ROYAL MARINES
Historique

Royal Marines en tenue de parade en 1972
Pendant longtemps les batailles navales ressemblaient beaucoup à des combats terrestres. En l’absence d’artillerie, les navires cherchaient à s’aborder pour terminer l’affrontement par un combat entre fantassins, les romains mettant au point le corbeau, une passerelle mobile pour permettre aux légionnaires d’aborder les galères et autres trirèmes ennemies.
Autre mode de combat, la descente. Une flotte mouillait au large d’un port, débarquait des soldats qui détruisaient les dépôts de vivres, de munitions, les navires au mouillage avant que ces ancètres des commandos rembarquaient pour échapper à une éventuelle riposte d’une flotte ennemie.
Le raid sur Cadix de Francis Drake en 1587 retarda de plus d’un an l’envoi de l’Armada au large des côtes britanniques avec le résultat que l’on sait, l’échec de l’Invincible Armada rendant impossible toute restauration catholique en Angleterre.
Ce mode d’action entraina la création d’unités d’infanterie dédiées à ce type de missions comme les Compagnies de la Mer en 1622 pour la France ou le Tercio de Armada pour la marine espagnole.
Quand à la Royal Navy, elle créa une unité spécifique, les Royal Marines qui reçoivent cette apelation seulement en 1802 après plus d’un siècle d’existence.
Le 5 avril 1755, cinquante compagnies sont créées, formant trois divisions (Chatham, Portsmouth, Plymouth) au sein de la force des marines de sa majesté (His Majesty Marine Forces) qui peut cependant faire remonter son existence à 1664 date de la création du Duke of York & Albany Regiment of Foot, un régiment d’infanterie levé par le Lord de l’Amirauté, Jacques Stuart, futur Jacques II d’Angleterre et dernier roi catholique d’Angleterre.
Ces Marines sont embarqués sur des navires pour deux missions : le combat à l’abordage, le tir de précision depuis les matures pour abattre les officiers ennemis et la sécurité des officiers face à un équipage pas toujours composés des éléments sains de la société.
En 1802, la force des Marines obtient le titre Royal de George III, devenant les Royal Marines qui sont rejoints par des artilleurs en 1804, les Royal Marines Artillery, ces derniers se distinguant par un uniforme Bleu d’où leur surnom de Blue Marine aux artilleurs et de Red Marine aux fantassins qui conservaient la tenue rouge classique de l’infanterie britannique.
En 1855, les fantassins des Royal Marines forme le Royal Marines Light Infantry qui devient sept ans plus tard, le Royal Marine Light Infantry. Comme le reste de l’armée britannique, les marines participent à la conquête coloniale.
Quand éclate le premier conflit mondial, les marines sont les premières troupes britanniques déployées sur le continent, les Royal Marines formant une partie de la Naval Division débarquée à Anvers pour protéger ce port d’une occupation allemande mortelle pour Londres.
Les Royal Marines vont participer à toutes les grandes opérations du premier conflit mondial puisqu’ils sont engagés dans les Dardannelles en 1915 mais également sur le front occidental, menant les raids sur Zeebruge en 1916 et 1918.
Quand le premier conflit mondial se termine, les Royal Marines sont 55000 sous les drapeaux mais cet apogée est forcément provisoire puisque le retour de la paix entraine une brutale et brusque déflation des effectifs qui retombent à 15000 hommes en 1922.
Et ce n’est pas fini car en 1923, les deux branches (infanterie et artillerie) fusionnent, entamant une nouvelle baisse des effectifs avec 9500 hommes après que le Trésor eut demandé 6000 hommes voir même une disparition pure et simple !
Perdant son artillerie, les Royal Marines dépendent désormais de la Royal Artillery pour son appui-feu. Le corps serait donc capable de mener des raids limités, une saisie d’objectifs peu défendus mais bien incapables de combattre contre des unités armées et motivées.
En septembre 1939, les Royal Marines sont réduits à quatre bataillons, trois en métropole et un en Egypte.
La mobilisation permet de créer une Royal Marines Naval Brigade destinée à opérer sur le continent ou en Norvège mais comme le conflit se termine rapidement, cette brigade est dissoute en mars 1940.
En septembre 1941, décision est prise d’accroitre et de réorganiser totalement le corps des Royal Marines. Les marines britanniques de l’époque considèrent qu’il s’agit d’une véritable renaissance d’une arme qui va écrire de glorieuses pages dans le second conflit mondial.
