Mitteleuropa Balkans (182) Grèce (26)

L’armée grecque dans les guerres balkaniques

l’armée grecque au moment de la guerre Balkanique

Dans cette partie je vais me concentrer sur les différentes batailles de l’armée grecque durant les deux guerres balkaniques. Je renvoie à la partie d’histoire générale pour le contexte général de ces deux conflits qui annoncent la première guerre mondiale.

Quand la première guerre balkanique éclate, l’armée de terre grecque est encore en pleine réorganisation. Elle aligne quatre divisions d’infanterie (1ère DI à Larissa, 2ème DI à Athènes, 3ème DI à Missolonghi et 4ème DI à Nauplie) sachant que six autres divisions seront créées pendant la guerre et même une onzième peu après la fin du conflit.

A la différence de ce qui était prévu, aucun corps d’armée n’est mis sur pied et si le besoin de coordination se fait sentir des groupes divisionnaires ou des groupes d’armées étaient formés.

Aux quatre divisions d’infanterie s’ajoute une brigade de cavalerie, six bataillons d’evzones, quatre régiments d’artillerie de campagne, deux régiments d’artillerie de montagne, un bataillon d’artillerie lourde, deux régiments du génie et une compagnie d’avions.

Le 25 mars 1912, le diadoque (prince héritier) Constantin est nommé inspecteur général de l’armée grecque ce qui en théorie fait de lui le commandant-en-chef en cas de conflit.

Le 29 septembre 1912 la mobilisation générale est decrétée. Les divisions d’infanterie d’active reçoivent un complément d’effectif pendant que trois autres divisions d’infanterie (5ème, 6ème et 7ème DI) sont activées. En quelques jours les effectifs passent de 25 à 110000 hommes.

Les classes 1910 et 1911 sont rappelées, les réservistes des classes 1893 à 1909 sont incorporés, la Crète étant également concernée. La mobilisation fut plus efficace que prévu.

Des grecs expatriés et des philhellènes vinrent s’engager. Des corps indépendants furent également créés à partir de combattants irréguliers de Crète, d’Epire ou de Macédoine en l’occurrence 77 unités crétoises (3556 hommes), 44 unités épirotes (Epire) (446 hommes), 9 unités macédoniennes (211 hommes), 1812 volontaires civils et les 2300 hommes de la légion garibaldienne (dont 1100 grecs).

Les unités sont réparties entre l’Armée de Thessalie et l’Armée d’Epire.

L’Armée d’Epire placée sous le commandement du prince Constantin regroupe une bonne partie des moyens militaires grecs avec cinquante-neuf bataillons d’infanterie, quatre bataillons d’evzones, huit compagnies de cavalerie, sept compagnies du génie, trente-deux batteries d’artillerie (96 pièces de campagne, 24 canons de montagne et 70 mitrailleuses) et même quatre avions. Cela représente entre 80 et 100000 hommes et cela nous donne l’ordre de bataille suivant :

-1ère division d’infanterie (Ι Μεραρχία) : 2ème, 4ème et 5ème régiments d’infanterie, 1er et 2ème escadrons du 1er régiment d’artillerie de campagne.

-2ème division d’infanterie (II Μεραρχία) : 1er, 3ème et 7ème régiments d’infanterie, 1er et 2ème escadrons du 2ème régiment d’artillerie

-3ème division d’infanterie (III Μεραρχία) : 6ème, 10ème et 12ème régiments d’infanterie, 1er et 2ème escadrons du 3ème régiment d’artillerie, 3ème escadron d’artillerie de montagne.

-4ème division d’infanterie (IV Μεραρχία) : 8ème, 9ème et 11ème régiments d’infanterie, 1er et 2ème squadron du 4ème régiment d’artillerie, 1er escadron d’artillerie de montagne

-5ème division d’infanterie (V Μεραρχία) : 16ème, 22ème et 23ème régiments d’infanterie, 3ème escadron du 1er régiment d’artillerie et 2ème escadron d’artillerie de montagne.

-6ème division d’infanterie (VI Μεραρχία) : 1er régiment d’evzones (régiment créé par la fusion des 8ème et 9ème bataillons d’evzones) 17ème et 18ème régiments d’infanterie, 3ème escadron du 2ème régiment d’artillerie

-7ème division d’infanterie (VII Μεραρχία) (toujours en formation à Larissa) : 19ème, 20ème et 21ème régiments d’infanterie, 3ème escadron du 3ème régiment d’artillerie, un escadron de mitrailleuses.

-Brigade de cavalerie (Ταξιαρχία Ιππικού) : 1er et 3ème régiments de cavalerie

-Détachement Gennadis (Απόσπασμα Γεννάδη) : couvrant le flanc gauche de l’armée, il comprend les 1er et 4ème bataillons d’evzone

-Détachement Konstantinopoulous (Απόσπασμα Κωνσταντινοπούλου) : couvrant le flanc droit de l’armée, il comprend les 2ème et 6ème bataillon d’evzones.

L’Armée d’Epire reçoit donc la portion congrue de l’armée. Elle à d’abord une mission secondaire et ce n’est qu’à la fin du conflit que des renforts sont envoyés depuis le front de Macédoine.

On trouve au début du conflit huit bataillons d’infanterie (de ligne et d’evzones), une compagnie de cavalerie et 24 pièces d’artillerie soit 10 à 130000 hommes.

On trouve le 15ème régiment d’infanterie, les 3ème et 7ème bataillons d’evzones, le 10ème bataillon d’evzone de réserve et le 2ème bataillon de la garde nationale. A cela vont s’ajouter deux bataillons de crétois et la légion des volontaires garibaldiens.

Le 25 décembre 1912 ces forces vont former la Division d’Epire rebaptisée 8ème division d’infanterie ( VIII Μεραρχία) en février 1913. Au début du mois de décembre, la 2ème division arrive suivit le 27 décembre par la 4ème division puis à la mi-janvier par la 6ème division et le 7ème régiment d’infanterie (NdA j’ignore pourquoi il avait quitté la 2ème DI). Des moyens supplémentaires arrivent encore pour former une brigade mixte destinée à s’emparer de la forteresse de Ioannina.

En ce qui concerne les principales batailles citons la Bataille du col de Sarantaporo du 21 au 22 octobre 1912, cinq divisions grecques affrontent et défont deux divisions ottomanes. Sur le plan humain, les grecs ont eu 187 tués et 1027 blessés, les ottomans 700 tués et 700 prisonniers.

La Bataille de Grannitsa qui eut lieu les 1er et 2 novembre 1912 voit 80000 grecs l’emporter contre 25000 ottomans avec néanmoins un lourd bilan humain (1200 tués côté grec et 1960 tués côté ottoman).

Les 31 octobre et 1er novembre à lieu la Bataille de Yenitge menée par cinq divisions grecque (2ème, 3ème, 4ème, 6ème et 7ème DI) contre les ottomans qui alignent quatre divisions soit 25000 hommes et 36 canons.

Le terrain est difficile pour les assaillants et plus favorables pour les défenseurs. Après de violents combats (188 morts et 758 blessés côté grec, 250 morts, 1000 blessés et 200 prisonniers côté ottoman), les grecs parviennent à déstabiliser le dispositif ottoman.

Après de longues négociations, la ville est livrée par les ottomans le 8 novembre 1912, les grecs refusant une co-administration de Thessalonique avec les bulgares ce qui sera l’une des causes de la deuxième guerre balkanique.

Durant la deuxième guerre balkanique, les grecs l’emportent lors de la bataille de Kilkis-Lachanas (30 juin au 4 juillet), lors de la Bataille de Djoran le 6 juillet 1913 alors que lors de la Bataille de Kresma, les troupes grecques manquent de subir le même sort que les légionnaires romains à Cannes contre Hannibal.

L’armée grecque à subit des pertes sensibles avec 5169 morts et 23502 blessés durant la première guerre balkanique contre 2563 morts et 19307 blessés, les dépenses s’élevant à 467 millions de francs-or.

L’armée grecque dans le premier conflit mondial

L’armée grecque durant le premier conflit mondial était équipée « à la française »

Entre deux guerres on réorganise (1913-1914)

Les leçons des deux guerres balkaniques sont vites tirées pour améliorer l’organisation et le fonctionnement de l’armée de terre grecque qui rappelons le était en pleine réorganisation sous l’impulsion d’une mission militaire française.

La deuxième guerre balkanique était à peine achevé que l’armée grecque connait une première réorganisation. En août 1913, l’armée de terre est organisée en cinq corps d’armée auxquels il faut ajouter une brigade de cavalerie à trois régiments. Cela nous donne l’ordre de bataille simplifié suivant :

-1er Corps d’Armée (Larissa) : 1ère DI elle aussi stationnée à Larissa

-2ème Corps d’Armée (Athènes) : 2ème DI à Athènes

-3ème Corps d’Armée (Ioannina) : 3ème DI à Mesolaggi, 8ème DI à Korytsa (Albanie) et 9ème DI à Ioannina

-4ème Corps d’Armée (Thessalonique) : 4ème DI à Thessalonique 5ème DI à Kilkis

-5ème Corps d’Armée (Drama) : 6ème DI à Serres et 7ème DI à Drama

-6ème Corps d’Armée (Kozani) : 10ème DI à Veroia, 11ème DI à Kozani

-Brigade de cavalerie stationnée à Serres avec les 1er, 2ème et 3ème régiments de cavalerie

Le 29 novembre 1913 une loi d’organisation est votée organisant l’armée royale grecque en cinq corps d’armée avec une division de cavalerie hors rang.

-Le Corps d’Armée «A» dont l’état-major est implanté à Athènes regroupe sous son autorité la 1ère DI (Larisa), la 2ème DI (Athènes) et la 13ème DI (Halkis)

-Le Corps d’Armée «B» dont l’état-major est implanté à Patras regroupe sous son autorité les 2ème (Patras), 4ème (Nauplie) et 14ème DI (Kalamata).

-Le Corps d’Armée «C» dont l’état-major est implanté à Thessalonique regroupe sous son autorité les 10ème (Veroia), 11ème (Thessalonique) et la 12ème DI (Kozani)

-Le Corps d’Armée «D» dont l’état-major est implanté à Kavala regroupe sous son autorité les 5ème, 6ème et 7ème DI dont les état-majors (mais pas toutes les unités) sont stationnés à Drama, Serres et Kavala

-Le Corps d’Armée «E» dont l’état-major est implanté à Ioannina regroupe sous son autorité les 8ème et 9ème DI dont les état-majors sont respectivement implantés à Preveza et Ioannina.

-La Division de Cavalerie est installée à Thessalonique.

Un décret royal daté du 5 janvier 1914 réorganise à nouveau l’armée grecque ou plutôt précise certaines choses.

Le pays est divisé en cinq régions militaires (A à E) qui sont destinés à la conscription, régions divisées en trois districts militaires sauf la région E divisée en deux.

Comme en France, chaque région militaire doit en temps de guerre former un corps d’armée. Les quatorze districts militaires correspondent à la zone de responsabilité d’une division.

Ce même décret précise l’organisation interne des corps d’armée et des divisions.

L’armée de terre grecque possède 42 régiments. Chaque régiment possède trois bataillons à quatre compagnies à trois pelotons de combat et un peloton de mitrailleuses. Sur ces quarante-deux régiments on trouve trois régiments crétois (14ème RI/1er régiment crétois, 21ème RI/2ème régiment crétois et 37ème RI/3ème régiment crétois), cinq régiments d’evzones (38ème RI/1er régiment d’evzones, 39ème RI/2ème régiment d’evzones, 40ème RI/3ème régiment d’evzones, 41ème RI/4ème régiment d’evzones et 42ème RI/5ème régiment d’evzones) et trente-quatre régiments de ligne (1er à 13ème RI, 15ème à 20ème RI, 22ème à 36ème RI).

Chaque division d’infanterie possède trois régiments d’infanterie et un escadron d’artillerie de montagne à deux batteries. Les quatorze divisions sont répartis entre les cinq corps d’armée. Si les corps d’armée A à D possèdent trois divisions chacun, le corps d’armée E dispose de seulement deux divisions.

Comme de coutume les corps d’armée disposent d’unités destinées à appuyer les divisions en l’occurence pour les corps d’armée A à D un régiment d’artillerie de campagne, un régiment de cavalerie, un régiment de sapeurs, un bataillon de transport et un escadron d’infirmières. En revanche le corps d’armée E possède un régiment d’artillerie, un escadron de cavalerie, un bataillon de sapeurs, un bataillon de transport et un escadron d’infirmières.

Les régiments d’artillerie de corps d’armée sont numérotés un, trois, cinq, sept et neuf. Les quatre premiers possèdent trois escadrons à trois batteries alors que le dernier possède deux escadrons à trois batteries.

Chaque bataillon de transport dispose de trois compagnies sauf celui affecté au corps d’armée «E» qui ne dispose que de deux compagnies. Les escadrons d’infirmières sont composés de trois pelotons.

On trouve également des unités indépendantes à savoir un régiment d’artillerie de forteresse, un escadron d’artillerie hippomobile, un régiment de génie de forteresse, un régiment de télégraphistes, un bataillon ferroviaire, une compagnie d’avions, un bataillon de pontonniers, un bataillon d’artillerie de forteresse, un bataillon de génie de forteresse et un bataillon automobile.

