Mitteleuropa Balkans (158) Grèce (2)

HISTOIRE DE LA GRECE

En guise de propos liminaire

L’histoire de la Grèce étant non seulement riche mais surtout ancienne, il serait insensé et surtout hors de propos de détailler cette histoire ici. D’autres l’ont fait bien mieux que moi et c’est de toute façon pas le sujet.

Je vais me contenter de balayer cette très longue histoire en étant assez sommaire jusqu’à l’indépendance et bien plus détaillé après. Bon en même temps chers amis lecteurs, chers amis uchronautes vous commencez à me connaître, je tiens rarement mes promesses ce qui explique surement pourquoi plus de dix ans après je n’ai toujours pas terminé cette somme.

Des origines à l’indépendance, un panorama historique de la Grèce

Aux temps jadis

Les premières traces de peuplement de l’actuel territoire grec remonte à -700000 mais si on veut parler de traces d’une civilisation il faut attendre -7000 avec ce qu’on à appeler la révolution néolithique, l’apparition de l’agriculture notamment pour la région qui nous concerne celle de la vigne et de l’olivier.

Au Troisième ou au Deuxième millénaire, des peuples indo-européens dont on sait fort peu de choses occupent la région apportant avec eux l’usage du métal, de nouvelles techniques agricoles et de navigations. C’est à cette époque qu’apparaissent les premières fortifications.

Durant cette protohistoire plusieurs civilisations vont se succéder, la civlisation helladique, la civilisation cycladique, la civilisation minoenne qui se développe en Crète entre -2700 et -1200 et la civilisation mycénienne qui émerge dès le 16ème siècle avant notre ère.

De cette civilisation on sait finalement assez peu de choses même si les vestiges retrouvées sont assez importants notamment à Mycène et à Triyunthe. Selon la tradition classique ce sont des guerriers mycéniens qui ont mené la longue (30 ans) guerre de Troie. C’est une puissance maritime qui va implanter des colonies jusqu’en Sicile et en Colchide (royaume sur les rives de la mer Noire, royaume où ce seraient rendus Jason et les Argonautes).

La puissance mycénienne s’effondre vers le 12ème siècle et jusqu’au 9ème siècle les informations sont si peu nombreuses que les historiens ont baptisé cette période Les Temps Obscurs.

A partir du 9ème siècle la civilisation grecque voit le jour avec notamment un processus appelé synoecisme à savoir la naissance de cités-états qui tout en montrant une volonté d’indépendance farouche, qui tout en se montrant bellicistes et querelleuses entre-elles ont le sentiment de partager une identité commune avec des cultes partagés dans des sanctuaires panhelleniques comme Delphes ou Olympie où des jeux en l’honneur de Zeus sont organisés et ce dès l’an 776 avant notre ère.

Cette civilisation étend son influence sur les deux rives de la Méditerranée ce qui va la mettre en contact avec l’empire perse, générant disputes, querelles et guerres qui vont forger la puissance athénienne.

Des guerres médiques à la guerre du Péloponnèse : essor et déclin d’une Thalassocratie

La civilisation grecque antique ne couvre pas uniquement le territoire grec actuel. Non seulement la Grèce n’existe pas en tant que nation mais la civilisation grecque couvre l’ensemble du bassin Méditerranéen ainsi que ses extensions comme la mer Noire.

La civilisation grecque couvre la Grèce actuelle, Chypre, les îles de la mer Egée, la côte égéenne de l’Anatolie (Ionie), la Grande-Grèce (Sicile et Sud de l’Italie) plus les colonies grecques éparpillées sur les côtés de l’Illyrie, de la Thrace, d’Egypte, de la Cyrenaïque, le sud de la Gaule (notamment une certaine Massilia), l’est et le nord-est de la péninsule ibérique, la Colchide (actuelle Géorgie) et la Tauride (Crimée et approches immédiates).

Au sein de la communauté historienne on débat sur les limites de l’Antiquité grecque. Le consensus global fait courir cette riche période du 8ème au 1er siècle avant notre-ère, certains plus précis donnant même des dates à savoir -776 (première édition des jeux olympiques, des jeux en l’honneur de Zeus auxquels participaient toutes les cités grecques) à -31 quand l’empire romain s’empare de l’Egypte qui était dirigée par la dynastie lagide, une dynastie issue d’un des compagnons d’Alexandre le Grand. D’autres historiens font débuter l’antiquité dès l’an 1100 avant notre ère.

La période antique se divise en une période dite archaïque jusqu’au 6ème siècle, une période dite classique de -500 à -323 (entre l’émergence d’Athènes et la mort d’Alexandre le Grand) et une période dite hellenistique (-323 à -31).

Le processus de formation des cités est mal connu. On s’appuie sur quelques sources littéraires mais surtout les traces archéologiques. La polis, la cité se manifeste par des constructions qui transforme un village en une cité avec une division spatiale entre les espaces politiques et les espaces économiques. Sauf rares exceptions (Sparte, Syracuse, Cyrène) l’hinterland de la cité est limité. Les hommes libres sont seuls citoyens, les femmes, les étrangers et les esclaves sont exclus de la vie civique.

Ce processus est symbolisé par de grands hommes. Si Dracon et Solon à Athènes sont des personnages qui ont réellement existés en revanche le spartiate Lycurgue est un personnage légendaire ou semi-légendaire c’est à dire qu’on aurait regroupé sous son nom plusieurs législateurs lacédémoniens.

Chaque cité possède une divinité tutélaire et un calendrier cultuel propre. Les cités s’allient parfois mais se querellent souvent tant elles sont orgueilleusement jalouses de leurs spécifités et de leur indépendance.

Si la division, la fragmentation politique est extrême, en revanche la floraison culturelle et intellectuelle est remarquable. Au delà de la division politique, les différentes cités grecques reconnaissent un patrimoine, un héritage commun au point de désigner les gens qui ne parlent pas grecs comme des Barbares.

En fonction des cités le régime est plus au moins oligarchique. Même à Athènes qui est cité en exemple de cité démocratique (évidemment pas selon nos critères actuels) ce sont les classes les plus aisées qui dominent car malgré une indemnité, la vie politique coûte cher.

Dans la cité de l’Attique, les citoyens sont divisés en différentes classes : les pentacosiomédimnes (qui gagnent plus de 500 mesures), les Hippeis (entre 300 et 500), les Zeugites (200 à 300 mesures) et enfin les Thètes (moins de 200 mesures). Cette division mise en place à l’époque archaïque à perduré à l’époque classique.

A Athènes un certain Pisistrate tente de prendre le pouvoir pour son seul profit c’est le modèle même du Tyran (détenteur d’un pouvoir injuste). Il tente de prendre le pouvoir en -561, en -558 et en -546 où il parvient à ses fins.

L’Acropole d’Athènes aujourd’hui

Il va tenir les rennes du pouvoir jusqu’en -528 avant que ces deux fils ne lui succède. Bien qu’étant un tyran, Pisistrate à une bonne réputation car il gouverne avec une forme de soutien populaire et surtout ménage les susceptibilités de l’aristocratie, chose que ne serons faire ces fils. C’est le créateur des Panathénées. En -510 ses fils Hippias et Hipparque sont chassés par les athéniens soutenus par des troupes spartiates. C’est à cette date que la tyrannie dévient négativement connotée.

Suite à la chute des pisistritides, Athènes choisit la voie de la démocratie avec toutes les limites que nous avons pu voir. Ce choix n’à pas été totalement immédiat puisque le roi Cléomène avait mis en place une oligarchie dirigée par Isagoras et favorable à Sparte.

Ce dernier est renversé par un autre grande législateur athénien, Clisthène. Ce dernier va s’appuyer sur ce qu’on pourrait appeler la classe moyenne de la cité. Cléomène intervient en -508 et en -506 mais sans succès. Clisthène peut mettre en place une série de réformes qui vont consolider la démocratie athénienne, une démocratie de type directe avec toutes les limites que cela suppose.

Tous les citoyens quelque soit leur richesse sont égaux devant la loi (isonomie), les magistrats peuvent être exilés en cas de tyrannie (procédure d’ostracisme), les 10000 citoyens se réunissent à l’Ecclesia dont l’action est encadrée par un conseil de 500 citoyens tirés au sort (Boulé).

En -500/-499 une révolte éclate en Ionie, révolte écrasée par les perses en -494. Athènes soutien un temps ces cités-états situées en Turquie actuelle mais doit très vite renoncer. Les perses n’ont pas oublié ce soutien et sont bien décidés à régler son compte à une cité qu’ils voient comme une menace.

Athènes et Eretrie doivent être punies. De plus les perses veulent conserver leur domination en mer Egée. Le roi perse Darius charge son gendre Madonios de reprendre le contrôle de la Macédoine et de la Thrace, des régions situées aux frontières du monde grec sous influence perse mais dont les garnisons de l’empire perse avaient été retirées pour que les troupes immobilisées en garnison répriment la révolte ionienne.

