Un entre-deux-guerres compliqué
L’immédiat après guerre fût compliqué pour la marine royale australienne avec la première mutinerie de sa jeune histoire et bien plus grave la terrifiante grippe espagnole.
Un entre-deux-guerres compliqué
L’immédiat après guerre fût compliqué pour la marine royale australienne avec la première mutinerie de sa jeune histoire et bien plus grave la terrifiante grippe espagnole.
ROYAL AUSTRALIAN NAVY (RAN)
Historique
En guise de présentation, quelques éléments……
Jusqu’en 1859 soit plus de soixante-dix ans après l’arrivée des premiers colons, les navires de la Royal Navy fréquentent régulièrement les ports australiens mais il n’y aucune entité, aucune force pérenne. Il s’agit de simples escales pour montrer le pavillon.
La guerre russo-japonaise et l’agonie de la marine russe
Bref résumé de ce conflit
Du 8 février 1904 au 5 septembre 1905, la Russie des Romanov et le Japon de l’ère Meiji s’affrontent pour savoir qui de Petrograd et qui de Tokyo doit dominer l’Asie du Nord-Est, la Chine des Qin moribonde n’étant pas invité à la fête.
NAVIRES LEGERS (DESTROYERS LEGERS ET ESCORTEURS)
Avant-Propos
En 1914, le sous-marin ou plutôt le torpilleur submersible est un vecteur militaire aux performances encore inconnues. Certains officiers se demandent si il ne s’agit pas d’un gadget sans grande valeur militaire.
La destruction dès le mois d’août 1914 de trois croiseurs cuirassés britanniques se charge de montrer aux sceptiques que le sous-marin à sa place dans toute marine majeure.
Après l’attaque de navires militaires, les U-Boot s’attaquent aux navires marchands qui subissent des pertes abominables.
Face à cette menace d’un nouveau genre, on essaye, on teste plusieurs parades. Les bateaux-pièges ou Q-Ship marchent un temps mais leurs résultats ne sont pas aussi bons qu’espérés. La mise en place de corridors protégés par des champs de mines est une solution imparfaite, impossible de couvrir la mer de champs de mines.
Au final la seule parade est la navigation en convois protégés par des navires spécialisés dans la lutte contre les submersibles, des navires sans moyens de détection électroniques mais armés de grenades anti-sous-marines ou charges de profondeur.
Une terrible guerre d’usure à lieu dans l’Atlantique entre les convois et les sous-marins allemands qui sont à deux doigts d’asphyxier totalement la Grande-Bretagne mais qui entrainent les Etats-Unis dans le conflit suite au choix de la guerre sous-marine à outrance quand la Hochseeflot se montre incapable de menacer réellement l’emprise de la Grand Fleet sur les mers et notamment la mer du Nord.
Qui dit nouvelle guerre dit nouveaux navires. Les premiers escorteurs voient le jour, des navires appelées sloops ou canonnières pour la Royal Navy, avisos pour la marine française.
Malheureusement durant la période 1919-1939, la lutte anti-sous-marine n’est pas au cœur des préoccupations des amiraux britanniques. En partie par manque d’intérêt mais aussi en raisons de choix budgétaires fort contraints et d’une difficulté à prévoir le bon modèle d’escorteur.
En effet comment trouver un modèle unique d’escorteur quand il faut un navire affrontant les sous-marins et les éléments déchainés dans l’Atlantique Nord, des mines, des vedettes lance-torpilles et des sous-marins en Méditerranée, des grandes unités de surface sur les autres océans sans oublier l’aviation basée à terre.
Impossible donc de produite un unique modèle d’escorteur, il faut du sur-mesure, des navires adaptés aux menaces potentielles même si l’adage veut qu’une marine participe à un conflit avec des navires conçus pour un autre genre de confrontation.
En septembre 1939, la Royal Navy dispose de peu de navires d’escorte à savoir des chalutiers armés et trente-huit sloops répartis en différents modèles.
Si certaines marines disposent de torpilleurs faisant la jonction entre les navires d’escorte et les destroyers, la marine britannique ne dispose pas encore de ce type de navires en septembre 1939, la mise en service des Hunt étant postérieure.
Durant la Pax Armada, la Royal Navy va augmenter et renouveler ses forces d’escorte en construisant différents modèles de navires légers.
De nouveaux modèles de chalutiers armés sont construits pour disposer à peu de frais de patrouilleurs et de navires de présence notamment outre-mer où les menaces sont moindres.
