Pologne et Pays Neutres (95) Pologne (7)

FORCES ARMEES POLONAISES (1) : ARMEE DE TERRE

Une histoire militaire de la Pologne

Aux temps jadis

Parmi les premiers grands événements de l’histoire militaire de la Pologne figure la Bataille de Legnica survenue le 9 avril 1241 (NdA date incertaine) entre les polonais alliés aux chevaliers teutoniques face aux mongols.

C’est une déroute pour les troupes chrétiennes mais fort heureusement pour le reste de l’Europe les mongols mettent cap au sud-est renoncent à avancer plus à l’ouest. A noter que sur le plan tactique cette bataille montre la vulnérabilité de la cavalerie lourde aux archers, une leçon qui ne pas comprise par certains suivez mon regard.

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Représentation de l’Armée polono-lituanienne

La République des Deux Nations disposait naturellement d’une armée composée de plusieurs unités comme les Wojsko Kriarciane (unités régulières soldées), les Wojsko Komputowe (unités semi-régulières créées pour la durée d’une guerre qui sont intégrées en 1652 avec les premières dans une nouvelle armée permanente), la Pospolite Ruzzenie (levée en masse de la Szlachta), les Piechota lanowa et les Piechota wyzbraniecka (unités de paysans recrutés).

On trouve également des cosaques enregistrés (troupes formées par des cosaques utilisées surtout à l’infanterie, rarement à la cavalerie avec des tabors recrutés jusqu’en 1699), la Garde Royale, des Mercenaires et des armées privées dépendant des grands féodaux.

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La Guerre Nordique de Sept Ans à lieu de 1563 à 1570. La Suède est opposée à une coalition dano-polono-lübeckoise, l’élément déclencheur étant un contentieux dano-suédois depuis la fin de l’Union de Kalmar. Je cite ce conflit pour information car les troupes polonaises ne sont pas engagées !

De 1605 à 1618 les polonais affrontent les russes, de 1600 à 1629 les polonais affrontent les suédois et de 1620 à 1621 les ottomans.

Durant ce dernier conflit les ottomans défont les polonais la bataille de Tutoia (17 septembre au 7 octobre 1620), les polonais subissant de lourdes pertes.

L’année suivante une imposante armée ottomane (100 à 250000 hommes selon les sources !) repart en campagne avec premier objectif la conquête de l’Ukraine et pour les plus ambitieux d’atteindre la mer Baltique en détruisant la République des Deux-Nations !

Cette campagne sera un échec avec une défaite contre les polonais et les cosaques zaporogues à Khotin (2 septembre au 9 octobre 1621).

En 1633/34 11 à 30000 polonais et alliés affrontent 55000 ottomans et alliés dans une nouvelle guerre polono-ottomane.

De 1654 à 1667 les polonais et les russes s’affrontent, conflit se terminant par une victoire russe. A l’origine du conflit une révolte de cosaques contre la Pologne, révolte soutenue par la Russie.

En juillet 1654, 41000 russes envahissent la République des Deux-Nations. Les villes de Bely et de Dorogobsy sont prises, Smolensk assiégée. C’est ensuite la bataille de Chklow (12 août 1654) et de Szepielewicze (24 et 25 août 1654), les russes l’emportant à chaque fois. En revanche la bataille de Ochmatow (janvier/février 1655) se termine par un résultat indécis à la différence de la bataille de Jaehkiv qui est une victoire polono-tatare.

La Première Guerre du Nord à lieu de 1655 à 1660 opposant la Suède à la République des Deux-Nations.

En juillet 1655 l’Armée suédoise envahit la Pologne-Lituanie depuis la Poméranie suédoise à l’ouest et par la Livonie au nord. C’est 13650 hommes et 72 canons d’un côté, 21200 de l’autre. En face les polono-lituaniens n’alignent que 14000 hommes. Une partie de la noblesse polonaise rallie le roi de Suède après la bataille d’Ujscee le 25 juillet 1655. En août 1655, le Grand-Duché de Lituanie se place sous la protection suédoise, le 8 septembre 1655 Varsovie est occupée.

Les suédois sont victorieux à Zarnow le 16 septembre et Wojnicz le 3 octobre. Jean II Casimir est capturé et exilé en Silésie. Cracovie capitule le 19 octobre et le lendemain un traité est signé à Kedainiei, la Lituanie est unie à la Suède, la majorité de l’armée polonaise se rendant à la Suède.

Très vite l’occupation suédoise suscite une violente opposition en Pologne, entrainant une guerilla et en réponse une répression sanglante. A la bataille de Golab en février 1656, 11000 suédois défont 2400 polonais. Les suédois sont défaits à Zamosc puis le 7 avril 1656 à Warka.

Les suédo-brandebourgeeois l’emporte à Varsovie (28 au 30 juillet 1656), Jean II Casimir se retire à Lublin. La victoire polonaise à Leczyca le 4 octobre 1656 est sans lendemain.

De 1672 à 1676 les polonais affrontent les ottomans perdant à cette occasion la Podolie. Les polonais l’emporte à Khotin le 11 novembre 1673, une victoire remportée par le Hetman (chef de l’armée) Jean Sobieski. En revanche la bataille de Jouravno (25 septembre au 14 octobre 1676) se termine par une victoire ottomane.

De 1683 à 1699 c’est la Grande Guerre Turque, un conflit opposant le Saint-Empire Romain Germanique à l’Empire ottoman. La Maison d’Autriche n’est pas seule pouvant compter également sur l’aide de la Pologne (NdA bah oui sinon je parlerai pas de ce conflit), des Etats Pontificaux, de Venise, de Gênes, de la Toscane, de la Savoie, de l’Espagne et du Portugal, le tout formant la Sainte Ligue.

When the wing hussar arrive !

Le climax, l’apogée de ce conflit c’est naturellement le siège de Vienne et l’intervention décisive de l’armée du roi de Pologne Jean III Sobieski qui dégage la capitale du Saint-Empire. C’est surtout le début du déclin irrémédiable de la Sublime Porte.

Les 150000 hommes de l’armée ottomane franchissent la frontière le 29 juin. L’armée de Charles V de Lorraine (beau-frère de Léopold 1er) est battue le 2 juillet, la cour impériale quittant Vienne le 7 juillet pour Linz puis Passau. Vienne est assiégée à partir du 14 juillet 1683.

L’armée coalisée arrive sous les murs de Vienne le 3 septembre alors que la capitale autrichienne chancèle. Les 75000 hommes de Sobieski franchissent le Danube s’installent sur les hauteurs de Kahlenberg et de Leopoldsberg.

Les polonais et les impériaux attaquent le 12 septembre 1683, la cavalerie polonaise et notamment ses fameux hussards ailés (When the winged hussars arrive comme chante Sabaton) s’illustre mettant les ottomans en déroute. 15000 turcs sont tués, dix fois moins pour les coalisés.