Organisation des Royal Marines en septembre 1948
C’est le rapport Taylor-Bowen remis au premier lord de l’Amirauté en mars 1942 qui va piloter la réforme, la réorganisation et l’accroissement des effectifs du Royal Marines Corps (RMC).
Ce rapport distingue clairement désormais les missions de l’infanterie de marine britannique :
-Sécurité des bases navales
-Prise d’objectifs stratégiques
-Participation aux opérations expéditionnaires (on ne parle pas encore d’opérations
amphibies)
Sur le plan de l’organisation, le rapport Taylor-Bowen va créer quatre branches, une organisation simple et claire :
-Royal Marines Security Force (RMSF) : bataillons et compagnies chargées de la protection des bases navales et des dépôts.
-Royal Marines Light Infantry (RMLI) : c’est la force de combat du corps avec des
brigades navales en métropole, Méditerranée et Extrême-Orient.
-Royal Marines Artillery (RMA) : trois bataillons d’artillerie destinés à renforcer l’artillerie des Naval Brigade
-Royal Marines Training Force (RMTF) : C’est cette branche qui gère le recrutement,
l’entrainement et le maintien en condition des Marines.
Royal Marines Security Force (RMSF)
Cette première branche est celle concentra la majorité des effectifs puisque que les Naval Brigades n’ont que des effectifs réduits en temps de paix. Il ne s’agit pas d’unités-cadre mais sur les trois bataillons de chaque brigade, un seul est à effectifs plein, le second à 50% alors que le troisième doit être activé à la mobilisation.
La RMSF est subdivisée en brigades, des brigades territoriales, une pour la métropole, une pour la Méditerranée, une pour le Moyen-Orient, une pour l’Extrême-Orient et une pour les colonies.
Les bases majeures disposent d’un bataillon organisé en un état-major, une compagnie de commandement et de soutien, trois compagnies de sécurité et une compagnie d’appui (mitrailleuses et mortiers). Il s’agit donc de véritables bataillons d’infanterie et non d’une simple force de sécurité.
RMSF-Home Brigade
-1st Battalion RMSF : Rosyth
-3rd Batallion RMSF : Faslane
-5th Batallion RMSF : Chatham
-7th Batallion RMSF : Devonport
-9th Batallion RMSF : Plymouth
-Une compagnie indépendante à Scapa Flow et une autre à Portland
RMSF-Mediterranean Brigade
-2nd Batallion RMSF : Malte
-4th Batallion RMSF : Alexandrie
-Une compagnie indépendante à Gibraltar
RMSF-Middle East
-Un bataillon à trois compagnies de sécurité, une compagnie déployé à Aden avec compagnie de commandement, une compagnie déployée à Bassorah et la troisième compagnie à Bombay. Il reçoit le numéro 6 en 1948 (6th Batallion RMSF).
RMSF-Eastern Fleet
-8th Batallion RMSF : Alor Setar
-10th Batallion RMSF : Singapour
-11th Batallion RMSF : Singapour
-12th Batallion RMSF : Hong-Kong
-Une compagnie indépendante déployée à Kuching
RMSF-Colonial
-Une compagnie déployée aux Bermudes et une autre déployée à Freetown
Royal Marines Light Infantry (RMLI)
Reprenant la désignation historique des unités d’infanterie des Royal Marines, le RMLI se compose de trois brigades organisés en un état-major, une compagnie de commandement et de soutien, une compagnie de soutien logistique, une compagnie de transmission, trois bataillons d’infanterie (un à pleins effectifs, un à 50% et un activé à la mobilisation), un bataillon d’appui (mortiers lourds, mitrailleuses, canons antichars, éclaireurs).
1st Naval Brigade-RMLI (Grande-Bretagne)
-Etat-Major
-Compagnie de Commandement et de Soutien
-Compagnie de soutien logistique
-Compagnie de transmissions
-1st Batallion-RMLI (bataillon d’active)
-3rd Batallion-RMLI (batailon à 50% d’effectifs)
-5th Batallion-RMLI (bataillon à activer)
Suite aux tensions récurentes et à des informations évanescentes sur une possible invasion allemande de la Norvège, la Royal Navy décide d’activer à 50% le 5th Batallion-RMLI ce qui rendit la brigade plus puissante lors de son engagement en Norvège.
