stara Srbija (Vieille Serbie). De 1915 à 1918 la région est occupée par la Bulgarie.

Après le premier conflit mondial, le royaume de Serbie devient le cœur battant du Royaume des Serbes, des Croates et des Slovènes. En 1929, le royaume est rebaptisé Royaume de Yougoslavie et divisé en provinces ou banovinas. Le territoire correspondant à la Macédoine du Nord est appelée Banovina du Vardar avec Skopje comme capitale.

Après le premier conflit mondial la région subit une période de serbisation, les écoles bulgares, grecques et roumaines étant fermées, les prêtres bulgares et tous les enseignants non-serbes sont expulsés. Cette politique est violement combattu par la VMRO (Vatreshna Makendonska Revolutsionna Organizatasiya) en français l’organisation révolutionnaire intérieure macédonienne.

Durant le second conflit mondial, la Macédoine du Nord allait être occupée à la fois par les bulgares et par les italiens. Cette région allait connaître une occupation troublée avec de nombreux combats entre partisans et troupes d’occupation. Cela entraina comme nous le verrons un cycle infernal d’attentats et de représailles. Néanmoins au moins au début les bulgares furent bien accueillis par les populations locales bulgarophones.

Mitteleuropa Balkans (113) Yougoslavie (1)

UNE AUTRE SECONDE GUERRE MONDIALE

T.11 MITTELEUROPA ET BALKANS

VOLUME 4 : YOUGOSLAVIE

AVANT-PROPOS

Le 22 mai 2020 j’ai commencé le tome 11 de ma gigantesque que dis-je de ma monumentale, de ma vertigineuse uchronie qui après dix tomes (T1 France T2 Allemagne T3 Grande-Bretagne T4 Etats-Unis T5 Japon T6 Italie T7 URSS T8 Dominions T9 Benelux T10 Scandinavie) comprend 8395 pages !

Le 30 octobre 2020 j’ai terminé la Roumanie (Tome 11 vol.3) ce qui portant le total de pages écrites à 9080 pages

Ce Tome 11 est le dernier des tomes concernant des nations belligérantes puisque le Tome 12 sera consacré aux nations neutres.

Ce Tome 11 disposera de six volumes, le premier consacré à la Hongrie, le deuxième consacré à la Bulgarie, le troisième consacré à la Roumanie, le quatrième à la Yougoslavie, le cinquième à la Grèce et enfin le sixième à l’Etat indépendant de Slovaquie apparu au printemps 1939 suite au démantèlement de ce qui restait de la Tchécoslovaquie. Comme pour le tome 10 il y aura des nations alliées et des nations ayant appartenu à l’Axe.

L’organisation sera différente selon les volumes. Si le volume 1 ne possédait pas de partie marine, si le volume 6 consacré à la Slovaquie n’en possèdera pas non plus (et pour cause !), les volumes 2 à 5 consacré respectivement à la Bulgarie, à la Roumanie, à la Yougoslavie et la Grèce posséderont une partie consacrée à la marine qui fera suite à la partie traditionnelle consacrée à l’histoire générale.

La troisième partie sera consacrée à l’armée de terre avec d’abord une partie sur l’histoire militaire du pays, une partie sur l’organisation générales et des plus ou moins grandes unités et enfin une partie sur l’armement et les véhicules. Je terminerai par une partie consacrée à l’armée de l’air, son histoire, son organisation et son équipement.

Après cette partie consacrée au plan général revenons un peu sur l’histoire avec un grand H. J’ai eu du mal à définir l’étendue géographique qui est nettement moins évidente que celles des deux derniers tomes (Scandinavie, Benelux). J’ai finalement choisit «Mitteleuropa et Balkans» soit en français «Europe du milieu et Balkans».

Tout comme le terme Scandinavie il est peut être inapproprié pour les puristes mais je pense que c’est pas mal (j’avais un temps pensé à «Europe danubienne et balkanique» mais cela ne me satisfaisait pas totalement).

Mis à part peut être la Grèce ces pays ont un point commun celle d’avoir été gravement impactés par la première guerre mondiale et les traités qui y ont mis fin.

