Géographie oblige, l’action de la Royale ne peut être que limitée en cas de combat sur le sol de France mais qui dit limitée ne veut pas dire inefficace. En effet elle peut de manière directe et indirecte jouer un rôle clé en soutien de l’armée de terre et de l’armée de l’air.
Sa puissante 7ème Escadre peut bloquer en Norvège des navires allemands qui pourraient être tentés de jouer les troubles fête en mer du Nord et dans La Manche voir s’attaquer aux convois transatlantiques vitaux pour l’effort de guerre allié.
Quand la Campagne de France (1949) va devenir «problématique» c’est-à-dire que le territoire national va être envahit la marine nationale va faire sa part du boulot en s’engageant en Manche pour notamment bombarder les colonnes motorisées allemandes.
Situation de la 7ème Escadre au 10 mai 1949
Bien que la mer du Nord et la Scandinavie ne soient pas directement concernés par la Campagne de France il me semble intéressant de rappeler la situation de l’Escadre du Nord et de l’Arctique quand les allemands déclenchent enfin leur offensive à l’ouest.
A noter que certains navire de cette escadre vont être clairement détachés sur le front français notamment quand la situation en France était devenu comment dire «problématique».
Au 10 mai 1949 la 7ème escadre dispose des moyens suivants :
Le porte-avions Painlevé
-Porte-avions Painlevé et Henriette de France
-Croiseur lourd Foch
-Croiseurs légers Montcalm et Georges Leygues
-Contre-torpilleurs Milan Epervier
-Torpilleurs d’escadre Intrepide Cimeterre Sabre Claymore Murat Ney
Le Casabianca
-Sous-marins Casabianca Sfax Rolland Morillot Martinique St Pierre et Miquelon Kerguelen Mayotte Pluviose La Praya Guadeloupe
-1ère Division d’Escorte Océanique (1ère DEO) : La Malouine La Dieppoise La Remoise La Versaillaise
-8ème Division d’Escorte Océanique (8ème DEO) : L’Algeroise L’Aixoise La Quimperoise et La Cherbougeoise
NdA : ces deux divisions assurent la protection de convois transatlantiques en direction des îles britanniques en attendant les convois arctiques
-Pétroliers-ravitailleurs d’Escadre (PRE) La Seine
-Pétrolier Le Var
-Ravitailleur rapide Lot
-Navire-atelier/Bâtiment-base de sous-marins Jules Verne
-Cargos rapides Mers-El-Kébir et Mostaganem
Escadre Légère du Nord (ELN) : situation en mai 1949
-Torpilleurs d’escadre Davout Soult Massena formant la Flottille des Torpilleurs du Nord (FTN)
-Torpilleurs légers Le Normand Le Parisien Le Provençal Le Saintongeais (5ème DT)
Chasseur de Sous-Marin CH-41
-Chasseurs de sous-marins CH-41 et CH-42
-Chasseurs de sous-marins CH-5 et CH-6 à Cherbourg
-1ère flottille légère du Nord (1ère FLN) avec la 1ère ELN (VTB 50 à 55) et la 2ème ELN (VTB 35 à 40)
-1ère ELA (Escadrille Légère de l’Atlantique) VTB-11 et VTB-12 venue de Lorient et redéployée à Dunkerque
-2ème ELA (VTB-16 18 20 22) venue de Lorient et redéployée à Dunkerque
-la cannonière L’Yser (classe Aisne) utilisée comme navire de sûreté
-Chalutiers ASM L’Algéroise L’Oranie à Cherbourg
-Patrouilleur ASM L’Atlantique (P-33)
-le pétrolier-caboteur Blavet.
-Remorqueurs de haute mer Mamouth et Sanglier à Cherbourg
-Remorqueurs Lavande et Myosotis
-Remorqueurs côtiers Elan II Barfleur Roule Crocus à Cherbourg
-Navire hydrographe Bengali
-Aviso-hydrographe Amiral Mouchez à Cherbourg
-Navire hydrographe Goeland à Cherbourg
-Gabares Girafe Fidèle Entrainante à Cherbourg
Flotte de l’Atlantique en mai 1949
Grandes Unités
Schéma originel du Gascogne
-Cuirassé Gascogne
-Croiseur lourd Colbert
-Contre-torpilleurs Dupetit-Thouars Du Chayla Bugeaud (3ème DCT)
-Contre-torpilleur Ronarc’h
-Torpilleurs d’escadre Durandal et Dague (protection rapprochée du Gascogne)
Unités légères
Aviso-dragueur La Batailleuse. L’armement définitif n’est pas encore installé
-3ème Division d’Escorte Légère (3ème DEL) : aviso-dragueurs L’Impétueuse La Capricieuse La Batailleuse La Boudeuse
-7ème Division d’Escorte Légère (7ème DEL) : aviso-dragueurs Enseigne Balande La Trompeuse L’Ambitieuse et La Sérieuse la division est basée à Casablanca
-1ère ELA (VTB-11 et 12) et 2ème ELA (VTB-16 18 20 et 22) basées à Lorient. Elles ne vont pas tarder à rallier La Manche et passer sous l’autorité de l’ELN.
-Torpilleurs légers L’Algérien Le Sénégalais L’Arabe Le Marocain (classe Kabyle) formant la 6ème DT basée à Lorient. Dès le début de la Campagne de France, la 6ème DT va rallier La Manche pour couvrir les flancs du dispositif allié
-Chalutiers ASM L’Havraise et La Nantaise à Lorient,
-Corvettes anti-sous-marines La Nimoise La Calvaise La Rennaise et L’Agenaise (3ème DEO) basé à Lorient; La Bastiaise La Paimpolaise La Dunkerquoise (2ème DEO) à Casablanca
-Patrouilleur ASM/navire-école L’Heureux (P-28) et Patrie (P-36)
-Patrouilleur anti-sous-marin L’Incomprise et Jutland (P-37)
-Chasseurs de sous-marins : CH-7 et 8 CH-53 et 54 à Brest, CH-11 et 12 à Lorient, CH-17 18 et 19 à Casablanca.
Les navires suivants sont détachés à Dakar :
Aviso colonial Dumont d’Urville
-Aviso colonial Dumont d’Urville
-Patrouilleur (ex-torpilleur) La Bombarde
-Aviso-dragueurs coloniaux La Précieuse L’Amiral Duperré La Rieuse et l’Amiral Gourdon (10ème DEL)
-Corvettes La Lyonnaise L’Oranaise La Sablaise et La Servannaise (7ème DEO)
-Remorqueur de haute mer Buffle
-Remorqueurs de 600cv L’Efficient et Cap Vert
-Remorqueur de 750cv Romarin
-Gabare La Patiente
Groupement de soutien de la Flotte de l’Atlantique (GSFA)
-Ravitailleur Rapide La Charente
-Pétrolier-caboteur La Lèze
-Avisos Amiens et Arras utilisés comme auxiliaires
-Ravitailleur d’hydravions Sans Souci et Calais utilisé comme ravitailleur d’hydravions
-Aviso hydrographe Beautemps-Beaupré
-Navire école Notre Dame de France (P-95)
-Dragueurs de mines Avranches et Pornic
-Voiliers-école L’Etoile et La Belle Poule
-Remorqueurs de haute mer Elephant et Mastodonte
-Remorqueurs Champion L’Appliqué L’Attentif L’Acharné L’Actif (ce dernier est basé à Lorient) (1000cv)
-Remorqueurs Narcisse et Lotus (750cv)
-Remorqueurs Penfeld Plougastel Portzic et Provençal Morbihan (ce dernier est basé à Lorient) (600cv)
-Remorqueur de 600cv Lavandou basé à Casablanca
-Navire-hydrographe Cormoran
-Gabares Le Titan La Résistante La Prévoyante et la Victorieuse
Comme nous le savons maintenant les alliés après leur défaite en octobre 1948 ne sont pas spécialement pressés de retourner en Scandinavie. Longtemps le théâtre opérationnel scandinave va rester un théâtre très secondaire.
Si on maintien la pression c’est pour intoxiquer les allemands et les pousser à y maintenir des forces conséquentes qui feront défaut d’ailleurs.
Cette pression doit cependant passer uniquement par des raids aériens, navals et aéronavals mais aussi par des raids commandos avec ou sans le concours de la Résistance qu’elle soit danoise ou norvégienne.
Peu à peu pourtant les alliés vont se dire que débarquer en Norvège serait utile dans le cadre d’une stratégie générale. Reste à savoir quand et comment…..
C’est au printemps 1952 que les alliés décident de débarquer en Norvège pour sécuriser le flanc septentrional de la poussée générale qui à lieu logiquement sur le continent. Certains estiment que c’est un gaspillage de moyens pas forcément illimités mais la décision politico-militaire est prise.
Avec une géographie aussi contraignante, il n’y à aucune possibilités de plans élégants et audacieux, c’est débarquer dans des fjords, des lieux fortement protégés par les allemands, des sanctuaires où sont tapis cuirassés, croiseurs, destroyers et sous-marins.
Il faudra donc taper fort sur les lignes fortifiées avant et pendant la mise à terre de troupes essentiellement américaines.
Initialement il était prévu de ne débarquer qu’en Norvège et d’effectuer une démonstration navale au large des côtes du Jutland (NdA tiens cela me rappelle un truc) mais finalement en dépit des difficultés à débarquer sur une côte dénudée balayée par les vents, les alliés décident de débarquer au Danemark.
En attendant que les moyens nécessaires soient réunis, en attendant que la situation stratégique le permette les alliés vont maintenir une pression très importante sur la Norvège en utilisant tous les moyens à leur disposition que ce soit des raids aériens, des raids aéronavals ou encore des opérations commandos en liaison avec la résistance intérieure.
Sur mer on se bat toujours !
En guise de présentation
La fin de la Campagne de Norvège (1948) ne marque pas la fin des affrontements de surface qu’ils soient majeurs ou mineurs. Les alliés veulent maintenir la pression et les allemands sont bien décidés à utiliser la Norvège comme un tremplin pour de futures opérations navales.
Si un débarquement direct dans les îles britanniques n’à pas dépassé l’étape de la réflexion théorique des démonstrations navales sur les côtes britanniques et l’attaque de convois sont du domaine du possible voir même du souhaitable.
Une fois les combats terminés les allemands décident de transformer la Norvège en base opérationnelle avec des implantations pour leurs navires de surface et pour les sous-marins, de solides défenses côtières mais aussi de nouvelles casernes tandis que les aérodromes norvégiens sont agrandis et modernisés (pistes en dur, hangar, dépôts de munitions et de carburant).
Ces travaux entrainent une réaction des alliés qui après un temps d’hésitation bombardent les chantiers ou encouragent la résistance norvégienne à saboter les chantiers.
Des opérations commandos sont également menées. Résultat si les bases ont été construites cela à pris bien plus de temps imposant des choix et l’abandon de certains projets.
Néanmoins quand l’opération BOREALIS sera déclenchée les fortifications allemands défendant les ports norvégiens sont sérieuses avec des pièces d’artillerie lourde, médianes et légères, des tubes lance-torpilles, des champs de mines, le tout protégé par des canons antiaériens en nombre sans compter des barbelés, des tranchées et des champs de mines terrestres.
Sur le plan opérationnel, les navires allemands déployés en Norvège dépendaient d’un commandant naval de Norvège disposant d’une large autonomie pour employer ses moyens comme il l’entend.
De novembre 1948 à juin 1950 les opérations navales concernant surtout l’attaque des lignes de communication de l’adversaire avec peu d’affrontements entre grandes unités.
Le 22 juin 1950 les allemands envahissent l’URSS dans le cadre de l’opération BARBAROSSA. Aussitôt les alliés vont tendre la main aux soviétiques avec une coopération (limitée mais coopération tout de même) avec la Flotte du Nord et surtout l’envoi de matériels, de véhicules, de fournitures sous la forme de convois reliant le Loch Ewe aux ports de Mourmansk et d’Arkangelsk.
Ces convois vont être solidement protégés par des escorteurs, des destroyers, des croiseurs, des cuirassés et des porte-avions, le tout couvert par l’aviation basée à terre.
La puissance de l’escorte s’explique par la diversité des menaces : sous-marins, avions basés à terre, grandes unités de surface.
Les allemands attaqueront directement ces convois ce qui entrainera plusieurs affrontements majeurs, le plus célèbre étant naturellement la Bataille du Cap Nord le 17 juin 1952, bataille fatale à plusieurs unités majeures notamment côté allemand (un croiseur de bataille, un croiseur lourd et un porte-avions léger).
L’effort principal est mené par la marine britannique mais la France maintien des moyens navals importants sur zone, moyens regroupés au sein d’une 7ème Escadre appelée également Escadre du Nord et de l’Arctique car devant opérer en mer du Nord et dans l’Océan Glacial Arctique. Cette escadre est placée sous l’autorité de la Home Fleet ce qui ne va pas sans mal même si dans l’ensemble les relations entre marins français et britanniques étaient cordiales.
NdA Dans les parties qui vont suivre je vais aborder l’évolution des flottes alliées et ennemies notamment les constructions liées au programme de guerre. Cela dépassera le cadre des simples opérations au large de la Norvège. Je m’excuse par avance des éventuelles redondances et scories qui pourraient alourdir le récit mais je n’ai pas trouvé de format plus satisfaisant.
La Royale est là
Dans un premier temps la France à d’abord envisagé de ne déployer en mer du Nord que des croiseurs, des contre-torpilleurs et des sous-marins préférant axer son effort sur la Méditerranée où la marine italienne est une noix dure à casser.
Finalement pour des raisons d’orgueil patriotique et de politique des cuirassés et des porte-avions vont opérer dans cette zone.
Le cuirassé Jean Bart à la mer
De février 1951 à novembre 1953 le cuirassé Jean Bart est déployé en mer du Nord pour opérer contre la marine allemande. Il participe notamment à la destruction du Bismarck le 18 juin 1951 dans ce qu’on à appelé la Bataille d’Heligoland, bataille qui sera fatale également à l’ancien cuirassé de poche Admiral Scheer endommagé par les avions de l’Anne de Bretagne et achevé par le sous-marin britannique HMS Safaris.
L’ancien cuirassé de poche à ainsi encaissé deux bombes et une torpille qui rendait sa survie très hypothétique (le miracle de Scharnhorst ne peut pas se reproduire tout le temps), son agonie étant donc achevée par la torpille du Safaris.
Schéma originel du Gascogne
Quelques semaines plus tôt le Gascogne avait rallié la zone, les marines alliées estimant que la menace des raiders de surface ne justifiait plus le maintien de moyens importants pour les traquer.
Il aurait du participer à la bataille du Cap Nord mais ironie de l’histoire ne participe pas à l’affrontement en question car il avait été envoyé vers le détroit du Danemark sur la fausse information du passage d’un nouveau corsaire dans l’Atlantique.
