Mitteleuropa Balkans (134) Yougoslavie (22)

Organisation générale et organisation des grandes unités

NdA : ne seront abordées ici que les structures des grandes unités de l’armée royale yougoslave

Division d’Infanterie

Temps de paix

En temps de paix la division d’infanterie yougoslavie dispose de trois régiments d’infanterie et deux régiments d’artillerie qui forment une brigade. A cela s’ajoute des unités de cavalerie, d’appui et de soutien.

Temps de guerre

Quand éclate l’opération MARITSA, la divison d’infanterie yougoslave type comprends 26 à 27000 hommes avec 11200 chevaux et animaux de trait. Elle est organisée de la façon suivante :

-Un quartier général

-Un quartier général divisionnaire d’infanterie chapeautant trois ou quatre régiments d’infanterie

-Un quartier général divisionnaire d’artillerie avec deux régiments d’artillerie

-Un bataillon de cavalerie avec deux escadrons montés, un escadron cycliste, un peloton d’autos blindées (pour certaines) et un peloton de mitrailleuses

-Un bataillon de pionniers à trois compagnies

Canon de 37mm modèle 1937

-Une compagnie antichar avec douze canons antichars de 37 ou de 47mm

-Une compagnie de mitrailleuses

-Une compagnie de mitrailleuses antiaériennes

-Une compagnie de transmissions

-Unités logistiques

1ère Armée Yougoslave

Quand les yougoslaves parviennent à reconstituer une armée, le cœur est composé de quatre divisions d’infanterie organisées de la façon suivante :

-Un état-major

-Des unités logistiques

Char léger M-24 Chaffee

-Un bataillon de reconnaissance disposant d’autos blindées M-8 Greyhound et de chars légers M-24 Chaffee

-Trois régiments d’infanterie portée

-Un régiment d’artillerie équipé de M-7 Priest

-Un bataillon du génie

-Une compagnie antichar

-Une compagnie antiaérienne

Division Légère d’Infanterie

Ces deux divisions d’infanterie sont créées dans la foulée de la reconquête de la Yougoslavie avec des partisans et des maquisards, des jeunes recrues trop jeunes en 1949 le tout encadré par des officiers, des sous-officiers détachés de divisions existantes.

Ces deux divisions sont tout juste opérationnelles quand se termine le conflit et après plusieurs tentatives de réforme elles sont finalement dissoutes en 1957. Elles sont organisées de la façon suivante :

-Un état-major

-Des unités logistiques

-Une compagnie de reconnaissance équipée d’autos blindées

-Deux régiments d’infanterie

-Un régiment d’artillerie

-Une compagnie du génie

-Une compagnie antichar

-Une compagnie antiaérienne

Division d’Infanterie de Montagne

-Un état-major

-Des unités logistiques

-Une compagnie d’éclaireurs skieurs

-Trois régiments d’infanterie de montagne

-Un régiment d’artillerie de montagne

-Un bataillon du génie

-Une compagnie antichar

-Une compagnie antiaérienne

Division de Cavalerie

Temps de paix

En temps de paix les deux divisions de cavalerie existantes disposent de deux état-majors de brigade de cavalerie et de quatre régiments montés.

Temps de guerre

En temps de guerre les trois divisions de cavalerie disposent de 6 à 7000 hommes. Elles sont organisées de la façon suivante :

-Un bataillon divisionnaire de cavalerie disposant de deux escadrons montés, un escadron de mitrailleuses, un escadron du génie et une compagnie cycliste

-Une brigade de cavalerie à deux ou trois régiments de cavalerie

-Un bataillon d’artillerie à quatre batteries dont une batterie antichar motorisée

-Deux bataillons d’infanterie cycliste à trois compagnies de fusiliers et une compagnie de mitrailleuse

-Une compagnie de transmissions

-Une compagnie de pontonniers

-Un peloton de défense chimique

Division de la Garde

-Deux régiments de cavalerie

-Un régiment d’infanterie

-Un régiment d’artillerie

Brigade mécanisée

-Un état-major

-Une compagnie de reconnaissance motorisée

char léger modèle 1935 M.39 dit Hotchkis H-39

-Deux bataillons de chars légers Hotchkiss H-39

-Deux régiments à trois bataillons d’infanterie portée (camions d’origine américaine)

-Un régiment d’artillerie motorisée

-Un bataillon du génie

-Une compagnie de transmissions

-Une compagnie antichar

-Une compagnie antiaérienne

Division Blindée

Si la création de nouvelles divisions d’infanterie ne posait pas trop de problèmes, la création d’une division blindée ne paraissait pas si évident que cela, les alliés doutant de la capacité du gouvernement yougoslave en exil à créer ce type d’unité.

Finalement le personnel issu de la brigade mécanisée, d’anciens fusiliers cyclistes, d’anciens cavaliers qui durent faire le deuil de «la plus belle conquête de l’homme» et de jeunes fantassins avides de nouveauté et de modernité permis la création de la 1ère Division Blindée Yougoslave, une division entièrement équipée par les américains suite à un partage entre alliés, les français s’occupant essentiellement des divisions d’infanterie et les britanniques de l’artillerie et du génie (même si in fine la séparation n’était pas aussi étanche pour de basses raisons pratiques notamment la disponibilité du matériel)

Cette division blindée qui va dépendre directement de l’état-major de la 1ère Armée yougoslave était organisée de la façon suivante :

-Un état-major divisionnaire

-Une compagnie d’état-major

-Un groupement de soutien logistique

-Un bataillon de reconnaissance équipé d’autos blindées M-8 Greyhound et de M-24 Chaffee

M-10 Tank Destroyer

-Un bataillon de chasseurs de chars M-10 Tank Destroyer

M-4 Sherman à canon de 76mm

-Deux régiments de chars équipés de M-4 Sherman à canon de 76mm

Des passionnés d’histoire reconstituant des combats à bord d’un semi-chenillé M-3

-Deux régiments d’infanterie portée disposant de half-track M-3 et de canons d’assaut Somua Sau-40

Canon d’assaut Somua Sau40

-Un régiment d’artillerie automotrice équipée de M-7 Priest

-Un compagnie antiaérienne

-Un bataillon du génie

-Une compagnie de transmissions

Autres unités (1) : niveau régimentaire

Régiment d’Infanterie

Chaque régiment d’infanterie yougoslave dispose en juillet 1949 de trois ou quatre bataillons d’infanterie et une compagnie de mitrailleuses régimentaire. Cette compagnie devient pour certains régiments une compagnie régimentaire d’engins avec mitrailleuses et mortiers mais cela concerne quelques régiments, le temps et les moyens manquant pour réorganiser tous les RI.

Les régiments d’infanterie «nouvelle formule» créé à partir de 1950 sont organisés de la façon suivante :

-Un état-major régimentaire

-Trois bataillons disposant d’une compagnie de commandement et de soutien, trois compagnies de combat et une compagnie d’appui (mitrailleuses et mortiers)

Régiment d’infanterie portée

Ce régiment est créé au sein de la brigade mécanisée, la seule unité motomécanique de l’armée yougoslave en juillet 1949. Deux régiments d’infanterie sont destinés à accompagner les chars Hotchkiss H-39 de la brigade, d’occuper le terrain, de neutraliser les positions fortifiées….. .

En temps de paix ces deux régiments dispose de deux bataillons plus un bataillon cadre destiné à la formation, bataillon qui en temps de guerre doit devenir un bataillon opérationnel.

Le régiment d’infanterie portée dispose d’un état-major régimentaire, d’une compagnie d’état-major, de trois bataillons d’infanterie portée et d’une compagnie antichar.

Quand la Yougoslavie peut mettre sur pied une division blindée en Egypte, les hommes des régiments portés qui n’ont pas démérité durant la Campagne de Yougoslavie vont participer à la renaissance de ce type d’unité avec des moyens supérieurs fournis notamment par les américains qui vont livrer des Halftrack M-3 qui va devenir le cheval de bataille de ces deux nouveaux régiments portés.

