Le Conflit (13) Norvège (13)

La Home Fleet était en septembre 1948 la principale flotte de la marine britannique et le reste bien après la Campagne de Norvège car Londres combat à domicile mais surtout parce que si la France contrôle les opérations en Méditerranée (non sans frictions avec les britanniques sur les choix stratégiques) c’est la Grande-Bretagne qui donne le là en Mer du Nord et dans l’Océan Glacial Arctique.

Vue aérienne du cuirassé King George V

Le HMS King George V (41) premier «35000 tonnes» de la Royal Navy est déployé à la mi-septembre, achevant un carénage quand le second conflit mondial éclate. Il ne participe pas directement à la Campagne de Norvège, veillant à éviter le passage dans l’Atlantique de grandes unités de la Kriegsmarine.

Cette campagne achevée, il va assurer une mission de présence en mer du Nord, maintenir la pression en couvrant les porte-avions engagés contre la Norvège, en appuyant des raids commandos en attendant de couvrir (mais pas d’escorter directement) les convois à destination de l’URSS.

Outre l’importance de ces convois, la protection des navires de charge ralliant Mourmansk et Arkangelsk pouvait attirer de grandes unités allemandes que l’on pourrait in fine détruire directement au canon ou indirectement par les sous-marins et l’aviation.

Il est endommagé à plusieurs reprises plus ou moins sérieusement, la Bataille du Cap Nord le 17 juin 1952 étant l’acmé des dégâts puisqu’il va encaisser deux obus de 380mm de l’Oldenburg, deux obus de 203mm du Prinz Eugen et différents d’obus de moindre calibre. Les dégâts sont très sérieux mais comme la propulsion est toujours opérationnelle le navire peut rentrer au pays pour être remis en état.

Il va ainsi être immobilisé pour réparations jusqu’en décembre 1953, retournant au combat en janvier 1954 à une époque où la menace de la Kriegsmarine et de ses grandes unités est résiduelle pour ne pas dire plus, toutes s’étant réfugiées en mer Baltique où elles sont relativement à l’abri.

La guerre en Europe terminée, il va rallier le Pacifique puis l’Océan Indien restant déployé sur zone jusqu’en septembre 1956 quand il rentre en Métropole. Il sera mis en réserve en mars 1957, officiellement désarmé en décembre 1958 avant d’être démoli en 1961.

Le HMS Anson à la mer

Son sister-ship le HMS Anson manque la Campagne de Norvège car immobilisé par un grand carénage qui devait initialement s’achever en septembre 1949.

Les travaux sont accélérés (certains non prioritaires sont reportés) et sont ainsi achevés en mars 1949. Il est alors disponible pour contrer les grandes unités de la Kriegsmarine déployées en Norvège, pour couvrir des convois à destination de l’URSS et différentes opérations.

Le 12 janvier 1953 il coule le cuirassé allemand KMS Kaiser Wilhelm II qui encaisse douze obus de 356mm avant de sombrer dans le bruit et la fureur, le temps d’abord clément se dégradant rapidement donnant un aspect apocalyptique à l’affrontement.

Il participe à l’opération BOREALIS pour couvrir cette opération amphibie majeure déclenchée le 11 octobre 1953. Une fois les têtes de pont solidement accrochées, le dispositif naval allié est allégé.

Le Anson peut ainsi subir une période de travaux de novembre 1953 à février 1954. Une fois à nouveau opérationnel il va rallier l’Asie du Sud-Est pour les différents volets de l’opération ZIPPER (NdA que je détaillerai dans le tome «Asie-Pacifique» of course).

Il quitte la région en mai 1955, ralliant d’abord la Méditerranée où il est déployé de juillet 1955 à décembre 1957 date à laquelle le sister-ship du KGV rallie la Home Fleet où il va servir essentiellement de navire-école voir de yacht de luxe pour la famille royale ou des autorités politico-militaires. Il est mis en réserve en septembre 1960 et démoli deux ans plus tard.

Le HMS Howe en 1943

Le HMS Howe n’à pas participé à la Campagne de Norvège car après avoir été déployé initialement dans les Orcades avait rallié l’Atlantique pour préter main forte au Gascogne afin d’intercepter des raiders allemands voulant faire un mauvais sort aux convois transatlantiques.

Parmi les grandes unités lancées dans ces opérations aussi risquées que potentiellement fructueuses figure le Scharnhorst et le Gneiseneau. Ces derniers atteignent l’Atlantique dès le 8 et se lancent dans leurs premières attaques dès le 12 septembre 1948.

A cette époque deux convois passent à travers l’Atlantique l’un ralliant les Etats-Unis et le second la France et les îles britanniques. Leur escorte est assurée essentiellement par des corvettes, des frégates et des croiseurs, les grosses unités étant censées former des groupes de chasse et se servir des convois comme appâts.

Le 18 septembre 1948 les Ugly Sisters sont surpris dans l’Atlantique par les deux cuirassés, un duel incertain dans un temps épouvantable est fatale au Gneiseneau qui doit être sabordé (une exploration sous-marine menée dans les années quatre-vingt démontrera que le navire à reçu plus d’une vingtaine d’obus de gros calibres), les deux navires de ligne alliés sérieusement endommagés ne peuvent que laisser le Scharnhorst qui bien qu’en endommagé va parvenir à rallier l’Allemagne (vous avez dit miracle ?).

C’est en effet un miracle et un sacré coup de chance. Contournant les îles britanniques, échappant aux reconnaissances aériennes et aux sous-marins ennemis, le Scharnhorst se ravitaille auprès d’un pétrolier prépositionné avant de rallier très péniblement Wilhelmshaven pour être réparé. C’était digne de l’Anabase de Xenophon….. .

Comme le dira le quartier maitre Weistfold du Scharnhorst :

«Jusqu’ici je n’avais jamais été trop croyant, j’allais à l’Eglise uniquement par convention sociale mais après ça je me suis dit que là haut quelqu’un ou quelque chose avait estimé que je ne méritais pas de mourir au milieu de l’Atlantique, ma foi est devenu ardente».

Le quartier maitre Weistfold à survécu à la guerre ce qu’il attribue à sa foi. En apprenant les détails des crimes nazis _dont il avouera sur son lit de mort avoir douté mais sans pouvoir l’admettre probablement par fierté_, il décida d’expier les péchés d’une nation en entrant dans les ordres, devenant missionnaire et un saint homme même si son procès en canonisation est toujours en cours en 2022 trente ans après sa mort en 1992, son passé militaire étant probablement le principal frein.

Les dégâts sur le HMS Howe sont tels (les anglais jamais à court d’une vacherie ont dit que le 35000 tonnes avait encaissé tous les obus destinés au Gascogne) qu’on envisage de désarmer le sister-ship du King George V.

Finalement décision est prise de le remettre en état (certaines mauvaises langues _peut être les mêmes que les précédentes_ estimant que c’était pour se démarquer des français qui avaient décidé de ne pas remettre en état le Normandie après ses graves avaries au large de la Norvège).

Le 35000 tonnes made in great britain est remis en état et modernisé, retournant au combat en février 1950. Il est engagé en Méditerranée jusqu’au basculement italien au printemps 1953. Revenu en mer du Nord en juin 1953 après une période de travaux, il va participer à l’opération BOREALIS , restant déployé dans cette zone jusqu’à la fin de la seconde guerre mondiale en septembre 1954. Rapidement mis en réserve (juin 1955), il est démoli dès 1958 probablement en raison des conséquences des dégâts du conflit.

Si les KGV étaient les plus petits des 35000 tonnes avec leurs canons de 356mm, les Lion et leurs successeurs les Vanguard occupaient le haut du spectre avec pour armement des canons de 406mm.

Le premier d’entre-eux le HMS Lion avait été endommagé par l’aviation durant la Campagne de Norvège. Une fois réparé il va lutter contre les raiders allemands depuis les Western Approaches soit les atterrages immédiats des îles britanniques.

Il est de retour en Mer du Nord en janvier 1952 y passant deux années, participant à la Bataille du Cap Nord mais aussi à l’opération Borealis.

De février à juillet 1954 il est immobilisé pour remise en état complète et modernisation en vue d’un redéploiement dans le Pacifique en soutien des américains mais ce redéploiement est finalement annulé car l’évolution des combats ne le justifiant pas ou plus.

Il va rester au sein de la Home Fleet jusqu’à sa mise en réserve en novembre 1956. Désarmé en 1959 il est démoli en 1964 en dépit de tentatives pour le préserver comme musée.

Schéma de la classe Lion

Le HMS Temeraire étant immobilisé pour un petit carénage il n’est disponible qu’au début du mois d’octobre, remplaçant alors le Howe dans la traque des raiders allemands.

Redéployé en mer du Nord en septembre 1950, il participe à différentes opérations mais si il participe à la Bataille d’Heligoland il manque la bataille du Cap Nord en raison d’une période d’entretien.

Le 11 octobre 1953 alors qu’il couvrait le flanc sud de l’opération BOREALIS il est sérieusement endommagé par une mine (d’autres sources disent deux). Les dégâts sont sérieux, le retour en Grande-Bretagne long et périlleux. Les réparations sont aussitôt lancées mais en juin 1954 les travaux n’étaient toujours pas achevées.

Retrouvant la mer à l’automne il reste intégré à la Home Fleet qui maintient en service plusieurs cuirassés mais comme jadis des familles aristocratiques dinant dans de la vaiselle d’or dans un château en ruine c’est une image en trompe l’oeil. Désarmé et mis en réserve en septembre 1958 il est démoli en 1960.

Le HMS Thunderer participe pleinement à la Campagne de Norvège, couvrant les porte-avions, tirant contre terre et traquant vainement l’Hidenburg, le bourreau du cuirassé français Lorraine. Il opère en mer du Nord jusqu’en janvier 1950, passant en Méditerranée avant de revenir dans le giron de la Home Fleet en avril 1953.

Après avoir participé à BOREALIS en octobre 1953 le cuirassé subit une refonte et une modernisation de janvier à mars 1954 ralliant dans la foulée Singapour où il est stationné pendant quasiment un an puisqu’il rentre en métropole en mars 1955. Mis en réserve à son retour, il sert un temps de ponton-école à Devonport avant d’être démoli en 1962.

Le quatrième et dernier cuirassé de classe Lion le HMS Conqueror participe à la campagne de Norvège au cours de laquelle il est légèrement endommagé à plusieurs reprises mais jamais sérieusement.

Il assure ensuite des couvertures de convois, l’appui à des opérations commandos et la traque des grandes unités de surface allemandes. Il rallie la Méditerranée en juin 1952 pour participer à HUSKY (débarquement en Sicile) et SKYLOCK (Débarquement dans la péninsule italique).

Il est de retour en mer du Nord pour participer à l’opération BOREALIS et y était toujours quand le second conflit mondial se termine. Il est désarmé en septembre 1956 et démoli en 1966 après avoir servit d’abord de décor de film puis à avoir été utilisé pour des tests d’armes, l’ex-fleuron de la marine britannique encaissant bombes, torpilles, roquettes et missiles, subissant le martyr au nom de la science.

Le HMS Vanguard est un cuirassé de 45000 tonnes, une évolution des Lion. Il n’est disponible qu’à la fin du mois de septembre mais peut participer à la Campagne de Norvège au cours de laquelle comme nous l’avons vu il à été légèrement endommagé par l’aviation allemande.

Les combats terminés il passe un peu de temps à Rosyth pour une remise en état complète. Il va opérer en mer du Nord jusqu’à la fin du conflit, participant à la bataille d’Heligoland manquant néanmoins la bataille du Cap Nord et les premiers combats de l’opération BOREALIS en raison d’une série d’avaries mécaniques.

Il reste en service dans l’immédiat après guerre. Désarmé en septembre 1962 il est démoli trois ans plus tard en 1965.

Le HMS Royal Oak participe à la Campagne de Norvège où il à été sérieusement endommagé par l’aviation allemande. Il ainsi immobilisé pour réparations jusqu’en juillet 1949.

Une fois réparé et remis en condition le sister-ship du Vanguard mène les mêmes missions que ces congénères à savoir la couverture de convois, des raids antisurface, la protection des porte-avions et l’appui-feu aux opérations commandos.

D’octobre 1951 à septembre 1952 il traine ses hélices dans des eaux plus clémentes météorologiquement parlant à savoir la Méditerranée. Il participe moins à des combats contre une marine italienne très affaiblie qu’à l’appui aux différentes opérations amphibies, ses canons de 16 pouces donnant de la voix contre la Sicile.

Après un carénage doublé d’une modernisation (DCA et électronique notamment) menée en Grande-Bretagne d’octobre 1952 à février 1953 le cuirassé rallie non pas la mer du Nord mais l’Océan Indien en vue de participer aux opérations OVERLORD et ZIPPER.

Il rentre en Grande-Bretagne en mars 1955 avant d’être mis en réserve, d’être désarmé en 1959 puis démoli en 1962.

Le HMS Iron Duke est mis en service le 19 septembre 1948. Il ne participe pas à la Campagne de Norvège car l’Amirauté estime que son entrainement n’à pas été assez poussé et ne veut pas risquer un équipage inexpérimenté face à une marine allemande que la Royal Navy estime beaucoup (certains disent que la Royal Navy surestime grandement la Kriegsmarine, abusée par une habile propagande mais c’est un autre débat).

Il reste déployé en mer du Nord, participant à la bataille du Cap Nord au cours de laquelle il est assez sérieusement endommagé par des obus de gros et de moyen calibres.

Il est ainsi immobilisé pour réparations jusqu’en juin 1953 soit quasiment un an de travail ! Il participe ensuite à BOREALIS, opération au cours de laquelle il est à nouveau endommagé mais bien plus légèrement.

Réparé il reprend rapidement le combat servant au sein de la marine britannique jusqu’en décembre 1958 quand il est désarmé et mis en réserve. Il est finalement démoli en 1961.

Quatre cuirassés de classe Vanguard était encore en construction en septembre 1948, des cuirassés qui reprennent les noms envisagés pour les cuirassés type N3 abandonnés dans l’immédiat après guerre.

Si le Saint Andrew et le Saint David sont achevés et mis en service respectivement les 10 octobre 1949 et 2 mars 1950, les deux derniers baptisés St George et St Patrick resteront inachevés, les coques étant lancées pour libérer les cales et c’est tout.

On étudiera bien leur achèvement en porte-avions mais ce projet n’aboutira pas, les coques étant démolies une fois la guerre terminée.

Se posera la question des pièces d’artillerie forgées soit au total dix-huit canons de 16 pouces. Si quatre affûts furent transformés en pièces d’Artillerie Lourde sur Voie Ferrée et envoyées sur la côte sud-est, que deux ont été utilisées pour des tests, il semble que les autres ont été revendues à la France pour ses cuirassés Languedoc et Moselle mais les archives sont assez contradictoires sur le sujet.

Le HMS Saint Andrew et le HMS Saint David vont opérer durant tout le conflit en mer du Nord et si le premier manque la bataille du cap Nord mais participe à BOREALIS alors que pour le second c’est l’inverse.

Ils ne sont que légèrement endommagés durant leur carrière qui s’achève respectivement en 1959 et 1961 quand ils sont désarmés. Un temps on étudie leur transformation en cuirassé lance-missiles mais ce projet est bien trop onéreux pour la Grande-Bretagne qui doit se résoudre en 1970 à envoyé ses deux derniers cuirassés à la démolition.

Le HMS Illustrious

La Home Fleet c’est aussi des porte-avions comme le HMS Illustrious le deuxième «porte-avions blindé» (après l’Ark Royal déployé en Méditerranée), un porte-avions très protégé ce qui avait ses avantages comme ses inconvénients.

Il ne participe pas à la Campagne de Norvège car il est immobilisé pour un grand carénage. Bien que les travaux aient été accélérés il y à un certain nombre d’impondérables ce qui explique qu’il n’est à nouveau disponible qu’en mars 1949.

Déployé en mer du Nord, il opère contre les lignes de communications allemandes ce qui lui vaut un amical hommage de l’aviation allemande. Gravement endommagé le 8 février 1950 (confere la partie sur les opérations aériennes), il est sauvé de justesse alors que l’un de ses escorteurs, le destroyer HMS Escapade est coulé.