Au printemps de l’an 492 avant notre ère, l’armée et la flotte perse se regroupent en Cilicie (Anatolie méridionale soit le sud-ouest de la Turquie actuelle), franchissent l’Hellespont sur un pont de bateau, traversant la Thrace et la Macédoine. La flotte qui servait à protéger et à ravitailler la flotte doit se replier après avoir été dévastée par une tempête au large du cap Athos.

En 491 les perses multiplient les préparatifs pour une offensive décisive. Les envoyés du roi des rois obtiennent la soumission de la majorité des cités sauf Athènes et Sparte qui décident de résister et pour montrer leur détermination, ils font comme Cortès en brulant leurs vaisseaux en mettant à mort les envoyés perses.

L’armée perse traverse la mer Egée droit sur l’Eubée et l’Attique. Naxos et Delos sont prises avec l’aide de navires pheniciens. Les effectifs sont importants mais bien entendu impossible de connaître exactement les effectifs engagés. Si les chiffres des auteurs antiques doivent être rejetés, les hauteurs modernes s’accordent sur des effectifs proche de 25000 hommes avec 200 trières.

Eretrie est prise et dévastée tout comme Carystos. L’armée perse est conseillée dans ses mouvements par Hippias, le tyran athénien renversé en -510 et qui espère reprendre le pouvoir sur la cité de l’Attique.

Le 12 septembre 490 les perses débarquent à Marathon. Environ 10000 hoplites athéniens et platéens attaquent les perses le 17. Le corps à corps est favorable aux grecs qui possèdent davantage d’infanterie lourde que les perses davantage connus pour leurs archers et leur infanterie légère. A cela s’ajoute un manque de cohésion au sein d’une armée aux origines ethniques diverses.

Les hoplites grecs retournent à marche forcée vers Athènes pour empêcher les perses de débarquer et de s’emparer d’une ville laissée sans défense. Les perses décident de battre en retraite.

La victoire grecque à Marathon va sans conteste pousser les grecs à résister contre Xerxès car ils se savent désormais capable de défaire les perses sur le champ de bataille.

En -485, un an après avoir succédé à son père Darius, Xerxès décide de venger la défaite de Marathon. Il ne laisse rien au hasard puisqu’il va passer quatre années à tout préparer. Le monde grec est divisé et de toute façon en infériorité numérique.

Les chiffres antiques totalement fantaisistes et biaisées par la propagande ont été sérieusement révisés par les historiens modernes même si ces chiffres sont du domaine de l’estimation faute de sources.

Si certains parlent de 75000 perses, la plupart des spécialistes de la question s’accordent sur des effectifs compris entre 300 et 500000 fantassins et archers auxquels il faut ajouter 20 à 60000 cavaliers et 600 vaisseaux fournis essentiellement par les phéniciens, les égyptiens et les ioniens.

En face les grecs auraient mobilisé entre 7000 et 35000 hoplites, 40000 fantassins légers, aucune cavalerie et environ 370 trières.

Xerxès semble avoir pensé à tout. Conscient que le tyran de Syracuse pourrait aider les grecs, il pousse son allié carthaginois à attaquer la Sicile pour fixer les troupes de Syracuse et éviter leur envoi en Attique. Les carthaginois vont être battus mais les syracusains ne vont pouvoir aider leurs cousins grecs.

En août 480 à lieu la Bataille de l’Artémison, une série d’affrontements navals entre environ 800 navires perses contre 271 navires grecs. Après deux jours d’escarmouches aux résultats indécis, les grecs doivent se replier sur Salamine à l’annonce de la défaite des Thermopyles et de la mort de Leonidas.

Cette Bataille des Thermopyles est probablement la bataille la plus célèbre de l’Antiquité. 7000 hoplites tentent de bloquer dans les portes chaudes _traduction littérale de Thermopyles_ une armée perse bien plus nombreuse qui après avoir subit de lourdes pertes en septembre 480 parvient à contourner l’ennemi grâce à un traitre célèbre Ephialtès.

C’est la débandade chez les grecs, seuls 300 spartiates et 700 béotiens dirigés par Leonidas décident de résister en se faisant massacrer jusqu’au dernier pour donner du temps à la flotte athénienne de se replier sur l’Attique. Cette bataille devient le symbole de la résistance grecque avec la célébre inscription :

Étranger, va dire à Lacédémone

Que nous gisons ici par obéissance à ses lois.

La bataille de Salamine à lieu quelques jours après celle des Thermopyles. La supériorité navale perse est écrasante mais le site encaissé impose un combat frontal. Après de lourdes pertes, la flotte perse doit se replier.

Si les perses sont vaincus sur mer il reste à les battre sur terre. Le 27 août de l’an 479 avant notre ère à lieu la Bataille de Platées en Béotie, la dernière bataille terrestre des guerres médiques. Environ 40000 hommes fournis par une alliance des cités grecques va affronter une armée de perse dont les effectifs sont évalués entre 70 et 120000 hommes (perses et alliés grecs).

Les grecs avancent vers le nord mais refusent d’attaquer sur un terrain trop favorable à la cavalerie perse (la mauvaise utilisation de leurs unités montées par les perses est considérée comme une cause majeure de la défaite dans les guerres médiques).

Pendant plusieurs jours les deux belligérants se regardent en chien de faïence. Les grecs sont gênés par le harcèlement de leurs lignes de communication par les perses et finissent par se débander. Les perses pensant leurs ennemis en pleine retraite attaquent mais sont bousculés par une partie de l’armée grecque qui avait décidé de tenir le terrain. Ils doivent battre à leur tout en retraite, retraite qui se transforme en déroute, Mardonios est tué, les perses repliés dans le camp sont massacrés.

L’ultime chapitre des guerres médiques est une bataille que je qualifierai d’amphibie, la Bataille du Cap Mycale en août ou septembre 479. 110 à 250 vaisseaux grecs armés par 40000 marins vont affronter 300 navires perses armés par 60000 marins.

Les grecs en apparaissant au large obligent les perses à quitter Samos précipitement. Ils se replient sur le cap Mycale et pour éviter la destruction de leur flotte ils décident de la tirer au sec sur la plage comme c’était la coutume à l’époque.

Les grecs décident de faire pareil et ce qui devrait être une bataille navale se transforme en bataille terrestre (d’où la désignation d’amphibie). Le choc est une nouvelle fois favorable aux grecs, le camp perse est saccagé, les navires détruits.

Les perses n’ont désormais plus les moyens de leurs ambitions. Si les navires spartiates sont rentrés chez eux, les autres navires grecs (essentiellement athéniens) vont nettoyer le monde grec de la présence perse (Macédoine, Thrace, Ile de la mer Egée et Ionie). La paix est définitivement signée en 449 (Paix de Callias) mettant fin à un demi-siècle de guerre.

Pour ne pas être à nouveau surpris par une invasion perse, les grecs du moins une partie d’entre-eux mettent sur pied la Ligue de Délos. Censée être une ligue de défense contre les perses, elle devient très vite pour ne pas dire tout de suite un instrument au service des seuls intérêts athéniens.

La preuve c’est Naxos qui en 470 quitte la Ligue l’estimant sans objet. Athènes l’assiège et après l’avoir vaincue l’oblige à assurer sa participation à la Ligue à la fois par des troupes mais aussi par un impôt.

Dès 466 la menace perse devient imperceptible, la ligue de Délos aurait du disparaître mais l’exemple de Naxos montre que la Thalassocratie athénienne n’était aucunement décidée à abandonner si facilement le pouvoir.

En 464 un tremblement de terre ravage Sparte et le Péloponnèse. Les hilotes en profite pour se révolter. Les spartiates seuls ne peuvent rétablir l’ordre et doivent demander l’aide des athéniens qui envoient 4000 hoplites commandés par Cimon, chef du parti aristocratique et admirateur de la cité lacédémonienne.

Son rival démocrate Ephialte fait passer une série de réformes démocratiques : élargissement du corps civique, réduction des pouvoir de l’Aéropage (conseil composé de 150 archontes dont le domaine de compétence très large va se réduire désormais au domaine judiciaire). Selon Hérodote l’équilibre entre démocrates et aristocrates est rompu favorisant le travail des démagogues.

De son côté Cimon est renvoyé à Athènes, les spartiates s’inquiétant de la sympathie des hoplites pour les hilotes.

L’impérialisme athénien continue dans les années suivantes avec une expédition en Egypte qui commence en -460 et se termine par une défaite en -454.

