Pologne et Pays Neutres (93) Pologne (5)

Les Grandes figures de l’histoire polonaise

Nicolas Copernic

Né à Thorn le 19 février 1473 et mort à Frauenburg le 24 mai 1543 c’est un astronome polonais (ou allemand c’est selon), chanoine, médecin et mathématicien.

Il est issu d’une riche famille hanséatique, son père Nicolas est négociant en cuivre qui doit son nom à son village d’origine (Koperniki). Sa mère Barbara Watzenroode est issue d’une vieille famille de Thorn. Il à trois frères et sœurs plus âgés : Andrzej, Barbara et Katarsyn.

Bien que considéré comme polonais , il est davantage allemand car il parle allemand et latin mais n’aura jamais qu’une connaissance élémentaire du polonais. Il suit des études sans forcément de diplôme à Cracovie, Bologne, Padoue et Ferrare.

Son père meurt en 1483, son oncle futur évêque de Varmie va assurer son éducation. En 1503 il devient à Ferrare docteur en droit canon. Humaniste, c’est également un médecin réputé. A noter qu’il s’intéresse aussi bien à l’astronomie qu’à l’économie.

On à longtemps écrit que la publication posthume de son œuvre majeure De revolutionibus Orbium Coelestium (Des Révolutions des sphères célestes) s’expliquait la crainte d’une réaction violente de l’Eglise.

En réalité il s’agit davantage d’une rigueur scientifique, Nicola Copernic peinant à confirmer ses théories et ses intuitions. Cela s’explique par le fait que le mouvement des planètes n’est pas circulaire et uniforme mais légèrement elliptique c’est Keppler qui le découvrira en 1609. De plus le temps sur la Vistule est souvent mauvais et Copernic doit s’appuyer sur des sources pas toujours fiables.

Le texte circule avant même sa publication et y compris dans les milieux écclesiastiques. Ce n’est qu’en 1616 dans la foulée des démélés de Galilée que l’oeuvre de Copernic sera mise à l’index et ce jusqu’en 1835.

On à longtemps ignoré le lieu de sa sépulture. En 2005 des ossements sont retrouvés près de l’autel de la cathédrale de Frombrok. Un test ADN confirme en 2008 que ses ossements appartiennent bien à l’astronome polonais. Il est enterré dans une nouvelle tombe le 22 mai 2010.

Jean III Sobieski

Né au château d’Olesko près de Lviv le 17 août 1629 et décédé à Varsovie le 17 juin 1696, il est roi de Pologne et grand-duc de Lituanie (21 mai 1674 ay 17 juin 1696).

Fils de Jakub Sobieski et de Zofia Teofila Danilowiczovna, marié à Marie-Casimire Louise de la Grande d’Arquie, il eut cinq enfants (Jacques Louis Henri, Louise-Adelaïde, Thérèse-Cunégonde, Alexandre-Benoit et Constantin-Philippe).

Son père est voïvode de Ruthénie et Kaszetlan de Cracovie. Il l’envoie effectuer des études de philosophie à Cracovie puis un voyage en Europe avant d’entamer une carrière militaire. En 1668 Jean III Casimir le nomme Grand Hetman soit le poste de commandant en chef des armées polonaises. Il est élu roi le 21 juin 1674 et couronné le 2 février 1676.

Il veut chasser les ottomans d’Europe et rejoint pour cela la Ligue Catholique organisée par le pape Innocent XI. Il bat les ottomans à Zunawno en 1676 et surtout à Kalenberg en 1683, son armée de 80000 hommes chassant Kara Mustafa des murs de Vienne. Il devient le héros de la chrétienté. C’est le dernier roi de Pologne à avoir voulu imposer l’autorité monarchique sur une noblesse particulièrement indocile et turbulente ce qui allait conduire le pays à sa perte.

Auguste II

Frédéric-Auguste 1er de Saxe est né à Dresde le 12 mai 1670 et mort à Varsovie le 1er février 1733. Si son corps est enterré à Cracovie, son cœur à été placé dans un cénotaphe à Dresde.

Prince de la Maison de Wettin, il est prince-électeur de Saxe (27 avril 1694 au 1er février 1733) et surtout roi de Pologne grand-duc de Lituanie du 27 juin 1697 au 1er septembre 1704 et du 8 juillet 1709 au 1er février 1733.

Sous son règne la Saxe connait un véritable âge d’or, sa capitale Dresde devient la «Florence de l’Elbe».

Il perd temporairement sa couronne au cours de la Grande Guerre du Nord (1700-1721) par son alliance avec la Russie et suite à l’invasion du flamboyant roi de Suède Charles XII. Né luthérien, il se convertit au catholicisme pour devenir roi de Pologne et grand-duc de Lituanie.

C’est le deuxième fils de l’électeur Jean-Georges III et de la princesse Anne-Sophie de Danemark. A la mort de son frère ainé Jean-George IV, il devient prince-électeur de Saxe, comte palatin de Saxe et Margrave de Misnie.

Elu roi de Pologne et grand-duc de Lituanie avec le soutien de Pierre le Grand il bat le candidat de Louis XV, le prince de Conti.

Marié à Christiane-Eberhardine de Brandebourg-Bayreuth, il n’à qu’un fils le futur Auguste III de Pologne. Il à plusieurs enfants naturels comme un certain Maurice de Saxe le vainqueur de Fontenoy fruit de sa liaison avec Marie-Aurore de Koenigsmark qui lui donna également une fille Anna-Karolina Orzelska. De sa liaison avec Ursule-Catherine de Tesche est né un fils, Jean-Georges chevalier de Saxe.

Stanislas Leszczynski

Né à Lwow (Lviv) le 20 octobre 1677 et mort à Luneville le 23 février 1766, c’est un aristocrate polonais, roi de Pologne sous le nom de Stanislas 1er de 1704 à 1709 et de 1733 à 1736. Beau-père de Louis XV il est ensuite duc de Lorraine et de Bar de 1737 à sa mort.

Issu d’une grande famille de Pologne aux lointaines (Xème siècle) origines bohémiennes. Il est l’héritier du Palatinat de Grande Pologne. Il bénéficie d’une éducation soignée avec des cours de littérature et de sciences, maitrisant le polonais, l’allemand, l’Italien, le français et le latin. Il effectue son Grand Tour.

Marié à Katarzyna Opalinska (1682-1747), il eut deux filles, Anna et surtout une certaine Marie Leszczynska, reine de France et épouse de Louis XV.

Elu roi de Pologne le 12 juillet 1704 grâce au soutien de Charles XII de Suède, il est chassé de Pologne en 1709. En 1714 il reçoit la jouissance de la Principauté de Deux-Ponts près de la Lorraine.

En 1718 à la mort de son protecteur suédois il se réfugie auprès de Léopold 1er de Lorraine, beau frère du Régent. En 1719 il s’installe à Wissembourg.

Le mariage de sa fille avec Louis XV doit beaucoup aux manœuvres du duc de Bourbon, rival du Régent. En revanche les relations avec Louis XV furent toujours très froides, le Bien Aimé cachant mal son mépris pour son beau-père.

En Lorraine il doit faire face à une grande impopularité, les lorrains étant très attachés à la famille ducale, le dernier duc de Lorraine étant un certain François-Etienne futur François 1er du Saint-Empire et accessoirement époux de Marie-Thérèse d’Autriche.

Cette impopularité à aussi pour origine le fait qu’à sa mort les territoires qu’ils contrôlent intégreront à terme la France, Stanislas n’étant qu’un outil destiné à préparer cette annexion, cette absorption.

Prince philosophe et mécène des Lumières, il se rend chaque automne à Versailles pour revoir sa fille et ses nombreux petits enfants logeant à l’occasion au Trianon.

N’ayant aucun pouvoir réel, il mène une active politique de culturelle avec la création de la Bibliothèque Royale de Nancy, la Société Royale des Sciences et Belles Lettres future Académie de Nancy. Il s’illustre par sa politique architecturale avec le château de Luneville ou la place royale future place Stanislas.

Il meurt à 88 ans des suites de graves brûlures.

Auguste III

Né à Dresde le 17 octobre 1696 et mort dans la même ville le 5 octobre 1763, il est le fils unique d’Auguste II et de Christiane-Eberhardine de Brandebourg-Bayreuth.

