Les ouvrages de campagne en Corse et en Tunisie
Ligne Mollard et ouvrages CEZF
La ligne Mollard (du nom du commandant supérieur de défense de l’île) désigne une série d’ouvrages destinés à défendre le plateau de Corbo au sud de l’île entre les casemates de Spinella et de Catarello. 35 créneaux en béton pour arme automatique et 15 abris enterrés sont ainsi réalisés.
La construction de la base aérienne de Solenzara sur la plaine orientale entraine également la construction par la CEZF d’ouvrages destinés à protéger ce véritable porte-avions pointé directement sur l’Italie.
L’entrée terrestre de la base est protégée par deux casemates type STG avec deux créneaux, un créneau équipé d’un jumelage de mitrailleuses de 7.5mm et un créneau combinant un canon antichar de 47mm et une mitrailleuse de 7.5mm.
La défense depuis la plage est assurée par six petites casemates armés d’un jumelage de mitrailleuses de 7.5mm.
L’armement de ces ouvrages doit être assuré par des unités terrestres affectés à la défense de la Corse.
Et en Tunisie ?
Peu de travaux complémentaires sont menés pour la défense de la Tunisie car les travaux de la ligne Mareth et leurs prolongements vers la frontière ont été assez tardifs avant la guerre de Pologne. Tout juste assiste-t-on au renforcement de la défense de Bizerte qui est désormais capable de se défendre contre des chars.
Les autres lignes fortifiées
La Ligne Chauvineau

Plan de la ligne Chauvineau
Une genèse chaotique
Bien que géographiquement parfaitement proportionnée, le territoire français n’à pas fait coïncider centre géographique avec son centre politique, sa capitale Paris se situant en effet dans le nord du territoire à moins de 400km de la frontière allemande et à un peu plus de 200km de la frontière belge.
La première guerre mondiale à montré que la capitale était terriblement vulnérable à une attaque ennemie. Les derniers fortifications construites _l’enceinte de Thiers_ à été démolie entre 1921 et 1929 et était de toute façon obsolète depuis longtemps.
Le projet d’une ligne de fortification pour protéger la capitale est un véritable serpent de mer dont les prémices peuvent être datés du 30 juillet 1930 quand le président du conseil André Tardieu demande que la capitale, ses habitants, ses industries et ses autorités gouvernementales soient protégées de l’action ennemie.
Cette demande est concrétisée par la Directive Ministérielle du 17 mars 1931 qui dessine une position fortifiée située à 30/40 kilomètres au nord de Paris. Néanmoins, il est n’est prévu aucune réalisation en temps de paix, la ligne fortifiée devant être réalisée uniquement en cas de guerre.
Après une décennie sans aucune réalisation, la dégradation de la situation internationale pousse le général Billotte à réclamer en juillet 1939 qu’une véritable position constituée de môles barrant l’Oise, l’Ourcq, la Marne et le Grand Morin, ces môles devant être ensuite doublés par un fossé antichar continu.
Quatre jours après l’entrée en guerre de la France, le 7 septembre 1939, Edouard Daladier président du Conseil nomme le général Hering gouverneur militaire de Paris qui s’attache aussitôt à définir la nature de la «Position de surêté Antichar de Paris».
Les travaux sont confiés au directeur du génie du gouvernement militaire de Paris, le général Chauvineau qui va donner son nom à cette ligne de défense.
Conception et réalisation de la Ligne Chauvineau
Le tracé choisit mesure environ 130km. Elle part de l’ouest de Pontoise suivant le cours de l’Oise jusq’à Precy avant de suivre les cours des rivières Nonette et Grivette avec la trouée de Nanteuil, les vallées de l’Ourcq et de la Marne de Mareuil à La Ferté-sous-Jouarre.
Le 12 septembre 1939, le système des môles est abandonné au profit d’une ligne de ralentissement de chars, un obstacle contre les blindés battus par des feux antichars et antipersonnels.
Les ouvrages sont regroupés en trois groupes de secteurs, les groupes de secteurs Est Nord et Ouest qui disposent au total de 304 blockhaus répartis de la façon suivante :
-Groupe Est : 77 boucliers pour canons antichars de 25mm et 49 coupoles pour mitrailleuses
(modèle identique à ceux de la 7ème région militaire)
-Groupe Ouest : 41 boucliers pour canons antichars de 25mm et 35 coupoles pour mitrailleuses
-Groupe Nord : 56 boucliers pour canons antichars de 25mm et 46 coupoles pour mitrailleuses
La ligne de ralentissement de chars s’appuie sur les cours d’eau qui sont accompagnés d’inondations défensive quand la largeur est insuffisante. Quinze kilomètres de fossés antichars clayonnés sont creusés, les ponts et les brèches barrées par des réseaux de tétraèdes.
On trouve également des encuvements pour canons de 47 et de 65mm fournis par la marine.
Cette ligne est donc assez faible, des projets de renforcement n’ont pas été menés avant le début du seconde conflit mondial en septembre 1948.
La «Ligne Doumer»

Tracé approximatif de la ligne Doumer
A partir de septembre 1943, suite à l’attaque d’Haïphong en juin 1943 par des «éléments non identifiés», le gouverneur de l’Indochine Antoine de Richert décide de renforcer la défense d’Haïphong en établissant un cercle de fer autour du grand port du nord.
La première phase des travaux menés entre septembre 1943 et mai 1944 voit la construction le long des axes menant à la ville de postes de contrôle, l’excavation de fossés, la mise en place de barbelés et d’obstacles.
Cette ligne est régulièrement renforcée en armes avec mitrailleuses et canons antichars mais également avec des constructions plus solides, de véritables blockhaus de campagne comparables à ceux construits en métropole.
Entre septembre 1944 et mars 1946, cette ligne fortifiée appelée officiellement Ligne de Défense du Tonkin (et officieusement «Ligne Doumer») est étendue jusqu’à englober Hanoï.
Cette partie est la plus solide de la «Ligne Doumer» avec des blockhaus semblables à ceux du STG équipés d’un jumelage de mitrailleuses et d’un canon antichar de 25 et de 47mm qui se couvrent mutuellement, accompagnés d’un fossé antichar, de barbelés et d’obstacles.
Cette ligne sera finalement étendue jusqu’à Hoa Binh selon un modèle allégé qui fait plus ressembler cette ligne à une ligne de postes de contrôle qu’à une véritable ligne fortifiée qui atteint là son extension maximale soit 172km.
Des fortifications de campagne ont également été réalisés pour défendre les approches de Saigon.
Dans un premier temps, il s’agit de défenses assez légères, semblables à la Ligne Doumer dans sa configuration initiale, plus une ligne de contrôle, une ligne de police plutôt qu’une ligne fortifiée comme l’on entend en Métropole.
Comme pour la Ligne de Défense du Tonkin, la ligne de Défense de Saïgon se muscle avec la construction de vingt-quatre blockhaus STG doubles armés par des troupes de campagne, ces blockhaus disposant d’un créneau JM (jumelage de deux mitrailleuses de 7.5mm) et un créneau combinant un canon de 47mm modèle 1937 et une mitrailleuse de 7.5mm plus une cloche type C pour l’observation et la défense avec un fusil-mitrailleur ou une mitrailleuse.