La division de cavalerie devait compter quatre régiments mais devant le manque de montures seulement deux régiments peuvent être créés. Même chose pour les régiments de cavalerie de corps d’armée qui ne peuvent aligner que deux troops.

A la mobilisation les effectifs doivent augmenter. C’est ainsi qu’il est par exemple prévu la création de quatorze bataillons d’infanterie supplémentaires mais le manque d’armes réduit (provisoirement ?) le nombre de bataillons de mobilisation à dix : un bataillon de défense du quartier général, quatre bataillons de garde des frontières notamment des places fortifiées non concernées par la manœuvre et cinq bataillons pour garder les îles de Lemnos, Hios, Samos et Mytilai.

En 1914, l’armée grecque est organisée de la façon suivante :

Corps d’Armée «A» (Athènes) : 1ère DI (Larissa) avec le 4ème RI, le 5ème RI, le 1er régiment d’evzones et le 1er escadron d’artillerie de montagne; 2ème DI (Athènes) avec les 1er, 7ème et 34ème RI plus le 2ème escadron d’artillerie de montagne et la 13ème DI (Halkis) avec le 2ème RI, le 3ème RI et le 5ème régiment d’evzones plus le 13ème escadron d’artillerie de montagne.

A cela s’ajoute le 1er régiment d’artillerie de campagne, le régiment de cavalerie «A», le régiment de sapeurs «A», le bataillon de transport «A» et l’escadron d’infirmières «A»

Corps d’Armée «B» (Patras) : 3ème DI (Patras) qui dispose du 6ème RI, du 12ème RI et du 2ème régiment d’evzone ainsi que du 3ème escadron d’artillerie de montagne,4ème DI (Nauplie) qui dispose des 8ème, 11ème et 35ème RI ainsi que du 4ème escadron d’artillerie de montagne et la 14ème DI (Kalamata) qui dispose du 6ème RI, du 36ème RI ainsi que du 1er régiment crétois mais aussi du 14ème escadron d’artillerie de montagne.

Le Corps d’Armée dispose sous son autorité directe du 3ème régiment d’artillerie, du régiment de cavalerie «B», du régiment de sapeurs «B», du bataillon de transport «B» et de l’escadron d’infirmières «B».

Corps d’Armée «C» (Thessalonique) : 10ème DI (Veroia) 29ème et 30ème RI, 4ème régiment d’evzones, 10ème escadron d’artillerie de montagne, 11ème DI (Thessalonique) 13ème, 27ème et 28ème RI plus le 11ème escadron d’artillerie de montagne et le 12ème DI (Kozoni) 31ème, 32ème et 33ème RI plus le 13ème escadron d’artillerie de montagne.

Le Corps d’Armée dispose sous son autorité du 5ème régiment d’artillerie, du régiment de cavalerie «C», du régiment de sapeurs «C», du bataillon de transport «C» et enfin de l’escadron d’infirmières «C».

Corps d’Armée «D» (Kavalla) : 5ème DI (Drana) qui dispose des 22ème et 23ème RI, du 3ème régiment crétois et du 5ème escadron d’artillerie de montagne, 6ème DI (Serres) qui dispose des 16ème, 17ème et 18ème RI mais aussi du 6ème escadron d’artillerie de montagne alors que la 7ème DI (Kavalla) dispose du 19ème RI, du 20ème RI, du 2ème régiment crétois ainsi que du 7ème escadron d’artillerie de montagne.

Le Corps d’Armée dispose du 7ème régiment d’artillerie, du régiment de cavalerie «D», du régiment de sapeurs «D», du bataillon de transport «D» et de l’escadron d’infirmières «D»

-Corps d’Armée «E» (Ioannina) : 8ème DI (Preveza) dispose des 10ème, 15ème et 24ème RI mais aussi du 8ème escadron d’artillerie de montagne alors que la 9ème DI (Ioannina) dispose du 25ème RI, du 26ème RI et du 3ème régiment d’evzones ainsi que du 9ème escadron d’artillerie de montagne.

Le Corps d’Armée dispose du 9ème régiment d’artillerie, de l’escadron de cavalerie «E», du bataillon de sapeur «E», du bataillon de transport «E» et bataillon d’infirmières «E».

-La Division de Cavalerie stationnée à Thessalonique dispose d’une brigade, la 1ère brigade de cavalerie qui dispose des 1er et 3ème régiments de cavalerie

-A cela s’ajoute des unités dépendant de l’armée à savoir un régiment d’artillerie de forteresse stationné à Thessalonique, un escadron d’artillerie hippomobile stationné lui aussi à Thessalonique, un régiment de génie de forteresse (Thessalonique), un régiment de télégraphistes (Thessalonique), un bataillon ferroviaire (Thessalonique), une compagnie d’avions (Thessalonique, un bataillon de pontonniers stationné à Topsin, un bataillon d’artillerie de forteresse à Ioannina, un bataillon de génie de forteresse lui aussi stationné à Ioannina et un bataillon automobile stationné à Athènes.

Combat !

Comme nous l’avons vu la première guerre mondiale voit la Grèce rester d’abord neutre avant de basculer du côté allié non sans une épreuve de force entre alliés, le premier ministre Venizelos, le roi Constantin 1er et une quasi-guerre civile.

Le 27 octobre 1914 l’armée grecque occupe l’Epire mettant fin à la République Autonome d’Epire, les alliés qui n’ont pas besoin d’ouvrir un nouveau front ferment les yeux puisque cette union avec la Grèce, cet enosis est de facto, il sera toujours temps de régler le problème une fois la guerre terminée.

En septembre 1916 alors que les relations entre Constantin 1er et les alliés se sont sérieusement détériorés et ce pour plusieurs raisons (installation des rescapés serbes à Corfou, utilisation de mouillages forains par l’Armée Navale sans autorisation, arrivée des rescapés des Dardanelles à Thessalonique…..) la Grèce proclame une union de jure de l’Epire une région majoritairement hellénophone avec la mère-patrie grecque.

Cette fois les alliés ne peuvent fermer les yeux. Des unités françaises italiennes occupent la région en remplacement des troupes grecques.

Entre-temps le 10 novembre 1915 l’armée grecque à mobilisé signe des tensions entre un roi pro-allemand, un premier ministre pro-allié, des alliés et des empires centraux voulant faire basculer la Grèce de leur côté.

Entre-temps (bis) en août 1916, les empires centraux ont attaqué en Grèce pour empêcher la montée en puissance du camp retranché de Thessalonique.

A l’est du front les bulgares conquièrent facilement les territoires grecs à l’est de la rivière Struma (17-23 août 1916) et pour cause, le roi de Grèce, le très germanophile Constantin 1er ordonne au 4ème Corps d’Armée de ne pas résister. Il y à cependant des combats de la part d’officiers qui ne peuvent admettre que ces territoires durement acquis durant les deux guerres balkaniques soient abandonnés si facilement.

Cela entraine le 29 août un coup d’état avec l’établissement de l’Etat de Défense Nationale ou gouvernement de Thessalonique sous la direction de Venizelos.

A l’ouest même succès du moins initialement car les alliés parviennent après deux semaines de combat à contenir l’offensive bulgare après deux semaines.

La majorité de l’armée grecque reste cependant fidèle au roi Constantin 1er. Voilà pourquoi les alliés vont imposer sa démobilisation et sa dissolution. Es-ce à dire que la Grèce ne va pas combattre durant le premier conflit mondial ?

Non car les alliés doivent faire face à la désintégration de l’armée russe suite aux deux révolutions de 1917, celle de Février puis celle d’Octobre.

Il faut d’urgence des troupes et si les américains viennent d’entrer en guerre il va falloir plusieurs mois pour que les futurs Sammies arrivent sur le front. Seule possibilité pour les alliés : reconstituer une armée grecque.

En août 1917 un premier prêt de 30 millions de francs-or doit permettre la mise sur pied de douze divisions. Un autre prêt de 750 millions de francs est accordé en échange de la mise à disposition de 300000 hommes.

Une nouvelle armée grecque va être mise sur pied dont fera partie l’Armée de Défense Nationale (Στρατός Εθνικής Αμύνης) que l’ont peut considérer comme le bras armé du camp vénizéliste. Trois divisions d’infanterie vont ainsi être mises sur pied. Une fois la Grèce réunifiée sous l’autorité du «Clemenceau grec», cette armée de défense nationale va devenir le Corps d’Armée de Défense Nationale.

Le 2 septembre 1916 arrive à Thessalonique le colonel Nikolaos Christodoulou et les restes du 4ème Corps d’Armée qui comme nous l’avons vu avait refusé de se retirer sans combattre comme l’avait souhaité le roi Constantin 1er.

La première unité mise sur pied sur le 1er bataillon de défense nationale créé avec des hommes de la 11ème division et la 1ère compagnie du 29ème régiment à Veroia. Les moyens manquent pour créer une armée.

Trois divisions vont être mises sur pied, la Division Serres, la Division Crète et la Division Archipel. Si initialement il était prévu de faire appel au volontariat, le manque d’hommes obligea le gouvernement grec à mettre sur place une conscription.

Le 13 octobre un Corps d’Armée de Macédoine est créé devenu le 16 décembre le 1er corps d’Armée (division Serres et Archipelago) suivit par le 2ème corps d’Armée (division Crète, Cyclades et Thessalonique), ces deux dernières divisions restant au niveau du dépôt faute de moyens en terme d’équipement et de personnel (notamment des sous-officiers).

Au printemps 1917 les trois divisions forment le Corps d’Armée de Défense Nationale.

Un mois plus tard, Constantin 1er doit abdiqué au profit de son fils Alexandre, un roi sans pouvoirs, Eleftherios Venizelos devenant premier ministre et pour ainsi dire dictateur car concentrant entre ses mains tous les pouvoirs.

Il s’attèle à reconstituer une nouvelle armée grecque. Parallèlement les trois divisions vont combattre sous commandement allié. Au moment de l’offensive finale on compte 157000 grecs en ligne.

Nous allons aborder ici les trois divisions citées plus haut, leur carrière et leurs plus grands faits d’armes.

La Division Serres est la première division à être mise sur pied à partir de septembre 1916 en profitant des éléments du 4ème corps.

Outre le 7ème régiment d’artillerie (régiment de corps d’armée), on trouve des éléments de la 6ème DI (17ème et 18ème régiment d’infanterie, 6ème escadron d’artillerie de montagne) et de la 7ème DI (2ème régiment crétois _appelé également 21ème RI_ ). A cela s’ajoute des volontaires et des conscrits dont certain l’ont été de force.

Le 1er régiment est constitué à partir d’éléments du 17ème RI et du 2ème régiments crétois ainsi que de recrues issues du dépôt de la 9ème division d’infanterie. L’unité est mise en ligne dès le 1er décembre 1916

Le 2ème régiment est formé de deux bataillons issus du 18ème régiment d’infanterie et du 1er bataillon de défense nationale.

Le 3ème régiment est formé d’un bataillon du 2/21, d’un bataillon de volontaires crétois et d’un bataillon de volontaires venant de Samos et d’Asie Mineure.

Elle participe au baptême du feu de la nouvelle armée grecque à savoir la Bataille de Skra-di-Legen (29 au 31 mai 1918), une bataille engageant les trois divisions de l’Armée de Défense Nationale Grecque à savoir la Division Serres, la Division Archipelago et la Division Crète. Si la première et la troisième sont placées sous l’autorité des britanniques, la seconde dépend de l’Armée Française d’Orient dite Armée d’Orient.

Le 29 mai 1918 l’artillerie alliée (540 pièces) pilonne ce secteur stratégique, très accidenté et bien fortifié par les bulgares surtout depuis une offensive dans le même secteur un an plus tôt. Sauf que cette fois la Bulgarie est clairement affaiblie et démoralisée. L’assaut à lieu le lendemain, des combats violents et difficiles qui en deux jours allait coûter 2800 pertes à l’armée grecque, pertes qui allaient définitivement éliminer la méfiance entre alliés et héllènes.

Elle va participer ensuite à la Bataille de Monastir-Doiran (18 au 24 septembre 1918), la seule offensive stratégique qui allait aboutir à un impact politique à savoir l’armistice de Thessalonique avec la Bulgarie. La division disparaît en novembre 1920.

La Division Archipelago est levée en septembre 1916. Comme son nom l’indique, le bassin de recrutement se situe dans les îles de la mer Egée notamment Chios, Lesbos et Samos. Le cœur de cette unité était composée de militaires présents sur les îles ainsi que les classes 1915 et 1916.

Comme les effectifs étaient insuffisants, on mobilisa également huit classes plus anciennes. Cela ne résolu pas tous les problèmes que ce soit le manque d’armes ou le manque de sous-officiers expérimentés. Un centre de formation de sous-officiers est bien établi à Mytilini mais il faut du temps pour former les cadres nécessaires à la division.

La division comprend trois régiments d’infanterie (7ème, 8ème et 9ème RI qui sont ensuite rebaptisés 4ème, 5èm et 6ème RI) et des moyens d’appui.