Entre-temps en -458 les Longs Murs sont construits pour relier la cité au port du Pirée et ainsi offrir un abri à la population rurale de l’Attique en cas d’invasion ennemie. Le trésor de la ligue de Delos transféré à Athènes est rapidement confondu avec les caisses de la cité, permettant le financement de somptueux monuments comme le Parthenon sur la colline de l’Acropole, monument qui émerveille encore le monde aujourd’hui.

Des combats ont lieu avec Sparte en -455, la paix jurée étant signée en -451. en -450 les grecs l’emportent à Chypre, grecs et perses acceptant leurs zones d’influence respectives.

En -447 Thèbes défait Athènes à la bataille de Coronée ce qui permet la création de la confédération béotienne. C’est le signal de la révolte pour l’ile d’Eubée mais cette révolte est écrasée.

Athènes et Sparte, Sparte et Athènes continuent à se regarder en chiens de faïence. De multiples accrochages qui aboutissent à une nouvelle paix proclamée en -446/-445. Rien n’est réglé car Athènes continue d’implanter des colonies en Italie, en Thrace, en mer Noire et plus grave pour Sparte des iles entourant la presqu’ile péloponnèsienne intègrent la ligue de Délos.

Ces tensions vont aboutir à la Guerre du Péloponnèse, un conflit qui va durer près de trente ans (-431 à -404), conflit qui allait marquer la fin de la puissance athénienne au profit d’une cité lacédémonienne qu’on imaginait mal en puissance impérialiste.

Ce conflit nous est connu par la relation qu’en à fait Thucycidide considéré comme le premier historien de l’histoire car il tente de chercher les causes et les conséquences du conflit et non simplement de le relater.

Les causes lointaines du conflit sont la rivalité entre Sparte et Athènes mais il y à des causes plus directes, des éléments déclencheurs comme l’alliance d’Athènes avec Corcyre alors que la cité de l’Attique grignote le territoire de Corinthe, cité alliée de Sparte. A cela s’ajoute le siège de Pottidée qui s’est révoltée depuis qu’Athènes à exigé que ses citoyens abattent leurs murs et le blocus commercial de Mégare, un autre allié de la cité lacédémonienne.

La Ligue du Péloponnèse (NdA expression contemporaine) déclare la guerre à Athènes. Si les cités de la Ligue de Délos deviennent autonomes, la paix pourrait être à nouveau possible mais c’est clairement un non-choix car Athènes ne peut perdre son empire.

En -431, les béotiens et les péloponnèsiens assiègent Platées et envahissent l’Attique. Les athéniens s’enferment derrière les Longs Murs en comptant sur leur flotte pour se ravitailler et ravager les côtes péloponnèsiennes.

Cette stratégie indirecte imposée par Périclès est dictée probablement par la crainte qu’inspire les hoplites spartiates considérés comme invincibles. Il à cependant pour inconvénient majeur de faire passer Athènes pour une puissance faible dans une civlisation où le courage et la bravoure au combat occupent une place centrale.

De son côté Sparte ne peut se permettre un conflit prolongé. Non seulement ils n’ont ni les moyens ni les capacités pour assiéger Athènes mais en plus ils ne peuvent éloigner trop longtemps leurs redoutables hoplites de craite d’une révolte des hilotes et/ou d’une invasion d’Argos, son ennemi traditionnel.

Buste de Périclès

On peut décement parler de cette époque sans parler de celui qui comme plus tard Louis XIV allait donner son nom à son siècle. Périclés est un homme politique athénien né vers -495.

Fils de Xanthippe et d’Agaristé (de la famille des Alcméonide, c’est la nièce de Clisthène), il devient en -461 le chef du parti démocratique et à partir de -444 le chef incontesté d’Athènes encore que ces ennemis n’hésitent pas à se moquer de son physique et s’offusque de sa relation avec une étrangère Aspasie.

Les sources à son sujet sont nombreuses et contradictoires, rarement neutres et souvent engagées.

Ses performances militaires sont inconnues mais il ne semble pas avoir été un stratège militaire mais plutôt une sorte de ministre de la Défense qui utilisait prudement les ressources militaires de la cité dont il avait la charge. Il est aussi connu pour une politique artistique brillante, initiant les travaux du Parthenon sur la colline de l’Acropole.

En -430 une épidémie (on à parlé de peste mais il semble que ce ne soit pas le cas) ravage une cité surpeuplée. Un tiers de la population athénienne succombe dont Périclès. Qui peut savoir ce qui se serait passé si Périclès avait vécu quelques années de plus…. . Aurait-il changé de stratégie ? Aurait-il été ostracisé ? Nul le sait…… .

La Guerre du Péloponnèse peut être divisée en trois grandes phases avec d’abord une période dite archidomique (en référence à Archidamos II, roi de Sparte) de 431 à 421, une guerre indirecte de 421 à 413 et la guerre de Décélie et d’Ionie de 413 à 404. Ce conflit est considéré comme la première guerre totale de l’histoire.

Durant la première décennie les spartiates vont annuellement envahir l’Attique pour ravager les cultures, réduire les athéniens à la famille ou provoquer une bataille qu’ils sont convaincus de remporter, leurs hoplites étaient considérés comme les meilleurs du monde grec, étant craints et redoutés par l’ensemble du monde grec.

En mars 431 les oligarques de Platées appellent les thébains à l’aide, Thèbes étant alliée à Sparte. Un coup de main puis un deuxième échoue et si les troupes thébaines peuvent se retirer sans dommages, les platéens rénégats sont mis à mort, une garnison athénienne est mise en place.

Ce n’est que partie remise car la cité est assiégée de mai 429 à août 427. les défenseurs sont massacrés et les murs abattus.

Entre-temps en mai 431 les lacédémoniens vont laisser leur premier raid en Attique. Ils vont le faire chaque année selon des durées variables à l’exception de 429 et de 426 en raison de l’épidémie qui frappe Athènes (les auteurs parlent de peste mais il faut le comprendre au sens d’épidémie, les historiens contemporains penchant pour le typhus).

Les athéniens eux ravagent la région de Mégare (Mégaride) deux fois par an jusqu’en 424 mais à chaque fois aucun résultat décisif n’en sort, c’est clairement une guerre d’usure, une guerre totale.

Athènes mènent deux expéditions navales en 431 et 430 pour ravager les côtes contrôlées par l’ennemi. Sparte souhaiterait bien posséder une marine mais manquant d’expérience et surtout de fonds ils décident de soliciter l’ancien ennemi perse. Des émissaires sont envoyés mais ils sont interceptés par des agents athéniens en Thrace et mis à mort sans autre forme de procès. Vous avez dit guerre totale.

Les opérations militaires sont perturbées par l’épidémie qui frappe la Grèce entre -430 et -425. Les conséquences sont terrifiantes avec la mort d’un tiers des athéniens dont 4400 hoplites et 300 cavaliers auxquels il faut ajouter la mort de Périclès en septembre.

Ce dernier affaiblit par le stress et le chagrin causé par la mort de ses deux fils légitimes finit par succomber ouvrant la voie à une opposition entre Nicéas démocrate modéré représentant des propriétaires terriens qui souhaitent la paix pour mettre fin aux ravages spartiates et Cléon le démagogue, commerçant représentant de l’Athènes urbaine partisan d’une guerre totale contre Sparte.

Des villes tombent dans l’escarcelle de l’un et de l’autre. Sur terre les combats sont indécis mais en mer Athènes montre que même en infériorité numérique la patronne c’est celle (victoires de Patras et de Naupacte) au point que Sparte et leurs alliés éviteront tout affrontement naval avec Athènes jusqu’en 413.

En juillet 427 Athènes empêche Mytilène de quitter la ligue de Délos et de basculer du côté lacédémonien. Si Nicéas était partisan de la modération dans la sanction, Cléon était partisan de la fermeté totale et absolue.

Fort heureusement pour les habitants de Mytilène c’est Nicéas qui obtient gain de cause. Si les meneurs de la sédition sont mis à mort, les autres habitants sont épargnés, la ville perdant ses murs et sa flotte.

En -425, les spartiates échouent à s’emparer de Pylos tenu par Démosthène. Des négociations sont ouvertes mais le démagogue Cléon refuse tout compromis. Les spartiates échouent également à Sphacterie.

Le prestige militaire des spartiates est clairement atteint surtout que les hoplites lacédémoniens ont préféré la réddition à la mort, jettant aux orties leur célèbre devise «Reviens avec ton bouclier ou dessus».

292 hoplites spartiates servent d’otages aux athéniens qui menacent de les éxecuter en cas d’invasion de l’Attique ce qui explique la région va être épargnée jusqu’en -413.

Cléon va diriger Athènes jusqu’à sa mort. Athènes se sent en position de force et pense pouvoir l’emporter rapidement mais c’est une impression mensongère, aucun belligérant ne pouvant l’emporter. A chaque fois c’est le même scénario : une offensive athénienne ou spartiate suivit d’une contre-attaque ennemie. La situation est clairement bloquée.