Marié à Marie-Joséphe d’Autriche, il aura quatorze enfants, sept fils (Frédéric, Joseph, Frédéric IV, François-Xavier, Charles-Christian, Albert et Clément) et sept filles (Marie-Amélie, Marguerite, Marie-Anne, Marie-Joséphe, Christine, Marie-Elizabeth et Cunégonde).

L’un d’elle Marie-Josèphe allait épouser le Dauphin, donnant trois des quatre derniers rois de France à savoir Louis XVI, Louis XVIII et Charles X, elle même ne régnant jamais puisqu’elle est morte en compagnie de son mari avant son beau-père.

L’avant-dernier roi de Pologne effectue son grand tour en Autriche, en Italie où il se convertit au catholicisme, en France où il est présenté à la truculente Elisabeth d’Orléans plus connu sous le nom de la Princesse Palatine, belle sœur de Louis XIV (Marié à Philippe d’Orléans dont l’homosexualité n’était un secret pour personne, c’était selon certains «le mariage d’une libellule et d’un marcassin»).

Il doit s’imposer pour être élu roi de Pologne et grand-duc de Lituanie, étant soutenu par la Russie et l’Autriche pour contrer le retour du beau-père de Louis XV Stanislas Leczynski soutenu par son gendre.

Stanislas est élu dans un premier temps ce qui déclenche la Guerre de Succession de Pologne (1733-1738).

Il est élu et couronné roi le 17 janvier 1734. Après des négociations entre la France et l’Autriche, Stanislas renonce à la couronne de Pologne (mais pas au titre) en échange du duché de Lorraine qui reviendra à la France à sa mort. En 1736 les partisans de Stanislas reconnaissent Auguste comme roi de Pologne et grand-duc de Lituanie.

Avec la Saxe il participe brièvement à la guerre de Succession d’Autriche puis à la Guerre de Sept Ans au cours de laquelle le territoire saxon est ravagé par les armées prussiennes, la famille royale est même prise en otage ce qui scandalise toutes les cours d’Europe. Pas certains que cela ait beaucoup chagriné le roi de Prusse.

A sa mort, le trône de Pologne passe à Stanislas Antoine Poniatowski le 7 septembre 1764 sous le nom de Stanislas II Auguste.

Marie Leszczynska

Née à Trzebnica le 23 juin 1703 et morte à Versailles le 24 juin 1768, elle est la fille de Stanislas Leszczynski et de Catherine Opalinska. Elle épouse Louis XV en 1725 et lui donna dix enfants en dix ans. Elle est reine de France et de Navarre du 5 septembre 1725 au 24 juin 1768.

Née en 1703, elle n’à qu’un an quand elle doit suivre son père en exil d’abord dans la Principauté des Deux-Ponts appartenant au roi de Suède puis à Wissembourg en Alsace. Elle est mariée par procuration le 15 août 1725 à Strasbourg puis avec Louis XV le 5 septembre 1725.

Cette union à été prolifique car dix enfants sont nés en dix ans, deux fils dont un seul survit à l’enfance et huit filles dont des jumelles.

Successivement sont nées Louise-Elisabeth et Anne-Henriette nées le 14 août 1727 (décédées respectivement le 6 décembre 1759 et le 10 février 1752), Marie-Louise (28 juillet 1728 19 février 1733), Louis (4 septembre 1729-20 décembre 1765), Louis (4 septembre 1729-20 décembre 1765), Philippe (30 août 1730-7 avril 1733), Marie-Adelaïde (23 mars 1732 27 février 1800), Victoire Louise Marie Thérèse (11 mai 1733 7 juin 1799), Sophie Phillipine Elisabeth Justine (27 juillet 1734 2 mars 1782), Thérèse-Félicité (16 mai 1736 28 septembre 1744) et Louise Marie (15 février 1737 23 décembre 1787).

A propos de ces grossesses multiples, elle aurait dit «Eh quoi ! Toujours couchée, toujours grosse, toujours accouchée». Elle souffre de la mort de deux enfants en bas âge. Avertie par les médecins qu’une nouvelle grossesse pourrait lui être fatale, elle n’accueille plus dans sa chambre son mari mais sans lui expliquer la raison de ce choix. Après quelques années d’entente, le couple royal est entré dans une forme de cohabitation, Louis XV multipliant les aventures et les maitresses.

Comme elle n’à aucune influence politique, les courtisans intéressés ne viennent pas la voir et ses familliers sont des gens sincèrement attachés à sa personne. Amoureuse des arts elle fait venir à Versailles le castrat Farinelli et un certain Wolfang Amadeux Mozart.

Elle repose à la Basilique de Saint-Denis, son cœur est auprès de ses parents en l’Egise Notre Dame de Bonsecours à Nancy.

Stanislas Antoine Poniatowski (Stanislas II Auguste)

Né à Wowchyn (aujourd’hui en Biélorussie) le 17 janvier 1732 et décédé à Saint Pétersbourg le 12 février 1798, c’est le dernier roi de Pologne de 1764 à 1795. Il est élu grâce au soutien de son ancienne maitresse une certaine Catherine II de Russie. Il tente de faire ce qu’il peut avec les limites imposées par la Russie bien décidé à maintenir la Pologne-Lituanie dans un profond état de faiblesse.

Fils de Stanislas Poniatowski et de Konstancja Czartoryska, il est marié à Elzbieta Szydlowska.

Sur le plan politique il est un temps ambassadeur de Russie en Saxe. Il participe aux diètes de 1758, 1760 et 1762. La même année son père meurt lui laissant un confortable héritage.

Il est élu roi sans réelle opposition le 7 septembre 1764. Il est couronné le 25 novembre 1764.

Il lance des tentatives de réforme mais elles ne vont jamais assez loin entre pressions russes, noblesse turbulente et peut être une situation trop dégradée pour être changée. En clair peut être que la République des Deux-Nations était déjà condamnée avant l’élection du roi.

En 1770/71 il est brièvement emprisonné par la Confédération de Bar qui regroupent les polonais opposés à l’ingérence étrangère. L’Autriche, la Prusse et la Russie interviennent ce qui aboutit au premier partage de la Pologne. Stanislas II Auguste proteste mais ne se révèle impuissant. Varsovie est occupée par la Russie de 1773 à 1775.

Quelques réformes mais toujours à la marge. La Grande Diète (1788-1792) est la dernière tentative pour sauver la Pologne avec la succès que l’on sait. L’insurrection de Koczuisko qu’il soutient du bout des lèvres porte un coup fatal à la République des Deux-Nations.

Stanislas II Auguste part le 7 janvier 1795 escorte par des militaires russes direction Grodno. Le troisième partage de la Pologne se fait le 24 octobre 1795, le dernier roi de Pologne signant son abdication le 25 novembre 1795.

Ce n’est qu’après la mort de Catherine II qu’il peut rejoindre Saint-Pétersbourg (15 février 1797) mais il n’obtiendra jamais l’autorisation de voyager à l’étranger. Il meurt le 12 février 1798, les honneurs royaux lui sont rendus par Paul 1er. Il est enterré à l’Eglise St Catherine de Saint-Pétersbourg. Sa dépouille est transférée en Pologne en 1938 puis à Varsovie en 1990.

Tadeusz Kocsiuszko

Andrej Tadeusz Bonaventura Kosciuszko né à Mereczowszczyzna le 4 février 1746 et mort à Soleure (Suisse) le 15 octobre 1817 est un officier polonais connu pour avoir participé à la guerre d’indépendance américaine et avoir été l’âme de la rébellion qui porta son nom en 1794.

Il peut ainsi se targuer d’être un héros national en Pologne, Biélorussie, en Lituanie et même aux Etats-Unis.

Noble polonais, il est diplômé de l’académie militaire de Varsovie de 1766. Il rejoint la France et ne rentre en Pologne qu’en 1774 mais pour peu de temps. Il repart très vite en France avant de rejoindre le camp des insurgents. Il participe à la guerre d’indépendance américaine au sein de l’Armée du Nord d’août 1776 à août 1780 et d’octobre 1780 à décembre 1782 dans l’Armée du Sud.

Ses talents d’officier du génie sont très appréciés par les américains que ce soit pour les fortifications comme un certain fort de West Point ou pour franchir rapidement les cours d’eau et ainsi échapper aux anglais.

Il est général de brigade en 1783 et rentre en Pologne en 1784 pour s’occuper d’abord du domaine familial avant d’intégrer l’armée polonais en 1790.