Les réparations sont longues et difficiles en raison notamment de l’architecture contraignante du navire car le porte-avions blindé n’est de retour au combat que le 17 mars 1952.

Il opère en mer du Nord jusqu’à la fin de l’année (participant notamment à la bataille du Cap Nord) avant de rallier la Méditerranée pour couvrir différentes opérations (amphibies ou non) avant et après le basculement italien du printemps 1953, l’Illustrious trainant ses hélices en mer Méditerranée et en Adriatique, au large de l’Italie et des Balkans.

Après une refonte de janvier à mai 1954 le porte-avions blindé sert de porte-avions école et de transport d’avions jusqu’à son désarmement survenu en septembre 1958, le porte-avions étant démoli en 1960.

NdA si je parle des autres océans c’est à la fois pour des raisons pratiques mais aussi pour donner envie pour la suite……. .

Le HMS Formidable

Le HMS Formidable termine la Campagne de Norvège sans aucune égratignure, une gageure pourrait-on dire même si ses canonniers et ses pilotes considèrent tout simplement que c’est tout à fait normal car ils sont meilleurs de la Navy, un fait bien entendu contesté par les équipages des autres porte-avions de Sa Majesté.

Il rallie ensuite les Western Approaches pour traquer les raiders allemands et autres forceurs de blocus. Après un carénage d’octobre 1949 à mars 1950, il retourne en mer du Nord, effectuant de nombreuses missions de frappe, d’escorte et de couverture et ce d’avril 1950 à septembre 1951.

Endommagé par un sous-marin le 14 septembre 1951 (confere la partie idoine) il est immobilisé pour réparations jusqu’en mars 1952. Il va y opérer jusqu’en février 1954, manquant la bataille du Cap Nord à cause d’une avarie de propulsion mais participe à l’opération BOREALIS au cours de laquelle il est légèrement endommagé par l’attaque surprise d’un bombardier allemand promptement expédié en mer par les patrouilles de chasse après avoir commis son forfait.

Il reste cependant en ligne jusqu’en février 1954 date à laquelle il devient urgent de l’envoyer en réparations et en remise en état.

La guerre s’arrête ici pour lui car les travaux s’achèvent en septembre 1954. Il est à nouveau opérationnel en octobre. Enfin opérationnel si l’on peut dire car jusqu’à sa mise en réserve en décembre 1956 il sert essentiellement de transport d’avions au profit de la FAA, de la RAF mais aussi plus insolite d’avions capturés en Allemagne et ramenés en Grande-Bretagne pour remise en état, évaluation avant pour les plus chanceux de finir dans des musées.

Après dix mois de réserve jusqu’en juin 1958 il est remis en service comme porte-avions école en remplacement de son sister-ship Illustrious. Il joue ce rôle discret mais vital jusqu’en septembre 1964 quand après une ultime avarie il est désarmé avant d’être démoli deux ans plus tard.

Le HMS Victorious

Le HMS Victorious gravement endommagé le 5 octobre 1948 par l’aviation allemande n’est de retour au combat qu’au début du mois de septembre 1949 relevant le Formidable dans sa mission de traque des raiders allemands.

Après un petit carénage de septembre 1950 à février 1951, le porte-avions blindé rallie la Méditerranée pour dix-huit mois d’intense opérations puisqu’il participe aux grands débarquements amphibies menées contre l’Italie (Dragon en Sardaigne et Husky en Sicile).

Après un petit carénage à Alexandrie d’octobre à décembre 1952 le porte-avions est engagé dans l’opération SKYLOCK (le débarquement à Tarente), le Victorious opérant dans la Mare Nostrum jusqu’en mars 1954.

Rentré en métropole son usure est telle (sans compter les conséquences des dégâts du 5 octobre 1948) qu’il est désarmé dès juin 1955.

Il sert de ponton-école et de ponton-magasin jusqu’en 1969 date à laquelle il est démoli. A noter qu’à cette époque il avait déjà perdu son ilot et n’était plus qu’un pont plat sans aucune superstructure au point qu’il était appelé Victor par les marins servant à bord.

Le porte-avions lourd HMS Malta avait été sérieusement endommagé le 30 septembre 1948 par une torpille du sous-marin allemand U-81 au large de Bodo, une torpille le touchant à l’arrière, le privant d’une partie de son appareil propulsif.

Après des réparations provisoires à Scapa Flow puis une remise en état complète à Rosyth, le premier porte-avions lourd britannique est de retour au combat au mois de janvier 1949.

Après plus de deux années d’intense activité (janvier 1949 à mars 1951), le porte-avions est immobilisé pour un carénage doublé d’une refonte (avril à septembre 1951).

Il opère en mer du Nord jusqu’en janvier 1952 date à laquelle il rallie une nouvelle zone opérationnelle à savoir l’Océan Indien pour des opérations menées contre la Birmanie (GYMNASTIC et VAMPYR). Il va opérer dans la région jusqu’en octobre 1953 participant notamment à l’opération OVERLORD.

Rentré en métropole, il est immobilisé pour refonte de novembre 1953 à avril 1954, retrouvant ensuite la Home Fleet. En juillet 1955 il rallie la Méditerranée où il va rester deux ans soit jusqu’en juillet 1957.

Profondément transformé d’août 1957 à décembre 1959 (piste oblique, catapultes à vapeur, nouveaux brins d’arrêts et ascenseurs, allégement du blindage et de l’armement, augmentation de la capacité carburant), le Malta remis en service en mars 1960 est désarmé en septembre 1971 et démoli deux ans plus tard.

Le porte-avions lourd HMS Hermes couvre le passage dans l’Atlantique pour empêcher l’infiltration de raiders allemands, ne participant donc pas directement à la Campagne de Norvège. Il multiplie les missions de reconnaissance en liaison avec le Coastal Command.

A plusieurs reprises des alertes sont lancées, on prépare fébrilement les bombardiers en piqué et les bombardiers-torpilleurs pour envoyer par le fond des navires ennemis cherchant à faire un mauvais sort aux convois.

Hélas ou heureusement pour les pilotes aucune opération ne fût lancée contre un cuirassé, un croiseur de bataille ou encore un croiseur auxiliaire qui se rapproche le plus d’un corsaire.

Il est ensuite redéployé dans les Western Approaches à la fois pour réduire le délai d’intervention et parce que la Royal Navy répugne à exposer ses porte-avions qui deviennent presque aussi importants que ses cuirassés.

Le 10 mai 1949 l’offensive à l’ouest tant attendue et tant redoutée débute. Les combats sont violents, les porte-avions étant engagés en Manche en liaison avec la RAF et l’Armée de l’Air.

Sérieusement endommagé le 14 août 1949 (quatre bombes), le porte-avions lourd rallie d’abord Cherbourg pour des réparations d’urgence avant une remise en état complète à Faslane, le porte-avions n’étant à nouveau disponible qu’en mars 1951 ! Nul doute que si la fin du conflit avait été proche on aurait hésité à réparer le porte-avions lourd.

Déployé en mer du Nord jusqu’en octobre 1952 il participe à la bataille du Cap Nord pour des missions de reconnaissance, de couverture aérienne et de frappe.

Après un petit carénage de novembre 1952 à mars 1953 (cela inclus les essais et la remise en condition de l’équipage et du groupe aérien), le porte-avions retourne en mer du Nord, participant à l’opération BOREALIS.

Maintenu en service après guerre, il est profondément transformé de 1957 à 1960 (piste oblique, proue fermée, catapultes à vapeur, brins d’arrêts plus modernes), restant en service jusqu’en décembre 1969 quand il est désarmé. Il est démoli deux ans plus tard.

D’autres porte-avions vont être construits durant la guerre dans le cadre du War Emergency Programm (WEP). On assiste à une véritable «carriermania» avec la commande de huit porte-avions de classe Colossus, deux porte-avions lourd de classe Malta modifié, quatre porte-avions médians de classe Audacious et huit porte-avions de classe Majestic, une évolution des Colossus.

En raison d’un certain nombre de contraintes techniques, industrielles et militaires tous ces navires ne seront pas construits comme nous allons le voir maintenant.

Les huit porte-avions de type Colossus ont été commandés avant même le WEP, les crédits débloqués ayant permis l’achat de certains éléments cruciaux pour la construction des navires.

Le HMS Glory à Malte

Ces navires font suite au HMS Colossus et HMS Glory construits durant la Pax Armada après tout de même une commande française de deux unités (NdA ce cher Horatio Nelson à du se retourner dans sa tombe).

Ces huit navires sont mis en service en février 1950 (Terrific), en mars 1950 (Ocean et Pioneer), en mars 1951 (Triumph), en avril 1951 (Venerable), en août 1951 (Theseus), en février 1952 (Vengeance) et en mars 1952 (Warrior).

Quatre d’entre-eux vont opérer dans l’Atlantique et en mer du Nord à savoir les HMS Ocean Pioneer Triumph et Venerable.

Ces porte-avions initialement conçus pour soulager les porte-avions d’escadre de missions secondaire vont finalement opérer comme porte-avions de première ligne, soutenant les «gros» porte-avions blindés mais assurant aussi des missions qui leur sont quasiment spécifique à savoir le transport d’avions et la couverture des convois.

Tous ne vont pas voir la fin du conflit, certains succombent sous les coups de l’ennemi. Le HMS Ocean quasiment deux ans après sa mise en service est victime le 14 février 1952 d’un sous-marin allemand en maraude qui vengea un congénère victime des avions du porte-avions léger alors qu’il attaquait un convoi à destination de l’URSS. Une torpille lancée par le U-228 est suffisante pour envoyer le porte-avions de classe Colossus par le fond.

Le HMS Triumph

Trois mois plus tard c’est le Triumph qui est lui aussi victime d’un torpilleur submersible. Alors qu’il venait de participer à des opérations contre la navigation littorale allemande au large des Lofoten il est touché par une torpille le 4 mai 1952, torpille lancée par le U-235.

Les dégâts sont en apparence peu graves mais le temps se dégrade, les éléments ajoutant aux dégâts de la torpille.

Dans la soirée il devient évidant que le porte-avions est condamné. L’équipage est évacué et un destroyer léger type Hunt achève son agonie en plaçant une torpille et une volée d’obus de 102mm pardon de quatre pouces.

Les autres porte-avions type Colossus déployés en mer du Nord vont eux survivre au conflit non sans être légèrement endommagé à plusieurs reprises. Paradoxalement leur absence de protection leur à parfois rendu service notamment quand il était touché par une munition perforante que faute d’épaisseur traversait sans exploser.

Le HMS Pioneer après avoir participé à des couvertures de convois, à des raids commandos mais aussi à l’opération BOREALIS est désarmé en 1961. Il est voué à la démolition quand on décide de le réarmer en porte-hélicoptères au profit des Royal Marines. Il va ainsi servir dans son nouveau rôle en compagnie du Theseus (déployé lui dans l’Océan Indien) jusqu’à son désarmement en 1977.

Le HMS Venerable lui sert de porte-avions école en compagnie de vétérans du second conflit mondial (Illustrious puis Formidable) de 1959 à 1972 son désarmement laissant la Royal Navy sans porte-avions école dédié, les porte-avions opérationnels servant à qualifier puis à entrainer les jeunes pilotes.

Les huit unités de classe Majestic sont une évolution des Colossus. Les différences ne sont pas si évidentes que cela au point qu’on parle parfois de «Classe Colossus-Majestic».

Ces huit navires sont tous construits mais tous ne vont pas faire carrière sous pavillon britannique, deux étant cédés ultérieurement à la marine canadienne (le Majestic devenu le Bonaventure, le Leviathan devenu le Magnificent) et deux autres à la marine néerlandaise (l’Argus devenu le Willemn van Oranje l’Hercules devenu le Hollandia) sans compter que deux autres vont être cédés après guerre à la marine australienne.

Les cinq premiers sont mis en service dès 1950 avec le Majestic dès le mois de janvier, le Terrible au mois de février, le Leviathan au mois d’avril, l’Argus au mois de juin et l’Hercules au mois de septembre. Il faut ensuite attendre l’année 1952 pour de nouvelles admissions au service actif avec celle du Powerful en mars et du Perseus en décembre, le Pluton bouclant la boucle en juillet 1953.

Le HMS Majestic est d’abord engagé en mer du Nord sous pavillon britannique, étant endommagé par une bombe en mai 1951 et par le souffle d’une mine en septembre 1951. Transféré à la marine canadienne en juillet 1952, il est rebaptisé HMCS Bonaventure.

Sous ses nouvelles couleurs il va opérer dans l’Atlantique et en mer du Nord, participant à l’opération BOREALIS puis à l’opération ARCHANGE, l’équivalent canadien de MAGIC CARPET. Modernisé de septembre 1962 à mars 1964, il n’à été désarmé que le 4 juin 1982.

Le futur Terrible paré au lancement

Le HMS Terrible effectue toute sa guerre en mer du Nord, couvrant des convois, traquant la navigation allemande, appuyant l’opération BOREALIS….. .Il à été désarmé en septembre 1959 et démoli en 1965 après l’échec d’un transfert à un pays étranger.

Le HMS Powerful effectue lui aussi toute sa carrière dans l’hémisphère trainant ses hélices dans l’Atlantique, dans l’Océan Glacial Arctique et bien entendu en mer du Nord. Il participe à la Bataille du Cap Nord mais manque l’opération BOREALIS en raison d’une avarie de chaudière nécessitant un passage par la case chantier. Il est désarmé en septembre 1958 et démoli après l’échec d’une vente à un pays étranger.

Après avoir construit seize porte-avions légers les britanniques ont-ils continué sur leur lancée ? Eh bien oui et non car si la construction des Malta modifiés baptisés Glorious et Courageous sans cesse repoussée à été abandonnée en septembre 1952, deux des quatre Audacious ont été mis sur cale, lancés et mis en service.

Le HMS Audacious est mis en service en janvier 1954 alors que la guerre approche de sa fin. Il opère d’abord en mer du Nord mais dès le mois de mars il est envoyé en Asie du Sud-Est pour permettre la relève d’unités ayant besoin d’une sérieuse période d’entretien.

Il va rester dans la région depuis Singapour jusqu’en décembre 1964 quand il rentre en Métropole pour être transformé avec catapultes à vapeur, brins d’arrêts plus modernes, nouveaux ascenseurs…… . Remis en service en septembre 1966, il est désarmé en octobre 1979 et démoli.

Son sister-ship le HMS New Zealand est mis en service en juillet 1954 trop tard pour des opérations majeures puisqu’il arrive en Asie du Sud-Est après la capitulation japonaise (NdA la suite dans le tome idoine comme on dit).

En revanche les Irresistible et Africa n’ont jamais été mis sur cale, la construction du premier étant abandonné en novembre 1953 et celle du second en mars 1954 alors que la mise sur cale était imminente.

Dominions (69) Australie (13)

Avions et hydravions de la marine australienne

Supermarine Seafire

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Supermarine Seafire au dessus d’un porte-avions type Illustrious

En septembre 1939, la flotte de chasse de la Fleet Air Arm (FAA) n’à pas vraiment fière allure avec deux modèles dépassés (Blackburn Roc et Gloster Sea Gladiator) et un modèle aux performances décevantes (Fairey Fulmar).

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Dominions (64) Australie (8)

Les navires de la Royal Australian Navy (RAN)

HMAS Sydney (R-17) 29

Un porte-avions type Colossus/Majestic

Porte-avions

Les porte-avions de classe Colossus sont des porte-avions économiques, des porte-avions conçus pour pouvoir être produits plus rapidement que les porte-avions blindés. C’est un projet Vickers qui l’emporte, commandé initialement par la France à deux exemplaires baptisés Alienor d’Aquitaine et Henriette d’Angleterre.

