Le Conflit (19) Norvège (19)

Sous l’océan pardon sous la mer !

Les sous-marins français, britanniques et norvégiens vont également continuer à opérer en mer du Nord affrontant navires de surface, avions et hydravions et bien entendu leurs homologues allemands.

Aux missions classiques de renseignement et de lutte antisurface les sous-marins alliés vont mener des missions qu’on avait pas anticipé avant guerre à savoir le ravitaillement des résistants norvégiens et la récupération des pilotes abattus.

Le 8 février 1950 le croiseur léger KMS Frankfurt am Main qui opérait depuis la Norvège depuis l’automne 1948 est surpris par un sous-marin français en maraude. Le Rolland Morillot avait répéré le croiseur léger depuis plusieurs heures et attendait le bon moment pour lancer son attaque.

Profitant d’une embardée favorable, le «1800 tonnes» lance une gerbe de quatre torpilles. Si une anguille manque sa cible les trois autres font mouche ne laissant aucune chance au croiseur léger allemand qui coule rapidement en ne laissant que fort peu de survivants.

Le sous-marin peut lui se replier sur sa base de Rosyth où il est triomphalement accueillit par les autres sous-mariniers.

Le cuirassé de poche Deutschland

Le 8 septembre 1950 le cuirassé de poche Deutschland est surpris en mer par l’aviation britannique alors qu’il s’entraînait en mer en compagnie de deux Zerstörer les KMS Z.27 et Z.28. Il se défend comme un beau diable mais est sérieusement endommagé. Il parvient à se réfugier à Bergen mais le port n’est pas outillé pour le réparer.

Il faut le ramener en Allemagne ce qui est plus facile à dire qu’à faire. Après plusieurs semaines de préparations, le cuirassé de poche est pris en remorque sous une solide escorte.

Cette escorte sera insuffisante pour le sauver d’une attaque menée par le sous-marin français Kerguelen qui l’envoie par le fond avec quatre torpilles. Le submersible échappe à une contre-attaque menée par un hydravion mais est quitte pour quelques semaines de réparations.

Le 27 septembre 1951 une nouvelle unité allemande d’importance est envoyée par le fond par un «torpilleur submersible» en l’occurrence le sous-marin français Mayotte qui avec trois torpilles coule le croiseur léger Karlsruhe.

Le croiseur léger KMS Bremen à participé aux ultimes opérations de la Campagne de Norvège et va y rester pour défendre le pays contre un possible retour en force des alliés. Le 1er octobre 1950 il est sérieusement endommagé par une mine qui lui arrache la proue.

Il se réfugie dans un fjord de la région de Bergen pour des réparations provisoires, la remise en état complète étant réalisée en Allemagne. De retour en Norvège au printemps 1951, il assure des escortes de convois littoraux, la défense côtière et la lutte contre les opérations commandos.

Le sous-marin HMS Talisman

Le 17 octobre 1952 alors qu’il escortait un convoi entre Bergen et Narvik il est frappé par deux torpilles d’un sous-marin (identifié plus tard comme le britannique Talisman), se casse en deux avant de sombrer.

Le croiseur léger KMS Dantzig opère en Norvège et y reste déployé pour défendre le pays, menant des raids antisurface et des escortes de convois. Il est coulé le 17 mars 1949 par une unique torpille lancée par un sous-marin britannique, le HMS Traveller .

Le HMS Formidable

Les navires alliés sont aussi naturellement victimes de sous-marins. Le HMS Formidable est endommagé le 14 septembre 1951 par une torpille du U-214 qui le touche à l’avant, arrachant une partie de la proue mais l’intervention rapide des équipes de lutte contre les avaries évite que les dégâts soient plus importants. Il en est quand même quitte pour six mois de réparations, de modernisation et de remise à niveau de l’équipage.

Le HMS Gibraltar aura moins de chance un mois plus tard. Ce dernier disponible le 5 octobre 1948 avait participé à la Campagne de Norvège au cours de laquelle il est endommagé. Réparé, il reprend ses opérations toujours en mer du Nord mais aussi dans l’Océan Glacial Arctique.

Le 27 octobre 1951 alors qu’il couvrait une sorte de la Home Fleet il est repéré par le croiseur sous-marin U-112 qui lance une gerbe de quatre torpilles. Trois d’entre-elles touchent le porte-avions, trois anguilles qui vont envoyer le porte-avions lourd par le fond en dépit des efforts désespérés de l’équipage pour sauver le navire. La quatrième endommage sérieusement le HMS Scylla.

Maigre consolation le U-Kreuzer responsable sera coulé le lendemain par un Short Sunderland du squadron 210.

Le 2 mai 1952 le HMS Formidable quitte Scapa Flow pour une mission de frappe contre le port de Bodo en liaison avec un raid commando. L’opération à lieu le lendemain et est un franc succès.

Le 4 mai alors qu’il se repliait un sous-marin est repéré. Avant que les avions de patrouille ASM n’attaquent le périscope le U-77 lance trois torpilles. Le porte-avions y échappe mais ce n’est pas le cas de son croiseur antiaérien, le HMS Naiad.

Une seule frappe le CLAA mais c’est suffisant pour provoquer lson naufrage, un naufrage lent ce qui limite les pertes alors que le sous-marin allemand est coulé en fin de journée après une longue traque.

Le HMS Edinburgh en juillet 1939

Le 8 mai 1953 le croiseur léger HMS Edinburgh est surpris au large de Tromso par un U-Boot. Le sous-marin allemand U-153 le traquait depuis quelques heures cherchant une position d’attaque idéale. Il lance quatre torpilles, deux se perdent mais deux frappent le croiseur à mort. Le navire va cependant couler relativement lentement permettant à nombre de marins d’échapper à la mort.

Plusieurs navires norvégiens ont été aussi victimes des U-Boot. Le premier est l’Odin victime d’un torpilleur submersible allemand alors qu’il opérait en escorte d’un convoi au large des Spitzberg. Une seule torpille lancée par le U-152 est suffisante en ce 8 octobre 1950 pour envoyer le torpilleur de classe Sleipner par le fond.

Le 19 mars 1952 c’est le croiseur léger Narvik qui succombe à des anguilles made in germany alors qu’il couvrait un raid commando contre un poste commando dans la région de Bodo. Il couvre le repli en tirant des obus éclairants, des obus fumigènes et explosifs ce qui en fait une cible rêvée pour un sous-marin.

Tardivement repéré le U-325 lance une gerbe de quatre torpilles. Deux se perdent mais deux autres font mouche ne laissant aucune chance au croiseur léger qui se casse en deux, l’avant coulant rapidement alors que l’arrière va dériver sur vingt miles en direction de la Grande-Bretagne ce qui évita aux rescapés une longue et pénible captivité.

Une enquête de commandement démontrera un certain nombre d’erreurs mais eut égard aux circonstances les sanctions seront très mesurées.

Enfin le 14 mars 1953 c’est le destroyer Roald Admunsen qui succombe à la torpille d’un sous-marin allemand alors qu’il venait de mener un raid de recherche et de destruction au large des Lofoten.

Une torpille lancée par le U-211 touche le navire à l’avant, arrachant sa proue, le transformant en amas de métal balloté par une mer déchainée. Il est pris en remorque par le contre-torpilleur français Milan mais finit par couler heureusement après que l’immense majorité des marins ait pu rallier le navire français.

Des destroyers britanniques sont également victimes des «torpilleurs submersibles» allemands qui comme les navires de surface avaient pris leurs aises dans les fjord norvégiens notamment à Trondheim où une imposante base bétonnée avait été construite, base encore utilisée aujourd’hui par la marine norvégienne !

Comme le dise souvent les norvégiens, «le seul bon côté de l’occupation allemande c’est que cela nous à permis de disposer après guerre d’infrastructures dont nous aurions jamais osé rêvé avant septembre 1948».

HMS Exmouth

Le 4 juillet 1949 le HMS Exmouth (type E) est victime d’un sous-marin allemand en mer du Nord, encaissant deux torpilles lancées par le U-41. Cassé en deux, il coule en quelques minutes ne laissant que fort peu de survivants.

La fin du HMS Bedouin

Le HMS Bedouin est torpillé par le U-53 le 7 janvier 1951 alors qu’il couvrait une sortie de la Home Fleet pour couvrir un convoi en direction de l’URSS et dans l’espoir d’attirer les grandes unités de surface allemande pour trancher une bonne fois pour toute le nœud gordien.

Divulgachâge comme disent nos cousins de la Belle Province : cela ne s’est pas produit. Pire la Home Fleet tombe sur une meute de douze submersibles allemands.

Le Bedouin est victime d’une torpille qui lui arrache la proue. Il est pris en remorque mais le temps se dégradant, les avaries s’aggravent aboutissant au naufrage du navire. Fort heureusement la majorité des marins ont pu évacuer à temps.

Le 12 novembre 1951 le HMS Janus est torpillé par le U-161 alors qu’il couvrait un convoi à destination de l’URSS. Deux torpilles frappent le «destructeur» qui coule rapidement en ne laissant que fort peu de survivants.

Le 8 décembre 1951 le HMS Punjabi est lui aussi victime d’un sous-marin allemand alors qu’il venait de bombarder la côte norvégienne pour couvrir un raid commando mené par une unité mixte franco-norvégienne.

Après le tir d’une trentaine d’obus de 120mm, le destroyer se replie mais au cours d’une abattée il tombe dans le champ de tir du U-177 qui lance trois torpilles ne laissant aucune chance au destroyer type Tribal. Le sous-marin qui venait d’appareiller pour une croisière dans l’Atlantique commence donc de la meilleure façon la dite croisière qui lui sera in fine fatale.

Le 4 février 1952 le destroyer HMS Onslow disparaît dans le bruit et la fureur après avoir été torpillé par le sous-marin allemand U-262 qui n’à guère le temps de profiter de son succès car il est coulé quelques heures plus tard par un Fairey Swordfish venu du porte-avions léger HMS Triumph. Cette identité n’à été révélé que suite à une enquête dans l’immédiat après guerre.

Le HMS Porcupine est lui aussi torpillé par un U-Boot le 8 juillet 1953 alors qu’il couvrait un convoi de cargos vides entre Mourmansk et le Loch Ewe. Une torpille du U-332 est suffisante pour le couper en deux et provoquer son naufrage.

Le destroyer HMS Vectis est coulé par un U-Boot lors de l’opération BOREALIS le 11 octobre 1953, deux torpilles lancée par le U-324 l’envoyant par le fond. La veille 10 octobre 1953 c’est le HMS Aztec qui à été victime du U-123, un vétéran de toutes les opérations.

Le 17 février 1954 le HMS Austere est victime d’un sous-marin qui place une torpille suffisante pour l’envoyer par le fond. Le coupable est le U-322 qui est coulé le lendemain par un hydravion français.

Opérations commandos et résistance intérieure

Aux opérations navales, sous-marines et aériennes vont s’ajouter des coups de main, des opérations commandos.

C’est le retour de la «petite guerre» chère à Clausewitz, le retour de la descente, méthode courante du temps de la voile en attendant que les escadres alignées ne renvoient ce mode d’attaque aux oubliettes de la guerre en attendant un retour durant la conquête coloniale.

Ces opérations étaient des attaques sur des cibles stratégiques ou dont le bombardement par l’aviation aurait engendré trop de dégâts aux populations civiles, des opérations de renseignement ou des opérations d’extraction de pilotes abattus ou de personnes qui doivent être mises à l’abri.

Si aujourd’hui les commandos et autres forces spéciales utilisent beaucoup l’hélicoptère, à l’époque l’infiltration ne pouvait se faire que par voie maritime (surtout par sous-marin mais la vedette rapide était fort appréciée par les commandos) ou par parachutage voir par planeur.

L’utilisation de l’hydravion à été envisagée mais très vite la résistance norvégienne à douché les espoirs des alliés, fort peu de lacs se prêtant à ce qu’on pourrait appeler par anachronisme un «posé d’assaut». Quand à se pose dans un fjord n’en parlons même pas………. .

L’appui était assuré par l’aviation mais aussi par les navires de surface. Si les unités engagées étaient surtout des croiseurs ainsi que des destroyers pardon des contre-torpilleurs on verra parfois des cuirassés prêter leur concours. Inutile de dire que pour permettre le repli d’une unité commando une simple salve de 380mm ou de 406mm pouvait faire un effet maous costaud.

Les unités de commandos engagées étaient britanniques, françaises et américaines mais aussi norvégiennes.

Ils s’appuyaient sur la résistance norvégienne moins pour des coups de main que pour obtenir des renseignements, franchir la frontière suédoise, obtenir un abri, de faux papiers…… .

La Résistance Norvégienne était considéré comme l’une des mieux organisés d’Europe. Ses renseignements étaient de premier ordre, de grande qualité. Elle garda son efficacité jusqu’à la fin de la guerre en dépit d’une féroce répression menée par les allemands et par leurs collaborateurs norvégiens, les sinistres «Quisling».

Dans un premier temps les raids commandos avaient pour objectif d’empêcher les allemands d’occuper sereinement la Norvège et accessoirement d’évacuer certains isolés, des soldats alliés blessés et soignés par la population voir des prisonniers alliés encore détenus dans des camps provisoires.