Tirant les leçons de leur propre expérience et de l’expérience des alliés, les yougoslaves ont fait évoluer l’organisation de l’unité :

-Un état-major régimentaire

-Trois bataillons disposant d’une compagnie de commandement et de soutien, de trois compagnies de combat et d’une compagnie d’appui

-Un bataillon de canons d’assaut Somua Sau-40 (des véhicules de seconde main, entièrement révisés et cédés à la Yougoslavie)

Régiment de Cavalerie

Chaque régiment de cavalerie dispose de quatre escadrons montés, d’un escadron de mitrailleuses et d’un escadron du génie.

Ce type d’unité n’est pas reconstitué dans la nouvelle armée yougoslave faute de moyens et en dépit du fait que le théâtre d’opérations des Balkans se prétait bien à l’utilisation d’unités montées.

Régiment de chars

Les deux régiments de chars de la 1ère division blindée sont organisées de la façon suivante :

-Un état-major régimentaire

M-8 Greyhound

-Un escadron d’éclairage et d’appui disposant d’un peloton de commandement et de soutien, de deux pelotons d’autos blindées M-8 Greyhound et d’un peloton de chasseurs de chars M-10.

-Trois escadrons disposant d’un peloton de commandement et de transmissions, de quatre pelotons de cinq chars Sherman et un peloton d’autos blindées M-8 Greyhound.

Régiment d’Artillerie

Le régiment d’artillerie divisionnaire type dispose de quatre bataillons d’artillerie, un bataillon d’obusiers légers de 100mm, un bataillon de canons de montagne (65 ou 75mm) et deux bataillons d’artillerie de campagne (canons de 75 ou de 80mm).

Le régiment d’artillerie de montagne ne dispose que de trois bataillons d’artillerie, un bataillon d’obusier léger de 100mm et deux bataillons d’artillerie de montagne équipés de canons de 65 ou de 75mm.

Les six régiments d’artillerie antiaérienne existant en juillet 1949 sont organisés en trois bataillons de douze pièces soit un total de 216 canons médians.

Les nouveaux régiments d’artillerie organisés après 1950 sont tous organisés sur le même modèle, seu l’équipement variant avec soit des pièces automotrices ou des pièces tractées. Le régiment comprend un état-major, une batterie de commandement et de soutien, deux groupes à trois batteries de quatre pièces soit 24 canons ou obusiers et une batterie de reconnaissance et de conduite de tir avec notamment un peloton de huit M-3 Scout Car.

M-3 Scout Car

Autres unités (2) : niveau bataillon

Bataillon d’infanterie cycliste

Au sein des deux divisions de cavalerie existantes en temps de paix on trouvait un total de six bataillons d’infanterie cyclistes. A la mobilisation ce nombre tombe à deux par divisions pour permettre la mise sur pied d’une troisième division de cavalerie.

Chaque bataillon de ce type se compose de trois compagnies de fusiliers cyclistes et une compagnie de mitrailleuses.

Ces unités ne sont pas reconstituées en 1949/50 mais nombre de fusiliers cyclistes vont se retrouver au sein de la division blindée au sein des régiments d’infanterie portée.

Bataillon parachutiste yougoslave

Ce bataillon est le bataillon des occasions manquées. Mis sur pied à l’automne 1951 il est à plusieurs reprises mis en alerte pour des sauts tactiques ou des raids commandos (au grand dam de la 7ème compagnie qui y voit une intolérable intrusion dans son domaine réservé) mais ne connaitra jamais de saut opérationnel.

A son grand dam il sera engagé comme unité d’infanterie légère, certes en avant du front pour des raids pour s’emparer d’une position stratégique mais jamais après un largage par avion.

Dissous après guerre, il sera reconstitué à l’époque communiste qui ira jusqu’à créer une véritable brigade aéroportée mais ceci est une autre histoire qui sort de ce cadre.

Le bataillon comprenait une compagnie de commandement et de soutien, trois compagnies de fusiliers parachutistes et une compagnie d’armes lourdes (mortiers, mitrailleuses et canons antichars d’infanterie utilisés comme canons d’appui et non pour leur rôle premier).

Bataillon de cavalerie

Pour éclairer, couvrir et flanquer, chaque division d’infanterie dispose d’un bataillon de cavalerie. Il est organisé de la façon suivante :

-Deux escadrons montés à quatre pelotons montés ou trois pelotons montés plus un peloton cycliste et un peloton de mitrailleuses

-Un escadron cycliste à trois pelotons cyclistes et un peloton de mitrailleuses

-Un peloton de mitrailleuses lourdes

-Un peloton d’autos blindées

Bataillon divisionnaire de cavalerie

Ce bataillon dépendait directement de l’état-major divisionnaire des divisions de cavalerie existants à l’époque de l’opération MARITSA. Ils étaient organisés de la façon suivante :

-Deux escadrons montés à trois pelotons plus un peloton de mitrailleuses

-Un escadron de mitrailleuses

-Un escadron du génie

-Une compagnie cycliste

Bataillon de chars légers

En juillet 1949 la brigade mécanisée disposait de deux bataillons de chars légers équipés d’Hotchkiss H-39.

La Yougoslavie en avait reçut 90 exemplaires de quoi équiper deux bataillons selon le modèle français mais à l’usage Belgrade va préférer réduire le nombre de chars en ligne pour faire durer son parc, l’idée de récupérer les R-35 ayant été écartée.

Le bataillon de char léger était organisé en un peloton de commandement et de soutien, trois pelotons de huit chars et un peloton de transmissions.

Cela donnait donc quarante-huit chars légers en ligne et le reste en volant de réserve, volant mobilisé au moment de l’opération MARITSA pour créer des compagnies de marche.

Renault R-35

L’armée yougoslave disposait également d’un bataillon de chars qui avait remplacé ses Renault FT antédéluviens par des Renault R-35, les Renault FT encore en état formant des compagnies indépendantes.

Bataillon de reconnaissance

Cette unité voit le jour au sein des divisions d’infanterie et de la division blindée reconstituées en Egypte par les alliés avec essentiellement un équipement américain. Il est organisé de la façon suivante :

-Une compagnie de commandement et de soutien

-Une compagnie de chars légers M-24 Chaffee

-Deux compagnies d’autos blindées M-8 Greyhound

Bataillon de pionniers

Ce bataillon est l’équivalent avant guerre des bataillons du génie des autres armées. Il comprend trois compagnies qu sont initialement identiques mais avec le temps on note une certaine spécialisation avec par exemple une compagnie de déminage, une compagnie de pionniers d’assaut et une compagnie d’aménagement.

Bataillon du génie

Ce bataillon est organisé de la façon suivante :

-Un état-major

-Une compagnie de pontonniers

-Une compagnie de pionniers d’assaut

-Une compagnie d’aménagement du terrain

Autres unités (3) : niveau compagnie

Compagnie d’infanterie type 1941

-Un état-major de compagnie, quatre pelotons d’infanterie et une compagnie de ravitaillement.

-L’état-major de compagnie comprend un capitaine, un sergent chef (armés de pistolets), deux estafettes disposant de fusils, deux clairons eux aussi armés de fusils, deux infirmiers de combat armés de pistolets, quatre aides médicales et un soldat s’occupant du chef du capitaine.

-Chaque peloton dirigé par un lieutenant (armé d’un pistolet) dispose d’une escouade de fusiliers dirigée par un caporal avec dix fusiliers et un grenadier. Ils sont tous armés d’un fusil, le dernier disposant d’un système permettant de lancer des grenades VB.

Aux côtés de l’escouade de fusiliers on trouve trois escouades de mitrailleuses légères dirigée chacune par un sergent armé d’un fusil, un caporal tireur disposant d’un fusil mitrailleur et d’un pistolet comme arme d’autodéfense, un pourvoyeur armé d’un pistolet, un transporteur de munitions armés d’un fusil, un caporal armé d’un fusil, cinq fusiliers et un grenadier.

-Le train de compagnie dirigée par un sergent armé d’un pistolet comprend un jeune sergent armé d’un pistolet, cinq soldats servant de Batmen, deux cuisiniers, un clerc, douze palfreniers et seize chevaux tractant une remorque

Au total la compagnie d’infanterie comprend cinq officiers, 214 sous-officiers et soldats, 34 pistolets, 160 fusils, 12 fusils mitrailleurs, douze lance-grenades et dix-sept chevaux.

