Le Conflit (144) Europe Occidentale (109)

ECLIPSE : RIDEAU SUR LA GUERRE A L’OUEST

Situation militaire des alliés au moment de l’opération ECLIPSE (17 mars 1953)

Avant de franchir le Rhin en ce dix-septième jour du troisième mois de l’année 1953, les alliés ont du s’employer pour déboucher en Allemagne depuis la Belgique pour s’emparer de la rive gauche du Rhin et obtenir de solides bases de départ.

Après guerre certains ont reproché une lenteur dans le processus opérationnel. Le général Villeneuve le reconnaît à demi-mot dans ses Mémoires mais pour ajouter aussitôt qu’il est facile de réécrire l’histoire en utilisant des informations que les acteurs n’avaient pas à l’époque.

«Chasseur dans l’âme je me méfie triplement d’une bête blessée surtout si elle doit défendre son terrier» disait-il bien volontiers aux plus optimistes.

Sur le plan militaire, la question n’est pas de savoir si les alliés vont remporter la guerre mais plutôt quand. Sur le front occidental, ils sont à deux doigts de pénétrer dans le Vaterland, en Scandinavie, les alliés se préparent non sans hésitations à reprendre pied au Danemark et en Norvège.

En Italie, les alliés ont conquis la Sardaigne et la Sicile avant de prendre pied dans le sud de la péninsule (opération SKYLOCK), rendant le maintien du régime fasciste dans la guerre.

Dans les Balkans, les alliés se préparent à lancer une opération majeure (opération SLEDGEHAMMER) pour exploiter la totale libération de la Grèce et foncer dans les Balkans pour prendre le flanc du dispositif allemand engagé en Russie et secondairement pour éviter que les soviétiques ne se rapprochent trop de l’occident. Eh oui on pense déjà à l’après guerre…… .

Sur le plan plus strictement militaire, le dispositif allié ne change pas avec au nord le 21ème Groupe d’Armées britannique présent en Belgique et surtout dans le sud des Pays-Bas, au centre le Groupe d’Armées Françaises du Rhin (GAF-R) qui se déploie à l’est de Maastricht au Luxembourg et sur la quelques territoires allemandes et au sud le 1er Groupe d’Armées US qui à son flanc oriental couvert par les Alpes et l’Armée du même nom qui maintien la pression sur une Italie en pleine déliquescence politique et militaire, Strasbourg étant la limite de l’AOR du groupe d’armées US.

Le plan général des opérations adopté en décembre 1952 au cours du conseil interallié de Londres prévoit deux axes majeurs d’avancée, au nord pour bloquer le maximum de troupes en Scandinavie et empêcher leur redéploiement vers l’Europe ce qui peut paraître étonnant quand on souhaite reconquérir un territoire aussi contraint que le Danemark (pas assez montagneux) et la Norvège (qui l’est beaucoup trop).

Au sud les américains doivent s’occuper de la Bavière pour empêcher un potentiel réduit alpin où les jusqu’aux-boutistes du régime pourraient tenter de résister ce qui imposerait des combats aussi violents qu’impitoyables. Des rumeurs d’une base secrète ne cessent d’arriver aux oreilles des alliés sans que l’on sache si c’est uniquement de la propagande ou si il y à un truc….. .

Au centre les français doivent pousser les allemands devant avec tout de même l’espoir de s’emparer de Berlin comme Napoléon 147 ans plus tôt.

Bien entendu il s’agit d’un plan global, pour les opérations détaillés il faudra attendre encore un peu…. .

Situation militaire des allemands au moment de l’opération ECLIPSE

Côté allemand la situation est quasiment désespérée même si officiellement tout est sous contrôle alors que pourtant les forces armées allemandes reculent sur tous les fronts. Bien entendu selon la propagande ces replis ne sont que «des tactiques pour endormir l’ennemi avant de le foudroyer avec de nouvelles armes miracles».

Sur le front occidental donc le front suite le cours du Rhin au Pays-Bas puis la frontière allemande (sauf quelques arpents du Vaterland occupés par les unités avancées alliées) avant de reprendre le cours du Rhin jusqu’à la frontière suisse.

La Scandinavie est ciblée par des opérations aériennes, navales et aéronavales pour maintenir sous pression le dispositif militaire allemand et préparer une future opération amphibie, la future opération BOREALIS.

Dans les Balkans les allemands sont dans une situation périlleuse car ils sont aidés, assistés par des alliés passablement démotivés que sont les italiens et les bulgares.

