Après réorganisation et rééquipement des unités avec des armes plus modernes et plus puissantes (on tente de compenser le manque de troupes par une puissance de feu accrue ce qui n’est pas toujours une bonne idée), les alliés repassent au combat à la mi-septembre pour profiter de la future opération BOREALIS.
Les britanniques passent à l’attaque le 14 septembre 1953 (opération SUNDOWN), percent rapidement le front et parviennent après de violents combats à s’emparer de Brême le 27 septembre 1953, délaissent «les triplées» Wilhemshaven/Cuxhaven/Bremerhaven pour foncer vers une proie nettement plus alléchante en l’occurrence la ville d’Hambourg ou du moins ce qu’il en reste puisque le grand port allemand à bénéficié de la sollicitude des aviations alliées notamment les bombardiers lourds du Bomber Command et du Commandement des Forces de Bombardement, les premiers bombardant de nuit, les seconds davantage de jour avec tout de même quelques incursions de nuit.
Hambourg doit être tenu, ordre du pouvoir politique mais malgré une résistance acharnée, la ville tombe aux mains des alliés le 9 octobre 1953.
Les anglo-canadiens fixent les troupes allemandes tenant la ville hanséatique de Lubeck tout en tentant de s’emparer par un coup de main de la ville d’Oldenburg mais sans succès du moins dans l’immédiat.
Tout en surveillant ces deux ports _Oldenburg et Lubeck_ le 21ème Groupe d’Armées met cap sur Kiel et surtout la frontière germano-danoise pour bloquer les troupes défendant le Danemark, troupes assaillies par les alliés depuis un certain 11 octobre 1953.
Kiel tombe aux mains des alliés plus précisément aux mains des canadiens le 4 novembre 1953, cette chute étant suivie de celle d’Oldenburg le 8 novembre et de Lubeck le 11 novembre 1953.
Quand l’année 1953 se termine, les anglo-canadiens ont atteint la frontière germano-danoise mais sont incapables de dépasser Lubeck.
Plus au sud les autres unités du 21st Army Group (UK) à atteint partielement le cours de l’Elbe qui ne demande qu’à être franchit pour atteindre pourquoi pas la capitale Berlin.
Quand l’année 1953 se termine, le front occidental suit approximativement la ligne Lübeck-Luneburg-Brunswick-est de Gottingen-Erfurt-Leipzig-Dresde.
Les anglais ne sont pas les seuls à combattre, les français et les américains effectuent leur part du boulot pour s’emparer des différentes villes d’Allemagne, des villes qui sont souvent des champs de ruine _bombardements massifs alliés oblige_ avec des défenses souvent improvisées et des garnisons qui rassemblent un mélange détonnant de troupes régulières, de S.S ultra-fanatisés (ce qui n’équivalaient pas à la compétence militaire), d’enfants soldats et de vieillards qui pour certains avaient combattu durant le conflit précédent.
Francfort est prise par les françaises après de violents combats le 19 septembre 1953, quatre jours après le lancement d’une nouvelle offensive majeure décalée donc de 24h avec l’assaut britannique.
Wurzburg tombe le 29 septembre 1953, ce délai de dix jours s’expliquant par l’offensive allemande de la dernière chance, l’opération MUTIG lancée le 21 septembre et qui va surprendre les français générant un bref moment de panique vite conjuré n’en déplaise aux contempteurs du général Villeneuve.
La ville de Fulda tombe le 6 octobre 1953, Bamberg le 11 octobre 1953 le jour du lancement de BOREALIS, Marburg le 15 octobre 1953, Erfurt le 6 novembre 1953, Weimar le 8 novembre 1953 et Iena où les français grillent la politesse aux américains (15 novembre 1953), Leipzig bouclant la boucle le 25 novembre 1953.
La fin de l’année les français se contentent de nettoyer d’ultimes poches de résistance et de préparer le franchissement de l’Elbe et foncer sur Berlin dans une course avec les britanniques.
Alors que les français et les britanniques se battent dans la plaine germano-russe, les américains se battent plus au sud notamment en Bavière avec des combats pour des villes symboliquement très fortes pour les nazis : Munich (putsch raté du 9 novembre 1923 dit «Putsch de la brasserie» mais aussi l’événement connu sous le nom de Grosser Tod «Grande Mort», l’attentat ayant coûté la vie à Hitler) et Nuremberg (les grandes messes du NSDAP).
Les américains repassent à l’attaque le 20 septembre 1953. Les combats sont durs, âpres et violents ce qui explique la première ville d’importance Erlangen ne tombe que le 30 septembre 1953, Furth le 2 octobre, Nuremberg le 4 octobre, Ingolstadt le 7 octobre, Augsburg le 12 octobre 1953 avec des usines aéronautiques qui vont tourner jusqu’à l’extrême limite de leurs capacités même si à cette époque la Luftwaffe est en état de mort cérébrale. Munich, la capitale de la Bavière tombe le 21 octobre 1953.
Les américains auraient pu continuer en Tchécoslovaquie mais ils réorientent leur axe de progression en direction du nord-est pour s’emparer d’autres villes allemandes.
A chaque fois c’est la même situation : des combats urbains âpres, quelques contre-attaques blindées menées par les rares unités motomécaniques allemandes encore disponible sur le front occidental, contre-attaques à chaque fois durement châtiées par l’artillerie et par l’aviation, cette dernière disposant d’une supériorité aérienne quasiment totale.
Ratisbonne tombe le 30 octobre 1953, Bayreuth le 8 novembre 1953, Zwickau le 10 novembre 1953, Chemnitz le 12 novembre 1953, Dresde le 15 novembre 1953 et Leipzig le 22 novembre 1953.
L’année 1953 se termine par une quasi-certitude pour les alliés comme les allemands : l’année 1954 marquera la fin du conflit en Europe.
Bien entendu les allemands les plus motivés, les plus convaincus, les plus fanatiques croient encore que de mystérieuses «armes miracles» vont renverser le cours d’une guerre fort fort mal embarquée pour les allemands qui sentent également le souffle d’Ivan à l’est, Budapest étant assiégée par les soviétiques et tenus fermement par les germano-magyars.
L’hiver 1953-54 est froid, très froid. Les deux armées sont pour ainsi dire en hivernage même si les alliés préparent une future offensive, l’offensive décisive codée RAGNAROK du nom de l’apocalypse dans la mythologie scandinave, un pied de nez aux nazis fascinés par cette mythologie et leur exploitation politique.
Les alliés veulent aller vite d’autant que les soviétiques sont déjà à proximité de la Vistule et qu’en dépit des moyens allemands déployés, leur résistance sera forcément limitée.
Le plan est simple : les britanniques doivent longer la côte de la Baltique et viser l’Oder et la Neisse mais effectué un mouvement tournant pour encercler la capitale allemande par le nord et former un cercle d’acier autour de la ville en liaison avec les français venus du sud.
Restait à savoir si il fallait se battre dans Berlin. Les alliés ont connu la guerre urbaine, la redoute, la déteste même. L’idéal serait d’étouffer la ville à l’ours par un siège mais cette tactique ses limites et surtout le symbole serait moins forte que des combats pour prendre le Reichstag, la Chancellerie du Reich et d’autres monuments symbolisant le régime nazi.
Tout en préparant l’offensive finale, l’état-major du général Villeneuve anticipe les combats pour s’emparer de Berlin ignorant les avertissements de la propagande nazie qui prédit que la capitale du Reich sera «le tombeau de la soldatesque alliée».
Outre des missions de reconnaissance aérienne, l’étude minutieuse des plans de Berlin, l’interrogation d’habitants de Berlin ayant fuit l’Allemagne ou ayant été capturés par les alliés, des agents de renseignement vont être infilitrés pour renseigner les alliés. Si certains sont in fine capturés, certains attendront plus ou moins facilement l’arrivée des franco-britanniques.
L’opération RAGANAROK est lancée le 7 janvier 1954 dans des conditions météorologiques difficiles avec du froid, de la vent et de la pluie. Pourtant les britanniques, les français et les américains sont motivés probablement parce qu’ils savent que la fin de la guerre est proche.
Les allemands le savent aussi et si certains sont peu motivés à l’idée de se battre pour une cause perdue d’autres sont bien décidés à faire leur devoir comme leur imposait la propagande.
Les anglo-canadiens sont les premiers à se lancer dans la bataille. Ils percent au sud de Lubeck pendant que la Royal Navy et la Royale effectuent une démonstration navale au large de Rostock dans l’espoir d’attirer les derniers navires allemands encore disponibles mais ceux-ci sont immobilisés faute de carburant ou d’équipages pour les mener.
le croiseur lourd Colbert
La Force Navale Franco-Britannique en Baltique/Baltic French English Naval Task Force va ainsi mobiliser le cuirassé britannique HMS Thunderer, le porte-avions léger Anne de Bretagne, les croiseurs lourds Colbert et Albermale, les croiseurs légers Bermuda et Bellerophon, les destroyers HMS Caprice et Caesar, les escorteurs rapides Durandal et Dague, les contre-torpilleurs Vautour et Cassard.
De toute façon la supériorité aérienne et navale alliée était telle que cela aurait été un massacre inutile.
Les navires engagés bombardent le port et la ville en liaison avec l’aviation, transformant le port allemand en un tas de ruines fumantes pour le plus grand malheur des habitants encore présents.
Des commandos sont débarqués pour neutraliser les navires, pour faire des prisonniers notamment des officiers pour désorganiser un dispositif allemand agonisant. Les résultats sont mitigés, les coups de main ont été étonnamment mal préparés et la résistance allemande est particulièrement vive.
Rostock tombe aux mains des alliés le 13 janvier 1954, Wismar trois jours plus tard le 16, Warnemünde le 20 janvier, Stralsund le 25 janvier et Rugen le 3 février 1954, privant les allemands de tout accès à la Baltique sur le territoire allemand.
Après une phase de nettoyage et de réorganisation, les anglo-canadiens tout en gardant un œil sur la future frontière germano-polonaise réoriente leur axe de progression vers le sud direction Berlin.
Promenade de santé ? Que nini, les dernières troupes allemandes en état de se battre pour vendre chèrement leur pays, sachant parfaitement ne plus rien avoir à perdre. On pourrait penser que les allemands seraient moins motivés face aux alliés que face aux soviétiques mais la rancoeur et les inimitiés accumulées font que plus personne ne se faisaient de cadeau. Au diable les gestes chevaleresques et la guerre en dentelle.
Et côté français ? Les combats sont tout aussi violents, les troupes françaises ont quelques comptes à régler avec les allemands et ces derniers savent n’attendre aucun geste chevaleresque de la part de leur ennemi bien décidé à faire comprendre que trois guerres en quatre-vingt ans c’est un peu trop.
Le 4 février 1954, les français lancent l’opération DAVOUT (du nom du maréchal de Napoléon, vainqueur de la bataille de Auerstaedt) censée leur permettre d’attendre Berlin avant les britanniques.
Le franchissement de l’Elbe est acté le 10 février 1954. De petites têtes de pont résistent aux ultimes offensives allemandes.
Ces têtes de pont sont soumises à de violents combats par les dernières unités allemandes qui bénéficient certes d’armes modernes et puissantes mais la qualité doit plier face à la quantité et surtout la supériorité numérique des troupes alliées.
Néanmoins quelques têtes de pont sont éliminées par les allemands qui à cette époque se doutent que la guerre est perdue.
Quatre têtes de pont sont consolidées et vont permettre aux français d’avancer vers Berlin. Les troupes du GAF-R devenu le GAF-A (Groupe d’Armées Françaises d’Allemagne) ne se hâtent pas, voulant éviter des pertes inutiles alors que clairement la guerre est sur le point de se terminer.
Les français préfèrent détruire des cibles avec l’aviation et l’artillerie et repousser les troupes allemandes vers Berlin pour qu’ils s’enkystent et gênent la garnison vue comme une unité créée pour cette mission.
Festung Telemark, Kristiansand et Oslo : des fortifications mais pour quoi faire ?
Carte globale du dispositif allemand au moment de l’opération BOREALIS
Avant de parler de l’exploitation proprement dite en Norvège et au Danemark, exploitation qui allait se révéler bien plus ardue que prévue, un mot rapide sur les fortifications qui n’ont pas été directement attaquées par les alliés.
Le premier gros dispositif est appelé par les allemands Festung Telemark. Derrière ce nom pompeux («forteresse du Telemark») se cache en réalité davantage des fortifications de campagne avec certes des tunnels mais qui pour leur majorité se rapprochent davantage de mines de charbon bien étayées que de tunnels comparable à notre Ligne Maginot.
Ce dispositif à été imaginé par le lieutenant-colonel Kurt Wellmans. Estimant que la défense des côtes comme illusoire ou à défaut comme limitée dans le temps, il voulait aménager là une base d’où partirait une guérilla qui pourrait forcer les alliés soit à abandonner la Norvège ou alors à alléger la pression sur la Vaterland.
Ce projet suscite le scepticisme du haut-commandement allemand en Norvège mais il ne fait rien pour s’y opposer estimant qu’une zone défensive en plus c’est toujours ça de pris.
En réalité le Festung Telemark ne jouera qu’un rôle assez limité dans la stratégie générale allemande de défense de la Norvège. Les alliés renseignés sur cette drôle de forteresse vont cerner le Telemark, en réaliser le blocus mais sans forcément chercher à y pénétrer.
Néanmoins cette «forteresse des bois» comme certains l’ont appelé par la suite va bloquer des troupes alliées et surtout va permettre à d’autres unités allemandes de se replier en bon ordre ce qui explique en partie la durée de la résistance allemande en Norvège, résistance qui va durer quatre mois (certains ajoutent que les alliés bien conscients que la fin de la guerre approchait n’ont pas être pas faits l’effort nécessaire pour l’emporter rapidement mais c’est une querelle entre historiens).
Cette zone à été définitivement nettoyée de toute présence ennemie au début de l’année 1954 alors que les troupes allemandes en Norvège vivaient leurs dernières heures.
La zone à été dépolluée dans l’immédiat après guerre mais à longtemps été interdite aux civils en raison de tunnels effondrés, de crevasses et autres trous d’obus.
En revanche la zone à été un terrain d’entrainement pour l’armée norvégienne qui envisageait en cas d’invasion soviétique de mener une guerre de guérilla en profitant d’un terrain assez favorable (en revanche pour ce qui est du climat c’est autre chose).
Aujourd’hui des civils peuvent s’y rendre mais avec un encadrement de spécialistes. C’est aujourd’hui un lieu apprécié pour ce qu’on appelle le tourisme mémoriel, certaines positions ayant été reconstituées par des passionnés (tout comme certains blockhaus de défense côtière, blockhaus qui pour certains ont été réutilisés par l’armée norvégienne).
*
**
Comme nous l’avons vu plus haut, la question de débarquer à Kristiansand à été longuement débattue entre alliés, certains ayant milité pour y débarquer et sacrifier un débarquement au Danemark, le terrain plat comme le creux d’une main étant jugé comme totalement inapproprié.
Finalement essentiellement pour des raisons politiques on préféra orienter les moyens prévus potentiellement pour Kristiansand en direction du Jutland.
Etait-ce la seule explication ? Peut-il faut-il y voir la présence de solides fortifications orientées en direction de la mer mais aussi en direction de la terre pour couvrir le port et ainsi offrir une portée de sortie aux troupes allemandes voir un moyen de ravitailler une forteresse qui aurait choisit de tenir jusqu’au bout.
Il faut dire en effet que les fortifications protégeant la grande ville du sud-norvégien sont conséquentes par leur épaisseur et par leur variété.
On trouve d’abord des batteries côtières pour protéger le port d’un raid voir d’un blocus ennemi (même si cette tactique était déjà dépassée à l’époque).
Canons de 203mm SK/C-34 identiques à ceux utilisés par les batteries côtières allemandes en Norvège
Deux batteries principales armées chacune de deux canons de 203mm sont chargées de maintenir à une distance raisonnable une flotte ennemie. Leur action est relayée par un total de huit canons de 150mm, le tout couvert par une DCA légère.
Côté terre ferme on trouve une ligne fortifiée comparable à notre Ligne Doumer avec des blockhaus de campagne reliés entre-eux par des tranchées semi-couvertes. A quelques kilomètres de la ville on trouve également des lignes d’obstacle destinés à servir davantage de sonnette que de ligne de résistance ferme.
Ces fortifications vont expliquer en partie les difficultés alliées à avancer dans le sud du pays, fortifications tenues par des troupes de bonne qualité qui vont s’accrocher le plus longtemps possible au terrain, n’hésitant pas à contre-attaquer pour maintenir la pression sur les alliés.
Si les batteries côtières écrasées sous les bombes et les obus de marine sont vites neutralisées, en revanche les fortifications terrestres vont tenir jusqu’à la fin du mois de janvier, Kristiansand ne tombant que le 31 janvier 1954, étant l’avant-dernière ville à tomber avant que la capitale Oslo ne suive quinze jours plus tard le 15 février 1954, les troupes allemandes capitulant le 21.
*
**
La capitale norvégienne tapie au fond d’un fjord ne fait pas l’objet d’une opération directe des alliés dans le cadre de BOREALIS en raison d’un site très difficile d’accès mais surtout en raison de fortifications assez robustes.
Ces fortifications sont réparties sur plusieurs lignes, une première ligne pour protéger les accès immédiats à l’ancienne Christiana et une autre pour protéger la ville en elle même. Certains sites stratégiques comme l’aérodrome de Oslo-Fornebu dispose également de blockhaus dans l’espoir de le contrôler le plus longtemps possible.
