C-Artillerie de campagne
Préambule
L’artillerie de campagne française dispose de nombreuses pièces en septembre 1939 avec un puis deux régiments dans chaque division. Chaque division de combat déployée en métropole peut ainsi compter sur le soutien de trois groupes de 12 canons de 75mm et de deux groupes de 12 canons de 155mm.
Les RAD conservent les canons de 75mm comme nous l’avons vu, les RALD mettant en oeuvre les canons de 155mm, certains régiments disposant déjà d’un groupe de 105mm équipés d’obusiers de 105C modèle 1934 ou 1935.
Quand éclate le second conflit mondial en septembre 1948, les RAD disposent de trois groupes de 75mm, de deux groupes de 105mm et d’un groupe de 155mm, les RAD mettant en oeuvre les canons de 75mm, les RALD alignant les canons de 105 et de 155mm.
Sur le plan matériel, la modernisation est notable avec des canons de 75, de 105 et de 155mm plus modernes même si les «anciens» (le 75mm modèle 1897, le 105mm modèle 1913 et les différents modèles de 155mm) font de la résistance notamment dans les RAP et les RAMF.
Canon de 75mm modèle 1897
Le fameux «75» est toujours en service en septembre 1939 avec plusieurs milliers de pièces, certaines disposant encore des roues en bois d’origine alors que d’autres avaient reçut un train de roulement pneumatique pour être remorqués par des véhicules motorisés.
Véritable couteau suisse de l’artillerie, il va être utilisé comme canon antiaérien durant le premier conflit mondial et bien après la fin de la «Der des der», comme pièce de char, comme canon de forteresse sans parler de son utilisation comme pièce de marine.
Dans le domaine de l’artillerie de campagne, le canon de 75mm modèle 1897 équipe des régiments d’artillerie divisionnaire à raison de trois groupes à trois batteries de quatre pièces soit un total de 36 pièces.
Le modèle 1897 équipe également les régiments d’artillerie mobile de forteresse (RAMF) avec au plus fort de la mobilisation, un total de 240 canons (24 en version hippomobile et 216 sur pneumatiques) et les régiments d’artillerie de position (RAP) avec un total de 268 canons.
A partir du printemps 1941, les canons de 75mm modèle 1897 des RAD commencent à être remplacés par les TAZ modèle 1939, les divisions d’active étant totalement rééquipées en septembre 1944.
C’est au tour des RAMF/RAP qui vont remplacer progressivement leurs vénérables «75» par des pièces plus modernes, les derniers modèle 1897 étant remplacés au printemps 1948 à l’exception des 161ème, 162ème et 167ème RAP.
Les pièces en meilleur état sont cependant stockées pour équiper les régiments d’artillerie mobilisés en août 1948 en attendant que des pièces modernes sortent d’usine. En effet, en septembre 1948, seuls un tiers des RAD de mobilisation sont équipés de TAZ modèle 1939.
A noter que les RAA (Régiments d’Artillerie d’Afrique) déployés en Afrique du Nord restent équipés de canons de 75mm modèle 1897 montés sur pneumatiques.
Caractéristiques du canon de 75mm modèle 1897
Calibre : 75mm Longueur de la pièce : 2.720m Poids : en ordre de route 1970kg en batterie 1140kg Poids de l’obus 6.195kg Cadence de tir : 20 coups/minute Portée 11100m Pointage en site : -11° à +18° Pointage en direction : 6° Vitesse initiale de l’obus 575 m/s Equipe de pièce : 7 hommes
Canon de 75mm TAZ modèle 1939
A la fin des années trente, l’armée de terre envisagea l’acquisition d’une nouvelle pièce de 75mm pour remplacer le vénérable, l’historique «75».
Elle mit au point le canon de 75mm TAZ modèle 1939, TAZ signifiant «Tous Azimut» ce qui signifie que la pièce peut pointer à 360° ce qui est une qualité indéniable pour la lutte antichar où il faut passer rapidement d’une cible à une autre.
Les premières pièces sortent d’usine en avril 1940 et intensivement testées durant le printemps et l’été à la fois pour le tir antipersonnel et pour le tir antichar.
La production en série commence à l’automne 1940 et au printemps 1941, les premières pièces commencent à remplacer les canons de 75mm au sein des DLM et des DC qui conservent des pièces tractées en plus des canons d’assaut.