Après l’échec de la rébellion de 1794 il est emprisonné mais libéré dès 1797 suite à une grâce de Paul 1er. Il part pour les Etats-Unis puis pour la France mais il se montre déçu par la politique polonaise de Napoléon Bonaparte comme de celle d’Alexandre 1er.

Il meurt en 1817 des suites d’une chute de cheval. Il est inhumé en 1818 dans la cathédrale de Warwel à Cracovie, la nécropole nationale de la Pologne.

Joseph Antoine Poniatowski

Né à Vienne le 7 mai 1763 et mort à Leipzig le 19 octobre 1813 c’est un prince, militaire et homme d’état polonais. Surnommé le «Bayard polonais» il est le fils d’André Poniatowski (1734-1773), frère du roi de Pologne Stanislas II Auguste et de Thérèse-Hérulie Kinsky. Son père à été ambassadeur de Pologne, prince polonais et prince du Saint-Empire grâce à Joseph II.

Il perd son père alors qu’il n’avait que dix ans, sa mère et son oncle assurent son éducation. Il mène une carrière militaire et des missions de représentation. Il participe à la guerre austro-ottomane en 1788.

En 1789 il rejoint l’armée polonaise bien secondée par un certain Tadeusz Kosciuszko. Il participe au conflit avec la Russie, s’illustrant par ses talents de tacticien ce qui compense une inféiorité numérique (90000 russes contre 20000 polonais).

Ulcéré par la capitulation de son oncle, il rompt avec ce dernier. En 1794 il participe au soulèvement polonais mené par Tadeus Kosciuszko. Il se retire sur ses terres mais en 1806 il est nommé gouverneur de Varsovie par Frédéric-Guillaume III de Prusse.

Se ralliant à Napoléon, il devient ministre de la guerre et généralissime des armées du Duché de Varsovie même si Napoléon lui rappelle rapidement les limites de son/ses pouvoirs. Il défend le duché contre les autrichiens en 1809.

Approché par Alexandre 1er il refuse de changer de camp. Il participe à la Campagne de Russie (1812), franchissant le Niémen, s’emparant de Grodno, affrontant le prince Bagration. Il est à Moghilev, à Smolensk puis aux batailles de la Moskova et de la Berezina.

Fait Maréchal d’Empire le 16 octobre 1813, il n’à pas le temps d’en profiter car est tué trois jours plus tard. En effet après la bataille de Leipzig, blessé il doit franchir l’Elster Blanche à la nage mais trop affaiblit il s’y noie.

A ses funérailles de Leipzig les deux camps sont présents. Il est enterré à Cracovie aux côtés de Jean III Sobieski et de Tadeusz Kosciuszko.

Adam Jerzy Czartoryski

Né à Varsovie le 14 janvier 1770 et décédé à Montfermeil le 15 juillet 1861 c’est un aristocrate et homme d’état polonais.

En 1795 il est envoyé à la cour impériale de Russie où il devient l’ami du futur Alexandre 1er. Il lui doit certainement un poste d’ambassadeur auprès du roi de Sardaigne (1798-1801) tout comme celui de curateur de l’université de Wilno (1803-1823). Vice ministre des affaires étrangères le 20 septembre 1802, il est ministre en titre en février 1804 et ce jusqu’en juin 1806.

En disgrâce il reste loyal à Alexandre 1er même après la création du duché de Varsovie par Napoléon en 1807. Au Congrès de Vienne en 1814/15 il obtient que la Pologne soit reconstituée sous la forme d’un royaume confié à Alexandre.

En retrait de 1823 à 1830, il prend la tête du gouvernement provisoire suite à l’insurrection de novembre puis du gouvernement national en janvier 1831. Il est exilé suite à la défaite des polonais.

Résidant à Londres et à Paris, il continue à oeuvrer en faveur de la cause polonaise même si son courant monarchiste et conservateur est contesté par les républicains polonais. A chaque conflit européen, Czartoryski tente de profiter pour faire valoir les droits des polonais avec le succès que l’on sait.

Jozef Dwernicki

Né à Varsovie le 19 mars 1779 et mort à Lopatyn dans l’actuelle Ukraine le 22 septembre 1857 c’est un général polonais qui joue un rôle majeur dans l’insurrection de 1830/31.

Issu d’une famille nobiliaire, il entre dans une école militaire en 1791 mais quitte la Pologne en 1795 après le troisième partage. Il combat ensuite aux côtés de Napoléon au sein de l’Armée du Grand Duché de Varsovie, participant aux campagnes de Russie (1812), d’Allemagne (1813) et de France (1814).

Se ralliant à la Russie à la fin 1814, il participe à l’insurrection de 1830/31, se réfugiant en Autriche le 27 avril 1831. Il est interne et n’est libéré qu’en octobre quand l’insurrection est écrasée par l’armée russe. Il se réfugie à Paris, s’inscrivant dans la mouvance monarchiste et conservatrice comme Adam Czartoryski. Rentré en Pologne en 1848, il ne fait plus parlé de lui jusqu’à sa mort.

Marie Waleska

Née à Kiernozia le 7 décembre 1786 et morte à Paris le 11 décembre 1817 c’est une dame de la noblesse polonaise surtout connue pour avoir été la maitresse de Napoléon. De cette union est née un fils Alexandre Colonna Walewski qui sera ministre des affaires étrangères de son «cousin» Napoléon III.

Issue d’une veille famille de noblesse polonaise très patriote, son père participe par exemple à la révolte de Kosciuszko, les terres de la famille Waleski étant intégrées après les partages au territoire prussien.

Son précepteur est un français venu en Pologne quelques années plus tôt un certain Nicolas Chopin (oui le père de…..). Elle à un frère ainé Teodor et deux sœurs cadettes Antonina et Emilia.

Après des études au couvent Notre Dame de l’Assomption de Varsovie, elle épouse en 1804 un noble quasi-septuagénaire Anastazy Waleswski. Son patriotisme polonais est ardent. Un premier fils Antoni nait en 1805.

Elle rencontre Napoléon à un bal organisé par Talleyrand en 1807. Son mari l’autorise à devenir la maitresse de l’empereur. Le 4 mai 1810 un fils Alexandre nait mais est reconnu par le comte Waleski (même si il est peu probable que des gens aient été dupes).

Elle divorce de son mari pour des raisons financières le 24 août 1812. Elle s’installe à Paris avec son fils. Veuve en 1814, elle rend visite à l’Ile d’Elbe à Napoléon du 1er au 3 septembre 1814. Elle se remarie le 7 septembre 1816 avec Philippe Antoine d’Ornano, un général d’Empire, cousin éloigné de l’Empereur. Elle meurt des suites d’une maladie des reins aggravée par une grossesse.

Frédéric Chopin

Frédéric François Chopin né à Zelazowa Wola (Duché de Varsovie) le 1er mars 1810 et mort à Paris le 17 octobre 1849 est un compositeur virtuose polonais. Fils de Nicolas Chopin et de Justyna Krzyzanowska, il à eu une sœur Ludwika Jedrzepewicz.

Il effectue ses études au conservatoire de Varsovie, travaillant dans la capitale polonaise, à Vienne puis à Paris de 1831 à 1847, travaillant un peu à Londres avant de revenir très malade à Paris.

Considéré comme l’un des plus grands compositeur de musique romantique, Chopin est aussi connu pour sa liaison passionnée avec la romancière George Sand, la fin de cette romance ayant un terrible impact sur une santé fragile.

Ses œuvres qui ont influencé Gabriel Fauré, Claude Debussy, Maurice Ravel,Alexandre Scriabine, Serguei Rachmaninov et Olivien Messionen sont nombreuses. Je citerai les principales à savoir la Sonate pour Piano n°3 (1844), les concertos pour pianos n°1 et n°2 (1830) ainsi que des pièces pour piano seul : Nocturnes, Préludes, Scherzos, Ballades, Valses, Mazurkas, Polonaises et Barcarolle.

De santé fragile, il meurt à Paris des suites d’une péricardite, une complication rare de la tuberculose. Certains historiens ont également parlé de la mucovisidose. Il est enterré au cimetière du père Lachaise mais son cœur à été ramené dans un cénotaphe à Varsovie.

Marie Curie

Marie Salomea Sklowoska née à Varsovie le 7 novembre 1867 et morte à Passy (Haute-Savoie) le 4 juillet 1934 est une physicienne et chimiste polonaise naturalisée française par son mariage avec le physicien Pierre Curie en 1895.