Le 4ème régiment archipélagique (4th Archipelago Regiment) à deux bataillons est stationné à Lesbos, le 5ème régiment archipélagique avec un bataillon à Lesbos et un autre à Lemnos alors que le 6ème régiment archipélagique à un bataillon stationné à Samos et un second à Chios.

L’entrainement s’achève en mars 1917 et un mois plus tard la division est transportée à Thessalonique.

Elle arrive sur le front en mai 1917 pour paufiner son entrainement avant d’être placé sous l’autorité de la 57ème DI française, chaque régiment étant jumelé à un régiment français. En août la division occupe seule son propre secteur.

A partir du mois d’octobre elle occupe un secteur plus à l’est dans la région de Polykastro-Goumenissa avec la Division de Crète à sa droite. Jusqu’en mai 1918 les trois divisions grecques sont placées sous commandement français mais après cette date elles sont séparées entre français et britanniques comme nous l’avons vu plus haut. En juillet la division intègre le 29ème RI pour remplacer numériquement le 4ème régiment archipélagique retenu au sud pour des missions de sécurité intérieure.

Durant l’offensive finale (offensive du Vardar), la division appuie la 16ème division d’infanterie coloniale français direction Davidovo avant de rallier Strumica et Plačkovica.

Après l’armistice de Thessalonique, la division retrouve ses deux consœurs dans un corps d’armée grec, le corps d’armée de défense nationale.

La troisième division grecque est la Division Crétoise qui est mise sur pied à Chania (Crète) entre octobre 1916 et mai 1917. Cette division va combattre aux côtés de ses deux consoeurs puis dans la guerre greco-turque. En novembre 1920 elle est rebaptisée 5ème Division d’infanterie car son nom est trop lié à Venizelos.

A ces trois divisions créées sous l’impulsion de Eleftherios Venizelos vont s’ajouter sept autres divisions portant donc le total à 204000 hommes.

Mitteleuropa Balkans (181) Grèce (25)

Histoire de l’armée (de terre) grecque

Des origines compliquées

L’armée grecque en 1832

L’armée royale grecque est officiellement créée en 1828 mais des unités sont mises en place dès avril 1822 avec un régiment d’infanterie et une batterie d’artillerie commandés non pas par des grecs mais par des européens philhellènes. Néanmoins le manque de fonds pousse à leur dissolution peu après.

De nouvelles unités régulières sont mises sur pied en juillet 1824 et en mai 1825 est votée la première loi de conscription.

Sous le commandement du colonel Charles Fabvier, l’armée grecque s’enrichit d’unités de cavalerie, de musique militaire et de santé (grâce à l’aide précieuse du plus célèbre des philéllènes à savoir Lord Byron).

Sous la direction de Ioannis Kapodistrias, un secrétaire des affaires militaires et navales est créé tout comme une Académie Militaire et un corps du génie. On tente d’intégrer les unités irrégulières de la guerre d’indépendance au sein d’unités d’infanterie légère. L’influence française est très forte.

Au cours de la guerre civile grecque (1831-1833), l’armée régulière disparaît de facto à défaut que cette disparition soit de jure.

Corps auxiliaire bavarois

Le 30 janvier 1833 le roi Othon 1er arrive à Nauplie avec un corps auxiliaire bavarois (Königlich Bayerisches Hilfkorps).

Ce corps créé grâce à une convention du 1er novembre 1832 doit permettre la relève du corps expéditionnaire français qui joua un rôle décisif dans la guerre d’indépendance grecque mais aussi permettre la création d’une armée royale hellène digne de ce nom.

Officiellement il s’agit de volontaires mais en pratique le manque de temps et surtout une organisation défaillante à obligé Othon 1er à utiliser l’armée de son état la Bavière pour disposer d’un corps qui lui soit fidèle alors qu’à l’époque son royaume est un véritable panier de crabe où les problèmes et les menaces sont légions.

Selon l’accord de novembre 1832 ce corps doit comprendre 3500 hommes répartis en un état-major, quatre bataillons d’infanterie, six compagnies de cavalerie, quatre compagnies d’artillerie et une compagnie technique.

La moitié du corps doit rester deux ans et le reste quatre ans. Théoriquement le corps doit être supprimé le 1er janvier 1837.

Ce corps affiche un manque criant qui montre à quel point le futur roi de Grèce ignore ou se moque de son futur état. Dans un pays sous-équipé en infrastructures qui plus est ravagé par les combats de la guerre d’indépendance comment expliquer l’absence d’unités du génie pour reconstruire et aménager le territoire en construisant routes, ponts, casernes……. .

3582 hommes arrivent en Grèce, la moitié étant de véritables volontaires, la deuxième moitiée étant composée de soldats issus de l’armée bavaroise.

Parmi les unités régulières on trouve deux régiments de marche, le premier combinant le 1er bataillon du 6ème régiment et le 2ème bataillon du 11ème régiment alors que le second combine le 1er bataillon du 10ème régiment et le 2ème bataillon du 11ème régiment. On trouve également deux escadrons de cavalerie et huit pièces d’artillerie.

Normalement le corps auxiliaire bavarois devait être indépendant et non intégré à l’armée grecque à créer. Othon 1er qui veut faire de son nouveau royaume un état occidental en se moquant bien des spécificités de la Grèce décide par un décret royal du 6 février 1834 d’intégrer son corps bavarois à l’armée héllène.

Comme on dit le ver et dans le fruit puisque naturellement un roi bavarois va avoir tendance à privilégier les bavarois pour les postes clés de l’armée au détriment des autochtones et qu’il n’y ait pas les personnes compétentes en Grèce ne change rien. On parle de Bavarocratie et certains combattant de la guerre d’indépendance amers et désabusés se demandent à quoi ont servis tout ces sacrifices pour remplacer le joug ottoman par le joug bavarois.

C’est ainsi que deux compagnies de chaque bataillon d’infanterie, dans le régiment de cavalerie et le bataillon d’artillerie doivent être exclusivement bavaroises. Officiellement il s’agit d’entrainer et d’encadrer les grecs mais en pratique cela va aboutir comme nous l’avons vu à un verrouillage de l’armée par du personnel bavarois.

Les effectifs sont portés à 5000 hommes. Entre 1832 et 1835 5410 volontaires ont été recrutés et tous ne sont pas bavarois puisqu’on trouve 3345 bavarois, 1440 volontaires de petits états allemands (NdA avant l’unification allemande, ces petits états princiers étaient des viviers de recrutement pour qui cherchait des mercenaires ce qui offrait à ces états une source appréciable de revenus), 235 suisses, 186 prussiens, 135 autrichiens, 23 français, 19 danois 10 suisses 6 italiens 3 suédois 2 britanniques 1 néerlandais 1 espagnol 1 belge et même trois turcs.

Nombre de volontaires déchantent, les conditions de vie sont très difficiles et nombre d’entre-eux succombent des suites de maladie.

Le Corps Auxiliaire Bavarois connait son baptême du feu lors de la Révolte de Maniot où par la volonté de détruire des habitations-tours vus comme des forteresses potentielles les 2500 bavarois se heurtent à une farouche et cruelle résistance des habitants obligeant le gouvernement d’Othon 1er de négocier et de lâcher du lest.

Cette défaite va encourager un certain nombre de révoltes puisque les bavarois n’apparaissant plus aussi redoutables qu’auparavant.

En décembre 1834 sur les 5678 hommes de l’armée grecque 3278 hommes appartiennent au corps auxiliaire bavaroise. Un an plus tard c’est respectivement 9613 et 4570 hommes.

L’efficacité des unités est médiocre, le nombre d’officiers étant tel qu’on pourrait parler d’une armée mexicaine et jamais dans l’histoire un surencadrement n’à été source d’efficacité.

En janvier 1836 l’armée est réorganisée. Un processus de «grécisation» est enclenchée avec deux bataillons sur quatre entièrement composés de grecs, les deux autres encore composés de bavarois devant être progressivement remplacés par des grecs. A noter que des soldats en sureffectif ont formé deux compagnies de travailleurs destinés à la construction de routes et à la lutte contre le brigandage.

Les derniers officiers quittent la Grèce en 1843 et les seuls officiers étrangers désormais autorisés sont ceux ayant combattu au cours de la guerre d’indépendance grecque.

Au final le bilan du corps auxiliaire bavarois n’à pas été bon. Immédiatement vu comme un élément étranger dans un pays tout juste indépendant, il n’à pas su ou pas voulu servir de creuser à une véritable armée grecque.

Othon 1er créé des bataillons d’infanterie de ligne organisés à l’occidentale avec une compagnie d’evzones, des fantassins légers qui ne sont pas simplement des soldats d’opérette gardant les bâtiments officiels de la République de Grèce comme c’est le cas aujourd’hui.

Les evzones sont des soldats comparables aux Jäger allemands, aux Riflemen britanniques ou encore aux chasseurs à pied français voir aux bersaglieri italiens.

Après des siècles d’éclipse ils réapparaissent en 1824 durant la guerre d’indépendance grecque quand le premier bataillon régulier d’infanterie était divisé en six compagnies dont une compagnie d’evzone. A noter qu’à l’époque leur célèbre uniforme n’était pas utilisé à la différence des régiments d’infanterie légère grec levés par les britanniques durant les guerres napoléoniennes.

En 1828 Ioannis Kapodistrias met sur pied treize bataillons légers (cinq venant de l’ouest de la Grèce et huit venant de Grèce orientale).

Il s’agissait de mettre un peu d’ordre dans le camp grec où les unités qui combattaient les ottomans (klephts) ressemblaient davantage à des bandits de grand chemin qu’à autre chose.

Après la mort de Kapodistrias ces bataillons se transforment en bandits de grand chemin un peu comme les troupes licenciées au Moyen-Age.

En février 1833 le roi Othon 1er organise l’infanterie en huit bataillons de 728 hommes chacun répartis en six compagnies (une compagnie de grenadiers, quatre compagnies de ligne et une compagnie d’evzones ou voltigeurs dans la terminologie bavaroise). L’uniforme reste européen avec néamoins des parements verts pour distinguer ces unités des autres composantes de l’infanterie.

En mars 1833 dix bataillons indépendant d’infanterie légère sont mis sur pied des unités appelées Ἀκροβολισταί, « tirailleurs » ou Κυνηγοί, « chasseurs ».

Ils disposent de 204 hommes répartis en quatre compagnies. Ces unités eurent du mal à recruter en raison d’un uniforme à l’européenne qui ne passapit pas auprès des vétérans de la guerre d’indépendance.

En 1836 quantre bataillons d’infanterie légère sont formées à leur place, bataillons autorisés à porter un uniforme plus populaire chez les grecs. Chaque bataillon disposait de six compagnies de 162 hommes chacune (contre 120 pour les bataillons de ligne).

En janvier 1838 ces quatre bataillons sont amalgamés pour former deux bataillons d’infanterie de ligne et en parallèle sont créés huit bataillons de garde-montagne pour protéger la frontière et traquer les brigands. Chaque bataillon disposait de quatre compagnies avec 299 hommes et 16 officiers. En février ils sont placés sous le commandement de trois QG de Garde-montagne.

Nouvelle réorganisation en 1843, les bataillons d’infanterie sont réduits à deux bataillons de ligne à huit compagnies (dont une d’evzones) de 140 hommes chacun et deux bataillons de Skirmisher à quatre compagnies chacune.

Au même moment trois compagnies légères sont mises sur pied qui en 1844 sont amalgamés dans un corps de garde-montagne de renfort, les quartiers généraux de Garde-montagne étant supprimés. En 1852 nouvelle réorganisation, les garde-montagnes sont réorganisés en quatre régiments à deux bataillons chacun.

Cela ne dure pas car en août 1854 les garde-montagnes sont supprimés et les unités transformées en trois bataillons de Skirmisher. Parallèlement le nombre de bataillon d’infanterie est porté à six.

En 1860 l’infanterie est homogénéisé avec dix bataillons d’infanterie à six compagnies de 120 hommes chacune (cinq de ligne et une evzone) plus dix bataillons de réserve.

Le 12 décembre 1868, le roi Georges 1er qui à succédé à Othon 1er deux ans plus tôt signe un décret royal créant quatre bataillons d’evzones destinés aussi bien à des missions classiques de combat qu’à des missions de soutien à la Gendarmerie.

Chaque bataillon était commandé par un lieutenant colonel ou un major avec un état-major de quatre officiers et six sous-officiers. Il comprennait quatre compagnies de 122 hommes, tous des engagées volontaires. Les engagés devaient être en bonne santé, être âgés entre 17 et 40 ans et si possible célibataires.

Le même jour face à l’insécurité endémique, le roi autorise la création à titre provisoire de huit autres bataillons d’evzone tandis que les effectifs de chaque compagnie sont portés à 170. Un détachement de la Garde Royale est créé le même jour pour protéger le roi avec deux compagnies d’evzones et un peloton (certaines sources disent un escadron) de cavalerie.

En 1877 durant la grand crise dans les Balkans, l’armée grecque est réorganisée avec deux divisions d’infanterie quartenaire. Les bataillons d’Evzones dépendant de différentes brigades réparties sur tout le territoire grec. La réforme de 1878 augmente les effectifs de l’armée mais pas ceux des evzones en temps de paix.