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Dominions (12) Canada (12)

LES NAVIRES DE LA ROYAL CANADIAN NAVY (RCN)

Porte-avions

Porte-avions classe Colossus

HMS Colossus (R-15).jpg

Un porte-avions type Colossus portant le pavillon britannique (White Ensign)

Les porte-avions de classe Colossus sont des porte-avions économiques, des porte-avions conçus pour pouvoir être produits plus rapidement que les porte-avions blindés. C’est un projet Vickers qui l’emporte, commandé initialement par la France à deux exemplaires baptisés Alienor d’Aquitaine et Henriette d’Angleterre.

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Grande Bretagne (75) Ordre de bataille et programme de guerre (4)

West African Station

En septembre 1939, les unités de la Royal Navy chargées de patrouiller dans l’Atlantique Sud pour protéger le trafic commercial et lutter contre les raiders allemands dépendaient du South Atlantic Command avec pour base principale pour ne pas dire exclusive, Freetown dans la colonie de Sierra Leone.

Le stationnement d’une escadre permanente dans cette région remontait au début du 19ème siècle quand la Royal Navy fût chargée de lutter contre le traite négrière illégale depuis 1817 (l’esclavage allait être abolit en 1833).

Cette escadre connaissait un très fort taux de mortalité en raison de la présence de la fièvre jaune ce qui lui valut le surnom de Coffin Squadron l’Escadre cercueil.

La situation était heureusement nettement meilleure en septembre 1939 et le South Atlantic Command joua un rôle majeur dans la traque des navires de guerre allemands lancés dans une guerre de course.

Suite à la réorganisation de la Royal Navy au printemps 1944, décision est prise de supprimer les South et North Atlantic Command au profit d’une West African Station à l’aire de responsabilité gigantesque puisqu’allant de Gibraltar au cap de Bonne Espérance.

Très rapidement cette zone est bien trop étendue et un Gibraltar Command est créé pour permettre à Freetown de se concentrer sur l’Atlantique Sud.

En septembre 1948, les navires suivants sont stationnés à Freetown :

HMS Colossus

HMS Colossus

-Porte-avions léger HMS Colossus

-8th Cruiser Squadron (8th CS) avec les croiseurs lourds type County HMS Shropshire et Berwick ainsi que le croiseur lourd HMS York

-5th Destroyer Flottilla 2nd Division avec les destroyers type K HMS Khartoum Kelvin Kipling Kimberley

-11th Patrol Flottilla : chalutiers armés HMS Bern, Biggal, Blackbird, Bressay, Brora, Bruray Bryher et Burra

-Deux vedettes anti-sous-marines et deux dragueurs de mines légers pour la protection rapprochée du port

-Pétroliers RFA Belgol (classe Belgol) et RFA War Bharata (classe War)

-Le navire-atelier HMS Resource et la 3rd Submarine Flottilla accompagné du ravitailleur de sous-marins HMS Andaman rejoignent le site après le déclenchement du conflit.

A ces navires s’ajoutent ceux stationnés à Simonstown même si l’éloignement rend son commandement très autonome par rapport à Freetown.

Ces navires sont deux sloops, le HMS Londonderry de classe Grimsby et le HMS Auckland de classe Egret ainsi que deux vedettes ASM et deux cannonières destinés à la protection rapprochée du port.

Fleet Air Arm-South Atlantic Command

Ce commandement créé en février 1948 à comme fleuron le porte-avions léger HMS Colossus chargé avec son 12th Carrier Air Group (12th CAG) et le 8th Seaplane Group, un groupe d’hydravions qui peut être embarqué sur des croiseurs de passage.

12th Carrier Air Group (12th CAG)

Fairey Albacore à l'appontage

Fairey Albacore à l’appontage

-Squadron 887 : six Fairey Albacore (torpillage et lutte anti-sous-marine)

-Squadron 889 : quatre Douglas Dauntless (bombardement en piqué/reconnaissance)

-Squadron 890 : six Grumman Martlet Mk III

-Squadron 892 : six Grumman Martlet Mk III

8th Seaplane Group

Appelé également le squadron 718, il dispose de huit Supermarine Walrus de reconnaissance et de surveillance maritime

Unités de soutien et de servitude

Squadron 917 équipé d’avions de liaison et de servitude avec deux Lockheed Hudson et quatre SNCAO SO-30P

Squadron 918 équipé d’hydravions de servitude avec quatre Saro London

Gibraltar Command

Ce commandement créé en septembre 1947 pour soulager la West African Station regroupe comme son nom l’indique tous les navires stationnés en permanence sur le rocher. Ces navires ont pour mission essentielle de sécuriser l’accès à la Méditerranée et de protéger les convois notamment ceux allant de Freetown à Liverpool.

Quand le second conflit mondial éclate, les navires suivants sont stationnés à Gibraltar :

-9th Destroyer Flottilla : huit destroyers type L, les HMS Laforey Lightning Lookout Loyal à canon de 120mm, les HMS Lance Larne Lively Legion à canon de 102mm

-13th Destroyer Flottilla : six destroyers légers type Hunt I, les HMS Fernie Garth Hambledon Holderness Cotswold et Cottesmore

-6th Escort Flottilla avec six frégates de classe River, les HMS Tay Test Teviot Trent Tweed Waveney en attendant les Wear et Aire.

-5th Minesweeping Flottilla avec des dragueurs de mines de classe Bangor, les HMS Brixham Clacton Cromarty Dormoch Dunbar Greenock Hartlepool et Harwich

-9th Minesweeping Flottilla équipée de chalutiers-dragueurs de mines classe Isle, les HMS Bute Cailiff Caldy Campobello Copinsay Crowlin Cumbrae et Damsay

-Deux canonnières, deux patrouilleurs anti-sous-marins, une vedette de sauvetage et 4 HDML

-Pétroliers RFA Oligarch (classe Ol) RFA Darkdale (classe Dale) et RFA Brown Ranger (classe Ranger)

West Indies Station

En septembre 1939, on trouvait l’America & West Indies Station chargée de couvrir notamment les Antilles et l’Atlantique Nord.

Neuf ans plus tard, ce commandement est remplacé par la West Indies Station dont l’aire de responsabilité est limité aux Antilles, la couverture des convois depuis Halifax devant être assurée par la Royal Canadian Navy (RCN) avec véritable révolution le passage sous commandement canadien de navires de la Royal Navy.

Basée aux Bermudes, l’escadre des Indes Occidentales regroupe en septembre 1948 les moyens suivants :

la frégate Annan de classe River

la frégate Annan de classe River

-8th Escort Flottilla avec quatre frégates classe River (quatre en construction) avec les HMS Annan Avon Awe et Braid en attendant si les projets sont suivis les HMS Cam Deveron Dovey et Fal

-Sloop HMS Wellington classe Grimsby

-10th Patrol Flottilla : chalutiers armés Ailsa Craig, Annet, Anticosti, Arran, Baffin, Balta, Bardsey, Benbecula,

-Deux vedettes anti-sous-marines, Deux canonnières, deux dragueurs de mines légers

-Pétroliers RFA Abeydale et Broomdale (classe Dale)

-Citerne à eau RFA Freshet

A cela s’ajoute le Fleet Air Arm-West Indies Command qui regroupe les moyens navals stationnés aux Bermudes plus précisément à Boaz Island.

Il ne dispose pas de groupes aériens mais dispose du 7th Seaplane Group/squadron 717 qui dispose des hydravions des croiseurs lourds York Shropshire et Berwick soit six Supermarine Walrus auxquels s’ajoute le squadron 915 équipée d’avions de liaison et de transport (deux Lockheed Hudson et deux Douglas DC-3) ainsi que du squadron 918 équipé d’hydravions de servitude (quatre Supermarine Walrus).

PROGRAMME DE GUERRE

Avant-Propos

Comme tous les pays d’Europe, la Grande Bretagne investit massivement dans le domaine militaire entre 1940 et 1948 ce qui explique le nom donné à cette période, la Pax Armada en référence à la Pax Romana.

Le corps de bataille est renouvelé, la flotte de porte-avions se débarasse de ses navires pionniers souvent inaptes aux opérations de guerre au profit d’unités neuves. La situation est semblable pour les croiseurs, les destroyers et les sous-marins.

Bref en septembre 1948, la Royal Navy à fière allure et prête à en découdre avec une Kriegsmarine nettement plus musclée que neuf ans plus tôt.

Néanmoins au 5 septembre 1948, un certain nombre d’unités sont toujours en construction ou en achèvement à flot.

Dans un premier temps, toutes les constructions sont suspendues et seuls les navires en achèvement à flot pouvant être mis en service dans un délai raisonnable sont priorisés.

La guerre s’annonçant longue, les construction reprennent dans l’immense majorité des cas, des commandes d’urgence sont passées en attendant un vrai programme de guerre.

Navires en construction en septembre 1948

Cuirassés

En septembre 1948, quatre cuirassés de classe Vanguard sont encore en construction, deux en achèvement à flot (HMS Saint Andrews HMS Saint David) et deux encore sur cale (HMS Saint George et HMS Saint Patrick).

La construction ou les travaux sur les quatre unités est suspendue le 5 septembre 1948. Ils reprennent sur le Saint Andrews et le Saint David dès le 20 septembre pour aboutir à la mise en service de ces navires le plus rapidement possible et faire face à la perte de plusieurs cuirassés, le HMS Centurion coulé le 7 octobre 1948 au large de la Norvège (endommagé par une mine puis achevé par l’aviation allemande) et le HMS Howe si gravement endommagé que sa remise en état semble inutile.

Quand au Saint George et au Saint Patrick, décision est prise le 8 novembre 1948 de les achever mais uniquement pour libérer les cales. Leur achèvement n’est pas prévu sauf pertes colossales dans le corps de bataille de la Royal Navy.

Porte-avions

Quand le second conflit mondial éclate, aucun porte-avions n’est en construction pour la Royal Navy.

Croiseurs lourds

La Royal Navy n’à jamais eu une forte appétence pour le croiseur lourd et c’est uniquement pour ne pas être déclassée que l’Amirauté à construit les County, les York puis les Admiral.

Deux croiseurs lourds de classe Admiral, les HMS Marlborough & Blenheim sont en achèvement à flot quand le conflit éclate. Leur achèvement est suspendu le 5 septembre mais il reprend dès le 15 septembre, les travaux étant proches de leur terme.

Croiseurs légers

Quatre croiseurs légers classe Minotaur sont en construction quand les allemands déclenchent l’opération Weserübung en l’occurence les HMS Bellerophon Eagle Defence et Tiger.

Tous sont en achèvement à flot et leur mise en service doit selon les critères du temps de paix s’échelonner entre le printemps et l’automne 1949. Il est cependant plus que probable que les travaux vont être accélérés.

Destroyers

Le renouvellement de la flotte construite à partir de la fin des années vingt avait déjà été entamée avec la construction des destroyers type O et P qui remplacèrent les type A et B.

Les Type C avaient été eux vendus au Canada avant le début de la guerre de Pologne, la première classe à remplacer était le type D.

Huit destroyers type Q sont commandés au printemps 1947 pour remplacer les type D mais aucun n’est en service en septembre 1948, quatre sont en achèvement à flot et quatre encore sur cale.

Les HMS Queenborough Quadrant Quail et Quality ont été lancés au mois d’août. Ils sont donc loin d’être mis en service même en accélérant les travaux au maximum.

Les quatre autres (Quentin Quiberon Quickmatch Quilliam) sont encore sur cale et assez loin du stade du lancement.

Navires légers

Dans le domaine des navires légers, seules quatre frégates de classe River sont en construction quand le second conflit mondial éclate (HMS Cam Deveron Dovey Fal).

Au 5 septembre 1948, quatre cuirassés, deux croiseurs lourds, quatre croiseurs légers, huit destroyers et quatre frégates sont en construction pour la marine britannique.

Dès le début du conflit des commandes d’urgence vont être passées, commandes ultérieurement intégrées dans un War Emergency Programm voté par les Communes le 14 janvier 1949.

Les commandes immédiates

En temps de paix les résistances à l’investissement sont nombreuses et notamment sur le plan financier, les militaires sont souvent vus comme des gens éternellement insatisfaits, on mégote souvent sur l’investissement nécessaire.

Le déclenchement d’un conflit facilite souvent les choses. A l’annonce des débarquements allemands en Norvège et au Danemark, de nombreuses commandes d’urgence sont passées, commandes qui sont ultérieurement intégrées au War Emergency Programm qui pose déjà les bases d’une marine d’après guerre.

En attendant voici la liste des commandes passées par decret dès le début de la guerre :

-Huit porte-avions légers type Colossus

-Seize destroyers type Q, huit à canons de 120mm et huit à canons de 114mm, ces derniers devenant des type R.

-Seize frégates de classe River

-Douze destroyers légers type Hunt IV mais quatre sont rapidement rétrocédés à la jeune Royal South African Navy

Ces commandes étaient parfois bloquées depuis plusieurs mois mais le déclenchement du conflit à fait sauter les différents obstacles et résistances.

Ces commandes sont toutes intégrées dans le programme de guerre, aucun navire n’ayant été livré avant le vote du programme par le parlement britannique.

War Emergency Program

Comme nous l’avons vu plus haut, le programme de guerre est destiné à augmenter rapidement les moyens de la Royal Navy, de combler les pertes mais également d’anticiper sur une marine d’après guerre aux contours flous.

Ce programme voté le 14 janvier 1949 va être ultérieurement scindé en plusieurs tranches en fonction de leur urgence.

Cuirassés

-Aucun cuirassé n’est commandé dans le cadre du programme de guerre en raison de la construction en cours de quatre cuirassés, de l’absence de nouvelles constructions côté allemand et du délai pour la mise en service d’un tel navire (trois à cinq ans).

-Des études sont néanmoins lancées mais sans réelle conviction.

Porte-avions

-Si aucun cuirassé n’est commandé, de nombreux porte-avions sont commandés par la marine britannique, une véritable Carriermania, une frénésie de ponts plats.

Outre la commande de huit Colossus supplémentaires (Ocean Perseus Pioneer Theseus Triumph Venerable Vengeance Warrior) passée dès septembre et intégrée au PG (les fonds débloqués par le decret de commande ont permis l’achat d’une partie de l’acier, des auxiliaires et de l’armement), pas moins de quatorze nouveaux porte-avions légers, moyens et lourds sont commandés.

Deux porte-avions lourds de classe Malta mod. sont commandés. Les premières études prévoyaient la commande de six Malta mod. pour remplacer les Illustrious et les Indefatigable mais le coût tant financier que humain à rendu les amiraux anglais plus circonspects et seulement deux navires ont finalement été commandés, navires baptisés Glorious et Courageous.

Pour remplacer à moindre frais les Illustrious, l’Amirauté décide de commander des porte-avions moyens de classe Audacious, un compromis entre les Colossus/Majestic et les Malta.

Quatre navires sont commandés dans le cadre du programme de guerre, des navires baptisés Audacious Irresistible Africa et New Zealand.

Enfin pas moins de huit Majestic sont commandés. Ces navires sont des dérivés des Colossus, plus grands, plus gros et plus rapides, ces navires exploitant le RETEX (Retour d’Expérience) des Colossus.

Ces huit navires sont baptisés Majestic Terrible Argus Hercules Leviathan Powerful Perseus et Pioneer.

Croiseurs légers

-Quand le conflit éclate, un nouveau modèle de croiseur léger provisoirement désigné comme le type F est en cours de développement dans les bureaux d’études de l’Amirauté. Cette étude lancée en 1946 est loin d’avoir aboutie.

Face à l’urgence, on décide de commander de nouveaux Minotaur, quatre croiseurs légers de 8000 tonnes, 33 noeuds et neuf canons de 152mm en trois tourelles triples.

Ces quatre navires baptisés Conquest Calliope Cambrian et Centaur doivent normalement être suivis par quatre autres navires soit de nouveaux Minotaur ou appartenant au type F si les plans sont prêts à temps.

Si ils appartiennent au type Minotaur, ces navires seront baptisés Canterbury Caledon Calypso et Ceres. Sinon ils recevront de nouveaux noms.

Destroyers

Dans le cadre du programme de guerre, ce sont seize destroyers type Q supplémentaires qui sont commandés pour en théorie remplacer les D mais plus vraisemblablement compenser les pertes du conflit.