En 1903 elle obtient le prix nobel de Physique avec son mari (A un journaliste qui lui demandait ce que cela faisait d’être mariée à un grand savant elle aurait répondu «Demandez à mon mari») et Henri Becquerel pour leurs travaux sur les radiations. La même année elle à obtenu avec son mari la médaille Davy pour des travaux sur le radium. En 1911 elle obtient le prix nobel de Chimie pour sa découverte du polonium et du radium.

Issue d’une famille nobiliaire, la jeune Marie Sklowoska (toute sa vie elle utilisera son nom de jeune fille et celui de son mari) est la fille d’un père professeur de mathématique et de physique alors que sa mère était institutrice. Avant Marie sont nées trois filles et un fils (Zofia, Jozef, Bronislawa et Helena).

Excellente élève, elle est adepte du positivisme d’Auguste Comte et participe aux cours de l’université volante, des cours clandestins en polonais organisés pour contrer la politique de russification.

Elle étudie à Paris de 1891 à 1894, étant première de sa promotion en licence de physique et deuxième pour la licence de mathématiques. Elle rentre brièvement à Varsovie mais rentre à Paris pour épouser Pierre Curie. Irène nait le 12 septembre 1897 suivie de sa sœur Eve le 6 décembre 1903.

Elle soutient sa thèse de doctorat le 25 juin 1903. Le 19 avril 1906 Pierre meurt renversé par une voiture à cheval, Marie aura beaucoup de mal à s’en remettre.

Elle devient la première femme à enseigner à la Sorbonne en reprennant le cours de son mari.

Durant le premier conflit mondial elle construit des ambulances mobiles munis d’appareils de radiologie, des véhicules rétrospectivement baptisées les «Petites Curies». Elle pour cela accompagnée par sa fille Irène pas encore majeure.

Après guerre elle met en place l’Institut du Radium pour étudier l’usage du radium dans le traitement des cancers. Elle meurt à l’âge de 66 ans des suites d’une leucémie causée par les doses massives de radiation absorbées durant ses années de recherche. Enterré au Panthéon avec son mari, les cercueils des époux Curie sont d’ailleurs recouverts de plomb.

Sa fille Irène recevra le prix nobel de Chimie en 1936 avec son époux Frédéric Joliot-Curie, sa cadette Eve recevra le prix novel de la paix en 1965 attribué à l’UNICEF qu’elle dirigeait à l’époque.

Jozef Pilsudski

Né à Zulow près de Vilinius le 5 décembre 1867 et mort à Varsovie le 12 mai 1935, c’est un militaire et homme d’état polonais. Il est chef de l’Etat de la République de Pologne du 14 novembre 1918 au 11 décembre 1922, président du conseil des ministres de Pologne du 2 octobre 1926 au 7 juin 1928 et du 15 août au 15 décembre 1930 et ministre des Forces Armées du 16 mai 1926 au 12 mai 1935.

Issu de la petite aristocratie polonaise, il est le deuxième fils de la famille. Il fait des études au gymnasium russe de Vilna où il à pour camarade un certain Felix Dzerjinski, le fondateur de la Tchéka.

En 1885 il est à la faculté de médecine à l’université de Kharkov. Il est exilé cinq ans en Sibérie, revenant en Pologne en 1892. En 1893 il adhère au parti socialiste polonais, son activisme politique lui valant un nouveau séjour en prison en 1900/01. Il s’exile en Autriche-Hongrie.

En 1904/05 il tente de convaincre le Japon de l’aider à libérer la Pologne mais à part de l’argent et des armes il ne reçoit rien. Il continue son action clandestine et paramilitaire.

Il s’engage aux côtés des Empires Centraux dans l’espoir d’obtenir l’indépendance de la Pologne. Il prévient secrètement la France et la Grande-Bretagne qu’ils ne combattront que la Russie.

En refusant de combattre ailleurs que sur le front oriental, Pilsduski est arrêté en juillet 1917, les légions polonaises sont dissoutes, les effectifs dispersés dans les régiments des Empires Centraux. Il est relâché le 8 novembre 1918.

A la tête de la Pologne, il mène son pays dans une guerre contre les bolcheviks, une guerre où la Pologne est passé tout proche de la catastrophe.

Refusant d’occuper une présidence d’apparat, Pilsudski se met à l’écart mais reprend le pouvoir par un coup d’état du 12 au 14 mai 1926 mais n’occupe pas le poste de président aux pouvoirs trop limités. C’est clairement l’homme fort de la Pologne jusqu’à sa mort.

Ayant perdu toutes ses illusions sur la démocratie, il mène une politique autoritaire, stabilisant le pays. Contrairement à une partie de la classe politique polonaise adepte de la polonisation il refuse tout antisémitisme. Au plan extérieur il reste méfiant vis à vis de l’URSS mais tente de garder des relations équilibrées avec ses voisins comme avec les grandes puissances.

Il meurt en mai 1935 des suites d’un cancer du foie. Son activité est certes critiquable mais encore aujourd’hui il est considéré comme un héros national polonais, l’homme qui à permis la renaissance de la Pologne comme état indépendant.

Il à aussi été considéré comme celui qui à empêché la modernisation de l’armée polonaise mais il semble que le costume était bien trop grand pour lui et que les lacunes de l’armée polonaise en septembre 1939 étaient davantage dues à un manque d’argent et de temps.

Jozef Beck

Né à Varsovie le 4 octobre 1894 et mort à Stanesti (Roumanie) le 5 juin 1944, c’est un militaire et homme d’Etar polonais.

Il passe une partie de sa jeunesse à Riga puis à Lumawowa (Autriche-Hongrie) avant de faire ses études à Cracovie , à Lwow (Ecole polytechnique) puis à l’Exportakademie de Vienne.

Diplômé en 1914, il s’engage dans les légions polonaises de Pilsudski qui sont dissoutes en juillet 1917 quand leur chef refuse de se battre ailleurs qu’en Pologne. Beck muté dans une unité hongroise intègre une unité polonaise clandestine (Organisation Militaire Polonaises POW). Il participe ensuite à la guerre polono-soviétique de 1920-1921.

Pilsudski lui confie des missions diplomatiques à Bucarest, Budapest, Bruxelles puis à Paris où il est attaché militaire de janvier 1922 à l’automne 1923. En 1926 il participe au coup d’état de celui que les polonais ont familièrement appelé «Grand-Père».

De 1926 à 1930 il est le chef de cabinet du ministre des affaires étrangères Auguste Zaleski puis vice premier-ministre et vice ministre des affaires étrangères de 1930 à 1932. Il tente de maintenir des relations stables avec l’Allemagne.

Réfugié en Roumanie il se tient à l’écart du gouvernement en exil et meurt de la tuberculose en 1944. Il est enterré en Roumanie ne rejoignant la Pologne qu’à la chute du communisme.

Son action reste aujourd’hui controversée encore que les historiens contemporains semblent se montrer plus compréhensifs que leurs ainés.

Mitteleuropa Balkans (208) Slovaquie (2)

HISTOIRE

Tchèques et Slovaques avant la Tchéco-Slovaquie

Avant de former un état ce sont des régions et des territoires plus ou moins autonomes et plus ou moins indépendants.

Bohème

Le Royaume de Bohème (en rouge vif) en 1618

-Le nom Bohème (en tchèque Cechy et en allemand Böhmen) vient d’un peuple vivant jadis dans la région les Celtes Boeins nom auquel fût accolé le terme germanique de Heim (hameau). C’est une région de plateaux fertiles que ces celtes auraient occupé au début du 6ème siècle avant notre ère mais naturellement les sources historiques manquent pour avoir une date précise.

-Les Boeins auraient été chassés à l’époque d’Auguste par les marcomans avant de se fondre chez un autre peuple germanique, les Bavaari (qui à donné le nom de Bavière).

-Les Slaves arrivent dans la région au 6ème siècle et au siècle suivant un royaume slave de Bohème aurait existé. Je dis bien aurait car là encore les sources historiques manquent.

-En 1086 le duc Vratislav II de Bohème de la dynastie des Premysildes devient roi quand la Bohème passe du rang ducal au rang royal suite à un décret prit par l’empereur germanique Henri IV. Ce royaume rentre immédiatement dans l’orbite du Saint Empire Romain Germanique né en 962 quand Othon 1er roi de Germanie relève une couronne impériale sans titulaire et sans existence depuis 888 et la mort de Charles le Gros.