Les fortifications côtières sont armées de deux canons de 280mm, de quatre canons de 150mm et de quatre canons de 120mm, une puissance de feu dissuasive mais une puissance qui ne servira guère car elles seront neutralisées par des commandos alliés dans le cadre de l’opération VIKING conçue comme une diversion de l’action principale mais il est douteux que les allemands soient tombés dans le piège, eux qui avaient également renoncé à attaquer frontalement la capitale norvégienne en septembre 1948.
les fortifications urbaines sont naturellement plus légères et comparables à celles défendant Christiansand en l’occurence une série de blockhaus reliés entre-eux par des tranchées semi-couvertes.
Derrière une première ligne on trouvait comme de coutume des abris pour troupes, des postes de commandement, des postes d’observation….. .
Ultime ligne de défense des blockhaus seront aménagés en plein cœur de Oslo, blockhaus servant d’abord d’abris antiaériens avant de servir de blockhaus de combat mais aussi pour certains hommes compromis de lieux où ils se donnèrent la mort pour échapper à une justice plus ou moins expéditive.
Exploiter oui bien mais c’est plus facile à dire qu’à faire
C’est une lapalissade mais bien entendu la géographie commande toute opération militaire. La Norvège est l’exemple caricatural tant l’assaut frontal semble être la seule tactique.
Au 15 octobre 1953 les allemands savent lucidement que les alliés ne peuvent plus être rejetés à la mer et que le sort des troupes allemandes en Norvège est scellé. La question ce n’est pas de savoir si les allemands vont être chassés de Norvège et du Danemark mais quand.
Avant de parler des combats d’exploitation il me semble important de préciser au 15 octobre la situation des troupes alliées et allemandes ainsi que leur état opérationnel.
Commençons par les allemands qui ont souffert des combats mais conservent une bonne capacité de combat ce qui est l’évidence même car si les troupes allemandes avaient été saignées à blanc les alliés auraient probablement reconquis la Norvège avant la fin de l’année.
Commençons par la 20ème Armée de Montagne dont le quartier général est implanté à Tromso. La réserve stratégique plus connue sous le nom de Kampfgruppe Tielmans à été malmené par une série de contre-attaque pour maintenir la pression sur les alliés et éviter la crainte d’une offensive commune des alliés, des finlandais et des soviétiques contre les allemands.
Marder III Ausf F
C’est ainsi que la brigade de chasseurs-skieurs à conservé 60% de ses effectifs soit 2100 hommes, le 711ème bataillon de canons d’assaut et le 201ème bataillon de chasseurs de chars ont regroupés les hommes et les moyens au sein d’un 20. Schwere Kampfgruppe avec 24 Stug III Ausf F et 28 Marder III Ausf F soit tout de même cinquante-deux véhicules de combat.
Le régiment antichar qui porte le numéro 20 à été réduit à deux groupes soit huit batteries de quatre pièces soit un total de trente-deux canons antichars de 75mm. Le régiment antiaérien qui porte lui aussi le numéro 20 à été réduit à un groupe soit six batteries et douze canons antiaériens de 88mm utilisables également pour la lutte antichar.
La compagnie du génie est toujours là, ses sapeurs se démenant pour gêner l’avance alliée par des sabotages et des piégeages divers et variés. Les sapeurs se démènent aussi pour aménager caches et abris pour des troupes qui doivent désormais combattre sous un ciel dominé par l’ennemi.
Ce groupement va se déployer pour empêcher les alliés de déboucher trop vite de Narvik et couvrir le repli du 20ème corps d’armée.
Ce 20ème corps d’armée couvrait la frontière avec la Finlande qui bascule au moment du débarquement allié. Les allemands s’en doutaient mais doivent tout de même se combattre et battre en retraite vers le sud. Heureusement pour les allemands Helsinki refuse de franchir la frontière.
Les deux divisions de montagne conservent une majeure partie de leurs moyens tout comme le 710ème bataillon de canons d’assaut (32 véhicules) mais à la différence du 211ème bataillon de Panzers réduit à une compagnie soit 12 véhicules. Le régiment d’artillerie lourde à perdu ses pièces mais ses artilleurs ont pour beaucoup pu échapper à la captivité pour remplumer des unités existantes. Le régiment du génie à été réduit à un bataillon ce qui est toujours mieux que rien.
Les unités d’artillerie lourde allemandes en Norvège disposaient de canons de 150mm sFH-18
Le 21ème Corps d’Armée qui avait pour principale mission de défendre Narvik à été saigné à blanc même si la note du boucher à été élevée pour les alliés. C’est ainsi que la 214ème division d’infanterie est rayer des registres, cessant d’exister comme entité constituée. La 7ème division de montagne à subit de lourdes pertes mais reste une unité opérationnelle.
Le 212ème bataillon de chars conserve une majeure partie de ses moyens avec 28 chars encore opérationnels. Le 712ème bataillon de canons d’assauts conserve 32 chars. Ils sont regroupés au sein du Kampfgruppe Ostiers du nom du commandant du 212ème bataillon de chars.
Le régiment d’artillerie lourde n’à pu évacuer ses pièces hors de Narvik mais les hommes ont survécu et ont pu servir d’autres pièces. Le régiment du génie est réduit à un bataillon renforcé.
Le 30ème corps d’armée à été relativement épargné par les combats et est donc moins touché que le 21.ArmeeKorps (21.AK).
La 210ème division d’infanterie à conservé 60% de ses capacités humaines et matérielles, 50% pour la 1ère division de chasseurs, 30% pour le 213ème bataillon de chars, 35% pour le 713ème bataillon de canons d’assaut, 35% du régiment d’artillerie lourde (qui conserve un groupe de canons de 150mm sur trois) et 40% pour le régiment du génie réduit à un bataillon renforcé.
Canon antichar de 75mm.
Au sein de la 21ème Armée on trouve d’abord une réserve d’Armée qui est réduite à un groupe de douze canons de 150mm, une compagnie de huit lance-roquettes multiples Nebelwerfer, un bataillon d’artillerie antichar (seize pièces de 75mm), un bataillon d’artillerie antiaérienne (douze canons de 88mm), une compagnie du génie et le Kampfgruppe Wielmans qui regroupe ce qui reste du 217ème bataillon de chars et du 717ème bataillon de canons d’assaut.
Le 72ème Corps d’Armée qui défend Bodo échappe aux plus durs combats mais qui à été engagé en soutien du 73ème CA défendant Namsos.
C’est ainsi que la 280ème division d’infanterie conserve 70% de ses moyens, la 245ème division d’infanterie 85%, le 218ème bataillon de chars 40%, le 718ème bataillon de canons d’assaut 45%, le régiment antichar un bataillon, le régiment antiaérien une batterie lourde (huit canons de 88mm) et une batterie légère (12 canons de 37mm) et le bataillon du génie 85% de ses capacités.
Le 74ème Corps d’Armée est saigné à blanc pour défendre Trondheim. C’est ainsi que la 264ème division d’infanterie n’à conservé que 35% de ses moyens alors que la 642ème division d’infanterie ne dispose plus que de 40% de ses moyens.
Le 220ème bataillon de chars aligne 30% de ses moyens, le 720ème bataillon de canons d’assaut aligne 40% de ses moyens, le régiment antichar 40%, le régiment antiaérien 40% alors que le bataillon du génie est réduit à une compagnie.
Canon de 105mm LeFH-18
Au sein de la 3ème Armée on trouve d’abord une réserve d’Armée réduit à un groupe mixte d’artillerie alignant des canons de 105 et 150mm (respectivement huit et six), une compagnie de six Nebelwerfer, le 214ème bataillon de chars réduit à 40% de ses capacités, le 714ème bataillon de canons d’assaut réduit à 45%, un régiment antichar réduit à un groupe (seize canons de 75mm), un régiment antiaérien réduit à un groupe (douze canons de 88mm) et un bataillon du génie réduit à une compagnie.
Le 33ème Corps d’Armée est relativement épargné par les combats initiaux de l’opération BOREALIS puisque la 69ème division d’infanterie est réduite à 75% de ses capacités, la 163ème division d’infanterie à 80%, le 214ème bataillon de Panzers à 55%, le 202ème bataillon de chasseurs de chars à 45%, le régiment d’artillerie lourde à 40%.
Le 70ème Corps d’Armée à été lui saigné à blanc par les combats pour défendre Bergen. La 181ème division d’infanterie est comme la 214ème division d’infanterie à rayer des registres alors que la 169ème division d’infanterie est réduite à 40% de ses capacités.
Le 215ème bataillon de Panzers est réduit à 25% de ses capacités, le 715ème bataillon de canons d’assaut est réduit à 15% de ses capacités et le régiment d’artillerie lourde à 25% de ses capacités.
Le 71ème Corps d’Armée est quasiment intact car couvrant les villes de Kristiansand et d’Oslo. C’est ainsi que les 269ème et 274ème divisions d’infanterie n’ont plus que 85 et 90% de leurs capacités, le 216ème bataillon de Panzers dispose encore de 80% de ses capacités, le 716ème bataillon de canons d’assaut à 75%, le régiment d’artillerie disposant de 100% de ses capacités.
Au Danemark, on trouve la 6. Armee qui aligne deux corps d’armée même si seul le 60ème Corps d’Armée est clairement engagé contre les alliés.
La 275ème division d’infanterie dispose encore de 70% de ses capacités alors que la 277ème ne dispose plus que de 60% de ses capacités humaines et matérielles.
canon d’assaut Stug III Ausf E à canon long de 75mm
De son côté le 717ème bataillon de canons d’assaut possède encore 65% de ses capacités soit dix points de plus que le régiment d’artillerie lourde réduit à 55%. Le régiment antichar et le régiment antiaérien n’ont plus que respectivement deux et un bataillon restant. Le bataillon du génie ne possède plus que 65% de ses capacités.
La 34. Panzerdivision encore loin d’être opérationnelle car créée au printemps 1953 reçoit en pleine bataille du personnel et du matériel qu’il faut intégrer. Elle est engagée mais subit que de faibles pertes ce qui rend les allemands optimistes pour la suite des opérations.
En revanche le 61ème Corps d’Armée est quasiment intact avec des divisions d’infanterie ayant subit peu de pertes directes, la 276ème DI ayant conservé 95% de ses capacités, la 278ème 90%.
Même situation pour le 718ème bataillon de canons d’assaut (95%), le régiment d’artillerie lourde (100%), le régiment antiaérien (90%), le régiment antichar (95%) et le bataillon du génie.
La garnison de la forteresse Copenhague est intact tout comme les petites garnisons des îles danoises, garnisons que les allemands décident d’évacuer non sans savoir transformés les dites îles en zone où règne la mort et la destruction. Les alliés qui espéraient y implanter sans trop d’efforts des points d’appui en seront pour leurs frais.
Côté allié la situation est meilleure, les pertes ont été importantes mais moins que prévu (il faut dire que les planificateurs avaient volontairement misé sur des hypothèses négatives) ce qui rend les alliés optimistes pour la suite.
Nombre d’officiers alliés pensent ainsi que d’ici la fin de l’année, la Norvège et le Danemark seront conquis. En réalité il faudra attendre deux mois de plus jusqu’en février 1954 ce qui fait dire à certains historiens que l’opération BOREALIS à été un gaspillage de temps et de ressources qui auraient été plus utiles ailleurs.
A Narvik les combats ont été violents. La 1ère brigade légère norvégienne à subit des pertes sensibles au point que très vite les alliés décident de lui réserver le rôle d’unité de garnison, un rôle certes important mais frustrant pour nombre de soldats norvégiens.
La 3ème division d’infanterie américaine conserve encore 75% de ses effectifs alors que le groupement de marche fournit par la 6ème division blindée (Combat Command A pour être précis) possède encore 85% de ses capacités. La 6ème division aéroportée britannique qui n’à pas participé aux combats initiaux possède encore 95% de ses capacités.
A Namsos la 27ème Division d’Infanterie Alpine (27ème DIAlp) possède encore 70% de ses capacités humaines et matérielles alors que la 2ème brigade légère norvégienne possède 80% de ses hommes, de son artillerie et de ses véhicules.
Le Corps Franc du Nord à subit des pertes sensibles mais ce n’est pas pour cette raison que l’unité est retirée du front. Elle est tout simplement conçue pour le coup de force, le coup de main et non le combat sur la durée. Elle aura d’ailleurs l’occasion de combattre à nouveau dans les frimas norvégiens.
Le groupement blindé fournit par la 1ère Division Blindée possède encore 80% de ses moyens alors que la 1ère Division Légère d’Infanterie (1ère DLI) possède 100% de ses capacités car débarquée pour l’exploitation.
A Trondheim, la 4ème brigade légère norvégienne à subit le même sort que sa consœur mise à terre à Narvik. Elle est donc chargée de taches de garnison et de sécurisation, des tâches importantes mais peut être moins «brillantes» que des missions de combat.
La 26ème Division d’Infanterie américaine à subit des pertes sensibles mais conserve encore une bonne capacité de combat tout comme la 10ème division de montagne qui va montrer l’utilité d’une unité de ce type au sein de l’US Army.
Le 1er Bataillon de Marines canadien à subit des pertes importantes mais ce n’est pas la seule raison de son renvoi en Grande-Bretagne. Tout comme le CFN, le 1st Batallion-Royal Canadian Marines est une unité de choc, de coup de main.
Les unités débarquées pour l’exploitation n’ont pas subit de pertes importantes que ce soit la 51st Highland Division, le régiment blindé norvégien ou encore la 5th Independent Armoured Brigade.
A Bergen, la 3ème brigade légère norvégienne dispose encore de 85% de ses capacités, la 8ème division d’infanterie de 70% de ses capacités, les deux groupements de marche (Combat Command B et C) de la 6th Armoured Division possèdent encore 80% de leurs capacités.
Au Jutland la 1ère brigade mobile danoise possède encore 80% de ses capacités, la 31ème division d’infanterie américaine 85%, le groupement de marche de la 1ère DB de 90%, le 1er bataillon de Rangers de 80% (ce dernier va être maintenu en ligne pour des raids en liaison avec la manœuvre générale) et la 11ème Division Parachutiste de 100% de ses capacités puisque mise à terre pour l’exploitation et non pour l’assaut direct.
Le dispositif allié évolue. Si les groupements occasionnels sont maintenus pour les navires et les avions, les troupes terrestres sont placés sous le contrôle de deux corps d’armée, le 1er Corps d’Armée Allié regroupant les unités débarquées à Namsos et Narvik alors que le 2ème Corps d’Armée Allié regroupe les moyens débarqués à Trondheim et Bergen. Un 3ème Corps d’Armée Allié s’occupe du Danemark avec pour particularité le fait que les unités soient dispatchées entre un groupement Nord, un groupement Centre et un groupement Sud.
Le dispositif aérien et naval est lui aussi allégé permettant à certains navires de rallier un chantier pour remise en état. C’est aussi l’occasion de reposer les équipages et de ménager des ressources humaines qui sont sur la corde raide.
Pour la phase d’exploitation les navires suivants sont maintenus en ligne :
Le USS New Mexico (BB-40) à New York
-Cuirassés : USS New Mexico (BB-40) Moselle HMS Thunderer Lion
-Porte-avions Anne de Bretagne HMCS Bonaventure USS Block Island (CV-34)
le croiseur lourd Colbert
-Croiseurs lourds USS Minneapolis (CA-36) USS Toledo (CA-78) HMS Albermale Colbert
Le HMS Newcastle
-Croiseurs légers USS Flint (CL-64) USS Brooklyn (CL-40) HMS Newcastle Bellerophon Lamotte-Picquet HMNos Bergen ORP Dragon HMS Diadem Bermuda
-Destroyers : HMS Caprice CaesarExpress USS Gridley Helm HMNoS Otto Sverdrup HMS Carron Cavalier Durandal Dague HDMS Zealand Bornholm HMCS Athabaskan
-Escorteurs d’escadre : Ronar’ch D’EstaingGuepratte D’Estrées Du Chayla (classe Surcouf)
-Les besoins en transport existant encore, les alliés conservent les transports d’assaut américains et des navires amphibies pour transporter moins des unités supplémentaires que des véhicules et surtout les quantités incroyables de munitions, de carburant, de pièces détachées de vivres que nécessite la guerre moderne.
Les USS Alcona (AK-126) Beaverhead (AK-130) Amador (AK-127) Blount (AK-132) restent par exemple en ligne aux côtés de vingt LST qui multiplient les rotations entre la Grande-Bretagne et la Norvège, toujours sous escorte, les sous-marins allemands étant toujours là, plusieurs venus d’Allemagne sont d’ailleurs coulés par les escorteurs, l’aviation mais aussi leurs homologues.
Le transport est également assuré par des navires français comme le TCD Foudre (l’Harmattan va rallie l’Extrême-Orient pour le début de l’année 1954), quatre BDC, quatre BDM et quatre BDI.
Le transport est également assuré par des navires britanniques et canadiens, la Royal Navy et la Royal Canadian Navy maintenant dans le pool de transport huit LST pour la première et quatre pour la seconde aux côtés de quatre LCI et quatre LCT canadiens.
-Les pétroliers britanniques RFA Blue Ranger RFA Arndale et HMS Celerol continuent d’assurer le ravitaillement des navires à la mer ou d’alimenter les dépôts à terre aux côtés de pétroliers de type commercial mais aussi d’autres navires de soutien de type militaire à savoir le pétrolier-ravitailleur Dordogne et le ravitailleur rapide Lot.