Les différentes classes de sloops sont remplacées par les sloops de classe Black Swan plus modernes et plus efficaces, ces sloops étant complétées par deux nouveaux modèles d’escorteur, les corvettes de classe Flower (commandé en premier par la…..France) et par des frégates de classe River, les corvettes bien qu’efficaces ayant montré leurs limites.
Les navires légers ce sont également les dragueurs de mines et si aujourd’hui leur armement est léger, à l’époque, un dragueur de mine océanique était doté d’un armement important pour lui permettre de servir d’escorteur d’urgence.
Quand le second conflit mondial éclate, la marine britannique dispose d’une solide force d’escorte qui va mener la vie dure aux sous-marins, avions et vedettes lance-torpilles ennemies.
Chalutiers armés
Chalutiers armés classe Isles
En septembre 1939, la Royal Navy dispose de quinze chalutiers armés répartis entre quatre chalutiers armés polyvalents, huit chalutiers ASM et trois chalutiers dragueurs. Ces navires anciens et usés vont être remplacés par vingt-quatre chalutiers de classe Isles, seize en version ASM et huit en version dragage de mines.
Ces navires sont construits dans des chantiers habitués à construire des chalutiers pour la pêche hauturière mais incapables de construire de vrais navires militaires. De plus cela avait l’avantage de libérer les grands chantiers qui ne manquaient pas de travail.
Les seize premiers (Ailsa Craig, Annet, Anticosti, Arran, Baffin, Balta, Bardsey, Benbecula, Bern, Biggal, Blackbird, Bressay, Brora, Bruray Bryher et Burra) spécialisés dans la lutte ASM sont mis en service entre 1942 et 1944.
Armés d’un canon de 3 pouces (76mm) pour six d’entre-eux et d’un canon de 4 pouces (102mm) pour les autres, de deux affûts quadruples de 12.7mm et de vingt-quatre grenades ASM, ils sont déployés au sein d’une 1st Escort Flottilla déployée à Chatham et d’une second, la 2nd Escort Flottilla stationnée à Douvres pour opérer en Manche et en mer du Nord.
Ces navires sont redéployés en 1946/47 outre-mer, la 1st Escort Flottilla devenue la 10th Patrol Flottilla quitte Chatham pour les Bermudes alors que la 2nd Escort Flottilla devenue la 11th Patrol Flottilla quitte Douvres pour Freetown.
En septembre 1943, huit autres chalutiers armés type Isles sont commandés en version dragueurs de mines et mis en service en 1945 au sein d’une 9th Minesweeping Flottilla déployée à Gibraltar, ces navires (Bute Cailiff Caldy Campobello Copinsay Crowlin Cumbrae et Damsay) sont armés d’un canon de 4 pouces (102mm), de six canons de 20mm Oerlikon, de quatre mitrailleuses de 7.7mm et à la place des grenades ASM, des équipements de dragage de mines.
Caracteristiques Techniques de la classe Isles
Déplacement : standard 545 tonnes pleine charge 750 tonnes Dimensions : longueur 44.20m largeur 8.40m tirant d’eau en charge 4.80m
Motorisation : machine à vapeur à triple détente dévellopant 850ch et entrainant une hélice
Performances : vitesse maximale 12 noeuds
Armement : (version ASM) un canon de 3 pouces ou de 4 pouces, deux affûts quadruples de 12.7mm et vingt-quatre grenades ASM (version dragueur de mines) un canon de 4 pouces (102mm), six canons de 20mm, quatre mitrailleuses de 7.7mm, des équipements de dragage de mines.
Equipage : 40 hommes
Chalutiers armés classe Tree
En juin 1945, seize nouveaux chalutiers armés sont commandés. Outre les missions de combat (patrouille, lutte ASM), ils doivent servir de navire d’entrainement pour la réserve, formant un réservoir de marins de réserve entrainés pouvant être rapidement mobilisés.
Ces navires (Dochet Earraid Eday Egilsay Ensay Eriskay Fara Farne Fetlar Fiaray Filla Flatholm Flint Flotta Foula Foulness) sont mis en service en 1946/47.
Les Dochet Earraid Egilsay Eday sont affectés à la Royal Naval Reserve et stationnés à Belfast en Ulster pour servir principalement de navires d’entrainement.
Les douze autres sont répartis au sein d’une 12th Escort Flottilla (Ensay Fara Fetlar Filla Flotta Foulness) stationnée à Rosyth et la 13th Escort Flottila ( Eriskay Farne Fiaray Flatholm Flint Foula) stationnée à Faslane, ces deux flottilles étant chargées de la protection rapprochée des accès à ces deux bases.