La menace écartée, Léopold 1er est de retour à Vienne, ne pardonant pas à Jean III Sobieski d’être entré le premier dans sa ville.

Après un temps d’hésitation, les coalisés se lancent à la poursuite des ottomans, remportant une nouvelle victoire à Parkany le 9 octobre. La ville hongroise d’Esztergon tombe le 25 octobre suivie d’une ultime victoire le 1er novembre. L’armée polonaise se replie. Le 25 décembre 1683, Kara Mustafa et étranglé sur ordre du sultan. A noter que les polonais ne participent pas à la suite du conflit.

Ce conflit se termine par le Traité de Karlowitz (26 janvier 1699), traité qui voit la Pologne récupérer la Podolie perdue en 1672.

La Grande Guerre du Nord (1700-1721)

La Pologne ne participe pas officiellement mais va être un enjeu de la lutte entre la Suède et la Saxe dont l’électeur est également roi de Pologne (1700-1709).

Après avoir neutralisé la Russie, Charles XII se tourne vers la Saxe et la Pologne d’Auguste II. La Pologne-Lituanie est envahie le 18 juillet 1701 quand l’armée du dernier roi de Suède impérialiste franchit la rivière Dagauva.

En 1702 la Suède affronte les troupes de l’hetman de Lituanie Michal Serwacy Wisniowicki et s’empare de Wilno au mois d’avril. L’armée saxo-polonaise est écrasée le 19 juillet 1702 à Kliszow à 50km au nord de Varsovie.

Auguste II se replie sur Sandormiez pendant que les suédois occupent Cracovie puis Varsovie. Le roi de Pologne n’à d’autre choix que de se retirer en Saxe. Charles XII fait élire comme nous l’avons vu un nouveau roi Stanislas Leczynskiy.

L’armée saxonne est à nouveau vaincue à Fraustadt (Wschowa) près de la frontière avec la Silésie, cette défaite entrainant le Traité de Altranstadt (24 septembre 1706). Auguste II reconnaît Stanislas comme roi de Pologne.

Charles quitte la Saxe en août 1707, laissant en Pologne 24000 homms pour aller avec 35000 hommes combattre en Russie. La suite est connue, Poltava tout ça tout ça. En 1710 l’armée suédoise se retire de Pologne direction la Poméranie. La mort de Charles XII entraine la division de la coalition, les différents protagonistes se disputant nombre de territoires, la menace russe étant un moteur majeur des négociations.

La guerre russo-polonaise (1792)

Du 18 mai au 27 juillet 1792 les polonais et les russes s’affrontent pour l’ultime épisode des guerres polono-russes, ce conflit aboutissant au deuxième partage de la Pologne, la République des Deux-Nations entrant en phase de décomposition et d’agonie. Le résultat du conflit était pour ainsi dire écrit d’avance, Saint-Pétersbourg engageant 106000 hommes, Varsovie 37000.

Les russes sont organisées en deux armées, l’Armée de Kakhavsky dispose de 64000 hommes répartis en quatre corps d’armée, l’Armée de Kretchetnikov comprend lui 38000 hommes avec quatre corps d’armée dont celui de la confédération de Targowice.

En face les polono-lituaniens peuvent en théorie aligner 48000 polonais et 15000 lituaniens mais en réalité seulement 37000 hommes sont engagés.

Le 14 juin 1792 les russes l’emporte à Boruszhowice, 5000 russes défaisant 1800 polono-lituaniens, ces derniers prennant leur revanche à Zielence (15357 polonais contre 11000 russes) le 18 juin 1792.

Les polonais l’emporte à nouveau à Dubienka le 18 juillet 1792, engageant 5000 hommes contre 18000 russes. Les russes l’emporte à Zelva (4 et 5 juillet 1792) après avoir engagé 6500 hommes contre 7000 polonais.

Les polonais l’emporte à Kzemien le 24 juillet 1792 après avoir engagé 12000 hommes contre 4500 russes. Les polonais remportent une ultime bataille le 26 juillet 1792 (Nda lieu inconnu)

Les unités de volontaires polonais au service de la France

Le 9 janvier 1797 deux légions polonaises sont créées pour intégrer l’Armée de la république lombarde, chaque légion comprenant trois bataillons à six compagnies de 125 hommes auxquelles on ajoute trois compagnies d’artillerie. Les effectifs atteignent très vite 5000 hommes.

Ces unités combattent en Italie et répriment de nombreuses révoltes bien loin de leur espoir de combattre pour libérer leur patrie. En mai 1798 les polonais occupent Rome. La même année les effectifs atteignent 10000 hommes, les polonais combattant les anglais dans le Royaume de Naples.

En 1799 les pertes sont particulièrement sévères, les polonais se retrouvant en première ligne, les meilleures troupes se trouvant en Egypte. Les polonais participent aux batailles de Novi et de Zurich.

Le 10 février 1800 les survivants des légions polonaises d’Italie sont réorganisées à Marseille sous la forme de la Légion italique censée aligner 9000 hommes mais les effectifs vont atteindre péniblement 5000 hommes.

Le 8 septembre 1799 est créée la Légion du Danube composée d’un état-major, d’unités d’artillerie, de quatre bataillons d’infanterie et d’un régiment de uhlans à quatre escadrons. Elle combat en Bavière et participe à la bataille de Hohenlinden (3 décembre 1800).

En 1801 les polonais sont envoyés dans le Royaume d’Etrurie et de Toscane. Le moral est très bas car ces soldats veulent combattre les partageurs de la Pologne et non réprimer les révoltes.

Le 21 décembre 1800 les légions polonaises sont dissoutes et transformées en trois demi-brigades, la légion polonaise d’Italie forme le gros des 1ère et 2ème demi-brigades étrangères, la Légion du Danube formant la 3ème demi-brigade étrangère. Ces unités intègrent ensuite l’armée française sous la forme des 113ème et 114ème demi-brigades de ligne.

Après l’Italie les polonais vont combattre aux Antilles à Saint-Domingue en 1802/03. 4000 polonais vont y mourir, 400 restant sur l’île, d’autres se sont dispersés dans les Caraïbes, 700 retournant en France.

En 1805 les polonais stationnés en Italie forment la 1ère légion polonaise et en 1806 les légions de Dombrowski et du Danube sont réduites à un régiment d’infanterie et de cavalerie, combattant en Italie.

Toujours en 1806, une Légion du Nord est formée, légion qui est bientôt accompagnée par une division polonaise à trois régiments. Les troupes dans cette unité sont cependant de piètre qualité. Une 2ème légion du Nord est mise sur pied le 23 septembre 1806 mais elle fusionne avec la première dès mars 1807.

En juin 1807 la Légion du Nord composée de quatre régiments d’infanterie et de trois régiments de cavalerie est à Varsovie, Kalisz et Cracovie.