-Les escorteurs sont toujours là en nombre notamment sept unités de classe Island, les USS Adugak (DE-4) USS Adak (DE-1) USS Alameda Island (DE-9) USS Biorka (DE-19) USS Besloro (DE-22), USS Anacopa (DE-31) et USS Begg Rock (DE-32), des escorteurs rapides de la Royale Le Foudroyant Le Sirocco L’Arabe Le Marocain (alors que les avisos-dragueurs et les corvettes ASM ont repris ou vont reprendre l’escorte des convois en direction de l’URSS) mais aussi les patrouilleurs Coléoptère Sauterelle Araignée.
On trouve également des frégates de classe River de la marine britannique en l’occurrence les HMS Ballendery et Inver.
Les navires qui ne sont plus en ligne sont soit en réparations ou alors ont été mis en réserve, se tenant prêt à intervenir même si la faiblesse de la Kriegsmarine rendait cette hypothèse de plus en plus improbable.
La phase II de la Campagne de Norvège (1953/54) peut enfin commencer. Le temps est au centre de toutes les préoccupations : aller le plus vite possible côté allié, ralentir les alliés le plus possible pour éviter que ces divisions ne basculent rapidement sur le front allemand pour porter le coup de grâce, l’estocade.
Après quelques contre-attaques allemandes décousues du 16 au 19 octobre 1953 dans des conditions météorologiques épouvantables, les alliés attaquent le 20 octobre 1953.
Les alliés sont optimistes persuadés que les combats ne s’éterniseront pas. Grossière erreur ! Les allemands galvanisés vont opposer une résistance désespérée.
Comme le dira un survivant «Nous savions que nous n’avions aucune chance de rallier l’Allemagne ou de recevoir des renforts, on savait qu’on allait y passer ce qui enlevait un poids négatif sur notre motivation».
Certains historiens ont pu voir également un manque de motivation de troupes alliées persuadées que la fin de la guerre était proche. Cela à peut être joué mais il serait injuste et infamant de dire que les troupes de l’opération BOREALIS n’ont pas combattu au maximum de leurs capacités.
Il faut dire que le front scandinave n’était pas prioritaire sur les fournitures en armes et en munitions par rapport au front occidental et même au front balkanique. En fait à part le front italien, tous les fronts passaient avant le front scandinave ce qui relance l’éternel débat de l’utilité de l’opération BOREALIS, un débat qui durera tant que débats dans l’histoire il y aura.
A cela s’ajoute également les conditions météo qui se dégradent régulièrement clouant par exemple l’aviation alliée au sol (durant la campagne de Norvège les alliés perdront plus d’appareils à cause du mauvais temps qu’à cause des allemands !) ce qui soulageait grandement les allemands qui ne pouvaient plus rien opposer dans le ciel norvégien et dans le ciel danois ou presque.
Le 18 octobre 1953 le USS New Mexico (BB-40) est surpris au large de Bergen par un bombardier-torpilleur allemand qui avait échappé aux radars comme à la chasse alliée. Le Ju-288 lance ses deux torpilles qui font mouche.
Le vénérable cuirassé à certes la peau dure mais toute résistance à ses limites. Gravement endommagé il doit être pris en remorque. Dans la soirée, une alerte sous-marine retentit entrainant la rupture de la remorque et l’évacuation des hommes présents à bord. Le U-324 en profite pour achever le BB-40 qui sombre en quelques minutes. Le submersible sera lui coulé le lendemain par un Catalina du Coastal Command.
Le lendemain c’est le croiseur HMS Bellerophon qui est endommagé par l’aviation dans le Skagerrak alors qu’il appuyait les combats pour Kristiansand. Un chasseur-bombardier Focke-Wulf Fw-190G place une bombe de 250kg avant de s’écraser sur la plage avant. Le croiseur léger est sérieusement endommagé mais peu rallier un port allié pour remise en état. Il ne sera de retour au combat qu’en février 1954 à une époque où la guerre est sur le point de s’achever.
Le croiseur léger Lamotte-Picquet aura moins de chance si l’on peut dire. Il est endommagé le 17 novembre 1953 par un bombardier allemand abattu alors qu’il lançait son attaque. Il est sérieusement endommagé au point qu’il ne sera pas réparé et promptement désarmé ce qui significatif.
D’autres navires seront plus ou moins endommagés par l’aviation allemande qui parvient à placer encore quelques coups de griffe, coups illusoires qui ne peuvent changer durablement la situation des troupes au sol.
En parlant de troupes au sol revenons sur les combats terrestres. Globalement les combats en Norvège peuvent être divisés en trois zones : le Nord, le Centre et le Sud du pays. Si les combats dans le nord se sont vite terminés en revanche les combats dans le centre et le sud du pays ont été plus longs à se décider en raison du mauvais temps, d’un relief chaotique et d’une résistance allemande acharnée.
C’est ainsi que la ville de Bodo tombe dès le 1er novembre 1953 mais les alliés ne parviennent pas à empêcher certains soldats allemands de s’échapper de la nasse. Après plusieurs jours de ratissage et de nettoyage, les alliés considèrent que le nord du pays est définitivement sécurisé le 10 novembre 1953.
Dans le centre du pays les combats depuis la tête de pont de Namsos sont rudes ce qui peut disqualifier l’argument avancé que si les alliés avaient avancé dès le 12 octobre les combats se seraient terminés bien plus tôt.
Les troupes essentiellement françaises vont remonter vers le nord dans l’espoir de couper la retraite des troupes allemandes déployées plus au nord mais là encore rien ne se passe comme prévu en raison du mauvais temps, de défauts de coordination et des inévitables hésitations du commandement.
Le 4 décembre 1953 les troupes alliées venues de Narvik et celles venues de Namsos effectuent leur jonction prenant au pied les troupes allemandes qui ne peuvent plus fuir. Si quelques isolés parviendront à passer en Suède la majorité sera faite prisonnière.
Reste désormais à contrôler le sud du pays. Partie de plaisir ? Hummm pas vraiment. Les allemands sont motivés à l’idée de bloquer le plus longtemps possible les troupes alliées.
Ils peuvent compter sur de nombreuses fortifications de campagne, sur de nombreux pièges, les sapeurs allemands ayant travaillé comme des romains pour transformer le sud du pays en zone mortelle pour les alliés.
Le schéma est simple et basique. Les troupes venues de Trondheim doivent empêcher les troupes allemandes de se replier en Suède (les alliés ont rappelé diplomatiquement mais fermement que Stockholm avait intérêt de désarmer promptement les troupes en question) et de bloquer toute sortie depuis Oslo où nombre de troupes allemandes plus ou moins opérationnelles s’étaient repliées.
Les troupes venues de Bergen doivent d’abord s’emparer de Kristiansand et nettoyer la région du Télémark avant de bloquer toute sortie d’Oslo en direction de l’ouest.
Les combats s’éternisent à la grande surprise des alliés persuadés de n’affronter que des troupes en déroute ou démotivées. Le haut commandement allié à même pensé que des unités fraiches étaient arrivées mais on sait aujourd’hui que ce n’est pas le cas.
Kristiansand finit par tomber après de très durs combats le 7 janvier 1954. La ville est littéralement ravagée et il faudra plus de cinq années pour la reconstruire complètement.
Dix jours plus tard le 18 janvier 1954 la région du Télémark est considéré comme sécurisée même si jusqu’à la fin de la guerre en Europe les militaires norvégiens et alliés auront interdiction de s’y déplacer seuls. Il y aura quelques incidents, des soldats blessés et tués sans que l’on sache vraiment si il s’agissait de soldats allemands en déshérence, de braconniers ou de résistants ayant pris goût à l’illégalité et à la clandestinité.
Restait donc Oslo. Les combats ont été très durs mais cette dureté cachait mal une situation impossible pour la garnison allemande qui capitula après dix jours de combat le 4 février 1954. Un signe qui ne trompait pas, les prisonniers allemandes reçurent les honneurs de la guerre, saluant leur bravoure et leur ténacité.
Ce n’était cependant pas la fin de la présence allemande en Norvège, quelques unités adossées à la frontière suédoise refusaient obstinément de se rendre. Les alliés durent employer les grands moyens avec plusieurs divisions, de l’artillerie et de l’aviation pour neutraliser les dernières unités allemandes constituées.
De l’autre côté de la frontière les suédois menaient des patrouilles dites de sécurisation pour empêcher les combats de déborder sur son territoire (ce sera en partie le cas, des obus et des bombes alliés tombant sur le territoire suédois heureusement sans faire de victimes ce qui explique que ces événements ont été pudiquement passés sous silence).
Le 21 février 1954 les dernières unités allemandes constituées capitulent. Des éléments isolés franchissent la frontière suédoise mais sont immédiatement désarmés et internés dans des camps de prisonniers avec la promesse d’être libérés dès la fin de la guerre ce qui sera le cas.
Les combats concernent naturellement le Danemark mais vont se terminer plus tôt et ce pour deux raisons principales : la pression des troupes alliées présentes dans le nord de l’Allemagne (21ème Groupe d’Armées britannique) et un relief moins favorable aux défenseurs.
Comme nous l’avons vu plus haut, les troupes alliées déployées au Danemark sont divisés en trois groupements occasionnels, un groupement Nord, un groupement Centre et un groupement Sud, le tout regroupé au sein d’un 3ème Corps d’Armée Allié même si ce corps d’armée n’aura que peu de poids dans la manœuvre d’ensemble.
M-4 Sherman avec un canon de 76mm M-1. C’est ce modèle qui équipait le régiment des Dragons du Jutland
On trouve un groupement Nord sous commandement danois comprenant la 1. Danske Brigade associé à un escadron de dragons, à un régiment d’infanterie américain, un régiment de paras français et un groupe d’artillerie danois.
Ce groupe nord va mettre cap sur Herning puis sur Alborg pour sécuriser tout le nord du Danemark. Il va réaliser également des coups de main vers les îles de Laeso et d’Anholt. Il y rencontre moins de résistance et peu ensuite renforcer les deux autres groupes qui se heurtent à davantage de résistance.
Un groupement Centre sous commandement américain comprend un régiment d’infanterie américain, un régiment de parachutistes français un escadron de dragons, quelques éléments de la 1ère division blindée française ainsi que le groupe d’artillerie norvégien. Il met cap sur Vejle et Arhus.
Un groupement Sud sous commandement américain comprend un régiment d’infanterie américain, le reliquat du régiment de dragons, un régiment de paras français et des éléments d’appui américains et danois (notamment le reste du régiment d’artillerie danois). Ses objectis sont Odense et Copenhague.
La ville d’Herning théâtre de durs combat tombe seulement le 1er novembre 1954. Les alliés ne perdent pas de temps et foncent vers Aalborg devenu comme de coutume un Festung (une forteresse).
Si parfois le terme est galvaudé, force est de reconnaître qu’ici les allemands ont soigné le comité d’accueil pour le groupement nord qui va connaître de durs combats, la ville ne tombant que le 27 novembre 1953. Le temps de nettoyer et de sécuriser et le groupement Nord peu réattribuer une partie de ses forces au groupement Centre qui en raison d’une géographie compliquée fait face à plus forte partie.
Velje tombe aux mains du groupement centre le 24 octobre 1953 suivit six jours plus tard de la ville de Kolding (30 octobre 1953). Hortens tombe le 3 novembre, Aarhus le 6.
Le groupement Sud s’empare d’Odense le 8 novembre 1953 seulement notamment en raison du harcèlement mené depuis l’Allemagne par les troupes arc-boutés sur la frontière germano-danoises. L’île de Lolland tombe le 10 novembre, l’île de Falsen le 13 et l’île de Mom le 15 novembre 1953.
Il ne reste plus que l’île de Sjaelland mais c’est un gros morceau car c’est sur cette île que se trouve la capitale Copenhague. C’est ainsi que la ville d’Elseneur ne tombe que le 2 décembre et la capitale le 27 décembre 1953 !
Le territoire est considéré comme entièrement libéré le 17 janvier 1954 quand les troupes alliées au Danemark font leur jonction à Flensburg avec le 21ème groupe d’armées qui à enfin réussit à vaincre les dernières troupes allemandes présentes dans la région.
Il à donc à fallu près de quatre mois aux alliés pour s’emparer du Danemark et de la Norvège ce qui à immédiatement relancé le débat sur l’utilité de l’opération BOREALIS.
Les troupes alliées restent naturellement tant que la guerre n’est pas terminée mais dès l’été surtout l’automne 1954 le dispositif va être allégé puis supprimé, Copenhague et Oslo acceptant certes d’intégrer une alliance permanente pour faire face à la menace soviétique mais refusant la présence de troupes alliées en dehors des exercices et des manœuvres.
Au printemps 1955 tous les soldats seront repartis dans leurs pays respectifs après avoir participé à la reconstitution d’armées bien plus puissantes qu’en septembre 1948, des armées mieux entrainées et mieux équipées qui savent en plus pouvoir compter sur l’aide de puissants alliés.
Le 17 juin 1952 à lieu la Bataille du Cap Nord, le dernier affrontement majeur entre la marine allemande d’un côté et les marines alliées de l’autre. En effet par la suite la marine allemande très affaiblie se contentera de sorties limitées de sa flotte de surface, préférant confier la lutte à son aviation basée à terre et à ses sous-marins.
Cette bataille est clairement l’acmé des opérations en Mer du Nord et dans l’Océan Glacial Arctique, une bataille provoquée par la volonté allemande de remporter une victoire navale majeure et de couper l’artère reliant les îles britanniques à l’URSS, Berlin étant persuadé que privée de l’aide alliée, Moscou ne pourrait que s’effondrer après un ultime coup de boutoir.
Croiseur lourd Prinz Eugen
Les allemands vont engager des moyens non négligeables avec deux unités de ligne (cuirassé Kaiser Wilhelm II et croiseur de bataille Oldenburg), deux croiseurs lourds (Prinz Eugen Admiral Reuter), le porte-avions léger Lutzen, les croiseurs légers Magdeburg Munchen sans compter des Zerstörer (Z.21 Z.22Z.24 Z.26 Z.33 Z.34) et des sous-marins (U-133 et U-134 venus de Baltique mais aussi les U-37 U-152 U-195 U-115).
Destroyer Z.34
En face les alliés vont utiliser un convoi comme appât pour attirer l’escadre allemande, un convoi de vingt-deux navires de charge protégés par des corvettes et des frégates avec un groupe de couverture rapproché.
Le croiseur léger Montcalm en 1940
Ce dernier est composé de cinq croiseurs légers (Philadelphia (Al) Raleigh Montcalm Birmingham Bellerophon), de trois destroyers (HMS Valhalla Rotherham Teazer)etd’un contre-torpilleur français en l’occurence le Milan.
Le contre-torpilleur Milan
Les autres navires alliés sont regroupés dans une seule force subdivisée en différements groupements opérationnels :
Le HMS Anson
-Groupement de choc : cuirassés Jean Bart, King George V (Al) Anson Lion et Iron Duke accompagnés de dix destroyers pardon huit destroyers (HMS Pakenham Paladin Panther Patridge Offa Lance Fearless Forester) et deux torpilleurs d’escadre (L’Opiniâtre L’Aventurier). Le porte-avions léger Powerful assure une ombrelle aérienne et anti-sous-marine.
Le HMS Illustrious
-Groupement Aéronaval : porte-avions Painlevé Illustrious (Al) Hermes, cuirassé Saint David deux torpilleurs d’escadre, (Sabre Claymore) et six destroyers (HMS Faulknor Loyal Fury Lookout Lively Legion)
Le croiseur lourd Foch
-Groupement d’appui et de choc : croiseur lourd Foch (Al) et Albermale, croiseurs légers Edinburgh Diadem Trinidad , contre-torpilleurs Bayard et Maillé-Brezé.
-Des sous-marins et des avions basés à terre sont également engagés mais ne joueront qu’un rôle secondaire dans la bataille.
En voyant ce déploiement de force on peut se demander si la marine allemande avait vraiment une chance. Rappelons que les allemands ne possédaient pas toutes ces informations et qu’à la guerre c’est pas le nombre qui fait forcément la différence.
Le convoi plein reliant le Loch Ewe à Mourmansk avait appareillé du loch écossais le 2 juin 1952, devant affronter plusieurs attaques de sous-marins perdant cinq navires chargés mais dans l’ensemble il s’en sortait plutôt bien.
Il fallait néanmoins affronter de possibles attaques aériennes voir la sortie de grandes unités tapies dans les fjords de Norvège.
Le 9 juin le groupe de couverture rapproché sous commandement américain prend contact avec le convoi pour renforcer sa protection. Cette jonction est repérée par un U-Boot et transmise à qui de droit mais l’escadre allemande qui appareille le 13 juin est encore confiante.
Après tout ce groupe n’est composé que de cinq croiseurs légers et de quatre destroyers ce qui représente certes une menace mais une menace facilement neutralisable par la puissante escadre allemande.
Ce que la Kriegsmarine ignore c’est que les alliés sont sortis en force pour faire un mauvais sort aux navires allemands dont l’appareillage n’à pas échappé à la résistance norvégienne et à des missions de reconnaissance photo.
La Bataille du Cap Nord va avoir lieu à l’aube le 17 juin 1952. Comme souvent les affrontements sont confus, les acteurs n’ayant pas le temps d’écrire précisément et posément les événements de la bataille.