Sur le front russe après l’échec de l’opération CITADELLE/ZITADEL, les allemands sont clairement sur la défensive et vont tenter d’échanger de l’espace contre du temps.

Sur le plan plus strictement militaire, le régime se méfie de plus en plus de l’armée régulière et tente de dévelloper l’ordre noir, la Waffen S.S jugé plus sure et plus fidèle au régime.

Au niveau de l’équipement de nouvelles armes plus modernes, plus puissantes sont mises en service et si unitairement elles sont souvent plus performantes que les armées alliées et soviétiques elles ne peuvent être disponibles en nombre suffisant pour faire basculer le cours de la guerre.

Pologne et Pays Neutres (45) Irlande (6)

FORCES ARMEES IRLANDAISES

Armée de Terre

Une histoire militaire de l’Irlande (1) : aux temps jadis

Comme vous le savez tous parfaitement chers lecteurs l’Irlande n’à pas été colonisée par les romains. Les historiens ont longtemps pensé qu’il n’y avait eu aucun projet de conquête et de simples relations commerciales.

La découverte près de Dublin des ruines d’un comptoir/fort/camp _rayez la mention inutile_ à remis en cause ce présuposé sans que la question soit définitivement tranchée.

En l’absence d’un pouvoir central fort l’île est soumise à des raids de pillage et de piraterie menés d’abord par les scots venus de l’île de Bretagne puis par les vikings.

Ces derniers s’installent dans la région de Dublin vers 840 et commencent un processus de colonisation. En 1014 les vikings et leurs alliés irlandais sont battus par Brian Boru à la bataille de Clontarf ce qui marque le début de la fin de la menace viking en Irlande.

En 1099 Magnus Barefoot roi de Norvège mène une campagne avec ses alliés irlandais contre des bandes armées de la verte erin. C’est une victoire à la Pyrrhus car sur le chemin du retour il tombe au nord de l’Irlande dans une embuscade qui lui est fatale.

Une siècle après leur arrivée en Angleterre les normands se tournent vers l’Irlande. Ils débarquent autour de Dublin initialement pour soutenir le roi du Leinster Dernot MacMurough contre ses rivaux.

Les normands s’assimilent peu à peu à la culture irlandaise au point qu’on parle d’Hiberno-Normands ou d’Irlando-Normands comme on parlait d’Anglo-Normands. Les Normands apportent le système féodal, les relations entre barons normands et lords irlandais sont changeantes avec des escarmouches régulières.

En 1542 tout change pour les irlandais. Un Royaume d’Irlande est mis en place, les Tudors tentant de passer du contrôle nominal de l’île à un contrôle plein et effectif. D’où la mise en place d’une Armée Royale Irlandaise qui va durer jusqu’en 1801 quand elle est supprimée suite à la mise en place de l’Acte d’Union en 1800.

Prendre le contrôle de la verte Erin est plus facile à dire qu’à faire. Ce n’est qu’au tout début du 17ème siècle (1607) que les anglais peuvent estimer contrôler effectivement l’île non sans devoir s’employer à réprimer quelques révoltes ici et là.

En 1640 Charles 1er en conflit avec le parlement souhaite mettre sur pied une nouvelle armée irlandaise pour lutter contre les révoltés écossais. Cette armée est majoritairement composée de catholiques et ne va pas tarder à se soulever contre l’Angleterre. Nombre de ses soldats vont rejoindre la Confédération Catholique Irlandaise.

En 1642 des renforts venus d’Angleterre arrivent sous le nom d’Armée Anglaise pour l’Irlande. Elle doit soutenir les royalistes irlandais. Dans le camp d’en face les écossais envoient une armée covenantaire. Pour simplifier encore la situation les protestants d’Ulster lèvent leur propre armée l’Armée de Laggan.

Cette armée commandée par Wellion Stuart se compose de 1000 fantassins et d’un détachement monté. Elle protège les possessions protestantes, escorte des convois, défend les protestants contre les catholiques et monte des raids de représaille. Elle remporte plusieurs batailles comme à Glennaquin le 16 juin 1942, à Clones le 13 juin 1643 mais perd à Benburb le 5 juin 1646 en dépit d’une légère supériorité numérique. Elle échoue également lors du Siège de Derry en 1649.

Elle bascule ensuite du côté parlementaire mais de manière désorganisée ce qui fait qu’elle cesse virtuellement d’exister fin 1649.

les irlandais ne se contentent pas de combatte sur le sol, ils cherchent également à porter la guerre sur le territoire ennemi. C’est ainsi que les 7 et 8 juillet 1644 2000 irlandais débarquent en Ecosse pour soutenir les royalistes contre les covenantaires.