Aucun adversaire n’est en mesure de prendre le dessus sur l’autre. En -422 Sparte l’emporte dans la bataille d’Amphipolis mais Cléon l’athénien et Brasidas le spartiate meurent ce qui ouvre la voie à la paix, paix d’autant plus évidente que les deux adversaires sont épuisés, Athènes ayant perdu 1/3 de sa population et les 5/6 de son trésor alors que de son côté Sparte n’est plus crédible tant militairement que politiquement.

Cette Paix de Nicias va durer huit ans (-421 à -413) mais cette paix est une paix armée, chaque belligérant se préparant à une reprise des hostilités en se cherchant des alliés. Des combats limités ont lieu, Sparte l’emportant en -418.

Cette paix permet à Athènes de reconstituer ses finances mais sa stratégie globale est parasitée par l’opposition entre Nicias et Alcibiade.

En -414 Sparte envahit l’Attique soutenu par les perses qui veulent affaiblir durablement Athènes et récupérer les cités d’Asie mineure. L’année suivante en -413 les spartiates s’emparent de la forteresse de Décélie ce qui leur permet de ravager méthodiquement l’Attique et maintenir Athènes sous pression.

De nombreux massacres de civils ont lieu ce qui confirme le caractère de guerre totale que les historiens contemporains attribue à la guerre du Péloponnèse.

Comme le «front grec» apparaît bloqué, Athènes décide d’ouvrir un nouveau front en s’attaquant à Syracuse, une cité de Sicile alliée de Sparte. La prise de cette cité permettra de relancer un processus de colonisation, de conforter l’empire athénien et d’alimenter l’Attique en or et en blé.

En juin 415 cette tristement célèbre Expédition de Sicile est lancée avec 134 navires et 27000 hommes dirigé par un triumvirat composé d’Alcibiade, de Nicias et de Lamachos. Trois chefs qui s’entendent c’est déjà deux de trop mais quand ces trois chefs ne sont pas d’accord comme on dit le ver et dans le fruit.

Pour ne rien arranger peu avant l’appareillage éclate l’affaire des Hermocopides, Alcibiade est accusé d’avoir mutilé des statues du dieu Hermès et d’avoir participé à une parodie des mystères d’Eleusis.

Alcibiade demande à être jugé avant l’appareillage mais cela ne peut pas se faire et c’est dans ce contexte délétère que l’expédition s’ébranle.

Les chefs se divise sur la stratégie à suivre : Nicias veut une simple démonstration de force, Lamachos veut attaquer immédiatement Syracuse alors qu’Alcibiade veut créer une ligue des cités de Sicile pour attaquer ensemble Syracuse.

Alcibiade l’emporte mais Athènes exige de le juger, envoyant une trière pour le ramener en Attique mais le chef athénien file à l’anglaise ou plutôt à la spartiate en se réfugiant dans le Péloponnèse. C’est à Sparte à l’hiver -415/414 qu’il apprend sa condamnation à mort par contumace.

Nicias devient le chef mais il est indécis et comment des erreurs. La mort de l’énergique Lamachos prive les athéniens d’un chef charismatique et audacieux. Pour ne rien arranger, Alcibiade convainct Sparte d’envoyer des secours à Syracuse.

Au printemps 413 deux expéditions sont envoyées, Athènes envoyant sous le commandement de Démosthène 73 trières et 15000 hommes.

Cela tourne à la déroute pour les athéniens en raison des bourdes et de l’indécision de Nicias. Pas moins de 40000 athéniens dont Nicias et Démosthène sont faits prisonniers. Ils sont tous mis à mort ! (Vous avez dit guerre totale ?).

Un blocus terrestre étrangle Athènes en -412. 20000 esclaves athéniens sont capturés, les mines d’Argent du Laurion sont inaccessibles pour la cité de Périclès qui à perdu deux tiers de sa flotte et est clairement en crise financière.

Les spartiates aidés par les perses concurrencent Athènes sur mer. Alcibiade se réfugie auprès du satrape Tissaphène. Il pousse à une politique de bascule entre Athènes et Sparte, l’aide finacière étant diminuée et l’aide navale supprimée. Des combats navals limités ont lieu.

En juin 411 à lieu le Coup d’Etat des 400 qui met en place un régime oligarchique qui tourne le dos à près d’un siècle de démocratie. Ce régime incapable de renverse le court de la guerre est rapidement discrédité, chutant suite à la perte de l’île d’Eubée qui provoque une panique à Athènes.

Les 400 sont renversés par les 5000 soit les citoyens athéniens capables de payer l’équipement de l’hoplite. Une politique modérée est menée permettant de rétablir la démocratie en juillet 410.

Entre-temps les athéniens remportent deux victoires navales à Cynossène et Cyzique dans la région de l’Helespont sauvant la cité de la famine. Sparte propose une paix par l’échange de Décélie contre Pylos mais Athènes refuse s’estimant capable de gagner la guerre.

Sparte victorieuse mais fatiguée demande ou plutôt propose la paix mais Athènes persuadée que le pire est derrière elle refuse, la guerre continue et la décision va se faire non pas sur terre mais sur mer.

En mai 407 l’ancien paria Alcibiade est élu stratége, recevant les pleins pouvoirs militaires. En face Lysandre devient le chef de la marine spartiate (navarque) et va attaquer Athènes sur un terrain où la cité de l’Attique est persuadée d’avoir la maitrise.

Pour cela il bénéficie de l’aide perse, l’argent lui permettant de débaucher des mercenaires athéniens. Depuis sa base d’Ephése il entraine intensivement sa flotte. Une flotte bien équipée, bien entrainée, motivée, bien dirigée par un stratège de première ordre, on imagine bien que les résultats ne peuvent qu’être bénéfiques.

Il remporte une bataille à Novion, les athéniens perdant 22 navires ce qui entraine la destitution d’Alcibiade qui préfère s’exiler. Lysandre ayant terminé son mandat se retire mais son successeur Callicratitas continue sur sa lancée.

En août -406 155 trières athéniennes défont les 120 trières de Callicratitas à la Bataille d’Arginuse surtout connu pour l’après. Callicratitas est tué dans cette bataille qui eut lieu au sud de l’île de Lesbos. 77 navires spartiates sont coulés, 25 pour les athéniens avec surtout 2000 marins dont les corps ne purent être récupérés en raison du mauvais temps, un véritable sacrilège, une véritable offense pour les athéniens.

Six stratèges qui avaient choisir de se défendre sont condamnés à mort et exécutés ce que le demos échauffé par les démagogues regrettera amèrement. Parmi ces stratèges condamnés à mort figure Périclès le Jeune, le fils de Péricles et d’Aspasie.

Sparte propose à nouveau la paix mais Athènes dirigée par le démagogue Cléophon refuse. Du côté Sparte, Lysandre revient mais au poste d’adjoint pour des raisons légales (impossible d’être deux fois navarque).

En septembre 405 la Bataille d’Aigos-Potamos fait enfin basculer le conflit dans un camp en l’occurence les spartiates. La flotte athénienne surprise est anéantie avec 170 navires détruits ou capturés. 3000 prisonniers sont exécutés.

Dans la foulée Lysandre occupe toutes les positions athéniennes sauf Samos avant de venir mouiller devant le port du Pirée. Assiégée et affamée, la ville d’Athènes capitule en avril 404.

Le traité de paix est plutôt modéré (volonté de Sparte alors qu’Argos et Corinthe étaient plus vindicatifs), les Longs Murs sont démantelés, la ligue de Délos est dissoute, un régime oligarchique (Tyrannie des 30) s’installe à Athènes soutenu par une garnison spartiate. Le rappel de Lysandre à Sparte permet à Athènes de rétablir la démocratie. Les Longs Murs seront reconstruits en 393 et une seconde confédération athénienne est mise en place en 378.

Mitteleuropa Balkans (114) Yougoslavie (2)

HISTOIRE DE LA YOUGOSLAVIE

Avant-propos

Le concept de regrouper les Slaves du Sud (Yougo-Slaves) apparaît à la fin du 17ème siècle. Au 19ème siècle le mouvement illyrien (1835-1863) marque la naissance d’un sentiment national croate.

Au delà du culturel, les leaders du mouvement voulaient créer au sein de l’Autriche-Hongrie un établissement national croate. Ils évolueront vers l’idée de regrouper sous un même état les cousins slovènes, bosniens et serbes, les Jug-Slaveni (sud-slaves).

On aurait pu aboutir à la Croatie comme cœur moteur de l’union des Slaves du Sud mais comme nous le savons tous ce sera la Serbie, état constitué en 1918 qui deviendra le cœur battant de la future Yougoslavie.