Quand il s’avéra qu’il s’agissait d’une fausse information le cuirassé française à la silhouette reconnaissable entre toutes (une tourelle quadruple à l’avant et une autre à l’arrière) filera pleine vapeur mais trop tard pour participer au combat ce qui lui vaudra des remarques acerbes d’autres équipages, remarques qui déclenchaient parfois pour ne pas dire souvent une bagarre nécessitant l’intervention de la police ou de la prévôté.
En juillet 1952 c’est un cuirassé flambant neuf qui arrive sur zone le Moselle qui n’est autre que le dernier cuirassé construit par la France près d’un siècle après la construction du Gloire. Avec ses neuf canons de 406mm d’origine britannique, ses vingt-quatre canons de 130mm, sa puissante DCA et une suite complète de radars il n’à rien à envier aux plus puissants battleships du monde.
Même les anglais le reconnaissait mais en précisant immédiatement que c’était parce que les canons de l’artillerie principale étaient made in UK.
Il n’aura pas l’occasion d’affronter une grande unité allemande, servant de navire de couverture de convoi et de navire de bombardement, ses obus de 406mm se montrant très efficaces durant l’opération BOREALIS. Il va rester sur zone jusqu’en janvier 1954.
Ralliant alors Brest il est immobilisé pour grand carénage et refonte jusqu’en juillet 1954. A nouveau opérationnel en août, il devient navire-amiral de la Flotte de la Méditerranée. Après avoir participé à la première guerre du Vietnam où ses canons donnèrent à nouveau de la voix, il rentre en métropole pour être désarmé en octobre 1964 avant d’être démoli en 1970.
Le Moselle à joué comme le Gascogne de malchance car il aurait pu couler le Kaiser Wilhelm II mais il à été relevé la veille de l’affrontement survenu le 12 janvier 1953, le cuirassé allemand étant coulé par le HMS Anson.
Ecole à feux pour le HMS Anson
Comme nous le savons en septembre 1948 en dépit des progrès des «ponts plats» le cuirassé reste le capital ship des principales marines.
Ce n’est que durant le conflit que le porte-avions va devenir le maitre-étalon de la puissance navale, le navire jadis auxiliaire devenant désormais le maitre d’un navire relégué à son tour au rang d’auxiliaire, un auxiliaire de luxe mais un auxiliaire tout de même.
Dans ce domaine la France maintien en permanence deux unités, le Painlevé et un porte-avions léger l’Henriette de France puis l’Anne de Bretagne. Ils vont opérer seuls ou avec des porte-avions britanniques, seuls ou avec des cuirassés français, britanniques et américains.
Ces trois unités vont survivre même si l’Henriette de France va rallier l’Océan Indien dès 1952 pour opérer au dessus de la Birmanie (opérations VAMPYR et GYMNASTIC) en attendant les opérations OVERLORD et ZIPPER au dessus de la Thaïlande, des Indes Néerlandaises, de la Malaisie, de Singapour et bien entendu de l’Indochine.
le croiseur lourd Colbert
La France déploie également des croiseurs lourds et des croiseurs légers en l’occurrence les croiseurs lourds ColbertFoch et Henri IV mais aussi des croiseurs légers en l’occurrence les Montcalm Georges Leygues Waldeck Rousseau Sully Lamotte-Picquet et Duquesne (ces deux derniers ne doivent pas être confondus avec le 8000 tonnes et le 10000 tonnes symbolisant la renaissance navale française dans les années vingt). Commme pour les cuirassés, tous les croiseurs ne sont pas déployés en même temps.
Le croiseur léger Georges Leygues en 1937
C’est ainsi que le Colbert n’arrive en mer du Nord qu’en février 1953 après avoir passé cinq ans à traquer les raiders allemands et leurs auxiliaires dans l’Atlantique, après avoir passé cinq ans à couvrir les convois transatlantiques en liaison avec d’autres unités majeures qu’elles soient françaises, britanniques et américaines.
Si il arrive trop tard pour participer à la bataille du Cap Nord il va pouvoir participer à l’opération BOREALIS en octobre 1953 comme nous le verrons, assurant la couverture du dispositif et l’appui-feu des troupes au sol.
Le croiseur lourd Foch
Son sister-ship Foch à moins de chance. Déployé en mer du Nord depuis le début du conflit il participe à des escortes de convois dans l’Océan Glacial Arctique, à des missions de recherche et de destruction et à des affrontements majeurs contre les navires allemands stationnés en Norvège. Il est ainsi coulé durant la Bataille du Cap Nord le 17 juin 1952 par l’action combinée du Prinz Eugen et d’autres unités de surface allemande.
Le Henri IV arrive lui en mer du Nord en janvier 1954 soit bien après les grands affrontements contre la marine allemande. Il va mener des missions de contrôle océanique, des missions d’escorte et d’appui-feu au profit des troupes au sol même si à cette époque la Norvège est quasi-intégralement sous contrôle allié.
En ce qui concerne les croiseurs légers le Montcalm arrive en mer du Nord en octobre 1952 pour renforcer les moyens français sur place. Il va escorter des convois, traquer des navires de surface allemand mais aussi couvrir des opérations commandos.
Il est endommagé à plusieurs reprises mais jamais sérieusement, participant à l’opération BOREALIS en couvrant le débarquement des troupes françaises à Namsos, assurant la coordination des opérations air-sol et l’appui-feu des troupes mises à terre.
Il est également engagé comme nous le verrons en temps utile contre une unité majeure de la marine allemande en l’occurrence le croiseur lourd Admiral Hipper sorti à la rencontre de la flotte alliée pour une mission que l’on peut qualifier de suicidaire.
Le «7600 tonnes» participe aux combats en mer du Nord jusqu’en février 1954 quand il rallie Brest pour un carénage qui va l’immobiliser jusqu’en juillet 1954, le navire reprenant la mer alors que la guerre en Europe était terminée depuis trois mois. Il rallie ensuite l’Indochine où il va rester déployé jusqu’en 1962 participant donc à la première guerre du Vietnam mais ceci est une autre histoire. Il est ensuite ramené en métropole, désarmé en 1963 et démoli.
Le croiseur léger antiaérien Waldeck Rousseau avait été gravement endommagé durant la Campagne de Norvège. Après dix-huit mois de réparations, il est à nouveau opérationnel en mars 1950 mais va alors rallier la Méditerranée pour deux ans de combat jusqu’au printemps 1952.
Après des travaux de remise en état et de modernisation (nouveaux tubes, tourelle double test annonçant le canon de 130mm modèle 1956, nouveaux radars et moyens de communication) il rallie la mer du Nord en septembre 1952 quasiment quatre ans après la Campagne de Norvège (1948).
Il va couvrir des convois, appuyer des opérations commandos en attendant l’opération BOREALIS au cours de laquelle il est légèrement endommagé par une batterie côtière.
Il termine la guerre en mer du Nord avant de retrouver une ville de Dunkerque ravagée par les combats. Suite à la fermeture de la station navale implantée dans la ville de Jean Bart, le Waldeck-Rousseau et les autres navires de l’ELN vont rallier Cherbourg. L’unique croiseur léger antiaérien de la marine française est désarmé en mars 1962 et démoli.
Des navires neufs sont également envoyés dès l’origine en mer du Nord. C’est le cas du croiseur léger Sully mis en service le 12 décembre 1950. Ce choix ne fait pas l’unanimité certains amiraux français auraient préféré son envoi en Méditerranée.
Comme les autres croiseurs français il va protéger les convois à destination de l’URSS, appuyer des opérations commandos, protéger des porte-avions engagés dans des raids aéronavals mais aussi à des affrontements majeurs de surface comme la bataille d’Heligoland (18 juin 1951).
Il participe ainsi à la bataille du Cap Nord mais aussi à l’opération BOREALIS au cours de laquelle il participe à la destruction du croiseur lourd allemand Amiral Hipper avec le Montcalm.
Il va y rester jusqu’à la fin de la guerre en Europe, ralliant ensuite Brest avec de réguliers détachements en Méditerranée et en Extrême-Orient et ce jusqu’à son désarmement survenu en décembre 1964. Il est démoli quelques années plus tard.
Le 3 octobre 1950 le croiseur léger Lamotte-Picquet à été mis en service d’abord au sein de la 3ème Escadre légère avec pour base Brest.
Il couvre des convois transatlantiques, traque raiders et autres croiseurs auxiliaires. Ce n’est qu’en janvier 1952 qu’il rallie la mer du Nord et la 7ème Escadre pour des missions semblables à celles du Sully.
Victime d’une avarie mécanique, il manque la bataille du cap Nord mais peut participer à l’opération BOREALIS.
Très sérieusement endommagé le 17 novembre 1953 par l’aviation allemande qui bien que très affaiblie possédait encore un solide coup de griffe _son sauvetage tiens même du miracle_ il est désarmé en janvier 1954 (il sera démoli en 1955/56), sa remise en état étant jugée inutile ce qui est tout de même significatif pour un navire mis en service à peine trois années plus tôt.
En février 1951 le croiseur léger Duquesne arrive à son tour en mer du Nord pour combattre les allemands, pour mener des missions de lutte antisurface, d’appui-feu et de couverture des opérations commandos, d’escorte de convois. Il est endommagé à plusieurs reprises mais va survivre au conflit. Il est transformé en croiseur lance-missiles (missiles surface-air MASURCA et missiles anti-sous-marins MALAFON notamment) et va servir dans la marine nationale jusqu’en 1971 date de son désarmement puis de sa démolition.
Aux cotés des croiseurs on trouve des contre-torpilleurs, des French SuperDestroyer, des navires uniques car n’étant ni des destroyers ni vraiment des croiseurs même si les Bayard, les Bruix, les Mogador et les Hoche pouvaient être considérés comme des «petits croiseurs» avec leurs huit canons de 130mm en quatre tourelles doubles.
Le contre-torpilleur Milan
Les contre-torpilleurs Milan et Epervier effectuent toute leur guerre dans l’Atlantique et en Mer du Nord.
Si le premier survit au conflit mais pour être rapidement désarmé en raison d’une usure prononcée liée à un usage intensif, le second n’à pas cette chance car il est coulé lors d’un affrontement contre des Zerstörer allemands, les Z.62 et Z.64 le 14 février 1953 au large de Narvik.
Il encaisse une torpille et une floppée d’obus qui vont le transformer bientôt en annexe de l’enfer. Il coule rapidement emportant une bonne partie de son équipage.
Le contre-torpilleur Bayard est détaché en mer du Nord d’octobre 1951 au 17 juin 1952 date de sa destruction au cours de la Bataille du Cap Nord, le grand destroyer ou le petit croiseur encaissant deux torpilles et de nombreux obus de moyen calibre.
Le Triomphant à la mer
Le contre-torpilleur Le Triomphant arrive en mer du Nord en juillet 1953. Jusqu’ici ce «lévrier des mers» avait opéré en Méditerranée contre la marine italienne.
Cette remarquable unité participe à plusieurs raids commandos où ses canons de 130mm sont d’un précieux secours pour ces unités de raids. Il ne verra pas la fin du conflit puisqu’il est coulé par une batterie côtière au moment de l’opération BOREALIS. Deux obus de 150mm et deux de 105mm le désemparant. Il coule quelques heures plus tard après avoir été pris un temps en remorque.
A la même époque le Guépratte arrive en mer du Nord après avoir été engagé en Méditerranée depuis sa mise en service en mai 1949.
Il couvre des convois, traque les navires allemands encore à flot avant de participer à l’opération BOREALIS. Il survit au conflit et va poursuivre sa carrière pendant encore quelques années subissant pour cela une modernisation mais c’est une autre histoire.
Le contre-torpilleur Maillé-Brézé (classe Guepratte) est déployé en Méditerranée d’octobre 1949 à octobre 1951 avant de rallier la mer du Nord après un passage par l’Arsenal de Brest pour remise en état. Il va y rester déployé jusqu’à sa destruction par l’aviation allemande en août 1953.
Le contre-torpilleur Ronarc’h mis en service en juin 1949 participe à la Campagne de France en Manche au cours de laquelle il est légèrement endommagé par l’aviation allemande (une bombe qui détruit un affût de 130mm et deux coups à toucher). Réparé il bascule en Méditerranée en janvier 1950 participant notamment aux combats de la Campagne de Grèce s’illustrant notamment dans la défense de l’isthme de Corinthe.
Il opère dans la Mare Nostrum jusqu’en mars 1953 date à laquelle il bascule en mer du Nord, participant à l’opération BOREALIS, couvrant les transports, sécurisant les têtes de pont et muselant d’abord les batteries côtières puis les poches de résistance allemandes.
Il opère en mer du Nord jusqu’à la fin du conflit avant de retrouver Brest. Il reste affecté dans l’Atlantique jusqu’à son désarmement en mars 1964. Il est coulé comme cible en juin 1965.
Le contre-torpilleur D’Estaing mis en service en juin 1950 est d’abord affecté en Méditerranée et ce jusqu’en octobre 1952, participant à différentes opérations dont plusieurs opérations amphibies comme DRAGON (Sardaigne) HUSKY (Sicile) et SKYLOCK (Italie péninsulaire).
Après un petit carénage à Toulon de novembre 1952 à février 1953 il bascule en mer du Nord où il va rester déployé jusqu’à la fin du conflit en Europe.
Sa présence n’y étend plus nécessaire il rallie ensuite l’Indochine, servant aux antipodes de juin 1954 à juin 1957. Rappelé en métropole, il est transformé en grand navire anti-sous-marin, servant dans son nouveau rôle de 1959 à 1970 date de son désarmement puis de sa démolition.
Après la construction des unités de classe Guépratte, la France commande une nouvelle classe de navires, des Escorteurs d’Escadre, la fusion des termes contre-torpilleur et torpilleur d’escadre, ces EE devant assurer aussi des missions de combat en autonome comme des contre-torpilleurs et protéger les grandes unités de surface comme les torpilleurs d’escadre.
C’est l’acte de naissance de la classe Surcouf. Huit navires sont commandés et mis sur cale mais la guerre éclate et surtout l’invasion du territoire national va sérieusement bousculer les choses.
En effet six des huit unités mises sur cale (Surcouf Kersaint Bouvet Magon D’Estrées La Bourdonnais) devront être sabotés ou sabordés pour ne pas tomber aux mains des allemands. Le Kersaint aura lui le triste privilège de couler lors de son remorquage entre Dunkerque et Brest où il devait être achevé et armé.
Deux unités sont construites à Brest et à Lorient ce qui leur évite une fin prématurée. Le Duperré est mis en service en décembre 1950 et le Forbin en février 1951, ralliant aussitôt la Méditerranée.
Six nouveaux escorteurs d’escadre sont commandés aux chantiers navals nantais (ACL et ACB) et aux ACP (Ateliers et Chantiers de Provence) sis à Port de Bouc.