Ce corps expéditionnaire remporte six batailles majeures : Tippermuir le 1er septembre 1644, Aberdeen le 13 septembre 1644 (la ville est mise à sac, une centaine de civils massacrée en bonus), Inverlochy (1645), Auldearn (9 mai 1645), Alford (2 juillet 1645) et Kilsyth (15 août 1645).

New Model Army

De 1649 à 1653 Cromwell et sa New Model Army mène une sanglante reconquête de l’Irlande contre laquelle les irlandais qu’ils soient issus de la confédération ou de l’ancienne armée royale irlandaise sont impuissants. Les restes de la Royal Irish Army vont ainsi suivre Charles II en exil pendant que les parlementaires maintiennent des troupes importantes sur l’île.

Une histoire militaire de l’Irlande (2) : aux temps modernes

Quand Charles II est restauré en 1660 il dissous rapidement la New Model Army en Angleterre mais conserve les unités anciennement du Commonwealth sur l’île d’Irlande avec 5000 fantassins et 2500 cavaliers. Très vite cette armée est progressivement épurée de cadres cromwelliens jugés peu surs.

En 1662 une nouvelle unité est créée par lord Ormonde. C’est la naissance du Royal Irish Regiment of Foot Guards que l’on pourrait traduire en «Régiment royal irlandais de gardes à pied» (NdA c’est tout de suite moins sexy).

Cette unité est active de 1662 à 1698 au sein de l’armée anglaise et de 1698 à 1791 au sein de l’armée française puisqu’ayant suivit Jacques II dans son exil après la Glorieuse Révolution. En 1697 après l’échec de plusieurs tentatives pour débarquer à nouveau en Irlande, l’armée jacobite est dissoute mais le régiment est immédiatement reconstitué sous le nom de Regiment de Dorrington au sein de l’armée du royaume de France qui comprend de nombreuses unités étrangères.

A sa création le régiment comprend douze compagnies et 1200 hommes mais en 1690 on compte 26 compagnies et 2080 hommes. Ce régiment participe à la guerre de Neuf Ans (conflit plus connu en France sous le nom de guerre de la Ligue d’Augsbourg 1688-1697), à la guerre de Succession d’Autriche, au soulèvement jacobite de 1745 et à la guerre de Sept Ans (1756-1763).

Le régiment irlandais qui dépend d’une Brigade irlandaise (voir ci-après) devient ensuite le Régiment Roth puis le Régiment Walsh avant d’être dissous comme tous les régiments étrangers en 1791.

La Briogaid Eireannach pardon la Brigade Irlandaise voir le jour en mai 1690. Elle se compose de cinq régiments jacobites (Régiment de Lord, de Mountcashel, de Butler, de Feilding, d‘O’Brien et de Dillon) détachés au sein de l’armée royale en échange de l’envoi d’un corps expéditionnaire français de 5000 hommes (commandé par le marquis de Lauzun) en Irlande dans l’espoir de faire de l’île un bastion jacobite et ainsi distraire des moyens ennemis ailleurs que sur le continent.

La brigade irlandaise va participer à la guerre de la ligue d’Augsbourg, aux guerres de succession d’Espagne et d’Autriche, à la révolte jacobite de 1745.

Ultérieurement la brigade est réduite à quatre régiments (Mountcashel, O’Brien, Dorrington et Dillon). Après le traité de Limerick de 1691, 12000 jacobites intègrent l’armée française créant une armée en exil à Jacques II, armée distincte du régiment irlandais et de la brigade irlandaise (NdA vous avez dit compliqué ?).

La brigade irlandaise est dissoute le 21 juillet 1791. Trois régiments deviennent le 87ème RI (Dillon), le 88ème RI (Berwick ex-O’Brien) et 92ème RI (Dillon). Certains rallient l’armée des émigrés.

De 1794 à 1798 non sans une certaine ironie les britanniques mettent sur pied une Catholic Irish Brigade. Elle est levée à partir d’anciens membres de la brigade irlandaise opposée à la Révolution, mise sur pied favorisée par la politique de détente menée vis à vis des catholiques par William Pitt le Jeune. Elle combat outre-mer à Haïti et St Domingue puis tient garnison en Nouvelle-Ecosse. Au maximum elle à compté 4500 hommes.