Nous avons d’abord les pays vaincus comme la Hongrie et la Bulgarie qui ont souffert de traités particulièrement musclés notamment le pays des magyars qui passa du statut de puissance majeure au sein d’une double-monarchie austro-hongroise au statut d’une puissance de second ordre enclavée en Europe centrale. La Bulgarie avait du également rendre des comptes aux alliés occidentaux pour s’être alliée aux empires centraux.

La Yougoslavie était elle un des états issus de l’éclatement de l’empire austro-hongrois en compagnie de la Tchécoslovaquie et partiellement de la Pologne. De cet état tchécoslovaque naquit au printemps 1939 un état slovaque souverain, une souveraineté biaisée par le fait que Bratislava devait tout à l’Allemagne.

La Roumanie et la Grèce en revanche avaient appartenu au camp des vainqueurs même si leur participation à la première guerre mondiale à été plutôt limitée, Bucarest livrant une prestation catastrophique et ne devant son salut qu’à une preste assistance alliée (et surtout française) alors qu’Athènes fût engagée contrainte et forcée dans le conflit, sa participation étant parasitée par un conflit entre un premier ministre pro-allié (Venizelos) et un roi pro-allemand (Constantin 1er).

Dans l’immédiat après guerre cette région est traversée par de vigoureuses secousses entre Blancs et Rouges, entre pro-allemands et pro-alliés. C’est aussi le théâtre d’une lutte d’influence où la France tente de nouer un réseau d’alliance pour contre une réémergence de la menace allemande et pour tendre un cordon sanitaire contre la Russie bolchevique. Pas étonnant que ces différents pays aient connu pour la plupart des régimes autoritaires souvent réactionnaires parfois fascisants.

C’est l’acte de naissance de la Petite Entente. Les français n’en sont pourtant pas à l’origine puisque son origine remonte au 14 août 1920 quand la Tchécoslovaquie, la Roumanie et le Royaume des Serbes, Croates et Slovènes _Yougoslavie à partir de 1929_ signent un accord d’assistance pour se prémunir de la menace hongroise, Budapest n’ayant jamais accepté le traité du Trianon le 4 mai 1920.

Cette alliance est renforcée par des accords bilatéraux entre la Roumanie et la Tchécoslovaquie (23 avril 1921), entre la Roumanie et le Royaume des Serbes, Croates et Slovènes (7 juin 1921) et entre le Royaume des Serbes, Croates et Slovènes et la Tchécoslovaquie (31 août 1921). La Petite Entente entend garantir, par la force si besoin, les traités de paix.

Cette alliance est cependant imparfaite et incomplète puisque ne prenant pas en compte les autres menaces que ce soit l’URSS (vis à vis de la Roumanie), l’Italie (vis à vis de la Yougoslavie) ou encore l’Allemagne et la Pologne (vis à vis de la Tchécoslovaquie).

Suite aux accords de Locarno, la France signe des alliances militaires avec Prague (16 octobre 1925), avec Bucarest (10 juin 1926) et Belgrade (novembre 1926).

Suite aux renoncements français de la fin des années trente, ces pays vont davantage se tourner vers l’Allemagne.

Nul doute que si la guerre de Pologne était devenu un conflit mondial nul doute que cette région aurait durablement échappé aux alliés. Son arrêt brutal en décembre 1939 permet à Paris et à Londres de remettre l’ouvrage sur le métier.

Plus facile à dire qu’à faire puisque si la réputation dégringole par l’ascenseur, elle remonte par l’escalier. Il faudra du temps, de la patience, du doigté et un soupçon de chance pour rendre la région moins hostile aux alliés.

C’est ainsi que des accords formels de coopération et d’assistance militaires sont signés avec la Yougoslavie et la Grèce, le premier étant signé à Belgrade le 14 septembre 1945 et le second à Athènes le 8 octobre 1946. Des tentatives vis à vis de la Hongrie, de la Roumanie et de la Bulgarie se heurtent à une telle inertie qu’elle équivaut à une fin de non recevoir.