-C’est également à cette époque que commence la colonisation germanique de la Bohème, une colonisation qui concerne d’abord les territoires forestiers de l’ouest peu peuplés puis les villes où allemands, juifs et Roms (qui héritent à cette époque du surnom de Bohémiens) cohabitent avec les tchèques.

Au 15ème et au 16ème siècle la Bohème connait un véritable age d’or avec un développement économique et culturel remarquable.

En 1526 le roi Louis II de Hongrie de la dynastie des Jagellon est tué par les ottomans à la bataille de Mohacs. C’est la fin de l’indépendance hongroise et le début de son morcellement.

Son beau-frère Ferdinand d’Autriche qui était aussi frère de Charles Quint devient roi de Bohème marquant l’intégration de la Bohème dans les territoires patrimoniaux de la maison d’Autriche même si officiellement et jusqu’en 1547 la couronne de Bohème est élective. A partir de cette date jusqu’en 1918 la couronne de Bohème devient héridtaire au sein de la Maison de Habsbourg (Habsbourg-Lorraine en 1780) à l’exception de quelques mois en 1619 et 1629.

A partir du 17ème siècle la situation se dégrade avec les guerres de religion et surtout la terrible guerre de Trente Ans qui ravage les pays allemands et leurs dépendances immédiates, les armées vivant sur le pays les conséquences pour les populations civiles sont absolument terrifiantes.

En 1918 la Bohème va intégrer la Tchécoslovaquie, sa ville principale Prague devenant la capitale du nouvel état. Amputé de plusieurs territoires au moment des Accords de Munich, affaiblie par l’autonomie slovaque, la Tchécoslovaquie cesse d’exister le 14 mars 1939 quand les allemands envahissent le pays sans que les alliés occidentaux ne réagissent. Le lendemain 15 mars la Slovaquie sous la pression des allemands et pour éviter une annexion par la Hongrie proclame son «indépendance» pendant que la Bohême-Moravie devient un protectorat, situation qui allait durer près de quinze ans.

Moravie

Cette région appelée Morava en tchèque et Mähren en allemand est indissolublement associée à la Bohème voisine, l’union définitive datant du premier tiers du 11ème siècle. Ses villes principales sont Brno et Olomouc.

Dans l’antiquité la région est peuplée par les celtes qui sont ensuite remplacés par différentes peuplades germaniques. Au 3ème siècle de notre ère on trouve des traces de peuplement lombard, un peuple venu de Scandinavie et qui allait donner son nom à une région d’Italie.

Au 6ème siècle comme en Bohème les slaves occupent la région mais sont tiraillés entre l’influence franque à l’ouest et l’influence des avars à l’est.

Au 9ème siècle (833) une Grande Moravie voit le jour, regroupant le nord de l’Autriche et de la Hongrie actuelle, l’ouest de l’Ukraine Subcarpathique et un peu plus tard d’une partie de la Bohéme et de l’est de la Silésie.

A partir de 863 deux missionaires, Cyrille et Methode entame l’évangélisation et la christianisation de la région.

Cette Grande Moravie à une existence éphémère et la région se lie à la Bohème à une date inconnue (1019 ou 1029 selon les sources). La Moravie intègre de facto le Saint Empire Romain Germanique et la Maison d’Autriche. En 1182 la Moravie devient un magraviat.

En 1806 la Moravie tout comme la Bohème intègre l’Empire d’Autriche qui succède au St Empire Romain Germanique puis à partir de 1867 à l’Empire d’Autriche-Hongrie, la Moravie dépendant de la partie autrichienne de la Double-Monarchie à savoir la Cisleithanie.

En 1918 elle intègre la Tchécoslovaquie puis au printemps 1939 le Protectorat (Reichsprotektorate) de Bohême-Moravie, situation qui dure jusqu’à la reconstitution d’une Tchécoslovaquie indépendante à la fin du second conflit mondial en Europe.

Slovaquie

La Slovaquie en 1943

Tout comme la Bohème et la Moravie la Slovaquie est peuplée durant la période antique de celtes venus des Alpes du centre de l’Allemagne. Ils s’y installent vers la fin du 2ème siècle avant notre ère.

Ils introduisent la civilisation de la Tène dans la région du Danube, construisant des enceintes fortifiées appelées oppidum et sont les premiers à battre monnaie. Il existe une forme de proto-état avec un oppidum «panceltique» près de l’actuelle Bratislava.

A la fin du 1er siècle les celtes de la région sont chassés à la fois par la poussée romaine et par la poussée de différents peuples germains notamment les marcomans et les quades.

Les Slaves arrivent dans la région vers l’an 500 et cohabitent un temps avec les gépides, les lombards et les turbulents avars avec lesquels les rapports sont immédiatement conflictuels. Les slaves profitent de l’affaiblissement des avars qui doivent affronter les byzantins.

A la fin du 7ème siècle deux principautés voient le jout sur l’actuel territoire slovaque, la Morava centrée sur l’ouest de la Slovaquie et la Moravie et la Nitra centrée sur l’ouest et le centre de la Slovaquie, les Carpathes blanches font office de séparateur.

Au cours de la 1ère moitié du 8ème siècle est amorcé un processus de christianisation et d’évangélisation, processus poursuivie par le Royaume de Francie orientale de Louis le Germanique qui après le traité de Verdun (843) _plus connu pour être le premier texte rédigé dans ce qui s’approche le plus du français et de l’allemand que pour ses clauses politiques_ se concentre sur ses marches orientales, véritables front pionniers et terres de mission à évangéliser et à coloniser.

C’est peu avant cet événement qu’avait vu le jour une Grande Moravie qui reste un état vassal de la Francie orientale, la faute à une instabilité chronique habilement exploitée par les voisins pour éviter de voir naitre un géant en Europe centrale. Une guerre aux résultats incertains opposent les francs alliés aux bulgares et les moraves.

En 862 les frères Cyrille et Methode arrivent en Moravie pour procéder à l’évangélisation de la région. Ce choix de se tourner vers Byzance répond à une volonté des moraves d’équilibrer les influences occidentales et orientales.

A cela s’ajoute vraisemblablement une plus grande souplesse des missionnaires qu’on appelle pas encore orthodoxes que de leurs homologues occidentaux ainsi qu’une volonté de la papauté de ne pas trop renforcer les évêques de Bavière qui lorgnent sur la région.

En dépit de cette évangélisation byzantine la Moravie reste politiquement parlant sous l’influence des francs.

Au 11ème siècle l’actuelle Slovaquie intègre le Royaume de Hongrie. En 1541 la ville de Buda tombe aux mains des ottomans. Par la force des choses la ville de Presbourg future Bratislava devient la capitale et la ville de couronnement des rois de Hongrie.

Au XVIIIème siècle on assiste à un éveil identitaire des slovaques. En 1787 dans le contexte des Lumières une première codification de la langue slovaque est réalisée. Ce réveil culturel se fait également dans le contexte de l’émergence de l’idéologie panslaviste.

En 1847 les catholiques et les luthériens s’entendent sur une langue slovaque commune.

L’année suivante au cours du Printemps des Peuples les slovaques se rangent du côté des autrichiens contre les hongrois ce qui n’empêche pas le nationalisme slovaque de continuer sa croissance et son développement.

En 1867 le compromis qui fait suite à la défaite de Sadowa exclue les slaves. Au projet d’une monarchie confédérale on préfère une monarchie duale avec les autrichiens et les hongrois. La Slovaquie dépend alors de la Transleithanie, la partie magyare de la Double-Monarchie. Le nationalisme slovaque connait un véritable coup de frein.

En 1918 l’Autriche-Hongrie véritable colosse aux pieds d’argile s’effondre. Les slovaques intègre un nouvel état la Tchéco-Slovaquie qui devient très vite la Tchécoslovaquie. Plus riches, plus puissants, les tchèques ne tardent pas à prendre les commandes du pays, cachant mal le mépris que leur inspire des slovaques plus ruraux et plus catholiques alors que les tchèques sont davantage athées voir a minima déchristianisés.

En 1938 la Slovaquie devient autonome suite aux accords de Munich, autonomie qui devient «indépendance» le 15 mars 1939 sous la pression des allemands prêts à rendre la Slovaquie à une Hongrie revancharde qui n’avait pas oublié le traité de Trianon qui avait réduit son territoire historique à la portion congrue.