Régiments étrangers de la Grande Armée. Au milieu en vert, un officier et un homme du rang de la Légion irlandaise

De l’autre côté du Channel Napoléon met sur pied une Légion Irlandaise. Créée le 31 août 1803 c’est à l’origine un bataillon d’infanterie légère destiné à une invasion de l’Irlande. L’unité devient par la suite un régiment à quatre bataillons. En août 1811 elle est officiellement devenue le 3ème régiment étranger (irlandais) mais en pratique on continuait de parler de Légion Irlandaise.

Après l’abandon du projet d’invasion des îles britanniques suite à la défaite de Trafalgar (21 octobre 1805), l’unité irlandaise participe à l’expédition de Walcheren en 1809, à la guerre péninsulaire en Ibérie (1807-1814) mais aussi à la campagne d’Allemagne en 1813. L’unité qui fût la seule unité étrangère à recevoir un aigle est dissoute le 28 septembre 1815 au moment de la Restauration.

Revenons un peu en arrière. En 1672 l’armée royale irlandaise est réorganisée en six nouveaux régiments d’infanterie du moins en théorie car en réalité et à part le régiment royal irlandais de garde à pied les autres régiments ne sont que des unités cadres existant seulement sur le papier.

C’est une armée essentiellement protestante, les catholiques servant à l’étranger. Les cadres expérimentés ont quitté le service actif et l’argent est souvent détourné.

En 1685 Jacques II frère catholique de Charles II accède au trône ignorant qu’il n’allait régner effectivement que trois ans. A cette époque la Royal Irish Army comprend les unités suivantes :

-Le Royal Irish Regiment of Foot Guards

-Le Earl of Granard Regiment

-Le Viscount of Mountjoy’s Regiment

-Le Sir Thomas Newcomen’s Régiment

-Le Thomas Fairfax’s Regiment

-Le Justin McCarthy’s régiment

-Le Théodore Russel’s Régiment

-A ces sept régiments d’infanterie vont s’ajouter trois régiments de cavalerie (Ormonde’s, tyrconnell et Ossory’s).

Cette armée à une vocation de défense territoriale. Néanmoins deux compagnies de garde à pied participent à la 3ème guerre anglo-hollandaise de 1672 à 1674.

Sous Jacques II les catholiques sont à nouveau autorisé à intégrer l’armée d’Irlande. Des officiers protestants sont remplacés par des catholiques. En 1686 deux tiers des hommes du rang et 40% des officiers sont catholiques.

Au moment de la Glorieuse Révolution des unités catholiques irlandaises sont envoyées en Angleterre mais elles sont désarmées quand Guillaume III débarque pour prendre le pouvoir au nom de son épouse Marie II Stuart.

Sur les régiments cités plus haut seul le régiment de Grannard est préservé car protestant mais il prend le nom de 18ème régiment à pied (18th Foot Regiment)

En Irlande les protestants ont créé l’Armée du Nord mais elle est vite battue par les forces loyales à Jacques II qui connaissent une brusque augmentation de leurs effectifs avec 45 régiments à pied à douze compagnies de ligne et une compagnie de grenadiers, huit régiments de dragons, sept régiments de cavalerie et un régiment de garde du corps montés (Cavalry Life Guard).

Jacques II débarque en Irlande le 12 mars 1689, Schomberg le commandant de l’armée de Guillaume III le 13 août. Cette dernière qui regroupe près de 20000 hommes est rapidement handicapée par des problèmes logistiques et sanitaires. En juillet 1690 Guillaume III remporte une bataille décisive à La Boyne, met le siège devant le Limerick en septembre, la guerre s’achevant en octobre par le traité signé à Limerick.

Sous Guillaume III sans surprise le recritement des catholiques est en théorie interdit mais en pratique c’est plus compliqué.

En 1699 le Disbanding Act est voté limitant les effectifs déployés en Irlande à 12000 hommes. Les étrangers sont libérés, le recrutement en Irlande est très encadré et très limité.

Au XVIIIème siècle l’armée irlandaise est davantage une armée de papier qu’autre chose. En 1767 les effectifs autorisés par le parlement britannique passe à 15235 hommes auxquels s’ajoute en 1769 3235 hommes supplémentaires autorisés par le parlement irlandais.

Des unités irlandaises participent côté britannique à la Guerre de Sept Ans notamment les 44th et 48th Foot Regiment, combattant sur le continent américain et à Cuba. Ils rentrent ensuite à Cuba en 1763.

Des unités irlandaises participent également à la guerre d’indépendance américaine contre les insurgents. Selon certains historiens 16% des hommes de rang et 31% des officiers étaient irlandais.