Des opérations sont ensuite menées contre des batteries côtières, des postes de commandement, des bases aériennes, opérations souvent couplées avec des démonstrations navales et des frappes aériennes.

Ces opérations agaçaient profondément les allemands (qui pourtant menaient des opérations semblables notamment avec leurs brandbourgeois) qui n’hésitaient pas à exécuter sommairement des commandos capturés.

Pour être honnêtes des commandos allemands ont aussi été exécutés par les alliés officiellement suite à des tentatives d’évasion.

A cela s’ajoute côté allemand des représailles vis à vis des civils accusés d’aider les commandos alliés. Il faut y voir la peur panique de la soldatesque allemande vis à vis du «franc-tireur» qui généra des crimes de guerre dans toute l’Europe (encore parfois il s’agissait d’un prétexte pour assouvir de véritables pulsions criminelles).

Commandos et parachutistes britanniques

En ce qui concerne les unités, les britanniques vont engager les Royal Marines Scout. Ces hommes dépendaient des Naval Brigades-Royal Marines Light Infantry plus précisément du bataillon d’appui qui comprenait une compagnie d’éclairage (Scouting Company).

Ces hommes participent à la Campagne de Norvège et celle-ci terminée se pose la question de leur avenir.

Décision est prise le 4 décembre 1948 de créer un bataillon de raid, un Raider Bataillon qui devient dès le 17 janvier 1949 un Royal Marines Scout Batallion l’ancètre direct du SBS (Special Boat Squadron qui sera créé après guerre) qui va opérer durant toute la guerre en Norvège, au Danemark et même en Allemagne.

Ils menaient des missions de renseignement, des coups de mains et des opérations de sabotage visant navires, infrastructures portuaires, aérodromes, batteries côtières…….. .

Ils vont participer à l’opération BOREALIS en prennant pied à Namsos pour neutraliser les batteries côtières et les postes de commandement.

Côté français on trouve les fusiliers marins commandos créés le 4 janvier 1949 non sans débats et discussions.

Un 1er bataillon est créé avec une compagnie de commandement et de soutien, trois compagnies de raid et une compagnie d’appui (mortiers, mitrailleuses lourdes, tireurs de précision).

Ce premier bataillon est suivit d’un deuxième qui va être utilisé sur le front français une fois celui-ci stabilisé sur La Seine.

Le 1er bataillon stationné en Grande-Bretagne du côté de Sunderland va opérer aux côtés des britanniques et des norvégiens.

Durant l’opération BOREALIS, le bataillon va opérer à Trondheim ouvrant le passage à la 4ème brigade légère norvégienne (4. Norske Lysbrigader) qui doit débarquer en compagnie de la 26ème division d’infanterie et de la 10ème division de montagne, deux divisions américaines.

Après guerre les quatre bataillons de fusiliers marins commandos (le 3ème bataillon opérait en Méditerranée puis en Indochine, le 4ème bataillon en Asie du Sud-Est et dans le Pacifique) sont réorganisés sous la forme de Commandos portant les noms de fusiliers marins commandos tombés au champ d’honneur durant le conflit.

Les américains sont également de la partie avec les 1er et 6ème bataillon de Rangers des spécialistes de la petite guerre, du coup de main et du raid.

Ils menaient certes des opérations de reconnaissance mais surtout se montraient à l’aise dans les opérations «coup de poing» un raid sur des aérodromes, sur des batteries côtières ou un poste de commandement.

Pour l’opération BOREALIS, le 1er bataillon est engagé au Jutland alors que le 6ème va participer à l’opération VIKING, un raid de diversion contre Oslo aux côtés du 2ème bataillon de fusiliers commandos venu de France et d’un commando norvégien.

Aux côtés des unités militaires on trouve des unités clandestines, le Special Operations Executive (SOE) britannique et le Bureau Central de Renseignement et d’Action (BCRA) français, des unités de renseignement et de coups fourrés. Ils vont encadrer la résistance norvégienne, fournir des faux papiers et des armes, évacuer des personnes sensibles…… .

Le Conflit (13) Norvège (13)

La Home Fleet était en septembre 1948 la principale flotte de la marine britannique et le reste bien après la Campagne de Norvège car Londres combat à domicile mais surtout parce que si la France contrôle les opérations en Méditerranée (non sans frictions avec les britanniques sur les choix stratégiques) c’est la Grande-Bretagne qui donne le là en Mer du Nord et dans l’Océan Glacial Arctique.

Vue aérienne du cuirassé King George V

Le HMS King George V (41) premier «35000 tonnes» de la Royal Navy est déployé à la mi-septembre, achevant un carénage quand le second conflit mondial éclate. Il ne participe pas directement à la Campagne de Norvège, veillant à éviter le passage dans l’Atlantique de grandes unités de la Kriegsmarine.

Cette campagne achevée, il va assurer une mission de présence en mer du Nord, maintenir la pression en couvrant les porte-avions engagés contre la Norvège, en appuyant des raids commandos en attendant de couvrir (mais pas d’escorter directement) les convois à destination de l’URSS.

Outre l’importance de ces convois, la protection des navires de charge ralliant Mourmansk et Arkangelsk pouvait attirer de grandes unités allemandes que l’on pourrait in fine détruire directement au canon ou indirectement par les sous-marins et l’aviation.

Il est endommagé à plusieurs reprises plus ou moins sérieusement, la Bataille du Cap Nord le 17 juin 1952 étant l’acmé des dégâts puisqu’il va encaisser deux obus de 380mm de l’Oldenburg, deux obus de 203mm du Prinz Eugen et différents d’obus de moindre calibre. Les dégâts sont très sérieux mais comme la propulsion est toujours opérationnelle le navire peut rentrer au pays pour être remis en état.

Il va ainsi être immobilisé pour réparations jusqu’en décembre 1953, retournant au combat en janvier 1954 à une époque où la menace de la Kriegsmarine et de ses grandes unités est résiduelle pour ne pas dire plus, toutes s’étant réfugiées en mer Baltique où elles sont relativement à l’abri.

La guerre en Europe terminée, il va rallier le Pacifique puis l’Océan Indien restant déployé sur zone jusqu’en septembre 1956 quand il rentre en Métropole. Il sera mis en réserve en mars 1957, officiellement désarmé en décembre 1958 avant d’être démoli en 1961.

Le HMS Anson à la mer

Son sister-ship le HMS Anson manque la Campagne de Norvège car immobilisé par un grand carénage qui devait initialement s’achever en septembre 1949.

Les travaux sont accélérés (certains non prioritaires sont reportés) et sont ainsi achevés en mars 1949. Il est alors disponible pour contrer les grandes unités de la Kriegsmarine déployées en Norvège, pour couvrir des convois à destination de l’URSS et différentes opérations.

Le 12 janvier 1953 il coule le cuirassé allemand KMS Kaiser Wilhelm II qui encaisse douze obus de 356mm avant de sombrer dans le bruit et la fureur, le temps d’abord clément se dégradant rapidement donnant un aspect apocalyptique à l’affrontement.

Il participe à l’opération BOREALIS pour couvrir cette opération amphibie majeure déclenchée le 11 octobre 1953. Une fois les têtes de pont solidement accrochées, le dispositif naval allié est allégé.

Le Anson peut ainsi subir une période de travaux de novembre 1953 à février 1954. Une fois à nouveau opérationnel il va rallier l’Asie du Sud-Est pour les différents volets de l’opération ZIPPER (NdA que je détaillerai dans le tome «Asie-Pacifique» of course).

Il quitte la région en mai 1955, ralliant d’abord la Méditerranée où il est déployé de juillet 1955 à décembre 1957 date à laquelle le sister-ship du KGV rallie la Home Fleet où il va servir essentiellement de navire-école voir de yacht de luxe pour la famille royale ou des autorités politico-militaires. Il est mis en réserve en septembre 1960 et démoli deux ans plus tard.

Le HMS Howe en 1943

Le HMS Howe n’à pas participé à la Campagne de Norvège car après avoir été déployé initialement dans les Orcades avait rallié l’Atlantique pour préter main forte au Gascogne afin d’intercepter des raiders allemands voulant faire un mauvais sort aux convois transatlantiques.

Parmi les grandes unités lancées dans ces opérations aussi risquées que potentiellement fructueuses figure le Scharnhorst et le Gneiseneau. Ces derniers atteignent l’Atlantique dès le 8 et se lancent dans leurs premières attaques dès le 12 septembre 1948.

A cette époque deux convois passent à travers l’Atlantique l’un ralliant les Etats-Unis et le second la France et les îles britanniques. Leur escorte est assurée essentiellement par des corvettes, des frégates et des croiseurs, les grosses unités étant censées former des groupes de chasse et se servir des convois comme appâts.

Le 18 septembre 1948 les Ugly Sisters sont surpris dans l’Atlantique par les deux cuirassés, un duel incertain dans un temps épouvantable est fatale au Gneiseneau qui doit être sabordé (une exploration sous-marine menée dans les années quatre-vingt démontrera que le navire à reçu plus d’une vingtaine d’obus de gros calibres), les deux navires de ligne alliés sérieusement endommagés ne peuvent que laisser le Scharnhorst qui bien qu’en endommagé va parvenir à rallier l’Allemagne (vous avez dit miracle ?).

C’est en effet un miracle et un sacré coup de chance. Contournant les îles britanniques, échappant aux reconnaissances aériennes et aux sous-marins ennemis, le Scharnhorst se ravitaille auprès d’un pétrolier prépositionné avant de rallier très péniblement Wilhelmshaven pour être réparé. C’était digne de l’Anabase de Xenophon….. .

Comme le dira le quartier maitre Weistfold du Scharnhorst :

«Jusqu’ici je n’avais jamais été trop croyant, j’allais à l’Eglise uniquement par convention sociale mais après ça je me suis dit que là haut quelqu’un ou quelque chose avait estimé que je ne méritais pas de mourir au milieu de l’Atlantique, ma foi est devenu ardente».

Le quartier maitre Weistfold à survécu à la guerre ce qu’il attribue à sa foi. En apprenant les détails des crimes nazis _dont il avouera sur son lit de mort avoir douté mais sans pouvoir l’admettre probablement par fierté_, il décida d’expier les péchés d’une nation en entrant dans les ordres, devenant missionnaire et un saint homme même si son procès en canonisation est toujours en cours en 2022 trente ans après sa mort en 1992, son passé militaire étant probablement le principal frein.

Les dégâts sur le HMS Howe sont tels (les anglais jamais à court d’une vacherie ont dit que le 35000 tonnes avait encaissé tous les obus destinés au Gascogne) qu’on envisage de désarmer le sister-ship du King George V.

Finalement décision est prise de le remettre en état (certaines mauvaises langues _peut être les mêmes que les précédentes_ estimant que c’était pour se démarquer des français qui avaient décidé de ne pas remettre en état le Normandie après ses graves avaries au large de la Norvège).

Le 35000 tonnes made in great britain est remis en état et modernisé, retournant au combat en février 1950. Il est engagé en Méditerranée jusqu’au basculement italien au printemps 1953. Revenu en mer du Nord en juin 1953 après une période de travaux, il va participer à l’opération BOREALIS , restant déployé dans cette zone jusqu’à la fin de la seconde guerre mondiale en septembre 1954. Rapidement mis en réserve (juin 1955), il est démoli dès 1958 probablement en raison des conséquences des dégâts du conflit.

Si les KGV étaient les plus petits des 35000 tonnes avec leurs canons de 356mm, les Lion et leurs successeurs les Vanguard occupaient le haut du spectre avec pour armement des canons de 406mm.

Le premier d’entre-eux le HMS Lion avait été endommagé par l’aviation durant la Campagne de Norvège. Une fois réparé il va lutter contre les raiders allemands depuis les Western Approaches soit les atterrages immédiats des îles britanniques.

Il est de retour en Mer du Nord en janvier 1952 y passant deux années, participant à la Bataille du Cap Nord mais aussi à l’opération Borealis.

De février à juillet 1954 il est immobilisé pour remise en état complète et modernisation en vue d’un redéploiement dans le Pacifique en soutien des américains mais ce redéploiement est finalement annulé car l’évolution des combats ne le justifiant pas ou plus.

Il va rester au sein de la Home Fleet jusqu’à sa mise en réserve en novembre 1956. Désarmé en 1959 il est démoli en 1964 en dépit de tentatives pour le préserver comme musée.

Schéma de la classe Lion

Le HMS Temeraire étant immobilisé pour un petit carénage il n’est disponible qu’au début du mois d’octobre, remplaçant alors le Howe dans la traque des raiders allemands.

Redéployé en mer du Nord en septembre 1950, il participe à différentes opérations mais si il participe à la Bataille d’Heligoland il manque la bataille du Cap Nord en raison d’une période d’entretien.

Le 11 octobre 1953 alors qu’il couvrait le flanc sud de l’opération BOREALIS il est sérieusement endommagé par une mine (d’autres sources disent deux). Les dégâts sont sérieux, le retour en Grande-Bretagne long et périlleux. Les réparations sont aussitôt lancées mais en juin 1954 les travaux n’étaient toujours pas achevées.