La Slovaquie devient un état autoritaire, nationaliste, antisémite dirigé par un prêtre, Josef Tiso, l’Etat devenant un satellite de l’Allemagne et le restera jusqu’à la fin du second conflit mondial qui voit la fin de l’indépendance slovaque qui réintègre une Tchécoslovaquie qui ne tarde pas elle à aussi à replonger dans l’autoritarisme, un autoritarisme communiste mais un autoritarisme quand même.

Mitteleuropa Balkans (74) Roumanie (4)

Réveil et marche vers l’indépendance

Le reveil roumain

Au 17ème et 18ème siècle à lieu un véritable réveil culturel roumain (Renastera culturala Romana) qui va préparer les cœurs et les esprits à l’unification politique qui n’aura lieu qu’au 19ème siècle dans ce siècle où la question des nationalités devient prégnante.

Difficile de dire pourquoi ce réveil à lieu maintenant et pas plus tôt ou plus tard. Nul doute que les facteurs sont multiples et je serais bien présomptueux de répondre de manière définitive à la question.

Ce contexte est d’abord politico-militaro-diplomatique avec le recul ottoman. En 1683 ils assiègent Vienne pour la deuxième fois (1529, 1683 mais échouent dans leur prise de leur ville en raison notamment de l’intervention d’une armée de secours dirigée par Jean III Sobieski, le roi de Pologne.

Cela marquant le début du reflux ottoman, la Sublime Porte s’enfonçant dans un déclin qui semble sans fin au point que l’empire ottoman deviendra «l’homme malade de l’Europe», le pendant européen de la Chine.

De 1685 à 1690 c’est la Hongrie qui est reconquise tout comme la Transylvanie. En 1718 c’est au tour du Banat, un territoire peuplé de roumains et serbes (aujourd’hui à cheval sur les territoires de la Serbie, de la Hongrie et de la Roumanie. Sur le plan de la géographie physique il couvre le sud-est de la plaine de Tisza délimitée par le Danube au sud, la rivière Tisza à l’ouest, la rivière Mures au nord et les Carpathes Méridionales à l’est) de tomber dans l’escarcelle hasbourgeoise.

En 1775 la Bucovine (partie nord de la Moldavie) est annexée par les Habsbourgs. Signe que cette conquête doit être durable et pérenne, une politique de colonisation de peuplement est menée avec des slaves, des allemands et des ukrainiens greco-catholiques ou uniates rite orthodoxe mais suivant les consignes de Rome .

Au 18ème siècle alors que les élites se piquent de philosophie (au point que par snobisme une partie de la noblesse se complaira dans une ignorance crasse) le gros de la population roumaine est non seulement pauvre mais soumise à un servage très strict.

De son côté les ottomans lassés de l’autonomie des voïvodes locaux recrutent de plus en plus chez les Phanariotes, des familles aristrocrates greco-orthodoxes vivant dans le quartier du Phanar à Constantinople.

Si ces hospodars sont fidèles à la Sublime Porte ils ne mènent pas tous la même politique, certains menant une politique inspirée par les Lumières, s’imaginant en despotes éclairés.

La renaissance culturelle roumaine voit donc l’introduction des idées les plus avancées en pays roumanophone.

Cette renaissance passe par l’envoi à l’étranger d’étudiants roumanophones grâce aux efforts des élites grecques et phanariotes. Clairement l’unité roumaine va répondre à la même philosophie que les unités allemandes et italiennes.

Des écoles s’ouvrent notamment les académies de Jassy et de Bucarest. Nul doute que les premiers événements de la Révolution Française ont influencé les partisans de la renaissance culturelle roumaine. Un gros travail sur la géographie, l’histoire et la langue est également mené.

Cette renaissance est aussi favorisée par le projet byzantin. Il s’agissait d’un projet chimérique de Catherine II visant à reconstituer quatre siècles après sa disparition de l’empire romain d’Orient et sa descendance. Cet empire aurait été confié à son petit-fils Constantin, fils du futur Paul 1er.

Ce néo-empire byzantin aurait englobé la Grèce, la Thrace, la Macédoine et la Bulgarie mais pas les principautés roumaines qui auraient formées un Royaume de Dacie confié à l’amant et favori de la Grande Catherine, Gregori Potemkine.

Pour calmer les inquiétudes de l’Autriche, Saint-Pétersbourg lui aurait cédé la Bosnie, la Serbie et l’Albanie alors que Venise aurait récupété la Morée, la Crète et Chypre.

Révoltes et répression

Le 2 novembre 1784 éclate la Révolution Transylvaine. Cette révolte à pour origine des revendications politiques et sociales notamment contre le servage, pratique qui semble appartenir à un autre temps.

La révolte éclate dans la région de Zarand et s’entend très vite dans les monts du Bihors (Carpathes occidentales roumaines). Les insurgés réclament l’abolition du servage, l’égalité politique des différents groupes ethniques.

C’est la révolte de la paysannerie, de la bourgeoisie et de la petite noblesse contre la grande aristocratie. Les insurgés affrontent les hussards des aristocrates magyars. Des châteaux sont pris.

Joseph II

L’élément déclencheur de la révolte c’est la non application d’une révolte de l’empereur Joseph II qui permettait aux paysans s’engageant dans les troupes impériales d’échapper aux corvées et de devenir propriétaires de leur lopin de terre.

Ce premier objectif est vite dépassé. Clairement il s’agit d’une émancipation pleine et entière. Les aristocrates sont chassés de Transylvanie jusqu’à la frontière avec la Valachie. On proclame la République du peuple de Transylvanie.

On abolit le servage et les privilèges, on proclame l’égalité de tous devant l’impôt, le retour des franchises paroissiales et la libération des insurgés prisonniers.

Elle promet la vie sauve et le respect des propriétés à ceux hissant le pavillon blanc alors que les autres c’est la mort et la confiscation.

La révolte s’étend également en Crisana (à l’ouest de la Roumanie à la frontière hongroise) et la Marmatie (au pied des Carpathes, haut-bassin de la rivière Tsiza aujourd’hui à cheval sur la Roumanie et l’Ukraine).

Les 27 et 29 novembre 1794 les insurgés et les garde-frontières ralliés battent les troupes impériales à Lupsa et Râmet mais sont défaits à Mihaileni. On décide de reprendre la stratégique de la guerilla.

Contre-offensive de la noblesse, la tête des chefs est mise à prix, les cols de Moldavie et de Valachie sont surveillés. L’Autriche demande à l’empire ottoman de ne pas accorder l’asile aux chefs insurgés.

Horea et Closca sont pris le 27 décembre 1794, Crisa le 30 janvier 1785. Ils sont condamnés à être roués mais Crisa parvient à se pendre dans la nuit précédent l’exécution qui à lieu le 28 février 1785. Ce mode d’exécution ainsi que la coutume médievale de partager le corps en plusieurs morceaux exposés dans toute la Transylvanie choque et révulse une Europe des Lumières qui se pensait au dessus de cela.

Joseph II comprend qu’il faut rassurer les possédants mais aussi donner des gages aux opprimés pour éviter une nouvelle révolte encore plus dévastatrice. Un décret déporte dans le Banat et la Bucovine les familles des insurgés et le servage est abolit en août 1785.

Un demi-siècle de lutte

Une guerre russo-ottomane une de plus !

L’union des principautés danubiennes (Moldavie et Valachie) va mettre un demi-siècle à aboutir en profitant d’événements extérieurs notamment plusieurs conflits. Il faut dire que les deux tentatives de révolution de 1821 et de 1848 se sont terminées par de sanglants échecs.

Le premier événement est la guerre russo-ottomane entre 1806 et 1812. Ce conflit à pour origine la révolte des Serbes qui éclate en 1804 et qui allait durer jusqu’en 1813. Après une dure répression les serbes reçoivent l’autonomie en 1817 (indépendance en 1878).

En 1805 le traité de Presbourg permet à Napoléon 1er d’obtenir des ottomans le départ des hospodars trop favorables aux russes. Les ottomans ferment les détroits aux navires russes ce qui entraine la réaction d’Alexandre 1er qui ordonne l’occupation des principautés danubiennes.