Le manque de troupes pour défendre l’île contre une possible/probable/potentielle invasion française entraine la mise en place d’une milice, les Volontaires Irlandaises qui ne tarde pas à devenir un mouvement politique.

Comme nous l’avons vu plus haut l’armée royale irlandaise disparaît en 1801 suite à l’Acte d’Union mais des régiments irlandais sont créés au sein de l’armée britannique. Des régiments s’illustrent durant les guerres napoléoniennes qu’il s’agisse du 88th Foot (Connaugh Rangers) ou du 27th Foot (Inniskilling).

Mitteleuropa Balkans (117) Yougoslavie (5)

La Yougoslavie dans le second conflit mondial

La Yougoslavie en guerre : une courte mais héroïque résistance

Situation politique et militaire de la Yougoslavie en septembre 1948

Le 5 septembre 1948 ce que de nombreuses personnes redoutaient se produit : l’Europe bascule dans la guerre.

Cette fois tout le monde est certain, cette guerre n’allait pas durer trois mois mais partait pour plusieurs années, presque six pour être exact avec à la clé des dizaines de millions de morts et des milliards de francs, de dollars et de livres sterling de dégats.

La Yougoslavie est dans une situation très inconfortable. Elle n’est ni pro-alliée (malgré l’accord le 14 septembre 1945) ni pro-Axe, elle cherche une troisième voie en maintenant une forme de neutralité.

Neutralité ne veut pas dire faiblesse puisque dès le 30 août 1948 le gouvernement de Pierre II ordonne la mobilisation générale officiellement pour préserver «la paix et la neutralité dans la région».

Cette mobilisation se passe bien. Le plan rédigé en 1930 et révise à plusieurs reprises (la dernière fois en 1947 avec l’influence de la MMFY) est bien exécuté. Il y à des incidents dans quelques régions mais dans l’ensemble les croates et les slovènes acceptent de rejoindre les casernes et de renforcer l’armée royale yougoslave.

En septembre 1948 le roi Pierre II est officiellement au pouvoir depuis six ans, sa majorité et la fin de la régence de son oncle Paul. Ce dernier à quitté le pays en septembre 1943 et partage sa vie entre la Grande-Bretagne, la France (Riviera) et l’Amérique du Sud.

Paul de Yougoslavie

Il rejoint le pays en août 1948 pour offrir ses services. Il est nommé officiellement inspecteur général des forces armées yougoslaves et en pratique il est le commandant en chef de l’armée yougoslave ce qui est critiqué par une partie de l’opinion qui estime que le jeune roi (25 ans) devait imiter son grand père Pierre 1er en 1914 oubliant à cette occasion que le roi serbe déjà âgé avait confié le rôle effectif à son fils Alexandre.

Ce choix n’est pas forcément heureux moins en raison d’une éventuelle l’incompétence de l’ancien régent (ce n’est pas Napoléon mais ce n’est pas un ignare en matière militaire) que parce qu’il ne s’entend pas avec le commandant en chef officiel, le général Dusan Simovic, ancien premier ministre. Il y aura donc comme on dit de la friture sur la ligne, une mésentente sur la stratégie à suivre.

Dusan Simovic

La mobilisation se passe bien comme nous l’avons vu. Il y à néanmoins des lacunes sur le plan de l’équipement notamment en matière de chars et d’armes automatiques.

Renault R-35. Avec le Hotchkiss H-39 il était le char majeur de l’armée yougoslave

L’armée de terre yougoslave aligne à sa mobilisation vingt-huit divisions d’infanterie, deux divisions d’infanterie de montagne, trois divisions de cavalerie et une brigade mécanisée regroupant une bonne partie des chars de l’armée royale yougoslave. On trouvait également des unités de forteresse, de garde-frontières, d’artillerie et de génie.

Rogozarski IK-3

L’armée de l’air yougoslave dispose d’environ 500 appareils plus ou moins modernes de différents origines (françaises, britanniques, italiennes, allemandes et même yougoslaves).

Le conducteur de flottille Dubrovnil

La marine yougoslave est une Green Water Navy, une marine essentiellement composée d’unités légères (destroyers, torpilleurs, vedettes lance-torpilles), de quelques sous-marins, une marine à l’équipement assez ancien, les moyens ayant manqué pour renforcer une marine qui aurait de toute façon du affronter une marine italienne puissante.