Retrouvant la mer à l’automne il reste intégré à la Home Fleet qui maintient en service plusieurs cuirassés mais comme jadis des familles aristocratiques dinant dans de la vaiselle d’or dans un château en ruine c’est une image en trompe l’oeil. Désarmé et mis en réserve en septembre 1958 il est démoli en 1960.

Le HMS Thunderer participe pleinement à la Campagne de Norvège, couvrant les porte-avions, tirant contre terre et traquant vainement l’Hidenburg, le bourreau du cuirassé français Lorraine. Il opère en mer du Nord jusqu’en janvier 1950, passant en Méditerranée avant de revenir dans le giron de la Home Fleet en avril 1953.

Après avoir participé à BOREALIS en octobre 1953 le cuirassé subit une refonte et une modernisation de janvier à mars 1954 ralliant dans la foulée Singapour où il est stationné pendant quasiment un an puisqu’il rentre en métropole en mars 1955. Mis en réserve à son retour, il sert un temps de ponton-école à Devonport avant d’être démoli en 1962.

Le quatrième et dernier cuirassé de classe Lion le HMS Conqueror participe à la campagne de Norvège au cours de laquelle il est légèrement endommagé à plusieurs reprises mais jamais sérieusement.

Il assure ensuite des couvertures de convois, l’appui à des opérations commandos et la traque des grandes unités de surface allemandes. Il rallie la Méditerranée en juin 1952 pour participer à HUSKY (débarquement en Sicile) et SKYLOCK (Débarquement dans la péninsule italique).

Il est de retour en mer du Nord pour participer à l’opération BOREALIS et y était toujours quand le second conflit mondial se termine. Il est désarmé en septembre 1956 et démoli en 1966 après avoir servit d’abord de décor de film puis à avoir été utilisé pour des tests d’armes, l’ex-fleuron de la marine britannique encaissant bombes, torpilles, roquettes et missiles, subissant le martyr au nom de la science.

Le HMS Vanguard est un cuirassé de 45000 tonnes, une évolution des Lion. Il n’est disponible qu’à la fin du mois de septembre mais peut participer à la Campagne de Norvège au cours de laquelle comme nous l’avons vu il à été légèrement endommagé par l’aviation allemande.

Les combats terminés il passe un peu de temps à Rosyth pour une remise en état complète. Il va opérer en mer du Nord jusqu’à la fin du conflit, participant à la bataille d’Heligoland manquant néanmoins la bataille du Cap Nord et les premiers combats de l’opération BOREALIS en raison d’une série d’avaries mécaniques.

Il reste en service dans l’immédiat après guerre. Désarmé en septembre 1962 il est démoli trois ans plus tard en 1965.

Le HMS Royal Oak participe à la Campagne de Norvège où il à été sérieusement endommagé par l’aviation allemande. Il ainsi immobilisé pour réparations jusqu’en juillet 1949.

Une fois réparé et remis en condition le sister-ship du Vanguard mène les mêmes missions que ces congénères à savoir la couverture de convois, des raids antisurface, la protection des porte-avions et l’appui-feu aux opérations commandos.

D’octobre 1951 à septembre 1952 il traine ses hélices dans des eaux plus clémentes météorologiquement parlant à savoir la Méditerranée. Il participe moins à des combats contre une marine italienne très affaiblie qu’à l’appui aux différentes opérations amphibies, ses canons de 16 pouces donnant de la voix contre la Sicile.

Après un carénage doublé d’une modernisation (DCA et électronique notamment) menée en Grande-Bretagne d’octobre 1952 à février 1953 le cuirassé rallie non pas la mer du Nord mais l’Océan Indien en vue de participer aux opérations OVERLORD et ZIPPER.

Il rentre en Grande-Bretagne en mars 1955 avant d’être mis en réserve, d’être désarmé en 1959 puis démoli en 1962.

Le HMS Iron Duke est mis en service le 19 septembre 1948. Il ne participe pas à la Campagne de Norvège car l’Amirauté estime que son entrainement n’à pas été assez poussé et ne veut pas risquer un équipage inexpérimenté face à une marine allemande que la Royal Navy estime beaucoup (certains disent que la Royal Navy surestime grandement la Kriegsmarine, abusée par une habile propagande mais c’est un autre débat).

Il reste déployé en mer du Nord, participant à la bataille du Cap Nord au cours de laquelle il est assez sérieusement endommagé par des obus de gros et de moyen calibres.

Il est ainsi immobilisé pour réparations jusqu’en juin 1953 soit quasiment un an de travail ! Il participe ensuite à BOREALIS, opération au cours de laquelle il est à nouveau endommagé mais bien plus légèrement.

Réparé il reprend rapidement le combat servant au sein de la marine britannique jusqu’en décembre 1958 quand il est désarmé et mis en réserve. Il est finalement démoli en 1961.

Quatre cuirassés de classe Vanguard était encore en construction en septembre 1948, des cuirassés qui reprennent les noms envisagés pour les cuirassés type N3 abandonnés dans l’immédiat après guerre.

Si le Saint Andrew et le Saint David sont achevés et mis en service respectivement les 10 octobre 1949 et 2 mars 1950, les deux derniers baptisés St George et St Patrick resteront inachevés, les coques étant lancées pour libérer les cales et c’est tout.

On étudiera bien leur achèvement en porte-avions mais ce projet n’aboutira pas, les coques étant démolies une fois la guerre terminée.

Se posera la question des pièces d’artillerie forgées soit au total dix-huit canons de 16 pouces. Si quatre affûts furent transformés en pièces d’Artillerie Lourde sur Voie Ferrée et envoyées sur la côte sud-est, que deux ont été utilisées pour des tests, il semble que les autres ont été revendues à la France pour ses cuirassés Languedoc et Moselle mais les archives sont assez contradictoires sur le sujet.

Le HMS Saint Andrew et le HMS Saint David vont opérer durant tout le conflit en mer du Nord et si le premier manque la bataille du cap Nord mais participe à BOREALIS alors que pour le second c’est l’inverse.

Ils ne sont que légèrement endommagés durant leur carrière qui s’achève respectivement en 1959 et 1961 quand ils sont désarmés. Un temps on étudie leur transformation en cuirassé lance-missiles mais ce projet est bien trop onéreux pour la Grande-Bretagne qui doit se résoudre en 1970 à envoyé ses deux derniers cuirassés à la démolition.

Le HMS Illustrious

La Home Fleet c’est aussi des porte-avions comme le HMS Illustrious le deuxième «porte-avions blindé» (après l’Ark Royal déployé en Méditerranée), un porte-avions très protégé ce qui avait ses avantages comme ses inconvénients.

Il ne participe pas à la Campagne de Norvège car il est immobilisé pour un grand carénage. Bien que les travaux aient été accélérés il y à un certain nombre d’impondérables ce qui explique qu’il n’est à nouveau disponible qu’en mars 1949.

Déployé en mer du Nord, il opère contre les lignes de communications allemandes ce qui lui vaut un amical hommage de l’aviation allemande. Gravement endommagé le 8 février 1950 (confere la partie sur les opérations aériennes), il est sauvé de justesse alors que l’un de ses escorteurs, le destroyer HMS Escapade est coulé.

Les réparations sont longues et difficiles en raison notamment de l’architecture contraignante du navire car le porte-avions blindé n’est de retour au combat que le 17 mars 1952.

Il opère en mer du Nord jusqu’à la fin de l’année (participant notamment à la bataille du Cap Nord) avant de rallier la Méditerranée pour couvrir différentes opérations (amphibies ou non) avant et après le basculement italien du printemps 1953, l’Illustrious trainant ses hélices en mer Méditerranée et en Adriatique, au large de l’Italie et des Balkans.

Après une refonte de janvier à mai 1954 le porte-avions blindé sert de porte-avions école et de transport d’avions jusqu’à son désarmement survenu en septembre 1958, le porte-avions étant démoli en 1960.

NdA si je parle des autres océans c’est à la fois pour des raisons pratiques mais aussi pour donner envie pour la suite……. .

Le HMS Formidable

Le HMS Formidable termine la Campagne de Norvège sans aucune égratignure, une gageure pourrait-on dire même si ses canonniers et ses pilotes considèrent tout simplement que c’est tout à fait normal car ils sont meilleurs de la Navy, un fait bien entendu contesté par les équipages des autres porte-avions de Sa Majesté.

Il rallie ensuite les Western Approaches pour traquer les raiders allemands et autres forceurs de blocus. Après un carénage d’octobre 1949 à mars 1950, il retourne en mer du Nord, effectuant de nombreuses missions de frappe, d’escorte et de couverture et ce d’avril 1950 à septembre 1951.

Endommagé par un sous-marin le 14 septembre 1951 (confere la partie idoine) il est immobilisé pour réparations jusqu’en mars 1952. Il va y opérer jusqu’en février 1954, manquant la bataille du Cap Nord à cause d’une avarie de propulsion mais participe à l’opération BOREALIS au cours de laquelle il est légèrement endommagé par l’attaque surprise d’un bombardier allemand promptement expédié en mer par les patrouilles de chasse après avoir commis son forfait.

Il reste cependant en ligne jusqu’en février 1954 date à laquelle il devient urgent de l’envoyer en réparations et en remise en état.

La guerre s’arrête ici pour lui car les travaux s’achèvent en septembre 1954. Il est à nouveau opérationnel en octobre. Enfin opérationnel si l’on peut dire car jusqu’à sa mise en réserve en décembre 1956 il sert essentiellement de transport d’avions au profit de la FAA, de la RAF mais aussi plus insolite d’avions capturés en Allemagne et ramenés en Grande-Bretagne pour remise en état, évaluation avant pour les plus chanceux de finir dans des musées.

Après dix mois de réserve jusqu’en juin 1958 il est remis en service comme porte-avions école en remplacement de son sister-ship Illustrious. Il joue ce rôle discret mais vital jusqu’en septembre 1964 quand après une ultime avarie il est désarmé avant d’être démoli deux ans plus tard.

Le HMS Victorious

Le HMS Victorious gravement endommagé le 5 octobre 1948 par l’aviation allemande n’est de retour au combat qu’au début du mois de septembre 1949 relevant le Formidable dans sa mission de traque des raiders allemands.

Après un petit carénage de septembre 1950 à février 1951, le porte-avions blindé rallie la Méditerranée pour dix-huit mois d’intense opérations puisqu’il participe aux grands débarquements amphibies menées contre l’Italie (Dragon en Sardaigne et Husky en Sicile).

Après un petit carénage à Alexandrie d’octobre à décembre 1952 le porte-avions est engagé dans l’opération SKYLOCK (le débarquement à Tarente), le Victorious opérant dans la Mare Nostrum jusqu’en mars 1954.

Rentré en métropole son usure est telle (sans compter les conséquences des dégâts du 5 octobre 1948) qu’il est désarmé dès juin 1955.

Il sert de ponton-école et de ponton-magasin jusqu’en 1969 date à laquelle il est démoli. A noter qu’à cette époque il avait déjà perdu son ilot et n’était plus qu’un pont plat sans aucune superstructure au point qu’il était appelé Victor par les marins servant à bord.

Le porte-avions lourd HMS Malta avait été sérieusement endommagé le 30 septembre 1948 par une torpille du sous-marin allemand U-81 au large de Bodo, une torpille le touchant à l’arrière, le privant d’une partie de son appareil propulsif.

Après des réparations provisoires à Scapa Flow puis une remise en état complète à Rosyth, le premier porte-avions lourd britannique est de retour au combat au mois de janvier 1949.

Après plus de deux années d’intense activité (janvier 1949 à mars 1951), le porte-avions est immobilisé pour un carénage doublé d’une refonte (avril à septembre 1951).

Il opère en mer du Nord jusqu’en janvier 1952 date à laquelle il rallie une nouvelle zone opérationnelle à savoir l’Océan Indien pour des opérations menées contre la Birmanie (GYMNASTIC et VAMPYR). Il va opérer dans la région jusqu’en octobre 1953 participant notamment à l’opération OVERLORD.

Rentré en métropole, il est immobilisé pour refonte de novembre 1953 à avril 1954, retrouvant ensuite la Home Fleet. En juillet 1955 il rallie la Méditerranée où il va rester deux ans soit jusqu’en juillet 1957.

Profondément transformé d’août 1957 à décembre 1959 (piste oblique, catapultes à vapeur, nouveaux brins d’arrêts et ascenseurs, allégement du blindage et de l’armement, augmentation de la capacité carburant), le Malta remis en service en mars 1960 est désarmé en septembre 1971 et démoli deux ans plus tard.

Le porte-avions lourd HMS Hermes couvre le passage dans l’Atlantique pour empêcher l’infiltration de raiders allemands, ne participant donc pas directement à la Campagne de Norvège. Il multiplie les missions de reconnaissance en liaison avec le Coastal Command.

A plusieurs reprises des alertes sont lancées, on prépare fébrilement les bombardiers en piqué et les bombardiers-torpilleurs pour envoyer par le fond des navires ennemis cherchant à faire un mauvais sort aux convois.

Hélas ou heureusement pour les pilotes aucune opération ne fût lancée contre un cuirassé, un croiseur de bataille ou encore un croiseur auxiliaire qui se rapproche le plus d’un corsaire.