Cette union va se faire sur les ruines et les décombres de l’Autriche-Hongrie qui comme les trois autres empires présents en août 1914 disparaît ce qui était plus ou moins attendu tant les observateurs les plus lucides savaient que comme la Russie des Romanov, l’Autriche-Hongrie des Habsbourgs était un colosse aux pieds d’argile traversé par tellement de failles que sa survie jusqu’en 1918 pouvait être considéré comme miraculeuse.

Il était important pour moi de rappeler le contexte car cela expliquera un certain nombre de choses par la suite. Je pourrai refaire de l’uchronie dans l’uchronie mais on peut imaginer une histoire différente si les slovènes, les croates, les bosniens et les monténégrins s’étaient unis dans un contexte de paix.

L’union va se faire dans les années chaotiques de l’immédiat après premier conflit mondial où les passions sont encore à vif. Les croates et les slovènes sont impatients de prendre leur indépendance et espèrent que les serbes joueront le jeu d’une véritable union.

Or la Serbie qui à terriblement souffert du premier conflit mondial (violents combats, anabase homérique, occupation rude) veut restaurer sa grandeur et son prestige (N’oublions pas que la Serbie avant la conquête ottomane à connu des périodes où elle était un acteur majeur de la région).

Les non-dits et les rancoeurs vont provoquer un chaos politique régulier, un chaos à bas bruit avec une vie politique mouvementée, une tentative du roi Alexandre 1er de Yougoslavie de centraliser et d’unifier la Yougoslavie au mépris du poids des nationalités, volonté que l’on pourrait comparer à celle d’un «despote éclairé» voulant faire le bien de ses sujets contre leur gré (NdA éternel débat de savoir si le pouvoir doit suivre tout ce que le peuple veut ou si il doit parfois aller à contre-courant), volonté qui allait lui coûter la vie un jour d’octobre 1934 du côté de Marseille.

La Yougoslavie retourne ensuite à la démocratie avec le règne de Pierre II, fils encore mineur du roi assassiné. Si la situation s’apaise un temps, nul doute que si la guerre de Pologne s’était prolongée on aurait pu craindre le pire pour le royaume de Yougoslavie surtout en cas d’invasion étrangère qu’elle soit italienne ou allemande.

La Pax Armada va être l’occasion de revenir à plus de stabilité, plus de sérénité. Pierre II en dépit de son jeune âge va se montrer assez habile.

Il parvient à donner des gages aux slovènes et surtout aux turbulents croates. Il réprime les extrémistes de tous bords et tente de dévelloper une véritable idéologie yougoslave un peu comme son père mais avec plus de réussite.

En septembre 1948 si la Yougoslavie n’à pas exorcisé tous ces démons elle peut voir l’avenir avec une relative sérénité. C’est alors que le second conflit mondial éclata……. .

Du Royaume des Serbes, Croates et Slovènes au Royaume de Yougoslavie

Petit retour en arrière : la Serbie entre grandeur et décadence

Le cœur battant de la Yougoslavie est donc à l’est sous la forme de feu le Royaume de Serbie (Kraljevina Srbija) qui le 6 mars 1882 succède à la Principauté de Serbie (Kneževina Srbija)quand le prnce Milan de la dynastie Obrenovic devient roi sous le nom de Milan 1er.

Cette principauté avait officiellement vue le jour en 1817 quand après des années de troubles et plusieurs révoltes l’empire ottoman décide de lâcher du lest. Il faut néanmoins attendre 1830 pour que cette situation se stabilise juridiquement parlant avec la mise en place d’une série de textes à partir de 1828. Milos Obrenovitch devient prince hériditaire de Serbie.

Cet état va voir deux dynasties alterner au pouvoir. C’est ainsi que les Obrenovic sont au pouvoir de 1815 à 1842 et de 1858 à 1882, les Karadjordevic de 1842 à 1858 avant de revenir au pouvoir en 1903 à une époque où la principauté est devenue royaume.

Vont donc se succéder sur le trone serbe Milos Obrenovitch 1er (1780-1860) prince hériditaire de servie de 1817 à 1839 et de 1858 à 1860, Ses fils Milan Obrenovitch II (1819-1839) et Michel Obrenovitch (1823-1868) qui règne respectivement en 1839 et de 1839 à 1842, Aleksandar Karadjordevic (1806-1888) prince de 1842 à 1858, Mihailo Obrenovitch III (1823-1868), prince de 1860 à 1868 et enfin Milan Obrenovitch IV (1854-1901), prince de 1868 à 1882 puis roi de Serbie jusqu’en 1889.

Le 5 octobre 1866 la Serbie signe une alliance avec le Monténégro puis avec la Grèce le 18 avril 1887 en vue d’une guerre contre l’empire ottoman pour libérer les peuples chrétiens du joug ottoman. Cette alliance allait finalement n’être qu’un coup d’épée dans l’eau.

En 1867 la garnison ottomane quitte occupait Belgrade quitte la capitale serbe. De facto la Serbie est indépendante même si il faudra attendre 1878 pour qu’elle soit reconnue de jure par le Congrès de Berlin.

D’abord limitée au territoire du Pashaluk de Belgrade (appelé également territoire du Sandjak de Smeredevo) la principauté s’étend entre 1831 et 1873 vers l’est, le sud et l’ouest.

La population est à 87% serbe. On trouve également 10.5% de Valaques, 2.1% de Roms et 0.5% d’autres nationalités. Sur le plan religieux, la religion orthodoxe est dans une situation monopolistique avec 99.2% des habitants fidèles de cette religion.

La croissance démocratique est spectaculaire puisque la Serbie passe de 678192 habitants à 1 669 337 habitants entre 1834 et 1878.

En 1869 une nouvelle constitution est promulguée, neuf ans avant que l’indépendance ne soit officiellement reconnue au congrès de Berlin. En 1882 la principauté devient donc royaume, Milan Obrenovitch IV devant Milan 1er.

Du 14 au 28 novembre 1885 la Serbie affronte la Bulgarie dans une guerre où elle à le dessus et uniquement parce que les austro-hongrois ont menacé d’intervenir contre la jeune armée bulgare. Le conflit est réglé par le Traité de Bucarest signé le 19 février 1886. la Serbie reconnait l’unification de la Bulgarie (principauté de Bulgarie et Roumélie orientale sous l’union personnelle de Ferdinand 1er).

Une nouvelle constitution est promulguée en 1888 mais Milan 1er refuse de voir ses pouvoirs ains contraints et préfère abdiquer l’année suivante en 1889. Son fils Alexandre 1er (NdA à ne pas confondre avec le roi de Yougoslavie assasiné en 1934) lui succède en 1893 et supprime cette constitution en 1894.

Roi controversé par sa politique et par sa vie privée, Alexandre 1er Obrenovitch est assassiné en compagnie de son épouse et de sa famille dans la nuit du 28 au 29 mai 1903 (10/11 juin dans le calendrier grégorien) (Coup d’Etat de Mai) ce qui entraine l’extinction de cette maison régnante.

L’assemblée serbe (Shupstina) propose à Pierre Karadjordevic de devenir roi sous le nom de Pierre 1er. Après avoir hésité _on aime guère accepter une couronne après un coup d’état doublé d’un assassinat_ il finit par accepter et est couronné le 21 septembre 1904 (calendrier grégorien) dans un contexte difficile, la mort d’Alexandre 1er et de sa famille ayant choqué l’Europe entière.

Pierre 1er de Serbie puis de Yougoslavie

C’est la fin des bonnes relations avec l’Autriche-Hongrie, Belgrade se tournant davantage vers la France et la Russie. Un traité d’amitié est signé avec la Bulgarie en avril 1904 suivit d’une union douanière en juin 1905. Entre 1906 et 1909 une véritable guerre douanière oppose la Serbie à l’Autriche-Hongrie.

Le 6 octobre 1908 l’Autriche-Hongrie annexe la Bosnie-Herzegovine qu’elle occupait et qu’elle gouvernait depuis 1878. Pour la Serbie c’est un camouflet car ce territoire était une voie naturelle d’expansion. Cette annexion est comme nous le savons une réponse à la proclamation la veille de l’indépendance bulgare.

Le Royaume de Serbie va participer aux deux guerres balkaniques. Ces deux conflits véritables répétition de la première guerre mondiale sont les deux faces d’une même pièce avec d’abord des nations balkaniques unies pour chasser l’empire ottoman d’Europe puis des alliés d’hier devenus des ennemis d’aujourd’hui.

Un traité d’alliance serbo-bulgare est signé en mars 1912, Belgrade et Sofia voulant se partager le Vardar macédonien. En mai la Serbie signe un traité similaire avec la Grèce et en octobre c’est autour du Monténégro de signer un traité d’alliance militaire avec la Serbie.