En 1880 le nombre d’unités d’evzones est porté à onze bataillons indépendants à quatre compagnies chacun plus un bataillon d’entrainement, nombre qui est réduit à neuf dès 1881 puis à huit en 1885 mais deux bataillons de réserve sont créés. En 1887 sur les huit bataillons seuls six sont opérationnels, deux étant des bataillon-cadre activés uniquement en temps de paix.

Ils participent à la désastreuse guerre gréco-ottomane de 1897 où ils ne font ni pire ni mieux que les autres tant ce conflit est un désastre pour l’armée grecque.

En juin 1900 deux régiments d’evzones sont mis sur pied, le 1er comprennantl es 6ème, 8ème et 9ème bataillons alors que le 2ème comprend les 1er et 4ème bataillons. En 1903/04 les deux régiments forment la 1ère brigade de la 1ère division d’infanterie en compagnie des 1er, 2ème et 3ème bataillons qui sont recréés pour renforcer les trois divisions d’ifnanterie.

Cela change encore en 1904 avec quatre régiments d’infanterie et deux bataillons d’evzone pour chacune des trois divisions d’infanterie, la 1ère division comprenant les 4ème et 6ème bataillons, la 2ème DI les 1er et 2ème bataillons, la 3ème division comprenant les 3ème et 7ème bataillons.

Evzones en 1908

En 1910 on envisage encore neuf bataillons d’evzones mais le nombre est à nouveau réduit à six avec quatre compagnies et deux pelotons de mitrailleuses.

Vers 1860, les effectifs de l’armée grecque sont proches des 200000 hommes. En 1877 elle est réformée avec une organisation en divisions et en brigades. En 1879 le service militaire universel est mis en place.

Pour améliorer les capacités de l’armée, la Grèce sollicite l’aide de la France qui de 1884 à 1887 envoie une mission militaire française pour mettre en place des Ecoles Militaires. Les éléments les plus prometteurs de l’armée grecque sont envoyés à l’étranger pour se former.

Cette mission militaire dirigée par le général de brigade Victor Vosseur arrive en novembre mais son action est limitée par le manque de fonds et par la volonté du premier ministre Charilaos Trikoupis de concentrer ses efforts sur la marine (qui bénéficie des conseils d’une autre mission française).

La période est tendue et à plusieurs reprises l’armée grecque mobilise (juillet 1880, avril 1882 et septembre 1885) ce qui épuise un pays pauvre.

La guerre greco-ottomane (1897) montre les faiblesses abyssales de l’armée grecque qui manque de tout, d’armes, de munitions, de fortifications et d’officiers compétents.

De nombreuses réformes sontt menées (1899-1901, 1903, 1904 et 1906 à 1909). Un nouveau statut de l’Armée est mis en place en 1904 puis révisé en 1910.

Canon de 75mm Schneider-Danglis modèle 06/09

De nouvelles armes sont acquises comme le canon de 75mm Schneider-Danglis modèle 06/09, des fusils Mannlicher-Schönauer, un nouvel uniforme kaki….. . Ces réformes sont accélérées et accentuées suite au coup de Goudi (1909).

Une nouvelle mission militaire française est envoyée à Athènes entre 1911 et 1914 sous l’impulsion du premier ministre Eleftherios Venizelos.

Sous l’impulsion de cette mission, l’armée grecque adopte l’organisation ternaire (trois régiments) pour ses divisions d’infanterie et surtout réforme profondément son processus de mobilisation ce qui lui permet de mobiliser bien plus de troupes qu’auparavant.

Si les observateurs étrangers estiment les effectifs grecs mobilisables à 50000, les effectifs réellement mobilisables sont bien plus important (125000 hommes plus 140000 hommes au sein de la garde nationale).

La mission militaire française arrive sur place en janvier 1911 sous l’autorité du général Joseph-Paul Eydoux remplacé en avril 1914 par le général Etienne de Villaret (qui avait servit dans une mission militaire au Japon) et allait repartir le 5 septembre 1914 suite au déclenchement du premier conflit mondial. Sans contestation possible, les performances de l’armée grecque durant les deux guerres balkaniques peuvent lui être attribuées.

En 1907 une mission navale française avait connu un échec en proposant aux grecs une marine composée uniquement d’unités légères donc ne pouvant jouer qu’un rôle mineur en mer Egée. A cela s’ajoutait l’hostilité ouverte des britanniques qui considéraient la marine comme leur pré-carré.

A l’époque les grecs cherchent à moderniser leur armée et envisage de faire appel à l’Allemagne de Guillaume II pour cela. Ce projet allait capoter en raison des réticences germaniques à rallumer le chaudron balkanique et de l’arrivée au pouvoir après le coup d’Etat de Goudi d’Eleftherios Venizelos.

Ce dernier était nettement plus partisan de la France et l’Allemagne préféra (également pour des raisons économiques) soutenir l’empire ottoman.

En 1911 le «Clemenceau grec» invite la Grande-Bretagne à envoyer une mission navale et la France à envoyer une mission militaire. Cette décision n’est pas vraiment du goût du roi Georges 1er et du prince héritier Constantin toujours favorables à une mission allemande. Ils sont pour cela appuyés par un petit groupe d’officiers grecs entrainés à l’allemande dont un certain Ioannis Metaxas.

Eleftherios Venizelos défend sa position en disant que la Grèce avait besoin d’un prêt (la France est un investisseur majeur à l’époque), que le matériel français déjà en service n’aurait aucun secret pour les officiers français à la différence des allemands qui auraient besoin d’un temps d’adaptation.

Ce conflit annonçait le futur Schisme National entre Eleftherios Venizelos et le roi Constantin 1er.

Le 21 janvier 1911 une convention militaire franco-grecque est signée pour définir les objectifs de la mission militaire française.

Quatre jours plus tôt le général Joseph-Paul Eydoux était arrivé à Athènes et disposait de pouvoirs étendus pour totalement réorganiser, réentrainer et rééquiper l’armée grecque. Il n’est naturellement pas seul puisqu’outre son adjoint le lieutenant-colonel Bousquier, il pouvait compter selon les époques entre 14 et 18 officiers.

Les relations ne sont pas forcément bonnes. Les officiers français ne parlent pas un mot de grec (NdA ce qui me paraît étrange pour une mission militaire destinée à former mais probablement que les officiers français parlant le grec n’étaient pas légion ou plutôt phalange) et se montrent souvent dédaigneux et cassants avec leurs homologues. Les grecs reconnaissent néanmoins que les officiers français font preuve d’énergie et de motivation.

Peu à peu la situation s’améliore. En janvier 1912 une nouvelle table d’organisation de l’armée est adoptée. Elle porte l’armée d’active à quatre divisions d’infanterie qui adoptent l’organisation ternaire comme nous l’avons vu.

L’Académie Militaire est réorganisée sur le modèle de l’Ecole Spéciale Militaire de Saint-Cyr, l’enseignement privilégiant l’artillerie et le génie par rapport à l’infanterie et à la cavalerie. Le cursus est réduit à 3 ans.

Au printemps 1912 les manœuvres doivent montrer l’efficacité de l’enseignement de la mission militaire française. Les progrès sont nets et si il y à bien quelques défauts à corriger, la réussite des dites manœuvres voit l’armée grecque être à nouveau confiante dans ses capacités. Le message est également envoyé aux pays voisins.

Parmi les principales difficultés signalons le manque de bons sous-officiers qui ne sont pas toujours capables d’exploiter une troupe considérée comme de bon niveau. Les échelons supérieurs de l’armée montrent un certain nombre de lacunes. Le prince Constantin critique au cours d’un diner l’action de la mission militaire française sans la nommer ce qui provoque un incindent diplomatique ce qui oblige le futur Constantin 1er à faire machine arrière le lendemain.

Durant les guerres balkaniques les officiers français restèrent là mais essentiellement dans des postes à l’arrière, laissant aux grecs le commandement des unités d’attaque. La logistique gérée par le colonel Bonnier joua un rôle clé dans les succès grecs et naturellement les quelques problèmes furent le prétexte trouvé par les pro-allemands pour à nouveau critiquer les performances de la mission militaire française.

Les guerres balkaniques terminées, l’armée grecque est réorganisée avec la création de nouvelles divisions et des premiers corps d’armée, le général Eydoux prennant la tête du Corps d’Armée «A» dont l’état-major était implanté à Athènes. Il doit en faire une unité modèle pour permettre à l’armée grecque d’atteindre l’excellence.

Je vais ici faire une nouvelle entorse à ma chronologie en abordant l’évolution des evzones. La mobilisation consécutive à la première guerre des Balkans permet de créer quatre nouveaux bataillons qui se distinguent durant le conflit.

J’ignore si les evzones se considéraient comme des troupes d’élite, des troupes de choc mais ce qui est certain c’est que les pertes notamment parmi les officiers sont à la hauteur de leur grande agressivité au combat notamment parmi les officiers qui commandent de l’avant et sont donc tout autant exposés au feu ennemi que les sous-officiers et les hommes du rang.

A la suite des guerres balkaniques l’armée grecque est réorganisée et les evzones sont désormais regroupés en cinq régiments d’infanterie sur les quarante-deux de l’armée grecque, les régiments d’evzones disposant d’une double dénomination.

Chaque régiment d’evzones est organisé de la même façon que n’importe quel régiment d’infanterie grec à savoir à trois bataillons à quatre compagnies chacune disposant de trois pelotons de combat et un peloton de mitrailleuses.

Le 1er régiment (38ème RI) dépend de la 1ère division d’infanterie stationnée à Larissa, division qui dépend du Corps d’Armée «A» dont l’état-major est installé à Athènes.

Le 2ème régiment (39ème RI) dépend lui de la 3ème division d’infanterie stationnée à Patras, division qui dépend du Corps d’Armée «B» dont l’état-major est installé également à Patras.

Le 3ème régiment (40ème RI) dépend lui de la 9ème division d’infanterie stationnée à Ioannina, division qui dépend du Corps d’Armée «E» dont l’état-major est également installé à Ioannina.

Le 4ème régiment (41ème RI) dépend lui de la 10ème division d’infanterie stationnée à Veroia, division qui dépend du Corps d’Armée «C» dont l’état-major est également installé à Veroia.

Le 5ème régiment (42ème RI) dépend lui de la 13ème division d’infanterie stationnée à Halkis, division qui dépend du Corps d’Armée «A» dont l’état-major est installé dans la capitale grecque.

Les evzones participent naturellement à la première guerre mondiale puis à la guerre gréco-turque prélude à la Grande Catastrophe. Ils se maintiennent dans l’armée grecque et sont toujours là en septembre 1948 quand pour la deuxième fois en trente ans les jeunes grecs doivent retourner au combat même si cette fois le contexte politique est nettement plus serein qu’en 1914.

Quand les italiens déclenchent l’opération CAESAR, les grecs mobilisent sur leur frontière commune avec l’Italie un total de dix divisions d’infanterie, deux divisions de cavalerie, leurs trois bataillons de chars Hotchkiss H-39 ainsi que des unités d’artillerie et du génie.

Ces divisions d’infanterie qui comprennent des unités d’evzones sont répartis entre une Armée d’Epire (1er Corps d’Armée, Corps d’Armée d’Epire et 3ème Corps d’Armée _chaque corps d’armée disposant de deux DI_ plus une divisions de cavalerie et un bataillon de chars Hotchkiss H-39) et une Armée de Macédoine (2ème et 4ème Corps d’Armée, une division de cavalerie et deux bataillons de chars Hotchkiss H-39).

Ces evzones vont combattre les italiens et les allemands, s’attirant le respect et souvent la haine de leurs ennemis.

Leurs pertes sont lourdes mais en arrivant dans le Péloponnèse à la fin de la Campagne de Grèce les fantassins légers grecs pourront garder la tête haute en se disant qu’ils n’ont pas démérité.

Lors de la recréation de l’armée grecque connue sous le nom d’Armée Grecque de Libération (AGL), la question de recréer des unités d’evzones ne se pose pas, le seul débat concernant la forme.

Si certains se prennent à rêver d’une division d’evzones, le débat le plus sérieux oppose ceux partisans de recréer des régiments d’evzones (un par division sur le modèle d’avant-guerre) à ceux voulant mettre sur pied des bataillons indépendants.

Ce sont ces derniers qui l’emporte. Les projets sont ambitieux puisqu’il est question de mettre sur pied pas moins de douze bataillons organisés en un état-major, une compagnie de commandement et de soutien, trois compagnies de combat à quatre sections de combat et une section de mitrailleuses et une compagnie d’armes lourdes.

Finalement seulement huit bataillons seront recrées, des bataillons qui sont clairement des bataillons d’infanterie légère c’est-à-dire capable de mener des missions d’éclairage, de flanquement et de harcèlement mais qui peuvent aussi se targuer d’être utilisés comme unités commandos aux côtés du bataillon sacré et du bataillon d’hoplites de la mer.

Néanmoins les bataillons d’evzones méneront assez peu d’opérations commandos stratégiques et seront surtout utilisés au niveau opératif en attaquant quelques heures avant les unités en ligne pour déstabiliser le dispositif ennemi.

La fin du second conflit mondial ne marque pas la fin des combats pour les evzones puisqu’ils doivent lutter contre les maquisards communistes bien décidés à renverser la monarchie pour établir une démocratie populaire. Utilisés comme bataillons d’intervention, les evzones vont se montrer redoutables.