La pénurie de canons de 120mm semblant devoir durer, il est décidé que huit des seize type Q supplémentaires seront armés de canons de 114mm, devenant des type R. C’est à cette occasion qu’il est décidé que le canon de 114mm sera désormais la pièce d’artillerie standard des destroyers.

Ces seize destroyers avaient été commandés dès le début du conflit. La Campagne de Norvège ayant vu la perte de six destroyers, la Royal Navy obtient dans le cadre du War Emergency Program la commande de seize destroyers supplémentaires de type S et T (huit chacun) portant le total à trente-deux unités.

Navires légers

Avant même le vote du programme de guerre, des commandes d’urgence sont passées par décret dans la catégorie de la “poussière navale”.

Cette commande s’explique par la crainte de pertes importantes dans les convois translatlantiques mais également durant l’envoi en Norvège du corps expéditionnaire et des navires chargés de le ravitailler.

Seize frégates de classe River et douze Hunt type IV sont commandés dès le 15 septembre, les premiers éléments de coques sont mis sur cale dès le mois d’octobre.

Face aux premières pertes de corvettes, de sloops, de frégates et de destroyers légers, de nouvelles commandes sont passées dans le cadre du War Emergency Programm, vingt-quatre frégates de classe River et seize destroyers type Hunt IV, une partie de ces navires pouvant être mis en oeuvre par les marines des Dominions.

Les dragueurs de mines (minesweeper) peuvent aussi être considérés comme des navires légers et leur cas n’est pas oublié puisque trente-six Algerine, des dragueurs de mines océaniques (Minesweeper oceanic) et vingt-quatre Bangor, des dragueurs de mines côtiers (Minesweeper Coastal).

Quand aux vedettes _lance-torpilles et de sureté_ , elles ne sont pas oubliées avec la commande de trente-deux vedettes lance-torpilles et de quarante-huit vedettes de sécurité (la répartition entre les différents emplois n’à pas été défini).

Sous-marins

Les sous-marins ou plutôt torpilleurs submersibles ne sont pas oubliés même si aucun sous-marin n’est en construction en septembre 1948. Seize type S sont commandés dans le cadre du programme de guerre et seize Amphion ou type A, des sous-marins dits à haute performances si mystérieux que de nombreux fantasmes vont courir sur eux jusqu’à leur mise en service.

Si les seize Amphion seront tous achevés sur ce modèle, les seize type S connaitront un destin différent, seuls huit seront achevés comme des S, les huit derniers formant le type V, un sous-marin médian censé remplacé les type S et les type U.

Navires de soutien

La logistique n’est pas oubliée dans ce programme de guerre avec la commande de navires de charge militarisés et de véritables navires de soutien de type paramilitaire (navire-atelier, mouilleur de mines).

Au profit de la Royal Navy sont commandés quatre navire-ateliers (repair ship) inspirés du HMS Vulcan, deux mouilleurs de mines de type Abdiel (HMS Ariadne et Apollo) qui vont être davantage utilisés comme transports rapides et deux bâtiment-base d’aviation, des navires pouvant soutenir des hydravions au mouillage mais également capable de construire à terre des aérodromes.

Au profit de la Royal Fleet Auxiliary (RFA) sont commandés quatre pétroliers de 15000 tonnes type Dale, six pétroliers-caboteurs de type Ranger, quatre cargos rapides et huit cargos lents.

Grande Bretagne (70) Bases navales (2)

Les autres bases de la Royal Navy

Simonstown

Implantée à False Bay sur la face orientale de la péninsule du Cap, la ville de Simonstown et sa base navale jouent un rôle non négligeable pour la marine britannique, lui permettant de contrôler le Cap de Bonne Espérance. Son rôle à été réduit par l’ouverture du canal de Suez en 1869 mais il n’est pas nul pour autant.

Entre 1940 et 1948, des travaux sont menés pour augmenter les capacités d’accueil des navires, les capacités d’entretien et de ravitaillement.

Les navires stationnés à demeure sont peu importants puisqu’on ne trouve que deux sloops, le HMS Londonderry de classe Grimsby et le HMS Auckland de classe Egret ainsi que deux vedettes ASM et deux cannonières.

Quand le conflit éclate, Simonstown va devenir une escale importante pour certains convois de fret et de troupes mais également la base de la nouvelle Royal South African Navy (RSAN) qui voit le jour en 1945.

Longtemps sans véritables navires, elle se contente de détacher du personnel sur des navires de la Royal Navy ou de la RFA, d’armer des pièces de défense côtière, d’effectuer des taches administratives.

En septembre 1947, elle reçoit deux destroyers type V&W (les HMS Wakeful et Wryneck) pour former des équipages pour des navires de combat avant de mettre en oeuvre quatre Hunt IV commandés seulement en septembre 1948.

C’est donc à bord de navires de la RN que la marine sud-africaine va participer aux premières opérations du second conflit mondial.

Si elle renonce à armer un porte-avions léger type Colossus en l’occurence le Triumph, elle décide de commander quatre Hunt IV supplémentaires et deux destroyers type R pour former une petite mais efficace marine, efficacité augmentée par l’acquisition d’un pétrolier, d’un ravitailleur, de vedettes lance-torpilles et d’hydravions Consolidated Catalina.

Freetown

L’actuelle capitale de la Sierra Leone et son port en eau profonde à été fondée en 1792 par des esclaves affranchis par les abolitionnistes britanniques.

C’est la principale base navale britannique en Afrique noire et c’est de la que partent la majorité des convois venant d’Afrique et ralliant Liverpool.

Le rôle de Freetown augmente avec le déploiement d’un porte-avions léger, le HMS Colossus, véritable navire-amiral de la West African Station qui dispose de moyens importants pour protéger les convois et traquer les raiders allemands.

Comme dans nombre de ports coloniaux, point de base mais l’utilisation du port de commerce avec tout de même des dépôts mais pas de forme de radoub, les grands travaux devant être réalisées chez les froggies à Dakar ou sur le rocher à Gibraltar.

Ce n’est qu’après le début du conflit qu’un dock-flottant commandé aux Etats-Unis sera installé pour permettre de menus travaux.

En septembre 1948, les navires suivants sont stationnés à Freetown :

-Porte-avions léger HMS Colossus

-8th Cruiser Squadron (8th CS) avec les croiseurs lourds type County HMS Shropshire et Berwick ainsi que le croiseur lourd HMS York

-5th Destroyer Flottilla 2nd Division avec les destroyers type K HMS Khartoum Kelvin Kipling Kimberley

-11th Patrol Flottilla : chalutiers armés HMS Bern, Biggal, Blackbird, Bressay, Brora, Bruray Bryher et Burra

-Deux vedettes anti-sous-marines et deux dragueurs de mines légers

-Pétroliers RFA Belgol (classe Belgol) et RFA War Bharata (classe War)

-Le navire-atelier HMS Resource et la 3rd Submarine Flottilla accompagné du ravitailleur de sous-marins HMS Andaman rejoignent le site après le déclenchement du conflit.

Bermudes

Découvert en 1515 par le navigateur espagnol Bermudez (qui lui donna son nom),l’Archipel des Bermudes qui appartient encore aujourd’hui à la Grande-Bretagne (avec néanmoins une grande autonomie) à rapidement attiré l’oeil de Londres qui voyait là une zone stratégique pour le contrôle de l’Atlantique.

La première implantation britannique date de 1609 mais il faut attendre 1684 pour que cette colonisation soit officialisée.

Il faut cependant attendre 1795 pour que soit créé le Royal Navy Dockyard Bermuda destiné à remplacer les bases d’Amérique perdues suite à l’indépendance des treize colonies. En 1818, il devient le siège du commandement de la North American & West Indies Station en remplacement d’Halifax.

Cette base associée à une base de la FAA était toujours active en septembre 1948 pour pouvoir participer à la protection de la navigation commerciale dans l’Atlantique.

Les installations d’entretien sont améliorées. Le terrain ne se prêtant pas à la construction de formes en dur, les travaux sont menés depuis trois dock flottants, un de 250m, un de 170m et un troisième de 120m.

Sont augmentées la capacité des dépôts tandis que les défenses côtières sont régénérées pour éviter un coup de main ennemi.

Plus qu’une occupation en bonne et due forme, on craint un raid comparable aux descentes du temps de la marine à voile. Voilà pourquoi la garnison déployée par la British Army est également renforcée en qualité et en quantité.

En septembre 1948, les navires suivants sont stationnés aux Bermudes :

-8th Escort Flottilla avec quatre frégates classe River (quatre en construction) avec les HMS Annan Avon Awe et Braid en attendant si les projets sont suivis les HMS Cam Deveron Dovey et Fal

-Sloop HMS Wellington classe Grimsby

-10th Patrol Flottilla : chalutiers armés Ailsa Craig, Annet, Anticosti, Arran, Baffin, Balta, Bardsey, Benbecula,

-Deux vedettes anti-sous-marines, Deux canonnières, deux dragueurs de mines légers

-Pétroliers RFA Abeydale et Broomdale (classe Dale)

-Citerne à eau RFA Freshet

Gibraltar

En 711, un chef berbère converti à l’islam prénommé Tarik franchit les Colonnes d’Hercules prend pied en Europe marquant le début de sept-cent quatre-vingt une années de domination arabe sur la péninsule ibérique, les différents régimes occupant jusqu’à 2/3 des territoires actuels de l’Espagne et du Portugal.

L’endroit où le conquérant berbère débarqua fût alors connu sous le nom de Djebel-Tarik (“le rocher de Tarik”) qui de déformation en déformation devint Gibraltar.

Sous contrôle castillan de 1309 à 1333, il redevient espagnol en 1492, cette zone stratégique est conquise par les britanniques durant la guerre de succession d’Espagne en 1704. La propriété mais non la souveraineté est reconnue par le traité d’Utrecht en 1714. L’Espagne tente de récupérer le Rocher entre 1779 et 1781 mais échoue.

Zone stratégique, Gibraltar est un point d’appui capital pour la Royal Navy aussi bien pour la longue traversée en direction des Indes que pour ses opérations en Méditerranée.

Sa position stratégique est encore renforcée avec l’ouverture du canal de Suez en 1869 qui permet à la Grande-Bretagne de contrôler les accès est et ouest de la Mare Nostrum.

La base est implantée à l’ouest du rocher, cette base étant baptisée HMS Rooke du nom du général ayant conquis le rocher alors que la base aéronavale qui sert également de base pour la RAF est baptisé HMS Cormoran.

Déjà bien outillée en 1939, elle subit que peu de travaux jusqu’en septembre 1948 (l’autre raison c’est le site très contraint). Tout juste améliore-t-on la capacité des dépôts, les moyens de levage et les équipements d’entretien.

En septembre 1948, les navires déployés à Gibraltar dépendent du Gibraltar Command, un commandement autonome dépendant directement du commandement de la marine britannique.

Ce commandement à pour mission principale la couverture des convois Le Cap-Freetown-Liverpool ainsi que la sécurisation de l’accès à la Méditerranée en liaison avec la marine française qui dispose de forces non négligeables dans son protectorat marocain.

Si aucune unité majeure (cuirassé, croiseur,porte-avions) n’est stationnée à Gibraltar, les forces du Gibraltar Command ne sont pas négligeables :

-9th Destroyer Flottilla : huit destroyers type L, les HMS Laforey Lightning Lookout Loyal à canon de 120mm, les HMS Lance Larne Lively Legion à canon de 102mm

-13th Destroyer Flottilla : six destroyers légers type Hunt I, les HMS Fernie Garth Hambledon Holderness Cotswold et Cottesmore

-6th Escort Flottilla avec six frégates de classe River, les HMS Tay Test Teviot Trent Tweed Waveney en attendant les Wear et Aire.

-5th Minesweeping Flottilla avec des dragueurs de mines de classe Bangor, les HMS Brixham Clacton Cromarty Dormoch Dunbar Greenock Hartlepool et Harwich

-9th Minesweeping Flottilla équipée de chalutiers-dragueurs de mines classe Isle, les HMS Bute Cailiff Caldy Campobello Copinsay Crowlin Cumbrae et Damsay

-Deux canonnières, deux patrouilleurs anti-sous-marins, une vedette de sauvetage et 4 HDML

-Pétroliers RFA Oligarch (classe Ol) RFA Darkdale (classe Dale) et RFA Brown Ranger (classe Ranger)

Grande Bretagne (66) Fleet Air Arm (6)

Les avions de la Fleet Air Arm (2) reconnaissance et attaque

Avant-propos

Les aviations navales et terrestres partagent un point commun. Leur mission première c’est la reconnaissance, l’observation des mouvements de troupes et en conséquence le réglage du tir d’artillerie, l’augmentation constante de la portée de pièces imposant un capteur déporté pour éviter une trop grand dispersion de tir.

L’acquisition d’avions et d’hydravions par la Royal Navy répondait à ce but premier bien avant l’attaque à la bombe et à la torpille même si le raid sur Tondern contre les hangars à zeppelin menés par le HMS Furious le 19 juillet 1918 avait montré les capacités d’attaque du porte-avions.

Durant l’entre-deux-guerre se développe deux modes d’attaque, le torpillage _déjà présent durant le premier conflit mondial_ et un nouveau venu le bombardement en piqué, préféré au bombardement horizontal en raison de la taille des cibles, un navire de guerre étant une cible réduite et qui plus est mouvante.

En dépit de son efficacité démontrée, le bombardement en piqué à été longtemps le mal aimé de la Fleet Air Arm qui doutait de son efficacité et de son utilité. Il faudra de nombreux entrainements, d’innombrables exercices et une coopération soutenue avec l’Aéronavale pour que le diving bomber puisse acquérir ses lettres de noblesse.

Sur le plan de l’équipement, la flotte évolue tout comme celle de la chasse. En septembre 1939, les avions utilisés sont le Blackburn Skua pour le bombardement en piqué et le Fairey Swordfish pour le torpillage.

Neuf ans plus tard, ces deux appareils ne sont plus en service dans les unités de première ligne. Ils ont été remplacés par le Douglas Dauntless, un bombardier en piqué de conception et de fabrication américaine utilisable également pour la reconnaissance (concept SB Scout Bomber) et pour le torpillage par le Fairey Albacore et surtout le Fairey Barracuda, probablement l’avion embarqué le plus laid de l’histoire mais pas le moins efficace.

Pour la reconnaissance, notons la présence du Blackburn Buccaneer, un bimoteur inspiré pour ne pas dire copié sur le CAO-600 français qui démontra sans contestation possible que la mise en œuvre d’un bimoteur depuis un porte-avions était quelque chose de possible.

Quelques Grumman Avenger ont été acquis au cas où le Fairey Barracuda à la mise au point longue pour ne pas dire plus se serait révélé inutilisable. “The Ugly One” s’étant révélé fiable, efficace et performant, les Avenger n’ont pas été mis en service sur porte-avions sauf pour des tests et des expérimentations.

Confiés à des unités de réserve, ils pourraient si nécessaires poser leurs roues sur les porte-avions britanniques pour compléter les unités de torpillage équipées d’avions britanniques.

A noter qu’un appareil d’attaque polyvalent était en cours de mise au point quand éclate le second conflit mondial, le Blackburn Firebrand.

Le prototype n’ayant volé que le 14 septembre 1947 (suivit d’un second le 12 avril 1948), la production en série n’ayant pas encore commencé, il restait encore du temps avant que les squadrons de bombardement en piqué et de torpillage puissent mettre en oeuvre un appareil dont on attendait beaucoup.

Blackburn Skua

prototype du Blackburn Skua

prototype du Blackburn Skua

La place sur un porte-avions est limitée. Aussi l’idée d’un appareil polyvalent ou multifonction était diablement séduisante.

La Specification O.27/34 réclamait ainsi un bombardier en piqué capable de mener des missions de chasse. L’idée était qu’une fois sa ou ses bombes larguées, l’appareil pourrait se muer en chasseur pour par exemple protéger des avions-torpilleurs.

Deux prototypes sont commandés à Blackburn en 1935 et le premier prototype décolle pour la première fois le 9 février 1937 (j’ignore la date du premier vol du second prototype). Les premiers appareils de série sont mis en service fin 1938.