Sur le plan stratégique l’armée yougoslave souhaite conserver l’intégrité totale du territoire national mais il s’agit plus d’un vœux pieux qu’autre chose. Elle à cependant aménagé des positions fortifiés aux frontières pour freiner l’assaillant qu’il soit italien, allemand, hongrois voir roumain ou bulgare.

Contrairement à ce qu’à écrit la propagande à l’époque il ne s’agit par d’une «Ligne Maginot Slave» mais d’une série de positions tactiques avec blockhaus de campagne disposant de canons et de mitrailleuses, de tranchées, de barbelés et de champ de mines.

Ces dispositifs seront renforcés jusqu’en juillet 1949, les yougoslaves informés par des officiers amis des leçons tirées de la campagne de France ayant compris l’importance de la profondeur du dispositif pour casser l’énergie cinétique des offensives blindées. Ils manqueront néanmoins de temps pour appliquer ce retour d’expérience et surtout manqueront d’une ou plusieurs unités motomécaniques pour contre-attaquer et éviter de s’enfermer dans une défensive stérile.

Les yougoslaves tentent de s’entendre avec la Grèce et souhaite le déploiement de troupes grecques dans le Vardar Macédonien. Athènes décline estimant ne pas avoir suffisamment de troupes pour une telle mission. Elle est de toute façon engagée contre les italiens qui ont attaqué depuis l’Albanie dans l’espoir de mener une guerre parallèle.

Belgrade n’à pas plus de succès avec les alliés occidentaux. Ces derniers sont fortement engagés sur le front français et ne peuvent guère divertir de troupes pour une véritable aventure militaire car sans le dire trop ouvertement Paris et Londres doutent des capacités de la Jugoslovenska vojska pour résister suffisamment longtemps pour permettre l’arrivée dans le sud de la Serbie de troupes capables de soutenir les divisions yougoslaves encore opérationnelles.

Le gouvernement de Belgrade comprend très vite qu’il sera seul face au minimum à une offensive italienne ou au pire face à une offensive combinée germano-italo-hongroise (voir pire).

Quand l’Axe attaque la Yougoslavie (opération MARITSA) l’ordre de bataille de l’armée de terre yougoslave est le suivant (NdA il s’agit d’une version simplifiée, la version détaillée sera présentée dans la partie concernant l’armée de terre).

En 1949 l’armée yougoslave était toujours équipée à la française, les projets de changement d’équipement n’ayant pas aboutit faute de temps, faute de moyens et peut être faute de volonté ou de scepticisme sur l’utilité de changer l’uniforme alors qu’il y à bien d’autres priorités comme la modernisation de l’armement individuel, de l’artillerie et des armes collectives de l’infanterie.

La Jugoslovenska vosjka déploie ses forces en groupes d’armées, armées et divisions, l’échelon corps d’armée n’existant pas essentiellement parce que l’armée yougoslave manque d’officiers compétents pour faire fonctionner à la fois des états-majors de groupes d’armées, d’armées et de corps d’armées.

Le 1er Groupe d’Armées couvre la frontière avec l’Italie et celle avec l’Autriche. C’est elle qui à priori va recevoir le choc principal même si certains officiers yougoslaves estiment qu’il ne faut pas écarter un assaut par la Hongrie pour ainsi foncer rapidement sur Belgrade et déstabiliser tout le pays.

Il comprend la 1ère Armée disposant de la 1ère, de la 7ème et de la 10ème DI ainsi que la 2ème Armée qui aligne la 17ème, la 24ème et la 30ème DI. A ces six divisions s’ajoutent pour chaque armée des moyens d’appui (artillerie, reconnaissance aérienne) et de soutien ainsi qu’en réserve de groupes d’armée la 1ère division de cavalerie et la 1ère division de montagne.

Le 2ème Groupe d’Armées couvre la frontière avec la Hongrie. Son rôle est donc crucial pour protéger la capitale Belgrade.

Il comprend la 4ème Armée disposant de trois divisions d’infanterie (27ème, 40ème et 42ème DI) alors que la 7ème Armée dispose des 32ème, 36ème et 38ème DI. A ces six divisions s’ajoutent pour chaque armée des moyens d’appui (artillerie, reconnaissance aérienne) et de soutien ainsi qu’en réserve de groupes d’armée la 3ème division de cavalerie et la 2ème division de montagne.

Le 3ème Groupe d’Armées couvre le sud du pays contre une éventuelle offensive italienne depuis l’Albanie que Rome a occupé puis annexé au printemps 1939.