Ce qui est certain c’est que cela se termine en fin d’après midi par une victoire, un triomphe des alliés qui ont cependant subit des pertes sensibles.
Le premier groupe à être engagé est le groupe aéronaval qui lance une série de frappes sur l’escadre allemande. Très vite le KMS Lutzen est débordé, perdant son groupe aérien avant de sombrer suite à un deuxième raid mené par les porte-avions alliés.
Il est difficile de savoir qui fait quoi mais ce qui semble acquis c’est que le porte-avions léger allemand à sombré après avoir encaissé deux torpilles et quatre bombes.
Les allemands auraient du se replier en l’absence de couverture aérienne, les quelques chasseurs bimoteurs envoyés sur place par la Luftwaffe ne pouvant pas faire grand chose mais pour une raison qu’on ignore, le vice-amiral Kneitel décide de s’acharner persuadés que les alliés ne vont pas continuer.
Hélas pour lui les alliés enhardis par la destruction du Lutzen et voulant à tout prix faire passer un important convoi à destination de l’URSS sont bien décidés à s’imposer et à envoyer par le fond le maximum de navires allemands.
C’est aussi à cette époque que l’idée d’un débarquement en Norvège commence sinon à s’imposer à devenir autre chose qu’une folie militaire. Couler le maximum de navires de la Kriegsmarine c’est d’autant de bâtiments qui ne seront pas à neutraliser avant l’opération proprement dite.
Le groupe de couverture du convoi est le premier à entrer en action, parvenant à tenir le coup sans pertes même si le USS Raleigh (CL-113) est sérieusement endommagé puisque revenu en Grande-Bretagne il sera immobilisé pour réparations jusqu’en mars 1953, une durée non négligeable. Les autes croiseurs et les destroyers sont endommagés mais plus légèrement soit par des projectiles légers ou par des coups à toucher.
Le temps précieusement gagné permet au reste de la flotte alliée de parvenir à portée de canon et quand d’immenses gerbes d’eau encadrent les navires allemands, le vice-amiral Kneitel comprend que son sort est scellé et que sauf miracle son escadre est condamnée. Le maitre timonier seul survivant de la passerelle racontera après guerre que le contre-amiral Kneitel aurait murmuré «Mon dieu protégez nous».
Comme dans toute bataille il est difficile pour un historien de retrouvez ces petits. Il faudra attendre après guerre et des explorations sous-marines (doublées d’une étude attentive des archives et des témoignages des survivants alliés comme allemands) pour qu’un récit relativement cohérent soit écrit même si il y à toujours des débats entre historiens français, britanniques et allemands.
Croiseur de bataille type O
Durant le premier conflit mondial le croiseur de bataille SMS Derfflinger avait hérité du surnom de Iron Dog (Chien de Fer). Le KMS Oldenburg qui va lui succomber peut clairement revendiquer la succession du croiseur de bataille de classe Derfflinger.
Il manque en effet de couler le cuirassé HMS King George V qui encaisse deux obus de 380mm qui vont provoquer de sérieux dégâts, dégâts aggravés par deux obus de 203mm du Prinz Eugen et des obus de moindre calibre. Le premier «35000 tonnes» britannique est ainsi quitte pour dix-huit mois de réparations jusqu’en décembre 1953.
Le croiseur lourd HMS Albermale est lui aussi victime du croiseur de bataille qui place un obus de 380mm aux côtés de quatre obus de 203mm du Prinz Eugen et/ou de l’Amiral Reuter sans compter d’obus de moindre calibre. Les officiers de marine britannique sont formels : sa survie tiens du miracle.
HMS Fearless
Le croiseur de bataille allemand va également couler avec son artillerie secondaire le destroyer HMS Fearless foudroyé par huit obus de 150mm.
Ces attaques vont entrainer une sérieuse riposte alliée, le croiseur de bataille, le Schlachtkreuzer type O étant victime de l’aviation embarquée (une torpille et deux bombes venant d’avions de l’Hermes) et surtout d’obus de gros calibre, un obus de 380mm du Jean Bart, un obus de 356mm de l’Anson et deux obus de 406mm du Lion. Le croiseur de bataille commence à chavirer avant d’exploser ne laissant qu’une poignée de survivants.
L’Oldenburg n’est pas le seul navire allemand à sombrer. Le croiseur lourd Prinz Eugen qui à joué un rôle clé dans la destruction du Foch est victime du Saint David qui le désempare après le tir de huit obus de 406mm.
Le Schwere Kreuzer est un corps mort sur l’océan et sert de cible de tir à d’autres navires alliés ce qui va entrainer un naufrage fort coûteux en vies humaines (les allemands accuseront après guerre les alliés de crime de guerre pour avoir poursuivit le tir alors que les marins allemands évacuaient).
Outre le croiseur de bataille, le croiseur lourd et le porte-avions léger, la marine allemande va perdre trois destroyers en l’occurrence le Z.24, le Z.33 et le Z.34, ces deux derniers étant coulés en même temps que leur protégé, le porte-avions léger Lutzen.
Côté allié le croiseur Foch est la principale victime de la bataille. Désemparé par six obus de 203mm du Prinz Eugen, le croiseur de 1ère classe est achevé par des obus de 127mm et des torpilles de Zerstorer accompagnant l’Oldenburg. Parmi ces «destructeurs» un seul va survivre au conflit en l’occurence le Z.26, le Z.24 étant victime ultérieurement de l’aviation embarquée alliée.
Des Zerstörer ont aussi coulé le contre-torpilleur Bayard qui en se défendant comme un beau diable encaisse deux torpilles et une vingtaine d’obus de 127mm qui vont entrainer un naufrage rapide. Il s’agit encore une fois du Z.24 et du Z.26.
Le HMS Birmingham
Le HMS Birmingham est lui aussi endommagé par deux obus de 150mm du croiseur léger Munchen qui grâce à un grain échappe à la riposte alliée.
Les autres navires alliés comme allemands ne sont que légèrement endommagés mais parviennent à rentrer en Grande-Bretagne pour les uns, en Norvège pour les autres.
Ainsi s’achève la Bataille du Cap Nord, le dernier grand affrontement naval en Europe.
En octobre 1948 le croiseur lourd classe Admiral HMS Cornwallis à été sérieusement endommagé ce qui explique qu’il n’à été remis en service qu’en novembre 1949 le temps de réparer, de modifier et de réentrainer l’équipage.
Pleinement disponible en janvier 1950 il retourne en mer du Nord pour plus de deux ans puisqu’en mars 1952 il rallie l’Océan Indien en couvrant un convoi en direction du Cap. Il reste déployé dans l’Océan Indien depuis la base de Triconmalee jusqu’à la fin du conflit participant à GYMNAST, VAMPYR, OVERLORD et ZIPPER.
Rentré en métropole en juillet 1955, il est mis en réserve en 1958, désarmé et utilisé comme ponton-école de 1960 à 1980. Coulé à Chatham lors d’une tempête, le ponton-école anciennement croiseur lourd est finalement renfloué puis démoli en 1985 après plusieurs années d’hésitation.
Le HMS Albemarle sort indemne de la Campagne de Norvège et peut donc très vite continuer son activité opérationnelle faite de patrouilles, d’escorte de convois, de raids antisurface, de soutien aux opérations de l’aviation embarquée.
Il participe à la célèbre Bataille du Cap Nord (17 juin 1952) au cours de laquelle il est sérieusement endommagé encaissant notamment un obus de 380mm de l’Oldenburg, quatre obus de 203mm du Prinz Eugen et d’autres obus de moindre calibre.
Il est ainsi immobilisé jusqu’en janvier 1953 quand il peut reprendre missions de patrouilles et d’escorte mais aussi d’appui-feu aux opérations terrestres notamment dans le cadre de l’opération BOREALIS au cours de laquelle il est à nouveau endommagé ce qui impose plusieurs mois de réparations.
Déployé en mer du Nord puis en Méditerranée de juin 1955 à septembre 1956 il est transformé en croiseur lance-missiles (octobre 1956-septembre 1957), escortant les porte-avions britanniques jusqu’à son désarmement en mars 1970 puis sa démolition (1971/72).
En septembre 1948 deux croiseurs lourds de classe Admiral étaient en achèvement à flot. Malgré l’entrée en guerre les travaux continuent car la mise en service est proche. Au final le Marlborough est mis en service le 17 mars 1949 et le Blenheim le 4 juin 1949.
Ces deux navires vont d’abord opérer en mer du Nord jusqu’en juin 1951 avant de passer en Méditerranée pour là aussi deux ans d’opérations jusqu’en septembre 1953, le Marlborough étant sérieusement endommagé le 4 mars 1953 par une mine en Méditerranée. Réparé à Alexandrie, il ne retrouvera le service opérationnel qu’en octobre 1953. Le Blenheim lui ressort indemne et peut revenir en mer du Nord pour participer à BOREALIS.
Le Marlborough et le Blenheim vont terminer la guerre en mer du Nord, restant affectés à la Home Fleet jusqu’à leur désarmement survenu respectivement en 1964 et 1966. Un temps leur transformation en croiseur lance-missiles est étudiée mais finalement le projet est abandonné et les deux navires sont envoyés à la démolition.
Naturellement des croiseurs légers sont également déployés en mer du Nord, les premiers RETEX du conflit montrant que l’efficacité d’un obus de six pouces (152mm) était proche de celle d’un obus de 8 pouces (203mm).
Le HMS Southampton
Parmi les croiseurs légers concernés figure des unités de classe Town ou classe Southampton. Le HMS Southampton justement est déployé en mer du Nord à partir de la mi-octobre après avoir achevé son grand carénage.
Il mène des raids antisurface, escorte des convois, appui des opérations commandos….. . Le 7 mars 1949 il est sérieusement endommagé par une mine magnétique larguée quelques heures plus tôt.
Réparé il est de retour au combat en mai…..1951. Il est redéployé dans les Western Approaches jusqu’en juin 1952 pour escorter des convois et empêcher le passage dans l’Atlantique des corsaires allemands.
Redéployé en mer du Nord en juillet 1952, le croiseur léger participe à de nombreuses opérations notamment l’opération BOREALIS en octobre 1953. Immobilisé pour un grand carénage de janvier à octobre 1954, le Southampton est réaffecté à la Home Fleet jusqu’en mai 1957 quand il est désarmé puis mis en réserve. Il est finalement démoli en septembre 1958.
Le HMS Newcastle
Le HMS Newcastle ne participe pas à la Campagne de Norvège stricto sensu car il mène des patrouilles anti-raiders. Il traque notamment le Scharnhorst et le Gneiseneau mais ne parvient pas à les retrouver avant l’affrontement majeur contre le Howe et le Gascogne. Il fût proche d’achever le Scharnhorst gravement endommagé mais n’y parvient finalement pas.
En juin 1950 il passe six semaines en travaux à Devonport avant un détachement en Méditerranée jusqu’en septembre 1952 lui permettant de participer à plusieurs opérations contre l’Italie notamment l’opération HUSKY, le débarquement allié en Sicile.
Après une nouvelle période de travaux, le croiseur léger est envoyé en mer du Nord où il va rester jusqu’en juin 1954, participant notamment à BOREALIS.
Il est déployé dans l’Océan Indien de juillet 1954 à juillet 1957. Rentré le 14 août à Devonport, il est mis en réserve. Ponton-école en 1959 il est démoli trois ans plus tard en 1962.
Le HMS Sheffield
Le HMS Sheffield est disponible seulement au début du mois de novembre 1948. Il manque donc la Campagne de Norvège. Il est déployé dans la région pour des patrouilles, des escortes de convois et des missions d’appui aux raids commandos. Il est coulé par l’aviation allemande le 8 mai 1952 encaissant trois torpilles et deux bombes. En clair l’aéronavale allemande ne lui à laissé aucune chance.
Le HMS Birmingham
Le HMS Birmingham avait participé à la Campagne de Norvège. Le 30 septembre 1948, il est endommagé par une torpille lancée par une S-Boote.
L’anguille arrache une partie de la proue ce qui lui impose un retour en Grande-Bretagne pour une remise en état complète qui va l’immobiliser jusqu’en juin 1949 en raison de dégâts provoqués par un bombardement allemand sur Rosyth ce qui impose des travaux initialement non prévus.
Il est déployé en mer du Nord de juillet 1949 à juillet 1951 avant un grand carénage d’août 1951 à février 1952. Il participe le 17 juin 1952 à la Bataille du Cap Nord au cours de laquelle il est endommagé par deux obus.
Rapidement revenu au combat, il opère toujours en mer du Nord jusqu’à la fin du conflit, participant notamment à BOREALIS.
Il est endommagé par un échouage le 17 mai 1954 et va être immobilisé pour réparations jusqu’à la fin de l’année moins parce que les travaux étaient lourds mais parce qu’il n’y avait pas urgence au point que son désarmement anticipé à été envisagé puis abandonné.
Remis en service en janvier 1955 il va opérer au sein de la Home Fleet jusqu’en octobre 1958 quand il est désarmé puis démoli en juin 1961.
Le HMS Gloucester
Le HMS Gloucester participe à la Campagne de Norvège dont il ressort indemne. Il mène ensuite des patrouilles et des escortes de convois jusqu’à sa destruction par l’aviation allemande le 21 septembre 1950.
Le HMS Belfast
Le HMS Belfast participe à la Campagne de Norvège au cours de laquelle il est endommagé le 30 septembre 1948 par une batterie côtière allemande, des canons de 150mm installés du côté de Trondheim sur d’anciennes installations de la marine norvégienne, une prémice des fortifications qui vont protéger la Norvège d’une invasion alliée.
Deux obus de 150mm touchent le navire, le premier met hors service la tourelle I de 152mm et le second touche le navire au niveau de la cheminée avant. Le navire doit se replier pour des réparations rapides avant de reprendre le combat.
Après la fin de la Campagne de Norvège le croiseur léger reste déployé en mer du Nord pour assurer notamment des escortes de convois. Après une période de travaux il est déployé en Méditerranée de mars 1952 à février 1953.
Endommagé à plusieurs reprises il passe six mois en travaux en Grande-Bretagne (mars à septembre 1953), participant ensuite à l’opération BOREALIS. Il reste déployé en mer du Nord jusqu’à la fin de la guerre en Europe. Il subit un nouveau carénage de mai à novembre 1954.
Toujours affecté à la Home Fleet, il est désarmé en septembre 1959. Il est sauvé de la démolition et est depuis ancré dans la Tamise comme musée à flot.
Le HMS Edinburgh en juillet 1939
Le HMS Edinburgh participe à la campagne de Norvège. Il est légèrement endommagé le 5 octobre 1948 dans un échange de tirs confus par un obus de 127mm mais le navire peut continuer le combat, l’obus en question ayant traversé un rouf vide. Il va être déployé en mer du Nord jusqu’à son torpillage par un sous-marin allemand le 8 mai 1953, le coupable étant le U-153.
Aux côtés des croiseurs légers à canons de 152mm on trouve des croiseurs légers antiaériens à canons de 133mm.
Le HMS Naïad
Parmi eux on trouve le HMS Naiad chargé notamment de la protection du porte-avions blindé HMS Formidable. Il peut aussi mener des missions différentes comme ce fût le cas le 20 octobre 1948.
Ce jour là le croiseur léger antiaérien est légèrement endommagé par l’aviation allemande alors qu’il venait de bombarder des cibles à terre, une mission pas vraiment prévue pour un CLAA.
Alors qu’il se repli il est attaqué par des chasseurs-bombardiers allemands qui l’endommage légèrement en plaçant une bombe de 125kg à la poupe et une demi-douzaine de roquettes. Les dégâts sont limités, le croiseur reprenant le combat une semaine plus tard, retrouvant son protégé.
Après réparations il va suivre le porte-avions comme son ombre sauf quand les périodes de travaux et d’entretien ne correspondaient pas. Il est coulé par un sous-marin allemand le 4 mai 1952 en mer du Nord, le coupable étant le U-77.
Le HMS Euryalus à Malte
Le HMS Euryalus participe à la Campagne de Norvège d’abord seul puis avec son protégé le porte-avions d’escadre Victorious. Le 5 octobre 1948 le sister-ship de l’Illustrious est sérieusement endommagé, son protégé recevant une bombe ce qui impose également un passage par la case chantier.
Après des opérations en solitaire avec d’autres navires il va retrouver son protégé pour assurer sa protection antiaérienne mais aussi la coordination des opérations aériennes qu’elles soient offensives ou défensives. Il est torpillé en Méditerranée le 14 avril 1952 par un sous-marin italien.
Le HMS Sirius
Son sister-ship le HMS Sirius accompagne l’Illustrious. Il survit à la guerre même si il est endommagé à plusieurs reprises mais jamais sérieusement. Désarmé en septembre 1955 il aurait du être démoli en 1960 il est choisit par la Royal New Zealand Navy (RNZN) pour connaître une nouvelle carrière aux antipodes. Il va ainsi servir au pays du long nuage blanc jusqu’en octobre 1977 quand il est désarmé et démoli.
HMS Argonaut
Le HMS Argonaut est le bodyguard, le protecteur du porte-avions lourd HMS Hermes. Il est sérieusement endommagé le 27 mars 1949 par une mine alors qu’il rentrait à Rosyth. Il va être immobilisé jusqu’en juin 1950 date à laquelle il est à nouveau disponible.