Mahmoud II décare la guerre à la Russie en novembre 1806. Les britanniques décident d’aider les russes mais ils échouent aussi bien à forcer les détroits et à pénétrer en Egypte et notamment à Alexandrie.

Les russes et les serbes font leur jonction à Vidin le 17 juin 1807. Les ottomans attaquent simultanément les îles Ioniennes, la Serbie et la Valachie, Bucarest étant assiégée.

Lors de la paix de Tilsit (juillet 1807), Napoléon 1er exige l’évacuation des troupes russes des Balkans et les îles ioniennes sont cédées à la France.

Le 24 août 1807 l’Armistice de Slobozia est signé. En échange de la possibilité de traverser à nouveau les détroits, les russes doivent évacuer les principautés danubiennes mais les russes ne bougent pas et la guerre reprend.

En mars 1809 Napoléon 1er lors de l’entrevue d’Erfurt avait promis à la Russie la cession de la Moldavie et de la Valachie.

Les serbo-monténégrins relancent la guerre en liaison avec les russes. Napoléon 1er refuse de soutenir les insurgés serbes. Ces derniers sont proches de l’anihilation mais sont sauvés par l’offensive menée en Moldavie par le prince Pierre de Bagration. Les russes établissent des garnisons en territoire serbe.

A cette époque Alexandre 1er anticipe la rupture avec la France et offre la paix au sultan. Après de multiples péripéties, le Traité de Bucarest est signé en mai 1812. la Russie évacue les principautés roumaines mais annexe la Moldavie orientale et le Boudjak ottoman (sud de la Moldavie entre les bouches du Danube au sud, le liman du Dniestr et la Mer Noire à l’est. Ces territoires forment la Province de Bessarabie). La Russie obtient également des droits de commerce sur le Danube.

Les serbes refusent de détruire les fortifications ainsi que le retour de la souveraineté ottomane (en échange il devaient obtenir l’amnisite générale et l’autonomie interne) ce qui explique que la révolte va durer jusqu’en 1813.

Débute alors une lutte d’influence entre russes et ottomanes sur les principautés danubiennes.

C’est une révolte ? Non sire c’est une révolution !

Neuf ans après la fin de la guerre russo-ottomane, une révolution éclate en Moldavie et en Valachie. C’est la Révolution de 1821 qui est le premier pas vers l’émancipation du peuple roumain de la souveraineté ottomane.

Cet événement va durer plus de six mois de février à août 1821. Cette révolution est à la fois un mouvement populaire et une véritable campagne militaire menée contre les classes dominantes et l’empire ottomane.

A la manœuvre figure une société secrète la Filiki Eteria et des volontaires armés les pandoures (en roumain Panduri). Cette révolution devait initialement être coordonnée avec la guerre d’indépendance grecque mais dans la pratique les deux mouvements vont vite divérger, la méfiance l’emportant sur la confiance.

Paradoxalement les deux voïvodes en place sont favorables aux idées hétaïriques ce qui contredit peut être l’idée d’une révolte populaire contre les possédants.

Le mouvement commence à Galati qui se révolte. Les Eteiristes pénétrent à Jassy le 6 mars 1821.

Alexandre Ypsilantis

Le 14 mars 1821 Ypsilantis chef de la Filiki Eteria quitte Jassy à la tête de 1600 hommes dont 800 cavaliers avec lesquels il marche sur la Valachie. Vivant sur le pays ils se rendent très vite impopulaires et leur arrivée n’est pas forcément vue d’un très bon œil.

Tudor Vladimirescu

En mai, Tudor Vladimirescu s’empare de Bucarest où il détrône le voïvode conservateur en poste. Il est en désaccord avec l’Eteria qui aurait préféré composer avec le voïvode en poste.

Alexandre 1er condamne le déclenchement de l’insurrection. Il limoge Ypislanti de son armée et lui interdit le territoire russe. Le patriarche de Constantinople jette l’anathème sur l’Eteria. Des troupes abandonnent Ypsilantis, le voïvode de Moldavie est déposé par les boyards.

Ypsilantis se retranche alors à Targoviste avec 3000 hommes. Les ottomans réagissent militairement à la fin du mois d’avril. Après avoir repris Galati le 14 mai, les troupes ottomanes s’avancent vers Jassy et Bucarest. Cette dernière est reprise sans combats le 27 mai 1821.

Le 31 mai Tudor Vladimirescu est arrêté et exécuté après avoir été accusé de trahison. Désormais les insurgés qui n’ont pas fuit vont être écrasés par les ottomans.

La seule bataille rangée de la révolte est la Bataille de Dragasni le 19 juin 1821. Bien que largement supérieurs en effectifs aux ottomans, les insurgés mal commandés, mal instruits et indisciplinés sont écrasés par les troupes ottomanes.

Ypsilantis parvient à s’enfuir en Autriche. Il avait obtenu de l’inamovible chancelier Metternich l’autorisation de traverser le territoire autrichien pour rentrer en Russie. Seulement à peine arrivé il est arrêté et jeté en prison. Le nouveau tsar Nicolas 1er qui à succédé à son frère Alexandre 1er en 1825 obtient sa libération fin 1827. Il n’en profite guère puisqu’il meurt à Vienne le 31 janvier 1828.

Les derniers insurgés sont écrasés en août et jusqu’en 1822 les postes voïvodaux sont vacants, les territoires placés sous administration militaire.

Le Réglement organique

En 1826 une nouvelle convention est signée entre les russes et les ottomans. Les principautés deviennent des protectorats russes tout en restant formellement sous souveraineté de la Sublime Porte.

En 1829 la Valachie récupère les ports danubiens de Turnu, de Giurgiu et de Braïla et le 14 septembre 1829 la Russie et l’Empire ottoman signent le Traité d’Andrinople qui rétablit un protectorat russe sur la Moldavie et la Valachie.

Le 13 juillet 1831 en Valachie et le 13 janvier 1832 en Moldavie, le Regulamentul Organic (Réglement Organique), une loi organique quasi-constitutionnelle imposée par les autorités russes.

On reconnaît la séparation et l’équilibre des pouvoirs. Les hospodars sont désormais élus à vie (et non pour sept ans selon un texte plus ancien la Convention d’Akkerman) par une assemblée extraordinaire qui comprenait représentants des marchands et des guildes. L’hospodar nomme les ministres et les fonctionnaires.

Une assemblée de 35 membres est mise en place en Moldavie et une assemblée de 42 membres en Valachie, ces deux assemblées étant élues au suffrage censitaire. Les prémices de la séparation de l’Eglise et de l’Etat apparaissent tandis qu’une réforme fiscale est mise en place.

Suite au début de la guerre de Crimée, les deux principautés sont placées sous l’autorité militaire russe. De 1854 à 1857 elles seront placées sous une administration neutre, celle des autrichiens. Les hospodars sont rétablis dans leurs fonctions.

C’est une révolte ? Non sire c’est une révolution ! (bis)

Vingt-sept ans après les révolutions de Moldavie et de Valachie, les provinces danubiennes sont à nouveau sécouées par une révolution qui s’inscrit dans le contexte plus général du Printemps des Peuples, une contestation profonde de l’ordre du Congrès de Vienne adoté trente ans plus tôt par les vainqueurs de Napoléon 1er.

Si la contribution moldave fût essentiellement intellectuelle, en Valachie ce fût moins intellectuel et plus violent. Comme souvent dans les révolutions, les modérés furent débordés par les plus radicaux.

Le 7 juin 1848 un comité de salut public s’installe à Craïova. Deux jours plus tard les troupes envoyées reprimer le mouvement à Islaz se rallient à la sédition. La Proclamation d’Islaz du 11 juin 1848 devient la nouvelle constitution en remplacement du Réglément organique imposé par les russes au début des années 1830.

La Valachie se divise entre les révolutionnaires et les conservateurs qui bénéficient du soutien de garnisons russes.

Le 13 juin 1848 les russes et les conservateurs quittent Craïova à l’annonce de l’arrivée de troupes révolutionnaires. Une tentative ultérieure de reprise de la ville par les russes échoue. Le lendemain on adopte le pavillon tricolore bleu-jaune-rouge et la devise «Liberté Egalité et Fraternité».

Le drapeau roumain s’est inspiré de notre drapeau français

Le 15 juin 1848, le gouvernement provisoire et son armée quittent Craïova pour Bucarest. La Russie qui sent alors que la situation lui échappe fait pression sur les ottomans pour intervenir. Le lendemain 16 juin, les révolutionnaires de Craïova et de Bucarest font leur jonction.