Caracteristiques Techniques de la classe Tree
Déplacement : standard 555 tonnes pleine charge 760 tonnes Dimensions : longueur 45.50m largeur 8.40m tirant d’eau en charge 4.80m
Motorisation : machine à vapeur à triple détente dévellopant 850ch et entrainant une hélice
Performances : vitesse maximale 11 noeuds
Armement : un canon de 4 pouces (102mm), six canons de 20mm Oerlikon en affûts simples, quatre mitrailleuses de 7.7mm et vingt-quatre grenades ASM
Equipage : 40 hommes
Sloops
Avant-propos
Du temps de la marine à voile, le sloop était un petit navire à voile, rapide, maniable et légèrement armé souvent utilisé pour la protection du trafic commercial contre la piraterie et les corsaires.
Comme le terme frégate, le terme sloop fût repris pour désigner de nouveaux navires légèrement armés pour protéger les convois. C’est l’équivalent de l’aviso pour notre marine nationale.
En septembre 1939, on trouve un sloop type 24, deux classe Bridgewater, quatre classe Hastings, huit classe Shoreham, huit classe Grimsby, neuf classe Kingfisher, trois classe Bittern,trois classe Egret et huit classe Black Swan.
Entre septembre 1939 et septembre 1948, la flotte évolue, les sloops les plus anciens (type 24, Bridgewater Hastings et Shoreham) sont désarmés, démolis ou mis en réserve avec des réarmements périodiques pour essais et instruction.
Néanmoins en septembre 1948, tous ces navires sont définitivement désarmés pour libérer des équipages et récupérer de l’acier en les démolissant.
Les Grimsby, Kingfisher, Bittern, Egret et Black Swan sont toujours en service soit un total de trente et un navires.
Un seul modèle est commandé, la classe Black Swan mod., des navires plus longs et plus larges pour améliorer la stabilité. La DCA est renforcée.
Dix-sept navires sont commandés en mars 1941, mis sur cale courant 1941 et mis en service en 1943/44, portant la flotte de sloop à quarante-huit navires. La commande de huit autres envisagée en 1945 est abandonnée au profit de frégates de classe River supplémentaires.
Sloops type 24
Dans le cadre du programme d’urgence de 1916, la marine britannique passe commande de vingt-quatre sloops type 24 (en référence au nombre de navires commandés). Seulement vingt-deux navires furent achevés, ces navires portant les noms de célèbres pur-sang vainqueur des courses d’Epsom, l’équivalent britannique du prix d’Amérique.
Ces navires utilisables comme escorteurs et comme dragueurs de mines ne connurent qu’une carrière fort courte comme beaucoup de constructions de guerre.
En septembre 1939, il ne reste plus qu’un navire en service au sein de la Royal Navy, le HMS Herald (ex-Merry Hampton) qui sert depuis février 1923 comme navire auxiliaire à Singapour. Il est désarmé (machines à bout) en septembre 1947 et démoli.
Deux navires sont utilisés par la Royal Naval Reserve, le HMS Flying Fox et HMS Eaglet (ex-Sir Bevis) mais ils sont désarmés respectivement en mai 1945 et juin 1946.
La Royal Australian Navy (RAN) à récupéré en décembre 1924 le HMS Silvio devenu le HMAS Moresby, toujours utilisé comme navire-atelier en septembre 1948.
Caracteristiques Techniques
Déplacement : standard 1341 tonnes
Dimensions : longueur hors tout 81.53m longueur entre perpendiculaires 79m largeur 11m tirant d’eau 3.20m
Propulsion : machines verticales à triple expansion alimentées en vapeur par deux chaudières cylindriques dévellopant 2500ch et alimentant une hélice
Performances : vitesse maximale 17 noeuds
Armement : deux canons de 4 pouces (102mm) et trente-neuf charges de profondeur
Equipage : 82 officiers et marins
Sloops classe Bridgewater
Pour remplacer les sloops de classe Flower, la Royal Navy décide de construire un nouveau modèle de sloop, la classe Bridgewater, deux navires étant construits dans le cadre du programme naval de 1927 (1927 Naval Build Programm)
-Le HMS Bridgewater (L01/U01) est mis sur cale aux chantiers navals Hawthorn Leslie & Company de Hebburn le 19 septembre 1927 lancé le 14 septembre 1928 et mis en service le 14 mars 1929.
