L’Irlande dans le second conflit mondial
Prelude
En septembre 1939 quand un nouveau conflit éclate en Europe, l’Irlande décide de rester neutre. Il faut dire qu’elle n’à aucun intérêt à rejoindre les franco-anglais et encore moins l’Allemagne même si certains membres de l’IRA prêts à tout pour en découdre avec la perfide Albion firent des propositions de service à Berlin qui préta une oreille attentive avant de se rendre compte que c’était pour paraphraser Shakespeare «beaucoup de bruit pour rien».
Le conflit est de toute façon trop court pour que Dublin n’ait à véritablement s’employer. L’état d’urgence est decrété du 2 septembre 1939 au 14 juin 1940, des personnes préventivement internées, le pays mis en état de se défendre….. .
Cet état d’urgence est cadré juridiquement parlant par l’Emergency Powers Act (EPA) en date du 3 septembre 1939. Les tribunaux militaires sont habilités pour juger les civils, des suspects préventivement internés, l’habeas corpus suspendu……… .
Durant la guerre de Pologne 7864 personnes sont internées pour une durée plus ou moins longue. 122 seront jugées et condamnées, six à mort pour sabotage et attentats terroristes (qui ne fit que des dégâts matériels) et d’autres à des peines de prison allant de un à trente ans de prison.
Durant la Pax Armada officiellement l’Irlande reste strictement neutre mais cela ne l’empêche pas de nouer des relations avec l’Allemagne, la France et la Grande-Bretagne.
Consciente qu’un futur conflit est hautement probable, l’Irlande décide de moderniser ses forces armées pour dissuader les futurs belligérants d’utiliser le territoire, l’espace aérien et les eaux territoriales irlandaises comme terrain de jeu. Comme souvent des projets ambitieux sont imaginés avant de se fracasser sur le mur des réalités économiques, politiques et budgétaires.
Le 5 septembre 1948 l’Allemagne envahit le Danemark et la Norvège. La seconde guerre mondiale commence.
Neutralité, défense et coopération
Dès le lendemain de l’attaque allemande sur la Scandinavie, la République d’Irlande et son président Eamon de Valera réaffirment la neutralité du pays.
L’état d’urgence en vigueur en 1939/40 est rétablit par un vote du parlement le 10 septembre 1948. Il va rester en vigueur jusqu’au 17 mars 1955 quand il est enfin levé après des manifestations monstres dans les rues d’Irlande.
L’armée est aussitôt mobilisée, des fortifications supplémentaires sont immédiatement mises en chantier sur les côtes et à la frontière avec l’Ulster ce qui suscite un certain mécontentement à Londres qui y voit «un geste profondément inamical».
Comme la marine marchande irlandaise est réduite et sera de toute façon amenée à réduire ses rotations avec le Canada et les Etats-Unis, une économie de guerre est mise en place avec un rationement, rationement qui restera en vigueur jusqu’en 1957.
Des incidents de frontière ont eu lieu dans le nord du pays à la frontière avec l’Irlande du Nord mais il s’agissait davantage de patrouilles perdues ou de soldats égarés qu’une volonté d’envahir le territoire.
Il y eut plus grave à savoir des bombardements sur Dublin (14 juin 1949) et Cork (21 juin 1949) (sans oublier Belfast même si c’est en Irlande du Nord donc plus justifiable. A noter que des pompiers irlandais sont intervenus en renfort de leurs collègues nord-irlandais). Officiellement selon les allemands ces bombardiers venus de France occupée (c’est-à-dire au nord de La Seine) se sont égarés alors qu’ils visaient la Grande-Bretagne.
Les pilotes allemands des appareils abattus par la DCA et les quelques chasseurs de l’Irish Air Corps sont emprisonnés jusqu’à la fin de la guerre suscitant la protestation de Berlin alors que parallèlement les pilotes des appareils alliés abattus ou ayant du faire un atterrissage d’urgence sont internés quelques jours puis discrètement libérés à la frontière de l’Ulster.
Les irlandais fournissent également des renseignements précieux qu’ils soient militaires ou météorologiques aux alliés.
L’aéroport de Shannon sert d’escale de ravitaillement. Officiellement c’est ouvert à tout le monde à condition que les appareils ne soient pas armés. En réalité cela profite aux alliés ce qui suscite les protestations officielles de Berlin.
Comme des navires marchands irlandais pourtant parfaitement identifiés (le mot EIRE écrit en blanc encadré de drapeaux vert-blanc-orange, une navigation hors convoi) sont torpillés certains y vont une mesure de rétorsion de la part des allemands mais ce n’est pas certain.