Le 19 juin 1848 une tentative de coup d’Etat des légitimistes soutenus par les russes échoue mais le même jour un protocole d’intervention est signé entre la Russie (qui doit s’occuper de la Moldavie et l’Empire ottoman qui doit s’occuper de la Valachie.

Pour éviter cette intervention le gouvernement provisoire et l’Empire ottoman signent un compromis reconnu par tous les gouvernements mais sauf par les russes. Cela n’empêchera par les ottomans d’envahir la Valachie le 11 septembre 1848. Deux jours plus tard l’armée révolutionnaire est massacrée, la répression aussi brutale que féroce. Le 30 novembre 1848 la ville de Craïova est reprise par les ottomans qui se livrent à un épouvantable massacre.

Cette révolte s’étend également en Transylvanie (qui n’est pas une province danubienne au sens strict) où les révolutionnaires se divisent d’emblée.

Laszlo Kossuth

En effet si Laszlo Kossuth veut la libération de la Hongrie de la tutelle habsbourgeoise, il est surtout un patriote et un nationaliste hongrois qui n’à aucunement l’intention de corriger le déséquilibre électoral qui fait que la majorité roumanophone était dirigée par un élite magyar, saxonne et sicule.

Le 15 mai 1848 une Assemblée révolutionnaire se réunit à Blaj. Des combats opposent roumains et hongrois. Le 29 mai 1848 la Diète proclame le rattachement de la Transylvanie à la Hongrie mais cette assemblée n’est absolument pas représentative. On assiste alors à une situation incroyable : une partie des troupes de Kossuth combattait les roumains alors que les troupes russes intervenaient pour rétablir l’ordre ancien.

Paradoxalement l’écrasement de la révolution hongroise permettra à la Transylvanie de conserver son autonomie du moins jusqu’en 1867 et le compromis austro-hongrois.

Une ou plusieurs principautés ?

La Roumanie en 1859

L’échec de la révolution de 1848 n’à pas atteint les ambitions d’union et d’émancipation des principautés de Moldavie et de Valachie. Comme souvent c’est un événement extérieur qui va favoriser un processus d’unification en l’occurence la défaite russe dans la guerre de Crimée.

Suite à cette défaite la Moldavie récupère le Boujak russe depuis 1821 et surtout le processus d’unification avec la Valachie est enclenché. Deux assemblées consultatives se réunissent et suite à deux votes favorables, un acte organique est adopté par la Conférence de Paris le 19 août 1858 (7 août calendrier julien) qui autorise la réunion des deux principautés.

Alexandre Jean Curza

Le 17 janvier 1859 le colonel Alexandre Jean Cuza est élu prince de Moldavie et le 5 février suivant prince de Valachie. L’unité est donc réalisée de facto avant d’être réalisée de jure.

La France et la Grande-Bretagne reconnaissent la double élection à la Conférence de Paris, l’empire ottoman l’accepte par le firman le 4 décembre 1861 suivi par l’empire russe.

Le 5 février 1862 les assemblées fusionnent donnant naissance aux Principautés Unies de Roumanie. Alexandre Jean Cuza devient prince souverain (domnitor) de Roumanie.

En 1866 l’empire ottoman reconnaît cette unité comme un seul état mais cette «Petite Roumaine» reste vassale de l’empire ottoman.

Alexandre Jean Cuza est né à Barlad (Moldavie) le 1er avril 1820. Issu d’une famille de boyards, il appartient donc à l’élite politique et intellectuelle moldave.

Francophone et de mouvance libérale, sa famille participe à la révolution de 1821. Lui même participe à un niveau modeste à la révolution de 1848.

Après un court exil à Paris, Vienne et Constantinople, Cuza devient colonel de l’armée moldave mais aussi fran-maçon. Le 17 janvier 1859 il est élu prince souverain de Moldavie et le 5 février 1859 il est élu prince souverain de Valachie.

Curza qui se veut être un despote éclaire multiplie les réformes : sécularisation des immenses domaines ecclésiastiques, réforme agraire (ce qui lui vaut la haine de boyards), nouveau code civil, nouveau code pénal (qui abolit la peine de mort), mise en place d’un enseignement public primaire gratuit et obligatoire, création d’une université à Iasi (1860) et d’une autre à Bucarest (1864), dévellopement d’une armée roumaine, émancipation des Roms.

En multipliant les réformes, en voulant peut être trop en faire, il s’alienne tout le monde sans pour autant se constituer un socle qui le rendrait intouchable.

Un complot mené par la «coalition monstrueuse» (libéraux le jugeant trop mou, conservateurs effrayés par ses réformes radicales) le contraint à l’abdication le 22 février 1866. Il est rapidement expulsé de Roumanie, terminant sa vie à Paris, Vienne et Wiesbaden.

La classe politique cherche un roi permettant au nouvel état de peser ou du moins pouvant être protégé par une grande puissance. On élit dès le 23 février 1866 le comte de Flandre, Philippe, frère de Léopold II de Belgique mais ce dernier refuse de devenir le nouveau hospodar des principautés roumaines comme il avait refusé auparavant la couronne de Grèce.

Carol 1er de Roumanie

C’est finalement le prince allemand Charles de Hohenzollern-Sigmaringen qui est élu le 20 avril 1866 (couronné le 22 mai), adoptant comme nom de règne celui de Carol 1er même si il ne deviendra roi de Roumanie qu’en 1881.

La principauté de Roumanie participe à la guerre russo-ottomane en 1877/78 aux côtés de la Russie. Elle obtient son indépendance qui est proclamée le 21 mai 1877.

Cette indépendance est reconnue par le traité de Berlin le 13 juillet 1878 (Article 43) sous réserve d’abroger l’Article 7 de la constitution de 1866.

Outre son indépendance la Roumanie reçoit des territoires supplémentaires : les bouches du Danube, l’île des Serpents et les deux tiers de la Dobroudja avec le port de Constansa mais perd le Boujak en Bessarabie.

Le 10 mai 1881 la Principauté de Roumanie devient le Royaume de Roumanie. Jusqu’à l’abolition de la monarchie, le 10 mai sera la fête nationale roumaine.

Mitteleuropa Balkans (4) Hongrie (4)

Une Hongrie morcelée

La Hongrie Royale

Hongrie

La Hongrie, la couronne de Saint-Etienne est divisée, morcelée en trois ensemble : la Hongrie Royale ou Royaume de Hongrie qui reste sous l’autorité des Habsbourgs, la Hongrie ottomane sous la domination de la Sublime Porte et la Transylvanie qui sous influence ottomane tout en faisant preuve d’une indocilité et d’une grande volonté d’autonomie.

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Scandinavie (34) Danemark (5)

Monarques de Danemark-Norvège : miscellanées

De 1523 à 1814, onze rois danois se succèdent à la tête du Royaume de Danemark-Norvège. Si en France la majorité des rois se sont appelés Louis et Charles (respectivement dix-huit et dix), au Danemark les noms royaux les plus choisis sont Frédéric (huit) et surtout Christian (dix).

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Scandinavie (33) Danemark (4)

Le royaume de Danemark-Norvège

Le Royaume de Danemark-Norvège est comme plus tard le royaume de Suède-Norvège une union personnelle avec deux royaumes possédant leurs institutions propres mais dont le monarque est le même.

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Benelux (41) Belgique (2)

D’une révolution à l’autre (1789-1830)

Révolutions et Révolution

Au 18ème siècle, le mouvement des Lumières imprègne toute la société. Certes pas les plus humbles mais toutes les couches allant de la noblesse à la petite-bourgeoisie. Ce mouvement va chercher à tirer le meilleur de l’homme et ce dans tous les domaines y compris et surtout dans le domaine politique.

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URSS (4) Histoire et Géopolitique (3)

Catherine la Grande ou le despotisme éclairé

La Grande Catherine : quelques éléments biographiques

Catherine II (1762-1796) 32.jpg

Le 2 mai 1729 naît à Stettin la petite Sophie-Frédérique Augusta d’Anhalt-Zerbst, une petite maison princière allemande. Qui pouvait imaginer à cet instant que dans ce berceau s’agitait la future Catherine II, l’un des plus grands souverains de la Russie à l’égal d’un Ivan IV le Terrible et d’un Pierre 1er le Grand ? Sûrement personne….. .

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