Il est ensuite redéployé dans les Western Approaches à la fois pour réduire le délai d’intervention et parce que la Royal Navy répugne à exposer ses porte-avions qui deviennent presque aussi importants que ses cuirassés.

Le 10 mai 1949 l’offensive à l’ouest tant attendue et tant redoutée débute. Les combats sont violents, les porte-avions étant engagés en Manche en liaison avec la RAF et l’Armée de l’Air.

Sérieusement endommagé le 14 août 1949 (quatre bombes), le porte-avions lourd rallie d’abord Cherbourg pour des réparations d’urgence avant une remise en état complète à Faslane, le porte-avions n’étant à nouveau disponible qu’en mars 1951 ! Nul doute que si la fin du conflit avait été proche on aurait hésité à réparer le porte-avions lourd.

Déployé en mer du Nord jusqu’en octobre 1952 il participe à la bataille du Cap Nord pour des missions de reconnaissance, de couverture aérienne et de frappe.

Après un petit carénage de novembre 1952 à mars 1953 (cela inclus les essais et la remise en condition de l’équipage et du groupe aérien), le porte-avions retourne en mer du Nord, participant à l’opération BOREALIS.

Maintenu en service après guerre, il est profondément transformé de 1957 à 1960 (piste oblique, proue fermée, catapultes à vapeur, brins d’arrêts plus modernes), restant en service jusqu’en décembre 1969 quand il est désarmé. Il est démoli deux ans plus tard.

D’autres porte-avions vont être construits durant la guerre dans le cadre du War Emergency Programm (WEP). On assiste à une véritable «carriermania» avec la commande de huit porte-avions de classe Colossus, deux porte-avions lourd de classe Malta modifié, quatre porte-avions médians de classe Audacious et huit porte-avions de classe Majestic, une évolution des Colossus.

En raison d’un certain nombre de contraintes techniques, industrielles et militaires tous ces navires ne seront pas construits comme nous allons le voir maintenant.

Les huit porte-avions de type Colossus ont été commandés avant même le WEP, les crédits débloqués ayant permis l’achat de certains éléments cruciaux pour la construction des navires.

Le HMS Glory à Malte

Ces navires font suite au HMS Colossus et HMS Glory construits durant la Pax Armada après tout de même une commande française de deux unités (NdA ce cher Horatio Nelson à du se retourner dans sa tombe).

Ces huit navires sont mis en service en février 1950 (Terrific), en mars 1950 (Ocean et Pioneer), en mars 1951 (Triumph), en avril 1951 (Venerable), en août 1951 (Theseus), en février 1952 (Vengeance) et en mars 1952 (Warrior).

Quatre d’entre-eux vont opérer dans l’Atlantique et en mer du Nord à savoir les HMS Ocean Pioneer Triumph et Venerable.

Ces porte-avions initialement conçus pour soulager les porte-avions d’escadre de missions secondaire vont finalement opérer comme porte-avions de première ligne, soutenant les «gros» porte-avions blindés mais assurant aussi des missions qui leur sont quasiment spécifique à savoir le transport d’avions et la couverture des convois.

Tous ne vont pas voir la fin du conflit, certains succombent sous les coups de l’ennemi. Le HMS Ocean quasiment deux ans après sa mise en service est victime le 14 février 1952 d’un sous-marin allemand en maraude qui vengea un congénère victime des avions du porte-avions léger alors qu’il attaquait un convoi à destination de l’URSS. Une torpille lancée par le U-228 est suffisante pour envoyer le porte-avions de classe Colossus par le fond.

Le HMS Triumph

Trois mois plus tard c’est le Triumph qui est lui aussi victime d’un torpilleur submersible. Alors qu’il venait de participer à des opérations contre la navigation littorale allemande au large des Lofoten il est touché par une torpille le 4 mai 1952, torpille lancée par le U-235.

Les dégâts sont en apparence peu graves mais le temps se dégrade, les éléments ajoutant aux dégâts de la torpille.

Dans la soirée il devient évidant que le porte-avions est condamné. L’équipage est évacué et un destroyer léger type Hunt achève son agonie en plaçant une torpille et une volée d’obus de 102mm pardon de quatre pouces.

Les autres porte-avions type Colossus déployés en mer du Nord vont eux survivre au conflit non sans être légèrement endommagé à plusieurs reprises. Paradoxalement leur absence de protection leur à parfois rendu service notamment quand il était touché par une munition perforante que faute d’épaisseur traversait sans exploser.

Le HMS Pioneer après avoir participé à des couvertures de convois, à des raids commandos mais aussi à l’opération BOREALIS est désarmé en 1961. Il est voué à la démolition quand on décide de le réarmer en porte-hélicoptères au profit des Royal Marines. Il va ainsi servir dans son nouveau rôle en compagnie du Theseus (déployé lui dans l’Océan Indien) jusqu’à son désarmement en 1977.

Le HMS Venerable lui sert de porte-avions école en compagnie de vétérans du second conflit mondial (Illustrious puis Formidable) de 1959 à 1972 son désarmement laissant la Royal Navy sans porte-avions école dédié, les porte-avions opérationnels servant à qualifier puis à entrainer les jeunes pilotes.

Les huit unités de classe Majestic sont une évolution des Colossus. Les différences ne sont pas si évidentes que cela au point qu’on parle parfois de «Classe Colossus-Majestic».

Ces huit navires sont tous construits mais tous ne vont pas faire carrière sous pavillon britannique, deux étant cédés ultérieurement à la marine canadienne (le Majestic devenu le Bonaventure, le Leviathan devenu le Magnificent) et deux autres à la marine néerlandaise (l’Argus devenu le Willemn van Oranje l’Hercules devenu le Hollandia) sans compter que deux autres vont être cédés après guerre à la marine australienne.

Les cinq premiers sont mis en service dès 1950 avec le Majestic dès le mois de janvier, le Terrible au mois de février, le Leviathan au mois d’avril, l’Argus au mois de juin et l’Hercules au mois de septembre. Il faut ensuite attendre l’année 1952 pour de nouvelles admissions au service actif avec celle du Powerful en mars et du Perseus en décembre, le Pluton bouclant la boucle en juillet 1953.

Le HMS Majestic est d’abord engagé en mer du Nord sous pavillon britannique, étant endommagé par une bombe en mai 1951 et par le souffle d’une mine en septembre 1951. Transféré à la marine canadienne en juillet 1952, il est rebaptisé HMCS Bonaventure.

Sous ses nouvelles couleurs il va opérer dans l’Atlantique et en mer du Nord, participant à l’opération BOREALIS puis à l’opération ARCHANGE, l’équivalent canadien de MAGIC CARPET. Modernisé de septembre 1962 à mars 1964, il n’à été désarmé que le 4 juin 1982.

Le futur Terrible paré au lancement

Le HMS Terrible effectue toute sa guerre en mer du Nord, couvrant des convois, traquant la navigation allemande, appuyant l’opération BOREALIS….. .Il à été désarmé en septembre 1959 et démoli en 1965 après l’échec d’un transfert à un pays étranger.

Le HMS Powerful effectue lui aussi toute sa carrière dans l’hémisphère trainant ses hélices dans l’Atlantique, dans l’Océan Glacial Arctique et bien entendu en mer du Nord. Il participe à la Bataille du Cap Nord mais manque l’opération BOREALIS en raison d’une avarie de chaudière nécessitant un passage par la case chantier. Il est désarmé en septembre 1958 et démoli après l’échec d’une vente à un pays étranger.

Après avoir construit seize porte-avions légers les britanniques ont-ils continué sur leur lancée ? Eh bien oui et non car si la construction des Malta modifiés baptisés Glorious et Courageous sans cesse repoussée à été abandonnée en septembre 1952, deux des quatre Audacious ont été mis sur cale, lancés et mis en service.

Le HMS Audacious est mis en service en janvier 1954 alors que la guerre approche de sa fin. Il opère d’abord en mer du Nord mais dès le mois de mars il est envoyé en Asie du Sud-Est pour permettre la relève d’unités ayant besoin d’une sérieuse période d’entretien.

Il va rester dans la région depuis Singapour jusqu’en décembre 1964 quand il rentre en Métropole pour être transformé avec catapultes à vapeur, brins d’arrêts plus modernes, nouveaux ascenseurs…… . Remis en service en septembre 1966, il est désarmé en octobre 1979 et démoli.

Son sister-ship le HMS New Zealand est mis en service en juillet 1954 trop tard pour des opérations majeures puisqu’il arrive en Asie du Sud-Est après la capitulation japonaise (NdA la suite dans le tome idoine comme on dit).

En revanche les Irresistible et Africa n’ont jamais été mis sur cale, la construction du premier étant abandonné en novembre 1953 et celle du second en mars 1954 alors que la mise sur cale était imminente.

Dominions (12) Canada (12)

LES NAVIRES DE LA ROYAL CANADIAN NAVY (RCN)

Porte-avions

Porte-avions classe Colossus

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Un porte-avions type Colossus portant le pavillon britannique (White Ensign)

Les porte-avions de classe Colossus sont des porte-avions économiques, des porte-avions conçus pour pouvoir être produits plus rapidement que les porte-avions blindés. C’est un projet Vickers qui l’emporte, commandé initialement par la France à deux exemplaires baptisés Alienor d’Aquitaine et Henriette d’Angleterre.

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Grande Bretagne (75) Ordre de bataille et programme de guerre (4)

West African Station

En septembre 1939, les unités de la Royal Navy chargées de patrouiller dans l’Atlantique Sud pour protéger le trafic commercial et lutter contre les raiders allemands dépendaient du South Atlantic Command avec pour base principale pour ne pas dire exclusive, Freetown dans la colonie de Sierra Leone.

Le stationnement d’une escadre permanente dans cette région remontait au début du 19ème siècle quand la Royal Navy fût chargée de lutter contre le traite négrière illégale depuis 1817 (l’esclavage allait être abolit en 1833).

Cette escadre connaissait un très fort taux de mortalité en raison de la présence de la fièvre jaune ce qui lui valut le surnom de Coffin Squadron l’Escadre cercueil.

La situation était heureusement nettement meilleure en septembre 1939 et le South Atlantic Command joua un rôle majeur dans la traque des navires de guerre allemands lancés dans une guerre de course.

Suite à la réorganisation de la Royal Navy au printemps 1944, décision est prise de supprimer les South et North Atlantic Command au profit d’une West African Station à l’aire de responsabilité gigantesque puisqu’allant de Gibraltar au cap de Bonne Espérance.

Très rapidement cette zone est bien trop étendue et un Gibraltar Command est créé pour permettre à Freetown de se concentrer sur l’Atlantique Sud.

En septembre 1948, les navires suivants sont stationnés à Freetown :

HMS Colossus

HMS Colossus

-Porte-avions léger HMS Colossus

-8th Cruiser Squadron (8th CS) avec les croiseurs lourds type County HMS Shropshire et Berwick ainsi que le croiseur lourd HMS York

-5th Destroyer Flottilla 2nd Division avec les destroyers type K HMS Khartoum Kelvin Kipling Kimberley

-11th Patrol Flottilla : chalutiers armés HMS Bern, Biggal, Blackbird, Bressay, Brora, Bruray Bryher et Burra

-Deux vedettes anti-sous-marines et deux dragueurs de mines légers pour la protection rapprochée du port

-Pétroliers RFA Belgol (classe Belgol) et RFA War Bharata (classe War)

-Le navire-atelier HMS Resource et la 3rd Submarine Flottilla accompagné du ravitailleur de sous-marins HMS Andaman rejoignent le site après le déclenchement du conflit.

A ces navires s’ajoutent ceux stationnés à Simonstown même si l’éloignement rend son commandement très autonome par rapport à Freetown.

Ces navires sont deux sloops, le HMS Londonderry de classe Grimsby et le HMS Auckland de classe Egret ainsi que deux vedettes ASM et deux cannonières destinés à la protection rapprochée du port.

Fleet Air Arm-South Atlantic Command

Ce commandement créé en février 1948 à comme fleuron le porte-avions léger HMS Colossus chargé avec son 12th Carrier Air Group (12th CAG) et le 8th Seaplane Group, un groupe d’hydravions qui peut être embarqué sur des croiseurs de passage.

12th Carrier Air Group (12th CAG)

Fairey Albacore à l'appontage

Fairey Albacore à l’appontage

-Squadron 887 : six Fairey Albacore (torpillage et lutte anti-sous-marine)

-Squadron 889 : quatre Douglas Dauntless (bombardement en piqué/reconnaissance)

-Squadron 890 : six Grumman Martlet Mk III

-Squadron 892 : six Grumman Martlet Mk III

8th Seaplane Group

Appelé également le squadron 718, il dispose de huit Supermarine Walrus de reconnaissance et de surveillance maritime

Unités de soutien et de servitude

Squadron 917 équipé d’avions de liaison et de servitude avec deux Lockheed Hudson et quatre SNCAO SO-30P

Squadron 918 équipé d’hydravions de servitude avec quatre Saro London

Gibraltar Command

Ce commandement créé en septembre 1947 pour soulager la West African Station regroupe comme son nom l’indique tous les navires stationnés en permanence sur le rocher. Ces navires ont pour mission essentielle de sécuriser l’accès à la Méditerranée et de protéger les convois notamment ceux allant de Freetown à Liverpool.