Il retrouve l’Hermes en mars 1951, le suivant jusqu’à la fin de la guerre sauf exceptions. Il est désarmé en mars 1956 et démoli.
Le HMS Scylla
Le HMS Scylla n’est disponible qu’à la mi-septembre après la réparation de l’avarie qui l’avait immobilisé. Il accompagne le porte-avions lourd Gibraltar comme son ombre. Le HMS Gibraltar est coulé le 27 octobre 1951 et le croiseur léger encaisse une torpille qui lui arrache la proue, «anguille» lancée par le croiseur sous-marin U-112 qui sera coulé le lendemain par un Short Sunderland du Coastal Command.
Il rallie la Grande-Bretagne pour de très longues réparations puisqu’elles vont durer d’octobre 1951 à février 1953. A nouveau opérationnel en mars, il opère désormais comme un croiseur léger classique.
Il opère souvent en appui des opérations commandos ou comme conducteur de flottille au profit des destroyers dans des groupes de recherche et de destruction. Il participe en octobre 1953 à l’opération BOREALIS au cours de laquelle il est légèrement endommagé par une batterie côtière qu’il matte avec l’aide d’autres unités.
Servant en mer du Nord jusqu’à la fin du conflit, il est finalement désormais en octobre 1957. Il est proposé à des pays étrangers mais aucun client ne se manifeste. Il est finalement démoli en 1963.
Le HMS Charybdis
Le HMS Charybdis accompagnait lui le porte-avions Malta. Il opère aussi bien en mer du Nord que dans l’Océan Indien. Alors que le porte-avions était immobilise pour refonte, le croiseur léger va opérer en baie d’Heligoland.
Le 7 janvier 1954 il fait détonner une mine. Une large brèche de 25m sur 7m entraine le naufrage du croiseur mais heureusement la majeure partie de l’équipage fût récupérée par d’autres navires qui n’hésitèrent pas à foncer vers le lieu du torpillage au risque de provoquer l’explosion d’une nouvelle mine.
Le HMS Black Prince dans la Clyde en 1944
Le HMS Black Prince opérait comme croiseur léger standard en compagnie des autres unités du 17th Cruiser Squadron à savoir les HMS Diadem et Bellona (coulé durant la Campagne de Norvège). Il est endommagé par l’aviation allemande le 1er novembre 1948, deux bombes provoquant de sérieux dégâts.
Néanmoins comme l’appareil propulsif est intact, le Black Prince peut se replier sur la Grande-Bretagne pour des réparations assez longues puisqu’il ne va reprendre le combat qu’en mars 1949.
Il participe à la Campagne de France (1949) au cours de laquelle il est à nouveau endommagé par une bombe qui entraine une nouvelle période de travaux, le croiseur léger endommagé le 14 septembre 1949 est immobilisé pour réparations jusqu’à la fin de l’année.
Il va opérer en mer du Nord jusqu’en septembre 1952 quand il est transféré à la marine polonaise libre. Rebaptisé ORP Dragon, il va participer à des raids contre le trafic maritime allemand, le soutien aux opérations commandos…… .
Il participe à l’opération BOREALIS dans la région de Trondheim. Endommagé par une mine le 14 janvier 1954 il était toujours en réparations quand l’Allemagne capitule le 30 avril.
Il est opérationnel le 18 mai 1954, servant en Baltique et en mer du Nord. Rendu à la Grande-Bretagne le 14 septembre 1957 et retrouvant son nom d’origine il est finalement désarmé le 14 mars 1958 et démoli deux ans plus tard.
Le HMS Diadem
Le HMS Diadem participe à la Campagne de Norvège au cours de laquelle il est sérieusement endommagé par l’aviation allemande le 25 octobre 1948. Ayant encaissé deux bombes de 500kg, il est immobilisé pour réparations jusqu’en février 1949.
Il opère en mer du Nord pour des raids contre la navigation allemande, l’appui-feu aux opérations commandos, des missions d’escorte. Le 8 juin 1949 il encaisse une torpille lancée le U-148 qui lui arrache la proue.
Il est de retour au combat en janvier 1950. Si on calcule depuis septembre 1948, le Diadem à passé dix mois en réparations, dix mois sur seize !
Fort heureusement c’est la fin des gros dégâts. Il sera endommagé à plusieurs reprises mais jamais sérieusement notamment lors de la Bataille du Cap Nord et de l’opération BOREALIS.
Usé par un service intensif et par les avaries, il est mis en réserve dès le mois de juin 1955. Jamais réarmé, il est finalement rayé et démoli en 1967.
Tout en construisant des croiseurs légers antiaériens à canon de 133mm la Royal Navy continue de construire des croiseurs légers à canons de 152mm. Parmi ces navires figurent les unités de la classe Crown Colony.
Le HMS Bermuda
Le HMS Bermuda était indisponible le 5 septembre 1948 quand le second conflit mondial éclate. Il est disponible seulement le 1er octobre 1948 avec tout de même 17 jours d’avance sur le calendrier initial sans que l’on sache si il s’agit d’une performance des ouvriers du chantier ou l’abandon de certains travaux.
Il est endommagé le 22 octobre 1948 par un chasseur-bombardier Messerschmitt Me-109 qui place une bombe de 250kg. En dépit des dégâts (tourelle II détruite) le croiseur reste en ligne ne ralliant un chantier qu’au début du mois de novembre.
Il participe à la Campagne de France au cours de laquelle il est plus sérieusement endommagé par l’aviation allemande, étant immobilisé pour réparations du 8 juillet 1949 au 14 novembre 1950.
Il est déployé en Méditerranée de décembre 1950 à juillet 1952 participant à différentes opérations contre l’Italie notamment les premiers combats de l’opération HUSKY, l’invasion de la Sicile.
Après un carénage d’août à novembre 1952 il retourne en mer du Nord où il va rester jusqu’en janvier 1954, participant notamment à BOREALIS.
Il rallie ensuite l’Océan Indien où il est déployé de mars 1954 à septembre 1955. Il est désarmé à son retour en métropole et mis en réserve. Jamais réarmé il est finalement démoli en 1967.
Le HMS Kenya
Le HMS Kenya ne participe que très indirectement à la Campagne de Norvège car il participe à des opérations anti-raiders. Il participera ensuite à la Campagne de France puis en Méditerranée à la Campagne de Grèce au cours de laquelle il est coulé.
Le HMS Nigeria
Le HMS Nigeria avait été sérieusement endommagé par la torpille du U-76 le 7 octobre 1948. Il revient miraculeusement en Grande-Bretagne. Les travaux vont durer jusqu’en septembre 1949 !
Après avoir mené des patrouilles anti-raiders dans les Western Approaches de décembre 1949 à octobre 1950, il est immobilisé pour carénage de novembre 1950 à février 1951.
Après deux ans en Mer du Nord (mars 1951 à mars 1953) il subit une longue période de travaux d’avril à décembre 1953. Il termine la guerre dans l’Océan Indien où il est déployé de janvier 1954 à juillet 1955. Rentré en Métropole, il reste en service jusqu’en mars 1959 quand il est désarmé et mis en réserve. Il est finalement démoli après l’abandon d’un projet de transformation en croiseur porte-hélicoptères en 1962.
Le HMS Trinidad
Le HMS Trinidad est disponible début octobre à la fin de son carénage. Il assure l’escorte de convois particulièrement sensibles les TC (Troop Convoy/Convois de Transport de Troupes) et ce jusqu’en mai 1949.
Endommagé durant la Campagne de France, il est ensuite redéployé en mer du Nord où il va opérer d’octobre 1949 à septembre 1951 et de mai 1952 à octobre 1953, les deux périodes étant séparées par un carénage plus long que prévu en raison d’un bombardement allemand et de travaux initialement non prévus.
Après avoir participé à BOREALIS le croiseur léger est immobilisé pour travaux de novembre 1953 à février 1954. Il termine le conflit en mer du Nord.
Il reste en service dans l’immédiat après guerre au sein de la Home Fleet jusqu’en septembre 1958 puis en Méditerranée jusqu’en septembre 1961. Rentré en Métropole, il est mis en réserve en mars 1962, désarmé puis démoli en 1966.
HMS Gambia
Le HMS Gambia participe à la Campagne de Norvège au cours de laquelle il n’est pas endommagé. Il mène ensuite des escortes de convois, des raids antisurface et des opérations de soutien aux raids commandos.
Il est sérieusement endommagé le 17 mars 1951 par l’aviation allemande (deux bombes de 250kg et une de 125kg) et va être immobilisé pour réparations jusqu’en octobre 1951. Il opère en mer du Nord jusqu’en octobre 1952 mais manque la Bataille du Cap Nord.
Après une nouvelle phase de travaux en octobre et novembre 1952, il est déployé dans l’Océan Indien pour participer aux opérations OVERLORD et ZIPPER. Il rallie la Méditerranée en janvier 1954, restant dans la Mare Nostrum jusqu’en septembre 1954. Rentré en Métropole, il reste en service jusqu’en octobre 1964 quand il est désarmé. Il est démoli trois ans plus tard en 1967.
Le HMS Minotaur
Le 5 septembre 1948 le croiseur léger HMS Minotaur escortait un convoi de transport de troupes canadiens. Sa mission de protection terminée, il rallie la mer du Nord à la mi-septembre pour des missions d’escorte et d’appui-feu, le Minotaur coulant plusieurs navires de charge allemands.
Endommagé il est en réparations du 30 octobre au 12 décembre 1948. Il opère en mer du Nord de janvier 1949 à juin 1950. Endommagé par l’aviation allemande au large de Spitzberg le 9 juin 1950, il est à nouveau immobiliser pour réparations du 10 juin au 24 octobre 1950.
A nouveau déployé en mer du Nord d’octobre 1950 à octobre 1952, il est immobilisé pour un petit carénage de novembre 1952 à janvier 1953. Il mène ensuite à nouveau des escortes de convois et un appui-feu aux opérations commandos. Il participe également à l’opération BOREALIS.
Il reste en Europe jusqu’en septembre 1954. Il poursuit une carrière au sein de la Home Fleet jusqu’à son désarmement survenu en janvier 1961. En réserve il est finalement démoli en 1965.
Le HMS Swiftsure
Le HMS Swiftsure mène des missions anti-raiders et des escortes de convois durant la Campagne de Norvège. Il est endommagé au cours de la Campagne de France.
Après réparations il est redéployé en mer du Nord. Il est endommagé à plusieurs reprises mais jamais sérieusement. Il participe à l’opération BOREALIS puis termine la guerre en baie d’Heligoland, couvrant notamment le déminage de la zone.
Le second conflit mondial terminé il rallie Singapour pour un détachement au sein de la British Eastern Fleet, détachement qui s’achève en octobre 1956.
Désarmé en janvier 1957, il est transformé en croiseur porte-hélicoptères et remis en service en mars 1960. Il est désarmé en 1975 et démoli deux ans plus tard.
Le HMS Superb
Le HMS Superb participe lui aussi à la Campagne de Norvège, menant des escortes de convois et assurant l’appui-feu des troupes au sol, ses canons de six pouces étant d’un précieux réconfort pour les fantassins alliés quand l’infanterie allemande se faisait un peu trop mordante.
Cette campagne terminée, il reste déployé en mer du Nord menant des raids anti-surface et des escortes de convois notamment à destination de l’URSS. Il couvre et appui différents raids commandos en Norvège.
Il est sérieusement endommagé par l’aviation allemande le 14 octobre 1951 (deux bombes de 500kg) ce qui nécessite près de huit d’immobilisation entre les réparations, les essais et la remise en condition du navire qui ne peut reprendre la lutte qu’avant juin 1952.
Il est redéployé en Méditerranée pour quinze mois d’intense activité opérationnelle entre raids antisurface, escorte de convois (convois locaux et transméditerranéens), affrontements de surface avec ce qui restait de la Regia Marina et appui aux opérations amphibies.
Immobilisé à Devonport pour un grand carénage d’octobre 1953 à février 1954 il termine la guerre en Mer du Nord.
Maintenu en service après guerre, il est un temps menacé de désarmement avant d’être transformé en croiseur lance-missiles en 1961 pour une carrière qui ne va s’achever qu’en 1977. Après l’échec d’un projet de conservation à Liverpool,le Superb est finalement démoli en 1980.
Le HMS Vigilant participe à la Campagne de Norvège au cours de laquelle il évite d’être endommagé. Au moment de la Campagne de France il est détaché à Devonport pour couvrir La Manche, une mission qui initialement n’avait guère de sens mais qui avec l’invasion du territoire français devenait vitale. Il est endommagé à plusieurs reprises mais jamais sérieusement.
Une fois le front français stabilisé sur La Seine, le croiseur léger de classe Minotaur est envoyé en Méditerranée en juin 1950 opérant dans la Mare Nostrum jusqu’en octobre 1951.
Après un petit carénage à Alexandrie, le croiseur léger est envoyé en janvier 1952 dans l’Océan Indien pour sécuriser la zone puis pour participer à différentes opérations dans la zone que ce soit GYMNAST et VAMPYR à propos de la Birmanie, OVERLORD en Thaïlande et Cochinchine mais pas ZIPPER déclenchée en novembre 1953 car à cette époque le croiseur était en Méditerranée où il reste jusqu’à la fin des combats en Europe.
Rentré en Métropole en mai 1954, il y sert jusqu’en octobre 1957 quand il est désarmé et mis en réserve. Il est transformé en croiseur lance-missiles en 1959 ce qui lui permet de prolonger sa carrière de quelques années. Désarmé en mars 1974 il est démoli en 1977 à Ostende.
Le HMS Bellerophon est mis en service en juillet 1949. Il opère en mer du Nord pour des raids antisurface, des escortes de convois et le traditionnel appui-feu aux opérations commandos. Il est endommagé le 17 juin 1952 lors de la Bataille du Cap Nord.
Après trois mois de réparations jusqu’en septembre 1952, le croiseur léger reprend la lutte toujours en mer du Nord et ce jusqu’en novembre 1953, le croiseur léger engagé dans l’opération BOREALIS étant endommagé dans les combats qui suivent le jour J (11 octobre).
A nouveau opérationnel en février 1954, il est envoyé en Méditerranée de mars 1954 à décembre 1955 avant de retourner dans les eaux métropolitaines. Il est désarmé en février 1956 pour être transformé en croiseur lance-missiles. Remis en service en septembre 1957 il sert essentiellement à protéger les porte-avions britanniques qu’ils soient neufs ou refondus. Désarmé le 14 juin 1969 il est démoli en 1971.
Le HMS Eagle (ex-Mars) est mis en service dans la marine britannique le 21 juin 1949. Opérant en mer du Nord sous l’autorité de la Home Fleet, il assure des couvertures de convois jusqu’en septembre 1950 quand il est endommagé dans une collision avec un cargo victime d’une avarie de barre.
Après réparations il est redéployé en Méditerranée où il va opérer jusqu’en mars 1952, ralliant Devonport pour un grand carénage. Durant ce déploiement de plus d’un an (janvier 1951 à mars 1952), il participe à l’opération MARIGNAN (libération de la Corse août 1951), protégeant les convois de débarquement mais aussi assurant l’appui-feu et la couverture antiaérienne de la tête de pont.
Il enchaine par des opérations de recherche et de destruction en mer Tyrrhénienne, étant stationné à Bastia. Il est d’ailleurs endommagé par un bombardement aérien italo-allemand en décembre 1951.
Il termine son déploiement par l’opération ACOLADE (débarquement à Lampedusa et Pantelleria).
Les travaux sont durer d’avril à juillet 1952. Après essais et modifications diverses, le croiseur est transféré le 7 septembre 1952 à la marine canadienne devenant le HMCS Ontario. Il va opérer en Méditerranée en soutien des combats en Sicile puis en Italie avec l’opération SKYLOCK.
Il subit un petit carénage à l’Arsenal de Sidi-Abdallah entre février et avril 1953 avant de rallier l’Adriatique et la mer Egée. Il termine la guerre à Trieste dans le nord de l’Italie.
Il quitte l’Adriatique en mai 1954 pour rallier Halifax où il doit être remis en état en vue de combattre dans le Pacifique. La capitulation japonaise le surprend au bassin.
Déployé à Vancouver, navire-amiral de la RCN , il est transformé en croiseur lance-missiles de juin 1962 à septembre 1964. Redéployé dans l’Atlantique en 1970, il est désarmé en décembre 1977 et après avoir été un temps menacé de démolition il est finalement transformé en musée et depuis 1980 il est musée à flot à Vancouver.
Le HMS Defence est mis en service en juin 1950. Il opère en mer du Nord pendant deux ans plus précisément jusqu’au 8 juin 1952 quand il est sérieusement endommagé par l’aviation allemande au large des Lofoten, le croiseur léger encaissant pas moins de trois bombes.
Il est immobilisé pour réparations du 9 juin 1952 au 17 février 1953. Il opère en Mer du Nord jusqu’à la fin de la guerre, participant notamment à l’opération BOREALIS.
Détaché en Méditerranée de septembre 1954 à mars 1957 il est à son retour en Métropole mis en réserve. Il est vendu à la démolition en 1961 après l’abandon d’un projet de transformation en croiseur lance-missiles.
Le HMS Tiger est mis en service le 8 décembre 1949. Il opère en Mer du Nord au sein de la Home Fleet depuis Rosyth puis Harwich, bombardant à plusieurs reprises les ports néerlandais et belges occupés par les allemands.