La division polonaise (trois régiments d’infanterie et de trois régiments de chasseurs de Posen) est avec le 8ème Corps d’Armée du général Mortier participe à la bataille de Friedland (14 juin 1807). En mars 1808 la Légion du Nord est versée dans l’armée du Duché de Varsovie.

Le 5 avril 1807 une légion polacco-italienne est créée avec un régiment de lanciers et trois régiments d’infanterie.

Légion de la Vistule

Elle passe au service de la Westphalie en octobre 1807 puis à nouveau au service de la France en mars 1808. le 29 mars 1808 l’unité devient la Légion de la Vistule, le régiment de lanciers comprend quatre escadrons soit 47 officiers et 1171 hommes. Les trois régiments d’infanterie comprennent 140 hommes par compagnie, 840 par bataillons, 1680 par régiment, 5040 pour trois régiments. A la mi-1808 les effectifs sont passés à 6000 hommes.

Après la victoire de Wagram on tente de mettre sur pied une légion avec les prisonniers de guerre polonais de l’armée autrichienne mais faute d’effectifs suffisants elle fusionne avec la Légion de la Vistule. Cette dernière combat en Espagne puis s’illustre en Russie, en Allemagne et en France, 96000 polono-lituaniens participant à la campagne de Russie en 1812.

Quand la Grande Armée repasse le Niémen à la suite de la retraite, la légion sur la Vistule ne compte plus que 1500 hommes sur les 7000 du départ. Les polonais se sont illustrés à la bataille de la Moskova, à Winkowo et sur la Bérézina qui contrairement à ce qu’on pense souvent est une victoire française et non un désastre. En 1813 les polonais participent à la bataille de Leipzig et en 1814 à la campagne de France. Des polonais sont encore là sur l’île d’Elbe et pendant les Cent-Jours.

Parmi ces polonais figure le 1er régiment de chevau-légers lanciers polonais de la Garde impériale, une unité créée le 6 avril 1807 et dissoute le 1er octobre 1815. Elle combat en Espagne, s’illustrant sur le col de la Somossiera, en Autriche (1809), en Espagne (1810/11), en Russie (1812), en Allemagne (1813), en France (1814) avant d’accompagner Napoléon dans son exil sur l’île d’Elbe puis lors de l’aventure des Cent Jours.

Les guerres de la 4ème coalition (1806/07)

Unité de l’armée du Duché de Varsovie

Cette guerre qui à la Prusse et la Pologne pour théâtre aboutità la création du Duché de Varsovie, un compromis entre le maintien de la domination étrangère sur la Pologne et la renaissance d’un véritable royaume de Pologne, un compromis qui ne satisfait guère les polonais, les plus optimistes y voyant une première étape.

Ce sont les victoires françaises de Saalfeld (10 octobre 1806), Iena et Auerstaedt (14 octobre) _Berlin tombant le 27 octobre 1806_ , Eylau le 8 février 1807 et Friedland le 14 juin 1807, ces combats aboutissant à la paix de Tilsit et à une éphémère alliance franco-russe.

Pologne et Pays Neutres (19) Espagne (19)

Marine

Histoire

Dans cette partie je vais aborder brièvement l’histoire de la marine espagnole qui participa directement à la puissance esspagnole au 16ème et au 17ème siècle.

La marine espagnole apparaît avant même la naissance de l’état espagnole avec notamment une marine aragonaise (troisième plus grande flotte de Méditerranée) et une marine castillane qui participa à la guerre de Cent Ans aux côtés des français tout en menant la Reconquista.

En 1232 la flotte castillane joue un rôle clé dans la reprise de Cadix. En 1375 elle bat une flotte anglaise à Bourgneuf et mènent des raids sur les côtes de la Perfide Albion.

La puissance navale espagnole participe aux Grandes Découvertes puis à la colonisation d’un nouveau continent. Auparavant en 1402 les castillans ont conquis les Canaries. En 1419, les castillans chassent la ligue Hanséatique du golfe de Gascogne.

Fresque vaticane représentant la bataille de Lepante

Elle s’illustre en Méditerranée à Lépante en 1571 où la marine coalisée (espagnols, vénitiens, états pontificaux) était dirigée par le demi-frère adulterin de Philippe II, Don Juan de Austria.

L’attaque des brulots anglais lors de l’épisode de l’Invincible Armada

En 1588 l’échec de l’Invincible Armada dans sa conquête de l’Angleterre marque le début du déclin de la puissance navale espagnole au profit des Provinces Unies et de la Grande-Bretagne.

A la fin du 17ème siècle, les Habsbourgs délaissent la marine de guerre, estimant que l’investissement n’est pas rentable. Un relatif redressement à lieu sous les Bourbons, la France contant sur l’Espagne pour contrer la puissance navale britannique avec plus ou moins de réussite.

Elle subit de lourdes pertes à la Bataille de Trafalgar (1805) perdant onze navires de ligne et un quart du reste de sa flotte.

Dans les années 1820 l’empire colonial espagnol essentiellement concentré en Amérique du Sud tombe. La marine perd de son importance, le déclin de l’Armada Espanola étant à l’image d’une Espagne figée dans la recherche d’un Siècle d’Or mythifié, d’une Espagne manquant le virage de la Révolution Industrielle à l’exception de quelques régions périphériques (Catalogne, Pays Basque).

Signe qui ne trompe pas, les premiers bâteaux à vapeur sont acquis en 1846….au Mexique, des bâteaux certes construits en Grande-Bretagne mais c’est quand même révélateur.

Dans les années 1850 et 1860 des investissements non négligeables sont réalisés pour les forces navales espagnoles déployées dans le Pacifique.

Dans les années 1890 des croiseurs cuirassés sont acquis par la marine espagnole. En 1896, la marine espagnole comprend trois divisions basées à Cadix, au Ferrol et à Carthagène. Chaque division dispose également de monitors alors que les côtes sont défendues par des navires spécifiques.

Blason de l’infanterie de Marine espagnole

A cette époque on trouve un cuirassé, huit croiseurs de première classe, six croiseurs de deuxième classe, neuf croiseurs de troisième classe et 38 torpilleurs. Dix navires sont également en construction, les effectifs étant de 1002 officiers, 725 mécaniciens, 14000 marins et 9000 marines, l’Infanteria de Marina étant créée le 27 février 1537 ce qui en fait le corps d’infanterie de marine le plus ancien du monde.

En dépit d’un effort de modernisation, elle affronte une marine américaine plus moderne et qui rentre en 1898 dans la cour des grands. La marine espagnole subit de lourdes pertes à Cuba et aux Philippines.

L’Espagne reste neutre durant la première guerre mondiale et sa première opération réelle depuis 1898 est la Guerre du Rif, la révolte d’Abd-El-Krim écrasée par les français et les espagnols qui débarquent en baie d’Alhucemas le 8 septembre 1925.