-Le HMS Sandwitch (L12/U12) est mis sur cale aux chantiers navals Hawthorn Leslie & Company de Hebburn le 19 septembre 1927 lancé le 9 février 1928 et mis en service le 23 mars 1929.
Déployés d’abord en Extrême-Orient (China Station), les deux sister-ships se séparent ensuite, le Bridgewater est redéployé au Cap pendant que le Sandwich reste déployé en Extrême-Orient.
En septembre 1939, le Sandwich est redéployé à Freetown pour couvrir l’Atlantique Sud jusqu’en juin 1940 quand il retourne à Hong Kong.
Le Bridgewater est désarmé le 14 juin 1945 et maintenu comme ponton au Cap. Il y était toujours en septembre 1948 tandis que le Sandwich est désarmé le 4 janvier 1946 à Hong Kong, servant lui aussi comme ponton, les deux pontons recevant des pièces de DCA pour renforcer la protection des ports où ils sont mouillés.
Caractéristiques Techniques de la classe Bridgewater
Déplacement : standard 1062 tonnes pleine charge 1600 tonnes
Dimensions : longueur 81.18m largeur 10m tirant d’eau : 3.48m
Propulsion : deux turbines à engrenages alimentées en vapeur par deux chaudières Amirauté dévellopant 2000ch et entrainant deux hélices
Performances : vitesse maximale 17 noeuds
Armement : deux canons de 4 pouces (102mm), deux affûts quadruples de 12.7mm Vickers. Ils embarquent également des grenades ASM.
Equipage : 96 officiers et marins
Sloops classe Hastings
Les cinq sloops de classe Hastings (appelés également Folkestone) succèdent aux Bridgewater. Quatre navires ont été construits pour la Royal Navy et un cinquième pour la Royal Indian Navy.
Ces navires sont conçus initialement comme dragueurs de mines vont être utilisés comme navires polyvalents, patrouilleurs, escorteurs et dragueurs de mines.
-Le HMS Hastings (L27) est mis sur cale au His Majesty Dockyard Devonport le 29 juillet 1929 lancé le 10 avril 1930 et mis en service le 26 novembre 1930.
Il est déployé dans le Golfe Persique et en mer Rouge jusqu’en 1937 quand il retourne en métropole pour servir au sein du Fishery Protection Squadron pour assurer la police des pêches.
Quand éclate la guerre de Pologne, il est immobilisé pour carénage, recevant un Asdic pour lui permettre de mener des opérations de lutte anti-sous-marine.
Disponible au printemps 1940, il est redéployé à Rosyth jusqu’à son désarmement survenu le 14 mars 1946. Mis en réserve, son réarmement est étudié en septembre 1948 mais devant son mauvais état matériel, le réarmement n’aura jamais lieu.
-Le HMS Folkestone (L22/U22) est mis sur cale aux chantiers navals Swan Hunter & Wigham Richardson Ltd de Wallsend-on-tyne le 21 mai 1929 lancé le 12 février 1930 et mis en service le 25 juin 1930.
Déployé en Métropole durant toute sa carrière, il est victime d’un échouage dans les Hebrides le 14 mai 1944. Gravement endommagé, il est désarmé le 21 juin et démoli.
-Le HMS Penzance (L28) est mis sur cale au His Majesty Dockyard de Devonport le 29 juillet 1929 lancé le 10 avril 1930 et mis en service le 15 janvier 1931.
Après seize ans de carrière, le Penzance est désarmé le 15 janvier 1947. En bon état en septembre 1948, il pourrait être réarmé si le besoin se fait sentir.
-Le HMS Scarborough (L25) est mis sur cale aux chantiers navals Swan Hunter de Wallsend le 28 mai 1929 lancé le 14 mars 1930 et mis en service le 31 juillet 1930.
Il est stationné aux Bermudes, dépendant du North America & West Indies Squadron, effectuant de nombreuses opérations de représentation au profit des autorités.
A partir de mai 1939, il est déployé comme auxiliaire à Ceylan, étant réarmé comme patrouilleur en septembre 1942, servant jusqu’en septembre 1947 date à laquelle il est désarmé et mis en réserve.
-Le HMIS Hindustan est mis sur cale aux chantiers navals Swan Hunter de Wallsend le 4 septembre 1929 lancé le 12 mai 1930 et mis en service le 10 octobre 1930.
A la différence de ces quatre sister-ships l’Hindustan est toujours en service en septembre 1948, ayant Calcutta pour base.