Durant ces deux guerres la Serbie va conquérir le Kosovo _considéré comme le berceau de la nation serbe_, la Macédoine, le Sandjak de Novi Pazar. Le traité de Londres signé après la première guerre permet à la Serbie de s’emparer du Kosovo et du nord-ouest de la Macédoine.

Après la deuxième guerre qui voit la Bulgarie attaquer ses anciens alliés serbes et grecs, le traité de Bucarest permet à la Serbie de récupérer tout le Vardar macédonien. Elle aurait souhaité pouvoir disposer d’une fenètre maritime sur l’Adriatique mais les grandes puissances préfèrent créer un royaume d’Albanie. La Serbie gagne 81% de superficie et 1.6 millions d’habitants (passant de 2.9 à 4.5 millions).

Comme nous l’avons à propos de la Bulgarie, la Serbie est aux premières loges durant le premier conflit mondial. Attaquée par les Empires Centraux, elle fait mieux que se défendre mais finit par craquer.

Commence alors une terrible Anabase en plein hiver dans les montagnes albanaises.. 400000 militaires et civils entament un véritable périple direction les ports albanais où des navires italiens parviennent à les évacuer en direction de Corfou. Seuls 120000 soldats (sur 135000) et 60000 civils (sur 280000) parviennent sur l’île grecque. Cela n’est pas finit car 11000 soldats et civils finiront par succomber des conséquences de cette odyssée.

Les autres composantes nationales

Dans cette partie je vais balayer à gros traits l’histoire des autres composantes du royaume de Yougoslavie en essayant de rester factuel et de ne pas trop me disperser.

Slovenie

La Slovénie à fait partie intégrante de l’empire romain. Les invasions barbares vont dévaster le territoire et pour cela les habitants de la future Slovénie ne peuvent incriminer que la géographie puisque leur territoire est un point de passage obligé entre la plaine de Pannonie et la péninsule italique.

Les Slaves s’installent dans ce qui allait devenir la Slovénie à la fin du 6ème siècle. Le territoire va ensuite passer sous l’autorité du Saint Empire Romain Germanique puis après 1806 sous la souveraineté de l’empire d’Autriche et de la maison des Habsbourgs.

Les ancêtres des slovènes actuels occupaient les régions actuelles de la Carinthie, de la Styrie (ouest) et de la Slavonie. Il y eut une brève union avant une division entre les slaves de Carniole (Slovénie actuelle) alors que les Slaves du Nord vont former la Principauté de Carantanie qui par déformation allait devenir la Carinthie. Cette dernière en 746 passe sous la tutelle de la Bavière.

Au 9ème siècle le territoire est sous l’influence du duché de Bavière mais aussi d’une puissance en devenir, la République de Venise. En 952 l’empereur Othon 1er fonde un duché de Karananie qui intègre une partie de l’actuelle Slovenie.

Région frontalière, la future Slovenie était une marche pour protéger le Saint Empire contre les incursions des slaves et des hongrois. La Carniole qui correspond grosso modo à la Slovenie actuelle est une marche de 1040 à 1364 puis un Duché de 1364 à 1918.

La Slovenie n’à pas de statut spécifique mais ils ont des députés à Vienne. Un embryon d’Etat slovène, le comté de Celje disparaît en 1456 après la mort du dernier titulaire tué par Jean Hunaydi.

Si les élites soucieuses de leur position se germanisent, la paysannerie résiste et conserve une identité spécifique. Sur le plan religieux la Réforme est un temps très populaire mais la Contre-Réforme catholique finit par triompher notamment grâce à l’action de l’Archiduc et futur empereur Ferdinand (empereur de 1590 à 1637). En 1573 une révolte paysanne dévaste la région.

En 1806 le Saint Empire Romain Germanique disparaît cédant la place à l’Empire d’Autriche. Les territoires correspondant à la Slovénie restent domaines patrimoniaux de la Maison d’Autriche. Une partie de la Slovénie, le duché de Carniole dont la capitale était Laibach (Lubjana) intègre les Provinces Illyriennes, un territoire sous contrôle français d’octobre 1809 à août 1813. En 1815 le duché est réintégré à l’Autriche avant d’intégrer le Royaume d’Illyrie le 2 août 1816.

Ce royaume va rapidement perdre des territoires au profit des royaumes de Croatie et de Slavonie, le royaume d’Ilyrie ne regroupant plus que le duché de Carinthie, le duché de Carniole et le Littoral Autrichien qui correspond grosso modo à l’Istrie et à la Dalmatie.

En 1848 une proposition est faite pour regrouper tous les slovènes sous un même royaume autonome. Ce projet n’aboutit pas et en 1849 le royaume disparaît laissant des territoires autonomes (Carinthie, Carniole et le Littoral autrichien).

En février 1861 une patente met en place une Diète provinciale qui envoie des élus au Reichsrat, le parlement de la Cisleithanie.

Après 1918 et la disparition de l’Autriche-Hongrie, une grande partie du territoire slovène va intégrer la Yougoslavie mais une petite partie (32700 km² et 1.3 millions d’habitants tout de même) intègre le Royaume d’Italie.

Toujours en 1918 un conflit armé oppose les slovènes à la République d’Autriche allemande, l’un de ses états éphémères apparus dans l’immédiat après guerre. Les territoires contestés ssont la Basse Styrie et le Sud de la Carinthie. Par le traité de Saint Germain, Maribor et la Basse Styrie sont accordés à la Yougoslavie.

Des combats ont lieu en Carinthie du Sud (décembre 1918 à juin 1919), des volontaires slovènes aidés par l’armée serbe tentent d’occuper Klagenfurt.

En octobre 1920 la majorité de la population de la Carinthie du Sud vote pour rester autrichienne, la seule exception étant la région autour de Dravograd et de Gustany qui est accordée à la future Yougoslavie.

Le traité de Trianon (1920) accorde au royaume de Yougoslavie une région pourtant non slovène, celle de Prekmuye qui appartenait à la Hongrie depuis le 10ème siècle.

En 1929 la Slovénie est rebaptisée Drava Banovina (Drava Banate) du nom de la rivière Drava, la capitale provinciale étant logiquement Lubjana, l’ancienne Laibach. La Slovénie renait en 1944 et sans devenir confédérale la Yougoslavie se libéralise.

Cela explique en partie pourquoi les slovènes et les croates ont combattu en 1949 avec une certaine détermination alors que le haut-commandement serbe craignait mutineries et désertions massives.

Croatie

La Croatie telle que nous l’entendons aujourd’hui couvrait deux provinces romaines, la Dalmatie et la Pannonie. Après 476 et la chute de l’Empire romain d’Occident, elle est occupée par les Ostrogoths pendant cinquante ans avant d’être intégré à l’empire byzantin.

Au VIIème siècle apparaissent ce qu’on pourrait qualifier les proto-états croates, le Duché de Croatie et le Duché de Croatie Pannoniène. Si le premier va perdurer, le second disparaît au 10ème siècle après environ 300 ans d’existance.

Le Duché de Croatie comprend le littoral de l’actuelle Croatie sauf l’Istrie. Ce territoire est l’objet des convoitises franques et byzantines. Une rivalité nait également avec l’orgueilleuse République de Venise bien décidée à faire de l’Adriatique une Mare Venetium. Des batailles opposent les croates aux bulgares mais très vite les relations s’améliorent à la différence des relations avec les arabes qui restent hostiles.

Vassalisé par les Francs vers 790, le duché de Croatie devient en 879 un duché sans suzeraineté suite à l’intervention du pape Jean VIII. En 925 le duché de Croatie devient un royaume d’abord indépendant puis en union personnelle avec la Hongrie à partir de 1102.

La Croatie est en première ligne contre les ottomans. Une marche militaire appelée la Frontière Militaire/Militärgrenze/Vojna Krajina est mise en place en 1553 et supprimée en 1881. C’était un véritable front pionnier avec fortins, fortifications et surtout une colonisation de peuplement par des valaques, des allemands et surtout des serbes ce qui entrainera une cascade de terribles événements notamment durant le second conflit mondial. D’ailleurs la région concernée en Croatie est la Krajina.

Si la Croatie dépend de la Cisleithanie, il est important de noter que la Dalmatie forme un Royaume autonome.

Comme nous l’avons déjà vu au milieu du 19ème siècle, apparaît un romantisme nationaliste croate pour contrer une politique de germanisation et de magyarisation. C’est le mouvement illyrien.

En 1848 la Croatie, la Slavonie et la Dalmatie restent du côté habsbourgeois par peur du nationalisme hongrois. Cela ne leur valut aucun traitement de faveur de la part du nouvel empereur François Joseph.

En 1867 l’empire d’Autriche devient l’empire austro-hongrois et l’année suivante en 1868 on compromis croato-hongrois est signé.