L’aéronavale espagnole voit le jour en 1920 quatre jours après un décret royal qui approuvait sa création. Son berceau est situé à El Prat sur le site de l’actuel aéroport de Barcelone. En septembre 1936 elle fusionne avec l’armée de l’air républicaine après la réorganisation des forces armées suite au coup d’Etat. L’équipement est obsolète.

A noter également que sans le déclenchement de la guerre d’Espagne, l’infanterie de marine aurait été également dissoute par le gouvernement républicain.

En 1931 la marine royale devient la marine républicaine. Au moment du coup d’état de juillet 1936, la marine se divise entre républicains et nationalistes.

Sur les trois bases de la marine espagnole (Ferrol, Cadix et Carthagène), deux d’entre-eux tombent aux mains des rebelles (Ferrol, Cadix) mais la majorité des navires vont restés dans le camp républicain. Cette supériorité numérique va être obérée par le fait que nombre d’officiers vont emprisonnés voir tués par des équipages mutinés.

La marine nationaliste va disposer d’un cuirassé l’Espana (ex-Alfonso XIII), les croiseurs légers Navarra et Almirante Cervera, les croiseurs lourds Canarias et Baleares, un destroyer et différents navires légers. Très vite d’autres navires vont être acquis auprès de l’Italie en l’occurence quatre destroyers et deux sous-marins.

Croiseur lourd Canarias

Les républicains vont aligner le cuirassé Jaime I, trois croiseurs légers, quatorze destroyers et cinq sous-marins.

Le 5 août 1936 c’est un affrontement que l’histoire à retenu sous le nom de Convoy de la Victoria. Si dès le début du soulèvement des troupes de l’Armée d’Afrique ont pu rallier la péninsule ibérique c’est uniquement par voie aérienne. Or si la voie aérienne est plus rapide, elle est limitée en terme de volume et surtout ne permet pas de transférer du matériel lourd.

Si les nationalistes veulent amener dans la péninsule l’Armée d’Afrique, ses armes et son matériel il faut donc contrôler le détroit de Gibraltar.

Franco veut briser le blocus républicain avec un convoi transportant 2500 à 3000 hommes à bord de quatre transports venus de Ceuta avec pour escorte la canonnière Dato, le garde-côtes Uad Kert et le vieux torpilleur T-19. Ils doivent être couverts par cinq Savoia-Marchetti SM.81, des Fokker F.VII, des DC-2, des chasseurs Nieuport Nid-52 et un escadron de Bréguet 19.

le convoi nationaliste attaqué par le destroyer Alcala Galiara parviendra sans encombre à Algeciras et par la suite la marine républicaine harcelée par les avions italiens et allemands va quitter la zone. De toute façon la présence du Deutschland et de l’Admiral Scheer rend illusoire toute tentative de couper la liaison avec l’Afrique du Nord.

Du 16 août au 12 septembre 1936 les républicains et les nationalistes se disputent le contrôle de l’île de Majorque, les italiens l’occupant jusqu’à la fin de la guerre civile.

Le 29 septembre 1936 à lieu la Bataille du Cap Spartel près de Tanger. Les destroyers républicains Gravina et Almirante Ferrandiz vont affronter le croiseur léger Almirante Cervera et le croiseur lourd Canarias.

L’Almirante Ferrandiz est coulé par le Canarias (touché à six reprises, explose et coule, trente et un survivants récupérés par le Canarias et 28 par le cargo français Kotoubia). Cette bataille marque la fin définitive des tentatives républicaines de couper le Maroc Espagnol de la péninsule ibérique.

En octobre 1936 un affrontement naval à lieu en Guinée espagnole (aujourd’hui Guinée Equatoriale) entre un croiseur auxiliaire nationaliste le Ciudad de Mahon (un canon de 76mm et un canon de 101mm) et le navire prison aux mains des républicains, le Fernando Poo.

Le croiseur auxiliaire transportant des troupes marocaines venues des Canaris pour prendre le contrôle de la colonie. Un échange de coups de feu entraine le naufrage du navire prison. Les troupes débarquées permettent aux nationalistes de s’emparer de la future Guinée Equatoriale.

Le 5 mars 1937 à lieu en Biscaye la Bataille du cap Machichaco entre un convoi républicain (un transport le Galdames et quatre chalutiers armés de la section basque de la marine républicaine (Bizacaya Gipuzkoa Donostia Nabarra) fait face au croiseur lourd Canarias.

En dépit du soutien de batteries côtières, les républicains doivent constater la capture du transport et la destruction du Nabarra.

Le croiseur lourd Baleares

Du 7 au 9 septembre 1937 c’est la Bataille du Cap Cherchel avec côté nationaliste le croiseur lourd Baléares et côté républicain les croiseurs légers Libertad et Menez Nunez accompagnés par sept destroyers. Le croiseur lourd repère un convoi républicain et si il est gravement endommagé, les deux cargos sont perdus (un échoué et l’autre interne).

Les 5 et 6 mars 1938 à lieu la Bataille du cap Palos près de Carthagène. Elle oppose le camp républicain avec les croiseurs légers Libertad et Mendez Nunez associés à cinq destroyers et le camp nationaliste avec les croiseurs lourds Baleares et Canarias, le croiseur léger Almirante Cerverra et trois destroyers.

Dans la nuit les croiseurs lourds se heurtent aux républicains. Le Baleares se sacrifie et est coulé mais la mission d’empêcher les républicains d’interdire le passage d’un convoi de renforts est réussie. Sur les 1206 marins du croiseur lourd, seuls 441 vont survivre.

Quand la guerre d’Espagne se termine la marine espagnole affiche le visage suivant :

-Croiseur lourd Canarias

-Croiseurs légers Navarra Mendez Nunez Galicia Almirante Cervera et Miguel Cervantes

-Destroyers classe Alsedo (Alsedo Lazaga Velasco)

L’Almirante Antequera

-Destroyers classe Churucca (Sanchez Barcaitzegui , José Luis Diez , Lepanto , Churucca , Alcala Galiano , Almirante Valdès , Almirante Antequera , Almirante Miranda , Ciscar , Escano , Gravina , Jorge Juan Ulloa)

-Les destroyers Ceuta et Melilla transférés par les italiens vont être rapidement utilisés pour l’entrainement avant d’être désarmés durant la Pax Armada.

-Sous-marins B-1 B-2 B-3 B-4 C-1 C-2 C-4

-Sous-marins ex-italiens General Moja et General Sanjurjo

En dépit d’une situation économique très difficile la marine espagnole à de grandes ambitions et avec un régime autoritaire qui magnifie l’histoire espagnole et notamment celle des Rois Catholiques, des grandes découvertes et de la naissance de l’empire espagnole.

De nombreux projets sont étudiés tous plus irréalistes les uns que les autres. Le projet le plus aboutit comprenait trois cuirassés (l’Espagne à cherché à obtenir les plans des Vittorio Veneto), un porte-avions inspiré du Graf Zeppelin, quatre croiseurs légers modernes, de nouveaux destroyers, de nouveaux sous-marins et un train d’escadre.