Caractéristiques Techniques des classe Hastings
Déplacement : standard 1210 tonnes
Dimensions : longueur 90.22m largeur 10.67m tirant d’eau 3.51m
Propulsion : turbines à engrenages alimentées en vapeur par deux chaudières Amirauté dévellopant 2000ch et entrainant deux hélices
Performances : vitesse maximale 16 noeuds
Armement : deux canons de 4 pouces, quatre canons 3-Pounder de salut, des grenades ASM. Durant la Pax Armada, un ou deux affûts quadruples de 12.7mm s’ajoutent
Equipage : 119 officiers et marins.
La Royal Navy et le premier conflit mondial
-Le déclenchement du premier conflit mondial était tout sauf une surprise, l’accumulation de tensions depuis des années avait faillit dégénéré en 1905 et 1911. Cela n’avait été que partie remise et le geste d’un étudiant serbe n’avait été que le détonateur fixé au baril de poudre.
-En dépit de sa puissance, la Kaiserliche Marine et surtout son fleuron la Hocheseeflotte ne peut prétendre défaire la puissante Home Fleet qui devient la Grand Fleet dès le 4 août 1914.
Il ne lui reste qu’à jouer le rôle de Fleet-in-Being (flotte en attente), une théorie développée par Alfred Mahan qui disait qu’une flotte en attente n’était pas assez puissante pour vaincre son adversaire mais suffisamment pour obliger l’adversaire à la surveiller comme le lait sur le feu, limitant les options d’un adversaire plus fort.
-En attendant une potentielle bataille décisive en mer du Nord, le contrôle des lignes de communication est le théâtre de combats acharnés entre les alliés et l’Allemagne, le blocus des premiers _qui empêche l’Allemagne d’être ravitaillée normalement_ répondant à la guerre sous-marine des seconds, la guerre sous-marine à outrance décidée en 1916 aboutissant à l’entrée en guerre des Etats-Unis.
-Plusieurs batailles opposèrent les marines britanniques et allemandes en mer du Nord, des engagements tactiques qui débouchèrent même après le Jutland (31 mai-1er juin) sur un constat clair pour l’Allemagne : la supériorité de la Royal Navy est inébranlable. La stratégie allemande évolue et aux cuirassés, on préfère les sous-marins qui sont en passe de réussir à couper les lignes de communication entre l’Angleterre et les Etats-Unis.
-Même l’engagement de croiseurs auxiliaires ou de croiseurs cuirassés sur les océans du Globe ne débouchèrent que sur des résultats médiocres, les croiseurs cuirassés Scharnhorst et Gneisenau anéantissant la force hétéroclite de l’amiral Cradock mais succombèrent aux Falklands sous les coups de deux croiseurs de bataille, marquant symboliquement le passage de témoin entre ces deux types de navire.
-L’aviation navale fit également ses études avec le Royal Naval Air Service (RNAS) qui opéra des missions de reconnaissance, les hydravions s’appuyant sur des navires de soutien convertis. Des avions terrestres furent également utilisés depuis des plate-formes. Mieux même, le porte-avions naquit durant ce conflit avec le Furious et l’Argus même si ce dernier arriva trop tard pour participer au conflit.
Des marins combattirent également à terre, la Royal Naval Division fût même l’une des premières unités de l’armée britannique à être engagé au combat en protégeant le port d’Anvers pour éviter que ce “pistolet braqué contre la poitrine de l’Angleterre” ne soit occupé par les allemands. N’oublions par également l’engagement des Royal Marines qui participèrent à plusieurs raids dont un raid contre Zeebruge le 23 avril 1918.
L’Entre-deux-guerre : usure, crise, mutinerie et traités
Fin de règne
La Grande-Bretagne sort gagnante du conflit mais la Royal Navy à perdu de son éclat. Elle à perdu quatorze cuirassés, six par des sous-marins (Majestic Goliath Formidable Cornwallis Africa et Triumph), trois accidentellement (Prince George par tempête, Bulwark et Vanguard par explosion interne), trois par mines (Russell King Edward VII et Audacious) et deux aux Dardannelles (Ocean et Irresistible) auxquels s’ajoute les trois croiseurs de bataille coulés à la bataille du Jutland (Queen Mary Invincible Indefatigable).
Ces pertes sont à relativiser sur le plan matériel par le fait qu’il s’agit de pré-dreadnought (sauf Vanguard et Audacious) et que des cuirassés sont entrés en service durant le conflit en l’occurrence onze cuirassés (Canada Queen Elizabeth Warspite Barham Valiant Malaya Royal Oak Royal Sovereign Revenge Resolution Ramillies) et cinq croiseurs de bataille (Renown Repulse Glorious Courageous Furious) soit seize navires.