En 1918 les croates décident de s’engager dans l’aventure de l’idée yougoslave dans l’espoir d’aboutir à un état confédéral. Leurs espoirs vont être vite deçus et cette déception est rendue encore plus amère par le fait qu’économiquement la Croatie moins touchée par le premier conflit mondial s’en sortait mieux que nombre de régions de Serbie.

La situation reste très tendue pour ne pas dire explosive en Croatie durant l’entre-deux-guerres et nul doute que si Pierre II n’était pas revenu sur la politique autoritaire de son père nul doute qu’avant même l’invasion germano-italienne la Croatie aurait explosé provoquant l’implosion de la Yougoslavie.

Bosnie-Herzegovine

Peuplée à l’époque néolithique, elle à été ensuite habitée par les illyriens et les celtes. Comme toute l’Europe la future Bosnie-Herzegovine à été christianisée à partir du 1er siècle et trois siècles plus tard elle était une partie de l’Empire Romain d’Occident avant d’être envahit par les Barbares suite aux invasions du même nom. Plus précisément ce sont les Ostrogoths qui occupent la région et ce dès 455. Les Alains et les Huns traversent également la région.

Après une reconquête sous l’empereur Justinien, l’actuelle Bosnie-Herzegovine est occupée par les avars puis par les slaves. Une certaine influence des Francs est à noté, certains leur attribuant l’introduction du féodalisme même si pour certains ce n’est pas si évident que cela. Le territoire est également l’objet des convoitises serbes, croates et même bulgares.

En 1136 le roi de Hongrie Béla II envahit la Bosnie et créa le titre de Ban de Bosnie, un titre honoraire pour son fils Ladislas II. De 1167 à 1180 la Bosnie-Herzegovine revient temporairement dans le giron byzantin.

Territoire autonome, la Bosnie devient un royaume en 1377 mais moins d’un siècle plus tard en 1463 l’empire ottoman occupe la région (la résistance va perdurer jusqu’en 1527 mais de manière épisodique), la transformant en profondeur puisque les populations locales se convertissent pour une part importante d’entre-elles à l’islam. C’est le début d’une domination qui va durer 415 ans jusqu’en 1878.

A partir de 1831 les paysans bosniens se révoltent. Cette révolte est réprimée seulement en 1850 mais la situation reste toujours aussi tendue. Une véritable rébellion éclate en 1875 et sous la pression des événements mais aussi des grandes puissances, la Sublime Porte va céder à l’Autriche-Hongrie l’administration de la Bosnie-Herzegovine.

La Bosnie-Herzegovine est occupée par l’Autriche-Hongrie entre le 29 juillet et le 20 octobre 1878, occupation qui n’est pas une promenade de santé puisqu’on signale quelques combats avec les ottomans et des milices locales.

Officiellement la Bosnie-Herzegovine appartient toujours à la Sublime Porte mais en réalité c’est devenue une région de l’empire austro-hongrois. Vienne veut en faire une colonie modèle et pour cela va mettre sur pied le Condominium de Bosnie et d’Herzegovine, condominium placé sous l’autorité du ministre des Finances austro-hongrois via un office bosnien.

La politique habsbourgeoise se heurte rapidement aux spécificités du territoire et à l’influence de l’idée yougo-slave, diablement séduisante pour les élites bosniennes. A la fin du siècle les serbes et les musulmans de Bosnie (ou Bosniaques) réclament l’autonomie religieuse et l’autonomie scolaire.

Le projet de dévelloper une identité bosnienne spécifique échoue. Résultat en 1905 la vie politique en Bosnie et en Herzegovine est dominée par trois partis communtaires représentant les serbes, les croates et les musulmans.

Le 5 octobre 1908 suite à la déclaration d’indépendance de la Bulgarie, l’empereur austro-hongrois François Joseph annonce l’annexion de la Bosnie-Herzegovine. Cette annexion est annoncée deux jours plus tard à Sarajevo.

C’est le début d’une crise internationale qui va durer jusqu’au 26 février 1909 quand la Sublime Porte finit par s’incliner. Elle reçoit des compensations matérielles et obtient le départ des garnisons austro-hongroises du Sandjak de Novi-Pazar.

Cette annexion est reconnue par la Russie le 21 mars mais uniquement après un ultimatum allemand. La Serbie la reconnaît le 31 mars et le Monténégro le 5 avril 1909.

Cette annexion entraine des troubles réprimés par un corps spécial austro-hongrois le Streifkorps même si très vite les partis musulmans soucieux de légalisme et de réalisme finissent par admettre cette annexion. Les croates de Bosnie sont d’abord très enthousiastes espérant rejoindre la Croatie et former avec le reste de la Bosnie-Herzegovine un pôle slave au sein d’une monarchie qui ne serait composée de deux pôles mais de trois.

En 1910 le territoire est peuplé de 1 898 044 habitants répartis entre des musulmans (612137 32.2%), orthodoxes (825418, 43.5%), catholiques (434061, 22.9%) et enfin 11868 juifs (0.6%).

La Constitution de 1910 met en place une Diète de Bosnie, un Conseil National et des conseils municipaux mais leurs pouvoirs sont naturellement très limités.

En ce qui concerne l’organisation locale, elle reste inchangée par rapport à l’époque ottomane, les seuls changements concernant les noms. C’est ainsi que le Vilayet de Bosnie devient le Reichsland, les sandjaks deviennent des Kreise (cercles), les Kazas (juridictions) des Bezirke, les Nahiyaks (cantons) sont rebaptisés Exposituren. On compte six Kreise et cinquante-quatre Bezirke.

Suite à l’implosion de l’Autriche-Hongrie, la Bosnie-Herzegovine va intégrer le Royaume des Serbes Croates et Slovènes (Yougoslavie en 1929) mais la région se montra rétive, s’opposant à une réforme agraire puis à une réorganisation des structures administratives qui finalement resteront assez semblables à celles de l’époque ottomane.

La mise en place des Banovina passe mal en Bosnie-Herzegovine d’autant que les bosniaques c’est à dire les musulmans de Bosnie ont le sentiment qu’à terme le territoire sera partagé entre serbes et croates. Finalement le système de banovina sera abandonné et les anciens régions rétablies ce qui allait calmer un peu la situation. Es-ce à dire que tous les problèmes ont été réglés ? Non bien sur le second conflit mondial allait se charger de le montrer.

Monténégro

Durant la période antique le Monténégro appartenait à la province romaine de Dalmatie. Peuplée d’abord par les illyriens, cette région est ensuite occupée par les slaves après avoir été ravavée par les Avars et les Goths. Les bulgares et les serbes vont aussi tenter d’occuper ce territoire tout comme les byzantins.

Au 9ème siècle pas moins de trois principautés se partagent le territoire actuel du Monténégro : la principauté de Dukja (qui correspond approximativement à la moitié sud), la principauté de Travunia (l’ouest) et celle de Rascia (le nord).

En 1042 la principauté de Duklja prend son indépendance, principauté qui devient celle de Zeta au 13ème siècle. En 1054 à lieu un schisme entre Rome et Byzance. Le futur monténégro bascule du côté de Rome avec l’érection de l’évêché de Bar en 1067 (archeveché en 1082).

Au 15ème siècle on appelle davantage la principauté de Zeta comme la principauté de Crna Gora ou en vénétien Monte Negro.

De larges portions du territoires sont occupées par l’empire ottoman de 1496 à 1878. le reste était sous contrôle de Venise notamment la région des bouches de Kotor (1420-1797) ou du prince-évêque de Cetinje (1515-1851). Une ultime dynastie émerge, celle des Petrovic-Njegos qui va régner jusqu’en 1918.

En 1852 le prince-évêque Danilo Petrovic-Njegos se marie et renonce à son état ecclésiastique, devenant le knjaz (prince) Danilo Ier et sécularisant son état.

Il est assassiné à Kotor en 1860 et remplacé par Nicolas 1er. Ce dernier engage une guerre infructueuse contre l’empire ottoman (1861-1862) puis tente de profiter du soulèvement de la Bosnie-Herzegovine (1875-1877) pour reprendre la lutte. Il est aidé par la Serbie mais là encore c’est un échec. Il faudra attendre l’intervention russe pour aboutir à quelque chose avec la signature du Traité de San Stefano (mars 1878), traité très favorable au Monténégro, à la Russie, à la Serbie, à la Roumanie et à la Bulgarie.

Ces gains vont être minorés par le Traité de Berlin (1878) même si ce traité reconnaît le Monténégro comme un état indépendant, état qui double sa superficie avec notamment le port de Bar. Les eaux monténégrines sont fermées aux navires de guerre étrangers. L’administration maritime et la police sanitaire est cependant assurée par l’Autriche-Hongrie.