Compagnie d’infanterie type 1950

Au sein de l’armée yougoslave reconstituée, la compagnie d’infanterie est organisée de la façon suivante :

-Un état-major de compagnie

-Quatre sections de combat avec un groupe d’état-major, quatre groupes de douze hommes organisé autour d’un ou deux fusils mitrailleurs et un groupe de mortiers avec deux mortiers de 60mm

-Une section d’appui avec un groupe de quatre mitrailleuses ou fusils mitrailleurs, un groupe de deux mortiers de 60mm et un groupe antichar avec des lance-roquettes

Compagnie de reconnaissance

Equipée d’autos blindées elle était organisée en un peloton de commandement et de soutien et trois pelotons de quatre autos blindées.

Compagnie de chars/Compagnie de marche

Renault FT

En septembre 1939 les chars en service dans l’armée yougoslave sont au nombre de 110, 54 Renault R-35 et 56 Renault FT, les premiers pouvant encore faire illusion contrairement aux seconds.

Si les Hotchkiss H-39 vont former le cœur de la brigade mécanisée, les Renault FT et les Renault R-35 vont être dispatchés entre différentes unités.

Au moment de l’opération MARITSA, on compte deux compagnies de quinze vénérables Renault FT soit 30 chars en service mais aussi trois compagnies de 15 Renault R-35 soit quarante-cinq chars en ligne, les cinq derniers étant en réserve. Si les compagnies de Renault FT sont indépendantes, celles équipées de R-35 forment un bataillon indépendant de char.

Les Hotchkiss H-39 en parc vont également former des compagnies indépendantes en l’occurence sept compagnies de six.

Ces différentes compagnies vont être engagés dans des opérations quasi-suicidaires de freinage des unités allemandes ou en appui de l’infanterie. Le personnel survivant ayant passé cette terrible ordalie va offrir un précieux vivier de personnel compétent pour créer la 1ère division blindée yougoslave.

Compagnie antichar

Avant l’opération MARITSA, les compagnies antichars yougoslaves sont organisées de la même façon avec douze canons antichars de 37 ou de 47mm, canons remorqués soit par des chevaux dans les unités hippomobiles ou par des camions pour les quelques unités motorisées.

Canon antichar QF 6 Pounder (57mm)

Dans les unités reconstituées, la compagnie antichar yougoslave est mieux structurée avec trois pelotons de quatre canons antichars (des canons de 57mm britanniques) et un peloton de casseurs de chars armés de Bazooka.

Compagnie antiaérienne/Compagnie de mitrailleuses antiaériennes

En juillet 1949 la compagnie antiaérienne yougoslave est organisée selon le même modèle que la compagnie antichar avec douze pièces soit des mitrailleuses lourdes de 13.2mm ou des canons antiaériens légers de 20mm.

Canon de 20mm Oerlikon en affût terrestre

Dans les unités reconstituées la compagnie antiaérienne yougoslave dispose de deux pelotons de six Bofors de 40mm et deux pelotons de huit Oerlikon de 20mm soit une puissance de feu nettement supérieure à celle de ces devancières.

Compagnie du génie

Elle était organisée en une section de commandement et de transmissions, une section de minage, une section de déminage et une section d’aménagement du terrain.

7ème compagnie de commandos

En dépit des difficultés dans la (re)mise sur pied de l’armée yougoslave les alliés acceptèrent très vite la proposition de mettre sur pied une compagnie commando.

Cette 7ème compagnie commando est ainsi créée le 7 janvier 1950 et va intégrer le 10ème commando interallié qui comme son nom l’indique était multinational.

Il comprenait en effet deux compagnies britanniques (1ère et 3ème), une compagnie française (la 2ème dite Compagnie de la Garde), une compagnie polonaise (4ème), une compagnie grecque (5ème) et une compagnie sud-africaine (6ème).

Cette compagnie yougoslave était composée de soldats ayant notamment servit avant guerre dans les troupes de montagne ou dans la Division de la Garde. Ils étaient donc considérés comme appartenant aux meilleures unités de l’armée yougoslave. Cette compagnie était organisée de la façon suivante :

-Un état-major

-Une section de commandement et de transmissions

-Deux sections d’action directe

-Une section de tireurs de précision

-Une section de mitrailleuses

Cette compagnie va opérer dans des raids contre l’arrière du front en Grèce et en Yougoslavie, vont mener des opérations homo contre certains chefs collabos ou d’anciens résistants retournés par les allemands et les italiens.

Ils vont être les premiers soldats yougoslaves à reprendre officiellement la lutte et pénétrer sur le territoire yougoslave.

Le conflit terminé, cette 7ème compagnie quitte le giron interallié pour intégrer pleinement l’armée yougoslave. En 1956 cette compagnie devient bataillon va devenir le dernier rempart d’une monarchie aux abois. Pas étonnant qu’en 1958 à leur arrivée au pouvoir les communistes vont dissoudre ce bataillon avant de créer rapidement leurs propres unités de forces spéciales.

Mitteleuropa Balkans (131) Yougoslavie (19)

Création et évolution de la Jugoslovenska vojska

La future Jugoslovenska vojska voit le jour le 1er novembre 1918 quand le Conseil National des Croates, Slovènes et Serbes met sur pied un Département de la Défense Nationale pour pouvoir chapeauter les unités austro-hongroises présentes sur son territoire.

Un mois plus tard l’Etat des Slovènes, Croates et Serbes s’unit avec le Royaume de Serbie ce qui donne naissance au Royaume des Serbes, Croates et Slovènes.

Quatre jours plus tard, le 5 décembre 1918, le 25ème régiment d’infanterie de la Garde Nationale Croate ainsi que des éléments de la 53ème DI opposés à l’unification des Slaves du Sud dans un même état manifestent dans les rues de Zagreb.

La police charge et règle le problème de façon musclée puisqu’on compte 15 morts et 17 blessés. Les unités concernées sont aussitôt démobilisées puis dissoutes.

A la fin de l’année 1918, une mission militaire serbe dirigée par Milan Pribicevic, Dusan Simovic et Milisav Antonijevic arrive à Zagreb pour former l’armée du nouveau royaume.

Le 1er janvier 1919 134 officiers supérieurs de l’armée austro-hongroise sont mis à la retraite ou relevés de leurs postes. En 1919/20 des combats opposent l’armée yougoslave et des corps françs autrichiens à propos de la Carinthie, region disputée entre la future Yougoslavie et la république d’Autriche.

En 1921 l’armée yougoslave comprend une division de cavalerie à quatre régiments montés et seize divisions d’infanterie à trois régiments d’infanterie et un régiment d’artillerie plus des unités d’appui et de soutien.

Les seize divisions d’infanterie sont regroupées en quatre zones militaires qui en temps de guerre doivent former autant d’armées : Novi Sad (1ère Armée), Sarajevo (2ème Armée), Skopje (3ème Armée) et Zagreb (4ème Armée). Fin 1921 une 2ème division de cavalerie est créée avec les quatre régiments montés qui dépendaient de chaque armée.

En ce qui concerne l’artillerie outre les régiments divisionnaires on trouve un régiment de canons et un régiment d’obusiers pour chaque armée.

Comme l’immense majorité des pays, c’est une armée de conscription, le service militaire étant nécessaire pour non seulement maintenir les effectifs du temps de paix (140000 hommes) et pour aboutir aux effectifs du temps de guerre (qui vont varier durant la période qui nous intéresse).

En ce qui concerne l’équipement il est naturellement disparate avec deux arméees disposant d’uniformes austro-hongrois et deux armées habillées à la française. L’armement est lui aussi varié avec des armes héritées de l’ancienne armée serbe et des armes venues de feu la Double-Monarchie.

Dans les années vingt l’armée yougoslave est impliquée dans plusieurs opérations comme les tentatives de retour de Charles IV de Hongrie ou encore des querelles de frontière avec l’Albanie et la Bulgarie.