Le Surcouf est mis en service en mai 1951, le Kersaint en septembre 1951, le Bouvet en juin 1951, ces trois ralliant aussitôt la Méditerranée. Le Magon est mis en service en avril 1952, le D’Estrées deux mois plus tôt en février et enfin le Du Chayla en août 1952. Oui le Du Chayla car entre-temps le premier Du Chayla à été coulé en Manche, son nom repris pour rebaptisé le La Bourdonnais.
Ces trois derniers navires vont eux rallier la Mer du Nord pour renforcer les moyens de la 7ème Escadre, la composante française en mer du Nord et en Arctique.
Le Magon est coulé par l’aviation allemande le 8 novembre 1952 alors qu’il venait de mener un raid contre la navigation allemande dans le nord du pays.
Après avoir coulé un caboteur, un pétrolier-caboteur et un escorteur, il se replie à grande vitesse mais pas assez vite pour échapper à des bombardiers-torpilleurs allemands qui placent quatre bombes ne laissant aucune chance à un navire quasiment neuf. Ses deux sister-ship vont survivre au conflit, étant désarmés en 1966 et 1968.
Six nouveaux Escorteurs d’Escadre sont construits dans la foulée après quelques hésitations en raisons de la surcharge (relative mais surcharge tout de même) des chantiers navals français qui ont certes bénéficié du repli au sud de La Seine des moyens des chantiers évacués mais qui n’ont pas les capacités des chantiers navals américains.
Ces navires reprennent les noms soit de navires désarmés avant guerre ou de navires coulés durant les premières années du conflit. Ces navires sont baptisés Vautour Cassard Mogador Jaguar Leopard Guépard.
Construits à Nantes (Vautour Mogador), Saint-Nazaire (Cassard Jaguar) et Bordeaux (Léopard Guépard), ces navires sont mis en service en septembre 1952 (Vautour), en octobre 1952 (Cassard), en janvier 1953 (Mogador) en mars 1953 (Jaguar), en juin 1953 (Leopard) et en juillet 1953 (Guépard).
Si le Vautour et le Cassard sont envoyés en mer du Nord, le Mogador et le Jaguar sont envoyés en Méditerranée alors que le Léopard et le Guépard vont rester à Brest pour couvrir les convois contre un éventuel baroud d’honneur d’un corsaire allemand.
Le Vautour et le Cassard vont participer à l’opération BOREALIS, étant légèrement endommagés le premier par l’aviation ennemie, le second par une batterie côtière récalcitrante. Ils sont transformés en navire ASM en 1962 et 1964 étant désarmés au milieu des années soixante-dix.
Le Mogador et le Jaguar vont rester en Méditerranée jusqu’à la fin de la carrière respectivement en 1969 et 1971. Le Léopard et le Guépard vont opérer à Brest jusqu’en mai 1954 avant de rallier l’Indochine où ils vont rester jusqu’à leur désarmement survenu en 1967 peu après la fin de la première guerre du Vietnam.
La naissance du concept d’escorteur d’escadre n’est pas la seule mutation au sein des forces navales de combat. Les torpilleurs légers disparaissent également au profit des escorteurs rapides (ex-navires légers de combat), seize navires qui reprennent les noms des torpilleurs de classe Bourrasque et L’Adroit désarmés avant guerre.
Ces seize navires vont former quatre DER (Divisions d’Escorteurs Rapides), deux déployées en mer du Nord pour des missions d’escorte et de combat, deux autres en Méditerranée pour des missions semblables pour ne pas dire identiques.
La commande supplémentaire d’escorteurs rapides à été envisagée mais finalement abandonnée pour des raisons industrielles, les chantiers navals français étant surchargés par les commandes de navires légers (type «poussière navale») et par la réparation des navires endommagés.
La 1ère DER (Bourrasque Fougueux Frondeur Orage) est déployée en Méditerranée, la 2ème DER (L’Adroit Foudroyant Ouragan Cyclone) est déployée en mer du Nord, la 3ème DER (Siroco La Palme Le Tempête Tramontane) est déployée en mer du Nord, la 4ème DER déployée en Méditerranée comprenant les escorteurs rapides Mistral Le Mars Typhon Tornade.
Ces navires sont mis en service en 1951 et 1952. Sur les huit navires engagés en mer du Nord, trois sont perdus. Il s’agit de l’Adroit victime d’un sous-marin allemand au large de Bergen le 4 janvier 1953, le Cyclone est victime d’une mine au large de Narvik le 8 mars 1953 et le Tramontane est coulé par l’aviation allemande le 15 juillet 1953.
Les autres navires sont retirés du service entre 1965 et 1970 remplacés par des corvettes (le terme corvette remplaçant celui des escorteurs rapides le 8 octobre 1969).
Aux côtés des escorteurs rapides on devrait trouver une série de patrouilleurs de 700 tonnes, des patrouilleurs essentiellement tournés vers la lutte anti-sous-marine notamment en zone côtière.
Ces navires sont simples à construire, à utiliser (des générations d’officiers mariniers et de matelots feront leurs premières armes à bord) avec un armement comparable à des corvettes avec un canon médian (90 ou 100mm), une DCA légère (canons de 25mm et mitrailleuses) et des grenades ASM.
Là encore l’invasion du territoire national par les allemands perturbe la construction. Un certain nombre d’unités sont sabotés sur cale pour ne pas tomber aux mains des allemands avec succès puisqu’aucun navire n’à été achevé par les allemands.
Les patrouilleurs Moustique Coléoptère Criquet Sauterelle sont mis en service en 1951, les autres navires sont mis en service en 1952 et 1953 (Guêpe Mouche Araignée Bourdon Libellule Frelon Scorpion). Ces navires vont opérer en Manche et secondairement en mer du Nord en liaison avec d’autres unités plus hauturières.
Plusieurs unités vont être coulées, le Moustique par une mine magnétique le 8 mars 1952 au large de Douvres, la Mouche par l’aviation allemande le 14 avril 1953 et le Scorpion par une batterie côtière lors de Borealis (11 octobre 1953).
Les autres navires vont survivre au conflit mais leur carrière militaire va être courte, la plupart de ces navires étant transférées à la gendarmerie maritime pour la surveillance des côtes mais ceci est une autre histoire.
Les sous-marins ne sont pas oubliés avec deux classes de «torpilleurs submersibles», le type Y-5 (sous-marin côtier) et le type Z-4 (sous-marin océanique). Ce sont au total quatorze sous-marins qui sont commandés suivis d’une nouvelle commande de huit Z-4 même si au final seulement six unités seront achevées.
Tout comme les autres constructions l’invasion allemande du territoire va entrainer le sabordage sur cale de certaines unités, unités qui pour certaines vont être remises sur cale au delà des menaces allemandes.
Quatre unités type Y-5 sont mis en service en 1951, l’Antiope en janvier, l’Amazone en février, l’Orphée en mars et le Sibylle en mai. En 1952 deux unités sont mises en service, les Calypso et Doris (respectivement en janvier et juin, deux unités étant sabordées au Havre (Circé et Thetis).
Quatre nouvelles unités sont mises en service en 1953 et 1954 en l’occurence le Sirène (septembre 1953), la Naïade (en février 1954), le Galatée (en juin 1954) et l’Argonaute (septembre 1954), les deux derniers ne participant donc pas au second conflit mondial.
Les sous-marins type Z-4 ne sont pas tous mis en service, deux unités sont ainsi sabordées sur cale dans les chantiers navals du Trait (Achille Persée). Les Pascal et Argo sont mis en service respectivement en juin et août 1952 tout comme l’Henri Poincaré et le Pasteur.
Ils sont suivis par l’Achille _qui reprend le nom du sous-marin sabordé sur cale au Trait_ en mai 1953, le Persée en juillet 1953, l’Ajax en décembre 1953, l’Archimède en avril 1954, le Fresnel en juin 1954 et l’Acheron en septembre 1954, la construction du Poncelet et de l’Acteon étant abandonnée fin 1953.
A la différence de l’avant-guerre la Royale décide de ne pas créer de nouvelles divisions de sous-marins, préférant créer le 14 septembre 1948 un Groupement de Sous-Marins du Nord qui prend sous son autorité tous les sous-marins détachés sous l’autorité de la 7ème Escadre.
Tous les sous-marins construits ne vont pas être engagés en mer du Nord. Sur les vingt sous-marins construits huit sont engagés au sein de la 7ème Escadre en l’occurrence l’Antiope, le Calypso, le Sirène, le Galatée, le Pascal, l’Argo, l’Achille et le Persée.
Sur ces huit unités, trois vont être perdues en l’occurrence l’Antiope victime le 12 février 1952 des charges de profondeur d’un hydravion allemand alors qu’il tentait d’attaquer un convoi allemand, le Calypso coulé par un U-Boot le 8 octobre 1953 alors qu’il menait une mission de surveillance en vue de BOREALIS et enfin le Sirène victime d’une mine en baie d’Heligoland le 14 février 1954.
Les autres submersibles survivent au conflit sont modernisés selon le programme AMATATE (Améliorations Tactiques et Techniques) et retirés du service à la fin des années soixante remplacés à la fois par des sous-marins diesels (classe Daphné et Agosta) et par des sous-marins nucléaires (classe Rubis) mais ceci est une autre histoire.
Les sous-marins français ayant survécu à la Campagne de Norvège restent déployés en mer du Nord, la marine française décidant d’éviter des transferts de submersibles d’une mer à l’autre à la fois pour des questions de sécurité mais aussi pour ne pas dilapider une expérience précieuse, les conditions de navigation et de combat en mer du Nord n’étant pas celles de la Méditerranée ou de l’Atlantique.
Il y aura bien des transferts mais uniquement des membres d’équipage qui parfois lassés de la chaleur de la Mare Nostrum voulaient découvrir les frimas de la Mer du Nord et inversément.
Le Casabianca réparé retourne en mer du Nord, assurant missions de surveillance, de combat de soutien à la résistance norvégienne (transport d’armes, infiltration d’agents et de commandos), survivant au conflit. Usé par un service intensif, il est désarmé le 30 mars 1955. Son kiosque est préservé au Musée de la Marine à Brest, le reste étant démoli.
Le Sfax
Le Sfax à moins de chance que son sister-ship. Victime de l’aviation allemande, il est coulé au large de Lofoten le 14 septembre 1951. Après avoir torpillé un cargo, il est surpris par un hydravion allemand qui place deux charges de profondeur. Une large tâche huileuse montre que le sous-marin à coulé avec tout son équipage.
Le Rolland Morillot premier «1800 tonnes» va opérer durant toute la guerre en mer du Nord, dans les détroits danois et même dans l’Océan Glacial Arctique, étant le seul sous-marin français à faire escale à Mourmansk.
Survit-il au conflit ? Oui et non car il est gravement endommagé par un échouage au large de Cherbourg le 7 mars 1954 alors qu’il ralliait son chantier constructeur pour un carénage en vue d’un envoi en Indochine. Une inspection montre des dégâts tels qu’on préfère le désarmer son nom étant récupéré pour rebaptiser un sous-marin italien livré au titre des dommages de guerre.
Le Martinique survit au conflit. Il opère en mer du Nord contre la navigation commerciale et militaire allemande, assurant également un rôle de sonnette pour détecter les sorties des grandes unités allemandes avant d’effectuer des missions de soutien à la résistance norvégienne.
En janvier 1954 décision est prise de l’envoyer en Indochine. Il va pour cela réaliser un tour du monde, partant de Brest, traversant l’Atlantique en surface direction les Antilles. Il fait escale à Fort de France dans une ambiance indescriptible.
Il franchit le canal de Panama, traverse le Pacifique avant de rallier Saigon (libérée à l’automne 1953). Après des travaux, il va mener des opérations contre le Japon même si au printemps 1954 les navires japonais se font rares.
Il est surtout utilisé pour des missions de surveillance, de reconnaissance et de récupération de pilotes abattus. De retour en Métropole en 1960, il est désarmé en septembre 1961 et démoli en 1963.
Le Saint Pierre et Miquelon à moins de chance. Endommagé durant la Campagne de Norvège, il est réparé en Grande-Bretagne avant de reprendre ses patrouilles. Il est sérieusement endommagé par une mine allemande dans le détroit du Skagerrak le 8 octobre 1952.
Il fait brièvement surface, se cassant en deux, l’avant coulant rapidement l’arrière flottant entre deux eaux. Vingt-quatre survivants embarquent à bord d’un chalutier danois qui va les ramener en Grande-Bretagne !
Les marins seront affectés à d’autres sous-marins, les marins danois ralliant le Danish Naval Group (DNG) pour continuer la lutte, les six jeunes marins étant trop jeunes pour combattre en 1948.
Le Kerguelen va survivre au conflit. Il effectue pas moins de vingt-quatre patrouilles durant le conflit sans être sérieusement endommagé. Baptisé «the lucky one» (le chanceux) par les anglais, il est modernisé après guerre, servant de sous-marin d’entrainement de 1963 à 1967 avant d’être démoli en dépit d’un projet de conservation comme sous-marin musée.
Le Mayotte est aussi un survivant du conflit. Il va opérer en mer du Nord, dans les détroits danois, dans le Skagerrak, faisant même escale en Islande. Il est endommagé à plusieurs reprises, toujours légèrement sauf durant l’opération BOREALIS où il est sérieusement secoué par une mine explosant à proximité de lui.
Sérieusement endommagé, la guerre est finie pour lui. Il est cependant réparé et remis en état, servant de sous-marin d’entrainement et d’essais jusqu’à son désarmement en 1959, le sous-marin sabordé au large de Toulon servant de but sonar.
Le Pluviose opère en mer du Nord de septembre 1948 à sa destruction survenue le 19 août 1952, le «800 tonnes» étant victime d’une mine alors qu’il patrouillait dans le Skagerrak. Comme souvent quand un sous-marin fait naufrage aucun membre d’équipage ne survit.
Le La Praya va lui survivre au conflit. Il mène des patrouilles en mer du Nord, dans les détroits danois, opérant même brièvement en Baltique après la libération de la Norvège et du Danemark.
Il est un temps prévu de l’envoyer en Indochine mais victime d’une avarie il est finalement désarmé en décembre 1954 et démoli deux ans plus tard.
L’Ile de Re opère d’abord dans l’Atlantique pour traquer croiseurs auxiliaires et autres raiders allemands. Il se rend même à Gibraltar, Casablanca et même Dakar où opère la 8ème DSM avec quatre vénérables 1500 tonnes (Agosta Ouessant Bévéziers et Sidi-Ferruch).
Redéployé en mer du Nord en septembre 1952 il participe à plusieurs opérations commandos, plusieurs opérations de soutien à la résistance norvégienne avant d’être engagé dans l’opération BOREALIS pour déposer des commandos préparant la mise à terre des troupes puis pour contrer l’arrivée de renforts allemands. Rentré à Brest en juin 1954, il est remis en état en juillet et août 1954 avant d’être envoyé en Indochine où il va rester jusqu’en 1957.