-Un bataillon d’appui avec une compagnie de mortiers lourds (106.7mm), une compagnie de mitrailleuses (Vickers de 7.7mm), une compagnie de canons antichars (canons de 6 livres) et une compagnie d’éclaireurs (les ancètres du SBS).
2nd Naval Brigade-RMLI (Méditerranée)
-Etat-Major
-Compagnie de Commandement et de Soutien
-Compagnie de soutien logistique
-Compagnie de transmissions
-2nd Batallion-RMLI (bataillon d’active) stationné à Gibraltar
-4th Batallion-RMLI (bataillon à 50% d’effectifs) stationné à Malte
-6th Batallion-RMLI (bataillon à activer) doit être stationné en Egypte.
-Bataillon d’appui stationné en Egypte
3rd Naval Brigade-RMLI (Extrême-Orient)
-Etat-Major
-Compagnie de Commandement et de Soutien
-Compagnie de soutien logistique
-Compagnie de transmissions
-7th Batallion-RMLI (bataillon d’active) déployé à Singapour
-8th Batallion-RMLI (bataillon à 50% d’effectifs) déployé à Alor Setar
-9th Batallion-RMLI (bataillon à activer) déployé à Singapour
-Bataillon d’appui
Royal Marines Artillery (RMA)
En 1923 pour de basses raisons budgétaires, les Royal Marines avaient perdu leur artillerie, passant d’une véritable force de combat à une simple force de sécurité.
Le rapport Taylor-Bowen préconise de recréer des unités d’artillerie. Pas moins de huit bataillons sont jugés nécessaires mais en raison d’un manque de budgets seulement quatre bataillon sont créés, deux en métropole, un en Méditerranée et un quatrième en Extrême-Orient.
Chaque bataillon d’artillerie est organisé en un état-major, une batterie de commandement et de soutien, une batterie de soutien logistique, une batterie de conduite de tir et trois batteries de six canons de 25 livres.
Le 1st Batallion-RMA est stationné à Inverness, le 2nd Batallion-RMA est stationné à Alexandrie, le 3rd Batallion-RMA est stationné à Chatham et enfin le 4th Batallion-RMA est déployé à Singapour.
Royal Marines Training Force (RMTF)
Installé à Londres, l’état-major de la RMTF gère l’administration, le recrutement, la formation et l’entrainement des Royal Marines.
L’entrainement initial à lieu à Plymouth Barrack à Devonport avant une spécialisation soit à Salisbury pour l’artillerie ou à Exeter pour l’infanterie.
Une fois formées les recrues sont affectées soit à des unités de combat ou à des unités de sécurité en métropole ou en outre-mer.
Pour anticiper une rupture des communications, des camps d’entrainement sont mis sur pied à Chypre pour la Méditerranée, à Karachi aux Indes et à Kuching en Malaisie. Cela permettra aux réservistes ou aux jeunes britanniques de pouvoir devenir des Royal Marines.
Equipement
L’armement est identique à celui de l’armée de terre à l’exception des pistolets mitrailleurs, les Royal Marines disposant de mitraillettes Lanchester inspirées de la MP-28 allemande.
Outre le fusil Lee-Enfield, les Royal Marines disposent de révolvers Webley, de fusils mitrailleurs Bren, de mitrailleurs Vickers, de mortiers de 2 pouces (51mm), de mortiers de 3 pouces (76.2mm) et de mortiers de 4.2 pouces (106.7mm).
Pour ses éclaireurs (Royal Marines Scouts), le RMC à acquis des fusils antichars Boys et des fusils Springfield modèle 1903 pour le tir de précision.
On trouve également des canons antichars de 6 livres (57mm) utilisés pour la lutte antichar mais également comme canon d’infanterie notamment au moment du débarquement et de la prise d’objectifs stratégiques. Des PIAT sont également disponibles pour permettre aux fantassins de se défendre contre des chars.
En ce qui concerne l’artillerie, le seul canon utilisé est le classique 25 livres, le canon-obusier standard de l’artillerie britannique, arme mise en œuvre par les quatre bataillons de la Royal Marines Artillery (RMA).
Les bataillons de sécurité et d’infanterie disposent de camions et de véhicules légers mais pas de blindés.
Ce n’est qu’au cours du conflit que les Royal Marines disposeront d’autos blindées et même de chars amphibies.