En dépit de ce solde qualitatif et quantitatif positif, la situation de la Grand Fleet (dissoute en août 1919 et remplacée par une Atlantic Fleet et une Home Fleet qui devient rapidement Reserve Fleet) est médiocre, beaucoup de navires sont obsolètes et les cuirassés encore capables de combattre sont souvent usés par les combats et les patrouilles incessantes pour protéger les convois d’une potentielle sortie de la Hocheseeflotte.
Le renouvellement de la flotte se heurte aux difficultés économiques de l’après guerre, l’économie britannique est bien en peine de fabriquer les successeurs des Dreadnought et autres King George V. Pire, la construction de certains navires est tout simplement annulé comme les trois sister-ships du HMS Hood.
Les conséquences du premier conflit mondial ne sont pas seules en cause. L’autre raison de ce déclassement de la Marine de Sa Gracieuse Majesté est la course aux armements engagée entre le Japon et les Etats-Unis pour le contrôle du Pacifique.
Face à ces programmes colossaux (seize cuirassés et croiseurs de bataille côté japonais, dix cuirassés et six croiseurs de bataille côté américain), la Grande-Bretagne qui jadis donnait le LA est réduit à commander quatre cuirassés type N3 et quatre croiseurs de bataille type G3.
La mort dans l’âme, la marine britannique doit se dire qu’elle est devenue peu de chose face à son allié d’Extrême Orient et son ancienne colonie.
Le traité de Washington (1922)
Le contexte économique et politique va venir au secours du Lion britannique. La multiplication des cuirassés choque les opinions publiques où règne un profond pacifisme. Germe l’idée d’une conférence internationale pour limiter les armements navals.
Nouvelle preuve du déclassement naval de la Grande Bretagne et bien que Londres fût à l’origine de cette conférence,ce sommet international s’ouvre à Washington le 12 novembre 1921 pour trois mois de discussions qui aboutissent à la signature d’un traité le 6 février 1922, traité valable jusqu’au 31 décembre 1936 à condition qu’il soit dénoncé avant le 31 décembre 1934 ce qui sera le cas, le premier pays à le dénoncer étant le Japon.
La Grande-Bretagne reçoit 500600 tonnes de cuirassés et 135000 tonnes de porte-avions, les Etats-Unis 500600 tonnes de cuirassés et 135000 tonnes de porte-avions, le Japon respectivement 301320 et 81000 tonnes, la France 220170 et 60000 tonnes, l’Italie ayant le droit à 180800 et 60000 tonnes.
Des quotas de tonnage globaux sont fixés par catégorie de navires pour chaque pays. La Grande-Bretagne et les Etats-Unis reçoivent un contingent équivalent devant le Japon, la France et l’Italie jouant les utilités.
Sur le plan technique, les cuirassés ne doivent pas dépasser 35000 tonnes avec un tonnage minimal de 10000 tonnes et un armement dont le calibre varie de 203 à 406mm.
Ces limitations entraine le désarmement de plusieurs cuirassés (Colossus Orion Conqueror Thunderer Centurion), la démilitarisation d’autre voir la transformation des Courageous Glorious et Furious en porte-avions.
La construction des G3 et des N3 est abandonné mais la marine britannique reçoit l’autorisation de construire deux cuirassés, les futurs Nelson et Rodney qui seront les seuls navires de ligne construits par la Grande-Bretagne jusqu’à la mise en chantier des King George V à la fin des années trente.
La flotte se mutine
La Royal Navy subit un nouveau coup dur avec la crise économique de 1929, crise dont l’origine est un krach boursier, le 24 octobre 1929, krach qui entraine le rapatriement des capitaux américains et l’effondrement des économies de pays comme l’Autriche ou l’Allemagne.
La Grande-Bretagne n’est pas épargnée et le gouvernement d’union national mis en place à partir de 1931 mène une politique d’austérité qui entraine des coupes sombres dans les budgets notamment les budgets de l’armée et de la marine.
Outre les dépenses d’investissement, les dépenses de fonctionnement sont touchées à savoir les soldes des marins et des officiers.
La Royal Navy avait pourtant préparé le terrain par l’envoi de lettres pour expliquer la situation mais ces lettres n’arriveront qu’après la publication dans la presse des détails du décret sur les réductions des soldes.