Le 26 septembre 1939, trois Blackburn Skua du squadron 803 basé sur le HMS Ark Royal descendent un hydravion Dornier Do-18 au dessus de la mer du Nord.

Ce fût longtemps considéré comme la première victoire aérienne britannique du conflit mais au printemps 1940, des sources français confirmèrent la destruction d’un bombardier allemand par un Fairey Battle déployé sur le continent le 20 septembre.

La carrière de l’appareil s’achève à la fin 1941 et au début de 1942 quand les premiers Douglas Dauntless sont mis en service dans les unités appelées à rester des unités de bombardement en piqué.

Les appareils survivants ont été utilisés comme tracteurs de cible, avions d’entrainement et d’expérimentation. Une poignée d’appareils étaient encore présents en septembre 1948 mais usés, ils étaient plus proches de la réforme qu’autre chose.

Caractéristiques Techniques du Blackburn Skua

Type : bombardier en piqué biplace embarqué

Masse : à vide 2498kg en charge 3740kg

Dimensions : longueur 10.85m envergure 14.08m hauteur 3.81m

Motorisation : un moteur radial Bristol Perseus XII de 890ch

Performances : vitesse maximale 362 km/h à 1980m vitesse de croisière 163 km/h distance franchissable 700km plafond opérationnel 6160m

Armement : quatre mitrailleuses Browning de 7.7mm dans les ailes et une mitrailleuse Lewis ou Vickers K de 7.7mm en poste arrière une bombe de 227kg semi-perforante (Semi-armour Percing SAP) sous le fuselage ou huit bombes de 30kg sous les ailes.

Douglas SBD Dauntless

Douglas Dauntless

Douglas Dauntless

Durant le premier conflit mondial, l’aviation d’observation fût bientôt rejointe par l’aviation de chasse puis par l’aviation de bombardement.

Après le temps des pionniers où on lançait des obus d’artillerie à la main voir des paquets de grenade, de véritables bombardiers virent le jour, les allemands utilisant même des bombardiers stratégiques, les alliés répliquant par le Vickers Vimy et le Farman Goliath mais seul le premier eut le temps de mener des raids.

Si à terre le bombardement horizontal semblait la solution idéale car frappant des cibles de grande dimensions, en mer, ce n’était pas la même chanson. Un navire de guerre était une cible de petite taille, mouvante imposant de viser avec précision.

D’où l’idée de mener une attaque de “précision” en piquant sur la cible pour déposer la bombe avec le plus précision possible puis de se rétablir ce qui imposait des avions solidement construits pour encaisser les G.

La marine américaine fût parmi les pionnières du diving bomber et s’équipa d’un premier appareil conçu pour cette mission (le Curtiss F8C) en 1925.

En 1934, un appel d’offres est lancé pour un bombardier en piqué capable de mener des missions de reconnaissance (Scout Bomber). Ce concept est issu des réflexions théoriques et des résultats obtenus lors des Fleet Problem où les manoeuvres aéronavales se taillent une part de choix dans la stratégie générale.

Rapidement germe l’idée que pour qu’un raid soit efficace, il faut pouvoir mettre en œuvre le plus d’avions possible. En s’équipant d’un pur avion de reconnaissance on se prive de place pour un bombardier.

De plus il faut attendre le retour des avions de reconnaissance pour pouvoir lancer un raid offensif puisque les porte-avions de l’époque ne pouvaient simultanément lancer et récupérer des avions.
En équipant d’une bombe un avion de reconnaissance, on pouvait permettre à cette avion de lancer une attaque d’opportunité sur une cible importante.

C’est Northrop avec son XBT-1 qui l’emporte mais cet appareil est largement perfectible notamment en terme d’aérodynamisme. Il est donc rapidement remplacé par le Northrop XBT-2.

En janvier 1938, John Northrop cède sa compagnie à Douglas et le prototype XBT-2 devient le XSBD-1. L’ex-XBT-2 effectue son premier vol le 25 avril 1938 mais doit être profondément modifié avant d’être accepté par l’US Navy en 1939.

Cette dernière passe commande de 144 exemplaires au mois de février désignés SBD (Scout Bomber Douglas). Cette commande est répartie entre les 57 SBD-1 destinés aux Marines et aux 87 SBD-2 destinés à l’US Navy. Ils sont suivis par 174 SBD-3 puis par 220 SBD-5 soit un total pour la marine américaine de 481 appareils.

Cherchant à remplacer ses Blackburn Skua et à s’équiper d’un avion de reconnaissance, la Fleet Air Arm (FAA) passa commande de Douglas SBD-5 Dauntless qui devinrent des Dauntless Mk I dans la nomenclature britannique.

A noter que ce concept de SB ne fit guère d’émules au sein de la FAA qui utilisa ses Dauntless soit pour la reconnaissance soit pour le bombardement en piqué mais rarement pour la reconnaissance armée.

134 appareils ont été commandés à l’automne 1940 et livrés entre novembre 1941 et janvier 1943 pour équiper vingt-trois squadron embarqués. Ces appareils ont été suivis par 80 appareils de réserve livrés dans une version modifiée (et baptisés Douglas Dauntless MkIA) entre mai 1943 et février 1945.

Ces appareils sont toujours en service en septembre 1948. Leur remplacement doit théoriquement se faire par des Blackburn Firebrand mais cet appareil étant encore en développement, la FAA à trouvé des solutions de repli avec le Loire-Nieuport LN-420 et le Curtiss Helldiver, successeur du Dauntless.

Caracteristiques Techniques du Douglas Dauntless Mk I

Type : bombardier en piqué biplace embarqué

Masse : à vide 2905kg à pleine charge 4843kg masse maximale au décollage 4853kg

Dimensions : envergure 12.65m longueur 10.08m hauteur 4.14m

Motorisation : un moteur radial Wright R-1820-60 de 1200ch

Performances : Vitesse maximale : 410 km/h distance franchissable : 1240km plafond opérationnel 7780m

Armement : deux mitrailleuses de 12.7mm dans le nez, une puis deux mitrailleuses de 7.62mm en position arrière, 1020kg de bombes.

Fairey Swordfish

Le HMS Ark Royal survolé par des Fairey Swordfish

Le HMS Ark Royal survolé par des Fairey Swordfish

Inventée à la fin du 19ème siècle, la torpille automobile était un engin redoutable mais fragile, nécessitant des précautions pour sa mise en œuvre notamment dans le domaine aérien où elle devait être lancée par des avions volant à basse altitude, basse vitesse et ayant une trajectoire parfaitement rectiligne ce qui augmentait considérablement leur vulnérabilité.
Un avion de type biplan était donc particulièrement adapté à ce type de lancement ce qui explique qu’à la différence de la chasse ou du bombardement en piqué, la configuration biplane à opposé une résistance opiniâtre au monoplan.

A l’origine du Swordfish se trouve le Fairey PV, un appareil conçu à la demande de la marine grecque qui effectua son premier vol le 21 mars 1933.

Au même moment le ministère de l’air lança un appel d’offres connu sous le nom de S.9/30 pour un avion triplace de reconnaissance destinés au réglage du tir des cuirassés et des croiseurs mais avec un moteur radial au lieu du moteur en ligne, le Fairey TSR 1 (Torpedo Spotter Reconnaissance 1) troquant son moteur Rolls Royce Kestrel pour un Bristol Pegasus IIM radial.

Le sigle TSR s’explique par l’évolution de l’appel d’offres des autorités britanniques qui demandèrent également un avion torpilleur biplace embarqué. Le Fairey TSR 1 effectua ainsi son premier vol en juillet 1933 mais il s’écrasa au sol en septembre 1933.

Les demandes de l’Amirauté ayant évolué, le programme fût rebaptisé S.15/33 auquel répondit le Blackburn Shark (qui fût commandé mais dépassé dès 1937 fût remplacé en totalité par le Fairey Sworfish) et le Gloster TSR 38 qui ne dépassa pas le stade du prototype.
Le TSR II effectua son premier vol le 17 avril 1934 et un an plus tard, le 23 avril 1935, le TSR II fût accepté par l’Air Ministry qui donna l’autorisation de le produire en série.
Cet appareil entra en service en juillet 1936, participant à la guerre de Pologne, équipant treize unités embarquées mais également trois unités dans une configuration hydravion, les Swordfish hydravions étant souvent embarqués sur les cuirassés et les croiseurs pour régler le tir de l’artillerie principale.
Il fût peu à peu remplacé par un dérivé plus moderne (moteur plus puissant, cockpit fermé, armement renforcé), le Fairey Albacore et ce partir de 1942, cet appareil étant lui même remplacé par le Barracuda sur les Fleet Carrier, seuls les porte-avions de classe Colossus disposant encore d’Albacore.
Quand aux Swordfish, ils étaient toujours utilisés pour l’entrainement et différentes taches de l’ombre, quelques appareils étant encore en service en septembre 1948.
Ce petit biplan à également été exporté aux Pays-Bas pour équiper l’unique porte-avions néerlandais et ces appareils sont toujours en service en septembre 1948 bien qu’en voie de remplacement par des des Albacore produits au Canada qui avait également choisit le Swordfish pour ses deux porte-avions légers type Colossus.
Caractéristiques Techniques du Fairey Swordfish

Type : avion de reconnaissance, de torpillage, de bombardement et de lutte ASM triplace

Masse : à vide 2132kg à pleine charge 3406kg

Dimensions : longueur 10.87m envergure 12.87m hauteur : 3.76m

Motorisation : Un moteur radial Bristol Pegasus XXX en étoile de 750ch

Performances : vitesse maximale au niveau de la mer : 222 km/h vitesse ascensionnelle initiale : 372 mètres par seconde plafond opérationnel : 5867m distance franchissable : 879km (1650km en convoyage)

Armement : Interne : une mitrailleuse Vickers de 7.7mm tirant vers l’avant et une mitrailleuse de 7.7mm Lewis ou Vickers K-Gun en poste arrière

Externe : une torpille de 457mm pesant 702kg sous le fuselage ou une mine de 700kg ou 8 roquettes de 60 livres. Les Swordfish embarquèrent également des charges de profondeur.

La torpille Mark XII pèse 702kg dont 104 de charge militaire pour une portée variant de 1370m à 40 noeuds à 3200m à 37 noeuds. La roquette RP3 pèse donc 60 livres (27kg) et une portée maximale de 1600m.

Fairey Albacore

Fairey Albacore à l'appontage

Fairey Albacore à l’appontage

Alors que le développement du Swordfish était encore en cours, le développement de son successeur était déjà sur les rails pour anticiper sur la rapide péremption d’un appareil à une époque où un avion en service était un avion quasi-périmé ou peu s’en faut.

Vous ne serrez donc pas étonnés que l’étude du successeur du Fairey Swordfish commença dès 1936 avec la spécification «S.41/36» pour un avion torpilleur. Contrairement aux américains, les britanniques restèrent fidèles au biplan jugé plus apte à lancer une arme aussi fragile que la torpille en raison de sa vitesse plus faible.

C’est sur la place à dessin que la proposition de Fairey fût acceptée par le ministère de l’Air qui commanda deux prototypes et 98 appareils de série d’un appareil baptisé Albacore le 12 décembre 1938.

Le premier prototype du Fairey Albacore effectua son premier vol le 12 décembre 1938 et la production de série commença l’année suivante en 1939.

Un développement aussi court s’explique par le fait que l’architecture générale de l’Albacore était semblable à son illustre prédécesseur soit un biplan triplace à train fixe mais qui adoptait un cockpit clos pour rendre les longues missions de reconnaissance et de lutte ASM moins pénibles pour l’équipage.

Il était également plus gros, plus puissant et plus rapide que le Stringbag. Autre différence avec le Swordfish, aucune version avec flotteurs ne vit le jour, les essais menés en 1940 ne s’étant pas révélés concluants.

Suite à la surcharge des usines Fairey et la fin prématurée du conflit, la mise en service de l’Albacore fût retardée et ce n’est qu’à partir du printemps 1942 qu’il commença à remplacer le Swordfish, remplacement achevé courant 1944.

L’Albacore ne profita pas longtemps de ce remplacement car dès 1946, après un développement particulièrement long, il commença à être remplacé sur Fleet Carrier par le Fairey Barracuda plus moderne.

Il resta néanmoins en service sur les porte-avions Colossus et Glory incapables de mettre en oeuvre le lourd Barracuda. Aussi les appareils retirés du service ne furent pas feraillés ou transformés en auxiliaires mais réutilisés par de nouveaux escadrons destinés aux porte-avions légers commandés dans le cadre du programme de guerre.

L’Albacore à aussi été produit sous licence au Canada qui en vendit une partie aux Pays-Bas pour remplacer ses Swordfish et à l’Australie qui après avoir reçut six exemplaires décida de le produire sous licence pour son HMAS Gallipoli (type Colossus) et pour ses unités de défense côtière/lutte anti-sous-marine. Un temps l’Australie voulut lui trouver un nom différent mais au final, les Albacore Aussie allaient être baptisés Albacore Mk V.

La carrière de l’Albacore était donc loin d’être terminée, une quatrième version baptisée Fairey Albacore Mk IV (les Mk I et III n’ont pas dépassé le stade du prototype, seul le Mk II à été produit en série) devant être produite, le futur Firebrand ne pouvant lui non plus être mis en oeuvre par les Colossus/Majestic.

Il était prévu néanmoins un remplaçant monoplan plus moderne, la configuration biplan n’étant pas éternelle. L’Albacore Mk IV étant la dernière version produite de cet appareil.

Caractéristiques Techniques du Fairey Albacore Mk II

Type : Bipan monomoteur de torpillage, de reconnaissance et de lutte ASM triplace

Masse : A vide 3295kg En charge 4755kg Maximale au décollage 5727kg

Dimensions : Longueur 12.14m Hauteur 4.62m Envergure 15.24m

Motorisation : un moteur Bristol Taurus II ou Taurus XII radial 14 cylindres de 1065 ou 1130ch

Performances : vitesse maximale 259 km/h vitesse de croisière 225 km/h distance franchissable avec torpille 1497km plafond opérationnel : 6310m

Armement : deux mitrailleuses fixes Vickers de 7.7mm tirant vers l’avant installée dans l’aile gauche pour l’une, dans l’aile droite pour la seconde et deux mitrailleuses Vickers K de 7.7mm en poste arrière. Une torpille de 457mm ou 907kg de bombes. Il pouvait également embarquer des roquettes et des charges de profondeur.

Fairey Barracuda

Fairey Barracuda "Ugly but effective"

Fairey Barracuda « Ugly but effective »

Comme nous l’avons vu à propos du Swordfish et de l’Albacore, la torpille aéroportée était un engin fragile qui imposait un lancement à basse vitesse et à basse altitude. Le biplan par sa surface allaire importante et une vitesse de décrochage plus faible qu’un monoplan était tout indiqué, bien plus en apparence qu’un monoplan.

Seulement voilà, l’avion torpilleur avait des prédateurs notamment le plus redoutable le chasseur ce qui imposait un armement important mais également une vitesse toujours plus importante et dans ce domaine le biplan était irrémédiablement condamné pour des raisons aérodynamiques.

Il fallait se résoudre à un avion torpilleur monoplan et pour se faire la Fleet Air Arm lança une demande d’équipement (Operational Requirement OR.35), demande à laquelle répondirent six candidats mais seuls Fairey et Supermarine furent sélectionnés.

Le premier prototype du futur Barracuda effectue son premier vol le 7 décembre 1940, le Supermarine type 223 décollant lui au printemps 1941. Ce n’est qu’en mars 1942 que le Fairey Barracuda fût sélectionné pour être développé avec la commande de quatre appareils de pré-série livrés.

Le développement fût long et difficile et l’appareil n’entra finalement en service qu’en janvier 1946 au sein du squadron 801 embarqué à bord du HMS Illustrious.

Sous-motorisées les versions Mk I et II furent produites en très petit nombre et la première véritable version du “Ugly One” fût le Mk III qui en septembre 1948 équipait vingt squadron soit cent-soixante appareils en première ligne auxquels s’ajoutait un nombre équivalent d’appareils dans le volant de fonctionnement.