A la fin de la guerre civile, le nombre de bataillon passera de huit à six puis à quatre, nombre qui n’à pas évolué jusqu’à nos jours malgré de nombreux projets.

Mitteleuropa Balkans (166) Grèce (10)

La Grèce dans les guerres balkaniques

En bref….

Au début du 20ème siècle la poudrière des Balkans n’à jamais aussi bien porté son nom avec de nombreuses tensions entre états chrétiens et l’empire ottoman mais aussi entre états chrétiens qui se querellent entre eux.

Avant le conflit on assiste à une préparation diplomatico-militaire entre les nations européennes mais cette alliance est biaisée par des intérêts clairement divergents entre les participants de la Ligue Balkanique.

C’est ainsi que si les bulgares, les serbes et les monténégrins mettent en place en commun leurs plans de guerre, ils n’invitent pas les grecs. Normalement les serbes et les monténégrins doivent attaquer dans le Sandjak, les bulgares et les serbes en Macédoine et en Thrace.

Face à ce déploiement de force important l’empire ottoman sera handicapé par l’incapacité de sa marine à couvrir le passage en Europe de troupes stationnées en Asie Mineure et dans la partie arabe de l’empire.

Trois états-majors sont ainsi mis sur pied pour gérer les fronts multiples à venir : le QG de Thrace installé à Constantinople pour faire face aux bulgares, le QG de l’Ouest à Salonique pour faire face aux grecs et enfin celui du Vardar à Skopje pour faire face à l’armée serbe.

La première guerre balkanique à lieu du 8 octobre 1912 au 30 mai 1913. Elle oppose les signataires de la Ligue Balkanique (Bulgarie, Serbie, Grèce et Monténégro) à l’Empire ottoman et se termine par une victoire éclatante des pays européens contre une Sublime Porte qui mérite plus que jamais son statut d’homme malade de l’Europe. Il faut dire que 350000 ottomans affrontent 600000 bulgares, 220000 serbes, 115000 grecs et 35000 monténégrins.

La deuxième guerre balkanique qui à lieu du 29 juin au 10 août 1913 oppose la Bulgarie à ses anciens alliés (mais aussi à l’empire ottoman) suite à des désaccords sur le partage des dépouilles ottomanes. Environ 500000 bulgares affrontent 348000 serbes, 330000 roumains, 255000 turcs, 148000 grecs et 12800 monténégrins.

Les bulgares prennent l’initiative des opérations mais les serbes et les grecs repoussent cette attaque.

Les serbes et les grecs attaquent à l’ouest et au sud, la Roumanie attaque au nord et l’empire ottoman en Thrace pour reconquérir Andrinople. Ce conflit allait se terminer par un armistice suivit du traité de Bucarest qui allait voir la Bulgarie s’en sortir à très bon compte.

La Grèce et les guerres balkaniques

Dans cette partie je ne vais pas détailler le recit de ces deux conflits qui annoncent le premier conflit mondial mais je vais essayer de me focaliser sur les événements qui concernent la Grèce et pas les autres pays.

Durant le premier conflit, la Grèce combat essentiellement sur deux fronts : le front de Thessalie et de Macédoine à l’est, le front de l’Epire à l’ouest. Si les troupes terrestres grecques font mieux que se défendre c’est surtout la marine héllène qui va jouer un rôle capital en prenant et en conservant le contrôle de la mer Egée empêchant les ottomans de se transférer entre l’Asie mineure et l’Europe des troupes.

Qui dit conflit dit armée. Les armées des Etats balkaniques sont équipées et organisées à l’européenne, à l’occidentale avec des armes fournies essentiellement par la firme allemande Krupp et par la firme française Schneider. L’artillerie des différentes armées est plutôt moderne mais l’infanterie puisée essentiellement dans la paysannerie en dehors de sa solidité et sa rusticité semble inférieure à des infanteries de pays plus développés.

De son côté l’armée ottomane avait été reformée et réentrainée fin 19ème par les allemands ce qui porta ses fruits durant la guerre greco-ottomane de 1897. Elle connait alors une période de déclin et les réformes menées par les «Jeunes Turcs» à partir de 1908 n’ont pas encore porté leurs fruits.

De plus l’armée régulière ou nizam est certes bien équipée bien entrainée mais hélas peu nombreuse à la différence de la réserve ou redif mal équipée mal entrainée et même peu sure car recrutée dans des ethnies et des nationalités qui n’ont rien à gagner à mourir pour la Sublime Porte.

L’armée grecque aligne 25000 hommes en temps de paix et peut compter sur 110000 hommes après mobilisation.

Elle comprend initialement quatre divisions d’infanterie (avec un régiment d’artillerie à trois groupes de trois batteries de quatre canons soit 36 canons de 75mm Schneider-Danglis modèle 1906/09), six bataillons d’infanterie légère les fameux evzones, trois régiments de cavalerie, deux régiments d’artillerie de montagne et un bataillon d’artillerie lourde.

L’Armée de Thessalie sous le commandement du diadoque (prince héritier) Constantin concentrée autour de Larissa comprend les 1ère, 2ème, 3ème 4ème division, 5ème, 6ème et 7ème divisions, une brigade de cavalerie, quatre bataillons d’evzones, deux compagnies du génie, deux compagnies télégraphiques, un bataillon d’artillerie de garnison, trois compagnies de brancardiers, huit hôpitaux de campagne, deux bataillons de la garde nationale et les services de QG.

Cela représente 100000 hommes, 23000 chevaux et animaux de bât, 3500 véhicules et 70 mitrailleuses.

L’Armée d’Epire placée sous le commandement du général Konstaninos Sapountzakis déployée à l’est d’Arta est nettement plus faible avec quatre bataillons d’evzones, un régiment d’infanterie à trois bataillons, un bataillon de garde nationale, une compagnie de cavalerie, un bataillon d’artillerie de campagne, un bataillon d’artillerie de bât et les services de QG soit 10500 hommes, 4200 chevaux et animaux de bat et 400 véhicules.

On note également la présence d’une Armée de l’intérieur avec 17000 hommes, 2900 chevaux et animaux de bat et 1800 véhicules qui sert de réserve.

La Grèce possède une poignée d’avions utilisée pour la reconnaissance et l’observation et surtout d’une puissante marine avec un cuirassé (Averoff), seize destroyers et 19 torpilleurs qui va couper en deux le dispositif ottoman et empêcher Constantinople de faire passer des troupes d’Asie en Europe.

Le 29 septembre 1912 Athènes décrète la mobilisation générale. Les classes 1910 et 1911 récemment libérées sont rappelées, les réservistes des classes 1893 à 1909 sont mobilisées. La Crète qui n’appartient pas officiellement à la Grèce mobilise des troupes tout comme des volontaires étrangers notamment une brigade commandée par Riccioti Garibaldi le fils de. On trouve également 77 unités crétoises, 44 unités épirotes et 9 unités macédoniennes.

La Grèce rentre en guerre le 17 octobre 1912. L’Armée de Thessalie à pour objectif la conquête de Thessalonique ville également visée par les bulgares et dans une moindre mesure les serbes. Les militaires préféraient s’emparer de Bitola pour s’emparer de toute la Macédoine. De son côté l’Armée d’Epire à pour objectif majeure la ville d’Ioannina.

L’Armée de Thessalie pénètre dans la région éponyme divisée en deux colonnes. Des irréguliers débarquent en Chalcidique dans le Golfe de Ierissos.

Le 18 octobre, la colonne ouest franchit le col de Meluna, s’emparant des villes d’Elassona et de Deskati. La colonne est marche elle sur Petra. Les ottomans qui s’attendaient à une attaque sur Elassona ont laissé les cols sans défense.

La première véritable bataille à lieu les 21 et 22 octobre. C’est la Bataille du col de Sarantaporo, cinq divisions grecque affrontant deux divisions ottomanes. Les grecs semblent mettre en place un siège le 21 mais en réalité attaquent le lendemain, attaque victorieuse avec 187 morts et 1027 blessés côté grec, 700 tués et 700 prisonniers côté ottoman.

Cela ouvre aux grecs la route de la Macédoine. Les ottomans battent en retraite mais les grecs épuisés ne peuvent se lancer à leur poursuite et ainsi transformer la retraite en déroute. De plus le manque d’éclaireurs rendait les grecs plus prudents, l’armée héllène manquant de renseignements sur l’état réel des forces ottomanes.

L’effort de guerre grec est alors parasité par les querelles entre les militaires et les politiques. Le diadoque Constantin voulu marcher sur Bitola mais son père le roi Georges 1er lui fait comprendre que le plus important c’était de s’emparer de Thessalonique. Constantin s’incline et transfera sa rancoeur sur Venizelos selon le cliché classique du «bon roi entouré de mauvais conseillers».

La ville de Servia tombe le 22 octobre, celle de Kozani le 23 et le 26 l’armée grecque force les cols du Vernion sur la route entre Kozani et Béroia. Le 28 c’est la ville de Katerini qui tombe, deux divisions atteignant la ville de Béroia, une autre le village de Perdikas.

Le 29 octobre 1912 la ville de Naoussa est prise sans combat, la population s’étant révoltée et avait chassé la garnison ottomane.

Le 30 octobre 1912 les villes d’Edessa et de Gidas (aujourd’hui Alexandreia) sont prises. Après les combats autour de Servia, la 5ème division est envoyée vers le nord et la ville de Florina pour préparer une éventuelle avancée vers Bitola.

Le 27 octobre, la ville de Ptolemaida est prise suivit trois jours plus tard de la ville d’Amyntaio. Suite à une contre-attaque ottomane, la division doit se replier en désordre vers le sud-est.

Les 1er et 2 novembre 1912 à lieu la Bataille de Grannitsa. Les grecs mobilisent 80000 hommes face aux 25000 soldats ottomans. Les grecs ont 1200 tués contre 1960 pour les ottomans. Cette sanglante bataille permet aux grecs d’avancer vers l’est direction Thessalonique. Les ottomans avaient détruit le pont routier sur le Vardar mais étonnamment pas le pont ferroviaire.

Le 4 novembre la ville de Nigrita est prise. Le 6 novembre 1912 la ville de Siatista est prise sans combats par le 4ème bataillon d’evzones. Une contre-attaque ottomane est repoussée.

Le 8 novembre 1912 les grecs rentrent à Thessalonique après la rédition négociée de la garnison ottomane. Après de laborieuses négociations, les grecs acceptent que des troupes bulgares s’installent à Thessalonique pour se reposer. Cette course greco-bulgare pour Thessalonique à permis aux ottomans de se replier en bon ordre et préserver l’avenir.

Constantin décide de s’emparer de Bitola. Le 12 novembre, la 6ème division s’empare d’Edessa, la ville de Kelle est prise par le 1er régiment de cavalerie et un bataillon d’evzone le 20 novembre. Le 23 novembre c’est la ville de Kastoria qui tombe alors que le 20 décembre 1912 c’est la ville de Korista qui est prise.

Sur le front d’Epire il est initialement question de rester sur la défensif mais dès le 18 octobre on décide de passer à l’attaque. La ville de Filippiada est prise le 24. Les (maigres) moyens sont divisés en deux colonnes, une avançant vers le nord et Ioannina l’autre devant longer le Golfe Ambracique et descendre vers le sud-ouest et Preveza. Cette dernière colonne connait une forte résistance.

Le 2 novembre 1912 la ville et le fort de Nicopolis sont prises par la 2ème colonne (une compagnie d’infanterie et un peloton de cavalerie). Preveza est prise le lendemain mais la capture de Ioaninna fût plus longue.

Il faut dire que la noix est très dure à casser avec deux divisions d’infanterie et 90 canons de gros calibre. Le 5 novembre le port de Chemarra situé au nord-ouest de Ioaninna est prise pour tenter de perturber le ravitaillement de la garnison ottomane. Le 13 novembre c’est la ville de Metsovo qui est prise suivie le 7 décembre par les villes d’Aghioi et de Saranta mais cette dernière doit être évacuée dès le 10 décembre.

Les grecs assiègent Ioannina mais sont bloqués tout comme les bulgares à Andrinople et les monténégrins à Scutari.

La Grèce ne signe pas l’armistice de Chataldzha et les combats se poursuivent durant tout l’hiver 1912/13. Le siège est compliquée car le blocus n’est pas totalement étanche, les soldats ottomans étant toujours ravitaillés.

En janvier 1913 trois divisions d’infanterie supplémentaires arrivent portant les effectifs à 28000 hommes avec 80 canons et 6 avions. La situation logistique grecque est précaire (mauvais temps, ravitaillement difficile). Les ottomans sont dans une situation délicate avec des habitants hostiles. Le siège est marqué par des duels d’artillerie et par la prise et la perte de fortins.

Le 23 janvier 1913 le diadoque Constantin remplace le général Sapountzakis. Le futur roi concentre ses moyens, ménage ses forces et peut lancer une offensive le 5 mars, offensive décisive car la ville se rend le lendemain.