Quand le second conflit mondial éclate, les navires suivants sont stationnés à Gibraltar :

-9th Destroyer Flottilla : huit destroyers type L, les HMS Laforey Lightning Lookout Loyal à canon de 120mm, les HMS Lance Larne Lively Legion à canon de 102mm

-13th Destroyer Flottilla : six destroyers légers type Hunt I, les HMS Fernie Garth Hambledon Holderness Cotswold et Cottesmore

-6th Escort Flottilla avec six frégates de classe River, les HMS Tay Test Teviot Trent Tweed Waveney en attendant les Wear et Aire.

-5th Minesweeping Flottilla avec des dragueurs de mines de classe Bangor, les HMS Brixham Clacton Cromarty Dormoch Dunbar Greenock Hartlepool et Harwich

-9th Minesweeping Flottilla équipée de chalutiers-dragueurs de mines classe Isle, les HMS Bute Cailiff Caldy Campobello Copinsay Crowlin Cumbrae et Damsay

-Deux canonnières, deux patrouilleurs anti-sous-marins, une vedette de sauvetage et 4 HDML

-Pétroliers RFA Oligarch (classe Ol) RFA Darkdale (classe Dale) et RFA Brown Ranger (classe Ranger)

West Indies Station

En septembre 1939, on trouvait l’America & West Indies Station chargée de couvrir notamment les Antilles et l’Atlantique Nord.

Neuf ans plus tard, ce commandement est remplacé par la West Indies Station dont l’aire de responsabilité est limité aux Antilles, la couverture des convois depuis Halifax devant être assurée par la Royal Canadian Navy (RCN) avec véritable révolution le passage sous commandement canadien de navires de la Royal Navy.

Basée aux Bermudes, l’escadre des Indes Occidentales regroupe en septembre 1948 les moyens suivants :

la frégate Annan de classe River

la frégate Annan de classe River

-8th Escort Flottilla avec quatre frégates classe River (quatre en construction) avec les HMS Annan Avon Awe et Braid en attendant si les projets sont suivis les HMS Cam Deveron Dovey et Fal

-Sloop HMS Wellington classe Grimsby

-10th Patrol Flottilla : chalutiers armés Ailsa Craig, Annet, Anticosti, Arran, Baffin, Balta, Bardsey, Benbecula,

-Deux vedettes anti-sous-marines, Deux canonnières, deux dragueurs de mines légers

-Pétroliers RFA Abeydale et Broomdale (classe Dale)

-Citerne à eau RFA Freshet

A cela s’ajoute le Fleet Air Arm-West Indies Command qui regroupe les moyens navals stationnés aux Bermudes plus précisément à Boaz Island.

Il ne dispose pas de groupes aériens mais dispose du 7th Seaplane Group/squadron 717 qui dispose des hydravions des croiseurs lourds York Shropshire et Berwick soit six Supermarine Walrus auxquels s’ajoute le squadron 915 équipée d’avions de liaison et de transport (deux Lockheed Hudson et deux Douglas DC-3) ainsi que du squadron 918 équipé d’hydravions de servitude (quatre Supermarine Walrus).

PROGRAMME DE GUERRE

Avant-Propos

Comme tous les pays d’Europe, la Grande Bretagne investit massivement dans le domaine militaire entre 1940 et 1948 ce qui explique le nom donné à cette période, la Pax Armada en référence à la Pax Romana.

Le corps de bataille est renouvelé, la flotte de porte-avions se débarasse de ses navires pionniers souvent inaptes aux opérations de guerre au profit d’unités neuves. La situation est semblable pour les croiseurs, les destroyers et les sous-marins.

Bref en septembre 1948, la Royal Navy à fière allure et prête à en découdre avec une Kriegsmarine nettement plus musclée que neuf ans plus tôt.

Néanmoins au 5 septembre 1948, un certain nombre d’unités sont toujours en construction ou en achèvement à flot.

Dans un premier temps, toutes les constructions sont suspendues et seuls les navires en achèvement à flot pouvant être mis en service dans un délai raisonnable sont priorisés.

La guerre s’annonçant longue, les construction reprennent dans l’immense majorité des cas, des commandes d’urgence sont passées en attendant un vrai programme de guerre.

Navires en construction en septembre 1948

Cuirassés

En septembre 1948, quatre cuirassés de classe Vanguard sont encore en construction, deux en achèvement à flot (HMS Saint Andrews HMS Saint David) et deux encore sur cale (HMS Saint George et HMS Saint Patrick).

La construction ou les travaux sur les quatre unités est suspendue le 5 septembre 1948. Ils reprennent sur le Saint Andrews et le Saint David dès le 20 septembre pour aboutir à la mise en service de ces navires le plus rapidement possible et faire face à la perte de plusieurs cuirassés, le HMS Centurion coulé le 7 octobre 1948 au large de la Norvège (endommagé par une mine puis achevé par l’aviation allemande) et le HMS Howe si gravement endommagé que sa remise en état semble inutile.

Quand au Saint George et au Saint Patrick, décision est prise le 8 novembre 1948 de les achever mais uniquement pour libérer les cales. Leur achèvement n’est pas prévu sauf pertes colossales dans le corps de bataille de la Royal Navy.

Porte-avions

Quand le second conflit mondial éclate, aucun porte-avions n’est en construction pour la Royal Navy.

Croiseurs lourds

La Royal Navy n’à jamais eu une forte appétence pour le croiseur lourd et c’est uniquement pour ne pas être déclassée que l’Amirauté à construit les County, les York puis les Admiral.

Deux croiseurs lourds de classe Admiral, les HMS Marlborough & Blenheim sont en achèvement à flot quand le conflit éclate. Leur achèvement est suspendu le 5 septembre mais il reprend dès le 15 septembre, les travaux étant proches de leur terme.

Croiseurs légers

Quatre croiseurs légers classe Minotaur sont en construction quand les allemands déclenchent l’opération Weserübung en l’occurence les HMS Bellerophon Eagle Defence et Tiger.

Tous sont en achèvement à flot et leur mise en service doit selon les critères du temps de paix s’échelonner entre le printemps et l’automne 1949. Il est cependant plus que probable que les travaux vont être accélérés.

Destroyers

Le renouvellement de la flotte construite à partir de la fin des années vingt avait déjà été entamée avec la construction des destroyers type O et P qui remplacèrent les type A et B.

Les Type C avaient été eux vendus au Canada avant le début de la guerre de Pologne, la première classe à remplacer était le type D.

Huit destroyers type Q sont commandés au printemps 1947 pour remplacer les type D mais aucun n’est en service en septembre 1948, quatre sont en achèvement à flot et quatre encore sur cale.

Les HMS Queenborough Quadrant Quail et Quality ont été lancés au mois d’août. Ils sont donc loin d’être mis en service même en accélérant les travaux au maximum.

Les quatre autres (Quentin Quiberon Quickmatch Quilliam) sont encore sur cale et assez loin du stade du lancement.

Navires légers

Dans le domaine des navires légers, seules quatre frégates de classe River sont en construction quand le second conflit mondial éclate (HMS Cam Deveron Dovey Fal).

Au 5 septembre 1948, quatre cuirassés, deux croiseurs lourds, quatre croiseurs légers, huit destroyers et quatre frégates sont en construction pour la marine britannique.

Dès le début du conflit des commandes d’urgence vont être passées, commandes ultérieurement intégrées dans un War Emergency Programm voté par les Communes le 14 janvier 1949.

Les commandes immédiates

En temps de paix les résistances à l’investissement sont nombreuses et notamment sur le plan financier, les militaires sont souvent vus comme des gens éternellement insatisfaits, on mégote souvent sur l’investissement nécessaire.

Le déclenchement d’un conflit facilite souvent les choses. A l’annonce des débarquements allemands en Norvège et au Danemark, de nombreuses commandes d’urgence sont passées, commandes qui sont ultérieurement intégrées au War Emergency Programm qui pose déjà les bases d’une marine d’après guerre.

En attendant voici la liste des commandes passées par decret dès le début de la guerre :

-Huit porte-avions légers type Colossus

-Seize destroyers type Q, huit à canons de 120mm et huit à canons de 114mm, ces derniers devenant des type R.

-Seize frégates de classe River

-Douze destroyers légers type Hunt IV mais quatre sont rapidement rétrocédés à la jeune Royal South African Navy

Ces commandes étaient parfois bloquées depuis plusieurs mois mais le déclenchement du conflit à fait sauter les différents obstacles et résistances.

Ces commandes sont toutes intégrées dans le programme de guerre, aucun navire n’ayant été livré avant le vote du programme par le parlement britannique.

War Emergency Program

Comme nous l’avons vu plus haut, le programme de guerre est destiné à augmenter rapidement les moyens de la Royal Navy, de combler les pertes mais également d’anticiper sur une marine d’après guerre aux contours flous.

Ce programme voté le 14 janvier 1949 va être ultérieurement scindé en plusieurs tranches en fonction de leur urgence.

Cuirassés

-Aucun cuirassé n’est commandé dans le cadre du programme de guerre en raison de la construction en cours de quatre cuirassés, de l’absence de nouvelles constructions côté allemand et du délai pour la mise en service d’un tel navire (trois à cinq ans).

-Des études sont néanmoins lancées mais sans réelle conviction.

Porte-avions

-Si aucun cuirassé n’est commandé, de nombreux porte-avions sont commandés par la marine britannique, une véritable Carriermania, une frénésie de ponts plats.

Outre la commande de huit Colossus supplémentaires (Ocean Perseus Pioneer Theseus Triumph Venerable Vengeance Warrior) passée dès septembre et intégrée au PG (les fonds débloqués par le decret de commande ont permis l’achat d’une partie de l’acier, des auxiliaires et de l’armement), pas moins de quatorze nouveaux porte-avions légers, moyens et lourds sont commandés.

Deux porte-avions lourds de classe Malta mod. sont commandés. Les premières études prévoyaient la commande de six Malta mod. pour remplacer les Illustrious et les Indefatigable mais le coût tant financier que humain à rendu les amiraux anglais plus circonspects et seulement deux navires ont finalement été commandés, navires baptisés Glorious et Courageous.

Pour remplacer à moindre frais les Illustrious, l’Amirauté décide de commander des porte-avions moyens de classe Audacious, un compromis entre les Colossus/Majestic et les Malta.

Quatre navires sont commandés dans le cadre du programme de guerre, des navires baptisés Audacious Irresistible Africa et New Zealand.

Enfin pas moins de huit Majestic sont commandés. Ces navires sont des dérivés des Colossus, plus grands, plus gros et plus rapides, ces navires exploitant le RETEX (Retour d’Expérience) des Colossus.

Ces huit navires sont baptisés Majestic Terrible Argus Hercules Leviathan Powerful Perseus et Pioneer.

Croiseurs légers

-Quand le conflit éclate, un nouveau modèle de croiseur léger provisoirement désigné comme le type F est en cours de développement dans les bureaux d’études de l’Amirauté. Cette étude lancée en 1946 est loin d’avoir aboutie.

Face à l’urgence, on décide de commander de nouveaux Minotaur, quatre croiseurs légers de 8000 tonnes, 33 noeuds et neuf canons de 152mm en trois tourelles triples.

Ces quatre navires baptisés Conquest Calliope Cambrian et Centaur doivent normalement être suivis par quatre autres navires soit de nouveaux Minotaur ou appartenant au type F si les plans sont prêts à temps.

Si ils appartiennent au type Minotaur, ces navires seront baptisés Canterbury Caledon Calypso et Ceres. Sinon ils recevront de nouveaux noms.

Destroyers

Dans le cadre du programme de guerre, ce sont seize destroyers type Q supplémentaires qui sont commandés pour en théorie remplacer les D mais plus vraisemblablement compenser les pertes du conflit.

La pénurie de canons de 120mm semblant devoir durer, il est décidé que huit des seize type Q supplémentaires seront armés de canons de 114mm, devenant des type R. C’est à cette occasion qu’il est décidé que le canon de 114mm sera désormais la pièce d’artillerie standard des destroyers.

Ces seize destroyers avaient été commandés dès le début du conflit. La Campagne de Norvège ayant vu la perte de six destroyers, la Royal Navy obtient dans le cadre du War Emergency Program la commande de seize destroyers supplémentaires de type S et T (huit chacun) portant le total à trente-deux unités.

Navires légers

Avant même le vote du programme de guerre, des commandes d’urgence sont passées par décret dans la catégorie de la “poussière navale”.

Cette commande s’explique par la crainte de pertes importantes dans les convois translatlantiques mais également durant l’envoi en Norvège du corps expéditionnaire et des navires chargés de le ravitailler.

Seize frégates de classe River et douze Hunt type IV sont commandés dès le 15 septembre, les premiers éléments de coques sont mis sur cale dès le mois d’octobre.

Face aux premières pertes de corvettes, de sloops, de frégates et de destroyers légers, de nouvelles commandes sont passées dans le cadre du War Emergency Programm, vingt-quatre frégates de classe River et seize destroyers type Hunt IV, une partie de ces navires pouvant être mis en oeuvre par les marines des Dominions.