Elle comprend la 3ème Armée qui dispose de trois divisions d’infanterie (13ème, 15ème et 25ème DI) alors que la 8ème Armée (ex-3ème Armée territoriale) comprend les 5èmes, 20ème et 46ème DI. A cela s’ajoute des unités d’appui, de soutien ainsi qu’une division d’infanterie en réserve générale, la 22ème DI.

La 5ème Armée indépendante couvre la frontière que la Yougoslavie partage avec la Roumanie et la Bulgarie. Elle aligne les 8ème, 9ème, 34ème et 50ème DI ainsi que la 2ème division de cavalerie.

La 6ème Armée indépendante déployée à cheval sur la Serbie et la Bosnie Herzegovine doit servir de réserve opérationnelle immédiate pour se porter à l’aide de l’un des groupes. Elle comprend trois divisions d’infanterie (3ème, 49ème et 14ème DI) plus trois régiments indépendants de cavalerie (49ème, 75ème et 94ème régiments) ainsi que des unités d’appui et de soutien

La Réserve Stratégique comprend les deux dernières divisions d’infanterie (4ème et 6ème DI) ainsi que la 1ère brigade mécanisée.

Sur le papier ces moyens sont importants mais ils ne doivent pas faire illusions. Les divisions d’infanterie yougoslave manquent souvent d’entrainement et l’armement pourrait être meilleur même si il n’est pas aussi obsolète que raconté.

Cela s’ajoute la question nationale. Malgré une politique de promotion des nationalités aux postes de responsabilités, le gouvernement yougoslave qui a du mal à se débarrasser de son tropisme serbe craint une défaillance des unités croates et slovènes.

Ce qui est certain c’est qu’en l’absence d’une garantie ferme des alliés occidentaux peu de généraux yougoslaves se pensent capables de repousser une attaque combinée de l’Allemagne, de l’Italie voir de la Hongrie.

Les plus optimistes espèrent tenir suffisamment longtemps pour que Paris et Londres revenant sur leur répugnance initiale ne se décident à voler au secours des yougoslaves.

La Yougoslavie au combat

Face à ce déploiement imposant sur le papier, l’Axe germano-italo-hongrois décide de mobiliser des moyens conséquents. Il s’agit d’aller vite et de neutraliser la péninsule balkanique, d’en faire une zone sous total contrôle de l’Axe pour éviter que les alliés n’utilisent ce territoire pour frapper le flanc de la future opération BARBAROSSA.

Il faut en effet le répéter encore et toujours : l’opération MARITSA n’à pas été décidé en urgence pour sauver Mussolini de sa débâcle militaire grecque mais était prévue et planifiée par les allemands.

Panzerkampfwagen Panzer IV

Les allemands ne déploient pas moins de douze divisions, trois divisions blindées (1ère, 5ème et 12ème Panzerdivisionen), une division d’infanterie de montagne (1. Gebirgjäger Division), une division parachutiste (3. Fallschitmjäger Division) et sept divisions d’infanterie (3ème, 9ème, 14ème, 25ème, 31ème, 35ème DI + la 5. Leichte Division).

Les italiens déploient six divisions dépendant de la 2ème Armée, armée disposant de deux corps d’armées à deux divisions, les deux dernières divisions dépendant directement de l’Armée comme réserve stratégique.

C’est ainsi que le 5ème Corps d’Armée dispose de la 3ème division alpine «Julia» et la 5ème DI «Cosseria» alors que le 7ème Corps d’Armée dispose de la 14ème DI «Isonzo» et la 17ème DI «Pavia». La 47ème DI «Bari» ainsi que la 48ème DI «Taro» sont en réserve d’armée.

Enfin les hongrois sont de la partie avec leur 3ème Armée qui aligne pas moins de neuf divisions d’infanterie réparties en trois corps d’armée. Le 1er Corps d’Armée comprend les 16ème, 21ème et 25ème DI, le 2ème CA engerbe les 17ème, 22ème et 26ème DI alors que le 3ème CA à sous son commandement les 18ème, 24ème et 27ème DI.

Potentiellement ce sont donc 21 divisions ennemies qui vont attaquer un nombre inférieur de Grandes Unités (G.U) yougoslaves. De plus les allemands vont mobiliser trois divisions blindées, un type d’unité que ne possède pas l’armée de terre yougoslave, la brigade mécanisée était bien plus faible qu’une Panzerdivision.

Les yougoslaves vont choisir une défense élastique s’appuyant sur les coupures humides, les obstacles offerts par le relief et des lignes fortifiées aménagées durant la Pax Armada.