En 1905 le Monténégro se donne d’une constitution et cinq ans plus tard il devient un royaume. Il participe aux guerres balkaniques, se partageant le Sandjak de Novi-Pazar avec la Serbie mais du rendre la ville de Skadar au nouvel état albanais créé par les grandes puissances.

Le 6 août 1914 le Monténégro déclare la guerre à l’Autriche-Hongrie en dépit du fait que Vienne lui avait promis la région de Shkoder/Skhadar si le petit royaume restait neutre. L’armée monténégrine est placée sous l’autorité du haut-commandement serbe pour des raisons de coordination.

Belgrade à offert une aide militaire (30 canons et 17 millions de dinars) tandis que la France envoyait 200 soldats des troupes coloniales à Cetinje pour armer deux stations radios de transmission mais aussi d’écoute. Du matériel, de la nourriture et différentes fournitures sont envoyées de France direction le port de Bar jusqu’à ce que ce dernier soit bloqué par la marine austro-hongroise.

Une fois l’Italie en guerre c’est Rome qui prit le relais, ravitaillant le pays par l’Albanie, une route non sécurisée, les irréguliers albanais organisés par des agents autrichiens attaquant les convois. Le manque de ravitaillement fût l’une des causes de la capitulation monténégrine après une belle résistance. L’occupation de la totalité du territoire serbe (décembre 1915) rendait impossible la situation du Monténégro qui est envahit en janvier 1916.

La campagne du Monténégro est une campagne éclair qui dure du 5 au 17 janvier 1916. Elle engage 100000 soldats austro-hongrois contre seulement 50000 monténégrins. Cette la suite directe de la submersion de la Serbie et de la retraite des troupes de Pierre 1er à travers les montagnes albanaises.

Les austro-hongrois voulaient s’occuper des monténégrins alliés à la Serbie mais aussi s’emparer des ports stratégiques de Durazzo et de Valona. Deux corps d’armée austro-hongrois, les 8ème et 19ème CA sont engagés. Le 11 janvier 1916 le mont Lovcen, position défensive monténégrine clé est prise par les austro-hongrois.

Le 13 janvier c’est la capitale qui est prise ce qui entraine l’ouverture de négociations pour un armistice. Les termes sont insupportables pour le roi qui refuse de signer, quittant le pays pour l’Albanie puis pour l’Italie le 19 janvier. Il ordonne au commandant en chef de continuer à combattre au besoin en se repliant sur l’Albanie pour retrouver les troupes serbes à Corfou.

Le gouvernement refuse et ordonne aux troupes monténégrines de déposer les armes. Ils obtiennent gain de cause le 17 janvier 1916.

le 1er mars 1916 un gouvernement militaire provisoire est mise en place sous l’autorité de Viktor Weber Edler von Webeneau qui est remplacé par Heinrich Clam-Martinic le 10 juillet 1917, ce dernier restant aux commandes jusqu’à la fin du conflit.

Après la libération du pays par les alliés un débat fit rage pour savoir si le Monténégro devait rester indépendant ou si il devait rejoindre le futur état des slaves du sud.

Le 1er décembre 1918 le royaume du Monténégro s’unit au royaume de Serbie, déclenchant des troubles entre Blancs et Verts.

Du 2 au 7 janvier 1919 à lieu l’insurrection de Noël (NdA les orthodoxes fêtent Noël le 6 janvier et non le 25 décembre).

Les Verts _nationalistes et séparatistes monténégrins_ refusent la décision de la Grande Assemblée Populaire du Monténégro d’unir le jeune royaume (28 août 1910) au Royaume de Serbie.

Mauvais perdants ? Faut voir puisqu’il devient rapidement évident que les débats de Podgorica (qui à l’époque n’était pas la capitale du pays puisqu’il s’agissait de Cetinje) ont été une farce puisque les Blancs favorables à l’idée yougo-slave et à l’union avec la Serbie ont truqué le processus électoral pour s’assurer d’une confortable majorité.

Es-ce à dire que les Blancs se moquaient de l’avenir de leur pays ? Non puisque comme les croates et les slovènes ils espéraient conserver l’identité monténégrine au sein d’une Yougoslavie confédérale.

Si la révolte va être rapidement réprimée, une guérilla épisodique va durer jusqu’en 1929, les Verts survivants prenant le chemin de l’exil. Les plus extrémistes ou les plus enragés selon les points de vue reviendront en 1949 dans les bagages de l’armée italienne pour servir d’auxiliaires aux troupes d’occupation. Inutile de préciser que ceux tombant aux mains de maquisards royalistes ou des partisans communistes subissaient un sort terrible.

Quand la Yougoslavie implosa au début des années quatre-vingt dix cette révolte de Noël devint un axe majeur du nationalisme monténégrin, les Verts comme les Blancs étant célébrés comme de fiers patriotes, oubliant la division irréconciable entre deux camps.

Macédoine

A la période antique l’actuelle Macédoine du Nord (anciennement Ancienne République Yougoslave de Macédoine) était occupée par le royaume de Paeonie, un royaume aux frontières floues peuplées essentiellement par des descendants illyriens et des thraces.

A la fin du 6ème siècle, les perses de la dynastie Achéménide dirigés par Darius le Grand occupent ce royaume mais après la défaite en -479 les perses se retirent en Asie mineure.

En -336 Philippe II de Macédoine annexe la Haute-Macédoine ce qui correspond à notre Macédoine du Nord actuelle.

La Macédoine est conquise par les romains en -146 devenant une province dont les dimensions vont évoluer, la partie nord intégrant la Mésie à l’époque de Dioclétien.

Les Slaves s’installent sur le territoire de l’empire byzantin, les historiens grecs les appelant Sklavines les slaves attaquant l’empire byzantin avec ou sans l’aide des bulgares et des avares. A plusieurs reprises les différents basileus qui se succèdent à Constantinople doivent lancer des campagnes contre des populations remuantes qui sont pour beaucoup déportées en Cappadoce (Turquie actuelle).

Vers 836 le territoire de la Macédoine intègre le premier empire bulgare, les populations s’assimilant avec les bulgares. C’est aussi à cette période que les slavkines se christianisent avec Saint Cyrille et Saint Methode. A la fin du 10ème siècle l’actuelle Macédoine du Nord devient le cœur idéologique et religieux du premier empire bulgare avec notamment l’évéché d’Ohrid qui après l’occupation de Preslav par Basile II devient le siège du patriarche bulgare.

La domination byzantine est à plusieurs reprises contestée par les serbes et par les bulgares. De 1257 à 1277, Constantin Asen qui fût tsar de Bulgarie était originaire de Skopje. Plus tard la capitale actuelle de la Macédoine du Nord fût celle de l’empire serbe de Stedan Dusan.

La région est conquise par les ottomans à la fin du 14ème siècle et va rester sous le joug de la Sublime Porte pendant près de 500 ans ccomme une partie de la province (Eyalet) de Roumélie («pays des Roums»).

L’Elayet de Roumélie est supprimé en 1867 et le territoire de la Macédoinr du Nord est partagé entre les Vilayet de Monastir, du Kosovo et de Salonique.

En 1903 une République de Krusevo est proclmée suite à la Révolte d’Ilinden-Preobrazhenie mais bien entendue cette république disparaît après la féroce répression ottomane.

En 1912 au cours de la première guerre Balkanique la région est capturée par la Serbie qui l’annexe une fois le conflit terminé à l’exception de la région de Strumica qui appartient à la Bulgarie de 1912 à 1919.

Cette région qui ne dispose d’aucun statut particulier au sein de l’Etat serbe est appelée Južna Srbija (Serbie du Sud ) pour la distinguer de la Stara Srbija (Vieille Serbie). De 1915 à 1918 la région est occupée par la Bulgarie.

Après le premier conflit mondial, le royaume de Serbie devient le cœur battant du Royaume des Serbes, des Croates et des Slovènes. En 1929, le royaume est rebaptisé Royaume de Yougoslavie et divisé en provinces ou banovinas. Le territoire correspondant à la Macédoine du Nord est appelée Banovina du Vardar avec Skopje comme capitale.

Après le premier conflit mondial la région subit une période de serbisation, les écoles bulgares, grecques et roumaines étant fermées, les prêtres bulgares et tous les enseignants non-serbes sont expulsés. Cette politique est violement combattu par la VMRO (Vatreshna Makendonska Revolutsionna Organizatasiya) en français l’organisation révolutionnaire intérieure macédonienne.

Durant le second conflit mondial, la Macédoine du Nord allait être occupée à la fois par les bulgares et par les italiens. Cette région allait connaître une occupation troublée avec de nombreux combats entre partisans et troupes d’occupation. Cela entraina comme nous le verrons un cycle infernal d’attentats et de représailles. Néanmoins au moins au début les bulgares furent bien accueillis par les populations locales bulgarophones.