Rentré en métropole, il est refondu dans le cadre du programme AMTATE puis renvoyé en Extrême-Orient pour participer à la première guerre du Vietnam. Désarmé en septembre 1967 à Saigon il est démoli sur place en raison d’un état rendant son remorquage jusqu’en métropole trop aléatoire.
Le sous-marin Guadeloupe connait une carrière similaire à son sister-ship Ile de Ré. Il effectue cependant un crochet en Méditerranée de février 1954 à octobre 1955. Modernisé dans le cadre du programme AMTATE, il est lui aussi envoyé en Extrême-Orient pour participer à la première guerre du Vietnam.
A la différence du précédent il peut rentrer en métropole en décembre 1966 pour être démantelé. Son kiosque à été préservé et envoyé à Pointe à Pitre pour orner le monument aux morts dédié aux «enfants de la Guadeloupe morts pour la France», un monument hélas régulièrement tagué et dégradé par des imbéciles et des ignorants.
Des navires de soutien sont également construits en l’occurrence les navires-ateliers Vulcain et Hephaïstos mis en service respectivement en septembre 1950 et février 1951, le premier étant déployé en mer du Nord, le second d’abord en Méditerranée puis dans l’Océan Indien. Ces deux navires survivent au conflit et sont désarmés en 1970 pour le premier, en 1980 pour le second.
Deux pétroliers-ravitailleurs d’escadre (PRE) sont également construits, des navires baptisés Dordogne et Durance mis en service respectivement en janvier et mars 1951, le premier ralliant la mer du Nord et le second la Méditerranée.
Si le premier survit au conflit (étant désarmé en 1970), le second est victime d’une attaque aérienne allemande en mer Egée lors de l’opération SWORD le 21 novembre 1953. deux bombes vont l’envoyer par le fond alors qu’il ravitaillait des navires britanniques.
Des navires légers sont également construits durant le conflit que ce soit des navires fluviaux pour patrouiller sur la Seine, des dragueurs de mines auxiliaires sur des coques de chalutiers (seize unités), des caboteurs……… . La plupart de ces navires vont opérer en France
Ordre de bataille de la Royal Navy en septembre 1939
-Comme en 1914, la majorité des moyens navals britanniques sont rassemblés en mer du Nord pour faire face à l’Allemagne, Londres n’ayant plus les moyens de maintenir deux puissantes flottes en mer du Nord et en Méditerranée, laissant la garde de la Mare Nostrum à la Royale qui doit faire face à l’Italie qui restera neutre dans le conflit qui s’ouvre.
Home Fleet
Comme en 1914, la Home Fleet se rassemble à Scapa Flow dans les Orcades. Elle se compose des moyens suivants :
-Le 2nd Battle Squadron avec les cuirassés Nelson Rodney Royal Oak Royal Sovereign Ramillies
-Le Battlecruiser Squadron avec les croiseurs de bataille Hood et Repulse
-Le porte-avions Ark Royal
-18th Cruiser Squadron : croiseurs légers classe Town Newcastle Sheffield Edimburgh Belfast
-Croiseur Aurora qui sert de navire de commandement pour les destroyers
-Deux flottilles de destroyers, la 6th Destroyer Flottilla avec huit navires et la 8th Destroye Flottilla avec neuf navires.
-navire-dépôt Greenwich
-1st Minesweeping Flotilla avec sept dragueurs océaniques
Le reste des moyens de la Home Fleet sont basés à Rosyth avec le porte-avions Furious qui ne sert plus que de porte-avions d’entrainement, à Dundee où se trouve la 2nd Submarine Flottilla (navire-dépôt Forth et quatorze sous-marins, à Blyth avec la 6th Submarine Flottilla (navire-dépôt Titania et sept sous-marins) et surtout dans l’estuaire de la Humber avec la Humber Force.
Cette force stationnée dans l’estuaire formé par les rivières Ouse et Trente est destinée à empêcher les raids allemands sur la côte est de la Grande-Bretagne. Elle dispose des moyens suivants :
-2nd Cruiser Squadron : croiseurs légers Southampton et Glasgow
-7th Destroyer Flottilla avec neuf destroyers
-Deux dragueurs de mines
Channel Force
Cette “Force de la Manche” est distincte de la Home Fleet. Elle est chargée de la défense de La Manche en liaison avec la Flotte de l’Atlantique et de l’Escadre Légère du Nord (ELN), deux formations de notre marine nationale. Elle dispose des moyens suivants :
-Cuirassés Resolution et Revenge
-Porte-avions Courageous et Hermes
-Croiseurs légers Ceres Caradoc Cairo (ce dernier est antiaérien)
-18th Destroyer Flottilla : neuf destroyers
Home War Organisation
Cette organisation mise en place au moment du déclenchement de la guerre de Pologne répartit dans des différents ports des flottilles de destroyers pour la défense locale et la couverture des convois.
-A Devonport sont stationnées deux flottilles de destroyers, le 11ème avec dix destroyers et la 17ème avec huit destroyers
-A Portland (comté de Dorset), la 12th Destroyer Flottilla dispose de six destroyers
-A Portsmouth, la 16th Destroyer Flottilla dispose de dix navires dont quatre attachés
-A Rosyth et Milford Haven, la 15th Destroyer Flottilla dispose de huit destroyers
-A Douvres, la 19th Destroyer Flottilla
Home Command
Sous ce commandement se trouvent des moyens d’escorte et de protection :
-Le Nore Command dispose à Douvres de trois dragueurs, dans l’Estuaire de la Tamise de douze dragueurs dont neuf chalutiers.
-Le Portsmouth Command dispose de huit dragueurs dont quatre chalutiers et de cinq chalutiers anti-sous-marins
-Le Western Approaches Command aligne six escorteurs, trois chalutiers ASM et trois chalutiers-dragueurs, tous stationnés à Devonport
-Enfin le Rosyth Command dispose de huit escorteurs
Mediterranean Fleet
Cette flotte chargée de couvrir la Méditerranée et le passage de convois en direction de l’Extrême-Orient via le détroit de Gibraltar et le canal de Suez dispose de moyens assez importants mais ses bases sont inadaptées soit parce qu’elles sont trop proches de l’ennemi (Malte), manquent d’infrastructures (Alexandrie) ou trop éloignée (Gibraltar).
La priorité de la Royal Navy sera d’ailleurs d’arracher les crédits pour améliorer les infrastructures égyptiennes de la marine britannique, une lutte de longue haleine qui finira par payer par l’installation d’une base moderne créée ex-nihilo à proximité d’Alexandrie.
En attendant en septembre 1939, elle dispose des moyens suivants :
-1st Battle Squadron avec les cuirassés Warspite Barham Malaya
-Le commandement des destroyers est assuré par le croiseur léger Galatea et le navire-dépôt Woolwich. Sous leur autorité, on trouve quatre flottilles destroyers, les 1ère, 2ème, 3ème et 4ème avec respectivement, 9, 5, 9 et 8 navires mais la 2nd Destroyer Flottilla ne va pas tarder à rejoindre l’Angleterre.
-Quatre navires d’escorte
-1st MTB Flottilla avec le navire-dépôt Vulcan et douze vedettes lance-torpilles
-Poseur de filets Protector
-Mouilleur de mines Medusa
-3rd Minesweeping Flottilla avec cinq dragueurs
-Navire-atelier Resource
China Station
La Station de Chine dispose de moyens importants en raison de la menace japonaise. Elle s’appuie sur une base installée à Hong Kong ainsi que sur le “Gibraltar de l’Extrême-Orient”, Singapour, la base d’Alor Setar en Malaisie _vitale pour verrouiller le détroit de Malacca_ ainsi que les ports des dominions _Australie et Nouvelle-Zélande_ .
Les ports indiens peuvent servir de base mais ils sont mal équipés et surtout bien trop éloignés pour être utiles.
Durant la période de Pax Armada, la coopération avec les autres puissances coloniales de la région se dévellope et la China Station peut espérer s’appuyer sur les bases françaises (Haiphong, Saïgon et surtout Cam-Ranh _la base la mieux équipée de la région_), américaines (Manille et son arsenal de Cavite) et néerlandaises, la marine néerlandaise étant la seule déployant à titre permanent des navires de ligne.
Une base tactique de ravitaillement (sans installations de carénage) est installée sur l’île de Borneo à Kuching
En septembre 1939, cette force aligne les moyens suivants :
-5th Cruiser Squadron avec les croiseurs lourds Kent Cornwall Dorsetshire ainsi que le croiseur léger Birmingham
-Porte-avions Eagle
-21st Destroyer Flottilla (appelée en Méditerranée) avec neuf destroyers
-Cinq navires d’escorte
-4th Submarine Flottilla avec le navire-dépôt Medway, un destroyer et quinze sous-marins
-Cinq destroyers affectés à la défense de Hong-Kong
-Mouilleur de mines Redstart
-2nd Motor TorpedoBoat Flottilla (2nd MTB Flottilla) avec six vedettes lance-torpilles
-Vingt canonnières fluviales
-Monitor Terror
South Atlantic Commandand (Freetown, actuelle Sierra Leone)
-6th Cruiser Squadron avec le croiseur léger Neptune
-9th Cruiser Squadron avec les croiseurs légers Despatch Dauntless Danae Durban
-4th Destroyer Division (2nd Destroyer Flottilla) avec quatre navires
-Porte-hydravions Albatros
-Quatre navires d’escorte
-Deux sous-marins
North Atlantic Command (Gibraltar)
-Croiseurs Colombo et Capetown
-13th Destroyer Flottilla avec neuf destroyers
-Deux sous-marins
-Deux dragueurs de mines
American and West Indies Station (Halifax et Bermudes)
-8th Cruiser Squadron avec les croiseurs lourds Berwick et York ainsi que les croiseurs légers Orion et Perth (ce dernier appartenant à la marine australienne).
-Deux navires d’escorte
Autres formations
-En Inde est déployé le 4th Cruiser Squadron avec les croiseurs légers Gloucester Liverpool Manchester en compagnie de sept navires d’escorte dont cinq appartenant à la Royal Indian Navy.
-Des navires sont en réserve ou servant pour l’entrainement :
-Croiseurs lourds Hawkins et Frobisher
-Porte-avions Argus
-Croiseur mouilleur de mines Adventure
-Cinq destroyers
-Dix dragueurs de mines
-Porte-hydravions Pegasus
-La 5th Submarine Flottilla assure la formation des sous-mariniers avec un navire-dépôt
et huit sous-marins d’entrainement
-Croiseur-école Vindictive
-1st Flottilla Anti-Submarine Boat avec cinq vedettes anti-sous-marines
-Il ne faut pas oublier la participation des dominions qui en septembre 1939 disposent de moyens limités :
-Canada : six destroyers
-Australie : croiseurs lourds Canberra et Australia croiseurs légers Sydney Hobart Adelaïde trois destroyers et deux navires d’escorte
-Nouvelle-Zélande : croiseurs légers Leander et Achilles plus deux navires d’escorte
Si les deux premières disposent de marines indépendantes, la dernière n’en dispose pas encore, il faudra attendre 1944 pour que ce soit le cas.
En septembre 1939, d’autres navires sont en refonte ou en entretien et donc non opérationnels :
Quand éclate le conflit le 3 septembre 1939, la priorité pour la marine britannique est de couvrir le passage en France du Corps Expéditionnaire Britannique (British Expeditionnary Force BEF) en France en les protégeant contre l’aviation et les sous-marins allemands. Une mission réussie.
Elle met en place comme en 1914 le blocus des côtes allemandes pour empêcher le trafic commercial allemand et forcer la Kriegsmarine à accepter un combat en haute-mer. Cette dernière bien inférieure en nombre et en puissance se dérobera toujours à cet affrontement espéré.
Naufrage du HMS Courageous sous les coups du U-29
Plusieurs sous-marins allemands sont coulés durant ce bref conflit mais les U-Boot prennent leur revanche en détruisant le porte-avions HMS Courageous le 17 septembre 1939 (U-29) puis le cuirassé HMS Royal Oak par le U-47 du commandant Gunther Prien qui se glisse dans la nuit du 13 au 14 octobre 1939 dans la rade réputée inviolable de Scapa Flow pour détruire au mouillage le vénérable cuirassé.
La chasse aux raiders allemands est peu fructueuse mais marquée par la destruction du cuirassé de poche Admiral Graf Spee le 17 décembre 1939. Ce dernier réfugié à Montevideo doit se saborder, les alliés ayant refusé un sauf-conduit pour permettre au cuirassé de rentrer en Allemagne.
Quand le conflit se termine, la marine britannique à donc perdu un porte-avions, un cuirassé et plusieurs sous-marins.
Lui aussi mis sur pied par la 1ère région militaire, il dispose de moyens similaires à son devancier tant en terme d’unités de soutien que d’unités de combat soit trois divisions d’infanterie soit la 9ème DIM _une division d’active_ et deux divisions de série B, la 60ème DI et la 68ème DI.
Cette dernière division est formé sur demande de la marine nationale pour assurer la défense de Dunkerque. En cas de non déclenchement de la manoeuvre Dyle-Breda, cette division doit être placée sous l’autorité du commandant de l’Escadre Légère du Nord (COMELN).
Le 18ème CA dispose d’unités de combat et de soutien comme le 618ème régiment de pionniers ou le 18ème Groupement de Reconnaissance de Corps d’Armée (18ème GRCA) mis sur pied par le CMC n°18 d’Asnières avec pour équipement principal de douze chars légers AMX-42 et de seize automitrailleuses puissantes AM modèle 1940P.
Canon de 155mm long Schneider modèle 1917
Il dispose également d’un régiment d’artillerie lourde, le 115ème régiment d’artillerie lourde hippomobile (115ème RALH) qui dispose de deux groupes de 105mm équipés de canons Schneider de 105mm modèle 1936L et de deux groupes de 155mm équipés de canons Schneider modèle 1917L. On trouve également le 16ème parc d’artillerie avec une compagnie d’ouvriers et deux sections de munitions automobiles.
Au niveau des unités de soutien, nous trouvons des unités de génie, des transmissions, du train, de l’intendance et de la santé.
-118/21ème compagnie de parc du génie
-118ème/81ème compagnie télégraphiste
-118ème/82ème compagnie radio
-268ème/6ème compagnie hippomobile de transport
-368ème/16ème compagnie automobile de transport
-118ème/18ème groupe d’exploitation
-218ème/18ème compagnie de ravitaillement en viande
-18ème ambulance médicale hippomobile
-218ème ambulance chirurgicale légère
-18ème groupe sanitaire de ravitaillement hippomobile
-1ère section hygiène, lavage et désinfection.
L’armée détache au profit du 18ème Corps d’Armée, le GAO n°518 dont la composition est identique au Groupe Aérien d’Observation du 1er Corps d’Armée.