La production du Barracuda aurait du ne pas reprendre mais en raison des retards du Firebrand censé le remplacer, le Fairey Barracuda est à nouveau produit dans une version Mk IV.

Caractéristiques Techniques du Fairey Barracuda Mk III

Type : avion torpilleur triplace embarqué

Masse : à vide 4250kg en charge 6000kg maximale au décollage 6409kg

Dimensions : longueur 12.12m envergure 14.99m hauteur 4.62m

Motorisation : un moteur en ligne Rolls-Royce Merlin 66 de 1800ch

Performances : vitesse mzximale 377 km/h à 533m vitesse de croisière 314 km/h à 1524m plafond opérationnel 5080m Distance franchissable 1104km avec une torpille de 736kg

Armement : quatre mitrailleuses Browning de 7.7mm dans les ailes, deux Vickers K de même calibre en poste arrière, une torpille de 732kg ou quatre charges de profondeur de 205kg ou dix bombes de 110kg (250 livres)

Blackburn Buccaneer

Le Blackburn Buccaneer n'est autre qu'une copie du SNCAO CAO-600 même si les britanniques prétendent toujours le contraire 70 ans après

Le Blackburn Buccaneer n’est autre qu’une copie du SNCAO CAO-600 même si les britanniques prétendent toujours le contraire 70 ans après

Comme chacun le sait la place est contrainte sur un porte-avions. Embarquer un bimoteur semble donc être une folie et les anglais durent se dire que les français n’étaient décidément pas comme eux quand ils lancèrent le programme A80 auxquels répondirent deux bimoteurs, le SNCAO CAO-600 et le Dewoitine D-750, le premier étant choisit et produit en série pour une mission prioritaire d’éclairage et secondairement de torpillage, de bombardement, de chasse lourde et de commandement de la chasse.

Ce choix s’étant révélé pertinant, la Fleet Air Arm étudia la possibilité d’un bimoteur de reconnaissance capable de répérer à longue distance l’ennemi pour permettre à l’Escadre d’anticiper.

Deux CAO-600 effectuent une campagne d’essais à bord du HMS Illustrious en janvier/février 1943 montrant que l’utilisation d’un bimoteur était possible à bord de porte-avions de la taille des Fleet Carrier.

Un programme est lancé à la fin 1943. Bristol, Blackburn, Armstrong Whitworth et Fairey proposèrent des concepts mais seul Blackburn avec son type 140 et Armstrong Whitworth avec son AW.120 furent autorisés à construire deux prototypes.

Le premier type 140 décolla pour la première fois le 14 juin 1945 suivit deux semaines plus tard par le premier AW.120.

Une fois n’est pas coutume, l’évaluation fût rapide. Les deux appareils étaient fort proches et c’est sur des points de détail que le type 140 fût sélectionné le 14 octobre 1945 et baptisé Buccaneer.

Sans réels défauts mis à part les inévitables maladies de jeunesse, le Bristol Buccaneer fût rapidement commandé en série soit cinquante six exemplaires pour équiper les squadrons 826 836 846 852 868 876 et 884. A ces appareils destinés aux unités s’ajoute 32 appareils pour le volant de fonctionnement.

L’appareil est un bimoteur à ailes basse propulsé par des moteurs en ligne Rolls-Royce Griffon avec une dérive unique.

La production de l’appareil se poursuit pour la FAA mais également le Coastal Command qui à sélectionné l’appareil pour remplacer une partie de ses Avro Anson, cette version ayant été baptisée Buccaneer Mk II en attendant la Mk III _version améliorée du Mark I destinée à la FAA_ et la Mk IV, une version d’attaque aéromaritime destinée au Coastal Command mais le commandement de la défense côtière préféra une nouvelle version du Bristol Beaufigther.

Caractéristiques Techniques du Blackburn Buccaneer Mk I

Type : bimoteur triplace embarqué d’observation, de bombardement et de torpillage

Poids : à vide : 2500kg pleine charge 4660kg

Dimensions : Envergure 16.40m Longueur 12.30m Hauteur : 4.40m

Motorisation : deux moteurs en ligne Rolls-Royce Griffon de 1500ch

Performances : vitesse maximale 400 km/h autonomie 1300km

Armement : une mitrailleuse Browning de 7.7mm dans le nez armée par un observateur, une mitrailleuse identique en poste arrière supérieur et en poste arrière inférieure télécommandée par le pilote. Une torpille de 533mm ou 700kg de charge militaire.

Equipage : un pilote, un observateur et un mitrailleur en poste arrière

Grande Bretagne (65) Fleet Air Arm (5)

Les avions en service au sein de la FAA (1) : les chasseurs

Avant-propos

Les premiers avions embarqués étaient des avions de reconnaissance et d’attaque mais de chasseurs il n’y en avaient point. A cela plusieurs raisons : menace de combat aérien faible et pour certaines cultures (notamment japonaise), le chasseur par son côte individuel trahissant la philosophie collectiviste en se comportant comme un égoïste.

A l’usage il fallut bien se résoudre à embarquer des chasseurs qui à l’occasion pouvaient devenir des chasseur-bombardiers ce qui permettait de maximiser l’espace limité du porte-avions.

Comme nous l’avons vu dans l’introduction, la FAA dépendait du ministère de l’Air pour l’équipement et n’était pas prioritaire par rapport au reste de la RAF qui ne pouvait guère prétendre disposer de chasseurs modernes et efficaces.

En septembre 1939, l’Air Branch of the Royal Navy dispose de trois modèles de chasseur, le Blackburn Roc, le Gloster Sea Gladiator et le Fairey Fulmar.

Ces deux appareils sont dépassés tant en terme de performances que de concept, le premier avec sa tourelle quadruple (identique à celle du Boulton-Paul Defiant) une véritable fausse bonne idée alors que le second était la version navalisée du dernier chasseur biplan britannique à une époque où un biplan manœuvrable était vu comme une alternative au monoplan.

Quand au troisième bien que propulsé par le même moteur que le duo Spitfire/Hurricane, ses performances étaient fort décevantes.

Fort heureusement pour les aviateurs marins britanniques, la guerre de Pologne s’acheva avant que les groupes aériens britanniques ne se lancent dans des acrobaties mortelles avec la Luftwafe équipée d’appareils plus modernes.

Alors que le conflit polonais se termine avant même d’avoir vraiment commencé, le renouvellement du matériel est en cours avec l’adaptation d’appareils terrestres (Hawker Hurricane Supermarine Spitfire) et l’acquisition de Grumman Martlet, appareils plus connus sous de Wildcat.

Les unités de chasse au nombre de trente-six étaient quasi-exclusivement équipées en septembre 1948 de Supermarine Seafire (Mk V et Mk VII), le Seafire étant la version navalisée du Spitfire, un excellent chasseur mais qui souffrait de deux défauts importants pour un appareil embarqué à savoir un train d’atterrisage étroit et une vitesse à l’appontage élevée. Trente-deux squadrons sont équipés de cet appareil, seuls les squadrons déployés sur les Colossus disposant de Martlet.

Une nouvelle version du Seafire est en production quand le conflit commence, la Mark IX mais cet appareil est un véritable avion de transition appelé à rapidement céder le pas au Hawker Sea Fury dont les performances n’ont rien à envier au Focke-Wulf Fw-195 ou au Bloch MB-159.

Le Sea Fury doit également remplacer les Martlet mais devant les besoins importants, il est possible que le Martlet soit remplacé par son successeur dans les rangs de l’US Navy à savoir le Hellcat.

Les autres chasseurs monoplans n’ont effectué qu’une courte carrière. Le Sea Hurricane n’à été dévellopé que pour combler le vide entre le retrait du duo Blackburn Roc/Gloster Sea Gladiator et l’arrivée des Seafire/Martlet alors que le Fairey Fulmar révéla des performances décevantes qui raccourcirent sa carrière à peu de choses.

Quand le second conflit mondial éclate outre le Hawker Sea Fury un autre chasseur est développement, le De Havilland Sea Hornet, version navalisée du Hornet, un chasseur bimoteur monoplace chargée de missions d’interception, de chasse libre à distance du porte-avions voir de missions de chasse-bombardement.

Blackburn Roc

Le chasseur biplace Blackburn Roc

Le chasseur biplace Blackburn Roc

Avec l’augmentation des performances des bombardiers, on chercha à augmenter la puissance de feu des chasseurs monomoteurs appelés à les intercepter. Germa l’idée d’un chasseur armé d’une tourelle, le pilote se concentrant sur le pilotage et le mitrailleur sur le mitraillage.

Sur le papier c’était parfait mais dans la pratique, même l’absence de combats réels, on s’aperçut des limites du concept notamment sur l’absence d’armement frontal et sur l’obligation du pilote de se positionner correctement pour faciliter le travail du mitrailleur.

Deux avions britanniques utilisèrent ce concept, le Boulton-Paul Defiant et le Blackburn Roc. Ce dernier est dérivé du bombardier en piqué Blackburn Skua et à pour origine officielle l’appel d’offres O.30/35 (Specification O. 30/35) qui demandait un chasseur embarqué à tourelle. Opposé à une version navalisée du Defiant, le Roc est choisit.

136 appareils sont commandés le 28 avril 1937 et la construction sous-traitée à la firme Boulton-Paul ce qui retarda la livraison des Defiant.

Le premier Roc effectue son vol inaugural le 23 décembre 1938 mais avant même ce premier vol, on envisage son abandon qui finalement n’à pas lieu, l’appareil étant en service comme convenu fin 1939 au sein des squadron 800 et 803.

A noter qu’un kit permettait si besoin est de le transformer en hydravion mais les tests révélant de graves problèmes de stabilité, le projet fût rapidement abandonné.

La carrière du Blackburn Roc fût extrêmement courte puisqu’il fût retiré du service en septembre 1941 remplacé au sein des squadrons de chasse par des Sea Hurricane et au sein des squadrons appelés à devenir des squadrons d’attaque par des Douglas Dauntless ou des Fairey Swordfish ou Albacore.

Les appareils survivants sont ferraillées pour les plus usés et pour ceux encore en état sont utilisés pour l’entrainement ou le remorquage de cible. Il n’existe plus qu’une poignée de Blackburn Roc en service en septembre 1948.

A noter que les tourelles quadruples ont été réutilisées non pas sur des bombardiers lourds comme on le prétend souvent mais à terre comme arme de défense antiaérienne rapprochée, les tourelles étant installées sur des socles en béton.

Caractéristiques Techniques du Blackburn Roc

Type : chasseur monomoteur biplace embarqué

Masse : à vide 2782kg en charge 3614kg

Dimensions : longueur 10,85m envergure 14.02m tirant d’eau 3.68m

Motorisation : un moteur radial Bristol Perseus XII de 890ch

Performances : vitesse maximale 359 km/h à 10000m vitesse de croisière 217 km/h plafond opérationnel 5500m distance franchissable 1304km

Armement : quatre mitrailleuses de 7.7mm (0.303) Browning regroupés dans une tourelle dorsale Boulton-Paul à commande hydraulique et jusqu’à huit bombes de 14kg.

Equipage : un pilote et un mitrailleur installé en tandem

Gloster Sea Gladiator

Gloster Sea Gladiator

Gloster Sea Gladiator

Bien qu’il y ait eut des chasseurs monoplans durant le premier conflit mondial, l’immense majorité des avions de chasse de ce conflit qui aurait du être la Der des ders étaient des biplans. Cette configuration resta longtemps privilégié même avec l’amélioration des moteurs et de l’aérodynamisme qui menaçait à terme la “supériorité” des biplans.

Pourtant au cour des années trente on estima qu’un biplan très maniable pouvait rendre la monnaie de sa pièce à un monoplan plus rapide. D’où le dévellopement de chasseurs biplans dans les années trente comme le Fiat CR.32, le Fiat CR.42 et le Gloster Gladiator, le dernier chasseur biplan de conception et de fabrication britannique.

A l’origine du Gloster SS.37 (le nom Gladiator est un nom officiel et non celui du constructeur) figure un appel d’offres (F.7/30) de 1930 demanda un chasseur biplan capable de filer à 400 km/h et armé de quatre mitrailleuses. La propulsion devait être assuré par un Rolls-Royce Goshawk mais ce moteur se révéla deffectueux et fût remplacé par un Bristol Mercury.

Le prototype du Gladiator effectua son premier vol le 12 septembre 1934 et après trois mois d’évaluation (avril-juillet 1935), l’appareil est commandé en série par la RAF puis par la Fleet Air Arm sans parler de pays étrangers (Chine, Finlande, Norvège, Belgique, Grèce,Egypte, Irak, Irlande,Lettonie,Lituanie, Afrique du Sud, Portugal et Suède, seuls les deux premiers l’employant au combat). Au final 747 appareils furent produits, 483 pour la RAF, 98 pour la FAA et 216 pour l’exportation.
En septembre 1939, seulement 54 appareils sont encore en service au sein de l’Air Branch of the Royal Navy, appareils qui vont peu à peu quitter le service, le dernier Sea Gladiator étant retiré du service actif en juin 1940. Aucun appareil n’est conservé pour un rôle auxiliaire mais aujourd’hui une bonne douzaine d’appareils dont quatre en état de vol ont été préservés.

Caractéristiques Techniques du Gloster Gladiator

Type : chasseur biplan monoplace

Masse : à vide 1155kg en charge 2205kg

Dimensions : longueur 8,38m envergure 9,85m hauteur 3,17m

Motorisation : un moteur radial Bristol Mercury VIIIA ou AS 9 cylindres dévellopant 850ch

Performances : vitesse maximale 414 km/h plafond opérationnel 11570m distance franchissable 714km

Armement : quatre mitrailleuses de 7.7mm (deux Vickers et deux Lewis puis quatre Browning)

Fairey Fulmar

Fairey Fulmar Mk I en vol

Fairey Fulmar Mk I en vol

Quand la Fleet Air Arm (FAA) réfléchit à ses futurs chasseurs, elle pensa moins au combat tournoyant contre des chasseurs qu’à la protection de la flotte avec des patrouilles de combat aérien (Combat Air Patrol CAP).

Les cibles étant davantage des avions-torpilleurs ou des avions de reconnaissance que des chasseurs ce qui permettait de sacrifier la maniabilité et la vitesse au profit de l’autonomie et de l’armement.

Devant voler au dessus de l’eau sans aucun point de repère, il fallait prévoir un puissant équipement de radio-navigation imposant la présence d’un radio-navigateur.

Quand fût lancé le projet Fulmar, la FAA était encore sous l’autorité de la Royal Air Force et dépendait du ministère de l’Air pour son équipement. A l’époque le Fairey Battle était le bombardier léger standard mais cet appareil déjà obsolète devait être remplacé par un nouvel appareil pour lequel son concepteur proposait le Fairey P.4/34.

Si la firme Gloster abandonna en cours de route, Fairey alla au bout tout comme Hawker avec son Henley un appareil dérivé du Hurricane qui ne fût finalement utilisé que comme remorqueur de cible.

Le P.4/34 construit uniquement sous licence par le Danemark ne fût jamais utilisé par la RAF mais il fût transformé en chasseur biplace donnant naissance au Fairey Fulmar (SpecificationO.8/38) qui effectua son premier vol le 13 janvier 1937.

Dès sa mise en service au second semestre 1938 cet appareil se révéla dépendre d’un concept dépassé, l’installation d’un système de radionavigation sur les porte-avions éliminant le besoin d’un équipement embarqué et donc d’un radio-navigateur.
Faute de chasseurs modernes disponibles, le Fulmar fût mis en service sur les porte-avions de la FAA et aurait joué un rôle capital si la guerre de Pologne s’était prolongé au delà de trois mois.

L’arrivée des Martlet puis des Sea Hurricane sonna le glas de la courte carrière du Fulmar qui fût retiré du service comme chasseur en septembre 1942.

Il connu une nouvelle carrière comme avion de reconnaissance ou plus précisément comme avion d’entrainement pour former les équipages des Buccaneer.