Les premières années sont difficiles. La discipline est très stricte mais si une armée ne peut se passer de discipline cela ne fait pas tout. Les manques sont nombreux : budgets insuffisants, infrastructures défaillantes, manque de personnel compétent, manque de fournitures et d’armes…. .

En 1922 l’artillerie est réorganisée. Les obusiers présents au niveau des différentes armées vont rallier le niveau divisionnaire, huit des seize divisions d’infanterie disposant d’une brigade d’artillerie avec le régiment d’artillerie divisionnaire présent depuis 1921 et un régiment d’obusiers.

Les effectifs du temps de paix sont réduits passant de 140 à 10000 hommes avec le transfert des Gardes Frontières sous l’autorité du ministère des Finances alors que la Gendarmerie passe sous l’autorité du ministère de l’Intérieur.

Une partie de l’armée yougoslave est très engagée politiquement notamment des officiers serbes qui forment la Main Blanche, un groupe occulte qui va notamment tout faire pour bloquer la «yougoslavisation de l’armée». Cela explique que jusqu’à une date récente les hautes-sphères de l’armée royale yougoslave étaient quasi-exclusivement serbes.

En 1923 le service militaire universel est mis en place. Les hommes yougoslaves sont soumis à des obligations militaires de 21 à 50 ans étant affectés après leur service dans l’armée d’active lors de rappels réguliers de 21 à 40 ans puis de 40 à 50 ans dans la Réserve.

Des compagnies frontalières sont mises sur pied pour éviter les attaques surprises, compagnies qui couvrent la frontière albanaise, la frontière grecque et la frontière bulgare.

Toujours en 1923 le dernier général non serbe se retire. Le nombre de généraux passe de 26 à plus de 100.

En 1924 les seize divisions d’infanterie disposent désormais d’une brigade d’artillerie avec les deux régiments selon le modèle décrit plus haut.

En 1925 une Division de la Garde est mis sur pied avec deux régiments de cavalerie, un régiment d’infanterie et un régiment d’artillerie.

En 1926 une 5ème Armée est mise sur pied. Cette création se fait à effectifs constants avec deux divisions de la 1ère Armée (Novi Sad) et de la 4ème Armée (Zagreb).

Treize compagnies frontalières supplémentaires sont mises sur pied pour couvrir les frontières italiennes et hongroises.

Du 29 septembre au 2 octobre 1926 les premières grandes manœuvres sont organisées mais signe important on doit mobiliser des réservistes pour atteindre le chiffre de 10000 hommes.

En revanche on peut douter de la pertinence du scenario choisit à savoir des exercices s’inspirant des tactiques et des règlements de l’armée britannique avant la deuxième guerre des Boers, un conflit ayant eu lieu de 1899 à 1902.

Des militaires yougoslaves et différentes armes automatiques

En 1928 l’armée yougoslave met sur pied quatre régiments d’infanterie supplémentaires pour faire face à la montée en puissance de l’armée italienne. Ils doivent servir de noyau à quatre nouvelles divisions d’infanterie.

En 1929 Alexandre 1er met en place une dictature royale qui entraine une purge dans l’armée avec 32 généraux démis de leurs fonctions.

De nombreuses armes (fusils, mitrailleuses et canons notamment) sont livrés et la même année trois exercices inter-divisionnaires sont organisés avec des résultats mitigés.

En 1930 l’immense majorité des généraux de l’armée yougoslave sont serbes. Les généraux croates et slovènes occupent des postes secondaires. Cette politique ne va changer que dans les années quarante au moment de la Pax Armada. Cela explique les réticences des jeunes croates et des jeunes slovènes à s’engager dans l’armée puisque les perspectives de postes prestigieux sont limitées pour ne pas dire inexistantes.

En dépit d’achats réguliers d’armes les manques sont nombreux (mitrailleuses légères et lourdes, transport motorisé, transmissions, ponts mobiles, chars) et les manœuvres sont organisées comme si le premier conflit mondial n’avait pas eu lieu puisque la cavalerie charge toujours comme du temps de Napoléon ou encore l’infanterie attaque en masse à la façon de l’infanterie française à l’été 1914.

Les attachés militaires britanniques en poste à Belgrade ne sont pas tendre avec les officiers yougoslaves vus comme ultra-conservateurs, d’un esprit étroit, borné, refusant tout changement.

La crise de 1929 gêle l’entrainement des unités et quand il y à entrainement il se limite à des parades, à une formation de tir peu adaptée au combat et à quelques manœuvres en terrain libre.

En 1931 chaque bataillon d’infanterie reçoit une compagnie de mitrailleuses. Les divisions Svaska (Zagreb) et Dravska (Lubjana) convertissent un de leurs trois régiments d’infanterie en régiment d’infanterie de montagne. C’était une première étape vers la création de véritables unités de ce type.

C’est l’année suivante en 1933 que deux brigades de montagne indépendantes sont mises sur pied avec deux batteries de 75mm.

Dès cette époque on envisage une guerilla en cas d’invasion du territoire national et pour cela on prépare des unités Chetnik. Toujours en 1932, trois régiments d’artillerie antiaérienne sont mis sur pied.

Au début de 1933 Belgrade craint un conflit avec l’Italie et la Hongrie, deux pays avec lesquels la Yougoslavie partage de solides contentieux frontaliers.

L’état-major se montre cependant confiant dans les capacités d’une infanterie robuste et d’une artillerie bine équipée. Il manque cependant de nombreuses armes pour faire la différence dans un conflit moderne.

C’est aussi à cette époque que commence la période des «classes creuses», les appelés pour le service militaire sont moins nombreux qu’auparavant car nombre de jeunes hommes sont morts durant les guerres balkaniques et le début du premier conflit mondial avant d’avoir pu avoir des enfants.

Des choix sont donc faits avec des dissolutions d’unités ou la réaffectation d’effectifs dans d’autres armes. Si on dissous des unités d’infanterie on créé néanmoins trois régiments antiaériens indépendants. Il faut noter néanmoins que l’armée yougoslave connait un déficit en terme d’officiers (3500 postes vacants) et de sous-officiers (7500 postes vacants).

En 1934 on note une volonté de réduire la taille des DI pour créer un échelon intermédiaire entre la division et l’armée à savoir l’échelon du corps d’armée mais cette réforme est ralentie puis quasiment bloquée par les plus conservateurs. A noter également la création d’un bataillon de guerre chimique avec pour objectif que chaque armée dispose d’une compagnie.

Des manœuvres militaires au niveau de l’armée sont prévues pour 1935 et on commence à étudié la possibilité de développer au sein de l’armée yougoslave des unités motomécaniques. Le rapport demande cependant d’y aller avec prudence en raison d’une géographie contrainte et d’infrastructures pas toujours adaptées.

Toujours en 1935 on estime qu’il faudrait un mois à l’armée yougoslave pour mobiliser 800 à 900000 hommes. Le processus de mobilisation prévoit le dédoublement de huit des seize divisions d’infanterie du temps de paix mais aussi le dédoublement de l’unique division alpine.

On prévoit également la formation d’une troisième division de cavalerie qui représenterait vingt-quatre divisions d’environ 25000 hommes, une Division de la Garde, deux Divisions Alpines et trois Divisions de Cavalerie. La même année six régiments d’infanterie sont dissous mais les moyens sont répartis pour permettre le renforcement des régiments existants.

Des armes modernes continuent d’arriver notamment de Tchécoslovaquie mais les lacunes restent nombreuses notamment en ce qui concerne les radios et quand ces derniers sont présentes il y à impossibilité de communiquer par exemple entre l’artillerie et l’aviation ou entre l’infanterie et l’artillerie !

Les fameuses manœuvres de 1935 sont davantage des démonstrations que l’on ferait pour des autorités que de véritables exercices militaires. De plus les généraux ont peu de liberté de manœuvre ce qui nuit au but recherché à savoir amélioré les compétences des officiers d’état-major.

Renault FT en version canon avec un canon de 37mm SA modèle 1916

En 1936 un premier bataillon de chars est créé, un bataillon à trois compagnies de trois pelotons de cinq chars équipé de vénérables Renault FT.