Les dragueurs de mines (minesweeper) peuvent aussi être considérés comme des navires légers et leur cas n’est pas oublié puisque trente-six Algerine, des dragueurs de mines océaniques (Minesweeper oceanic) et vingt-quatre Bangor, des dragueurs de mines côtiers (Minesweeper Coastal).

Quand aux vedettes _lance-torpilles et de sureté_ , elles ne sont pas oubliées avec la commande de trente-deux vedettes lance-torpilles et de quarante-huit vedettes de sécurité (la répartition entre les différents emplois n’à pas été défini).

Sous-marins

Les sous-marins ou plutôt torpilleurs submersibles ne sont pas oubliés même si aucun sous-marin n’est en construction en septembre 1948. Seize type S sont commandés dans le cadre du programme de guerre et seize Amphion ou type A, des sous-marins dits à haute performances si mystérieux que de nombreux fantasmes vont courir sur eux jusqu’à leur mise en service.

Si les seize Amphion seront tous achevés sur ce modèle, les seize type S connaitront un destin différent, seuls huit seront achevés comme des S, les huit derniers formant le type V, un sous-marin médian censé remplacé les type S et les type U.

Navires de soutien

La logistique n’est pas oubliée dans ce programme de guerre avec la commande de navires de charge militarisés et de véritables navires de soutien de type paramilitaire (navire-atelier, mouilleur de mines).

Au profit de la Royal Navy sont commandés quatre navire-ateliers (repair ship) inspirés du HMS Vulcan, deux mouilleurs de mines de type Abdiel (HMS Ariadne et Apollo) qui vont être davantage utilisés comme transports rapides et deux bâtiment-base d’aviation, des navires pouvant soutenir des hydravions au mouillage mais également capable de construire à terre des aérodromes.

Au profit de la Royal Fleet Auxiliary (RFA) sont commandés quatre pétroliers de 15000 tonnes type Dale, six pétroliers-caboteurs de type Ranger, quatre cargos rapides et huit cargos lents.

Grande Bretagne (70) Bases navales (2)

Les autres bases de la Royal Navy

Simonstown

Implantée à False Bay sur la face orientale de la péninsule du Cap, la ville de Simonstown et sa base navale jouent un rôle non négligeable pour la marine britannique, lui permettant de contrôler le Cap de Bonne Espérance. Son rôle à été réduit par l’ouverture du canal de Suez en 1869 mais il n’est pas nul pour autant.

Entre 1940 et 1948, des travaux sont menés pour augmenter les capacités d’accueil des navires, les capacités d’entretien et de ravitaillement.

Les navires stationnés à demeure sont peu importants puisqu’on ne trouve que deux sloops, le HMS Londonderry de classe Grimsby et le HMS Auckland de classe Egret ainsi que deux vedettes ASM et deux cannonières.

Quand le conflit éclate, Simonstown va devenir une escale importante pour certains convois de fret et de troupes mais également la base de la nouvelle Royal South African Navy (RSAN) qui voit le jour en 1945.

Longtemps sans véritables navires, elle se contente de détacher du personnel sur des navires de la Royal Navy ou de la RFA, d’armer des pièces de défense côtière, d’effectuer des taches administratives.

En septembre 1947, elle reçoit deux destroyers type V&W (les HMS Wakeful et Wryneck) pour former des équipages pour des navires de combat avant de mettre en oeuvre quatre Hunt IV commandés seulement en septembre 1948.

C’est donc à bord de navires de la RN que la marine sud-africaine va participer aux premières opérations du second conflit mondial.

Si elle renonce à armer un porte-avions léger type Colossus en l’occurence le Triumph, elle décide de commander quatre Hunt IV supplémentaires et deux destroyers type R pour former une petite mais efficace marine, efficacité augmentée par l’acquisition d’un pétrolier, d’un ravitailleur, de vedettes lance-torpilles et d’hydravions Consolidated Catalina.

Freetown

L’actuelle capitale de la Sierra Leone et son port en eau profonde à été fondée en 1792 par des esclaves affranchis par les abolitionnistes britanniques.

C’est la principale base navale britannique en Afrique noire et c’est de la que partent la majorité des convois venant d’Afrique et ralliant Liverpool.

Le rôle de Freetown augmente avec le déploiement d’un porte-avions léger, le HMS Colossus, véritable navire-amiral de la West African Station qui dispose de moyens importants pour protéger les convois et traquer les raiders allemands.

Comme dans nombre de ports coloniaux, point de base mais l’utilisation du port de commerce avec tout de même des dépôts mais pas de forme de radoub, les grands travaux devant être réalisées chez les froggies à Dakar ou sur le rocher à Gibraltar.

Ce n’est qu’après le début du conflit qu’un dock-flottant commandé aux Etats-Unis sera installé pour permettre de menus travaux.

En septembre 1948, les navires suivants sont stationnés à Freetown :

-Porte-avions léger HMS Colossus

-8th Cruiser Squadron (8th CS) avec les croiseurs lourds type County HMS Shropshire et Berwick ainsi que le croiseur lourd HMS York

-5th Destroyer Flottilla 2nd Division avec les destroyers type K HMS Khartoum Kelvin Kipling Kimberley

-11th Patrol Flottilla : chalutiers armés HMS Bern, Biggal, Blackbird, Bressay, Brora, Bruray Bryher et Burra

-Deux vedettes anti-sous-marines et deux dragueurs de mines légers

-Pétroliers RFA Belgol (classe Belgol) et RFA War Bharata (classe War)

-Le navire-atelier HMS Resource et la 3rd Submarine Flottilla accompagné du ravitailleur de sous-marins HMS Andaman rejoignent le site après le déclenchement du conflit.

Bermudes

Découvert en 1515 par le navigateur espagnol Bermudez (qui lui donna son nom),l’Archipel des Bermudes qui appartient encore aujourd’hui à la Grande-Bretagne (avec néanmoins une grande autonomie) à rapidement attiré l’oeil de Londres qui voyait là une zone stratégique pour le contrôle de l’Atlantique.

La première implantation britannique date de 1609 mais il faut attendre 1684 pour que cette colonisation soit officialisée.

Il faut cependant attendre 1795 pour que soit créé le Royal Navy Dockyard Bermuda destiné à remplacer les bases d’Amérique perdues suite à l’indépendance des treize colonies. En 1818, il devient le siège du commandement de la North American & West Indies Station en remplacement d’Halifax.

Cette base associée à une base de la FAA était toujours active en septembre 1948 pour pouvoir participer à la protection de la navigation commerciale dans l’Atlantique.

Les installations d’entretien sont améliorées. Le terrain ne se prêtant pas à la construction de formes en dur, les travaux sont menés depuis trois dock flottants, un de 250m, un de 170m et un troisième de 120m.

Sont augmentées la capacité des dépôts tandis que les défenses côtières sont régénérées pour éviter un coup de main ennemi.

Plus qu’une occupation en bonne et due forme, on craint un raid comparable aux descentes du temps de la marine à voile. Voilà pourquoi la garnison déployée par la British Army est également renforcée en qualité et en quantité.

En septembre 1948, les navires suivants sont stationnés aux Bermudes :

-8th Escort Flottilla avec quatre frégates classe River (quatre en construction) avec les HMS Annan Avon Awe et Braid en attendant si les projets sont suivis les HMS Cam Deveron Dovey et Fal

-Sloop HMS Wellington classe Grimsby

-10th Patrol Flottilla : chalutiers armés Ailsa Craig, Annet, Anticosti, Arran, Baffin, Balta, Bardsey, Benbecula,

-Deux vedettes anti-sous-marines, Deux canonnières, deux dragueurs de mines légers

-Pétroliers RFA Abeydale et Broomdale (classe Dale)

-Citerne à eau RFA Freshet

Gibraltar

En 711, un chef berbère converti à l’islam prénommé Tarik franchit les Colonnes d’Hercules prend pied en Europe marquant le début de sept-cent quatre-vingt une années de domination arabe sur la péninsule ibérique, les différents régimes occupant jusqu’à 2/3 des territoires actuels de l’Espagne et du Portugal.

L’endroit où le conquérant berbère débarqua fût alors connu sous le nom de Djebel-Tarik (“le rocher de Tarik”) qui de déformation en déformation devint Gibraltar.

Sous contrôle castillan de 1309 à 1333, il redevient espagnol en 1492, cette zone stratégique est conquise par les britanniques durant la guerre de succession d’Espagne en 1704. La propriété mais non la souveraineté est reconnue par le traité d’Utrecht en 1714. L’Espagne tente de récupérer le Rocher entre 1779 et 1781 mais échoue.

Zone stratégique, Gibraltar est un point d’appui capital pour la Royal Navy aussi bien pour la longue traversée en direction des Indes que pour ses opérations en Méditerranée.

Sa position stratégique est encore renforcée avec l’ouverture du canal de Suez en 1869 qui permet à la Grande-Bretagne de contrôler les accès est et ouest de la Mare Nostrum.

La base est implantée à l’ouest du rocher, cette base étant baptisée HMS Rooke du nom du général ayant conquis le rocher alors que la base aéronavale qui sert également de base pour la RAF est baptisé HMS Cormoran.

Déjà bien outillée en 1939, elle subit que peu de travaux jusqu’en septembre 1948 (l’autre raison c’est le site très contraint). Tout juste améliore-t-on la capacité des dépôts, les moyens de levage et les équipements d’entretien.

En septembre 1948, les navires déployés à Gibraltar dépendent du Gibraltar Command, un commandement autonome dépendant directement du commandement de la marine britannique.

Ce commandement à pour mission principale la couverture des convois Le Cap-Freetown-Liverpool ainsi que la sécurisation de l’accès à la Méditerranée en liaison avec la marine française qui dispose de forces non négligeables dans son protectorat marocain.

Si aucune unité majeure (cuirassé, croiseur,porte-avions) n’est stationnée à Gibraltar, les forces du Gibraltar Command ne sont pas négligeables :

-9th Destroyer Flottilla : huit destroyers type L, les HMS Laforey Lightning Lookout Loyal à canon de 120mm, les HMS Lance Larne Lively Legion à canon de 102mm

-13th Destroyer Flottilla : six destroyers légers type Hunt I, les HMS Fernie Garth Hambledon Holderness Cotswold et Cottesmore

-6th Escort Flottilla avec six frégates de classe River, les HMS Tay Test Teviot Trent Tweed Waveney en attendant les Wear et Aire.

-5th Minesweeping Flottilla avec des dragueurs de mines de classe Bangor, les HMS Brixham Clacton Cromarty Dormoch Dunbar Greenock Hartlepool et Harwich

-9th Minesweeping Flottilla équipée de chalutiers-dragueurs de mines classe Isle, les HMS Bute Cailiff Caldy Campobello Copinsay Crowlin Cumbrae et Damsay

-Deux canonnières, deux patrouilleurs anti-sous-marins, une vedette de sauvetage et 4 HDML

-Pétroliers RFA Oligarch (classe Ol) RFA Darkdale (classe Dale) et RFA Brown Ranger (classe Ranger)

Grande-Bretagne (26) Porte-avions (1)

PORTE-AVIONS
Du Furious aux Colossus, une brève histoire des porte-avions britanniques

Les prémices

Longtemps, très longtemps, l’horizon à été la limite indépassable du combat naval. Seules les vigies dans le nid de pie pouvaient repérer l’ennemi. Le plus rapidement possible pour gagner un temps précieux.
L’apparition à la fin du 18ème siècle du plus léger que l’air (ballon à air chaud) pu laisser imaginer une vision élargie du champ de bataille naval.
Hélas les belles potentialités s’évanouirent. La mise en oeuvre des ballons et des dirigeables déjà difficile à terre devenait impossible en mer. L’avion pouvait-il être la solution ? Là encore il y avait de nombreuses difficultés, le décollage et l’atterrissage sans parler de la résistance aux éléments.
Concurrencé par l’hydravion qui put résoudre rapidement la question du décollage avec la catapulte (mais sans jamais trouver la solution pour la récupération), l’avion finit par se faire sa place.
Les premiers essais furent menés avec des techniques qui nous paraissent bien étranges aujourd’hui : portiques, plate-formes sur les tourelles des cuirassés, barges remorquées mais qui furent utiles pour défricher un terrain qui s’avérait prometteur.
Très rapidement, la seule façon efficace de mettre en l’avion s’était une plate-forme la plus longue possible installé sur une coque.

Le HMS Furious première configuration avec une plate-forme remplaçant la tourelle avant de 18 pouces

Le HMS Furious première configuration avec une plate-forme remplaçant la tourelle avant de 18 pouces

Les britanniques transformèrent le croiseur de bataille léger Furious (qui devait être armé de deux canons de 457mm) en remplaçant la tourelle avant par une plate-forme puis la tourelle arrière par une deuxième.
Les premiers essais ouvrirent un champ prometteur même si le premier conflit mondial se termina avant un engagement massif des ponts plats.
L’expérimentation continue. Comme il n’y à pas eu d’engagement des porte-avions, les capacités des ponts plats étaient mal inconnues ou inconnues. Au risque de devoir gaspiller des fonds limités, on préfère les conversions aux constructions neuves à l’exception de l’Argus _paquebot italien Conte Rosso transformé sur cale_ et de l’Hermes, le premier porte-avions conçu comme tel et qui inspira le Hosho japonais.
De l’Argus aux Malta, quels porte-avions pour la Grande-Bretagne ?