Très vite pour ne pas dire immédiatement l’Armada Espanola doit limiter drastiquement ses ambitions. Exit les porte-avions et les cuirassés et place à des unités plus légères type destroyers et escorteurs.

C’est au milieu de la Pax Armada que les constructions navales reprennent pour reconstituer une marine digne de ce nom. Certains navires anciens sont désarmés ou relégués à des tâches secondaires comme l’entrainement.

En ce qui concerne les croiseurs, le Canarias devient en l’absence de cuirassé le navire-amiral de la marine espagnole. C’est aussi un ambassadeur flottant et il accueille souvent le Caudillo en tenue d’amiral pour une tournée des ports d’Espagne et du Maroc espagnol non sans que cela provoque quelques tensions et quelques crispations avec le voisin français. Il subit une modernisation a minima en 1946/47.

Croiseur léger Navarra

En ce qui concerne les croiseurs légers, le Navarra va être relégué au statut de navire-école pour entrainement et formation des nouveaux officiers de marine. Il reste cependant un navire de guerre et pourra assurer en cas de besoin de véritables missions de combat.

Les quatre autres croiseurs restent en service comme unités de première ligne (Mendez Nunez Galicia Almirante Cervera et Miguel Cervantes) avec des travaux de modernisation menés dans des conditions difficiles.

Cela n’empêche pas la marine espagnole de mettre sur cale en septembre 1947 et en mai 1948 deux croiseurs légers baptisés Majorque et Ferrol, des navires de 8000 tonnes, 30 nœuds armés de huit canons de 152mm en quatre tourelles doubles, huit canons de 120mm, des tubes lance-torpilles et une DCA légère.

La construction va être menée à un train de sénateur et ils vont être achevés seulement en 1953. Opérationnels seulement en 1956, ils vont rester en service aux côtés du croiseur léger Baleares (ex-USS Flint [CL-64]) jusqu’en 1984 et 1986 respectivement après avoir été transformés en croiseurs lance-missiles.

En ce qui concerne les destroyers, la marine espagnole va tenter de renouveler une flotte qui sans être obsolète commençait déjà à accuser le poids des ans sans compter son utilisation intensive durant la guerre d’Espagne avec tout ce que cela engendre en terme de vieillissement prématuré car l’entretien est parfois difficile à réaliser.

Les destroyers les plus anciens étaient les trois unités de la Classe Alsedo mises en service en 1924/25 (Alsedo Lozaga Velasco). Ces unités vont être remplacées au cours de la Pax Armada par quatre destroyers de la Classe Oquendo (voir ci-après).

L’épine dorsale de la force de destroyers ibérique est formée par les quinze unités de la classe Churucca (Sanchez Barcaitzegui , José Luis Diez , Lepanto , Churucca , Alcala Galiano , Almirante Valdès , Almirante Antequera , Almirante Miranda , Ciscar , Escano , Gravina , Jorge Juan Ulloa, Alava et Liniers), des navires mis en service dans les années trente entre 1929 et 1937. A noter qu’une unité à été coulée durant la guerre d’Espagne (Almirante Ferrandiz).

Ces destroyers vont restés en service jusqu’au second conflit mondial, subissant une modification de l’armement et une remise en état pour leur permettre de rester tant bien que mal en état de combattre un adversaire de premier plan.

Pour remplacer les trois unités de classe Alsedo, les espagnols décident de construire une nouvelle classe de destroyers, la Classe Oquendo.

Dans les plans de modernisation de la flotte espagnole, les Oquendo doivent opérer en soutien du Canarias alors que les destroyers légers de classe Audaz doivent opérer en compagnie des croiseurs légers et des escorteurs de classe Ariete acquis auprès de l’Italie.

Les espagnols ont prévu la construction de douze destroyers de classe Oquendo et de vingt-quatre destroyers de classe Audaz mais ces plans totalement irréalistes sont rapidement amendés.

Finalement seulement neuf destroyers de Classe Oquendo sont mis sur cale, trois étant achevés avant le second conflit mondial (Oquendo Roger de Lauria Marques de La Ensenada) et trois autres dans l’immédiat après guerre (Blas de Lezo Gelmirez Langara), les trois derniers étant annulés (Bonifaz Recalde Blasco de Garay).

Pour constituer/reconstituer une force légère de combat les espagnols vont commander quatre destroyers légers type Ariete auprès des italiens et neuf destroyers légers de Classe Audaz.

Les unités de classe Ariete construites en Italie sont livrées et mises en service en 1944/45, ces quatre navires étant baptisés Teruel Alcazar de Toledo Cape Machichaco et Cape Spartel.

Les neuf destroyers légers de classe Audaz sont mis en service entre 1943 et 1947, des unités baptisées Ariete Audaz Furor Intrepido Meteoro Osado Rayo Relampago et Temerario.

En ce qui concerne les sous-marins les unités héritées de la guerre civile restent en service. Si on envisage la construction d’unités neuves inspirées de plans allemands, les contraintes budgétaires, économiques et industrielles font capoter le projet. La flotte sous-marine espagnole se composait donc de neuf unités, les sous-marins de classe Archimede ex-italiens (General Moja General Sanjurjo), quatre unités Type B (B-1 B-2 B-3 B-4) et Type C (C-1 C-2 C-4).

La marine espagnole dispose également de navires auxiliaires comme le ravitailleur d’hydravions Dedalo, des pétroliers, de la «poussière navale». (NdA plus de détails dans la partie navires)

En ce qui concerne les batteries côtières, elles sont modernisées dans le cadre d’une stratégie anti-blocus.

L’aéronavale est reconstituée avec le transfert par l’armée de l’air des hydravions en septembre 1942.

La marine espagnole dispose également d’une unité d’infanterie, l’Infanteria de Marina, la plus ancienne unité de ce type puisque créée dès 1537 sous le règne de Charles Quint. Elle est rebaptisée en 1941 Tercio de Armada.

Organisation

La marine espagnole dispose d’un état-major installé à Madrid et deux état-majors d’escadre, l’Escadre du Nord (état-major implanté au Ferrol) et une Escadre du Sud (état-major implanté à Carthagène).

Ces état-majors prennent en charge les moyens qui dépendent des régions navales, la 1ère implantée au Ferrol, la 2ème à Carthagène et la 3ème à Cadix. Généralement les unités légères et les auxiliaires dépendent des régions navales, les unités de combat des escadres.

En 1945 un commandement de la logistique et de l’école est créé pour soulager et coordonner l’action des régions.

Les batteries côtières dépendent des régions navales alors que les hydravions sont placés sous le commandement de l’état-major général de Madrid tout comme le Tercio de Armada.