En septembre 1937 des manœuvres sont organisées en Slovenie avec l’équivalent de quatre divisions.

Les attachés militaires invités en observateurs peuvent observer les nombreuses lacunes de l’armée yougoslave : incompétence de nombreux officiers, formation et entrainement insuffisant à tous les échelons, manque d’armes modernes….. . Le seul point positif est que les réservistes croates et slovènes ont répondu présents.

Toujours en 1937 des fortifications sont construites à la frontière italienne pour contrer une attaque surprise de l’armée italienne. Point de Ligne Maginot mais plutôt comme souvent en Europe des blockhaus et autres bunkers tactiques destinés à empêcher que l’on franchisse trop facilement la frontière. Clairement il s’agit de gagner du temps et non de stopper l’ennemi.

En 1938 la situation géopolitique de la Yougoslavie se dégrade avec l’union ou plutôt l’annexion de l’Autriche par l’Allemagne, l’affaiblissement de la Tchécoslovaquie avec les Accords de Munich. Il y à désormais une frontière commune avec l’Allemagne ce qui change bien des choses sur le plan militaire.

Toujours en 1938 un Commandement de la Défense Côtière est créé mais c’est une simple réorganisation administrative puisque cela se fait à effectifs et moyens constants. La même année les livraisons de fusils et de mitrailleuses de la part de la dynamique industrie militaire tchécoslovaque permet de combler les dernières lacunes et les premiers ouvrages fortifiés sont érigés à la frontière avec l’Allemagne.

Une chose ne change pas cependant : la surreprésentation des serbes parmi les hauts-gradés de l’armée. Sur 165 généraux on trouve seulement deux croates et deux slovènes ce qui laisse 161 postes aux serbes.

Un effort significatif sera mené durant la Pax Armada et sans totalement rééquilibrer les choses il corrigera nombre de situations abérrantes comme l’absence totale de généraux croates ou slovènes à la tête d’unité composées de soldats venus de ces régions.

A l’orée de la guerre de Pologne la Yougoslavie doit normalement pouvoir mobiliser 1 457 760 soldats répartis en trente divisions d’infanterie, une division de la Garde et trois Divisions de Cavalerie.

Quand le conflit éclate la Yougoslavie déclare sa neutralité et mobilise une partie de ses troupes pour pouvoir faire face à un débordement du conflit voir une attaque surprise de l’Italie que Belgrade fixe plutôt depuis l’Albanie en direction du Monténégro plutôt que sur la frontière nord-ouest.

La fin du conflit permet à l’armée de terre yougoslave de revenir à son format du temps de paix. Il faut cependant tenir compte des leçons du conflit et essayer si possible de corriger les problèmes d’équipement.

Sur ce plan la situation est contrastée. Si l’armée yougoslave possède 4000 pièces d’artillerie seules 1700 peuvent être considérées comme modernes et nombre d’entre-elles (812) sont des canons antichars ce qui signifie que le parc de l’artillerie de campagne est sinon obsolète du moins en voie de déclassement.

On compte également 2300 mortiers de différents calibres (mortiers d’infanterie et d’artillerie _220 et 305mm par exemple_) et 940 canons antiaériens légers et médians.

En ce qui concerne les chars et les unités motomécaniques on trouve six bataillons d’infanterie cycliste au sein des divisions de cavalerie (trois par division en temps de paix, deux en temps de guerre), six régiments d’artillerie motorisés et des unités de chars, des Renault FT et des Renault R-35. On trouve également des chenillettes à la valeur militaire douteuse et des camions importés des EUA.

Renault R-35

Le plan de mobilisation actualisé en 1941 prévoit la mise sur pied de vingt-huit divisions d’infanterie, de trois divisions de cavalerie et de trente-cinq unités indépendantes qui doivent former le cœur de groupements occasionnels pour combattre sur la frontière. A la même époque sur les 167 généraux on compte 150 serbes, 8 croates et 9 slovènes. Un progrès mais la route est encore très longue.

Les divisions doivent être regroupées en armées puis en groupes d’armées. Toujours selon le plan de mobilisation de 1941 cela doit aboutir à la situation suivante :

-2ème Groupe d’Armées (Entre les Portes de Fer sur le Danube et la Drava) : 1ère et 2ème Armée

-1er Groupe d’Armées (Italie, Allemagne et Hongrie) : 4ème et 7ème Armées

-3ème Groupe d’Armées (Roumanie, Bulgarie, Albanie) : 3ème Armée, 3ème Armée territoriale, 5ème et 6ème Armée

On peut voir que les moyens sont concentrés dans le sud du pays et non au nord. Là aussi durant la Pax Armada la répartition va être mieux équilibrée.

Mitteleuropa Balkans (89) Roumanie (19)

L’Armée roumaine dans le second conflit mondial

Soldats roumains pendant la deuxième guerre mondiale.

A l’été 1948 les tensions sont telles en Europe qu’un nouveau conflit n’est pas probable mais quasiment certain. La seule incertitude c’est où et quand.

Aucun pays ne veut être pris au dépourvu et tout en le niant vis à vis des potentiels ennemis, tous les pays d’Europe commence à mobiliser au grand désespoir des pacifistes qui espèrent sauver le continent d’une nouvelle boucherie que tout le monde pressent comme bien plus violente que celle survenue à l’automne 1939.

La Roumanie commence à ainsi à préparer le processus de mobilisation à la mi-juillet mais il s’agit de mesures juridiques et techniques. Il faut attendre le 30 août 1948 pour que les premiers réservistes rejoignent leurs casernes en attendant l’ouverture des centres de mobilisation.

Le 10 septembre 1948 un incident de frontière survient entre gardes-frontières magyars et soldats roumains dans la région de Kolozsvar (Cluj-Napoca), ces derniers étant à la recherche de déserteurs.

Cet incident à lieu dans une zone mal délimitée entre la Hongrie et la Roumanie, Budapest accusant Bucarest d’avoir pénétré sur son territoire ce que le gouvernement de Michel 1er niera toujours.

Des combats opposent les deux armées, des échanges d’artillerie laissent même craindre un conflit majeur. Les allemands qui n’y ont aucun intérêt interviennent et sifflent la fin de la récré entre deux alliés dont elle à besoin. Les deux pays se promettent une coopération militaire totale mais ce sera un leurre, les deux pays se détestant tellement qu’il fallait éviter de faire cohabiter troupes roumaines et troupes hongroises.

Des incidents de frontière ont également lieu sur la frontière roumano-soviétique, une frontière incertaine avec des zones où un flou artistique permet nombre d’interprétations. Ces incidents sont essentiellement terrestres mais également aériens et fluviaux. Si un conflit ouvert n’oppose pas la Roumanie à l’URSS à cette époque c’est que aucun pays n’y à vraiment intérêt.

Lors de l’opération Maritsa (invasion de la Yougoslavie et de la Grèce), la Roumanie ne s’engage pas tout simplement parce qu’elle n’y à pas vraiment intérêt. Tout juste ouvre-t-elle son territoire pour permettre des transports logistiques et sanitaires au profit des troupes de l’Axe.

Il va donc falloir attendre le 21 juin 1950 et le déclenchement de l’opération BARBAROSSA pour qu’enfin l’Armata Regala Romana combattent dans ce second conflit mondial entamé depuis près de deux ans maintenant.

Les troupes roumaines sont placées sous l’autorité du Heeresgruppe Süd (Groupe d’Armées Sud) et ont pour objectif Odessa, la Crimée et Sébastopol pour ne citer que les cibles principales.

Le Conducator aligne environ 700000 hommes répartis en deux armées, sept corps d’armées, quatorze divisions d’infanterie, une division blindée, trois brigades d’infanterie de montagne, quatre brigades de cavalerie partiellement motorisées, deux brigades de forteresse sans compter des unités d’appui et de soutien.

Ces moyens sont répartis entre deux armées roumaines (3ème et 4ème), un corps d’armée indépendant (2ème CA) et la 11ème Armée allemande qui comprend dix divisions d’infanterie dont cinq roumaines, l’unique division blindée roumaine et une brigade de cavalerie.