Aujourd’hui le porte-avions est un vecteur essentiel de la puissance maritime, toutes les marines majeures disposent de porte-avions, la marine britannique alignant deux porte-avions conventionnels pour montrer partout dans le monde la White Ensign.
A l’époque, c’était tout simplement irréaliste de bâtir une marine sur un nouveau vecteur de puissance aux performances inconnues.

Le porte-avions doit intervenir en soutien des cuirassés pour les éclairer mais également ralentir la ligne de bataille ennemie à coup de bombes et de torpilles, la lenteur des cuirassés de l’époque (21 noeuds maximum, les croiseurs de bataille sont rares et les Queen Elizabeth_premiers cuirassés rapides de l’histoire_ sont uniques) rendant difficile le choix par un adversaire d’une zone de bataille.

Le HMS Argus en 1918

Le HMS Argus en 1918

Après le Furious _reconstruit à plusieurs reprises_ , l’Argus _surnommé le fer à repassé flottant_ et l’Hermes figure un cuirassé chilien converti sur cale, l’Eagle.

Le HMS Hermes en 1920

Le HMS Hermes en 1920

Le HMS Eagle

Le HMS Eagle

Suite au traité de Washington (1922), la Grande-Bretagne transforme en porte-avions ses deux croiseurs de bataille légers, les Courageous et Glorious qui perdent leurs canons de 381mm (quatre en deux tourelles doubles).

Le HMS Courageous

Le HMS Courageous

Ces porte-avions sont des plate-formes médiocres. Souvent de taille réduite, dans des configurations peu pratiques, mettant en œuvre des avions dépassés en partie en raison du contrôle de l’aéronavale par la Royal Air Force (Fleet Air Arm of the Royal Air Force), ils ne permettent guère à l’Aéronavale britannique de devenir un outil crédible.

Le HMS Ark Royal survolé par des Fairey Swordfish

Le HMS Ark Royal survolé par des Fairey Swordfish

Pourtant au milieu des années trente, une éclaircie apparait enfin avec la construction du HMS Ark Royal, le prototype des porte-avions blindés, des Fleet Carrier. Ce porte-avions dessiné en 1934 marque l’introduction d’une architecture particulière dite à l’anglaise.
Devant protéger les lignes de communication, devant opérer dans des mers fermées (mer du Nord, Méditerranée), les porte-avions britanniques devaient tenir compte de nombreuse menaces : mines, aviation basée à terre, batteries côtières, vedettes lance-torpilles…. .
A défaut d’esquiver les menaces, il faut pouvoir encaisser. D’où une protection sérieuse qui se paya au prix d’une construction compliquée _le hangar faisait partie intégrante de l’architecture du navire_ et d’un groupe aérien de taille réduite.

Le HMS Illustrious (R-87)

Le HMS Illustrious (R-87)

Aussi après avoir construit six porte-avions sur ce modèle (Illustrious Formidable Victorious Indomitable Implacable Indefatigable), les britanniques se rallient à une voie médiane entre le porte-avions blindé et le porte-avions construit à l’américaine (dans cette configuration, la coque du navire supporte le pont d’envol, l’espace compris entre le pont supérieur du navire et le pont d’envol servant de hangar). On peut parler de porte-avions blindé allégé ou de porte-avions d’escadre (Fleet Carrier) à protection renforcée. C’est l’acte de naissance de la classe Malta.

Le HMS Colossus

Le HMS Colossus

Un autre modèle de porte-avions apparait également, le porte-avions économique, la classe Colossus dont la construction répond d’abord davantage à une demande de la France (et dans une moindre mesure des dominions) qu’un besoin de la Royal Navy qui ne tarde pas à trouver de l’utilité à ces porte-avions sans protection.

Panorama de la flotte de porte-avions britanniques

Situation en septembre 1939

Quand la Royal Navy entre en guerre suite à l’invasion de la Pologne par l’Allemagne, sa force de porte-avions se compose des navires suivants :
-Porte-avions HMS Furious. Stationné à Rosyth, il n’est plus un porte-avions opérationnel, servant à l’entrainement des jeunes pilotes.
-Porte-avions HMS Argus : en réserve
-Porte-avions HMS Eagle : déployé en Extrême-Orient au sein de la China Station
-Porte-avions HMS Hermès : déployé au sein de la Channel Force
Porte-avions HMS Courageous et Glorious, le premier déployé au sein de la Channel Force en compagnie de l’Hermes, le second au sein de la Méditerranean Fleet.
-Porte-avions HMS Ark Royal. Considéré comme le premier porte-avions moderne de la marine britannique, il est stationné à Scapa Flow en compagnie de la Home Fleet.
Evolution 1939-1948

Le HMS Implacable (R-86)

Le HMS Implacable (R-86)

Quand la guerre de Pologne se déclenche, la flotte de porte-avions britannique est en plein renouvellement avec la construction de six porte-avions blindés, quatre de classe Illustrious et deux derivés formant la classe Implacable (Implacable Indefatigable).
L’Illustrious est mis en service en septembre 1940, le Formidable en juin 1941, le Victorious en octobre 1941, l’Indomitable en janvier 1942. Il faut ensuite attendre plus de deux ans pour voir deux nouveaux porte-avions mis en service à savoir l’Implacable mis en service en juin 1944 suivit trois mois plus tard de son sister-ship Indefatigable.
La mise en service de ces unités modernes permet le désarmement des porte-avions les plus anciens, le Furious en mars 1944, l’Argus en juin de la même année, le Glorious en septembre 1945, l’Eagle en mars et l’Hermes en septembre 1946.
Ils sont tous démolis à l’exception de l’Hermes qui sert de porte-avions école à Rosyth sous le nom de Commander Edward Dunning du nom d’un pionnier de l’aéronavale britannique.
Les porte-avions blindés se révélant limités en terme de groupes aériens, la Royal Navy décide de construire des porte-avions lourds moins protégés. C’est l’acte de naissance de la classe Malta, quatre navires lourds capable d’embarquer entre soixante et quatre-vingt appareils.

Schéma de la classe Malta

Schéma de la classe Malta

Quatre navires (Malta Gibraltar, Furious _ex-New Zealand_ et l’Hermes _ex-Africa_) sont mis en service en septembre 1946, mai 1947, décembre 1947 et mars 1948.

Cela porte la flotte de porte-avions d’escadre à onze navires avec deux porte-avions en Extrême Orient (Implacable Indefatigable), trois stationnés en Méditerranée (Ark Royal Furious _classe Malta_ et Indomitable)et six déployés au sein de la Home Fleet (Illustrious Formidable Victorious Malta Gibraltar Hermes).

La construction de porte-avions d’escadre prenant du temps, on eut l’idée de construire des porte-avions économiques.
La conversion de navires marchands fût étudiée mais les amiraux britanniques jugeaient le concept perfectible on préféra le projet de Vickers de porte-avions conçus et construits selon les normes de la marine marchande.

C’est l’acte de naissance des Colossus, des porte-avions légers rapides (25 noeuds) avec un armement composé d’une DCA légère.

Paradoxalement, c’est la marine française qui est la première à passer commande pour deux navires, un déployé en Indochine (Alienor d’Aquitaine) et un autre déployé en Bretagne (Henriette d’Angleterre).

Deux sont commandés par la Royal Navy et mis en service en 1947, le premier le HMS Colossus mis en service en mars 1947 est déployé à Freetown alors que le second baptisé HMS Glory mis en service en septembre 1947 est lui déployé à Aden pour couvrir l’Océan Indien. Un est commandé et fabriqué sous licence par les Pays-Bas, recevant le nom symbolique de Guillaume d’Orange.

Huit autres ( Ocean Perseus Pioneer Theseus Triumph Venerable Vengeance et Warrior) sont commandés quand le conflit éclate, certains pouvant être à terme mis en œuvre par les dominions même si le Canada et l’Australie ont passé commande de porte-avions de ce type peu après la première commande franco-britannique, deux pour la RCN et un pour la marine australienne.
Quand le conflit éclate en septembre 1948, le HMCS Bonaventure est en service, assurant comme principale mission la couverture des convois, son sister-ship HMCS Magnificent étant encore en construction tout comme le HMAS Gallipoli, le porte-avions léger destiné à la marine australienne (plus d’informations dans les Tomes consacrés à ces dominions).
Quand le second conflit mondial éclate, la flotte de porte-avions britannique s’élève donc à treize navires chargés principalement de couvrir le corps de bataille et de protéger les lignes de communication alliées.
Dans le cadre du programme de guerre, le porte-avions obtient une place centrale avec la commande de deux Malta modifiés baptisés Glorious et Courageous, huit porte-avions légers type Majestic (version modifiée des Colossus) et quatre porte-avions médians de classe Audacious destinés à remplacer les porte-avions blindés de façon plus économique que les Malta.
Porte-avions HMS Furious

Le HMS Furious en 1939

Le HMS Furious en 1939

Le bouillant amiral Fisher, premier lord de l’Amirauté était un chef charismatique et énergique débordant d’idées, imposant le cuirassé à artillerie monocalibre, le croiseur de bataille, la turbine participant grandement à la modernisation d’une marine qui tendait à s’endormir sur ses lauriers.
Peu après le début du premier conflit mondial, le First Sea Lord eut l’idée d’un débarquement amphibie sur les côtes de la mer Baltique, le débarquement de soldats britanniques et russes à 80km de Berlin pouvant faire basculer le conflit.
Pour cela il fallait une flotte adaptée à la fois des navires de transport mais également de combat pour couvrir l’opération contre une intervention de la marine allemande. D’où la construction de croiseurs de bataille légers, les Glorious Courageous et Furious.
Si les deux premiers étaient armés de deux tourelles doubles de 15 pouces, le dernier devait recevoir deux canons de 18 pouces (457mm) en tourelles simples, une à l’avant et une à l’arrière.
-Le HMS Furious est mis sur cale aux chantiers navals Armstrong Whitworth Shipyards de Wallsend le 8 juin 1915 lancé le 15 août 1916 et admis au service actif le 26 juin 1917.

Le projet de débarquement amphibie en Baltique ayant été abandonné suite au départ de Fisher de l’Amirauté (sans oublier l’échec des Dardanelles), le Furious est rapidement transformé, la tourelle avant cédant la place à un pont d’envol de 65m de long.

Suite à l’accident mortel du capitaine de corvette Dunning le 7 août 1917 (cinq jours après le premier appontage), la tourelle arrière est débarquée et remplacée par un pont d’envol de 91m couvrant un hangar, séparé du pont avant par le bloc-passerelle et la cheminée.

Il est remis en service le 15 mars 1918 et le 19 juillet lance le premier raid aéronaval sur les hangars à zeppelin installés à Tondern. Les dégâts sont cependant limités.

Mis un temps en réserve, il est remis en service en septembre 1925 avec un pont continu suite aux leçons tirées par l’utilisation du HMS Argus. Il est essentiellement utilisé comme porte-avions d’expérimentation et comme porte-avions d’entrainement.

Durant la guerre de Pologne, il participe à des opérations anti-sous-marines depuis Rosyth mais après la destruction du Courageous et une attaque manquant l’Ark Royal les porte-avions sont retirés de la lutte anti-sous-marine. Le vieux porte-avions assure ensuite des transports d’or au Canada.

Le conflit terminé, le HMS Furious reprend ses missions d’entrainement au profit des jeunes pilotes qui effectuent leurs premiers appontages y compris de nuit.

Le 5 mars 1944, il est victime d’une grave avarie de machine. Son age et son usure rendent peu profitable sa remise en état et le 17 mars 1944, il est désarmé.

Condamné le 4 juin 1944, il est vendu à la démolition le 17 septembre 1944 et démantelé. En son honneur, le troisième porte-avions de classe Malta initialement appelé New Zealand est rebaptisé Furious.

Caractéristiques Techniques du HMS Furious

Déplacement : standard 22500 tonnes pleine charge 28500 tonnes

Dimensions : longueur (flottaison) 230m (hors tout) 240m largeur 27m tirant d’eau 7.6m

Propulsion : Quatre turbines à engrenages Brown-Curtis alimentées par 18 chaudières Yarrow à petits tubes (235 psi) dévellopant une puissance totale de 91195ch et actionnant quatre hélices.

Vitesse maximale : 31.5 noeuds Distance franchissable : 6000 miles nautiques à 20 noeuds

Protection : ceinture 50 à 75mm pont blindé à 50mm

Armement : 12 canons de 102mm en six tourelles doubles, six affûts octuples Pom-Pom et 12 canons de 20mm Oerlikon en affûts simples. A partir de 1941, l’armement est réduit à quatre canons de 102mm, deux affûts octuples Pom-Pom et huit canons de 20mm.