Benelux (52) Belgique (13)

ARMEE DE TERRE

Historique

Les prémices : quelques éléments sur des unités militaires belges passées

Garde Civique 3

La garde civique

L’Armée belge apparaît bien entendu au moment de la Révolution Belge sous la forme d’une Garde Civique mais l’histoire militaire à commencer bien avant notamment sous la Révolution Française.

Au moment où la France est secouée par une révolution bourgeoise puis radicale, le futur territoire de la Belgique est secoué par des révolutions, la révolution du Brabant et la révolution liégeoise.

Ces révolutions échouent ce qui entraîne l’exil de nombreux belges vers la France. C’est dans ce vivier que va puiser la Grande Nation pour créer des unités de volontaires. Comme dans tous les conflits de ce genre, ces unités doivent donner le blanc seing à une armée étrangère et ainsi faire «passer la pilule» de l’invasion si je peux m’exprimer ainsi.

On trouve ainsi une Légion Belge ou Légion Belgique créée en 1792 avec deux bataillons, le 1er opérant en Champagne et le 2ème participe au Siège de Lille.

Cet événement à lieu du 25 septembre au 8 octobre, la garnison étant composée de troupes françaises et de volontaires belges. Les troupes autrichiennes échouent cependant à isoler la ville fortifiée par Vauban ce qui permet un ravitaillement permanent. A l’annonce de la défaite prussienne à Valmy, les troupes autrichiennes doivent lever le siège.

On trouve également la Légion des Belges et des Liégeois composée d’hommes issus de la principauté épiscopale de Liège. Avec ses six bataillons, c’est la plus importante des trois légions de volontaires belges, la Légion Liégoise disposant elle de deux bataillons.

D’autres légions ont existé de manière très éphémère qu’il s’agisse de la Légion ds Sans Culottes belges et liégeois (Bruxelles) ou encore la Légion des Sans Culottes de Liège mais ses groupements avaient davantage propension à parler haut et à se livrer à toutes sortes d’exactions que d’accepter la discipline militaire.

Aux côtés de ces légions on trouva également des régiments et des bataillons qu’ils soient de recrutement local ou recrutés par la France. C’est un véritable écheveau difficile à démêler puisque certaines unités ont changé de nom, d’autres ont été transférées et d’autres n’ont probablement existé que sur le papier. Je m’excuse donc par avance si il y à des erreurs.

On trouve ainsi les 1er et 3ème bataillons liégois, les 2ème et 3ème régiments des belges, le régiment de Namur, le régiment de Tournai, le régiment de Bruges, le régiment d’Anvers, les 15ème et 23ème bataillons de chasseurs belges, les 1er et 2ème bataillons de chasseurs de Gand , le 1er bataillon du Hainaut et enfin le bataillon Leuckens.

En ce qui concerne les troupes mises sur pied par les français (qui espéraient y lever 40000 hommes mais n’ont pu en recruter que le quart), on trouve pour l’infanterie quatre bataillons de chasseurs (17ème,18ème,23ème et 24ème), deux régiments de chasseurs à cheval (17ème et 18ème) ainsi qu’une partie du 20ème régiment de dragons alors que l’artillerie dispose d’un régiment belge, le 9ème régiment d’artillerie à pied.

En janvier 1794, les cinq bataillons de chasseurs sont versés dans cinq bataillons de tireurs dont une partie du recrutement est composé de bataves mais aussi de déserteurs des armées autrichiennes, allemandes et prussiennes.

Ces bataillons furent amalgamés en demi-brigades avec les 1er, 14ème,15ème,18ème et 30ème demi-brigades d’infanterie légère ainsi que les 25ème et 112ème demi-brigades d’infanterie de ligne.

En ce qui concerne la cavalerie, on trouvait des unités de «volontaires» qui furent ensuite versées dans des unités régulières de l’armée française probablement à des fins de discipline. Ils formèrent si l’on peut dire la force vive des régiments.

Les Dragons Belges ou de Bruxelles qui voient le jour le 15 octobre 1792 sont versés au 20ème régiment de dragons en compagnie du 1er régiment de chasseurs à cheval belge. On trouve également les Dragons du Hainaut et de Jemmapes qui vont eux aussi intégrer le 5 juillet 1793.

Le 2ème régiment de chasseurs à cheval belge créé fin 1792 début 1793 intègre le 17ème régiment de chasseurs à cheval le 4 septembre 1793. Les chevaux légers de Flandre occidentale ou de Gand sont eux licenciés le 6 avril 1794, un représentant en mission les décrivant comme «un ramassis de coquins inaptes à faire la guerre». Enfin les hussards belges vont intégrer le 10ème régiment de hussards (dit de Jemmapes).

En ce qui concerne l’artillerie, les français espérèrent pouvoir créer trois bataillons à cinq compagnies d’artillerie (une d’élite, trois de canonniers et une d’ouvriers) mais le manque de moyens tant humains que matériels ont fait que nombre d’unités étaient des unités de papier.

Les artilleurs belges ont cependant servit honorablement et le 9ème régiment d’artillerie à pied existant de 1794 à 1795 était composé en grande partie d’artilleurs belges.

Les belges ont participé à toutes les guerres de la Révolution et de l’Empire qu’ils se trouvassent côté français que côté allié, la Légion Belge participant sous les ordres du duc de Wellington à la bataille de Waterloo.

De 1703 à 1820, à existé une unité de l’armée espagnole appelée Gardes Wallons ou Guardia Valona dans la langue de Cervantes.

Les Gardes Wallons étaient recrutés dans le sud des Pays-Bas espagnols et notamment dans la très catholique Wallonie. Ces soldats étaient souvent utilisés pour le maintien de l’ordre car ils n’avaient aucun lien avec la population autochtone.

Initialement, les régiments wallons de l’armée espagnols n’avaient de wallons que le nom puisqu’ils intégraient également des flamands et des brabançons. Les effectifs étaient d’environ 4000 hommes.

Le 17 octobre 1702, le roi Philippe V d’Espagne _petit-fils de Louis XIV_ décide de lever un régiment wallon pour sa nouvelle garde royale, ce régiment opérant avec un régiment de Gardes Espagnols (l’équivalent des Gardes Françaises), les deux unités partageant le même uniforme à savoir du bleu foncé, du rouge et de l’argent. Ce rapprochement avec la Maison du Roi n’est pas fortuit puisque un détachement de Gardes Françaises servit d’instructeur.

La reconnaissance de l’indépendance des Provinces Unies (1648) puis la cession des Pays-Bas espagnols à l’Autriche en 1714 ne changea rien, des wallons continuèrent à servir dans l’armée espagnole aux côtés de contingents étrangers venant de Suisse, d’Irlande et d’Italie.

Le recrutement n’était cependant pas facile, les autorités autrichiennes ne faisant rien pour l’encourager. L’encadrement était certes espagnol mais nombre de ces espagnols avaient des ancêtres wallons.