Leskavik est prise le 7 mars (elle sera rétrocédée à l’Albanie) et Klisoura dès le 3 mars. Konitsa est prise le 5 mars, Neochori et Philiates le 9 mars, Argyrokastro et Delvino le 15 mars, Tepelen le 17 mars. L’avancée est stoppée le 2 avril, l’Italie et l’Autriche-Hongrie refusant que la Grèce ne contrôle l’accès à l’Adriatique.

La marine grecque appuie les attaques terrestres grecques, serbes et bulgares. Le 16 novembre 1912 l’île d’Ikaria est conquise. L’île de Tenedos est prise le 20 octobre 1912 et Lemnos avec son précieux port de Moudros le 28 octobre. Le 31, les grecs débarquent à Thasos, Agios Efostratios et Imbros et le 1er novembre c’est l’île de Samothrace qui est prise. Le port de Smyrne est bloqué. Le 22 c’est Psara qui est prise.

Le 14 novembre 1912 le mont Athos est conquis par les grecs. Le 21 décembre 1912 c’est l’île de Lesbos qui est prise. Le 3 janvier 1913 l’île de Chios est occupée. Le 14 mars 1913 l’île de Samos est prise et annexée à la Grèce.

Il y à deux batailles navales majeures, la Bataille d’Eli le 16 décembre 1912 et la Bataille de Lemnos le 18 janvier 1913.

A cette époque commencent les négociations entre alliés pour se partager les territoires européens de l’empire ottoman. Les premières tensions apparaissent. Les négociations ont lieu également avec l’empire ottoman et les Grandes Puissances.

En avril et mai 1913, la Grèce et la Serbie négocient un traité d’alliance. La Serbie obtenait Monastir, la Bulgarie Andrinople et la Grèce Thessalonique.

Le 18 mars 1913 Georges 1er est assassiné par un anarchiste à Thessalonique. Son fils Constantin immensément populaire devient Constantin 1er et non Constantin XII comme l’aurait souhaité certains grecs pour faire le lien avec Constantin XI Paléologue, le dernier empereur byzantin.

A l’époque on craint une guerre entre la Grèce et l’Italie car le Dodécanèse récemment conquis par les italiens réclamait son incorporation à la Grèce (ce qui sera chose faite en 1950 après l’opération CATAPULT).

La France soutient la Grèce car l’Italie est membre de la Triplice. La Russie refuse de voir la Bulgarie s’approcher trop de Constantinople.

Le Traité de Londres est signé le 30 mai 1913. Tous les territoires ottomans à l’est de la ligne Aimos/Medée passent aux vainqueurs qui doivent se partager les dépouilles.

L’empire ottoman renonçait également à la Crète et aux îles de la Mer Egée. La création de l’Albanie frustrait les objectifs serbes (fénètre sur l’Adriatique) et grecs (conquête de l’Epire du Nord, région à peuplement héllenophone).

La Deuxième guerre balkanique ne va pas tarder à éclater. La pomme de discorde majeure est la ville de Thessalonique. La Serbie et la Grèce ont signé un accord militaire le 12 mai 1913 prévoyant pour la partage des territoires une attitude commune face à la Bulgarie. On note des incidents militaires dès l’hiver 1912/1913.

Très vite des troupes serbes et grecques sont redéployées. Les grecs et les serbes ont moins souffert que les bulgares et doivent surtout défendre des territoires conquis à la différence des bulgares.

121000 soldats grecs sous le commandement direct de Constantin 1er doivent affronter les 36000 hommes de la 2ème Armée bulgare.

Les bulgares attaquent dans la nuit du 29 au 30 juin 1913. Le 30, les grecs chassent les troupes bulgares encore présentes à Thessalonique, des unités pauvrement équipées qui n’avaient aucune chance de tenir face à une attaque grecque décidée.

Du 30 juin au 4 juillet à lieu la Bataille de Kilkis-Lachanas. C’est une victoire grecque décisive avec de lourdes pertes côté bulgare. Le moral est très atteint du côté des troupes de Ferdinand 1er. Les bulgares abandonnent Serves et Drama. La victoire est célébrée par une médaille représentant d’un côté Constantin 1er et de l’autre l’empereur byzantin Basile II dit le Bulgaroctone (le «tueur de bulgares» NdA mon empereur byzantin préféré).

Le 6 juillet 1913 à lieu la Bataille de Dojran, une nouvelle victoire grecque qui entraine une retraite générale des forces bulgares le lendemain. Le 10 juillet la ville de Stromnitsa est prise et le même jour le fleuve Strymon est franchit, la ville de Sidivokastro est prise. Serves est prise le 11 juillet 1913.

La ville de Kato Neurokopi est prise le 19 juillet suivie de Xanthi le 25 juillet. Entre-temps le 23 juillet les grecs pénètrent en territoire bulgare par les gorges de Kresna. Épuisées les troupes grecques s’arrêterent le lendemain. Komotoene est prise le 27 juillet 1913.

Le 29 juillet 1913 les grecs attaquent dans les gorges de Kresna mais cela manque de tourner à la catastrophe. Ce qui sauve les grecs (qui manquent de subir le même sort que les romains à Cannes face à Hannibal) c’est l’attaque roumaine qui menaçait Sofia.

Les Balkans après le traité de Bucarest (1913)

Le Traité de Bucarest signé le 10 août 1913 voit la Bulgarie conserver une fenêtre sur la mer Egée avec le petit port de Dedeagac, le port majeur de Kavala allant à la grèce. La souveraineté grecque sur la Crète est enfin reconnue. Un traité greco-ottoman est signé à Athènes le 14 novembre 1913.

Durant ces conflits la Grèce à perdu 5169 morts (première guerre balkanique) et 2563 morts (deuxième guerre balkanique), 23502 et 19307 blessés.

La superficie augmente de 70% (64786 à 108606km²) et la population passe de 2.6 à 4.3 millions d’habitants.

La Grèce récupère la Macédoine avec les villes de Thessalonique, Beroia, Edessa et Kavala mais ne peut récupérer l’Epire du Nord confiée au nouvel état albanais. Des échanges de population ont lieu.

Des problèmes politiques ne tardent pas à éclater, les «Vieux grecs» ne considérant pas les nouveaux grecs comme des frères véritables ce qui limite la portée de la Grande Idée. Pas étonnant que Thessalonique ait servit de base de reconquête à Elefthérios Venizelos après qu’il eut été chassé du pouvoir en 1915.

Mitteleuropa Balkans (165) Grèce (9)

La naissance d’une nation

Les constitutions grecques

Constitution du 30 mars 1844

Othon 1er

Durant la guerre d’indépendance grecque plusieurs textes constitutionnels sont publiés mais quand il arrive au pouvoir en 1832 Othon 1er de culture absolutiste refuse le texte de 1832 et va gouverner pendant plus de dix ans sans constitution. Le 15 septembre 1843 la garnison d’Athènes se soulève pour réclamer une constitution ce qu’elle obtient l’année suivante avec l’assemblée dite du 3 septembre qui va rédiger la Constitution du 30 mars 1844 (18 mars dans le calendrier julien).

Cette constitution va être organisée en douze chapitres, le chapitre premier consacré à la religion, le chapitre II consacré au droit public des grecs, le chapitre III consacré à la forme du gouvernement, le chapitre IV consacré au roi, le chapitre V consacré au mécanisme de succession et de la régence, le chapitre VI consacré à la Chambre des Députés et du Sénat, le chapitre VII consacré à la Chambre des députés, le chapitre VIII consacré au Sénat, le chapitre IX consacré aux ministres, le chapitre X consacré au pouvoir judiciaire, le chapitre XI consacré aux dispositions générales et le chapitre XII destiné aux dispositions particulières.

Le chapitre premier concerne les deux premiers articles, le chapitre concerne les articles 3 à 14 avec l’égalité devant la loi, le respect des droits individuels et collectifs, l’interdiction du servage et de l’esclavage, la liberté de la presse, le droit à l’éducation, le droit de propriété ou encore le secret de la correspondance.

Le chapitre III concerne les articles 15 à 21 et impose la séparation des pouvoirs avec la répartition entre pouvoir exécutif, pouvoir législatif et pouvoir judiciaire.

Le chapitre IV couvre les articles 22 à 36 et concerne les pouvoirs du roi qui sont importants mais qui sont limités. Il sanctionne et promulgue les lois, convoque l’assemblée et le sénat en séances ordinaires et extraordinaires. Il possède le droit de grâce (à l’exception de ses ministres), peut proposer l’amnistie (après accord du ministre de la Justice), il peut battre monnaie, bénéficie d’une liste civile.

Le chapitre V couvre les articles 37 à 35 et concerne la succession au trône et la régence. La couronne hellène est héréditaire et transmissible aux descendants légitimes d’Othon 1er par ordre de primogéniture (article 37) puis de ceux de ses frères toujours par ordre de primogéniture (article 38).

En l’absence de tout héritier du trône le roi en fonction nomme son successeur du consentement de la Chambre des députés et du Sénat convoqués à cet effet avec 2/3 de chaque chambre et une majorité des 2/3 des membres présents.

Le roi doit être de religion orthodoxe (article 40), les couronnes de Bavière et de Grèce ne peuvent être réunies sur la même tête (article 41), la majorité du roi est fixée à 18 ans accomplis (article 42) et prête serment dans un délai de deux mois devant les deux assemblées réunies (article 43). En cas d’absence de successeur ou si le nouveau roi est mineur ou absent, une régence est mise en place (article 44). En cas de vacance du trône, régent grec et de religion orthodoxe est élu par les deux assemblées réunies par un seul corps.

Le chapitre VI qui va des articles 46 à 58 concerne la Chambre des Députés et du Sénat, répartissant les pouvoirs entre les deux assemblées. Les élus bénéficient d’une immunité parlementaire notamment durant les sessions. Les deux assemblées votent le budget chaque année.

Le chapitre VII (articles 59 à 68) concerne la Chambre des Députés qui sont élus dans chaque province proportionnellement à sa population avec un nombre minimal de 80. Ils sont élus au suffrage censitaire pour trois ans (article 62).

Pour être éligible il faut être citoyen grec établi en Grèce et jouir des droits civils et politiques, être âgé de trente ans accomplis et posséder les autres conditions requises par la loi électorale (article 63). Un député ne peut être ministre en même temps ce qui impose une nouvelle élection (article 64), chaque député recevant une indemnité mensuelle de 250 drachmes pendant la durée des travaux législatifs (article 67)

Le chapitre VIII (articles 69 à 79) concerne le Sénat qui sont nommés à vie par le roi. Le nombre minimal est fixé à vingt-sept avec un âge minimal de 40 ans, être de citoyen grec et avoir été nommé à une fonction politique ou militaire. Les princes du sang et l’héritier du trône sont membres à l’âge de 18 ans mais avec voix délibérative à partir de 25 ans. Le Sénat ne peut se réunir hors de la session de la Chambre des Députés. L’indemnité est fixée à 500 drachmes par mois.

Le chapitre IX (articles 80 à 85) concerne les ministres. L’article 80 prévoit qu’aucun membre de la famille royale ne puisse être nommé ministre. Les ministres peuvent être mis en accusation devant la chambre des Députés et jugés par le Sénat. Seul le Sénat peut autoriser le roi à gracier

Le chapitre X (article 86 à 96) concerne le pouvoir judiciaire rendu au nom du roi. Les juges sont nommés à vie, les procureurs du roi, les substituts ainsi que les juges de paix ne jouiront pas de l’inamovibilité. Les audiences sont publiques et le jury maintenu.

Seul autre emploi public que les juges peuvent accepter est celui de professeur à l’université. Des lois spéciales seront votées pour mettre en place la justice militaire et réglé les conditions d’admissibilité dans l’ordre judiciaire.

Le chapitre XI couvre les articles 97 à 103 et concerne les dispositions générales alors que le chapitre XII couvrant les articles 104 à 106 concerne des dispositions particulières.

Constitution du 28 novembre 1864

Georges 1er

La Constitution du 28 novembre 1864 (calendrier grégorien 16 novembre selon le calendrier julien) est mise en place après le renversement d’Othon 1er le 22 octobre 1862 et l’élection du prince Guillaume de Danemark qui devient Georges 1er de Grèce. Cette constitution intègre les îles ioniennes jusqu’ici protectorat britannique et impose le suffrage universel masculin. Cette constitution sera profondément révisée en 1911.

Elle est divisée en onze chapitres, le chapitre I concernant la religion, le chapitre II concernant le droit public des hellènes, le chapitre III concernant les pouvoirs, le chapitre IV concerne le Roi, le Chapitre V concerne la succession au trône et de la régence, le chapitre VI concerne la chambre des députés, le chapitre VII concerne les ministres, le chapitre VIII concerne le Conseil d’Etat, le chapitre IX concerne le pouvoir judiciaire, le chapitre X concerne les dispositions générales et le chapitre XI concerne les dispositions particulières.

Le chapitre I couvre les deux premiers articles alors que le chapitre II va des articles 3 à 20 et concerne les différents droits et devoirs des citoyens. Les citoyens grecs ont la liberté d’expression, la liberté de réunion, la liberté de la presse, l’esclavage et le servage étant clairement interdits, au serment peut être imposé et l’Etat à un devoir d’éducation auprès des citoyens. La peine de mort en matière de délits politiques est abolie tout comme la torture. Les citoyens grecs bénéficient du secret de la correspondance.