Ils remplacent ensuite les canons de 75mm modèle 1897 au sein des RAD des DI, des DIM, des DIC et des DINA à raison de trois groupes à trois batteries de quatre pièces soit un total 36 pièces par régiment.
En juillet 1948, on trouve un total de 2860 canons de 75mm TAZ modèle 1939 répartis entre les Régiments d’Artillerie Divisionnaire (960 exemplaires), les Régiments d’Artillerie Coloniale (528 exemplaires), les Régiments d’Artillerie Nord-Africain (372 exemplaires), les Régiments Légers d’Artillerie (216 exemplaires), les Régiments d’Artillerie Tractée Tout-Terrain (240 exemplaires), les Régiments d’Artillerie Mobile de Forteresse (288 exemplaires) et les Régiments d’Artillerie de Position (256 exemplaires).
Caractéristiques techniques du canon de 75mm TAZ modèle 1939
Calibre : 75mm Longueur du canon 2.995m Poids en batterie 2000kg Poids de l’obus : 7.250kg Cadence de tir : 20 coups/minute Portée : 12500m Pointage en site : -11° à +25° Pointage en azimut sur 15° Vitesse initiale de l’obus : 700 m/s Equipe de pièce : sept hommes
Canon de montagne de 75mm modèle 1919 et 1928
Ces canons _quasiment identiques_ ont été mis au point pour remplacer le canon de 65mm modèle 1909. Comme toute pièce de montagne qui se respecte, elle peut être fractionnable en sept fardeaux.
Équipant les RAM, ils vont être progressivement remplacés par l’obusier de montagne de 75mm modèle 1942 même si les pièces étaient religieusement stockées au cas où.
Caractéristiques Techniques des canons de montagne de 75mm modèle 1919 et 1928
Calibre : 75mm Poids : du canon au combat 660kg en version transport 721kg de l’obus 6.33kg Elevation en site : -10° à +40° Portée maximale : 9025m
Obusier de montagne de 75mm modèle 1942
Quand éclate la guerre de Pologne, les régiments d’artillerie de montagne disposent de différentes pièces comme le 75mm de montagne modèle 1919 ou 1928. La priorité donnée aux régiments d’artillerie de campagne bloque tout processus de remplacement jusqu’au printemps 1942 quand la firme Saint Chamond propose un obusier de montagne de 75mm modèle 1942.
Léger et maniable (il peut être tracté par quatre hommes à l’aide de sangles spéciales), il est démontable en six fardeaux pour faciliter son transport à dos de mulet.
Deux prototypes effectuent plusieurs écoles à feux dans les Alpes à l’été 1942. Les essais sont concluants et moins quelques modifications de détails, le canon de Saint Chamond est adopté sous le nom d’obusier de montagne modèle 1942.
Il va équiper d’ici à septembre 1948, quatre régiments d’artillerie de montagne disposant de trois groupes à deux batteries de quatre obusiers de 75mm soit un total de 24 obusiers par RAM auxquels doivent être ajouté un groupe du 56èmeRAD, celui équipant la 31ème DIAlp de Montpelier ce qui porte le nom de canons en ligne à 108 pièces.
A noter que ce canon va également équipé la version d’appui rapprochée de l’AM modèle 40P et va très vite intéresser l’infanterie de l’air après ses premiers combats contre les Fallschirmjäger allemands.
Caractéristiques Techniques de l’obusier de montagne de 75mm modèle 1942
Calibre : 75mm Longueur de la pièce 1.32m longueur du canon 1.19m Poids complet : 587,900kg Poids du projectile : 6.241kg Pointage en site : -5° à +50° Pointage en azimut sur 8° Portée maximale 8925m
Canon de 90mm De Bange modèle 1877
Quatre de ces vieux canons sont mobilisés en septembre 1939 au sein du 170ème Régiment d’Artillerie de Position plus précisément au sein du 2ème groupe affecté au Secteur Fortifié du Jura.
A la démobilisation, ce groupe est dissous et les vénérables canons sont feraillés, leur usure et leur obsolescence rendant peu profitable un futur réarmement sans parler d’un stock de munitions très réduit.
Caractéristiques Techniques du canon de 90mm De Bange modèle 1877
Calibre : 90mm Poids (canon) 1400kg (obus) 12kg Portée maximale 9800m Cadence de tir : un coup/minute Champ de tir vertical : -10°/+24°