Endommagé par une mine le 14 mars 1950, il est immobilisé pour réparations jusqu’en juin avant d’escorter des convois dans l’Atlantique jusqu’en janvier 1951. Après un grand carénage à Devonport de janvier à mai 1951 il escorte des convois entre Liverpool et Freetown avec des escortes fréquentes à Casablanca et Dakar. En juin 1951 il participe aux combats de l’opération AVALANCHE en Manche.
De février à mai 1952 il subit de nouveaux travaux à Devonport en vue d’être transféré à la marine canadienne. Le 4 août 1952 le transfert est officialisé, le Tiger devenant le HMCS Quebec. Il rallie la Méditerranée pour soutenir les opérations liées à l’opération HUSKY (débarquement et conquête de la Sicile).
Il va opérer en Méditerranée jusqu’à la fin du conflit, participant notamment à l’opération SKYLOCK, terminant la guerre à Venise, sa compagnie de débarquement défilant sur la place St Marc.
Rentré au Canada en mai 1954, il est en travaux et remis en service en octobre, opérant dans l’Atlantique jusqu’au 27 septembre 1955 date à laquelle il est mis en réserve à Halifax. Rayé des registres le 7 janvier 1965, il est vendu à la démolition et démantelé.
Dans le cadre du programme de guerre pas moins de huit croiseurs légers sont commandés, quatre Minotaur modifiés (Conquest Calliope Cambrian Centaur) et quatre croiseurs provisoirement baptisés Canterbury Caledon Calypso et Ceres.
Pourquoi provisoirement ? Tout simplement parce qu’au moment de la commande la marine britannique ignorait si elle allait construire de nouvelles unités type Monitaur ou choisir un nouveau modèle, le type F. Finalement non seulement le type F sera abandonné mais les quatre croiseurs légers en option ne seront jamais achevés ! Tout ça pour ça serions nous tentés de dire.
Le HMS Conquest est mis en service le 6 juin 1952, le HMS Calliope le 7 juillet 1953, le HMS Cambrian le 8 août 1952 et le HMS Centaur le 2 février 1955 soit après le conflit.
Le Canterbury mis sur cale le 3 février 1953 ne sera jamais mis en service. Il était encore sur cale quand sa construction est abandonnée le 30 avril 1954. La coque est lancée puis remorquée à l’écart en attendant qu’on décide quoi faire. Plusieurs projets sont étudiés mais finalement la coque est envoyée à la démolition en 1958.
Le Caledon mis sur cale le 14 mars 1953 voit sa construction stoppée dès le 15 mars 1954. On étudie sa reprise après guerre mais finalement on se contente de sécuriser la coque pour permettre le lancement en toute sécurité aux chantiers navals Swan Hunter de Wallsend.
Las ! Le 14 juillet 1954 quand la coque est lancée un problème technique entraine le naufrage de la coque qui coule comme une pierre. La coque est relevée et promptement ferraillée.
La construction des Calypso et Ceres à été abandonnée dès le 30 septembre 1952 à la fois pour des problèmes industriels mais aussi en raison de la pénurie de main d’oeuvre dont souffrait la Royal Navy.
Les trois Minotaur modifiés sont envoyés dès leur mise en service en Méditerranée. Ils vont y opérer jusqu’à la fin du conflit en Europe avant de passer en Asie du Sud-Est. Ils sont maintenus en service après guerre étant désarmés en 1964 (Conquest), en 1965 (Calliope), en 1968 (Cambrian) et en 1970 (Centaur).
En septembre 1939, les unités de la Royal Navy chargées de patrouiller dans l’Atlantique Sud pour protéger le trafic commercial et lutter contre les raiders allemands dépendaient du South Atlantic Command avec pour base principale pour ne pas dire exclusive, Freetown dans la colonie de Sierra Leone.
Le stationnement d’une escadre permanente dans cette région remontait au début du 19ème siècle quand la Royal Navy fût chargée de lutter contre le traite négrière illégale depuis 1817 (l’esclavage allait être abolit en 1833).
Cette escadre connaissait un très fort taux de mortalité en raison de la présence de la fièvre jaune ce qui lui valut le surnom de Coffin Squadron l’Escadre cercueil.
La situation était heureusement nettement meilleure en septembre 1939 et le South Atlantic Command joua un rôle majeur dans la traque des navires de guerre allemands lancés dans une guerre de course.
Suite à la réorganisation de la Royal Navy au printemps 1944, décision est prise de supprimer les South et North Atlantic Command au profit d’une West African Station à l’aire de responsabilité gigantesque puisqu’allant de Gibraltar au cap de Bonne Espérance.
Très rapidement cette zone est bien trop étendue et un Gibraltar Command est créé pour permettre à Freetown de se concentrer sur l’Atlantique Sud.
En septembre 1948, les navires suivants sont stationnés à Freetown :
HMS Colossus
-Porte-avions léger HMS Colossus
-8th Cruiser Squadron (8th CS) avec les croiseurs lourds type County HMS Shropshire et Berwick ainsi que le croiseur lourd HMS York
-5th Destroyer Flottilla 2nd Division avec les destroyers type K HMS Khartoum Kelvin Kipling Kimberley
-11th Patrol Flottilla : chalutiers armés HMS Bern, Biggal, Blackbird, Bressay, Brora, Bruray Bryher et Burra
-Deux vedettes anti-sous-marines et deux dragueurs de mines légers pour la protection rapprochée du port
-Pétroliers RFA Belgol (classe Belgol) et RFA War Bharata (classe War)
-Le navire-atelier HMS Resource et la 3rd Submarine Flottilla accompagné du ravitailleur de sous-marins HMS Andaman rejoignent le site après le déclenchement du conflit.
A ces navires s’ajoutent ceux stationnés à Simonstown même si l’éloignement rend son commandement très autonome par rapport à Freetown.
Ces navires sont deux sloops, le HMS Londonderry de classe Grimsby et le HMS Auckland de classe Egret ainsi que deux vedettes ASM et deux cannonières destinés à la protection rapprochée du port.
Fleet Air Arm-South Atlantic Command
Ce commandement créé en février 1948 à comme fleuron le porte-avions léger HMS Colossus chargé avec son 12th Carrier Air Group (12th CAG) et le 8th Seaplane Group, un groupe d’hydravions qui peut être embarqué sur des croiseurs de passage.
12th Carrier Air Group (12th CAG)
Fairey Albacore à l’appontage
-Squadron 887 : six Fairey Albacore (torpillage et lutte anti-sous-marine)
-Squadron 889 : quatre Douglas Dauntless (bombardement en piqué/reconnaissance)
-Squadron 890 : six Grumman Martlet Mk III
-Squadron 892 : six Grumman Martlet Mk III
8th Seaplane Group
Appelé également le squadron 718, il dispose de huit Supermarine Walrus de reconnaissance et de surveillance maritime
Unités de soutien et de servitude
Squadron 917 équipé d’avions de liaison et de servitude avec deux Lockheed Hudson et quatre SNCAO SO-30P
Squadron 918 équipé d’hydravions de servitude avec quatre Saro London
Gibraltar Command
Ce commandement créé en septembre 1947 pour soulager la West African Station regroupe comme son nom l’indique tous les navires stationnés en permanence sur le rocher. Ces navires ont pour mission essentielle de sécuriser l’accès à la Méditerranée et de protéger les convois notamment ceux allant de Freetown à Liverpool.
Quand le second conflit mondial éclate, les navires suivants sont stationnés à Gibraltar :
-9th Destroyer Flottilla : huit destroyers type L, les HMS Laforey Lightning Lookout Loyal à canon de 120mm, les HMS Lance Larne Lively Legion à canon de 102mm
-13th Destroyer Flottilla : six destroyers légers type Hunt I, les HMS Fernie Garth Hambledon Holderness Cotswold et Cottesmore
-6th Escort Flottilla avec six frégates de classe River, les HMS Tay Test Teviot Trent Tweed Waveney en attendant les Wear et Aire.
-5th Minesweeping Flottilla avec des dragueurs de mines de classe Bangor, les HMS Brixham Clacton Cromarty Dormoch Dunbar Greenock Hartlepool et Harwich
-9th Minesweeping Flottilla équipée de chalutiers-dragueurs de mines classe Isle, les HMS Bute Cailiff Caldy Campobello Copinsay Crowlin Cumbrae et Damsay
-Deux canonnières, deux patrouilleurs anti-sous-marins, une vedette de sauvetage et 4 HDML
-Pétroliers RFA Oligarch (classe Ol) RFA Darkdale (classe Dale) et RFA Brown Ranger (classe Ranger)
West Indies Station
En septembre 1939, on trouvait l’America & West Indies Station chargée de couvrir notamment les Antilles et l’Atlantique Nord.
Neuf ans plus tard, ce commandement est remplacé par la West Indies Station dont l’aire de responsabilité est limité aux Antilles, la couverture des convois depuis Halifax devant être assurée par la Royal Canadian Navy (RCN) avec véritable révolution le passage sous commandement canadien de navires de la Royal Navy.
Basée aux Bermudes, l’escadre des Indes Occidentales regroupe en septembre 1948 les moyens suivants :
la frégate Annan de classe River
-8th Escort Flottilla avec quatre frégates classe River (quatre en construction) avec les HMS Annan Avon Awe et Braid en attendant si les projets sont suivis les HMS Cam Deveron Dovey et Fal
-Deux vedettes anti-sous-marines, Deux canonnières, deux dragueurs de mines légers
-Pétroliers RFA Abeydale et Broomdale (classe Dale)
-Citerne à eau RFA Freshet
A cela s’ajoute le Fleet Air Arm-West Indies Command qui regroupe les moyens navals stationnés aux Bermudes plus précisément à Boaz Island.
Il ne dispose pas de groupes aériens mais dispose du 7th Seaplane Group/squadron 717 qui dispose des hydravions des croiseurs lourds York Shropshire et Berwick soit six Supermarine Walrus auxquels s’ajoute le squadron 915 équipée d’avions de liaison et de transport (deux Lockheed Hudson et deux Douglas DC-3) ainsi que du squadron 918 équipé d’hydravions de servitude (quatre Supermarine Walrus).
PROGRAMME DE GUERRE
Avant-Propos
Comme tous les pays d’Europe, la Grande Bretagne investit massivement dans le domaine militaire entre 1940 et 1948 ce qui explique le nom donné à cette période, la Pax Armada en référence à la Pax Romana.
Le corps de bataille est renouvelé, la flotte de porte-avions se débarasse de ses navires pionniers souvent inaptes aux opérations de guerre au profit d’unités neuves. La situation est semblable pour les croiseurs, les destroyers et les sous-marins.
Bref en septembre 1948, la Royal Navy à fière allure et prête à en découdre avec une Kriegsmarine nettement plus musclée que neuf ans plus tôt.
Néanmoins au 5 septembre 1948, un certain nombre d’unités sont toujours en construction ou en achèvement à flot.
Dans un premier temps, toutes les constructions sont suspendues et seuls les navires en achèvement à flot pouvant être mis en service dans un délai raisonnable sont priorisés.
La guerre s’annonçant longue, les construction reprennent dans l’immense majorité des cas, des commandes d’urgence sont passées en attendant un vrai programme de guerre.
Navires en construction en septembre 1948
Cuirassés
En septembre 1948, quatre cuirassés de classe Vanguard sont encore en construction, deux en achèvement à flot (HMS Saint Andrews HMS Saint David) et deux encore sur cale (HMS Saint George et HMS Saint Patrick).
La construction ou les travaux sur les quatre unités est suspendue le 5 septembre 1948. Ils reprennent sur le Saint Andrews et le Saint David dès le 20 septembre pour aboutir à la mise en service de ces navires le plus rapidement possible et faire face à la perte de plusieurs cuirassés, le HMS Centurion coulé le 7 octobre 1948 au large de la Norvège (endommagé par une mine puis achevé par l’aviation allemande) et le HMS Howe si gravement endommagé que sa remise en état semble inutile.
Quand au Saint George et au Saint Patrick, décision est prise le 8 novembre 1948 de les achever mais uniquement pour libérer les cales. Leur achèvement n’est pas prévu sauf pertes colossales dans le corps de bataille de la Royal Navy.
Porte-avions
Quand le second conflit mondial éclate, aucun porte-avions n’est en construction pour la Royal Navy.
Croiseurs lourds
La Royal Navy n’à jamais eu une forte appétence pour le croiseur lourd et c’est uniquement pour ne pas être déclassée que l’Amirauté à construit les County, les York puis les Admiral.
Deux croiseurs lourds de classe Admiral, les HMS Marlborough & Blenheim sont en achèvement à flot quand le conflit éclate. Leur achèvement est suspendu le 5 septembre mais il reprend dès le 15 septembre, les travaux étant proches de leur terme.
Croiseurs légers
Quatre croiseurs légers classe Minotaur sont en construction quand les allemands déclenchent l’opération Weserübung en l’occurence les HMS Bellerophon Eagle Defence et Tiger.
Tous sont en achèvement à flot et leur mise en service doit selon les critères du temps de paix s’échelonner entre le printemps et l’automne 1949. Il est cependant plus que probable que les travaux vont être accélérés.
Destroyers
Le renouvellement de la flotte construite à partir de la fin des années vingt avait déjà été entamée avec la construction des destroyers type O et P qui remplacèrent les type A et B.
Les Type C avaient été eux vendus au Canada avant le début de la guerre de Pologne, la première classe à remplacer était le type D.
Huit destroyers type Q sont commandés au printemps 1947 pour remplacer les type D mais aucun n’est en service en septembre 1948, quatre sont en achèvement à flot et quatre encore sur cale.
Les HMS Queenborough Quadrant Quail et Quality ont été lancés au mois d’août. Ils sont donc loin d’être mis en service même en accélérant les travaux au maximum.
Les quatre autres (Quentin Quiberon Quickmatch Quilliam) sont encore sur cale et assez loin du stade du lancement.
Navires légers
Dans le domaine des navires légers, seules quatre frégates de classe River sont en construction quand le second conflit mondial éclate (HMS Cam Deveron Dovey Fal).
Au 5 septembre 1948, quatre cuirassés, deux croiseurs lourds, quatre croiseurs légers, huit destroyers et quatre frégates sont en construction pour la marine britannique.
Dès le début du conflit des commandes d’urgence vont être passées, commandes ultérieurement intégrées dans un War Emergency Programm voté par les Communes le 14 janvier 1949.
Les commandes immédiates
En temps de paix les résistances à l’investissement sont nombreuses et notamment sur le plan financier, les militaires sont souvent vus comme des gens éternellement insatisfaits, on mégote souvent sur l’investissement nécessaire.
Le déclenchement d’un conflit facilite souvent les choses. A l’annonce des débarquements allemands en Norvège et au Danemark, de nombreuses commandes d’urgence sont passées, commandes qui sont ultérieurement intégrées au War Emergency Programm qui pose déjà les bases d’une marine d’après guerre.
En attendant voici la liste des commandes passées par decret dès le début de la guerre :
-Huit porte-avions légers type Colossus
-Seize destroyers type Q, huit à canons de 120mm et huit à canons de 114mm, ces derniers devenant des type R.
-Seize frégates de classe River
-Douze destroyers légers type Hunt IV mais quatre sont rapidement rétrocédés à la jeune Royal South African Navy
Ces commandes étaient parfois bloquées depuis plusieurs mois mais le déclenchement du conflit à fait sauter les différents obstacles et résistances.
Ces commandes sont toutes intégrées dans le programme de guerre, aucun navire n’ayant été livré avant le vote du programme par le parlement britannique.
War Emergency Program
Comme nous l’avons vu plus haut, le programme de guerre est destiné à augmenter rapidement les moyens de la Royal Navy, de combler les pertes mais également d’anticiper sur une marine d’après guerre aux contours flous.
Ce programme voté le 14 janvier 1949 va être ultérieurement scindé en plusieurs tranches en fonction de leur urgence.
Cuirassés
-Aucun cuirassé n’est commandé dans le cadre du programme de guerre en raison de la construction en cours de quatre cuirassés, de l’absence de nouvelles constructions côté allemand et du délai pour la mise en service d’un tel navire (trois à cinq ans).
-Des études sont néanmoins lancées mais sans réelle conviction.
Porte-avions
-Si aucun cuirassé n’est commandé, de nombreux porte-avions sont commandés par la marine britannique, une véritable Carriermania, une frénésie de ponts plats.
Outre la commande de huit Colossus supplémentaires (Ocean Perseus Pioneer Theseus Triumph Venerable Vengeance Warrior) passée dès septembre et intégrée au PG (les fonds débloqués par le decret de commande ont permis l’achat d’une partie de l’acier, des auxiliaires et de l’armement), pas moins de quatorze nouveaux porte-avions légers, moyens et lourds sont commandés.
Deux porte-avions lourds de classe Malta mod. sont commandés. Les premières études prévoyaient la commande de six Malta mod. pour remplacer les Illustrious et les Indefatigable mais le coût tant financier que humain à rendu les amiraux anglais plus circonspects et seulement deux navires ont finalement été commandés, navires baptisés Glorious et Courageous.
Pour remplacer à moindre frais les Illustrious, l’Amirauté décide de commander des porte-avions moyens de classe Audacious, un compromis entre les Colossus/Majestic et les Malta.
Quatre navires sont commandés dans le cadre du programme de guerre, des navires baptisés Audacious Irresistible Africa et New Zealand.
Enfin pas moins de huit Majestic sont commandés. Ces navires sont des dérivés des Colossus, plus grands, plus gros et plus rapides, ces navires exploitant le RETEX (Retour d’Expérience) des Colossus.