La colonne vertébrale de ce corps d’armée, sa raison d’être ce sont les trois divisions d’infanterie placées sous ses ordres :
-La 9ème Divisions d’Infanterie Motorisée est une solide division d’active basée en temps normal dans le Centre de la France (QG à Bourges) et qui dispose de trois régiments d’infanterie de ligne (13ème, 95ème et 131ème RI), de deux régiments d’artillerie (30ème RAD et 230ème RALD), de la 609ème batterie divisionnaire antichar, du 9ème bataillon de défense antiaérienne et du 18ème bataillon du génie ainsi que de diverses unités logistiques et de soutien.
char léger modèle 1935 M.39 dit Hotchkis H-39. Char de combat, le petit biplace de la maison Hotchkiss termina sa carrière comme char léger de reconnaissance
Il bénéficie également du concours du 2ème Groupement de Reconnaissance de Division d’Infanterie (2ème GRDI) équipé de chars légers Hotchkiss H-39 et d’automitrailleuses puissantes AM modèle 1940P.
-La 60ème Division d’Infanterie est une division de série B composée de réservistes expérimentés ayant généralement effectué leur service militaire au milieu ou à la fin des années trente. Leur mobilisation s’est accompagnée d’un entrainement intensif pour si possible porter leur niveau d’entrainement au niveau des divisions de série A.
Elle dispose de trois régiments d’infanterie de ligne (241ème, 270ème et 271ème RI), de deux régiments d’infanterie (50ème RAD et 250ème RALD), de la 660ème batterie divisionnaire antichar, du 60ème bataillon de défense antiaérienne et du 67ème bataillon du génie ainsi que de diverses unités logistiques et de soutien.
Elle bénéficie également du concours du 68ème Groupement de Reconnaissance de Division d’Infanterie (68ème GRDI) équipé de chars légers Hotchkiss H-39 et d’automitrailleuses puissantes Panhard AM modèle 1940 P.
-La 68ème Division d’Infanterie, unité de série B à comme nous l’avons vu un double rôle à savoir participer à la manoeuvre Dyle-Breda si elle était exécutée ou défendre les côtes du Nord et notamment Dunkerque, base de l’Escadre Légère du Nord.
Il est d’ailleurs prévu que son transport vers les Pays Bas soit assuré par la marine nationale à l’aide de navires réquisitionnés (paquebots transmanches notamment).
Cette division dispose de trois régiments d’infanterie de ligne (224ème, 225ème et 341ème RI), de deux régiments d’artillerie (89ème RAD et 289ème RALD), de la 668ème batterie divisionnaire antichar, du 68ème bataillon de défense antiaérienne et du 68ème bataillon du génie ainsi que de diverses unités logistiques et de soutien.
Elle bénéficie également du concours du 59ème Groupement de Reconnaissance de Division d’Infanterie (59ème GRDI) équipé de chars légers AMX-44 et d’automitrailleuses puissantes Panhard AM modèle 1940P.
La production d’AMX-44 allant en priorité aux BCC, le 59ème GRDI est provisoirement équipé de FCM-36 à canon de 37mm SA-38 en attendant la disponibilité de chars légers modernes.
British Expeditionnary Force (BEF)
Quand éclate la guerre de Pologne, l’envoi d’unités britanniques est prévu et réalisé, le BEF atteignant le chiffre respectable de treize divisions
Après la fin de la guerre de Pologne, la majorité des divisions britanniques sont rapatriées en Grande Bretagne au delà du Channel. Seule la 1st Infantry Division reste déployée dans la région de Lille.
Quand les tensions en Europe deviennent telles qu’un conflit armé majeur devient plus que probable, la Grande Bretagne prépare l’envoi en France d’un nouveau BEF (British Expeditionnary Force) de douze divisions soit un tiers des unités du Groupe d’Armées n°1.
Churchill Mk IV
Sur ces douze divisions, nous trouvons dix divisions d’infanterie totalement motorisées et deux divisions blindées équipées de chars lourds Churchill armé d’un canon de 6 livres (57mm en tourelle) et d’un obusier de 3 pouces (76.2mm) _lointain descendant du B1ter_ , de chars moyens Cromwell à canon de 75mm en tourelle et de chars légers pour la reconnaissance.
Le BEF occupe un secteur situé entre la 7ème et la 1ère armée française entre Armentières et Condé sur l’Escaut.
A ces douze divisions du BEF s’ajoutent des divisions placées directement sous commandement français en l’occurence deux divisions au sein de la 3ème armée et deux autres au sein de la 4ème armée, les deux divisions de chaque armée formant un corps d’armée.
Ce sont donc au total seize divisions britanniques qui sont déployées sur le continent pour participer au conflit à l’Ouest.
NdA : le détail des unités britanniques sera dévoilé dans la partie consacrée aux troupes alliées déployées au côté des troupes françaises.
Si il y à bien un domaine où la France peut être fière de sa flotte, c’est bien celui-ci. Ces contre-torpilleurs sont sans équivalent dans le monde en terme de puissance propulsive, de puissance de feu. Ils ne sont pas exempts de défauts même si les défauts les plus criants ont pour ainsi dire été tous corrigés enttre 1939 et 1948.
Quand le second conflit mondial éclate en septembre 1948, la marine nationale dispose de 35 contre-torpilleurs répartis entre les six Aigle, les cinq Vauquelin (perte du Maillé-Brézé en 1940), les 6 Le Fantasque, les 2 Mogador et leurs demi-frères, les 4 contre-torpilleurs de classe Hoche, les 6 puissants contre-torpilleurs de classe Bayard et les 6 contre-torpilleurs de classe Bruix.
Six autres contre-torpilleurs sont en construction quand éclate le conflit, les six navires de classe Guépratte ( Guépratte Ronar’ch Maillé Brézé D’Estaing Vautreuil et Aumale) quasiment identiques aux Bayard et aux Bruix ce qui fait dire à certains que la classe Bayard compte dix-huit navires.
Théoriquement, les Guépratte devaient remplacer les Aigle qui avaient été pourtant modernisés notamment avec le remplacement des canons de 138mm par des 130mm DP. Le déclenchement du conflit fait qu’ils vont remplacer les navires perdus.
Au large de la Norvège, les contre-torpilleurs Vautour et Kersaint sont coulés par l’aviation allemande ce qui va entrainer une réorganisation des divisions de contre-torpilleurs dont l’existence même est remise en cause.
La construction des Guépratte est accélérée mais aucun autre contre-torpilleur va être commandé, la marine nationale préférant réorganiser ses catégories de navires. En fusionnant les catégories «contre-torpilleurs» et «torpilleurs d’escadre», la marine invente l’escorteur d’escadre qui va être le futur maitre-étalon de la force de combat de la marine nationale.
Le programme de guerre de janvier 1949 voit la commande de huit escorteurs d’escadre de classe Surcouf baptisés Surcouf Kersaint Bouvet Dupetit-Thouars D’Estrées Du Chayla Duperré et Forbin, des navires de 3500 tonnes à pleine charge, filant à 33 noeuds, mesurant 132.50m de long avec un armement composé de six canons de 130mm en trois tourelles doubles (une avant et deux arrière), seize canons antiaériens de 37mm en huit affûts doubles, huit canons de 25mm en affûts simples ou doubles, douze tubes lance-torpilles de 550mm en quatre plate-formes triples latérales et deux grenadeurs de sillage pour la lutte ASM.
La construction des huit escorteurs d’escadre est repartie entre les ACF (Surcouf), les ACH (Kersaint Bouvet Dupetit-Thouars), les FCM du Havre (D’Estrées), les ACSM du Trait (La Bourdonnais), l’Arsenal de Brest (Duperré) et l’Arsenal de Lorient (Forbin)
Torpilleurs d’escadre
Quand éclate le second conflit mondial en septembre 1948, la marine nationale dispose de 39 torpilleurs d’escadre plus quatre encore en construction aux Etats Unis.
Ces torpilleurs d’escadre répartis entre la classe Le Hardi (8), la classe Intrepide (23) et la classe Empire (8+4 en construction) sont chargés pour leur majorité de protéger les treize cuirassés et les cinq porte-avions soit un besoin minimal 36 navires.
Trois sont déployés à Dunkerque comme navires d’attaque au sein de l’ELN, les quatre navires en construction aux Etats Unis devaient normalement être affectés au Levant (2) et en Indochine (2).
Durant la campagne de Norvège, la marine nationale perd les torpilleurs Le Téméraire et L’Arquebuse. Elle décide donc que les quatre torpilleurs en construction aux Etats Unis seront déployés en Europe.
Elle s’interroge sur la nécessité de construire de nouveaux TE de classe Empire pour compenser les pertes inévitables.
Comme les TE et les CT ont été fusionnés en une seule classe d’EE, aucun TE ainsi nommé ne va être commandé mais il manque un navire léger bon à tout faire pouvant escorter des convois, combattre les navires légers ennemis, faire de la présence.
Torpilleurs légers
En septembre 1948, la marine nationale dispose de 28 torpilleurs légers de classe Le Fier/Colonie répartis en sept divisions de quatre navires, six divisions étant déployés en Europe et la septième en Indochine.
Ces navires vont se montrer efficaces et vont donner du fil à retordre aux allemands, italiens et même aux japonais.
Le programme de guerre de janvier 1949 décide de commander de nouveaux Navires Légers de Combat (NLC) capable de mener des missions de combat et d’escorte. Prévoyant de lourdes pertes, elle commande seize NLC qui seront ultérieurement reclassés Escorteurs Rapides.
Ces navires qui reprennent les noms des Bourrasque et des Adroit sont d’élégants navires de 1300 tonnes, filant à 30 noeuds avec un armement théorique composé d’une tourelle double de 100mm à l’avant, une DCA légère composée de canons de 37mm et un armement ASM composé de deux grenadeurs de sillage et d’un projecteur de fusées ASM installé à l’avant.
Cette première version ne satisfait pas la marine qui le juge sous-armée. Une nouvelle version voit donc le jour, les quatre premiers navires sont modifiés in-extremis selon les nouvelles caractéristiques
Cette deuxième version du NLC est ainsi armée de deux tourelles doubles de 100mm (une avant et une arrière), une DCA légère composée de huit canons de 37mm en quatre affûts doubles, quatre tubes lance-torpilles de 550mm en deux plate-formes doubles latérales, deux grenadeurs de sillage et un projecteur de fusées ASM.
Les seize NLC commandés aux Arsenaux et aux chantiers privés sont jugés aptes à la lutte ASM mais leur capacité antiaérienne pourrait être améliorée. La marine décide de lancer des études pour un ER-AA pour compléter les ER (ex-NLC), aucune commande n’est cependant encore passée, le projet étant encore dans les limbes.
Avisos, escorteurs et patrouilleurs
Si il y à bien un domaine où la marine nationale ne manque pas de moyens, c’est bien dans cette catégorie. Outre les aviso-coloniaux aux capacités limités dans ce domaine, elle peut aligner les treize aviso-dragueurs de classe Elan, les vingt-quatre aviso-dragueurs coloniaux de classe Gazelle et les trente deux corvettes classe La Malouine soit 69 navires d’escorte plus quels patrouilleurs.
En dépit de ce nombre important, la marine souhaite commander de nouveaux navires anti-sous-marins pour anticiper les pertes que l’on craint lourdes sous les coups de l’aviation et des sous-marins allemands, italiens voir japonais.
Le programme de guerre voit ainsi la commande de douze patrouilleurs ASM. Ces patrouilleurs sont d’une simplicité biblique.
Une coque simple, des superstructures réduites au maximum, la généralisation de la soudure, une propulsion par machine alternative à triple expansion ou diesel et un armement basique et pas moins efficace avec un canon de 100mm à l’avant (le 75mm était jugé trop faible), quelques pièces de DCA légère, des mitrailleuses et surtout des grenades ASM en grand nombre.
Ces petits patrouilleurs doivent essentiellement escorter des convois côtiers ou des convois méditerranéens, déchargeant ainsi les escorteurs océaniques de leur protection. Ils doivent aussi pouvoir protéger une escadre au mouillage.
Sous-marins
Entre le 5 septembre et le 27 octobre 1948 _durée de la campagne de la Norvège même si il y eut encore quelques combats sporadiques jusqu’au 1er novembre_, la Royale va perdre sept sous-marins appartenant à l’ELN et à la 5ème Escadre sous les coups des sous-marins ennemis, de l’aviation et de navires de surface.
Certes la sous-marinade française peut se consoler en se disant qu’elle à coulé le 9 septembre 1948 le croiseur lourd Blücher (quatre torpilles cadeau du Casabianca), endommagé le Oldenburg le 27 septembre (Rolland Morillot deux torpilles) et coulé plusieurs navires marchands mais avec sept sous-marins perdus en sept semaines, la force sous-marine française s’inquiète.
Quand le conflit éclate, quatre submersibles sont en construction mais même en accélérant la construction, la Royale craint d’être sur la corde raide. D’où la commande de vingt-quatre sous-marins de type Phenix jugés plus maniables et plus aisés à construire que les Rolland Morillot.
A-Ordre de bataille de la Marine Nationale le 1er septembre 1948
En guise d’introduction
En septembre 1948, la marine nationale est au sommet de sa puissance. La politique menée depuis près d’un quart de siècle avec constance par les politiques et les marins à permis à la Royale de n’avoir à rougir ni de son allié, ni de ses ennemis. La flotte est équilibrée et la majorité des carences constatées durant la Guerre de Pologne ont été corrigées.
L’organisation est celle adoptée en septembre 1940 avec deux flottes principales (Atlantique et Méditerranée) subidivisées en escadres puis en flottilles et en division plus des forces de souveraineté déployées sur toute la surface du globe.
La situation de l’Escadre Légère du Nord (ELN) est particulière, c’est une escadre indépendante mais pas une réelle force de souveraineté comparable aux FNEO ou aux FNAEF. Sa mission est davantage de porter le fer en mer du Nord que de défendre les côtes de la Manche.
Les régions maritimes sont toujours là et comme depuis septembre 1940, elles assurent des missions de soutien, gérant les bases et les arsenaux, les seuls navires sous leurs ordres étant ceux en refonte ou en réparations longues.
Comme il est peu probable que les escadres soient engagées en bloc, il est prévu la création de groupements occasionnels désignés par les lettres de l’Alphabet.
Sur le plan technique, la flotte est jeune avec peu de faiblesses évidentes, la DCA ayant été notablement renforcée tous comme l’électronique embarquée qu’il s’agisse de radars ou de sonars.
Voici donc maintenant l’ordre de bataille de la marine nationale le 1er septembre 1948, quatre jours avant le début de la deuxième conflagration mondiale.