Cette relance est donc limitée mais s’accompagne d’une coopération politique et militaire avec notamment la livraison de matériel militaire moderne ainsi que l’envoi comme dans les années vingt de missions militaires, le général Gamelin dirigeant celle en Yougoslavie et le général Georges celle envoyée en Grèce. L’envoi de généraux ayant été aux manettes de l’armée française est très apprécié par les gouvernements concernés qui y voient une profonde marque de respect.

Quand la guerre s’annonce inévitable à très court terme la région concernée par ce tome se partage entre pays pro-alliés mais sans excès (Yougoslavie, Grèce), des pays clairement pro-allemands (Hongrie, Slovaquie, Roumanie) et une Bulgarie qui accepte de se faire courtiser par les deux camps tout en veillant à ne pas se mettre à dos la Russie qui bien que communiste est toujours considérée par nombre de bulgares comma la Troisième Rome, protectrice des slaves.

Quand la seconde guerre mondiale éclate le 5 septembre 1948 ces différents pays mobilisent mais ne s’engagent pas directement dans le conflit. Question de temps dirions nous…… .

***

Ce volume 4 concerne donc la Yougoslavie (initialement Royaume des Serbes Croates et Slovènes), l’un de ces pays nés de la fin de la première guerre mondiale qui avait entrainé l’implosion de la Double-Monarchie austro-hongroise.

C’était la réalisation d’un rêve de voir tous les Slaves du Sud (Yougo-Slaves) être réunis dans un même état. Seulement voilà cet état à été construit autour d’un royaume existant, le royaume de Serbie qui après une première guerre mondiale où elle souffrit mille morts était bien décidé à réaliser à son profit cette union.

Alexandre 1er de Yougoslavie

Les tiraillements vont commencer immédiatement. En 1929 le nouvel Etat prend officiellement le titre de Royaume de Yougoslavie sous l’autorité d’Alexandre 1er qui allait être assassiné cinq ans plus tard à Marseille en compagnie du ministre français des affaires étrangères Louis Barthou.

Quand éclate la guerre de Pologne la Yougoslavie sous l’autorité de Pierre II fils d’Alexandre 1er est au bord du gouffre.

On craint même un effondrement du pays et une nouvelle implosion comme vingt ans plus tôt avec l’Autriche-Hongrie. Nul doute qu’une invasion étrangère qu’elle soit italienne, allemande ou d’un des pays voisins aurait provoqué la fin du jeune royaume.

Le retour d’une paix fragile en Europe est vue comme un signe du destin. Ce qu’on pourrait appeler des hommes de bonne volonté tentent de réformer le royaume en évitant les écueils nationalistes non sans quelques prometteurs résultats.

Sur le plan de la politique étrangère comme nous l’avons vu la Yougoslavie se rallie non sans hésitations au camp allié mais sans excès et craignant toujours une agression italienne ou allemande.

Quand le second conflit mondial éclate en septembre 1948 la Yougoslavie décide de mobiliser pour faire face à tout éventualité. A cette époque Belgrade craint surtout une invasion italienne couplée avec un soulevement croate.

C’est pour cela que malgré leur volonté hégémonique les serbes sont obligés de ménager les croates de peur que Mussolini n’en profite pour s’emparer de la Dalmatie que Rome convoite depuis des années.

En juillet 1949 les allemands qui souhaitent sécuriser le flanc sud de l’opération BARBAROSSA et accessoirement sortir les italiens du guépier grec lancent l’opération MARITSA, une offensive destinée à neutraliser la Yougoslavie et la Grèce.

En dépit de craintes d’une trahison générale les slovènes comme les croates se battent bien dans l’ensemble. Il y à certes des désertions, des unités qui se rendent sans combattre mais la situation n’est pas aussi désastreuse que le gouvernement yougoslave avait pu le craindre.

Voilà pourquoi si la Yougoslavie à été occupée l’armée de Pierre II n’à pas démérité et va pouvoir préparer la revanche non sans difficultés.

En dépit des suppliques du gouvernement yougoslave en exil le front balkanique à toujours été considéré comme secondaire, les offensives sont tardivement lancées avec des moyens limitées qui remportent des résultats assez probants.

La Yougoslavie est libérée mais à quel prix ! Le pays est ruiné et si les monarchistes ont damné le pion aux communistes ils ne savent pas encore que ce n’est que partie remise.