La flotte de l’Atlantique se retrouve dans sa quasi-totalité à Invergordon dans le Cromarthy Firth en Ecosse le 11 septembre 1931 à l’issue de manœuvres. Le détail des réductions de solde publiées dans la presse le 12 septembre fait l’effet d’une bombe, provoquant l’agitation des équipages.
Dans la nuit du 12 septembre, une réunion à lieu à terre, les plus excités voulant hisser le pavillon rouge à bord de la flotte. Cette idée n’est pas menée à son terme, la réunion étant dispersée.
Le 14 septembre 1931, certains navires quittent le port et d’autres arrivent. L’agitation reprend et l’amiral Tomkinson, commandant par interim de l’Atlantic Fleet demande à l’Amirauté de reconsidérer la baisse de 25% des soldes.
L’agitation n’est cependant pas généralisée, les croiseurs sont calmes tout comme le Repulse mais cela s’agite sur le Hood, le Rodney, le Valiant et le Nelson qui tente d’empêcher les autres navires d’appareiller pour manœuvrer ce qui entraine le lendemain 15 septembre l’annulation des exercices. Même les Royal Marines censés rétablir l’ordre se joignent aux mutins.
Finalement les baisses sont limitées à 10% ce qui apaise la situation, l’Amirauté se montrant clémente sur les sanctions, seuls les plus compromis seront emprisonnés et virés de la marine.
Conséquence pratique, le 21 septembre 1931, la Grande-Bretagne suite à une panique boursière annonce l’abandon de l’étalon-or. Conséquence symbolique (mais les symboles ont leur importance), en mars 1932, l’Atlantic Fleet est rebaptisée Home Fleet, nom qu’elle gardera jusqu’au second conflit mondial.
Les autres traités de limitations
Le Traité de Washington ne fût pas le seul traité de limitation des armements navals signé durant la période séparant le premier conflit mondial de la guerre de Pologne. D’autres traités vont tenter de limiter la croissance qualitative et quantitative des marines de guerre.
Après un échec à Genève en juillet 1927 (Etats-Unis, Grande-Bretagne et Japon) où les deux pays anglo-saxons ne parviennent pas à s’entendre sur les croiseurs (bâtiments nombreux et légers pour la RN, bâtiments plus importants pour l’USN), une nouvelle conférence est organisée à Londres le 21 janvier 1930 avec les mêmes participants qu’à Washington neuf ans plus tôt (Etats-Unis, Grande-Bretagne, Japon, France et Italie).
Cette conférence débouche sur le traité de Londres signé le 22 avril 1930 qui entraine de nouvelles contraintes pour les cuirassés, une artillerie limitée pour les porte-avions, des sous-marins d’un tonnage limité ainsi qu’une clarification concernant les croiseurs. Pour la marine britannique cet accord entraine le désarmement du cuirassé Benbow.
Un accord particulier anglo-américano-japonais limite la construction des croiseurs, des destroyers et des sous-marins, les britanniques n’étant pas parvenus à abolir le sous-marin.
Fin 1934, le Japon et la France dénoncent le traité de Washington ce qui entrainera la fin des limitations imposées en 1922 le 31 décembre 1936.
Une nouvelle conférence se réunit à Londres le 9 décembre 1935 mais le Japon se retire le 15 janvier, limitant la portée du traité signé le 25 mars 1936. Entré en vigueur le 22 août 1937, le second traité de Londres limite les cuirassés à 35000 tonnes mais une artillerie de 356mm, les porte-avions à 23000 tonnes et 155mm, les sous-marins à 2000 tonnes et 130mm.
Une clause de sauvegarde qui prévoit la modification du traité est activée le 30 juin 1938 par les Etats-Unis, la France et la Grande-Bretagne pour faire face au Japon qui lui peut construire des bâtiments hors-lmites. Ce traité moins d’un après est donc caduc, les signataires pouvant désormais construire des cuirassés de 45000 tonnes à canon de 406mm.
Ces traités ayant fait preuve de leur inefficacité, aucune nouvelle tentative de régulation des armements navals n’aura lieu, seuls les limitations humaines, financières et technologiques stoppant cette marche folle vers des navires toujours plus gros et toujours mieux armés.
L’évolution générale de la flotte
-En ce qui concerne les cuirassés, la Royal Navy utilise les navires conçus avant le premier conflit mondial, des navires plus ou moins modernisés. Cela ne pose guère de problème en Europe où les autres ne sont guères mieux loties.