Le chapitre III concerne les pouvoirs et couvre les articles 21 à 28, ces articles définissant les champs de compétence entre pouvoirs législatifs, exécutifs et judiciaires.

Le chapitre IV couvre les articles 29 à 45 et concerne le roi qui est une personne irresponsable et inviolable, ses actes doivent être contresignés par un ministre (qui est nommé et révoqué par le roi),

le roi est le chef de l’état et le chef des armées, nomme aux emplois publics, promulgue les ordonnances nécessaires pour l’exécution des lois, sanctionne et promulgue les lois, convoque la chambre des Députés, peut ajourner ou proroger la session, possède le droit de grâce, peut battre monnaie conformément à la loi, possède une liste civile et doit préter serment à la constitution.

Le chapitre V (articles 45 à 53) concerne les régles de succession et de la régence. Ces règles sont similaires à celle de la constitution précédente.

Le chapitre VI (articles 54 à 76) concerne la chambre des Députés qui est élue au suffrage universel direct pour 4 ans au scrutin secret avec des boules pour désigner leurs préférences. Les députés représentent la nation et non la province dont ils viennent. Le nombre est fixé proportionnellement à sa population, le nombre ne pouvant excéder 150. Il faut être citoyen héllène au moins deux ans avant son élection et être âgé de 30 ans. Les députés ne peuvent cumuler un mandat et un emploi public.

Les députés reçoivent une indemnité de 2000 drachmes pour chaque session ordinaire (simple défraiment en cas de prolongation).

Le chapitre VII (articles 77 à 82) concerne les ministres selon les règles de la constitution précédente.

Le chapitre VIII (article 83 à 86) concerne le Conseil d’Etat qui est un conseil consultatif siégeant à Athènes pour préparer et examiner les projets de loi. Aucun projet ne peut présenté devant la Chambre des Députés sans avoir été examiné par le Conseil d’Etat. Ils sont au minimum quinze et au maximum vingt. Chaque conseiller touche sept milles drachmes par an. Ils sont nommés par le roi (ces articles ont été abolis par la loi du 7 décembre 1865).

Le chapitre IX (articles 87 à 97) concerne le pouvoir judiciaire, le chapitre X (articles 98 à 103) concerne les dispositions générales alors que le chapitre XI concerne les dispositions particulières (articles 104 à 110).

Constitution du 1er juin 1911

Eleftherios Venizelos

En 1911 sous l’impulsion du premier ministre Elefthérios Venizelos, la constitution de 1864 est profondément réformée. C’est la Constitution du 28 novembre 1864 modifié 1911.

Elle comprend dix chapitres, le premier concerne la religion, le deuxième concerne le droit public des hellènes, le chapitre III les pouvoirs publics, le chapitre IV le roi, le chapitre V sur la succession au trône et la Régence, le chapitre VI la Chambre des Députés, le chapitre VII les ministres, le chapitre VIII le pouvoir judiciaire, le chapitre IX la cour des comptes et le chapitre X les dispositions générales.

Ce texte est la conséquence du Coup de Goudi, un nouveau coup d’état militaire mené dans la nuit du 15 août 1909. Cinquante amendements modifient profondément la constitution qui est promulguée le 1er juin 1911.

Le chapitre I concernant la religion couvre les deux premiers articles du texte, le chapitre II concernant le droit public des héllènes couvre les articles 3 à 20 avec les droits et devoirs des citoyens héllènes (les modifications sont assez mineures mais limitent les potentiels abus signe que le texte d’origine ou du moins sa pratique n’était pas parfait ).

Le chapitre III concernant les pouvoirs publics couvre les articles 21 à 28 et répartis les différents pouvoirs. La seule modification concerne l’interdiction d’une nouvelle présentation d’un texte rejeté par un des acteurs du pouvoir législatif.

Le chapitre IV qui couvre les articles 29 à 44 concerne le roi sa personne, ses pouvoirs, les limites de ses responsabilités.

Le texte de 1911 par rapport à celui de 1864 limite les nominations potentielles pour le roi, il ne peut le faire que dans le cadre de la loi. La dissolution est également encadrée notamment le delai pour la convocation de nouvelles élections. Même jour pour l’ajournement de la session de la chambre.

Le chapitre V qui couvre les articles 45 à 53 et concerne les règles de succession et une potentielle régence. La seule modification concerne la mise en place de la régence en cas de voyage du roi en dehors du royaume.

Le chapitre VI (articles 54 à 76) concerne la chambre des députés . Les modifications concerne une durée minimale pour la session (trois mois minimum), l’égalité de vote (égalité = le texte est repoussé), une loi abrogée ne peut être rétablie, le Chambre des Députés vérifie que le budget à bien été exécuté. Elle est toujours élue au suffrage universel direct et secret, l’âge d’éligibilité est abaissé à 25 ans révolus et un député ne peut être également fonctionnaire.

Le chapitre VII (articles 77 à 86) concerne les ministres et les modifications sont du niveau cosmétique sans modifications majeures. A noter que la constitution de 1911 rétablit les articles 83 à 86 de la constitution de 1864 concernant le Conseil d’Etat, articles qui avaient été supprimés par la loi du 7 décembre 1865.

Le chapitre VIII (articles 87 à 97) concernent le pouvoir judiciaire. Comme pour le titre précédent les modifications sont assez limitées. Ce chapitre ne permet pas la constitution de tribunaux extraordinaires hors vote d’une loi spécifique.

Le chapitre IX (articles 98) concerne la cour des comptes alors que le chapitre X concerne des dispositions générales (articles 99 à 111) qui couvre aussi bien les questions militaires que la question des élections locales ou la langue officielle. L’article 108 interdit toute révision intégrale de la Constitution mais il est prévu une révision des dispositions fondamentales d’ici dix ans.

Constitution républicaine du 3 juin 1927

Le 25 mars 1924 la république héllénique est proclamée. Il faudra attendre le 3 juin 1927 pour qu’une nouvelle constitution soit officiellement adoptée alors qu’entre-temps le général Pangalos avait commis un coup d’état en mars 1926 avant d’être renversé dès le mois d’août.

Ce texte comprend pas moins de quatorze chapitres. Le chapitre 1 concerne la religion et l’Eglise, la chapitre 2 la forme et les bases du régime, le chapitre 3 le droit public des héllènes, le chapitre 4 le pouvoir législatif, le chapitre 5 le président de la République, le chapitre 6 concerne le gouvernement et les ministres, le chapitre 7 le pouvoir judiciaire, le chapitre 8 la justice administrative, le chapitre 9 la cour des Comptes, le chapitre 10 l’autonomie administrative et la décentralisation, le chapitre 11 l’administration du mont Athos, le chapitre 12 les dispositions générales, le chapitre 13 les dispositions transitoires alors que le chapitre 14 concerne «la vigueur et la modification de la Charte».

Ce texte s’inspire des lois constitutionnelles françaises de 1875 soit un régime parlementaire avec un pouvoir exécutif très faible. Une vie politique troublée ne permet pas vraiment à ce texte de s’appliquer.

Ioannis Metaxas

Le 10 octobre 1935 un coup d’état monarchiste permet la restauration de Georges II et le rétablissement de la constitution de 1911 mais pour peu de temps avec la dictature du général Metaxas (Régime du 4 août 1936).

A sa mort en 1941 une période de flou constitutionnel apparaît, flou qui va durer jusqu’en 1943, Georges II semblant hésiter entre un retour à une vraie démocratie et le maintien d’un régime autoritaire.

En mars 1944 il nomme le général Vastotris comme premier ministre et protecteur du royaume. Ce dernier obtient du roi la nomination d’une chambre consultative qui avalise une série de Décrets Constitutionnels qui va être la «Constitution» de la Grèce jusqu’à l’invasion italo-allemande.

Ces décrets puisent dans les constitutions de 1864, de 1911 et de 1927 maintenant un régime autoritaire mais ouvrant une certaine libéralisation ce qui laisse augurer à certains grecs qu’un retour de la démocratie est possible, retour qui ne se fera qu’après la libération du pays (Constitution de 1956).

Revenons à cette constitution de 1927 après cette parenthèse. Le chapitre premier comprend un article unique qui reconnaît la place première de l’Eglise orthodoxe tout en imposant une liberté de conscience inviolable.

Le chapitre II concerne la forme et les bases du régime (articles 2 à 5) avec l’identification de la Grèce comme une république parlementaire avec un parlement bicaméral, un président et des ministres. Le pouvoir judiciaire est indépendant.

Le chapitre III (articles 6 à 27) concerne les droits et les devoirs des citoyens grecs, le chapitre IV (articles 28 à 66) concerne le pouvoir législatif qui est partagé entre le gouvernement, la Chambre et le Sénat.

La Chambre des députés se compose de députés élus au suffrage universel direct et secret, les élections ayant lieu simultanément sur tout le territoire. Le nombre de députés ne peut être inférieur à 250 et les sièges vacants sont pourvus par des élections complémentaires

Les députés sont élus pour quatre ans, les élections devant avoir lieu dans les 45 jours uivent l’expiration de la précédente mandature. L’assemblée nouvellement élue doit être convoquée dans un délai d’un mois après l’élection.

Les députés doivent être âgé de 25 ans. Les députés ne peuvent également posséder un emploi politique. La session ordinaire se réunit tous les 15 octobre sauf en cas de convocation antérieure. La session ne peut être inférieure à trois mois ni supérieure à six mois.

Le parlement comprend également un Sénat de 120 membres. 9/12 sont élus par le peuple et un douzième au plus peut être désigné par la Chambre et le Séance en séance commune au début de chaque législature de la Chambre.

Les sénateurs sont élus pour neuf ans renouvelés par tiers tous les trois ans. Les sénateurs désignés par la Chambre et le Sénat conservent leur mandat seulement pendant la durée de la législature de la Chambre. Pour être élu sénateur il faut être citoyen hellène et être âgé de 40 ans révolu. Le Sénat peut être convoqué en Cour de Justice pour juger les cas de haute-trahison.

Le chapitre V (articles 67 à 86) concerne le président de la République qui est élu pour cinq ans par la Chambre et le Sénat réunis en séance commune en présence des 3/5 et à la majorité absolue du nombre de leurs membres. Il nomme le président du conseil et les ministres. Tous les actes du président doivent être contresignés par le président de la République. Il bénéficie de l’immunité. Il sanctionne les lois et permet leur mise en application, peut gouverner par décrets-lois. Il peut convoquer et dissoudre la Chambre. Il possède également le droit de grâce.

Le Chapitre VI qui concerne le gouvernement et les ministres regroupe les articles 87 à 93. Le gouvernement doit jouir de la confiance de la Chambre, une motion de défiance est validée uniquement si elle réunit les 2/5 des députés. Les ministres qui sont députés peuvent participer au vote de défiance et peuvent assister librement aux séances. Une loi spécial peut autoriser la mise sur pied de sous-secrétaires d’Etat.

Le Chapitre VII est consacré au pouvoir judiciaire et regroupe les articles 94 à 101 à l’exception de la justice administrative qui regroupe les articles 102 à 105. le chapitre IX regroupe les articles 106 à 108 qui concernent la Cour des comptes. Le chapitre XI qui regroupe les articles 109 à 112 concerne l’Administration du Mont-Athos qui bénéficie d’une juridiction particulière.

Le Chapitre XII (articles 113 à 118) concerne les dispositions générales sur notamment la cession ou l’acquisition de territoire (uniquement via la loi), sur la fonction publique et d’autres sujets divers.

Le Chapitre XIII comprend les articles 119 à 124 et concerne les dispositions transitoires alors que le Chapitre XIV (articles 125 à 127) concerne la vigueur et la modification de la Charte.

Politique intérieure : miscellanées

La vie politique grecque est particulièrement agitée avec de violentes querelles politiques, des assassinats de responsables politiques et plusieurs coups d’état, l’armée grecque n’hésitant pas à intervenir dans la vie politique grecque.

Le pays reste pauvre et sous tutelle des puissances protectrices vis à vis desquelles la Grèce à contracté des dettes importantes. Elle ne peut donc développer une industrie qui aurait nécessité de solides barrières douanières.

Vu que la Grande-Bretagne n’à pas hésité à imposer le blocus des ports grecs pour des motifs bien moins importants, il n’était pas difficile d’imaginer qu’une politique protectioniste grecque aurait entrainé comme réaction britannique.

Même chose pour l’agriculture qui reste archaïque et improductive. Seule la marine marchande et les finances parviennent à tirer leur épingle du jeu mais cela ne touche pas grand monde. Quant à l’Etat c’est déjà corruption, incompétence et clientélisme. A la fin du XIXème siècle on trouve 370000 fonctionnaires pour 2.5 millions d’actif soit 14.8 %.

En 1832 Othon 1er devient le premier roi des héllènes. Issu de la dynastie des Wittelsbach, il ne fait rien pour s’intégrer à son nouveau royaume. Autoritaire et absolutiste, il s’entoure de bavarois que ce soit un conseil de régence, des architectes et une garde royale composée de 4000 bavarois. Si je devais prendre une métaphore biologique je dirai qu’il se comporte comme un corps étranger.