En septembre 1948, 150 appareils étaient encore utilisés pour des missions de liaison, de remorquage de cibles ou utiliser par des unités de réserve.

Le projet d’une version améliorée baptisée Fairey Firefly ne dépassa pas le stade des prototypes et si il y eu bien un Firefly II ce fût un appareil bien différent1

Caracteristiques Techniques du Fairey Fulmar

Type : chasseur biplace monomoteur embarqué

Masse : à vide 3182kg en charge 4387kg maximale au décollage 467kg

Dimensions : envergure 14.13m longueur 12.25m hauteur 4.27m

Motorisation : un moteur en ligne Rolls Royce Merlin XXX de 1260ch

Performances : vitesse maximale 438km/h Plafond opérationnel 8300m Distance franchissable 1255km

Armement : huit mitrailleuses de 7.7mm dans les ailes et parfois une mitrailleuse de même calibre en poste arrière deux bombes de 45kg ou une de 110kg.

Hawker Sea Hurricane

Hawker Sea Hurricane à l'appontage

Hawker Sea Hurricane à l’appontage

Dans les années trente, l’aviation évolue encore très vite. Il faut comme pour les échecs prévoir le coup d’après en étudiant l’appareil destiné à remplacer l’appareil sur le point d’être mis en service qui était souvent en voie de péremption.

Alors que le prototype du Gloster Gladiator n’avait pas encoré décollé, un nouvel appel d’ofres fût lancé pour un chasseur monoplan. La firme Hawker proposa un monoplan dessiné par Sydney Camm propulsé par un moteur Rolls-Royce Merlin.

C’est l’acte de naissance du Hawker Hurricanne dont le prototype décolle pour la première fois le 6 novembre 1935, quatre mois après le premier vol du Bf109 et quatre mois avant le Supermarine Spitfire. Le premier appareil effectue son premier vol le 12 octobre 1937 et les appareils de série sont livrés à partir de décembre 1937.

En septembre 1939, 497 appareils sont en service, leur nombre qui devait rapidement augmenter va être plus faible que prévu en raison de la fin du conflit. Plusieurs versions furent mises au point, le Hurricane devenant peu à peu un chasseur-bombardier qui était encore en service en septembre 1948, les seules unités de chasse équipées de Hurricane étant déployées en Méditerranée et en outre-mer, les vingt-huit squadron de chasse déployés en métropole étant tous équipés de Spitfire.

Le Hawker Hurricane à ainsi équipé l’Australie, la Belgique, le Canada, l’Egypte, la Finlande (durant la guerre d’Hiver), la Grèce, l’Inde britannique, l’Iran, l’Irlande, la Nouvelle-Zélande, la Norvège, le Portugal, la Roumanie, l’Afrique du Sud, la Turquie et la Yougoslavie.

Pour équiper la FAA d’un chasseur de transition en attendant la livraison des Martlet et la mise au point des Seafire, on décide de navaliser le Hurricane. 240 exemplaires du Sea Hurricane Mk I sont produits, les premiers appareils étant mis en service à l’été 1940.

Ces appareils furent déclinés en sous-variantes (A,B,C et D) qui se différençiait par un armement, les MkIA disposant de huit mitrailleuses, les Mk IB de deux canons de 20mm et de quatre mitrailleuses de 7.7mm, les Mk IC et D disposant de quatre canons de 20mm.
Ces appareils restèrent en service jusqu’au printemps 1944 date à laquelle les Seafire les remplacèrent définitivement. Peu d’appareils furent conservés pour des taches secondaires comme l’écolage ou le remorquage de cibles.

Caracteristiques Techniques du Hawker Sea Hurricane Mk IIC

Monoplace de chasse-bombardement embarqué

Masse à vide : 2617kg Masse maximale au décollage : 3511kg

Longueur : 9.83m Hauteur : 4m Envergure : 12.20m

Motorisation : un moteur en ligne Rolls Royce Merlin XX 12 cylindres en V de 1280ch

Performances : vitesse maximale à 5944m : 505 km/h plafond pratique 10516m distance franchissable 1207km

Armement : 4 canons de 20mm Hispano Suiza

Supermarine Seafire

Supermarine Seafire à bord du HMS Formidable

Supermarine Seafire à bord du HMS Formidable

En septembre 1939, la flotte de chasse de la FAA n’à pas vraiment fière allure avec deux modèles dépassés (Blackburn Roc et Gloster Sea Gladiator) et un modèle aux performances décevantes (Fairey Fulmar).

Il fallait développer un chasseur performant, bien armé et maniable pour remplacer les deux premiers modèles cités et dôter l’aéronavale britannique d’un chasseur digne de ce nom.

Problème l’industrie aéronautique britannique avait déjà fort à faire avec l’équipement de la Royal Air Force. S’adressant à l’étranger, elle passa comme la France commande de F4F appelés Martlet (voir ci-après) et étudia la transformation des Hurricane et des Spitfire en chasseurs embarqués.

Si le premier n’était dès l’origine qu’un appareil de transition pour préparer l’arrivée du Martlet et de la version navalisée du Spitfire, le second à été dès l’origine vu comme le chasseur standard de la FAA.
La firme Supermarine et son ingénieur en chef Reginald Mitchell avait du digérer le cuissant échec du Supermarine type 224, un appareil qui perdit face au Gloster Gladiator avant de répondre à un nouvel appel d’offres du Ministère de l’Air, proposant le Supermarine type 300 qui effectua son premier vol le 5 mars 1936. Descendant de l’avion, le chef pilote de Vickers-Aviation dit “Ne touchez à rien”.

La première commande de série du Spitfire fût passée en juin 1936 mais les premiers appareils de série ne furent livrés qu’en août 1938 en raison de la surcharge des usines Supermarine et de difficultés industrielles, la construction d’un appareil tout en métal n’étant pas aussi simple que la technique bois/toile encore utilisé par le Hurricane.

Dès 1938, alors que les premiers Spitfire commençaient à sortir d’usine, la firme proposa une version navalisée que l’Amirauté déclinant, préférant se concentrer sur le Fairey Fulmar.

Le chasseur biplace à long rayon d’action s’étant révéler décevant, la marine britannique décida de relancer le projet d’une version embarquée du Spitfire. Le projet ne fût officiellement lancé qu’en juin 1941, deux Spitfire Mk V furent modifiés en version navale et baptisés Seafire MkV, effectuant une campagne d’essais sur le HMS Illustrious qui révélèrent un certain nombre de défauts.

Cette campagne d’essais et d’évaluation mis à jour les tares d’un appareil qui n’avait pas été conçu à l’origine pour être utilisé sur un porte-avions : visibilité vers l’avant médiocre, avion ayant tendance à «sauter» au moment de l’appontage et train d’atterrissage étroit et trop fragile sans parler d’une vitesse trop élevée à l’appontage ce qui rendait son utilisation sur de petits et lents porte-avions hasardeuse.

Il se révéla cependant un excellent intercepteur pour couvrir la flotte mais son faible rayon d’action pouvait se revéler handicapant pour des opérations au dessus de vastes océans comme le Pacifique.

N’ayant pas les moyens de développer un appareil conçu dès l’origine pour être embarqué, la Fleet Air Arm accepta ses défauts qui furent communs à son potentiel adversaire, le Me-109T.

Les premiers appareils de série ne furent livrés qu’à partir de septembre 1942 mais permirent à la fois le rééquipement des unités existantes et l’équipement des nouveaux squadron mis sur pied pour équiper en chasseurs modernes des porte-avions qui ne l’était pas moins.

Sur les trente-six squadron de chasse de la Fleet Air Arm en septembre 1948, trente-deux soit un total de 256 appareils étaient équipés de Seafire répartis en deux versions, le Seafire Mk V _première version de série_ équipant quatorze squadron alors que le Seafire Mk VII (le Mk VI était une version de reconnaissance photo non produite en série) équipait pas moins de dix-huit squadron.

Aux 256 appareils en ligne s’ajoutaient 188 appareils de réserve répartis entre la métropole (80 appareils), la Méditerranée (44 appareils) et l’Extrême-Orient (64 appareils).

En attendant la disponibilité du Sea Fury (la production n’à été lancée qu’en juin 1948), de nouvelles commandes de Seafire ont été passées, un Seafire Mk VIII produit à 24 exemplaires suivit d’un Mk IX commandé à 180 exemplaires.

A noter que le Seafire Mk V fût évalué par la marine néerlandaise (Koninklijke Marine) pour un chasseur destiné à son porte-avions Guillaume d’Orange mais comme le Bloch MB-720, il dût céder devant le Grumman Hellcat F6F-3.

Caractéristiques Techniques du Supermarine Seafire Mk V

Type : Monoplace monoplan de chasse embarquée

Masse à vide : 2449kg à pleine charge au décollage : 3175kg

Longueur : 9.12m Envergure : 11.23m Hauteur : 3.48m

Moteur : Rolls Royce Merlin 45, 50 ou 55 à 12 cylindres en V dévellopant une puissance totale de 1470ch

Vitesse maximale à 3734m : 566 km/h Plafons opérationnel : 10302m Distance franchissable : 748km

Armement : Deux canons de 20mm et 4 mitrailleuses de 7.7mm. Peut également emporter une bombe de 227kg sous le fuselage ou deux de 113kg sous les ailes

Grumman Martlet

Grumman Martlet Mk I

Grumman Martlet Mk I

La firme Grumman voit le jour en 1929 et dès 1933 l’US Navy met en service le premier chasseur de la firme de Bethpage, le Grumman FF. S’en suivit plusieurs modèles de chasseurs biplans avec un fuselage en tonneau qui leur donnait un aspect reconnaissable entre tous.

A cette époque l’aviation évolue très vite et la carrière des appareils ne dure rarement plus que trois à cinq ans, il faut donc à chaque fois prévoir le coup d’après pour éviter que les unités opérationnelles ne reçoivent un appareil périmé.

En 1935, la marine américaine souhaite renouveler son parc de chasseurs. Plusieurs constructeurs proposent leurs produits qu’il s’agisse de la firme Seversky qui propose une version navalisée de son P35 (l’ancètre du P47), Curtiss propose une version navalisée du P36 (connu en France sous le nom de H75 Hawk), Brewster propose son XF2A-1 et Grumman son XF4F-1.

Les trois premiers sont des monoplans mais le prototype de Grumman est un biplan ce qui peut sembler un anachronisme à une époque où le monoplan s’impose. Il faut cependant se rappeler que le XF4F-1 est contemporain du Gloster Gladiator (en service en 1937 mais premier vol en 1934) et du Fiat CR-32 (premier vol en 1933).

Ce choix du biplan peut s’expliquer par les conditions particulières d’appontage et de catapultage sur un porte-avions. Un biplan à la surface allaire plus importante à une vitesse d’approche plus faible ce qui facilite la tache du pilote.

Le XF4F-1 (désignation constructeur Grumman G-16) effectue son premier vol le 2 septembre 1937. C’est une version réduite du F3F mais dôté d’un moteur plus puissant ce qui permet meilleures performances en vol.

Son principal challenger est le Brewster XF2A-1, un monoplan d’une configuration plus moderne et qui semble avoir la préférence de la Navy.

Cette dernière qui doute de la capacité de la firme Brewster à produire en masse son prototype demande à Grumman une version monoplan de son prototype pour se couvrir en cas d’échec du prototype Brewster qui vole pour la première fois le 2 décembre 1937.

le XF4F-2 bientôt modifié en XF4F-3 effectue son premier vol le 12 février 1939 et 78 appareils sont commandés en août 1939. Le premier appareil de serie vole en février 1940. Les commandes à l’export ne tardent pas puisque la France passe commande de 81 Grumman G36A, une version adaptée du F4F-3 qui effectue son premier vol le 11 mai 1940.

La Grande-Bretagne va suivre peu après commandant 100 appareils, ces commandes à l’export précédant la commande de l’US Navy qui n’accepta l’appareil qu’en février 1941, les premiers appareils étant mis en service à la fin de l’année

Si les Wildcat français ne servirent jamais sur porte-avions, les Martlet (désignation britannique du Wildcat) allaient équiper plusieurs squadrons de la Fleet Air Arm, les appareils étant livrés entre septembre 1940 et janvier 1942 pour équiper à son apogée douze squadrons soit soixante-douze appareils, les autres avions étant stockés, des commandes complémentaires étant passées pour sécuriser le stock.

Au final ce sont 100 Martlet Mk I, 48 Martlet Mk II et 54 Martlet Mk III qui furent livrés à la Fleet Air Arm soit un total de 202 avions mais en septembre 1948 seuls vingt-quatre Martlet Mk III étaient encore en service, équipant les squadrons 886 et 888 (14th CAG HMS Glory) 890 et 892 (12th CAG HMS Colossus).

Ces appareils doivent à terme être remplacés par des Sea Fury mais le choix du Hellcat ne serait pas saugrenu, les tests menés par des pilotes britanniques détachés au titre de la coopération auprès de l’US Navy ayant montré que le passage du F4F au F6F n’était pas très compliqué.

Caracteristiques Techniques du Grumman F4F-3 (Martlet MkI)

Type :Monoplace de chasse monoplan à moteur radial

Masse à pleine charge 3200 kg

Longueur : 8.76m envergure : 11.58m hauteur : 3.60m

Moteur : un Pratt & Whitney R-1830-76 radial à deux étages dévellopant 1200ch

Performances : Vitesse maximale : 531 km/h distance franchissable : 1360km plafond opérationnel : 12000m

Armement : 4 mitrailleuses de 12.7mm Browning M2 armés de 450 cartouches chacune soit un total de 1800 coups. Deux bombes de 45kg ou deux réservoirs de 220 l sous les ailes

Grande-Bretagne (64) Fleet Air Arm (4)

Tactiques et stratégie

Considérations générales

Quand le second conflit mondial, la Royal Navy dispose de treize porte-avions, onze porte-avions d’escadre et deux porte-avions légers.

La répartition de ces navires aux capacités encore imparfaitement reconnues trahit les priorités de la Royal Navy.

Avec six porte-avions (trois Illustrious et trois Malta soit théoriquement 348 appareils), la Home Fleet dispose du plus grand nombre de ponts plats.

Cette situation s’explique à la fois par son statut métropolitain qui en fait la flotte la plus prestigieuse (ce qui ne fût pas toujours le cas, la Mediterranean Fleet lui disputant longtemps ce statut) mais également par la puissance nouvelle de la Kriegsmarine et de ces quatre porte-avions (deux porte-avions d’escadre et deux porte-avions légers).

En cas de nouvelle bataille du Jutland, les Illustrious et les Malta disputeront au Graf Zeppelin et aux trois autres porte-avions allemands la suprématie aérienne

En cas de nouvelle bataille du Jutland, les Illustrious et les Malta disputeront au Graf Zeppelin et aux trois autres porte-avions allemands la suprématie aérienne

Souhaitant ou redoutant une nouvelle bataille du Jutland, les amiraux britanniques avaient intégré la présence des porte-avions dans leur stratégie générale pour couvrir la flotte et ralentir la ligne de bataille allemande, les escadres brito-françaises et allemandes étant composées de cuirassés rapides.

La Mediterranean Fleet ne dispose que de trois porte-avions paradoxalement plus que la France qui est la nation dominante de la Mare Nostrum. Ces trois porte-avions ont des rôles différents en fonction de leur stationnement.

Le HMS Ark Royal premier porte-avions moderne (ou digne de ce nom) de la Royal Navy stationné à Malte à pour mission de couvrir l’ile forteresse contre les bombardements italiens et plus généralement de participer à la couverture des convois passant par le détroit de Sicile qu’il s’agisse des convois ravitaillant le Moyen-Orient (Egypte, Chypre, Levant) ou l’Extrême-Orient, le passage par la Méditerranée leur évitant l’éreintant passage par le Cap de Bonne Espérance.

Les HMS Indomitable et Furious stationnés à Alexandrie ont un rôle plus lié au corps de bataille de la Mediterranean Fleet (1st Battle Squadron) composé de trois divisions de cuirassés, la 6th Battleship Division avec les vénérables cuirassés Nelson et Rodney, la 7th Battleship Division qui met en oeuvre les modernes Prince of Wales et Duke of York alors que la 8th Battleship Division dispose des Barham et Valiant.