Initialement ces moyens roumains dépendaient directement du commandement de le Heeresgruppe Süd mais très vite un Groupe d’Armées Roumain est créé avec des unités roumaines et plus surprenant des unités allemandes.

-3ème Armée Roumaine

-4ème Corps d’Armée : 6ème et 7ème DI

-Corps de Cavalerie : 5ème et 8ème brigades de cavalerie

-Corps de montagne : 1ère, 2ème et 4ème brigades de montagne

-4ème Armée Roumaine

-3ème Corps d’Armée : Division de la Garde, 15ème DI et 35ème DI

-5ème Corps d’Armée : 23ème DI

-11ème Corps d’Armée : deux brigades de forteresse

-2ème Corps d’Armée : 9ème, 10ème et 11ème DI, 7ème brigade de cavalerie

-11ème Armée allemande :

-11ème Corps d’Armée : deux divisions d’infanterie allemandes (76ème et 239ème), 1ère division blindée roumaine, 6ème brigade de cavalerie roumaine

-30ème Corps d’Armée : 198ème division d’infanterie allemande, 8ème, 13ème et 14ème DI

-54ème Corps d’Armée : 50ème et 170ème divisions d’infanterie allemandes, 5ème DI roumaine.

Les moyens sont sur le papier importants mais l’équipement ne suit pas forcément (les unités allemandes sont bien équipées, les unités roumaines moins en dépit d’efforts conséquents menés durant la Pax Armada) et surtout le théâtre d’opérations est gigantesque qui plus est mal irrigué en terme d’infrastructures de transport mais comme la logistique est une matière secondaire pour les allemands c’est considéré comme peu important. Le réveil sera rude……. .

Les roumains occupent le flanc sud du Groupe d’Armées Sud avec pour objectif la reconquête de la Bessarabie et de la Bucovine du Nord puis la conquête d’Odessa et de la Crimée. Ensuite c’est plus flou mais il semble que les roumains espéraient se rendre dans le Caucase ce qui aurait probablement provoqué des frictions avec les allemands.

Carte de la Roumanie après le début de l’opération BARBAROSSA

Les combats sont âpres et violents mais mine de rien les roumains avancent vite. Ils sont très bien accueillis en Bucovine du Nord et en Bessarabie même si l’occupation militaire très dure va leur aliéner beaucoup de sympathies. Certains habitants de ces régions iront même jusqu’à regretter l’occupation soviétique ! Cela laisse songeur même si on ne peut pas exclure ici à la fois de la provocation et une sorte de dépit amoureux.

Les difficultés commencent après le franchissement du Dniestr et du Prut quand les roumains vont combattre dans des zones peuplées majoritairement d’ukrainiens. Certes les populations locales les accueillent plutôt bien (par haine du communisme stalinien uniquement) mais les combats sont rudes avec la RKKA qui bien que ressemblant à une bête blessée est toujours capable de donner de sérieux coups de griffe.

Il faut ainsi près de deux mois de combat pour que l’armée roumaine aidée d’unités allemandes ne parvienne à s’emparer d’Odessa. La ville est sérieusement détruite, le port très endommagé mais après quelques semaines d’efforts la grande ville du sud de l’Ukraine pourra servir de tête de pont logistique pour l’Armata Regala Romana.

La progression reprend ensuite et après une offensive rondement menée, la Crimée et Sébastopol parviennent à tomber aux mains de l’Axe mais là les destructions sont nettement plus importantes et jamais la principale base de la flotte de la mer Noire sera capable d’accueillir de nombreux navires que l’Axe ne possédait de toute façon pas. A part neutraliser une base la capture de Sébastopol n’avait pas grand intérêt pour les roumains et les allemands.

Début décembre 1950 l’hiver arrive sans crier gare alors que les roumains après le nettoyage de la Crimée traversaient la steppe en direction du Caucase sans que l’on sache encore aujourd’hui son objectif final.

Ce qui est certain en revanche c’est que la contre-offensive soviétique menée à la fin du mois frappe durement une armée roumaine affaiblie par les pertes liées aux combats mais aussi au froid et à la maladie.

On assiste ça et là à des débuts de panique que les officiers doivent parfois juguler revolver au poing (on à parlé d’officiers lynchés par leurs hommes mais il semble qu’il s’agisse plus de on-dits et de légendes urbaines que de faits avérés).

Néanmoins très vite les soldats roumains se reprennent motivés par la haine d’Ivan, par la solidarité de groupe, par la peur de décevoir le camarade souvent issu du même village au point que tout le monde se connait et qu’un acte de lâcheté serait vite connu et frapperait d’oprobre la famille.

Si les allemands sont rejettés loin de Moscou, au sud et au nord les contre-attaques soviétiques sont de coûteux échecs. Certes les roumains reculent mais l’objectif de reprendre la Crimée devient très vite une chimère, le front se trouvant à plus de 200km de la presqu’ile.

Le front se stabilise et les deux ennemis telles des bêtes blessées pansent leurs plaies et attendent le printemps pour reprendre l’initiative.

L’armée roumaine à subit de lourdes pertes tant sur le plan humain que sur le plan matériel. Elle va devoir mettre les bouchées doubles pour combler les pertes en hommes et en matériel, bénéficiant d’une aide importante des allemands même si Antonescu et son gouvernement estimeront toujours que cette à été très insuffisante. On développe également une industrie nationale mais les résultats seront décevants non pas pour les résultats proprement dits mais en rapport avec les investissements consentis.

Naturellement l’Armée Royale Roumaine va participer à l’opération FRIEDRICH, l’offensive stratégique allemande prévue pour le printemps 1951. Signe des temps celle-ci ne concerne pas tout le front mais une partie de celui-ci en l’occurence le sud avec pour objectif principal les précieux puits de pétrole du Caucase et secondairement la capture de Stalingrad et d’Astrakhan pour couper la Volga, véritable veine jugulaire de l’effort de guerre soviétique.

C’est ambitieux, très ambitieux, probablement trop mais les allemands et dans une moindre mesure leurs alliés sont persuadés de pouvoir l’emporter avant que les alliés ne soient capables de repasser à l’offensive à l’ouest.

L’effort principal doit être mené par les allemands avec leurs flancs protégés par leurs alliés, les roumains au sud, les hongrois et les italiens au nord.

Si les troupes allemandes sont bien équipées, leurs alliés souffrent de nombreuses lacunes que Berlin n’à pas la capacité voir la volonté de combler ce qui sera bien pratique quand les revers vont s’accumuler : c’est la faute des alliés et non la notre !

L’armée roumaine va engager deux armées, les 3ème et 4ème armées. La plupart des divisions sont expérimentées et relativement bien équipées avec toujours des lacunes en matière d’artillerie antiaérienne et antichar.

La 3ème Armée dispose en réserve opérationnelle de la 1ère division blindée (en réalité elle est placée sous l’autorité directe du commandant d’armée) et de quatre corps d’armée. Deux d’entre-eux sont composées d’unités d’infanterie et les deux autres sont mixtes.

Le 1er Corps d’Armée dispose des 7ème et 11ème DI, le 5ème Corps d’Armée des 5ème et 6ème DI, le 2ème Corps d’Armée dispose des 9ème et 14ème DI ainis que de la 7ème division de cavalerie alors que le 4ème Corps d’Armée dispose de la 1ère division de cavalerie et deux divisions d’infanterie, les 13ème et 15ème DI.

La 4ème Armée dispose de seulement deux corps d’armée, le 6ème CA à quatre divisions d’infanterie (1ère, 2ème, 18ème et 20ème) et le 7ème CA disposant de deux divisions de cavalerie (5ème et 8ème) et d’une unique division d’infanterie (4ème).

Si la 3ème Armée est déployée dans les steppes, la 4ème va se retrouver à devoir combattre à proximité des côtes ce qui la mettra à la merci des bombardements navals de la RKKF.

Etonnament en dépit du fait que le Caucase soit l’objectif majeur, aucune unité de montagne ne participe aux opérations initiales. Cela s’explique tout simplement parce que les meilleures unités roumaines ont été quasiment anéanties durant la contre-offensive soviétique, se faisant souvent tuer sur place pour préserver la retraite du reste de l’armée.