Pas étonnant que les grecs se soient sentis offensés surtout après une longue et sanglante guerre d’indépendance.

Certes Othon 1er organisait le pays et bénéficiait de prêts de la Grande-Bretagne, de la France et de la Russie mais ses prêts rendaient la Grèce dépendante des politiques extérieures de Londres, Paris et Saint-Pétersbourg (surtout que le remboursement des prêts était particulièrement dur et que les créanciers se montraient absolument intraitables).

C’était surtout la rivalité anglo-russe qui handicapait la politique athénienne, la Russie voulant faire de la Grèce un bélier pour démanteler l’empire ottoman alors que la Grande-Bretagne voulait conserver l’équilibre dans la région et empêcher les russes d’accéder aux mers chaudes en faisant sauter le verrou représenté par les détroits turcs.

Surtout l’organisation de partis français, anglais et russes pouvaient donner l’impression aux patriotes héllènes que leur pays était gouverné par des étrangers depuis l’étranger.

Suite à la défaite dans la guerre egypto-ottomane (la Grèce avait prit le parti de Mehmet Ali, pacha d’Egypte qui avait cherché à se débarrasser définitivement de la tutelle ottomane) à lieu le premier d’une longue série de coups d’état militaires, le coup d’état du 3 septembre 1843.

Pour être pleinement rigoureux, c’est en réalité le troisième coup d’état de l’histoire grecque moderne mais les deux premiers ont eu lieu avant l’avènement d’Othon 1er.

Ioánnis Kapodístrias

Je vais donc les citer ici juste pour mentionner leur existence avec tout d’abord un coup d’état en 1831, la mutinerie de la marine organisée par Andreas Miaoulis contre le gouvernement de Ioannis Kapodístrias conduit à l’incendie de la flotte le 13 août 1831 dans le port de Poros. Toujours en 1831 après l’assassinat de Kapodístrias, une révolte contre son frère Augustinos oblige le Sénat à se réfugier à Astros.

Comme nous l’avons vu le roi Othon 1er avait refusé d’accorder la constitution promise ce qui ulcérait les grecs qui parlaient de xénocratie («pouvoir des étrangers»).

Beaucoup de patriotes grecs étaient amers. A quoi bon s’être battu pendant des années contre les ottomans pour remplacer le joug de la Sublime Porte par celui des bavarois ? En revanche il ne remettait en cause ni la monarchie ni le roi mettant la situation sur le compte des «mauvais conseillers».

Comme le roi Othon 1er faisait la sourde oreille, les partisans de la constitution se firent de plus en plus radicaux. Très vite il devint évident que seul un coup de force pourrait aboutir.

Les premiers conspirateurs furent des civils, des politiques mais ils sont parvenus à obtenir le soutien des chefs de la garnison d’Athènes. Le coup de force était prévu initialement pour le 25 mars 1844 mais de multiples indiscrétions obligèrent les conspirateurs à précipiter leur coup de force.

Dans la nuit du 2 au 3 septembre alors que les noms des conspirateurs étaient connus de la police et que les arrestations étaient sur le point d’être menées, le colonel Démétrios Kallergis, commandant la cavalerie de la garnison d’Athènes précipita les choses en faisant sortir ses hommes de leur caserne direction le palais royale.

Il fit ouvrir les portes de la prison de Medrese pendant que le capitaine Schinas qui commandait l’artillerie et qui avait reçu l’ordre de réprimer l’insurrection se rallia aux insurgés.

Les soldats encerclèrent le palais royal en criant «Vive la Constitution». Othon 1er contraint et forcé s’inclinant nommant premier ministre l’un des conjurés Andréas Metaxas. Le projet de constitution était en réalité déjà prêt ce qui explique qu’il à été rapidement adopté par une nouvelle assemblée.

De leur côté les grandes puissances se contentèrent de prendre acte, le coup d’état n’ayant pas dégénéré en bain de sang voir pire en nouvelle guerre civile. En mémoire de cet événement, la place du palais royal fût rebaptisée Place de la Constitution (Syntagma, Πλατεία Συντάγματος en grec moderne).

Est-ce à dire que tout était rentré dans l’ordre ? Hélas non car si Othon 1er avait accordé une constitution il n’était pas pour autant décidé à l’appliquer. Ignorant les usages du parlementarisme qui commençaient à s’imposer peu à peu en Europe, le roi des hellènes gouvernait selon son bon plaisir et plus souvent contre la volonté de la Chambre.

Les années 1850 furent marquées par plusieurs crises internationales avec le blocus des ports grecs et même l’occupation du port du Pirée par les français et les britanniques durant la guerre de Crimée (1853-1856), occupation qui se prolongea jusqu’en 1859.

En février 1861 Aristidis Dosios tenta d’assassiner la reine Amalia. Condamné à mort il vit sa peine commuée en détention perpétuelle. Si pour certains il devint un héros, il est incontestable de noter que la famille royale connu un regain de popularité qui allait s’avérer insuffisant.

En effet l’année suivante éclata la Révolution grecque de 1862 qui allait aboutir au renversement du roi bavarois et de son épouse.

Tout commence le 1er février 1862 quand une première insurrection éclate à Nauplie. Cette insurrection fait tache d’huile mais le pouvoir royal parvient à reprendre la main et le 20 mars tout est terminé.

Le roi Othon 1er et son épouse décident de réaliser un voyage dans le royaume pour raffermir les liens entre les grecs et la couronne. Ils quittent Athènes le 16 octobre mais une nouvelle insurrection éclate deux jours plus tard à Vonitsa, s’étendn très vite à Missolonghi, à Patras et même à Athènes le 22 octobre.

Un gouvernement provisoire est mis en place et le lendemain 23 octobre les révolutionnaires proclament la destitution du couple royal et la convocation d’une nouvelle assemblée destinée à élire un nouveau souverain.

Le couple royal est placé sous la protection d’un navire de guerre britannique le HMS Scylla. Sur les conseils des ambassadeurs des grandes puissances, le roi et la reine des héllènes prennent le chemin de l’exil même si Othon 1er à refusé d’abdiquer.

Une consultation populaire organisée en décembre 1862 offre au prince Alfred de Grande-Bretagne, deuxième fils de la reine Victoria la couronne de Grèce. C’est un véritable plébiscite puisqu’il reçoit 230016 voix sur 244202. Un autre candidat, le prince Guillaume de Danemark _retenez bien ce nom_ reçoit six votes.

Cette élection jette l’embarras sur la Grande-Bretagne. Le gouvernement de Londres est réticent à envoyer un prince britannique à Athènes et de toute façon le Protocole de Londres du 22 mars 1829 interdit qu’un membre d’une famille régnant sur un état protecteur de la Grèce ne règne sur la Grèce.

Et même si Londres avait décidé de passer outre ce texte nul doute que la France, la Russie voir même l’Autriche aurait accepté que la Grèce devienne un simple protectorat britannique, position stratégique oblige.

D’autres candidats sont avancés comme le duc Nicolas de Leuchhtenberg, l’ex-roi du Portugal Ferdinand II, le duc Ernest II de Saxe-Cobourg-Gotha et le prince Guillaume de Bade.

Le 2 février 1863 le gouvernement provisoire grec émet une série de décrets qui réaffirment la déposition d’Othon 1er, d’Amélie et de toute la maison Wittelsbach. Un autre décret reconnaît l’élection d’Alfred lors du référendum de décembre et le proclame roi mais le gouvernement britannique reste sur sa position. D’autres candidats sont proposés mais aucun ne parvient à convaincre les grecs au point qu’on parle un retour des Wittelsbach !

A la fin du mois de mars 1863 le Royaume-Uni propose la candidature de……Guillaume de Danemark, fils du futur Christian IX de Danemark et dont les sœurs ont épousé le prince de Galles (futur Edouard VII) et le tsaveritch Nicolas (fils d’Alexandre II qui ne régnera pas).

L’assemblée l’élit le 30 mars 1863 mais les danois trainent les pieds et le gouvernement n’accepte que le 1er juin. Le 6 juin au château de Christianborg Guillaume est proclamé roi des héllènes sous le nom de Georges 1er.

Une nouvelle constitution est mise sur pied en 1864. Elle étend les libertés de la constitution précédente mais reste vague sur les pouvoirs du roi qui ne sont guère différents de ceux de Othon 1er ce qui montre que l’usage et la coutume sont aussi importants que le texte.

Ce qui ne change pas en revanche c’est l’instabilité de la vie politique grecque. Entre 1870 et 1875 il y à pas moins de quatre élections législatives et neuf gouvernements.

En 1893, le pays fait faillite et passe sous le contrôle de ses créations qui parviendront à récupérer 40% des fonds avancés via une procédure rigoureuse de contrôle.

Dans la nuit du 28 août 1909 eut lieu en Grèce un nouveau coup d’Etat militaire, le Coup de Goudi du nom des casernes de la banlieue est d’Athènes d’où est partit le mouvement. C’est une conséquence du discrédit de la classe politique grecque depuis la défaire dans la guerre greco-ottomane (1897).

A la suite de l’échec de l’énosis avec la Crète, une société secrète la Ligue Militaire est créée pour faire office de groupe de pression et plus si affinités.

A cela s’ajoute une crise économique et financière qui n’améliorait pas le mécontement général. D’autant que ceux qui s’en sortaient voyaient tout de mêle le pays s’enrichir et se demandaient pourquoi l’état était si mal géré et si mal organisé.

Dans la nuit du 28 août les unités se réclamant de la Ligue Militaire se réunissent dans les casernes du Goudi, se proclament en état d’insurrection et envoie un mémorandum au gouvernement réclamant le redressement du pays et de ses forces armées. Le roi Georges 1er accepta et changea de premier ministre mais cela ne suffisait pas et la LM s’appuya sur une manifestation populaire en septembre pour obtenir plus.

Suite à un processus électoral, Elefthérios Venizelos devint premier ministre et entama la politique réformatrice réclamée par les instigateurs du coup d’Etat. Il n’était cependant pas leur créature et n’hésita pas à faire preuve d’autonomie.

Les réformes concernèrent tous les secteurs de la société que ce soit le social, l’enseignement, l’agriculture, l’industrie et bien entendu l’armée. Le clientélisme fût jugulé car un recrutement sur concours, l’évasion fiscale baissa drastiquement.

En ce qui concerne l’armée et la marine elles furent réorganisées avec l’aide d’une mission militaire française dirigée par le général Eydoux pour l’armée et d’une mission militaire britannique menée par l’amiral Tufnell pour la marine grecque.

Les militaires furent exclus de la politique mais Constantin et ses frères retrouvèrent leurs postes ce qui suscita le mécontement des anciens membres de la Ligue Militaire qui songèrent à la réformer et à organiser un autre coup d’état.

Politique extérieure : miscellanées

Dans le domaine de la politique extérieure on trouve la trace de plusieurs conflits mais aussi de plusieurs extensions territoriales. En 1864 la République des Sept Iles protectorat britannique est rattaché à la Grèce, un cadeau de Londres pour le nouveau roi Georges 1er.

L’île de Samos principauté autonome depuis 1829 choisit en 1913 sont rattachement à la Grèce. La Crète suivra un chemin nettement plus complexe avec plusieurs révoltes, un conflit greco-ottoman en 1897, un statut d’autonomie jusqu’en 1909 quand elle est rattachée de facto à la Grèce (de jure en 1913).

Entre temps la Grèce récupéra la Thessalie et une partie de l’Epire mais allait échouer à récupérer la Macédoine et la Crète.

En 1897 à lieu une nouvelle guerre gréco-ottomane entre la Grèce de Georges 1er et l’empire ottoman du sultan Abdülhamid II. Appelée également «Guerre de Trente Jours» elle à pour origine les revendications de la Grèce dans le cadre de la Grande Idée (NdA j’en parlerai davantage dans la partie «Grande idée et Grande catastrophe»). L’élément déclencheur est la révolte des crétois qui souhaitent l’énosis, l’union avec la Grèce.

Le 21 janvier 1897 la Grèce débarque en Crète mais elle doit se replier le 5 avril sous la pression de la Grande-Bretagne et de l’Allemagne, laissant les insurgés crétois à la merci de la répression ottomane.

Athènes choisit alors d’attaquer l’empire ottoman en Epire et en Macédoine. Face aux 60000 hommes ottomans d’Edhem Pacha, les grecs alignaient seulement 46000 hommes sous le commandement du diadoque Constantin.

Le conflit ayant exclusivement terrestre, la supériorité maritime ne fût d’aucune utilité. Battus à Matti les grecs se replièrent au delà de Larissa, choisissant de résister près de Pharsale. Ils contre-attaquent le 17 mai mais l’armée grecque connait une deuxième défaite à Domokos, les ottomans occupant la majeure partie de la Thessalie grecque. En Epire les deux ennemis se neutralisèrent.

Sous la pression des grandes puissances, le sultan ottoman proposa un cessez-le-feu aux grecs ce qui sauva le pays. Le traité de paix fût signé le 20 septembre et se révéla favorable aux turcs qui prirent le contrôle de cols stratégiques et une forte somme d’argent (94.3 millions de francs-or) que la Grèce ne put payer qu’avec l’aide des puissances occidentales qui allaient resserrer leur emprise sur les finances grecques.