Installations d’aviation (configuration définitive) pont d’envol de 161m de long sur 27.8m de large reliés au hangar par deux ascenseurs

Groupe aérien : Avec deux pont d’envol séparés, le groupe aérien se composait de 5 avions et 3 hydravions mais avec un pont d’envol continu, il pouvait embarquer 22 à 40 appareils. En configuration instruction, il embarquait une douzaine d’appareils.

Equipage : 1218 officiers et marins

Porte-avions HMS Argus

Le HMS Argus en 1943

Le HMS Argus en 1943

“Le fer à repasser flottant”

Comme tout vecteur militaire, le porte-avions est passé par une intense phase d’expérimentation pour obtenir un système mur et mature. Deux problèmes étaient à résoudre : le décollage et l’atterrissage.

Le concurrent de l’avion, l’hydravion résolu rapidement la problématique du décollage avec la catapulte (à poudre puis hydraulique) mais ne résolu jamais le problème de la récupération, les tapis d’amerrissage se révélant être une fausse bonne idée et la récupération à la grue rendait le navire vulnérable à un sous-marin ou à un avion en maraude.

Le premier “porte-avions” anglais, le Furious disposait d’une unique plate-forme à l’avant puis après la mort du commander Dunning d’une deuxième plate-forme à l’arrière, plate-formes séparées par les superstructures du croiseur de bataille léger.

Ces superstructures gênaient les opérations aviation et provoquaient d’importantes turbulences, rendant les appontages délicats.

Rapidement la solution d’un pont continu sans obstacle s’impose. Pour tester cette configuration, il faut une plate-forme de grande taille. Le porte-avions n’ayant pas encore fait ses preuves, il faut encore passer par la conversion.

En 1914, les chantiers William Beardmore de Damuir avaient entamé la construction de deux paquebots pour un armateur italien, les Conte Rosso et Gulio Cesare. La construction est suspendue au moment du déclenchement du premier conflit mondial.

La coque du Conte Rosso est racheté par la Royal Navy le 20 septembre 1916 et va devenir le premier porte-avions à pont continu sous le nom d’Argus.

Carrière opérationnelle

-Le HMS Argus (I49) est mis sur cale aux chantiers William Beardmore de Dalmuir sous le nom de Conte Rosso en juin 1914. Acquis en septembre 1916, il est transformé sur cale en porte-avions, lancé le 2 décembre 1917 et admis au service actif le 16 septembre 1918.

Considéré comme un auxiliaire, il n’entre pas en compte dans le contingent (135000 tonnes) de porte-avions accordé à la marine britannique.

Il va servir de navire d’expérimentation, permettant la mise au point des moyens d’appontage (les fameux brins d’arrêt) mais également va permettre de trouver la meilleure configuration pour les superstructures, le fameux ilôt et les cheminées.

Mis en réserve en 1930, il est réarmé en juillet 1938 pour entrainement et essais. Considéré comme un navire de réserve, il sert uniquement de porte-avions d’entrainement jusqu’à son désarmement le 7 juin 1944.

Remorqué à Scapa Flow, il sert de bâtiment-dépôt pour les navires au mouillage. Condamné le 14 mars 1947, il est remorqué à Inverness et démantelé entre mai et juillet 1947.

HMS Argus 1918 2

Caracteristiques Techniques

Déplacement : standard 14680 tonnes pleine charge 16028 tonnes

Dimensions : longueur 172.2m largeur 20.7m tirant d’eau 7.1m

Propulsion : quatre turbines à engrenages Parson alimentées en vapeur par douze chaudières Scotch dévellopant 20000ch et entrainant quatre hélices

Performances : vitesse maximale 20 noeuds distance franchissable 3600 miles nautiques à 10 noeuds

Armement : six canons de 102mm (quatre antiaériens et deux non-antiaériens). Entre 1940 et 1944, il ne dispose plus que de deux canons de 102mm antiaériens et deux Pom-Pom quadruples de 40mm.

Installations d’aviation :

-Pont d’envol de 1167.3m de long

-Hangar de 100.6m sur 14.6 à 20.7m de large et 4.9m de haut

-Deux ascenseurs, un ascenseur avant de 9.1 sur 11m et un ascenseur arrière de 18.3m de 5.5m

-Brins d’arrêt mais pas de catapultes

-Deux grues

-36000l de carburant

Groupe aérien : 15 à 18 appareils

Equipage : 495 officiers et marins

Grande-Bretagne (12) Royal Navy (4)

Pax Armada : la Royal Navy redresse la tête

Avant-Propos

Quand la guerre de Pologne se termine en décembre 1939, les amiraux britanniques s’empressent de tirer les leçons de ce conflit.

Le HMS Illustrious (R-87)

Le HMS Illustrious (R-87)

C’est le cas notamment de l’aéronavale. Si les porte-avions modernes arrivent progressivement (quatre Illustrious et deux Implacable), les groupes aériens sont souvent équipés d’appareils dépassés. D’où le recours massif aux appareils américains en attendant que des appareils plus modernes et plus efficaces ne sortent des usines aéronautiques britanniques.

Dans les autres domaines, de nouveaux croiseurs lourds sont commandés après une certaine hésitation, les amiraux britanniques auraient préféré se concentrer sur les croiseurs légers armés de canons de 6 pouces. En ce qui concerne les destroyers, les premières séries de l’après guerre (type A à C notamment) commencent à être remplacés par des navires plus modernes. Même chose pour les sous-marins.

Les moyens de soutien logistique sont améliorés avec de nouveaux pétroliers et des cargos rapides utilisables pour le transport de la logistique mais également pour le transport de troupes.

Sur le plan des infrastructures, elles sont adaptées à des navires plus gros, plus puissants. Une nouvelle base est aménagée en Egypte à proximité d’Alexandrie. A Alor Setar, une base austere est aménagée pour relayer Singapour. Un dépôt logistique est construit à Kuching sur l’ile de Borneo.

Cuirassés : désarmement et mis en service

En septembre 1939, le corps de bataille britannique est comme les autres pays assez ancien avec des navires mis au point avant le premier conflit mondial. Seule exception, les deux Nelson et Rodney construit après guerre mais qui n’étaient pas considérés comme une véritable réussite.

Vue aérienne du HMS King George V, le premier "35000 tonnes" britannique

Vue aérienne du HMS King George V, le premier « 35000 tonnes » britannique

Quand la guerre de Pologne éclate, cinq cuirassés de classe King George V sont en construction, les HMS King George V et Prince of Wales sont en achèvement à flot, les trois autres (HMS Duke of York Anson et Howe) sont encore sur cale. Ils vont être mis en service entre l’automne 1940 et le printemps 1942.

La mise en service de ces puissants cuirassés (dix canons de 356mm) permet le désarmement des cuirassés de classe Revenge. Version austere des Queen Elizabeth, ils n’ont pas été refondus en raison d’un coup prohibitif par rapport au service attendu.

Le Revenge est désarmé en septembre 1942, le Resolution en mars 1943, le Royal Sovereign en juin 1943 et le Ramillies en décembre 1943. Si le Revenge et le Royal Sovereign sont maintenus en réserve avec un noyau d’équipage, les autres vont être privés de tout le matériel récupérable y compris de leurs canons.

Devenus des coques, les anciens Resolution et Ramillies vont devenir des pontons, le premier à Scapa Flow (en remplacement de l’Iron Duke) et le second à Alexandrie dans la nouvelle base.

Alors que les King George V étaient encore en construction, les bureaux d’études de la marine britannique étudièrent de nouveaux cuirassés plus puissants que les “KGV”.

Faute de temps, on reprend la coque des King George V en l’élargissant pour pouvoir recevoir neuf canons de 406mm en trois tourelles triples, une puissante DCA et une suite radar complète même si les appareils de détection n’étaient pas encore totalement au point.

Le HMS Temeraire

Le HMS Temeraire

Le HMS Lion et le HMS Temeraire sont mis sur cale à l’été 1939 et lancés respectivement en mars et septembre 1942. Ils sont mis en service en 1944.

Les deux autres mis sur cale fin 1939 (HMS Thunderer et Conqueror) sont mis en service en 1945 pour le premier et en 1946 pour le second.

La mise en service de ces navires permet le désarmement des trois croiseurs de bataille encore en service à savoir le Hood en 1945, le Renown et le Repulse en 1946, le premier étant définitivement désarmé, les deux autres mis en réserve avec un noyau d’équipage au cas où.

L’étape suivante était le remplacement des cinq cuirassés de classe Queen Elisabeth. Pour cela, on reprend les Lion en améliorant ce qui peut être notamment au niveau de la DCA et de la détection.

Pas moins de huit cuirassés sont commandés, les Lion étaient davantage destinés à renforcer le corps de bataille notamment contre les type H allemands.

Ils sont mis sur cale à partir de 1942 mais quand le second conflit mondial éclate, seuls les quatre premiers (Vanguard Royal Oak Iron Duke Centurion) sont en service, les quatre autres (St Andrew St David St George et St Patrick ) étant encore en construction. Ils sont armés de 9 canons de 406mm en trois tourelles triples, 16 à 24 canons de 133mm en tourelles doubles, 48 canons de 40mm en douze affûts quadruples, des canons de 20mm.

En septembre 1948, la Royal Navy dispose des deux cuirassés de classe Nelson, de cinq cuirassés de classe Queen Elisabeth, de cinq cuirassés de classe King George V, de quatre cuirassés de classe Lion et de quatre cuirassés de classe Vanguard soit vingt cuirassés en service.

Porte-avions

Créatrice du premier porte-avions avec le Furious et première marine à engager un raid aéronavale en 1918, la marine britannique développe son outil aéronaval a minima avec peu de porte-avions neufs et surtout des groupes aériens handicapés par des appareils dépassés, le contrôle de la Fleet Air Arm par la Royal Air Force jusqu’en 1939 rendant problématique l’équipement en avions efficaces.

En septembre 1939, sont en service les vénérables Furious Argus Eagle Hermes Glorious Courageous ainsi qu’un petit nouveau, l’Ark Royal qui annonce les porte-avions blindés de classe Illustrious.

Les Illustrious et Formidable sont alors en achèvement à flot, le Victorious encore sur cale tout comme l’Indomitable. Ils sont mis en service respectivement en septembre 1940 (Illustrious), en juin 1941 (Formidable) en octobre 1941 (Victorious) et en janvier 1942 (Indomitable).

Les quatre Illustrious sont suivis par deux classe Implacable (Implacable Indefatigable), une version dérivée, ces deux navires étant mis en service respectivement en juin et en septembre 1944.

Quatre porte-avions de classe Illustrious sont en construction ainsi que les deux Implacable _version dérivée des Illustrious_ alors que des projets de porte-avions sont en cours d’étude bien que le cuirassé reste le navire majeur de la Royal Navy comme du reste dans toutes les marines du monde.

La mise en service de ces navires permet le désarmement progressif des unités les plus anciennes à savoir les Furious et Argus en 1944, l’Eagle et l’Hermes en 1946 et le Glorious en 1945, tous étant démolis à l’exception de l’Hermes maintenu en réserve à Rosyth et qui servait de temps à autre de porte-avions école. Suite à la mise en service du Hermes (classe Malta), il est rebaptisé Commander Edward Dunning du nom d’un pionnier de l’aéronavale britannique.

Les porte-avions blindés se révélant limités en terme de groupes aériens, la Royal Navy décide de construire des porte-avions lourds moins protégés. C’est l’acte de naissance de la classe Malta, quatre navires lourds capable d’embarquer entre soixante et quatre-vingt appareils.

Plan sommaire des Malta

Plan sommaire des Malta

Quatre navires (Malta Gibraltar, Furious _ex-New Zealand_ et l’Hermes _ex-Africa_) sont mis en service en septembre 1946, mai 1947, décembre 1947 et mars 1948.

Cela porte la flotte de porte-avions d’escadre à onze navires avec deux porte-avions en Extrême Orient, trois stationnés en Méditerranée et six déployés au sein de la Home Fleet.

La construction de porte-avions d’escadre prenant du temps, on eut l’idée de construire des porte-avions économiques. C’est l’acte de naissance des Colossus, des porte-avions légers rapides (25 noeuds) avec un armement composé d’une DCA légère.

Paradoxalement, c’est la marine française qui est la première à passer commande pour deux navires, un déployé en Indochine (Alienor d’Aquitaine) et un autre déployé en Bretagne (Henriette d’Angleterre).

HMS Colossus

HMS Colossus

Deux sont commandés par la Royal Navy et mis en service en 1947, le premier le HMS Colossus mis en service en mars 1947 est déployé à Freetown alors que le second baptisé HMS Glory mis en service en septembre 1947 est lui déployé à Aden pour couvrir l’Océan Indien.

Huit autres ( Ocean Perseus Pioneer Theseus Triumph Venerable Vengeance et Warrior) sont commandés quand le conflit éclate, certains pouvant être mis en œuvre par les dominions même si le Canada et l’Australie ont passé commande de porte-avions de ce type peu après la première commande franco-britannique, deux pour la RCN et un pour la marine australienne.

A noter qu’un porte-avions est également construit pour l’Argentine baptisé ARA Independencia et qu’un autre est fabriqué sous licence par les Pays-Bas, le Guillaume d’Orange (Willem van Oranje)

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