De nouvelles unités ont été mises sur pied mais cela prend du temps et il n’est prévu l’engagement des Vanatori de munte que quand cela sera nécessaire.

L’opération FRIEDRICH est déclenchée le 9 mars 1951. Bien que le second conflit mondial soit le conflit des unités motomécaniques, elle commence par une solide préparation d’artillerie doublée de frappes de l’aviation qu’elle soit allemande, hongroise, italienne ou roumaine.

Les combats sont immédiatement très violents. Les soviétiques reculent mais cela ne tourne jamais à la débandade comme cela avait pu être le cas dix mois plutôt.

Les soviétiques apprennent très vite, les officiers ont passé l’ordalie des premiers combats et sont désormais plus confiants dans leurs capacités.

A la mi-juin l’Axe à atteint les premiers contreforts du Caucase tandis que les unités de reconnaissance peuvent apercevoir la Volga, certaines s’approchant des faubourgs de Stalingrad, la grande ville industrielle de la région.

L’armée roumaine s’est réorganisée avec de nouvelles unités qui ont remplacé des unités éprouvées par de rudes combats. C’est ainsi qu’à cette époque l’armée roumaine aligne les unités suivantes :

3ème Armée : 1er Corps d’Armée (7ème et 17ème DI), 2ème Corps d’Armée (8ème DI, 14ème DI, 7ème division de cavalerie), 4ème Corps d’Armée (1ère division blindée, 1ère division de cavalerie, 15ème DI) et Corps de Montagne (1ère et 2ème division de montagne)

4ème Armée : 6ème Corps d’Armée (1ère, 18ème et 20ème DI) et 7ème Corps d’Armée (2ème et 4ème DI, 5ème division de cavalerie)

Réserve stratégique : 5ème, 6ème et 11ème DI (unités en reconstitution en Ukraine) 8ème division de cavalerie

Le 18 juin 1951 les alliés repassent enfin à l’offensive en déclenchant l’opération AVALANCHE, le franchissement en force de La Seine. Des moyens importants sont engagés avec préparation d’artillerie et frappes aériennes, écrans de fumées pour permettre à l’infanterie de franchir le fleuve sur des embarcations pneumatiques, des barges motorisées et quelques chalands de débarquement.

Les allemands ne sont pas surpris. Ils s’y attendaient mais en déclenchant l’opération FRIEDRICH ils avaient espéré pouvoir l’emporter avant de se retourner contre les alliés occidentaux.

Cela n’avait pas marché ni en 1914 ni 1918 dans un contexte plus favorable alors comment imaginez que cela pouvait marcher en 1951 ?

Les allemands décident de retirer un Panzerkorps et un Panzerkorps S.S et de les envoyer sur le front occidental. L’offensive de l’Axe est globalement stoppée. Il y à quelques attaques locales pour rectifier le front et obtenir une position plus intéressante mais cela s’arrête là.

A chaque fois qu’il ne combat pas le soldat creuse et s’enterre, espérant qu’Ivan attendra avant de contre- attaquer. Hélas pour les fils du dragon, l’Armée Rouge attaque dès le 4 juillet 1951. On sait aujourd’hui que les soviétiques tout en reculant avaient réussi à conserver une masse de manœuvre suffisante pour contre-attaquer avec des troupes fraiches.

Dès que l’opération FRIEDRICH est stoppée, l’armée roumaine tente de ramener sur le front des divisions supplémentaires pour tenir le choc au vas où les soviétiques attaqueraient plus tôt que prévu (certais officiers allemands étaient persuadés d’être tranquilles jusqu’au printemps 1952).

L’opération URANUS reprend le classique combo «percée/envellopement/encerclement» cher à la pensée militaire allemande. La RKKA frappe aux jointures entre la 3ème armée roumaine et les forces allemandes au sud, entre les forces allemandes et les troupes hongroises au nord.

Ce sont déjà des zones sensibles pour une armée alors une zone de liaison entre deux armées qui se méfient l’une de l’autre vous pensez…… .

T-34

L’impact est dévastateur. Les roumains redécouvrent la puissance de l’artillerie soviétique qui est en passe de surclasser qualitativement et quantitativement l’artillerie allemande, les tirs de Katiouchas, le ronronnement des T-34, les «Houraaaaaaaaaaaaah» de l’infanterie soviétique qui faisait passer un frisson dans l’échine de leurs ennemis.

Les premières lignes sont rapidement enfoncées, des percées locales sont obtenues permettant l’infiltration de renforts qui tentent de se répandre sur les arrières ennemis avec un succès mitigé essentiellement en raison d’une mauvaise coordination entre les différents éléments d’assaut et d’exploitation.

Très vite le haut-commandement roumain ordonne la retraite. Les divisions de cavalerie partiellement motorisées et l’unique division blindée sont chargées de freiner l’avancée soviétique afin de permettre le repli de l’infanterie.

Les combats vont durer deux fois jusqu’à la fin septembre. Le front à reculer de plusieurs centaines de kilomètres jusqu’aux confins orientaux de l’Ukraine. Il y à eu ça et là des encerclements locaux mais les soviétiques ont échoué à obtenir les encerclements géants, les chaudrons (kessels) où ils espéraient détruire le maximum de divisions allemandes, italiennes, hongroises et roumaines.

L’Armata Regala Romana à terriblement souffert de l’opération URANUS, plusieurs divisions ont été détruites, d’autres sérieusement affaiblies au point que certaines seront dissoutes pour remplumer d’autres. Quand une armée pratique cela c’est rarement bon signe.

Le front se stabilise au début du mois d’octobre. Si l’hiver 1951/52 va être plus clément que son prédécesseur, il va néanmoins gêler le front pendant plusieurs mois. Il y à cependant quelques attaques locales pour rectifier le front voir des retraites calculées pour réduire la taille du front.

Quand commence l’année 1952 les unités militaires roumaines déployée en URSS aligne encore de beaux restes même si le cœur n’y est plus, nombre de soldats roumains se demandent ce qu’ils font encore là. On assiste à une augmentation des désertions même si nous sommes encore loin de la saignée qui allait aboutir à l’automne 1953 à la désintégration de l’armée roumaine.

La 3ème Armée dispose encore du 1er Corps d’Armée (5ème et 7ème DI), du 2ème Corps d’Armée (8ème DI et 1ère division blindée), du 4ème Corps d’Armée (11ème et 15ème DI) et du Corps de Montagne (1ère et 2ème divisions de montagne).

La 4ème Armée dispose du 6ème Corps d’Armée (1ère, 6ème et 20ème DI) et du 7ème Corps d’Armée (4ème DI et 8ème division de cavalerie).

Cela nous donne un total de onze divisions d’infanterie, une division de cavalerie et une division blindée soit treize grandes unités contre vingt soit un tiers des unités détruites (certaines seront reconstituées en Roumanie sous un format allége compte tenu des circonstances).

Ces unités sont certes expérimentées mais au noyau de vétéran s’ajoutent des recrues peu expérimentées et souvent démotivées car malgré la propagande du régime les informations circulent, la correspondance des soldats bien que censurée étant truffée d’informations pour qui sait decrypter et interpréter.

Après un hivernage comme durant les conflits passés, les combats reprennent de plus belle au printemps 1952. Cette fois ce ne sont pas les soviétiques mais les allemands qui prennent l’initiative avec leur dernière offensive stratégique de la guerre, l’opération Citadelle/Zitadel.

Cette offensive à un but limité _pénurie de moyens oblige_ à savoir dégager la ville de Smolensk, une ville devenue un hub logistique de première importance pour les allemands. Cette ville est menacée par deux saillants sous contrôle soviétique, un au nord et un au sud.

Le plan est d’une simplicité biblique : attaquer les saillants, les percer puis rabattre le plus loin possible pour encercler un maximum de troupes et les détruire.

Les allemands espèrent ainsi dissuader les soviétiques d’attaquer pendant plusieurs mois le temps de se retourner contre les occidentaux, obtenir une paix blanche et régler une bonne fois pour toute la «question judeo-bolchevique».