Les Tcheniks vont commencer dès l’opération Maritsa à mener des opérations de guérilla, tuant par exemple dans l’œuf certaines mutineries dans des unités croates et slovènes. Leur harcèlement va ressusciter la peur du franc-tireur chez les troupes allemandes pour le plus grand malheur des populations civiles qui paieront lourdement les attaques qui ont été magnifiées par la propagande mais dont l’impact militaire a été limité.

Le 7 juillet 1949 4h45 l’opération MARITSA est déclenchée. Les allemands sont les premiers à attaquer avec un barrage d’artillerie comme durant le premier conflit mondial et des frappes aériennes.

Fallschirmjager

Les parachutistes de la 3. Fallschirmajger sont largués non en bloc (par exemple sur Zagreb) mais par petits paquets pour tenter déstabiliser le dispositif yougoslave avec des résultats contrastés montrant encore une fois que le largage de parachutistes est très aléatoire.

Les troupes yougoslaves encaissent même si il y a des mouvements de panique et de découragement devant une telle puissance de feu. Il y a quelques cas de mutineries et de refus de combattre mais dans l’ensemble le haut-commandement yougoslave (à majorité serbe) est agréablement surpris par la résistance et la résilience des unités de recrutement slovène ou croate.

Difficile de connaitre la ou les causes de cette résistance. Nul doute que la politique libérale de Pierre II et auparavant du régent Paul ont permis à une partie des slovènes et des croates d’avoir envie de se battre pour un pays qui pour beaucoup leur paraissait étranger.

Les italiens attaquent quelques heures plus tard mais pour le Jour J de l’opération MARITSA ils se contentent de reconnaissances armées auxquelles les yougoslaves ripostent de manière féroce.

Les hongrois vont attaquer le 8 juillet 1949 ce qui aurait pu compliquer la tâche des yougoslaves mais les troupes magyares ne montrent guère d’ardeur au combat, étant probablement persuadés que leur offensive serait une promenade militaire.

Les combats sont violents à terre comme en l’air même si très vite l’armée de l’air yougoslave va perdre le contrôle de l’espace aérien au profit de la Luftwaffe et de la Regia Aeronautica. Elle parviendra à tenir plus longtemps face à la MKHL (armée de l’air hongroise).

En dépit d’un grand courage, les troupes yougoslaves doivent rapidement se replier sur les montagnes de Bosnie mais cette retraite est méthodique.

Les grandes villes tombent les unes après les autres, Lubjana tombe dès le 10, Zagreb le 14 et dès le lendemain des oustachis proclament l’indépendance de la Croatie. Cette déclaration va accélérer la désagrégation des unités de recrutement croate au point que les dernières unités venant de cette région seront désarmées.

Certaines unités croates cacheront soigneusement leur origine pour ne pas être désarmées et continuer la lutte.

Le 16 juillet une partie de la marine yougoslave se mutine. Certains navires parviennent à quitter les ports de Split et de Kotor pour rallier la Crète puis l’Egypte.

Le 17 juillet Belgrade tombe aux mains des hongrois. La ville à été dévastée par de nombreuses attaques aériennes menées par les allemands.

Les combats perdent en intensité. Non seulement les allemands, les italiens et les hongrois doivent retrouver leur second souffle mais en plus la logistique peine à suivre. De leur côté les yougoslaves sont au bord de l’effondrement.

L’invasion italo-germano-hongroise se poursuit de manière inexorable, les yougoslaves continuant de se battre. Le 9 août les troupes hongroises et bulgares font leur jonction.

Les bulgares n’ont pas participé directement à l’opération MARITSA mais vont occuper la partie bulgarophone de la Macédoine.

Les allemands de leur côté se sont arrêtés dans le sud de la Serbie, les italiens opérant au Monténégro qu’ils considèrent comme leur pré-carré.

Les dernières troupes yougoslaves passent en Grèce à l’automne 1949 mais déjà dans les territoires occupés par les italiens, les allemands, les hongrois et les bulgares des mouvements de résistance plus ou moins spontanées commencent à tendre des embuscades voir à attaquer des personnels isolés (voir la partie «résistance et collaboration»).

D’autres vont faire le choix de la collaboration, opérant aux côtés des allemands, des italiens, des hongrois et des bulgares pour participer aux sinistres opérations de nettoyage avec son lot de massacres et d’exactions.

Les troupes yougoslaves épuisées vont rallier la Crète puis l’Egypte pour permettre la reconstitution d’une véritable armée capable de participer à la libération de l’ancien Royaume des Serbes, Croates et Slovènes.

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