Ces huit navires sont baptisés Majestic Terrible Argus Hercules Leviathan Powerful Perseus et Pioneer.
Croiseurs légers
-Quand le conflit éclate, un nouveau modèle de croiseur léger provisoirement désigné comme le type F est en cours de développement dans les bureaux d’études de l’Amirauté. Cette étude lancée en 1946 est loin d’avoir aboutie.
Face à l’urgence, on décide de commander de nouveaux Minotaur, quatre croiseurs légers de 8000 tonnes, 33 noeuds et neuf canons de 152mm en trois tourelles triples.
Ces quatre navires baptisés Conquest Calliope Cambrian et Centaur doivent normalement être suivis par quatre autres navires soit de nouveaux Minotaur ou appartenant au type F si les plans sont prêts à temps.
Si ils appartiennent au type Minotaur, ces navires seront baptisés Canterbury Caledon Calypso et Ceres. Sinon ils recevront de nouveaux noms.
Destroyers
Dans le cadre du programme de guerre, ce sont seize destroyers type Q supplémentaires qui sont commandés pour en théorie remplacer les D mais plus vraisemblablement compenser les pertes du conflit.
La pénurie de canons de 120mm semblant devoir durer, il est décidé que huit des seize type Q supplémentaires seront armés de canons de 114mm, devenant des type R. C’est à cette occasion qu’il est décidé que le canon de 114mm sera désormais la pièce d’artillerie standard des destroyers.
Ces seize destroyers avaient été commandés dès le début du conflit. La Campagne de Norvège ayant vu la perte de six destroyers, la Royal Navy obtient dans le cadre du War Emergency Program la commande de seize destroyers supplémentaires de type S et T (huit chacun) portant le total à trente-deux unités.
Navires légers
Avant même le vote du programme de guerre, des commandes d’urgence sont passées par décret dans la catégorie de la “poussière navale”.
Cette commande s’explique par la crainte de pertes importantes dans les convois translatlantiques mais également durant l’envoi en Norvège du corps expéditionnaire et des navires chargés de le ravitailler.
Seize frégates de classe River et douze Hunt type IV sont commandés dès le 15 septembre, les premiers éléments de coques sont mis sur cale dès le mois d’octobre.
Face aux premières pertes de corvettes, de sloops, de frégates et de destroyers légers, de nouvelles commandes sont passées dans le cadre du War Emergency Programm, vingt-quatre frégates de classe River et seize destroyers type Hunt IV, une partie de ces navires pouvant être mis en oeuvre par les marines des Dominions.
Les dragueurs de mines (minesweeper) peuvent aussi être considérés comme des navires légers et leur cas n’est pas oublié puisque trente-six Algerine, des dragueurs de mines océaniques (Minesweeper oceanic) et vingt-quatre Bangor, des dragueurs de mines côtiers (Minesweeper Coastal).
Quand aux vedettes _lance-torpilles et de sureté_ , elles ne sont pas oubliées avec la commande de trente-deux vedettes lance-torpilles et de quarante-huit vedettes de sécurité (la répartition entre les différents emplois n’à pas été défini).
Sous-marins
Les sous-marins ou plutôt torpilleurs submersibles ne sont pas oubliés même si aucun sous-marin n’est en construction en septembre 1948. Seize type S sont commandés dans le cadre du programme de guerre et seize Amphion ou type A, des sous-marins dits à haute performances si mystérieux que de nombreux fantasmes vont courir sur eux jusqu’à leur mise en service.
Si les seize Amphion seront tous achevés sur ce modèle, les seize type S connaitront un destin différent, seuls huit seront achevés comme des S, les huit derniers formant le type V, un sous-marin médian censé remplacé les type S et les type U.
Navires de soutien
La logistique n’est pas oubliée dans ce programme de guerre avec la commande de navires de charge militarisés et de véritables navires de soutien de type paramilitaire (navire-atelier, mouilleur de mines).
Au profit de la Royal Navy sont commandés quatre navire-ateliers (repair ship) inspirés du HMS Vulcan, deux mouilleurs de mines de type Abdiel (HMS Ariadne et Apollo) qui vont être davantage utilisés comme transports rapides et deux bâtiment-base d’aviation, des navires pouvant soutenir des hydravions au mouillage mais également capable de construire à terre des aérodromes.
Au profit de la Royal Fleet Auxiliary (RFA) sont commandés quatre pétroliers de 15000 tonnes type Dale, six pétroliers-caboteurs de type Ranger, quatre cargos rapides et huit cargos lents.
Le traité de Washington était valable jusqu’au 31 décembre 1936 mais pouvait être reconduit automatiquement si aucun pays ne le dénonçait. Le Japon et la France le dénoncent fin 1934 et entament sérieusement leur réarmement, le premier se sentant suffisamment fort pour se lancer dans un réarmement destiné à contester aux Etats-Unis le contrôle du Pacifique, le second pour tenter de créer une marine pouvant combattre à la fois les allemands et les italiens.
Le 18 juin 1935 est signé l’accord naval anglo-allemand (Anglo-German Naval Agreement/Deutsch-britisches Flottenabkomen) qui officialisait la politique de réarmement naval et annulait de facto les clauses navales du traité de Versailles.
Selon ce traité, la Kriegsmarine pouvait aligner un tonnage correspondant à 35% du tonnage de la Royal Navy et 45% pour les sous marins ce qui signifie que les allemands pouvaient construire 183750 tonnes de cuirassés ou assimilés, de 51380 tonnes de croiseurs lourds, de 67720 tonnes de croiseurs légers, de 47250 tonnes de porte-avions, 52500 tonnes de destroyers et de 18445 tonnes de sous marins.
Les français sont ulcérés par cet accord d’autant que Londres n’à pas consulté son allié français. La seconde conférence navale de Londres s’ouvre le 9 décembre 1935 et aboutit au second traité naval de Londres signé le 25 mars 1936 et entrant en vigueur le 22 août 1937, l’Italie y adhéra le 16 novembre 1938.
Parmi les dispositions de ce traité, le déplacement des croiseurs est limité à 8000 tonnes et il est interdit jusqu’au 1er janvier 1943 de construire des croiseurs d’un calibre supérieur à 155mm. Une clause de sauvegarde permettant de revoir ces limites au cas où la sécurité des signataires serait affectée.
Cela obligea les britanniques pour la classe de croiseurs conventionnels succédant aux Town de revoir leurs plans. Globalement, les nouveaux croiseurs sont des dérivés à la baisse des Town avec néanmoins un schéma de protection revu avec une ceinture blindée plus longue mais aussi plus fine, un ravitaillement en munitions pour les canons de 102mm améliorés.
Onze croiseurs allaient au final être construits, tous portant le nom de territoires ayant le statut de colonies royales (Crown Colony) différent des Dominions, des protectorats ou encore des colonies à charte.
Deux sous-classes peuvent être identifiées : le type Fiji qui regroupe les huit premiers croiseurs et le type Ceylon qui regroupe les trois derniers croiseurs construits selon un design modifié avec seulement trois tourelles triples de 152mm pour permettre le renforcement de la DCA et améliorer la stabilité.
Carrière opérationnelle
Le HMS Bermuda
-Le HMS Bermuda est mis sur cale aux chantiers navals John Brown de Clydebank le 30 novembre 1939 lancé le 11 septembre 1941 et complété le 21 octobre 1942.
Il est affecté à la Home Fleet au sein du 7th Cruiser Squadron où il sera rejoint ultérieurement par ses sister-ship Gambia et Kenya. Ces trois croiseurs sont stationnés à Rosyth.
Le 14 septembre 1944, il est endommagé dans une collision avec son sister-ship Kenya au cours d’un exercice d’évolution. Les deux navires sont assez sérieusement endommagés et les travaux de remise en état vont durer plus de six mois.
En septembre 1948, le Bermuda est immobilisé pour carénage, les travaux étaient prévus pour s’achever le 17 octobre mais avec le conflit, il est probable qu’ils seront accélérés.
Le HMS Fiji
-Le HMS Fiji est mis sur cale aux chantiers navals John Brown de Clydebank le 30 mars 1938 lancé le 31 mai 1939 et admis au service actif le 17 juillet 1940.
Il est d’abord affecté hors-rang au sein de la Home Fleet puis à la mise en service du Jamaica (septembre 1942), il forme le 14th Cruiser Squadron en sa compagnie, division stationnée à Aden au sein de l’India Station pour couvrir l’Océan Indien contre les raiders allemands.
En septembre 1948, il va entamer une série de patrouilles pour protéger le trafic commercial dans la région.
Le HMS Kenya
-Le HMS Kenya est mis sur cale aux chantiers navals Alexander Stephens & Sons de Glasgow le 18 juin 1938 lancé le 18 août 1939 et admis au service actif le 27 septembre 1940.
Affecté à la Home Fleet, il forme le 7th Cruiser Squadron en compagnie de ses sister-ships Gambia et Bermuda. Le 14 septembre 1944, il est sérieusement endommagé par une collision avec ce dernier, nécessitant huit mois de travaux.
Quatre ans plus tard, le croiseur était pleinement opérationnel, attendant à Rosyth la suite des événements.
Le HMS Mauritius
-Le HMS Mauritius est mis sur cale aux chantiers navals Swan Hunter de Newcastle-upon-Tyne le 31 mars 1938 lancé le 19 juillet 1939 et admis au service actif le 4 janvier 1940.
Affecté d’abord à la Home Fleet, il est ensuite redéployé en Extrême-Orient, étant stationné à Hong Kong au sein du China Squadron, formant le 15th Cruiser Squadron avec son sister-ship Ceylon.
En septembre 1948, le Mauritius est opérationnel. Il appareille dès le 6 septembre pour protéger la colonie britannique d’un éventuel raid japonais.
Le HMS Nigeria
-Le HMS Nigeria est mis sur cale aux chantiers Vickers-Armstrong de Newcastle-upon-Tyne le 8 février 1938 lancé le 18 juillet 1939 et mis en service le 30 septembre 1940.
A sa mise en service, il est affecté à la Home Fleet, au sein du 12th Cruiser Squadron retrouvant son sister-ship Trinidad à Chatham, son port d’attache.
Huit ans après sa mise en service, en septembre 1948, le croiseur léger est amarré dans sa base de Chatham. Mis en alerte, il se prépare à toute éventualité.
Le HMS Trinidad
-Le HMS Trinidad est mis sur cale à l’Arsenal de Devonport le 21 avril 1938 lancé le 21 mars 1940 et admis au service actif le 14 octobre 1941.
Affecté au 12th Cruiser Squadron, il est immobilisé pour carénage quand les allemands déclenchent l’opération Weserübung.
HMS Gambia
-Le HMS Gambia est mis sur cale aux chantiers navals Swan Hunter de Newcastle-upon-Tyne le 24 juillet 1939 lancé le 30 novembre 1940 et admis au service actif le 21 février 1942.
Affecté au 7th Cruiser Squadron en compagnie de ses sister-ship Kenya et Bermuda, le croiseur était opérationnel et prêt à toute éventualité.
Le HMS Jamaïca
-Le HMS Jamaica est mis sur cale aux chantiers navals Vickers Armstrong de Barrow-in-Furness le 28 avril 1939 lancé le 16 novembre 1940 et admis au service actif le 9 septembre 1942.
Il forme le 14th Cruiser Squadron stationné à l’India Station avec Aden pour port d’attache, cette division étant composée également du HMS Fiji.
En septembre 1948, il est en entretien à flot et ne peut donc appareiller immédiatement pour protéger le trafic commercial dans la région.
Le HMS Ceylon
-Le HMS Ceylon est mis sur cale aux chantiers navals Alexander Stephen de Govan près de Glasgow le 27 avril 1939 lancé le 30 juillet 1942 et admis au service actif le 13 juillet 1943.
Il est affecté en Extrême-Orient avec le HMS Mauritius formant le 15th Cruiser Squadron, division stationnée à Hong Kong.
En septembre 1948, le croiseur est opérationnel prêt à défendre la colonie britannique.
Le HMS Uganda
-Le HMS Uganda est mis sur cale aux chantiers navals Vickers-Armstrong de Newcastle-upon-Tyne le 20 juillet 1939 lancé le 7 août 1941 et admis au service actif le 3 janvier 1943.
Dès sa mise en service, il rallie la Méditerranée, formant le 13th Cruiser Squadron stationné à Alexandrie, cette division étant également formée par le HMS Newfoundland.
En septembre 1948, le croiseur est disponible pour toute mission en Méditerranée orientale.
Le HMS Newfoundland accompagnant un porte-avions
-Le HMS Newfoundland est mis sur cale aux chantiers navals Swan Hunter de Newcastle-upon-Tyne le 9 novembre 1939 lancé le 19 décembre 1941 et admis au service actif le 31 décembre 1942.
Dès sa mise en service, il rallie la Méditerranée où il va former avec son sister-ship Uganda le 13th Cruiser Squadron, les deux navires étant disponibles en septembre 1948 pour contrer les actions hostiles de l’Italie. Caractéristiques Techniques
Déplacement : standard environ 8000 tonnes pleine charge 10725 tonnes (10840 tonnes pour les Ceylan Newfoundland et Uganda)
Propulsion : quatre turbines à engrenages Parsons alimentées en vapeur par quatre chaudières Amirauté à trois tubes dévellopant 72500ch (80000ch pour les Ceylan Newfoundland et Uganda) et entrainant quatre hélices
Performances : vitesse maximale 31.5 noeuds (32 noeuds pour le Ceylan, le Newfoundland et l’Uganda) distance franchissable : 10100 miles nautiques à 12 noeuds
Protection : ceinture de 3.25 inch (82.6mm) au niveau des machines et de 3.5inch (89mm) au niveau des soutes à munitions ponts blindés 2inch (51mm) tourelles 1 ou 2 inch (25 à 51mm) bulkheads 1.5 à 2 inch (38 à 51mm)
Electronique : Les croiseurs légers type Crown Colony disposent d’un radar de veille aérienne type 279, d’un radar de veille combinée type 290, d’un radar d’acquisition de cibles type 273, d’un radar de conduite de tir type 285 (artillerie secondaire), un radar de conduite de tir type 282 pour l’artillerie légère et d’un radar de conduite de tir type 284 pour l’artillerie principale. Armement :
Sous-groupe Fiji : armement d’origine : 12 canons de 152mm (6 pouces) Mak XXIII en quatre tourelles triples XXIII (deux avant et deux arrières), 8 canons de 102mm QF Mark XVI en quatre affûts doubles HA Mark XIX installés latéralement deux par deux derrière la cheminée n°2, 8 canons de 2 livres Mark VIII en deux affûts quadruples Mark VII et Deux plate-formes triples lance-torpilles de 533mm
Sous-groupe Ceylon : armement d’origine : 9 canons de 152mm (6 pouces) Mak XXIII en trois tourelles triples XXIII (deux avant et une arrière en position «A» «B» et «Y»), 8 canons de 102mm QF Mark XVI en quatre affûts doubles, 12 canons de 2 livres Mark VIII en trois affûts quadruples Mark VII et Deux plate-formes triples lance-torpilles de 533mm
Modifications :
Si il faut attendre le conflit pour voir le débarquement de la tourelle X des Crown Colony possédant quatre tourelles, en septembre 1948, la DCA légère est composée désormais de deux affûts quadruples Pom-Pom ou de huit canons de 40mm Bofors en affûts doubles ainsi que de seize canons de 20mm Oerlikon en affûts simples.
Aviation : une catapulte axiale entre les deux cheminées et deux hydravions Supermarine Walrus
Equipage : 730 officiers et marins
Croiseurs légers classe Minotaur
Avant-Propos
Avant le second conflit mondial, la Royal Navy à toujours été corsetée par des budgets limités par les moyens financiers, la politique d’apeasement qui donna raison (temporairement) à Winston Churchill (“Vous aviez le choix entre le déshonneur et la guerre vous avez choisit le déshonneur et vous aurez la guerre”) et la répugnance à construire des navires trop gros disponibles en trop petit nombre par rapport aux besoins estimés.
L’exemple des Town _les plus puissants croiseurs légers d’Europe avec leurs douze canons de 152mm en quatre tourelles triples_ est parlant. Succédant aux Arethusa et leurs six canons de 152mm en trois tourelles doubles, ils furent une réponse à la menace extérieure posée par les Mogami japonais. Ironie de l’histoire, les Town étaient tous déployés au sein de la Home Fleet où ils avaient bien peu de change d’affronter les Mogami Mikuma Suzuya et Kumano.
A la suite des dix croiseurs légers les britanniques construisent onze croiseurs légers de classe Crown Colony, des navires armés de douze (ou neuf pour le Ceylon Newfoundland Uganda) canons sur une coque plus courte que les Town.
Les architectes navals britanniques se rendirent compte qu’ils avaient atteint les limites, les huit premiers navires de classe “colonie royale” avaient la plus petite coque pouvant recevoir douze canons de six pouces.
Résultat les trois derniers n’embarquèrent que neuf canons de 152mm et les autres (à part ceux qui ne furent pas coulés dans les premiers mois de la guerre) perdirent la tourelle X et leurs installations d’hydraviation pour recevoir une DCA supplémentaire et améliorer leur stabilité.
L’expansion de la flotte de croiseurs légers continue avec la commande en septembre 1943 de huit croiseurs légers de classe Minotaur.