Sur le plan politico-diplomatique les ambassades allemandes, italiennes et japonaises sont restées ouvertes durant tout le conflit en dépit des pressions alliées et du fait que les services de renseignement irlandais bien aidés par leurs homologues du MI-5, de l’OSS et du BCRA avaient révélé l’existence de liens profonds entre l’Abwehr et une frange de l’IRA prête à tout pour combattre la Grande-Bretagne.
Sans parler de complicité, le gouvernement irlandais à longtemps hésité avant de sévir contre l’IRA pour des raisons évidentes (éviter de rouvrir les vieilles blessures de la guerre civile) et en dépit du fait qu’il possède l’arme idéale à savoir l’Offences against the State Act de 1939.
Ce n’est qu’au cours du conflit que le gouvernement irlandais décide de muscler la répression et d’ordonner au Directorat du Renseignement Militaire (Stiurthoineacht na Faisnéise) de frapper fort les cellules de l’IRA et les réseaux de renseignement étrangers. Ce n’est qu’en 2008 que la raison à été révélée : un projet d’attentat très avancé contre Eamon de Valera.
L’armée irlandaise ne participe naturellement pas à la guerre mais certains de ses membres n’hésitent pas à déserter pour rejoindre les armées britanniques ou françaises. Au total on comptera 4983 déserteurs qui à leur retour en Irlande seront pour certains condamnés pour désertions, tous subissant de multiples discriminations et vexations. Ce n’est qu’en 2012 que le gouvernement irlandais à reconnu ses torts et à demandé pardon aux survivants.

D’autres (70 à 90000 hommes plus 50000 volontaires irlandais venant d’Ulster) ont également rejoint les armées alliées au grand dam du gouvernement irlandais qui craignant des conséquences vis à vis de l’Axe. Nombre d’entre-eux ont rejoint la Légion Etrangère pour combattre au sein d’unités au sol ou au sein de l’Armée de l’Air au sein d’unités créées à la mobilisation.
A cela il faut ajouter 55000 irlandais et irlandaises qui ont gagné la Grande-Bretagne et la France pour travailler dans l’industrie ou l’agriculture. Nombre d’entre-eux ont fait souche notamment dans la région nantaise au point que la ville de Rezé-les-Nantes qui à accueillit de nombreux irlandais est connue sur la verte Erin comme la baile beag na hÉireann ar an mórthír (la petite ville irlandaise du continent).
Si aujourd’hui une invasion allemande de l’Irlande apparaît comme impossible voir du domaine de la science-fiction à l’époque cela apparaissait comme possible. Le pays doit pouvoir se défendre contre toute agression qu’elle soit britannique ou allemande, les deux pays concernés ayant dressé des plans pour s’emparer de l’île au positionnement stratégique.
Des blockhaus sont construits sur la frontière avec l’Ulster et surtout les côtes sont mises en état de se défendre. Pour cela Dublin peut s’appuyer sur les forts laissés par les britanniques et notamment trois ports restés sous leur contrôle jusqu’en 1938.
Ces ports sont Berehaven (aujourd’hui Castletownbere) et Queenstown (aujourd’hui Cobh) dans le comté de Cork et Lough Swilly dans le comté du Donegal, les deux premiers se trouvant dans le sud du pays, le troisième dans le nord à proximité de l’Ulster.
Ces ports étaient défendus par des batteries côtières les irlandais vont s’appuyer sur ces positions qui disposaient de canons de 6 pouces (152mm) et de 9.2 pouces (234mm) ainsi que sur des vedettes lance-torpilles acquises durant la Pax Armada.
En cas d’invasion allemande les vedettes devaient harceler les navires ennemis couverts par les batteries et ainsi gagner du temps pour que les colúin shochorraithe (colonnes mobiles) ne parviennent jusqu’au site de débarquement pour repousser les soldats débarqués. Le but était de gagner du temps pour permettre l’arrivée de renforts britanniques voir français.
Si jamais les renforts ne pouvaient arriver, les garnisons des forts avaient ordre de résister le plus longtemps possible puis de faire sauter leurs positions et se replier vers l’intérieur des terres.
Les britanniques avaient également prévu un plan d’action au cas où scénario catastrophe l’Irlande aurait choisit le camp de l’Axe par exemple après un coup d’état mené par les républicains les plus extrémistes c’est-à-dire prêt à tout pour en découdre avec les britanniques.
Il était prévu la saisie des différents ports de l’île et pas seulement les trois Ports du Traité, un opération aéroportée sur Dublin et un raid motorisé mené depuis l’Ulster. A cela s’ajoutait des bombardements aériens et un solide blocus naval de l’île par les marines françaises et britanniques.