-Le traité de Washington (1922) à annulé la construction des quatre cuirassés type N3 armés de canons de 457mm (neuf en trois tourelles triples) et de quatre croiseurs de bataille type G3 armés de neuf canons de 406mm.
Il autorise cependant la construction de deux cuirassés inspirés des G3 mais à l’armement principal regroupé sur la plage avant, ce sont les Nelson et Rodney mis en service en septembre 1930 pour le premier et en novembre 1927 pour le second.
Des cuirassés sont également désarmés durant cette période ne laissant plus que quinze cuirassés en service en septembre 1939 (Nelson Rodney Royal Oak Royal Sovereign Ramillies Hood Repulse Resolution Revenge Warspite Barham Malaya Queen Elizabeth Valiant Renown, ces trois derniers étant immobilisés pour refonte).
La construction des King George V est lancée trop tard pour être mis en service en septembre 1939 alors que le programme des Lion est encore au statut d’ébauche.
-Dans le domaine des porte-avions, comme les autres marines, les premiers porte-avions britanniques sont dans leur majorité des conversions, cette nouvelle arme pouvant être bien être inemployable.
On trouve en septembre 1939 les vénérables Furious Argus Eagle Hermes Glorious Courageous ainsi qu’un petit nouveau, l’Ark Royal qui annonce les porte-avions blindés de classe Illustrious.
Cela nous donne sept porte-avions en service mais le Furious et l’Argus ne sont que des porte-avions d’entrainement aux capacités limitées ne laissant que cinq porte-avions dont seulement trois en mer du Nord, un étant déployé en Méditerranée et le dernier en Extrême Orient.
Quatre porte-avions de classe Illustrious sont en construction ainsi que les deux Implacable _version dérivée des Illustrious_ alors que des projets de porte-avions sont en cours d’étude bien que le cuirassé reste le navire majeur de la Royal Navy comme du reste dans toutes les marines du monde.
-Treize croiseurs lourds sont en service mais ce modèle est peu populaire de la Royal Navy qui préfère des navires plus petits, mieux adaptés aux patrouilles sur les lignes de communication mondiales.
A l’origine, il n’était prévu aucun autre heavy cruiser au sein de la Royal Navy mais les Kent se font vieux et les autres pays alliés comme ennemis continuent à construire des navires de ce type.
Après moultes hésitations, la marien de Sa Majesté va faire construire quatre croiseurs lourds de classe Admiral (Cornwallis Blake Albermale Hawke) suivis ultérieurement de quatre autres baptisés Raleigh Drake Blenheim et Marlborough. Si les quatre premiers qui remplacent les quatre Kent les plus anciens sont en service, sur les quatre seuls les deux premiers sont en service, les deux autres étant en armement à flot.
-Dix-neufs croiseurs légers modernes sont en service quand éclate la guerre de Pologne. On trouve cinq Leander (huit canons de 152mm en quatre tourelles doubles), quatre Arethusa (six canons de 152mm en trois tourelles doubles) et dix Town (douze canons de 152mm en quatre tourelles triples).
-A côté, nous trouvons encore des croiseurs légers anciens, en l’occurrence treize type C (dont certains convertis en croiseurs légers antiaériens), six classe D (deux ont été transférés à la marine néo-zélandaise) et deux classe Emerald soit un total de vingt et un navires.
-D’autres classes sont en cours de construction comme les croiseurs légers antiaériens type Dido.
-En ce qui concerne les destroyers, les navires britanniques sont très classiques avec un bon armement en torpilles, un élégant gaillard d’avant et une artillerie composée de quatre ou cinq canons de 120mm sous masque.
La seule exception ce sont les Tribal, seize navires armés de huit canons de 120mm en quatre tourelles, ces navires étant une réponse aux Fubuki japonais.
Ces derniers sont peu appréciés par les amiraux britanniques qui préfèrent des navires plus petits aussi à partir du type J, les architectes navals britanniques reviennent à des navires d’une taille plus modeste.
-La Royal Navy dispose également de nombreux sous-marins mais avec soixante-deux navires, sa flotte est loin derrière la France (soixante-dix huit unités) mais proche de l’Allemagne qui dispose de cinquante-sept sous-marins. Seulement onze sous-marins sont en construction quand éclate la guerre de Pologne.
On le voit, la marine britannique entre en septembre 1939 avec une flotte assez récente et si les cuirassés et les porte-avions commencent à accuser le poids des ans, les croiseurs et les destroyers ont été pour leur majorité mis en service récemment.