C’était déjà un objectif chimérique en juin 1950 alors deux ans plus tard vous pensez….. . Les roumains ne sont pas directement associés à cette opération menée exclusivement par des moyens allemands mais Bucarest propose une offensive de diversion en Ukraine pour obliger Moscou à disperser ses forces qu’on estime au bord de la rupture.

Les allemands rejettent cette idée officiellement pour des raisons de coordination mais en réalité parce que Berlin doute des capacités des roumains à mener une opération majeure seule sans un soutien conséquent des allemands. Autant dire que le gouvernement roumain à eu du mal à digérer cette fin de non recevoir. Néanmoins si on prend du recul on peut douter de l’efficacité d’une attaque roumaine même menée avec tous les moyens disponibles.

Comme nous le savons l’opération CITADELLE aboutit à l’élimination du balcon nord mais au prix de lourdes pertes alors que le balcon sud est renforcé.

Cela va favoriser l’action ultérieure des soviétiques qui déclenchent l’opération ROUMANTSIEV le 1er juillet 1952. Les combats sont violents et les roumains qui n’avaient pas été concernés par les combats de CITADELLE doivent se replier pour ne pas être encerclés.

Quand l’année se termine les troupes soviétiques occupent les trois quarts de l’Estonie, des arpents de la Lituanie et de la Lettonie ainsi que l’ouest de l’Ukraine. Désormais l’initiative appartient aux soviétiques qui vont dicter le tempo des opérations, les allemands et leurs alliés ne faisant réagir et ralentir l’ineluctable.

Après plusieurs mois d’attaques locales et d’escarmouches, les soviétiques attaquent le 21 mai 1953 en Bielorussie dans le cadre de l’opération BAGRATION. L’Heeresgruppe Mitte (Groupe d’Armées Centre) est enfoncé, pulvérisé, éparpillé façon puzzle. C’est à grande peine que les allemands parviennent à se rétablir sur la Ligne Curzon à savoir la frontière polono-soviétique au 1er septembre 1939.

Les allemands se sont à peine remis de BAGRATION qu’ils doivent encaisser deux nouvelles offensives majeures de l’Armée Rouge qui ne cesse de progresser en appliquant enfin les recettes imaginées par les théoriciens de l’art opératif (Svietchine, Triantafilov, Toukatchevski…….) ce qui n’empêchera pas certains généraux allemands d’après guerre de continuer à dire que si les soviétiques ont gagné c’est uniquement par la force du nombre.

Le 12 juillet 1953 les soviétiques attaquent dans les pays baltes avec l’opération KOUTOZOV suivie par l’opération POTEMKINE qui lancée le 8 août 1953 avait pour objectif de libérer l’Ukraine. Les objectifs prévus ne sont pas atteints même si Kiev est libérée tandis que dans la région baltique une partie des forces allemandes est encerclée (poche de Courlande).

Les roumains sont sérieusement bousculés par POTEMKINE. Les pertes sont lourdes et le moral est de plus en plus bas. Une sorte de lente résignation commence à s’emparer des soldats roumains qui combattent tels des automates.

Les forces roumaines se concentrent sur le sud de l’Ukraine assurant notamment la défense de la Crimée mais aussi la région d’Odessa. Il y à également des troupes allemandes mais la méfiance règne entre les deux armées ce qui n’est pas vraiment gage d’une défense efficace.

La 3ème Armée assure la défense du sud de l’Ukraine avec deux corps d’armée, le 1er Corps d’Armée (1ère division légère d’infanterie, 5ème et 7ème DI) et le 4ème Corps d’Armée (8ème division légère d’infanterie, 11ème et 15ème DI).

La 4ème Armée assure la défense de la Crimée avec le Corps de Montagne (1ère division de montagne et 2ème division légère de montagne) et le 6ème Corps d’Armée (1ère et 20ème DI).

Le Groupement Mobile Vanescu regroupe la 1ère division de blindée, la 2ème brigade blindée (NdA Elle devait être créée comme division blindée mais les moyens ont manqué) et la 8ème division de Cavalerie.

Le Groupement Odessa qui assure la défense de la ville dispose des 4ème et 6ème DI, des unités en reconstitution ainsi que différentes unités de garde-frontières, des unités montées, des unités d’artillerie et du génie. Cet ensemble baroque dispose de capacités militaires limitées.

Ce n’était qu’une question de temps avant que l’armée roumaine ne soit confrontée à une offensive directe de la RKKA.

Le 11 septembre 1953 l’URSS déclenche l’opération PIOTR VELIKYI (opération Pierre le Grand), une offensive de grand style avec trois volets simultanés : POLTAVA (offensive blindée-mécanisée dans les plaines d’Ukraine), GANGUT (opération amphibie en Crimée) et PETERHOF (opération aéroportée sur Odessa).

Si le premier volet concerne les allemands qui évitent de se faire déborder en échangeant du terrain contre du temps, les roumains sont concernés directement par les deux derniers volets où ils disposent de moyens militaires importants.

Les combats sont violents et impitoyables. On relève que fort peu de prisonniers sont faits et des enquêtes menées après guerre ont montré de nombreux cas d’exactions vis à vis des prisonniers qu’ils soient roumains ou soviétiques.

Les roumains sont vite débordés aussi bien en Crimée et à Odessa. Le grand port du sud de l’Ukraine est le théâtre de violents combats. Face à une infanterie légère même surentrainée, la garnison est débordée au point que très vite le commandant du groupement Odessa décide de se replier à l’ouest de la ville et de tendre la main au groupement mobile Vanescu pour contre-attaquer.

A trois reprises les unités roumaines passent à l’attaque mais sont à chaque fois repoussés par de puissants tirs d’artillerie (terrestre et navale) et par l’aviation. A la troisième reprise les restes du groupement Vanescu sont sur le point de reprendre la ville mais le manque d’infanterie sauve les VDV de l’annihilation.

De toute façon les troupes roumaines sont dans un tel état que même une reprise de la ville n’aurait pas changé grand chose d’autant que la Crimée est perdue et que les allemands plus au nord après une défense héroïque doivent se replier à grande vitesse vers l’ouest.

C’est la défaite de trop. L’armée roumaine se liquefie, des unités se mutinent. On assiste même à des combats fratricides entre ceux voulant continuer la lutte et d’autres voulant se rendre aux soviétiques.

Le 25 septembre 1953 un coup d’état communiste chasse le Conducator du pouvoir. L’anarchie règne en Roumanie où on ne contrôle plus rien. A cette époque les soviétiques sont déjà rentrés en Roumanie et quand l’armistice est signé le 4 octobre, l’Armée Rouge occupe les trois quarts du pays.

Une partie de l’armée refuse d’abandonner l’allié allemand et va continuer à combattre jusqu’à la fin aux côtés de la Wehrmacht en Hongrie et en Tchécoslovaquie essentiellement. La majorité cependant rallie le pouvoir communiste mais il ne faudrait pas commettre l’erreur de croire que tous étaient des communistes enthousiastes.

D’ailleurs avant d’engager des unités roumaines à leurs côtés les soviétiques vont procéder à un sérieux écremage. Ce n’est que début 1954 que la nouvelle armée roumaine est engagée avec trois divisions d’infanterie et une division blindée. Les combats sont violents, l’armée roumaine réorganisée terminant la guerre en Tchécoslovaquie.

Elle ne s’y attarde et dès la fin 1954 elle est repliée en Roumanie, jouant un rôle politico-militaire de premier ordre pour provoquer l’abdication de Michel 1er et la mise en place d’une «démocratie populaire».

Il faut dire que l’armée roumaine avait été réduite à quatre divisions dont une blindée mais cette dernière, la division Tudor Vladimirescu était composée de communistes convaincus. C’était donc un atout majeur dans le jeu communiste qui pouvait s’appuyer sur les 120000 soldats soviétiques présents en Roumanie.

Le bilan humain est lourd encore que le chiffre est très incertain. Selon les estimations les plus fines 238000 soldats roumains ont été tués blessés ou ont été à jamais portés disparus.