Ils doivent assurer la couverture aérienne, l’éclairage de la flotte et comme leurs homologues de la Home Fleet doivent ralentir la ligne de bataille italienne qui pourrait également être attaquée par les deux porte-avions français, le Joffre basé à Toulon et le Commandant Teste à Mers-El-Kébir.

Ils pourraient également être engagés dans la couverture de convois, d’opérations de bombardement sur les côtes libyennes ou du Dodécanèse voir le transport d’avions en direction de Malte.

Le stationnement de deux porte-avions à Singapour au sein de la British Eastern Fleet nous parait être aujourd’hui une évidence mais à l’époque ce fût l’occasion de vifs débats.

Si l’envoi des vétérans Queen Elizabeth Warspite Malaya était acquise, l’envoi de deux porte-avions pour en assurer éclairage, appui et protection fût l’objet de débats, certains ne voyant pas l’utilité de disperser la flotte de ponts plats.

Ces deux porte-avions doivent appuyer les cuirassés, en assurer l’éclairage en liaison avec les hydravions des cuirassés et des croiseurs, l’appui avec les bombardiers en piqué et les avions torpilleurs et la couverture avec leurs chasseurs Seafire.

La construction de porte-avions d’escadre prennant du temps, émergea comme on l’à vu l’idée de porte-avions économiques, quasi-consommables pouvant être construits par des chantiers habitués à construires cargos et pétroliers.

Après la commande de deux porte-avions par la France, la Royal Navy sauta également le pas en passant commande des Colossus et Glory.

Ces deux navires furent déployés respectivement à Freetown et Aden étaient chargés en temps de guerre de couvrir les convois passant dans leurs zones de responsabilité, le premier couvrant les convois Liverpool-Freetown-Le Cap (avec des branches vers Casablanca et Dakar) alors que le second couvrait l’Océan Indien et le passage en Méditerranée des convois venus d’Océanie et d’Extrême-Orient et inversement, convois transportant des marchandises, du pétrole mais également des troupes venues d’Australie et de Nouvelle-Zélande.

La menace était ici le sous-marin mais également le raider soit un croiseur auxiliaire ou un véritable navire de guerre, le porte-avions guidant sur sa cible les croiseurs voir les cuirassés qui pourraient être engagés dans cette mission.

Tactiques

Bien qu’ayant inventé le porte-avions, la Royal Navy ne se montra guère inventive dans le domaine tactique la faute à un sous-investissement lié à un manque d’intérêt, un manque de débouchés pour les brillants officiers et un manque de croyance dans ce navire.

Grâce à un investissement nettement plus important dans la période 1939/48 (six porte-avions en service en septembre 1939 dont certains dépassés et obsolètes, treize ponts plats opérationnels en septembre 1948), la Royal Navy pu prendre en compte le facteur porte-avions dans sa stratégie.

Sur le plan tactique, impossible d’imaginer le porte-avions au coeur de la stratégie navale comme de nos jours. L’Aircraft Carrier est un auxiliaire destiné à appuyer les cuirassés véritables capital ship.

Le porte-avions est en premier lieu une plate-forme de reconnaissance. Pas étonnant que le premier porte-avions britannique à pont continu fût baptisé Argus, le gardien aux 100 yeux de la mythologie grecque (c’est aussi un rappel de la bataille du Jutland dont les résultats mitigés étaient en partie lié à un manque de renseignement sur la flotte allemande).

Pourtant à la différence des américains qui développèrent le concept de Scout Bomber (à la fois bombardier en piqué et avion de reconnaissance ce qui permettait de mener des attaques d’opportunité), les britanniques tardèrent à disposer d’un avion de reconnaissance.

Oh certes il y avait bien les Fairey Swordfish et Albacore officiellement TSR (Torpedo Scout Reconnaissance) mais ils étaient bien davantage des avions torpilleurs que des éclaireurs.

Ce manque fût compensé par la présence de bombardiers en piqué Doublas SBD Dauntless et comblé par la mise en service sur certains porte-avions de Blackburn Buccaneer, des bimoteurs de reconnaissance inspirés des CAO-600 français.

Une fois la flotte ennemie repérée, il faut la ralentir pour permettre aux cuirassés amis de la rattraper et de la détruire.

Là encore, la Fleet Air Arm fait preuve de classicisme avec l’emploi de bombardiers en piqué pour amoindrir les défenses et d’avions-torpilleurs qui doivent porter le coup de grace, l’estocade avant que n’entre en jeu les canons des cuirassés.

L’avion étant vu comme une menace, il faut aussi couvrir la flotte et protéger les avions d’attaque, les chasseurs sont très présents sur les ponts des porte-avions. Certes, on pense qu’une escadre disposant d’une solide DCA peut tenir dans des eaux où l’ennemi à acquis le contrôle des cieux (ce que la campagne de Norvège se chargera de démentir) mais la présence d’un porte-avions est un plus indéniable.

Grumman Martlet Mk I

Grumman Martlet Mk I

Outre l’escorte des avions d’attaque ainsi que la riposte à un raid ennemi, les chasseurs embarqués sur les porte-avions britanniques (Grumman Martlet mais surtout Supermarine Seafire) effectuent des Combat Air Patrol (CAP), des patrouilles ou des patrouilles doubles (deux ou quatre avions) qui surveillent un secteur précis pour anticiper une attaque ennemie ou abattre des éclaireurs.

Grande Bretagne (63) Fleet Air Arm (3)

Mediterranean Command

Le Commandement Méditerranéen de la Fleet Air Arm (FAA-MC) est un groupe important de l’aéronavale britannique avec pas moins de trois groupes aériens embarqués, deux groupements d’hydraviation et des unités de soutien/servitude.

2nd Carrier Air Group (2nd CAG)

HMS Ark Royal en 1939

HMS Ark Royal en 1939

Ce groupe aérien stationné à Malte est celui embarqué sur le HMS Ark Royal, un véritable prototype des porte-avions blindés type Illustrious/Indefatigable. Il se compose des squadron suivants :

-Squadron 848 : huit Supermarine Seafire Mk V

-Squadron 849 : huit Fairey Barracuda Mk III

-Squadron 850 : huit Supermarine Seafire Mk V

-Squadron 851 : huit Fairey Barracuda Mk III

-Squadron 852 : quatre Blackburn Buccaneer

-Squadron 853 : six Douglas Dauntless Mk I

Soit un total de quarante-deux appareils.

4th Carrier Air Group (4th CAG)

Ce groupe aérien stationné à Alexandrie quand il n’est pas embarqué est rattaché au porte-avions HMS Indomitable, un porte-avions de classe Illustrious, le seul qui n’est pas déployé au sein de la Home Fleet.

-Squadron 854 : huit Supermarine Seafire Mk V

-Squadron 855 : huit Fairey Barracuda Mk III

-Squadron 856 : huit Supermarine Seafire Mk V

-Squadron 857 : huit Fairey Barracuda Mk III

-Squadron 858 : squadron fantôme destiné à prendre sous son aile des avions de reconnaissance venant en renfort

-Squadron 859 : six Douglas Dauntless Mk I

-Squadron 861 : six Douglas Dauntless Mk I

6th Carrier Air Group (6th CAG)

Ce troisième groupe aérien de la Mediterranean Fleet est embarqué sur le HMS Furious ou basé à Alexandrie quand le porte-avions est stationné dans sa base égyptienne.

-Squadron 860 : huit Supermarine Seafire Mk VII

-Squadron 862 : huit Supermarine Seafire Mk VII

-Squadron 863 : huit Fairey Barracuda Mk III

-Squadron 864 : huit Supermarine Seafire Mk VII

-Squadron 865 : huit Fairey Barracuda Mk III

-Squadron 866 : huit Supermarine Seafire Mk VII

-Squadron 867 : huit Douglas Dauntless Mk I

-Squadron 868 : huit Blackburn Buccaneer

-Squadron 869 : huit Douglas Dauntless Mk I

2nd Seaplane Group (Malta Seaplane Group)

Le croiseur léger HMS Arethusa avec sur catapulte un Fairey IIIF

Le croiseur léger HMS Arethusa avec sur catapulte un Fairey IIIF

Ce Deuxième Groupe d’hydravions appelé également squadron 708 regroupe les hydravions des croiseurs légers stationnés à Malte en l’occurrence trois des quatre croiseurs légers de classe Arethusa (l’Aurora ne disposa jamais de catapulte) soit six hydravions Supermarine Walrus.

4th Seaplane Group (Alexandria Seaplane Group)

Ce quatrième groupe d’hydravions regroupe les hydravions des cuirassés et des croiseurs déployés depuis Alexandrie.

Le squadron 709 regroupe les six hydravions destinés aux deux cuirassés de classe Queen Elisabeth (Barham Valiant), le squadron 710 regroupe les huit hydravions destinés aux deux cuirassés de classe King George V (Prince of Wales Duke of York)

Le squadron 711 regroupe les hydravions des croiseurs lourds (six appareils) et le squadron 712 regroupe les hydravions des croiseurs légers (quatre appareils).

Unités de servitude

Douglas C-47 de l'USAAC

Douglas C-47 de l’USAAC (Douglas DC-3 pour son constructeur)

-Squadron 902 : unité de servitude équipée d’avions de liaison et de transport stationnée à Malte avec quatre Lockheed Hudson de liaison, quatre Douglas DC-3 et quatre SNCAO SO-30P de transport

Supermarine Stranraer

Supermarine Stranraer

-Squadron 904 : unité de servitude équipée d’hydravions de transport et d’EVASAN stationnée à Alexandrie avec huit Supermarine Stranraer ex-RAF

-Squadron 906 : unité de servitude équipée d’avions de liaison et de transport stationnée à Alexandrie équipée de quatre Lockheed Hudson de liaison, deux Vickers VC.1 Viking et six Vickers Valetta

-Squadron 908 : unité de servitude équipée d’hydravions de servitude stationnée à Malte avec huit Supermarine Stranaer ex-RAF

Far East Command

Par ordre d’importance, le Fleet Air Arm Far East Command (FAA-FEC) est le troisième plus important commandement de l’Aéronavale britannique puisqu’il dispose de deux porte-avions avec leurs groupes aériens, de l’hydraviation nécessaire pour les cuirassés et les croiseurs déployés sans oublier les avions et hydravions de servitude.

8th Carrier Air Group (8th CAG)

Le HMS Implacable à la mer

Le HMS Implacable à la mer

Ce groupe aérien composé de quarante-huit appareils est embarqué en temps normal sur le HMS Implacable, l’un des deux porte-avions de la British Eastern Fleet .

-Squadron 870 : huit Supermarine Seafire Mk V

-Squadron 871 : huit Fairey Barracuda

-Squadron 872 : huit Supermarine Seafire Mk V

-Squadron 873 : six Douglas Dauntless Mk I

-Squadron 874 : huit Supermarine Seafire Mk V

-Squadron 875 : six Douglas Dauntless Mk I

-Squadron 876 : quatre Blackburn Buccaneer

10th Carrier Air Group (10th CAG)

Ce groupe aérien est le jumeau du précédent et embarque sur le HMS Indefatigable, le deuxième porte-avions de la British Pacific Fleet.

-Squadron 878 : huit Supermarine Seafire Mk V

-Squadron 877 : huit Fairey Barracuda

-Squadron 880 : huit Supermarine Seafire Mk V

-Squadron 879 : six Douglas Dauntless Mk I

-Squadron 882 : huit Supermarine Seafire Mk V

-Squadron 881 : six Douglas Dauntless Mk I

-Squadron 884 : quatre Blackburn Buccaneer

Groupement d’hydraviation (5th Seaplane Group)

Supermarine Walrus hissé à bord du HMS Warspite

Supermarine Walrus hissé à bord du HMS Warspite

Squadron 713 : neuf hydravions Supermarine Walrus destinés aux cuirassés Queen Elisabeth Warspite Malaya stationnés à Singapour

Squadron 714 : sept hydravions Supermarine Walrus pour les croiseurs stationnés à Hong Kong

-Squadron 715 : six hydravions Supermarine Walrus pour les trois croiseurs lourds stationnés à Alor Setar

Unités de servitude

-Squadron 909 : unité d’entrainement stationnée à Alor Setar

-Squadron 910 : unité d’entrainement avec quatre hydravions Saro Lerwick et quatre Supermarine Stranaer stationné à Kuching (Bornéo)

-Squadron 911 : unité de transport et de liaison stationnée à Singapour avec quatre Lockheed Hudson et huit Vickers Valetta

-Squadron 912 : unité d’hydravions de servitude déployée à Singapour avec quatre Douglas DC-3 et six Vickers VC.1 Viking

India Command

Le Commandement “Indes” de la Fleet Air Arm n’est créée qu’en mars 1948 pour soulager le Far East Command et anticiper sur le déploiement de porte-avions dans la région en plus du Glory, l’un des deux Colossus de la Royal Navy.

14th Carrier Air Group (14th CAG)

Embarqué sur le deuxième porte-avions léger de classe Colossus, le HMS Glory ce groupe aérien était basé à terre à Aden. Il dispose des unités suivantes :

Fairey Albacore à l'appontage

Fairey Albacore à l’appontage

-Squadron 883 : six Fairey Albacore (torpillage et lutte anti-sous-marine)

-Squadron 885 : quatre Douglas Dauntless Mk I (bombardement en piqué/reconnaissance)

-Squadron 886 : six Grumman Martlet Mk III

-Squadron 888 : six Grumman Martlet Mk III

6th Seaplane Group (groupement d’hydravions)

Appelé également Squadron 716, il regroupe les quatre Supermarine Walrus des croiseurs Fiji et Jamaica quand ces derniers sont à quai. Deux autres appareils arrivent avant le début du conflit comme réserve de fonctionnement.

Unités de soutien et de servitude

Lockheed Hudson de la Royal Canadian Air Force (RCAF)

Lockheed Hudson de la Royal Canadian Air Force (RCAF)

Squadron 913 : unité équipée d’avions de transport et de liaison avec deux Lockheed Hudson et quatre Vickers Valetta

Squadron 914 : unité équipée d’hydravions de liaison avec quatre Supermarine Walrus

West Indies Command

Ce commandement qui couvre les Antilles (Indes Occidentales) est lui aussi une création du printemps 1948 pour anticiper sur le déploiement d’un ou plusieurs porte-avions pour couvrir cette région cruciale pour l’effort de guerre allié à la fois en raison du pétrole qui y extrait mais également en raison de la présence du canal de Panama (bien que ce dernier soit sous souveraineté américaine).

Il ne dispose pas de groupes aériens mais dispose du 7th Seaplane Group/squadron 717 qui dispose des hydravions des croiseurs lourds York Shropshire et Berwick soit six Supermarine Walrus auxquels s’ajoute le squadron 915 équipée d’avions de liaison et de transport (deux Lockheed Hudson et deux Douglas DC-3) ainsi que du squadron 918 équipé d’hydravions de servitude (quatre Supermarine Walrus).

South Atlantic Command

Ce commandement créé en février 1948 à comme fleuron le porte-avions léger HMS Colossus chargé avec son 12th Carrier Air Group (12th CAG) et le 8th Seaplane Group, un groupe d’hydravions qui peut être embarqué sur des croiseurs de passage.

12th Carrier Air Group (12th CAG)

-Squadron 887 : six Fairey Albacore (torpillage et lutte anti-sous-marine)

-Squadron 889 : quatre Douglas Dauntless (bombardement en piqué/reconnaissance)

-Squadron 890 : six Grumman Martlet Mk III

-Squadron 892 : six Grumman Martlet Mk III

8th Seaplane Group

Appelé également le squadron 718, il dispose de huit Supermarine Walrus de reconnaissance et de surveillance maritime

Unités de soutien et de servitude

Squadron 917 équipé d’avions de liaison et de servitude avec deux Lockheed Hudson et quatre SNCAO SO-30P

Squadron 918 équipé d’hydravions de servitude avec quatre Saro London