Ils marquent un retour à la coque des Town soit 183.50m (en réalité une coque dont la longueur est situé à mi-chemin entre les huit premiers Town et les deux derniers) avec seulement trois tourelles triples mais douze canons de 102mm en six affûts doubles sont embarqués. La DCA légère est fournie et après une hésitation, une catapulte est embarquée, l’hydravion étant jugé irremplaçable en dépit des difficultés de récupération et de la présence de radars.
En dépit d’une commande passée cinq ans plus tôt, seulement quatre navires sont en service en septembre 1948, les quatre derniers étant en achèvement à flot avec une mise en service prévue pour le courant de 1949.
Carrière opérationnelle
Le HMS Minotaur
-Le HMS Minotaur est mis sur cale aux chantiers navals Cammell Laird de Birkenhead le 4 mai 1944 lancé le 13 décembre 1945 et mis en service le 14 juillet 1947.
Il est affecté à la Home Fleet, hors rang en attendant la mise en service de trois sister-ship. A la mise en service du Swiftsure (septembre 1947), il intègre le 16th Cruiser Squadron dont les quatre navires sont stationnés à Faslane sur la côte occidentale de l’Ecosse.
Quand le second conflit mondial éclate le 5 septembre 1948, le Minotaur venait en compagnie de quatre destroyers type M (10th Destroyer Flottilla) de prendre en charge au large de l’Irlande un convoi de quatre cargos et deux paquebots transportant en europe deux divisions canadiennes, la 1st et la 2nd Canadian Division, la première devant être déployée en France au sein du BEF et la seconde devant être engagée en Norvège ce qui sera uniquement le cas pour une partie des forces qui formeront une division de marche destiné à freiner la conquête allemande et couvrir l’évacuation du corps expéditionnaire allié.
Le HMS Swiftsure
-Le HMS Swiftsure est mis sur cale aux chantiers navals Vickers-Armstrong de Barrow-in-Furness le 2 juin 1944 lancé le 18 décembre 1945 et mis en service le 12 septembre 1947.
Sa mise en service permet l’activation du 16th Cruiser Squadron (16th CS) et un an plus tard quand les allemands envahissent la Norvège, le Swiftsure était à quai à Faslane. Il est mis en alerte, embarquant vivres, munitions et vêtements chauds, confirmant pour les marins que la guerre ne tarderai pas à éclater.
Le HMS Superb
-Le HMS Superb est mis sur cale aux chantiers navals John Brown de Clydebank le 14 septembre 1944 lancé le 12 mars 1946 et mis en service le 8 janvier 1948.
Basé à Faslane au sein du 16th CS, le Superb était en mer pour entrainement quand les allemands déclenchent l’opération Weserübung. L’entrainement se poursuit même si l’ambiance à bord est plus lourde.
-Le HMS Vigilant est mis sur cale au Chatham Royal Dockyard le 12 octobre 1944 lancé le 4 mai 1946 et mis en service le 12 avril 1948.
Affecté au 16th Cruiser Squadron (16th CS), il était à quai le 5 septembre 1948 et comme l’ensemble de la Home Fleet, il est mis en alerte, prêt à appareiller dans un bref delai.
-Le HMS Bellerophon est mis sur cale aux chantiers navals Cammell Laird de Birkenhead le 14 janvier 1946 et lancé le 8 novembre 1947.
Quand le second conflit mondial éclate, le croiseur léger est en achèvement à flot. Sa mise en service est prévue pour mars 1949.
-Le HMS Eagle est mis sur cale aux chantiers navals Vickers-Armstrong de Barrow-in-Furness le 17 mars 1946 sous le nom de Mars. Rebaptisé Eagle le 7 septembre 1946, il est lancé le 14 octobre 1947 et en achèvement à flot quand le second conflit mondial éclate, sa mise en service en service étant prévue pour juin 1949.
-Le HMS Defence est mis sur cale aux chantiers navals John Brown de Clydebank le 8 juillet 1946 lancé le 14 janvier 1948. En achèvementà flot, sa mise en service n’est pas prévue avant l’automne 1949 même si le conflit pourrait accélérer les choses.
-Le HMS Tiger est mis sur cale au Chatham Royal Dockyard le 4 novembre 1946 lancé le 4 mai 1948. Sa mise en service n’est pas prévue avant l’automne 1949
L’affectation des quatre derniers Minotaur n’est pas décidée mais avec le déclenchement de la guerre en Europe, il est probable que la Home Fleet sera prioritaire.
Caractéristiques Techniques
Déplacement : standard environ 8900 tonnes pleine charge 11125 tonnes
Propulsion : quatre turbines à engrenages Parsons alimentées en vapeur par quatre chaudières Amirauté à trois tubes dévellopant 85000ch et entrainant quatre hélices
Performances : vitesse maximale 32 noeuds distance franchissable : 10500 miles nautiques à 12 noeuds
Protection : ceinture de 3.25 inch (82.6mm) au niveau des machines et de 3.5inch (89mm) au niveau des soutes à munitions ponts blindés 2inch (51mm) tourelles 1 ou 2 inch (25 à 51mm) bulkheads 1.5 à 2 inch (38 à 51mm)
Electronique : Les croiseurs légers type Minotaur disposent d’un radar de veille aérienne type 279, d’un radar de veille combinée type 290, d’un radar d’acquisition de cibles type 273, d’un radar de conduite de tir type 285 (artillerie secondaire), un radar de conduite de tir type 282 pour l’artillerie légère et d’un radar de conduite de tir type 284 pour l’artillerie principale.
Armement : 9 canons de 152mm (6 pouces) Mak XXIII en trois tourelles triples XXIII* (deux avant et une arrière en position «A» «B» et «Y»), 12 canons de 102mm QF Mark XVI en six affûts doubles installés latéralement, 16 canons de 40mm Bofors (deux affûts quadruples et huit affûts doubles) et 24 canons de 20mm Oerlikon en douze affûts doubles, six tubes lance-torpilles de 533mm en deux plate-formes triples.
Aviation : une catapulte axiale entre les deux cheminées et deux hydravions Supermarine Walrus
Comme il existe parfois dans la nature des générations spontanées, dans le domaine militaire, un contexte particulier peut donner naissance à un type d’armement particulier.
C’est le cas du croiseur lourd, du Heavy Cruiser ironiquement connu comme Thinclad Battleship ou cuirassé en fer blanc à cause d’une protection symbolique en raison de la priorité donné à l’armement et à la vitesse.
Le traité de Washington limitant la construction des cuirassés vu comme des navires de plus de 10000 tonnes armés de canons d’un calibre supérieur à 203mm. Toutes les marines majeures ont donc construit des navires de 10000 tonnes armés de six à dix canons de 8 pouces.
La Grande-Bretagne ne fût jamais “fan” de ce type de navire qu’elle trouva toujours trop gros qu’il s’agisse des chanceliers de l’Echiquier _les ministres des Finances_ ou même des amiraux.
La réponse tiens aux besoins énormes de la Royal Navy pour pouvoir protéger ses lignes de communication mondiales. Le besoin était estimé à cinquante et un croiseurs ! Il est facile d’imaginer le coût de 51 croiseurs lourds.
De leur côté, les américains et les japonais avaient besoin de navires puissants et endurants pour combattre dans le Pacifique, les croiseurs lourds devant éclairer la flotte voir engager les premières unités du corps de bataille ennemi ce qui imposait des navires bien armés.
Les York devaient être comme on l’à vu les derniers croiseurs lourds de la marine britannique mais au final huit autres navires de classe Admiral furent construits.
Si les quatre premiers qui remplacent les quatre Kent les plus anciens sont en service, sur les quatre seuls les deux premiers sont en service, les deux autres étant en armement à flot.
En septembre 1939, les croiseurs lourds suivants sont en service au sein de la Royal Navy :
HMS Kent
-La classe County compte treize navires mais seulement onze sont en service dans la marine britannique, les deux restants étant des navires de la Royal Australian Navy (RAN), des navires souvent déployés sous commandement de l’ancienne puissance coloniale.
Ces treize navires se répartissent en trois sous-classe, le type Kent avec sept navires ( Kent Suffolk Cornwall Cumberland Berwick Australia et Canberra, ces deux derniers appartenant à la marine australienne), le type London avec quatre navires (London Devonshire Shropshire Sussex) et le type Norfolk avec deux navires (Norfolk Dorsetshire), deux autres ayant été abandonnés pour des raisons budgétaires.
HMS York
-La classe York comporte seulement deux navires sur les cinq prévus à l’origine, les HMS York et Exeter. Ils auraient pu être les derniers croiseurs lourds de la marine britannique si les autres pays n’avaient pas poursuivit la construction de ces navires que la Royal Navy trouvait toujours trop gros.
En septembre 1948, les croiseurs lourds de classe Hawkins sont en réserve avec un réarmement très hypothétique. Les quatre premiers Kent (Kent Cornwall Suffolk Cumberland) ont été désarmés remplacés par quatre croiseurs lourds de classe Admiral.
Quatre autres navires de cette classe ont par la suite été commandés mais seulement deux ont été mis en service avant le début du second conflit mondial.
Croiseurs légers
A l’apogée de la marine à voile à savoir le 18ème siècle, les combats se décidaient par l’affrontement entre deux escadres combattant en ligne d’où le nom de “navires de ligne”. Ces cathédrales flottantes, ces monstres de bois et de toile, armés de 74 à 110 canons ne pouvaient cependant pas exécuter toutes les missions d’une marine de guerre.
Pour protéger le commerce contre la piraterie, pour effectuer les liaisons avec la terre ou attaquer le commerce ennemi, il fallait des navires plus manœuvrables et moins coûteux à mettre en œuvre.
Le navire type est la frégate (dont l’étymologie est nappée d’un épais brouillard), un vaisseau armé d’un nombre variable de canons (généralement entre 10 et 50 canons, les frégates américaines de 44 canons causeront bien des soucis aux navires britanniques), rapide et manœuvrant.
Cette frégate muta en croiseur qui devint sous différentes formes (croiseur-éclaireur, croiseur protégé, croiseur cuirassé, croiseur léger) le navire type pour l’éclairage des escadres, le commandement des flottilles de torpilleurs, la police coloniale, l’attaque au commerce….. .
Durant le premier conflit mondial, la Royal Navy utilisa des croiseurs cuirassés et des croiseurs légers, les premiers obsolescents subissant de lourdes pertes sous les coups des sous-marins et des croiseurs de bataille qui peuvent être considérés comme leurs successeurs.
Le premier conflit mondial terminé, la construction de croiseurs légers se poursuivit pour répondre aux besoins du corps de bataille mais également aux besoins de défense de l’Empire et notamment des lignes commerciales.
Comme les croiseurs lourds ne pouvaient être construits en nombre suffisants, les croiseurs légers furent privilégiés pour cette mission, les cibles probables (croiseurs auxiliaires) ne nécessitant des navires surpuissants mais plutôt des navires endurants équipés d’une artillerie dissuasive, les croiseurs auxiliaires et les corsaire rompant facilement le combat en cas de rencontre inopportune.
HMS Concord, un croiseur type C
Durant le premier conflit mondial, la Royal Navy avait fait construire pas moins de vingt-huit croiseurs légers de type C. Treize d’entre-eux étaient toujours en service en septembre 1939 dont certains furent convertis en croiseurs légers antiaériens.
Aucun n’était encore en service en septembre 1948 en raison de leur usure et de leur age, les type C convertis en croiseurs antiaériens étant ainsi remplacés par les Dido.
HMS Danae, un croiseur type D
Ils sont suivis par huit croiseurs type D sur douze prévus. Ces navires bien qu’anciens sont toujours en service en septembre 1948, deux hissant la White Ensign, trois ayant été transférés à la New Zealand Division of the Royal Navy _future Royal New Zealand Navy_ et deux à la marine polonaise libre.
Le HMS Emerald
Les croiseurs de type E Emerald et Enterprise étaient toujours en service en septembre 1939 mais en 1948 seul l’Emerald était encore actif comme croiseur-école en compagnie du Vindictive _un Hawkins modifié_ , l’Enterprise ayant été perdu par échouage au large de Banthurst (Gambie aujourd’hui Banjul) en septembre 1945.
Les type E sont les derniers croiseurs légers conçus durant le premier conflit mondial, les suivants ont été conçus en tenant compte des limitations imposés par les traités internationaux notamment celui de Londres.
Après la construction des croiseurs lourds, les britannique revinrent à des navires d’une taille plus modeste, tous aussi efficaces et surtout moins onéreux ce qui permettrait en théorie d’en disposer en plus grand nombre.
Le HMS Achilles
Les premiers de ces croiseurs modernes sont les cuirassés de classe Leander, huit navires construits mais seulement cinq sont finalement mis en oeuvre par la Royal Navy, les trois derniers étant cédés à la marine australienne. Le Leander et l’Achilles sont ensuite déployés au sein de la division néo-zélandaise de la Royal Navy, embryon de la future marine néo-zélandaise.
HMS Arethusa
Aux Leander succède les petits croiseurs légers de classe Arethusa, quatre navires armés de six canons de 152mm en trois tourelles doubles. Deux autres étaient prévus mais au final ils furent construits sous un modèle différent, la future classe Town.
Au milieu des années trente, les japonais arrivent en limite de leur contingent de croiseurs imposé par le traité de Washington.
Pour ne pas encore violer ouvertement les traités de limitation des armements navals, le Japon décide de construire de grands croiseurs légers capable de devenir en temps voulu des croiseurs lourds.
Ces puissants croiseurs de classe Mogami à quinze canons de 155mm en cinq tourelles triples entrainent une réponse américaine (la classe Brooklyn) et une réponse britannique, la classe Town, une reprise des Leander mais avec douze canons de six pouces en quatre tourelles triples.
HMS Glasgow, l’un des dix croiseurs de classe Town
Dix croiseurs légers de classe Town sont construits, ces navires pouvant être repartis en trois sous-classes. Le type I ou classe Southampton (Southampton Newcastle Birmingham Glasgow et Sheffield), le type II ou classe Liverpool (Liverpool Manchester Gloucester) et le type III ou classe Belfast (Belfast Edinburgh). Si les deux premières classes étaient semblables, le type Belfast se distinguait par une coque plus longue de sept mètres.
CLAA HMS Dido
-Dix neufs croiseurs légers modernes sont donc en service en septembre 1939. Le renouvellement de la flotte se poursuit avec la construction de croiseurs antiaériens de classe Dido et de nouveaux croiseurs à canons de six pouces.
Onze croiseurs légers de classe Crown Colony sont ainsi construits pour remplacer les croiseurs type C, des croiseurs dépassés. Ces navires sont mis en service entre 1940 et 1944.
Le HMS Uganda, classe Crown Colony
Ces nouveaux croiseurs sont les derniers à être limités par les traités internationaux en l’occurrence le deuxième traité de Londres signé en 1936. Ce sont des dérivés à la baisse des Town. Ils se révéleront comme un design très limite en terme de surcharge.
HMS Minotaur
Voilà pourquoi les huit croiseurs suivants de classe Minotaur commandés en 1944 disposeront d’une coque plus longue, plus large et seulement neuf canons de 152mm en trois tourelles triples, les Crown Colony perdant d’ailleurs au cours du conflit leur tourelle X (tourelle supérieure arrière) pour gagner du poids au profit de la DCA légère et des radars.
Seuls les quatre premiers (Minotaur Swiftsure Superb et Undaunted) sont en service en septembre 1948, les quatre autres étant encore en construction quand les allemands déclenchent l’opération Weserübung, les Bellerophon Eagle Defence et Tiger étant mis en service seulement en 1949.
En septembre 1948, la flotte de croiseurs légers “standards” de la Royal Navy affiche le visage suivant :
-Deux vieux croiseurs de type D qui auraient été sûrement désarmés si le conflit n’avait pas éclaté le 5 septembre 1948. Redéployés hors d’Europe, ils sont chargés de traquer les raiders allemands en compagnie de l’Emerald qui redevient un croiseur léger opérationnel.
-Trois croiseurs légers classe Leander déployés en Extrême-Orient en compagnie de deux sister-ships utilisés par la marine néo-zélandaise et de trois utilisés par la Royal Australian Navy (RAN). L’Extrême-Orient restant calme, certains de ces navires furent redéployés en Europe
-Quatre croiseurs légers classe Arethusa déployés en Méditerranée
-Dix croiseurs légers classe Town, tous déployés en Europe
-Onze croiseurs légers classe Crown Colony (deux déployés dans l’Océan Indien, deux dans la China Station future British Eastern Fleet, deux en Méditerranée et cinq au sein de la Home Fleet)
-Quatre croiseurs légers classe Minotaur déployés en Europe + quatre autres en construction
Cela nous donne un total de 36 croiseurs légers standards armés de canons de 152mm. Qui dit standard dit “non-standard” à savoir les croiseurs légers de classe Dido.
Seize de ces croiseurs légers sont construits. Armés de canons de 133mm, ils vont être mis en service entre 1940 et 1944, remplaçant notamment les type C transformés dans les années trente en croiseurs antiaériens.
Ce modèle va inspirer la France pour son croiseur-éclaireur Waldeck-Rousseau _navire-amiral de l’Escadre Légère du Nord_ qui va d’ailleurs opérer avec ses “cousins” britanniques.
Ce type de croiseur ne sera pas poursuivit, la Royal Navy préférant développer une tourelle double de six pouces polyvalente, tourelle qui va équiper les croiseurs en gestation quand le conflit éclate, des croiseurs provisoirement connus comme des type F.