Flotte de l’Atlantique (QG : Brest) navire-amiral : cuirassé Gascogne
1ère escadre
Groupement de Ligne : cuirassés Gascogne et Normandie; torpilleurs d’escadre Durandal et Dague (chargés de la protection du cuirassé Gascogne) et les torpilleurs d’escadre Sabre et Claymore (chargés de la protection du cuirassé Normandie)
Groupement Aéronaval : porte-avions Painlevé et Henriette de France cuirassé Lorraine torpilleurs d’escadre L’Intrépide et Le Téméraire (protection du cuirassé Lorraine), Arquebuse Cimeterre (protection du Painlevé) Ney et Murat (protection du Henriette de France)
3ème Escadre Légère
Groupement des croiseurs de l’Atlantique : croiseurs lourds Foch et Colbert (3ème DC), croiseurs légers La Gloire Georges Leygues et Montcalm (4ème DC), croiseur-école Jeanne d’Arc (appelé à être déployé aux Antilles)
Groupement des contre-torpilleurs de l’Atlantique : Contre-torpilleurs Bugeaud Du Chayla Dupetit-Thouars (3ème DCT) Vautour Milan Epervier (6ème DCT)
Hors rang : vedettes lance-torpilles des 1ère ELA (VTB-11 et 12) et 2ème ELA (VTB-16 18 20 et 22) basées à Lorient.
5ème Escadre
-Ravitailleur de sous-marins Jules Verne navire-amiral de l’Escadre
-Sous-marins Rolland Morillot La Praya La Martinique et Ile de France (4ème DSM)
-Sous-marins Ile de Ré Ile d’Yeu Kerguelen et La Guadeloupe (6ème DSM)
-Sous-marins Agosta Bévéziers Ouessant et Sidi Ferruch (8ème DSM)
1ère flottille de surveillance et d’escorte de l’Atlantique (1ère FSEA)
-Torpilleurs légers L’Algérien Le Sénégalais L’Arabe Le Marocain (classe Kabyle) formant la 6ème DT basée à Lorient
-Aviso-dragueurs L’Impétueuse, La Capricieuse, La Batailleuse et La Boudeuse (3ème DEL) basée à Brest Aviso-dragueurs Enseigne Balande La Trompeuse L’Ambitieuse et La Sérieuse (7ème DEL) basée à Casablanca
-Chalutiers ASM L’Havraise et La Nantaise à Lorient, L’Algéroise L’Oranaise à Cherbourg
-Corvettes anti-sous-marines La Malouine La Dieppoise La Remoise La Versaillaise (1ère DEO) à Brest; La Nimoise La Calvaise La Rennaise et L’Agenaise (3ème DEO) basé à Lorient; La Bastiaise La Paimpolaise La Dunkerquoise (2ème DEO) à Casablanca
-Patrouilleur ASM/navire-école L’Heureux (P-28) et Patrie (P-36)
-Chasseurs de sous-marins : CH-7 et 8 CH-53 et 54 à Brest, CH-11 et 12 à Lorient, CH-17 18 et 19 à Casablanca.
-Patrouilleur anti-sous-marin L’Incomprise et Jutland (P-37)
Les navires suivants sont détachés à Dakar :
-Aviso colonial Dumont d’Urville
-Patrouilleur (ex-torpilleur) La Bombarde
-Aviso-dragueurs coloniaux La Précieuse L’Amiral Duperré La Rieuse et l’Amiral Gourdon (10ème DEL)
-Corvettes La Lyonnaise L’Oranaise La Sablaise et La Servannaise (7ème DEL)
Groupement de soutien de la Flotte de l’Atlantique (GSFA)
-Pétrolier Le Var
-Pétrolier Ravitailleur d’Escadre La Seine
-Ravitailleurs Rapides Lot et La Charente
-Pétrolier-caboteur La Lèze
-Cargos rapides Mostaganem et Mers-El-Kébir
-Avisos Amiens et Arras utilisés comme auxiliaires
-Ravitailleur d’hydravions Sans Souci et Calais utilisé comme ravitailleur d’hydravions
-Aviso hydrographe Beautemps-Beaupré
-Navire école Notre Dame de France (P-95)
-Dragueurs de mines Avranches et Pornic
-Voiliers-école L’Etoile et La Belle Poule
-Remorqueur de haute mer Elephant et Mastodonte
-Remorqueurs Champion L’Appliqué L’Attentif et L’Acharné L’Actif (ce dernier est basé à Lorient) (1000cv)
-Remorqueurs Narcisse et Lotus (750cv)
-Remorqueurs Penfeld Plougastel Portzic et Provençal Morbihan (ce dernier est basé à Lorient) (600cv)
-Remorqueur de 600cv Lavandou basé à Casablanca
-Navire-hydrographe Cormoran
-Gabares Le Titan La Résistante La Prévoyante et la Victorieuse
Les navires suivants sont détachés à Dakar :
-Remorqueur de haute mer Buffle
-Remorqueurs de 600cv L’Efficient et Cap Vert
-Remorqueur de 750cv Romarin
-Gabare La Patiente
Flotte de la Méditerranée (QG : Toulon) navire-amiral : croiseur lourd Algérie
Le magnifique croiseur lourd Algérie, navire-amiral de la Flotte de la Méditerranée
2ème Escadre (Toulon)
1er Groupement de Ligne de la Méditerranée (1er GLM) :
-Cuirassés Richelieu et Clemenceau (3ème DL) Alsace et Flandre (5ème DL)
-Cuirassé Provence
-Porte-avions Joffre
-Torpilleurs d’escadre Corsaire et Flibustier (protection du cuirassé Richelieu) Rapière et Hallebarde (protection du cuirassé Clemenceau) Mousquet et Bombardier (protection du cuirassé Alsace) Voltigeur et Goumier (protection du cuirassé Flandre) Mameluk Casque (protection du cuirassé Provence) L’Inconstant et Lancier (protection du porte-avions Joffre)
Groupement de croiseurs de la 2ème Escadre
-Croiseur lourd Algérie
-Croiseurs lourds Suffren Dupleix (1ère DC) Saint Louis Charlemagne Henri IV (5ème DC)
-Croiseurs légers De Grasse Chateaurenault Guichen (6ème DC)
Groupement des contre-torpilleurs de la 2ème Escadre
-Contre-torpilleurs Bruix D’Assas La Tour d’Auvergne (1ère DCT) Bayard Du Guesclin Turenne (2ème DCT) Aigle Albatros Gerfaut (5ème DCT) Le Fantasque L’Audacieux Le Malin (9ème DCT)
Desaix Kléber et Marceau (12ème DCT)
1ère flottille légère de la Méditerranée (1ère FLM) :
-Vedettes lance-torpilles VTB 41 43 45 47 et 49 formant la 1ère ELM
-Vedettes lance-torpilles VTB-23 24 25 26 27 28 formant la 4ème ELM
-Vedettes lance-torpilles VTB-56 57 58 59 60 61 formant la 6ème ELM
-Vedettes lance-torpilles VTB-15, 17, 19 et 21 de la 3ème Escadrille Légère de la Méditerranée (3ème ELM) déployée à Ajaccio
1ère flottille de sous-marin :
-3ème escadrille de sous-marins (3ème ESM) 1ère DSM : Le Glorieux Le Heros Le Conquerant Le Tonnant 3ème DSM La Réunion Crozet Ile d’Oleron Belle Ile et 5ème DSM Ile de Brehat, Saint Marcouf Ile d’Aix Ile d’If
-5ème escadrille de sous-marins (5ème ESM) 13ème DSM : Aurore, Créole, Antigone et La Bayadère 15ème DSM : Venus Iris Pallas 19ème DSM : L’Astrée La Favorite La Gorgone et L’Africaine et 21ème DSM : Diamant et Perle
-1ère flottille de surveillance et d’escorte de la Méditerranée (1ère FSEM) :
-Torpilleurs légers Le Fier L’Agile L’Entreprenant Le Farouche (1ère DT)
-Aviso-dragueurs Elan, Commandant Dominé et de La Capricieuse (1ère DEL)
-Aviso-dragueurs La Gracieuse et La Moqueuse (4ème DEL) (en temps de guerre, doit être détachée à Ajaccio)
-Chasseurs de sous-marins CH-9 CH-10 CH-49 et CH-50 + CH-43 et CH-44 (ces deux derniers déployés à Ajaccio)
-1er Groupement de Soutien de la Méditerranée (1er GSM) :
-Pétroliers ravitailleurs d’escadre La Saône et Le Liamone
-Pétroliers Elorn et Sèvre
-Ravitailleur Rapide L’Adour
-Aviso (devenu auxiliaire) Somme
-Mouilleur de mines Vauquois
-Mouilleur de mines Castor
-Mouilleur de filets Gladiateur
-Ravitailleurs d’hydravions (ex-canonnière) Diligente et Sans Peur
-Dragueurs de mines Ouistreham et Saint Brieuc
-Cargos rapides Sidi-Bel-Abbès et Tlemcen
-Remorqueurs Goliath Le Laborieux Cépet Haleur Efficient Corse Faron et Mont Caume Tulipe Aconit Edelweis
-Bâtiment-cible L’Impassible
-Navires-hydrographes La Chimère Mouette Ibis
-Gabares L’Endurante, La Persévérante, La Prudente, La Persistante, L’Epuisante
——–
4ème Escadre (QG : Mers-El-Kébir) navire-amiral : cuirassé Jean Bart
2ème Groupement de Ligne de la Méditerranée (2ème GLM)
-Croiseurs de bataille Dunkerque et Strasbourg (1ère DL)
-Cuirassé Jean Bart (hors-rang)
-Cuirassé Bourgogne (hors-rang)
-Cuirassé Bretagne (hors rang)
-Porte-avions Commandant Teste
-Torpilleurs d’escadre Le Hardi L’Epée (chargés de la protection du Dunkerque), Le Lansquenet et Le Fleuret (chargés de la protection du Strasbourg), L’Eveillé et L’Alerte (chargés de la protection du Bretagne), Hussard et Spahi (chargés de la protection du Commandant Teste), L’Opiniâtre et L’Aventurier (chargés de la protection du Jean Bart) Lannes et Augereau (chargés de la protection du cuirassé Bourgogne)
Groupement léger de la 4ème Escadre
-Croiseurs légers Latouche-Treville Condé et Gambetta (8ème DC)
-Contre-torpilleurs Magon Dunois et La Hire (4ème DCT) Le Terrible Le Triomphant et L’Indomptable (10ème DCT)
2ème flottille de sous-marins
-Sous-marin Minerve Junon et Cerès (12ème DSM)
-Sous-marin L’Hermione Clorinde et L’Andromède (14ème DSM)
-Sous-marin L’Andromaque L’Amirde L’Artemis et La Cornélie (18ème DSM)
-Sous-marins mouilleurs de mines Emeraude Corail Escarboucle et Agate (7ème DSM)
2ème flottille de surveillance et d’escorte de la Méditerranée (2ème FSEM) :
-Aviso-dragueurs Commandant Bory, du Commandant Delage, du Commandant Duboc et du Commandant Rivière (2ème DEL)
-Groupement des croiseurs : croiseur léger mouilleur de mines Emile Bertin, croiseurs légers La Galissonnière Jean de Vienne La Marseillaise (2ème DC)
-Groupement léger d’attaque : Contre-torpilleur Vauquelin Chevalier Paul et Tartu (7ème DCT) Mogador Volta et Hoche (11ème DCT) Torpilleurs légers L’Alsacien Le Breton Le Corse et Le Tunisien (3ème DT)
-Chasseurs de sous-marins CH-5 et CH-6 à Cherbourg
-1ère flottille légère du Nord (1ère ELN) avec la 1ère ELM (VTB 50 à 55) et la 2ème ELM (VTB 35 à 40)
-la canonnière L’Yser (classe Aisne) utilisée comme navire de sûreté
-Patrouilleur ASM L’Atlantique (P-33)
-le pétrolier-caboteur Blavet.
-Remorqueurs de haute mer Mamouth et Sanglier à Cherbourg
-Remorqueurs Lavande et Myosotis
-Remorqueurs côtiers Elan II Barfleur Roule Crocus à Cherbourg
-Navire hydrographe Bengali
-Aviso-hydrographe Amiral Mouchez à Cherbourg
-Navire hydrographe Goeland à Cherbourg
-Gabares Girafe Fidèle Entrainante à Cherbourg
Division Navale du Levant (DNL) (QG : Beyrouth) navire-amiral : aviso colonial La Grandière
-Aviso La Grandière
-Chasseurs de sous-marins CH-20 et CH-21
-Pétrolier-caboteur L’Ardèche
-Gabare La Vaillante
Forces Navales en Afrique Equatoriale Française (FNAEF) QG : Diego-Suarez
Le croiseur léger Primauguet, navire-amiral des FNAEF
-Croiseur léger Primauguet _navire-amiral des FNAEF_ Diego-Suarez
-Aviso colonial D’Entrecasteaux Diego-Suarez
-Corvettes anti-sous-marines La Rouennaise La Nancéenne La Lilloise et La Clermontoise (6ème DEO) Diego-Suarez
-Aviso colonial Savorgnan de Brazza Djibouti
-Canonnière La Tapageuse Djibouti
-Patrouilleur (ex-torpilleur) La Melpomène Djibouti
-Aviso-dragueurs coloniaux La Généreuse La Victorieuse L’Heureuse et Alfred de Courcy (9ème DEL) Djibouti
-Remorqueur de 750ch Glaïeul Djibouti
-Transport du littoral (ex-aviso) Ypres (ex-Dunkerque) Diego-Suarez
-Pétrolier Ravitailleur d’Escadre La Garonne Diego-Suarez
Forces Navales en Extrême Orient (FNEO) QG : Cam-Ranh
Les navires suivants sont basés à Cam-Ranh :
Le croiseur lourd Tourville
-Flottille légère d’Indochine : Croiseur lourd Tourville _navire-amiral des FNEO_ hors rang associé au Croiseur léger Duguay Trouin, au porte-avions léger Alienor d’Aquitaine et à ses escorteurs, les torpilleurs d’escadre Berthier et Tirailleur
-Flottille Légère d’Attaque et d’Escorte (FLAI): Torpilleurs légers Le Niçois Le Savoyard Le Béarnais et Le Catalan (7ème DT), Canonnières La Dedaigneuse et La Lurone et les aviso-dragueurs Chevreuil Annamite Matelot Leblanc et Amiral Sénès (6ème DEL)
-Groupement de soutien d’Indochine (GSI) : Pétrolier Niger, Pétrolier ravitailleur d’Escadre Rhône, Remorqueur de haute mer Taureau, Remorqueur de 1000ch Le Valeureux, Remorqueurs de 750ch Jasmin Lys Pivoine, Remorqueur de 600ch Padaran, les remorqueurs de 300ch Nha Dé et Donnaï ainsi que la Gabare L’Entreprenante
Les navires suivants sont basés à Saïgon, ils forment une Flottille Côtière du Sud (FCS) mise en place officiellement courant septembre 1948 comme pendant de la FCN. La FCS dispose des navires suivants :
-Aviso colonial Amiral Charner
-Patrouilleur Branlebas
-Canonnière Marne
-Cannonières My Tho Tourane Francis Garnier et Song Do
-Chasseurs de sous-marins CH-45 et CH-46
Sont basés à Haïphong les navires suivants :
-Aviso Nancy stationnaire ne prenant plus la mer depuis juin 1947. Son désarmement à été repoussé par le début du conflit en Europe. En cas d’attaque, servirait de batterie flottante avec son canon de 138mm, son canon de 75mm, ses deux canons de 37mm et ses mitrailleuses.