Cette unité participa ainsi au siège de Gibraltar entre 1779 et 1783 et devant le manque de recrues venant de Wallonie, on hésita pas à y intégrer des irlandais et des allemands.

Jusqu’à l’annexion de la région par la France, la Wallonie réussit à fournir 400 à 500 recrues par an via un bureau de recrutement installé à Liège. En 1791 et 1792, les trois régiments de ligne wallons (Brabante, Flandres Bruselas) sont dissous et les hommes répartis dans d’autres régiments.

En 1808, Charles IV et Ferdinand VII sont renversés par Napoléon qui place son frère Joseph sur le trône. Les wallons continuent de servir sous un nouveau roi mais d’autres sont toujours au service des Bourbons d’Espagne, quatre bataillons bientôt réduits à deux faute de recrues en nombre suffisant.

En 1814, Ferdinand VII remonte sur le trône. Une garde royale est reconstituée avec une unité de gardes wallons plus espagnole que belge. Le 1er juin 1818, les Gardes Wallons deviennent le 2ème régiment d’infanterie de la garde royale. En 1824, la levée d’une nouvelle garde royale 100% espagnole met fin à l’existence des gardes wallons.

L’Armée Belge des origines à la première guerre mondiale

A l’origine de l’armée belge figure une formation paramilitaire, la Garde Civique/Burgerwatch créée dans la foulée de la révolution belge pour maintenir l’ordre alors que l’armée du Royaume-Uni des Pays-Bas s’était replié, laissant un vide préjudiciable pour le maintien de l’ordre.

Cette force créée en 1830 va perdurer même après la création de l’armée belge puisqu’elle ne sera supprimée qu’en 1920.

Tout comme la garde nationale de notre révolution française, la garde civique est un regroupement de milices d’autodéfenses levées par les possédants pour protéger la propriété privée contre les émeutes qui n’avaient pas toujours une origine politique, ces moments de trouble attirant toujours des personnes peu intéressés par la politique.

C’est grosso modo une force de gendarmerie qui est dissoute en 1920 après des performances décevantes durant le premier conflit mondial face à l’invasion allemande.

La force est organisée au niveau local dans tous les communes de plus de 30000 habitants, les gardes étant recrutés dans la population masculine âgée de 21 à 50 ans ayant déjà satisfait à leurs obligations militaires. Les réservistes étaient également exemptés.

La Garde Civique était divisée en trois classes, la première regroupant les plus jeunes (21 à 32 ans) devant subir dix périodes d’entrainement annuelles, la deuxième classe (33-50 ans) avait pour simple obligation d’informer les autorités de leur adresse, la troisième classe était composée des volontaires les plus anciens, volontaires qui assuraient des tâches de soutien.

En temps de paix, la Garde Civique dépendait du ministère de l’Intérieur, passant sous l’autorité du ministère de la Guerre en cas de conflit. Elle ne doit pas être confondue avec la Rijkswacht, la gendarmerie belge qui était une partie de l’armée.

La Garde Civique est essentiellement composée de fantassins mais on trouve également quelques unités montées et quelques unités d’artillerie.

Quand le premier conflit mondial éclate en août 1914, la Garde Civique dispose de trente-trois compagnies de chasseurs à pied, dix-sept batteries d’artillerie, quatre escadrons de chasseurs-à-cheval et trois compagnies de sapeurs-pompiers. La majorité des unités était stationnée à Bruxelles, à Anvers, à Ghent et à Liège.

Les Gardes notamment le premier échelon (40700 hommes) disposaient d’un uniforme bleu foncé ou vert.

La Burgerwacht/Garde Civique est entièrement mobilisée le 4 août 1914 suite à l’invasion allemande du territoire belge. Elle doit pas combattre en première ligne mais sécuriser les routes, défendre les ponts, les installations stratégiques, l’escorte des prisonniers et le maintien de l’ordre à l’arrière du front.

Ces hommes étaient vus comme des franc-tireurs par les autorités allemandes ce qui les privaient de toute protection en cas de capture. Suite aux multiples atrocités commises par les allemands, le roi Albert 1er ordonne la dissolution de la Garde, les gardes les plus jeunes intégrant l’armée. Cette dissolution de facto le sera de jure en 1920.

La Garde Civique ne pouvait pas décemment assurer la défense du pays. C’était une force de gendarmerie, de police armée, incapable de combattre en terrain ouvert. Une armée belge est donc mise en place dans la foulée, une armée s’appuyant sur la conscription et non le volontariat.

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« L’armée belge »

Attention néanmoins à ne pas faire de méprise. La conscription n’est pas universelle, à peine un quart du contingent est effectivement appelé chaque année _essentiellement pour des raisons financières_ et le remplacement était autorisé.

Cette armée est une armée exclusivement défensive. Aucun plan de manœuvre n’est ainsi dessiné, les forces d’actives s’installant dans des fortifications destinées à empêcher une invasion venue du Nord (Pays-Bas), de l’Est (Allemagne) voir même du Sud (France). Les réservistes doivent en cas de mobilisation rejoindre des dépôts puis renforcer l’armée d’active.

En théorie, l’armée du temps de paix devait aligner 20000 hommes mais ce chiffre n’était pour ainsi dire jamais atteint.

A l’été 1870 éclata la guerre franco-allemande. Pour éviter que le territoire belge serve de champ de bataille, le roi Léopold II en dépit de son ascendance allemande par son père et française par sa mère refusa de prendre partie et ordonna la mobilisation générale pour sanctuariser le territoire du royaume. Cette mobilisation montra un grand nombre de lacunes et de faiblesses qu’il convenait de promptement corriger.

Selon la loi du 16 août 1873, l’armée belge devait mettre en œuvre dix-neuf régiments d’infanterie répartis entre quatorze régiments d’infanterie de ligne (trois bataillons d’active, un bataillon inactif et une compagnie dans chaque dépôt régimentaire), trois régiments de Jäger (même organisation que les régiments de ligne), un régiment de grenadier (même organisation que les régiments de ligne), un régiment de carabiniers à quatre bataillons actifs, un bataillon inactif et une compagnie de dépôt sans oublier un corps disciplinaire et une école d’enfants de troupes.

La cavalerie devait disposer quatre régiments de lanciers, deux régiments de guide et deux régiments de chasseurs à cheval.

L’artillerie elle devait disposer de quatre régiments d’artillerie à dix batteries chacun, trois régiments d’artillerie de forteresse à seize batteries chacune, une compagnie de pontonniers, une compagnie d’artificiers et deux compagnies d’ouvriers d’artillerie. On trouve également des unités du génie et de soutien.

Depuis 1839 et le traité des XXIV articles, la Belgique était un état neutre, son statut de neutralité garantit par les grandes puissances notamment la Grande-Bretagne qui au titre du sacro saint équilibre des puissances sur le continent européen refusait qu’une puissance majeure n’occupe le port d’Anvers.