-Patrouilleur La Cordelière. Cet ancien torpilleur de classe La Melpomène devient à son arrivée en Indochine navire-amiral de la Flottille Côtière du Nord (FCN) chargée de missions de souveraineté avec pour équipement six jonques armées, quatre patrouilleurs de construction locale et deux canonnières fluviales, la canonnière Bassac à Hué sur la rivière des Parfums et le Tonle Sap sur le fleuve Rouge
-Aviso Lassigny utilisé comme ravitailleur de sous-marins
-Sous-marins Germinal et Thermidor (23ème DSM) Forces Navales Françaises du Pacifique (FNFP)
Forces de souveraineté, la FNFP déploie ses forces à Nouméa sur le Caillou et à Papeete sur l’île de Tahiti. Elle dispose en septembre 1948 des navires suivants :
Sont basés à Nouméa les navires suivants :
Aviso colonial Rigault de Genouilly, navire-amiral des FNFP
-Aviso colonial Rigault de Genouilly _navire-amiral des FNFP_
-Patrouilleur La Poursuivante
-Canonnière L’Audacieuse
-Chasseurs de sous-marins CH-47 et CH-48
Sont basés à Papeete les navires suivants :
-Aviso colonial D’Iberville
-Patrouilleur La Bayonnaise
-Canonnière L’Etourdi
Forces Navales Françaises aux Antilles (FNFA) QG Fort de France
Aviso colonial Bougainville
-Avisos coloniaux Bougainville et Lapérouse (ce dernier est détaché en permanence à Cayenne)
Complexe Naval de Cam-Ranh, la base française la plus moderne en 1948 mais également la plus menacée
Le grand théoricien américain Alfred Mahan disait «une marine sans ailes _c’est à dire sans bases_ appartient au passé». De fait l’apparition de la propulsion vapeur à rendu les marines encore plus dépendantes de leur bases que du temps de la marine à voile.
La France l’à bien compris et va effectuer un effort important au cours de la décennie quarante, effort qui il est vrai ne fait que rattraper vingt années de négligence, négligence liée plus à un manque de moyens financiers qu’à une réelle de volonté de faire n’importe quoi.
Il s’agit d’augmenter le rayonnement de la marine à travers le monde, d’assurer la défense de l’Empire et de montrer le pavillon sur tous les océans du globe. Plus prosaïquement, il s’agit de permettre à n’importe quel navire de la Royale de pouvoir opérer à distance raisonnable d’une base bien équipée pour le ravitailler et le réparer.
Les bases historiques subissent des travaux plus ou moins importants en fonction de leur été à l’orée de la décennie quarante mais d’autres bases qui n’existaient pas ou peu voient le jour notamment Mers-El-Kébir en Algérie ou Cam-Ranh en Indochine.
Qui dit bases dit défense côtière. Cette dernière qui avait été également négligée durant pratiquement vingt ans sauf à de rares exceptions comme Bizerte bénéficie enfin de crédits pour moderniser les batteries mais comme le dira un officier chargé de superviser les travaux «Vu l’état duquel nous sommes partie, cela revenait presque à construire de nouvelles défenses».
Le 1er mars 1941, est créé le Comité pour l’Organisation de la Défense des Côtes (CODC), une sorte de réminiscence du CORF ou Comité pour l’Organisation des Régions Fortifiées qui avait été à l’origine de la Ligne Maginot. Il reçoit le mandat suivant :
-Inspection des fortifications présente
-Propositions pour la modernisation et la construction de nouvelles fortifications
Ce comité se réunit la première fois le 7 mars 1941, cette première réunion mettant au jour des divergences entre plusieurs membres du comité. Globalement, trois écoles apparurent.
La première réclamait une sanctuarisation du territoire national et la réalisation de Dunkerque à la frontière italienne d’une véritable «Ligne Maginot».
Le projet absolument dément aurait réclamé tellement de béton, d’acier et de main d’œuvre qu’on à du mal à croire que ses partisans étaient sérieux en défendant cette idée. Peut être fallait-il y voir une tactique habile : réclamer beaucoup pour obtenir au final moins sans avoir l’air de perdre la face.
La deuxième école tout aussi radicale estimait inutiles les fortifications côtières ce qui n’empêchait pas ses partisans de participer au comité pour empêcher tout projet de modernisation, estimant plus utile d’investir dans d’autres secteurs notamment dans l’aéronavale et la lutte anti-sous-marine.
C’est au final la troisième école qui l’emporta, à mi-chemin entre les deux précédentes, estimant nécessaires des fortifications tactiques destinées à assurer la protection rapprochée des bases navales, de certains ports, bref d’endroits sensibles et susceptibles d’être la cible de débarquement ennemis.
Douze réunions eurent lieu de mars à juin 1941 pour envisager différentes hypothèses de travail, hypothèses qui ne pouvaient qu’être vérifiées que par une inspection sur le terrain en vue de la rédaction d’un rapport d’étape.
De juillet à novembre 1941, le CODC se scinda en plusieurs équipes d’inspecteurs pour accélérer les procédures. Si la Métropole fût la principale cible de ces inspecteurs, les défenses d’Afrique du Nord, d’Afrique Noire, du Levant, de l’Océan Indien, du Pacifique et de l’Indochine furent également inspectées.
Le rapport d’étape est ainsi rendu à l’amiral Darlan et au ministre de la marine Jules Belley le 14 mars 1942 suivit d’un rapport définitif en septembre 1942.
Ce rapport de 700 pages énumérait précisément la situation des fortifications côtières et préconisait des remèdes.
L’état général est jugé lamentable. Si les places et autres forts encore sous le contrôle de la marine pourraient être rapidement remises en état et réarmées (trois à neuf mois, un an tout au plus), les places et fortins déclassés sont tout bonnement à raser : les parties béton ou pierre sont souvent sur le point de s’écrouler et les masses de métal ont fait le bonheur des ferrailleurs.
Outre un audit global, le CODC préconise des solutions pour chaque région. Sachant que les budgets bien qu’en extension ne sont pas illimités, le CODC limite largement ses ambitions en recourant largement à la récupération de matériel déclassé notamment les pièces d’artillerie issue de navires désarmés.
Sur un plan général, tous les travaux prévus ne sont pas achevés en septembre 1948 mais la marine entre dans le second conflit mondial avec des bases modernes bien outillées et capables de ravitailler à l’abri une flotte nombreuse.
A-Station Navale de Dunkerque
Schéma approximatif de la Station navale de Dunkerque
Verrouiller le pas de Calais et agir en mer du Nord
Si La Manche à été le théâtre de nombreuses batailles entre la Royale et la Royal Navy, les ports de la région n’ont jamais été de grands ports militaires. Cherbourg construit pour permettre à notre flotte de disposer d’un point d’appui et d’une rade protégée n’accueillit jamais la majeure partie des unités de notre marine, Brest et surtout Toulon étant les deux principales bases de la Royale.
Il y eut bien des escadres du Nord à intervalles réguliers mais après la fin du premier conflit mondial, les navires de notre marine déployés en Manche étaient peu nombreux, le gros de notre flotte étant basé à Toulon, Brest accueillant des navires anciens ou des navires de seconde main.
Soucieux de crédibiliser le soutien aux Pays Bas et à la Belgique, la marine songe très fortement à redéployé une escadre en Manche et la future Escadre Légère du Nord (ELN) (créée officiellement en mars 1942) à besoin d’un vrai point d’appui.
Il existe bien Cherbourg mais l’Arsenal est déjà fort occupé avec les constructions et l’entretien et est jugé trop éloigné du détroit du Pas de Calais pour être efficace.
Après avoir étudié les sites du Havre, de Boulogne et de Calais, la marine décide d’implanter une station navale à Dunkerque.
Par station navale, il faut entendre que cette base est dépourvue d’installations d’entretien et si le port de Dunkerque dispose de deux formes de radoub, il est prévu que les grands carénages des unités de l’ELN se fassent à Cherbourg.
La future station navale de Dunkerque est donc une base de ravitaillement, disposant de dépôts de carburant et de munitions, d’hangars stockant pièces détachées et vivres pour ravitailler les navires qui y sont basés mais également les navires de passage.
Cette base qui va disposer de solides défenses côtières va bénéficier également de la présence de la base aéronavale de Calais-Marck, base qui abrite la 1ère flottille d’aviation navale.
Description
Le site choisit se situé à l’ouest du port de commerce de Dunkerque, la station navale étant séparé par une zone tampon de 1.5km, zone tampon qui à été absorbé après guerre par la croissance d’un port reconstruit après les lourds dommages de la guerre.
Cette absorption posant d’autant moins de problèmes qu’à l’issue du conflit, la marine abandonna l’idée d’une base autre que Cherbourg sur les côtes de la Manche, les anciennes stations de l’ELN étant reconverties en port pour les passagers de lignes transmanches.
Les premiers travaux sont lancés au printemps 1941. Ils consistent en la construction de 3500m de linéaire de quai et de deux jetés de 200m fermant un plan d’eau artificiel capable d’accueillir au mouillage un groupe occasionnel composé d’un porte-avions, d’un ou deux cuirassés et de leurs torpilleurs d’escorte.
Ces deux jetés sont séparées en leur milieu par en apparence un seul accès mais en réalité cet accès est double, un plot de séparation affleurant à la surface de lot. Il sert en temps de guerre à accrocher les filets anti-sous-marins destinés à protéger cette rade.
A terre, trois réservoirs pétroliers alimentés par un oléoduc depuis le terminal pétrolier de Dunkerque alimentent directement à quai les navires. Un dépôt de munitions souterrain est également construit et des hangars abritent des stocks de vivres et de pièces détachés.
Des ateliers pour un entretien minimal sont également construits tout comme un poste de commandement souterrain. Des logements pour les équipages et pour les navires de passage voient également le jour.
Défense côtière
Le fort de Zuydcoote en 1914
La défense d’une telle position est soignée. Elle l’est d’autant plus que la ville de Dunkerque est appelée à servir de point d’appui fortifié en cas d’invasion de la Belgique par l’Allemagne ou d’un déploiement avancé des troupes alliées dans le «Plat pays» et nous ne parlons même pas d’une invasion du territoire national.
En septembre 1939, la défense de Dunkerque et de ses approches directes est assurée par différents forts et positions fortifiées. Dans cette catégorie, je vais parler à la fois des batteries de Dunkerque même mais également celles de Calais et de Boulogne.
A l’est de Dunkerque, nous trouvons le fort de Bray-Dunes (14km de Dunkerque) qui dispose alors de trois canons de 164mm modèle 1887. Il est assisté par deux positions de Zuydcoote situées à 9km (sémaphore) et à 6.7km (fort) qui dispose de 2 canons de 95mm pour le premier et de quatre canons de 194mm et de trois canons de 95mm pour le second.
La défense des approches de Dunkerque est assurée par des bastions plus légèrement armés avec 4 canons de 105mm pour le bastion 29/31 et deux de 95mm pour le bastion 28. quand à la batterie couvrant la jetée ouest, elle dispose de quatre canons de 75mm modèle 1897.
On trouve également des canons de 37mm destinés à empêcher la mise à terre d’une compagnie de débarquement comme du temps des «descentes» de la marine à voile.
A l’ouest, on trouve la batterie du Mardyck qui dispose de quatre canons de 194mm modèle 1902 ainsi que l’ouvrage de Petit-Fort Philippe qui dispose de quatre canons de 95mm.
Pour les travaux de modernisation, l’effort va être porté sur Zuydcoote et Mardyck, les autres ouvrages étant peu à peu déclassés, l’armement obsolète ferraillé. Cela reste néanmoins des emplacements militaires.
En direction de la mer, les forts de Zuydcoote et du Mardyck sont donc sérieusement modernisés avec de nouvelles pièces d’artillerie, une véritable DCA et des blockhaus d’infanterie.
Le fort de Zuydcoote situé à 6.7km à l’est de Dunkerque et à seulement 1.5km de l’emprise de la station navale dispose en 1940 de quatre canons de 194mm modèle 1902 sur affûts modèle 1934 et de trois canons de 95mm modèle 1888.
Si les canons de 194mm sont maintenus jusqu’en 1948, les trois canons de 95mm modèle 1888 sont remplacés par quatre canons de 90mm modèle 1926 en deux affûts doubles utilisables aussi bien pour le tir contre la mer, contre la terre et contre avions puisque montées sur un affût circulaire permettant un angle de débattement de 360° et un débattement en site de -10° à +90°.
Huit canons de 25mm Hotchkiss modèle 1939-40 sont installés dans le fort de Zuydcote en quatre affûts doubles.
La défense terrestre de Zuydcoote devient crédible avec la construction de deux blockhaus légers d’infanterie armés par une compagnie de fusiliers marins, la 1ère Compagnie de Fusiliers-Marins, chacun de ces blockhaus disposant d’une cloche d’observation, d’une cloche mitrailleuse avec deux Darne de 7.5mm et deux affûts jumelant un canon antichar de 47mm et une mitrailleuse de 7.5mm.
Le fort de Mardyck pendant occidental de Zuydcoote disposait lui en 1940 de quatre canons de 194mm modèle 1902 et de 4 canons de 95mm modèle 1888.
Les canons de 194mm sont maintenus mais leurs emplacements sont améliorés alors que comme à Zuydcotte, les canons de 95mm ont été remplacés par quatre canons de 90mm modèle 1926 en deux affûts doubles. Une véritable DCA avec huit canons de 25mm en quatre affûts doubles à également été installée.
La défense en direction de la terre est assurée par une compagnie de fusiliers marins, la 2ème CFM qui arme en particulier deux blockhaus légers d’infanterie dont le format et l’armement est identique à ceux installés à Zuydcoote.
Les autres défenses de la place de Dunkerque ayant été déclassées en 1930, la marine fait construire en 1946/47 deux petits forts à 2km de Dunkerque, permettant une défense totale en direction de la terre à condition que des ouvrages de campagne soient également construits pour accueillir des unités de l’armée de terre par exemple pour pouvoir défendre le port en vue d’une potentielle évacuation vers le sud ou vers l’Angleterre.
Ces deux petits forts inspirés des ouvrages de la ligne Maginot disposent chacun de deux canons de 138mm modèle 1910 _issus des Courbet désarmés ou des Bretagne reconstruits_ en affûts simples sous masque, de quatre canons de 90mm modèle 1939 en deux affûts doubles pour principalement le tir antiaérien et de trois créneaux jumelant un canon de 47mm et deux mitrailleuses de 7.5mm.