Anvers 5

La place d’Anvers passait pour la plus redoutable place fortifiée d’Europe. Ce plan ne peut que nous conforter dans cette image même si [SPOILERS] les allemands finiront par s’en emparer à l’automne 1914 [SPOILERS]

Jusqu’en 1904 c’était la France qui était principalement visée («Le problème des anglais c’est qu’ils ne savent pas que Napoléon est mort» [Paul Cambon]) mais après l’Entente Cordiale, Londres craignait surtout l’Allemagne, puissance militaire, commerciale et même navale.

Cela n’empêcha pas l’armée belge à participer à des conflits. Si le bataillon franco-belge de tirailleurs fût envoyé dans les Etats Pontificaux pour combattre contre les partisans du risorgimento (cette unité créée en 1860 devient en 1861 les zouaves pontificaux [«Faire combattre les défenseurs du Pape en tenue de mahométan c’est bien une idée de français» dirons certains haut-dignitaires pontifaux]) le Corps Expéditionnaire Belge allait combattre au Mexique pour défendre le trône de l’empereur Maximilen et de l’impératrice Charlotte.

Ces unités n’étaient pas des unités de l’armée régulière belge mais des volontaires qui s’engageaient à titre individuel.

C’était également le cas au Congo-Belge jusqu’en 1908, date de son annexion par la Belgique était une possession personnelle du roi Léopold II. Sa défense était assurée par des mercenaires recrutés par le roi des belges en Personnes.

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Défilé d’un élément de la Force Publique

En 1909, ce système est remplacé par la Force Publique, une force à mi-chemin entre une armée et une gendarmerie. Si des officiers étrangers restent un temps en place, très vite des officiers de l’armée régulière belge prennent le relais.

A la fin du 19ème siècle, l’armée belge dispose encore d’un mode de recrutement archaïque avec un système de conscription fonctionnant par tirage au sort avec possibilité de payer un remplacement.

Ceux qui sont choisis ont la chance si on peut dire de passer huit ans sous les drapeaux suivis de cinq ans dans la réserve.

Ce système à été abandonné dans toute l’Europe tant il était inefficace, injuste et surtout apatriotique.

La Belgique va le conserver jusqu’en 1909, Léopold II signant le décret rendant le service militaire plus universel peu avant sa mort.

En 1913, le service militaire belge deviendra vraiment universel, portant l’armée du temps de paix à 33000 hommes, la mobilisation générale devant porter les effectifs à 120500 hommes.

En 1904, un petit détachement belge arrive à Pékin pour protéger la légation de Belgique établie dans la capitale d’un empire chinois agonisant.

Les réformes de 1909 et 1913 permettent la constitution théorique de sept divisions dont une de cavalerie sans oublier de l’artillerie et des troupes de forteresse.

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Les célèbres affûts de mitrailleuse remorqués par des chiens, une particularité de l’armée belge

L’équipement est cependant obsolète et mal adapté qu’il s’agisse de l’uniforme ou des mitrailleuses tractées par des chiens…… . L’entrainement laisse à désirer tout comme la discipline.

Néanmoins le corps des officiers belge est connu pour son professionnalisme, les officiers belges étant formés à l’Académie Royale Militaire créée en 1834 avant de passer par une école d’application pour se spécialiser dans une arme en particulier (infanterie, cavalerie, artillerie,génie). En 1868, une Ecole de Guerre est créé pour préparer les officiers les plus prometteurs au travail d’état-major.

Comme de nombreux pays, le premier conflit mondial va surprendre l’armée belge en pleine expansion et pleine réorganisation.

Benelux (7) Pays-Bas (7)

De la république batave à Waterloo : Revolution et Empire français pour les Pays-Bas

Avant-propos

A partir de 1789 le Royaume de France est secoué par une série d’événements que l’histoire à retenu sous le nom de Révolution Française. Après une période modérée, «bourgeoise», la Révolution se radicalise, dévorant ses enfants, de grands leaders s’entre-tuant jusqu’à ce qu’émerge la figure controversée _adulée par les uns haïs par les autres_ de Maximilien de Robespierre.

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Italie (54) Regio Esercito (4)

Des origines du Regio Esercito Italiano au premier conflit mondial (1861-1915)

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Création et première années

Le Regio Esercito Italiano est officiellement créé le 4 mai 1861 soit un mois et demi après la proclamation du royaume d’Italie (17 mars 1861).

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Italie (11) Regia Marina (1)

HISTOIRE ET EVOLUTION DE LA REGIA MARINA

Avant-propos

Si la Regia Marina est née le 17 novembre 1860 (soit avant la proclamation du royaume d’Italie le 17 mars 1861!), l’histoire maritime italienne est nettement plus riche et nettement plus ancienne puisque remontant à l’Antiquité.

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Italie (8) Histoire (7)

Marche sur Rome, dictature fasciste et Second conflit mondial (1920-1954)

Un certain Benito Mussolini

Jusqu’à sa mise en minorité et sa mort dans des circonstances troubles en mars 1953 à l’âge de soixante-neuf ans un homme va symboliser l’Italie, le Duce Benito Mussolini.

Mussolini

Né le 29 juillet 1883 à Dovia di Predappio près de Forli en Romagne, Benito Mussolini est issu d’un milieu modeste. Plus tard il se dira «fils du peuple» mais si il n’est pas issu des couches les plus élevées, il n’est pas issu d’un milieu misérable.

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Italie (6) Histoire (5)

La réaction et son opposition : congrès de Vienne et carbonari

Après la défaite de Napoléon 1er, les puissances gagnantes se réunissent à Vienne pour réorganiser la carte de l’Europe. La France bien que vaincue est également invitée.

Les puissances continentales (Autriche,Russie) veulent un retour à l’ordre ancien. La fureur vengeresse des dynasties renversées ou malmenées par les armées de la Révolution et de l’Empire est à la hauteur de la peur suscitée par cette tornade politique et militaire.

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Italie (5) Histoire (4)

L’Italie des XVIIème et XVIIIème siècles 

Pax Hispanica

Comme nous venons de le voir, les guerres d’Italie aboutissent à une mainmise de l’Espagne sur la péninsule, une sorte de Pax Hispanica. Jusqu’en 1620 environ, la domination espagnole est totale, cette domination profitant de l’affaiblissement de la France, de l’Angleterre et des états allemands.

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Italie (4) Histoire (3)

Eveil culturel et morcellement politique : l’Italie de la Renaissance (XVème-XVIème siècle)

Avant-propos

Quand débute le quinzième siècle, le quattrocento la situation de l’Italie est noire puisque le pays à été ravagé par les guerres, les famines et la peste noire.

Peu de transalpins pouvaient imaginer à cet instant que le monde italien était à l’orée d’un éveil culturel qui allait marquer l’Europe, marquant la fin du Moyen-Age et le début d’une nouvelle ère.

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