La DCA n’est pas oubliée avec quatre canons de 25mm Hotchkiss en affûts simples. Chaque fort est armé par une compagnie d’équipage d’ouvrage (CEO)
A la mobilisation, des travaux complémentaires doivent être réalises : tranchées, pose de mines, barbelés, ouvrage de campagnes dont l’armement doit être assuré par l’armée de terre.
Côté mer, des pièces légères de 37 ou de 47mm doivent être installés pour empêcher une compagnie de débarquement de ravager par un raid audacieux les installations de la station navale de Dunkerque.
La défense antiaérienne de la place-forte de Dunkerque est assurée par la 1ère Batterie Anti-Aérienne de Marine (1ère BAAM) qui dispose de huit canons de 90mm implantés sur des encuvements en acier et en béton mais pouvant être tractés et de douze canons de 25mm Hotchkiss en affûts doubles.
Cette défense antiaérienne peut être renforcée en temps de guerre par le déploiement d’unités relevant de la Défense Aérienne du Territoire (D.A.T) ou d’unités en campagne déployées dans la région en l’occurence celle de la 7ème Armée.
Les autres ports de la région qui pourraient relayer l’action de Dunkerque (par exemple en le désengorgeant) sont également protégés.
La défense de la place de Calais est assurée par de petites positions fortifiées comme le bastion II équipées de trois canons de 194mm et de canons de 37mm, le Fort de l’Estran qui dispose de quatre canons de 75mm, le bastion XII qui dispose de quatre canons de 120mm modèle 1878 et de quatre canons de 164mm modèle 1893 modifié 1896, du Fort Lapin équipé de quatre canons de 164mm et du poste de défense du Gris-Nez qui dispose de quatre canons de 100mm.
Ces fortifications sont modernisées entre 1940 et 1948 avec le maintien des canons de 75, de 164 et de 194mm mais la suppression des canons de 120mm et de 100mm obsolètes et aux stocks de munitions réduits. Si les canons de 120mm ne sont pas remplacés, ceux de 100mm sont remplacés par quatre canons de 90mm modèle 1939 en deux affûts doubles.
La défense en direction de la terre est prévue par la construction d’ouvrages de campagne semblables à la ligne CEZF au total quatre petits ouvrages (PO) équipés chacun d’un affût avec un canon de 47mm et une mitrailleuse, une cloche GFM (Guet et Fusil-mitrailleur) et une cloche à mitrailleuses.
La défense antiaérienne du port de Calais est assurée par……les anglais. Calais étant avec Boulogne le principal port de débarquement (puis du ravitaillement du BEF), sa protection antiaérienne est sérieuse avec deux batteries de quatre canons de 94mm et deux batteries de six canons Bofors de 40mm.
Le port de Boulogne est défendu par le Fort de Crèche qui dispose de quatre canons de 194mm et deux canons de 95mm, du Mont de Couple avec 4 canons de 138mm ainsi que de batteries de circonstance, installées durant la guerre de Pologne à savoir une batterie défendant la digue Carnot avec deux canons de 75mm, une batterie défendant le bassin Loubet avec quatre canons de même calibre et enfin une batterie implantée au Sémaphore de Cayeux avec deux canons de 95mm.
Après la fin de la guerre de Pologne, les batteries de circonstance sont démantelés. Le Fort de la Crèche est modernisé avec le maintien des canons de 194mm et le remplacement des canons de 95mm par des canons de 90mm.
Quand éclate la seconde guerre mondiale, le Fort de Crèche et le fort Mont de Couple ont reçut une DCA sous la forme chacun de quatre canons de 25mm ainsi que des mitrailleuses de 7.5mm pour la défense contre les attaques d’infanterie.
Les batteries de circonstance sont réarmés avec des canons de 75mm et des mitrailleuses. Des fortins pour la défense terrestre commencent à être construits, devant être occupés par des territoriaux qui devront mettre en œuvre les canons de 47mm et les mitrailleuses.
La défense antiaérienne du port est assurée par une batterie de la D.A.T déployée début septembre, une batterie équipée de douze canons de 40mm Bofors.
Navires stationnés au 5 septembre 1948
-Croiseur léger antiaérien Waldeck-Rousseau, navire-amiral de l’ELN
-Contre-torpilleurs Kersaint et Cassard (classe Vauquelin) formant la 8ème DCT
-Torpilleurs d’escadre Davout Soult Massena (classe Empire) formant la Flottille des Torpilleurs du Nord (FTN)
-Torpilleurs légers Le Normand Le Parisien Le Provençal Le Saintongeais (classe Le Fier) formant la 5ème DT
-Corvettes anti-sous-marines L’Algeroise L’Aixoise La Quimperoise et La Cherbougeoise formant la 8ème DEO
-Sous-marins Fructidor Brumaire Pluviose (classe Phenix) formant la 16ème DSM
-Chasseurs de sous-marins CH-41 et CH-42
-Une flottille de vedettes lance-torpilles, la 1ère flottille légère du Nord (1ère ELN) avec la 1ère ELM (VTB 50 à 55) et la 2ème ELM (VTB 35 à 40)
-la canonnière L’Yser (classe Aisne) utilisée comme navire de sûreté
A la fin 1936, une équipe d’ingénieurs de la SNCAO issus de la compagnie «Avions Marcel Bloch» commença à travailler sur un projet de bimoteur bi ou triplace pouvant mener plusieurs missions et destinés à occuper l’espace séparant les avions type B4 (bombardiers quadriplaces comme l’Amiot 351 ou le Lioré et Olivier Léo 451), les bimoteurs légers C3 (chasseurs triplaces comme le Potez 631) et les avions d’assaut et de bombardement type AB2 (comme le Bréguet 691).
C’est l’acte de naissance du MB-170 dont deux prototypes furent réalisés, le premier effectuant son premier vol le 15 février 1938 mais fût perdu le 17 mars 1938, le second restant seul en piste, un second prototype à la configuration modifiée (suppression de la coupole ventrale notamment).
Les besoins officiels ayant changé, les projets MB-171/172/173 ne dépassèrent pas le stade la planche à dessin et seul resta en piste, le MB-174 conçu pour la reconnaissance stratégique, le premier prototype quittant le plancher des vaches la première fois le 5 janvier 1939.
Seuls cinquante MB-174 furent construits, l’armée de l’air préférant mise sur le Bloch MB-175 plus adapté à la mission de bombardement avec notamment une soute à bombes agrandie qui lui fit prendre quinze centimètres.
En septembre 1939, les plans officiels prévoyaient pour l’armée de l’air la commande de 814 MB-175 et de 323 MB-176. Ce dernier modèle était identique en tout point au MB-175. La seule différence était cependant de taille : les Gnome Rhône 14N très employés sur les chasseurs de l’époque cédaient la place aux Pratt & Whitney Twin Wasp. Ce plan fût revisé en février 1940 avec 660 MB-175 et 1550 MB-176 à livrer entre avril 1940 et juillet 1941.
Et la marine dans tout ça ? Cherchant un avion de reconnaissance et d’attaque maritime performant, elle s’intéressa d’abord au Bréguet 693 puis au Potez 631 avant de jeter son dévolu sur le Bloch MB-175 suite au rapport favorable d’un pilote de la marine détaché au sein de l’armée de l’air dans le cadre de la coopération interarmées.
Elle commanda deux prototypes d’une version de reconnaissance et d’attaque maritime qui effectuèrent leur premier vol en février 1940, respectivement les 2 et 12 février.
Satisfaite des modifications _traitement anti-corrosion, radios plus performantes, soute aménagée pour une torpille……_, la marine décida de passer commande. En juillet 1940, la SNCAO reçoit une commande de soixante-douze Bloch MB-175T destinés à équiper six escadrilles de douze appareils.
Ces appareils sont livrés entre septembre 1940 et mai 1941 et à cette première commande succède une deuxième en novembre 1941 pour trente-six appareils destinés à servir de volant de fonctionnement. Cette commande est honorée en février et juillet 1942.
Enfin, en juillet 1948, une troisième commande de 36 appareils est passée à la SNCAO, les premiers appareils étant livrés en octobre 1948, la commande étant totalement honorée en mars 1949.
-La première unité équipée de ce rutilant bimoteur est l’escadrille 6B de la 2ème flottille d’aviation navale. Basée à Fréjus-Saint Raphaël, elle dispose de douze Bloch MB-175T et est considérée comme opérationnelle sur sa nouvelle monture à la mi-décembre après six semaines d’entrainement intensif.
Ces appareils sont chargés de la surveillance de la Méditerranée et en cas de conflit contre l’Italie de s’attaquer à la navigation italienne dans le Golfe de Gênes à l’aide de bombes, de torpilles et nouveauté de roquettes air-sol particulièrement efficaces contre les navires marchands, les navires auxiliaires et les petites unités peu ou pas protégés.
Le 31 août 1948, l’unité dispose toujours de douze bimoteurs MB-175T même si sur ces douze appareils, quatre sont des appareils de remplacement, deux ayant été perdus au cours d’exercice et deux ayant été réformés suite à des problèmes récurrents de moteurs et une usure prononcée de certaines pièces vitales.
Dès le lendemain 1er septembre, l’unité maintien en vol au dessus de la Méditerranée une patrouille de deux MB-175T, chacun armés de deux bombes de 250kg pour une mission de reconnaissance armée.
Ce dispositif est maintenu jusqu’au 12 septembre 1948 _date de sa suppression_, l’Italie ne bougeant pas (encore ?).
-L’Escadrille 5T de la 5ème FAN basée à Lorient-Lann Bihoué est la deuxième unité à recevoir ce nouvel appareil. Les douze Bloch MB-175T de sa dotation organique lui sont livrés en février et mars 1941, la 5ème escadrille de torpillage étant déclarée opérationnelle sur ce nouvel appareil le 3 mai 1941.
Sa mission est de surveiller le Golfe de Gascogne et d’interdire cette «mer intérieure» aux forces navales et sous-marines de l’ennemi pour ainsi protéger les accès aux ports militaires (Brest et Lorient) et civils (Quimper, Saint-Nazaire et Nantes, La Rochelle-La Pallice, Bordeaux, Biaritz, Bayonne, Hendaye………..).
Ces appareils sont toujours en service le 1er septembre 1948 même si sur les douze appareils du lot d’origine, deux ont été perdus en mer et un à l’atterrissage, appareils remplacés par des appareils stockés à Orly.
Mise sur le pied de guerre, l’escadrille 5T va multiplier les patrouilles dans le Golfe de Gascogne pour empêcher tout mouvement ennemi qu’il soit allemand ou espagnol même si le premier est plus crédible que le second.
-L ‘Escadrille 10B voit officiellement le jour le 13 juillet 1941 au sein de la toute nouvelle 4ème flottille d’aviation navale (4ème FAN) qui regroupe les avions terrestres destinés à appuyer depuis la base de Sidi-Ahmed, les unités de la 6ème Escadre Légère. Comme ses cinq autres consoeurs, la 10ème escadrille de bombardement reçoit douze Bloch MB-175T.
Trois appareils ont été perdus durant l’utilisation de cet appareil mais fort heureusement sans perte en vies humaines.
Le 31 août 1948, l’unité est mise en alerte et voit ses effectifs complétés par le rappel de réservistes et d’anciens de l’unité qui se portent volontaires. L’escadrille 10B reçoit pour mission de surveiller le Golfe de Syrte et pour plus d’efficacité, un détachement avancé est établit à Gabès pour multiplier les patrouilles dans cette région.
-L’Escadrille 1B jadis équipée de bombardiers en piqué Vought 156F est transformée sur Bloch MB-175T, douze bimoteurs remplaçant en septembre 1942 sur la base aéronavale de Calais-Marck neuf bombardiers en piqué monomoteurs.
En cas de conflit, la mission de cette unité est d’interdire à la flotte allemande l’accès à la Manche et d’appuyer à la fois l’ELN mais également si ils le souhaitent, le Corps Naval Belge et la marine néerlandaise.
Trois appareils sont perdus au cours de ces six années d’utilisation : un en mer en mars 1944 (équipage disparu présumé mort), un à atterrissage en septembre 1945 (équipage sauf) et un autre en mer en mai 1947 (équipage récupéré par un Potez-CAMS 143 de l’escadrille 5E)
A partir de juin 1945, cette escadrille bénéficie du renfort de l’escadrille 15T équipée de douze bombardiers-torpilleurs Lioré et Olivier Léo 456, les MB-175T pouvant pister un ou plusieurs navires ennemis et déclencher sur eux la foudre avec les bombadiers-torpilleurs de cette nouvelle escadrille.
A partir du 1er septembre 1948, les Bloch MB-175T de la 1B vont multiplier les patrouilles dans le détroit du Pas de Calais et en mer du Nord, patrouilles qui prennent une autre importance et une autre saveur avec les raids aériens allemands et l’invasion de la Norvège et du Danemark.
-L’escadrille 15B est la dernière à recevoir (avant guerre) le nouveau bimoteur. Créée le 21 septembre 1941 à Than-Son-Nut avec douze Martin 167F.
En novembre 1943, les dix Martin 167F sont remplacés par douze Bloch MB-175T de reconnaissance et d’attaque maritime.
Cette escadrille basée sur ce qui n’est pas encore l’aéroport international de Saïgon doit donner de l’allonge aux FNEO en lui permettant d’affaiblir et d’amoindrir les forces navales adverses avant qu’elles n’entrent en contact avec les forces amies. Sa capacité de bombardier horizontal sera également précieuse pour appuyer les troupes au sol défendant l’Indochine.
En septembre 1945, l’unité intègre la 12ème flottille d’aviation navale et déménage à Cam-Ranh d’où elle mène ses missions de reconnaissance armée.
Au 1er septembre 1948, l’unité peut fièrement afficher un taux d’attrition nul _en dépit d’une utilisation intensive des bimoteurs MB-175T_ et à partir du 5 septembre 1948 renforce sa présence au dessus des flots au cas où le Japon aurait eut un plan concerté avec l’Allemagne.
Caractéristiques Techniques du Bloch MB-175T
Type : bimoteur d’attaque et de reconnaissance maritime
Motorisation : deux moteurs radiaux Gnôme-Rhône 14N-48 (G)/49 (D) 14 cylindres en étoile refroidis par air dévellopant 1140ch et entrainant des hélices tripales
Armement : deux mitrailleuses MAC 34 de 7.5mm dans les ailes alimentées à 1000 coups chacune, deux mitrailleuses de 7.5mm en un affût double en poste arrière, une puis trois mitrailleuses en poste de défense arrière.
Soute aménagée pour pouvoir emporter une torpille de 400mm (poids : 674kg). Points d’appui sous les ailes pour deux bombes de 125kg sous chaque aile ou pour un total de six roquettes de 130mm.
Equipage : pilote, observateur _dirige les mitrailleuses du poste inférieur arrière par une pédale_ et un mitrailleur en poste arrière