Mitteleuropa Balkans (182) Grèce (26)

L’armée grecque dans les guerres balkaniques

l’armée grecque au moment de la guerre Balkanique

Dans cette partie je vais me concentrer sur les différentes batailles de l’armée grecque durant les deux guerres balkaniques. Je renvoie à la partie d’histoire générale pour le contexte général de ces deux conflits qui annoncent la première guerre mondiale.

Quand la première guerre balkanique éclate, l’armée de terre grecque est encore en pleine réorganisation. Elle aligne quatre divisions d’infanterie (1ère DI à Larissa, 2ème DI à Athènes, 3ème DI à Missolonghi et 4ème DI à Nauplie) sachant que six autres divisions seront créées pendant la guerre et même une onzième peu après la fin du conflit.

A la différence de ce qui était prévu, aucun corps d’armée n’est mis sur pied et si le besoin de coordination se fait sentir des groupes divisionnaires ou des groupes d’armées étaient formés.

Aux quatre divisions d’infanterie s’ajoute une brigade de cavalerie, six bataillons d’evzones, quatre régiments d’artillerie de campagne, deux régiments d’artillerie de montagne, un bataillon d’artillerie lourde, deux régiments du génie et une compagnie d’avions.

Le 25 mars 1912, le diadoque (prince héritier) Constantin est nommé inspecteur général de l’armée grecque ce qui en théorie fait de lui le commandant-en-chef en cas de conflit.

Le 29 septembre 1912 la mobilisation générale est decrétée. Les divisions d’infanterie d’active reçoivent un complément d’effectif pendant que trois autres divisions d’infanterie (5ème, 6ème et 7ème DI) sont activées. En quelques jours les effectifs passent de 25 à 110000 hommes.

Les classes 1910 et 1911 sont rappelées, les réservistes des classes 1893 à 1909 sont incorporés, la Crète étant également concernée. La mobilisation fut plus efficace que prévu.

Des grecs expatriés et des philhellènes vinrent s’engager. Des corps indépendants furent également créés à partir de combattants irréguliers de Crète, d’Epire ou de Macédoine en l’occurrence 77 unités crétoises (3556 hommes), 44 unités épirotes (Epire) (446 hommes), 9 unités macédoniennes (211 hommes), 1812 volontaires civils et les 2300 hommes de la légion garibaldienne (dont 1100 grecs).

Les unités sont réparties entre l’Armée de Thessalie et l’Armée d’Epire.

L’Armée d’Epire placée sous le commandement du prince Constantin regroupe une bonne partie des moyens militaires grecs avec cinquante-neuf bataillons d’infanterie, quatre bataillons d’evzones, huit compagnies de cavalerie, sept compagnies du génie, trente-deux batteries d’artillerie (96 pièces de campagne, 24 canons de montagne et 70 mitrailleuses) et même quatre avions. Cela représente entre 80 et 100000 hommes et cela nous donne l’ordre de bataille suivant :

-1ère division d’infanterie (Ι Μεραρχία) : 2ème, 4ème et 5ème régiments d’infanterie, 1er et 2ème escadrons du 1er régiment d’artillerie de campagne.

-2ème division d’infanterie (II Μεραρχία) : 1er, 3ème et 7ème régiments d’infanterie, 1er et 2ème escadrons du 2ème régiment d’artillerie

-3ème division d’infanterie (III Μεραρχία) : 6ème, 10ème et 12ème régiments d’infanterie, 1er et 2ème escadrons du 3ème régiment d’artillerie, 3ème escadron d’artillerie de montagne.

-4ème division d’infanterie (IV Μεραρχία) : 8ème, 9ème et 11ème régiments d’infanterie, 1er et 2ème squadron du 4ème régiment d’artillerie, 1er escadron d’artillerie de montagne

-5ème division d’infanterie (V Μεραρχία) : 16ème, 22ème et 23ème régiments d’infanterie, 3ème escadron du 1er régiment d’artillerie et 2ème escadron d’artillerie de montagne.

-6ème division d’infanterie (VI Μεραρχία) : 1er régiment d’evzones (régiment créé par la fusion des 8ème et 9ème bataillons d’evzones) 17ème et 18ème régiments d’infanterie, 3ème escadron du 2ème régiment d’artillerie

-7ème division d’infanterie (VII Μεραρχία) (toujours en formation à Larissa) : 19ème, 20ème et 21ème régiments d’infanterie, 3ème escadron du 3ème régiment d’artillerie, un escadron de mitrailleuses.

-Brigade de cavalerie (Ταξιαρχία Ιππικού) : 1er et 3ème régiments de cavalerie

-Détachement Gennadis (Απόσπασμα Γεννάδη) : couvrant le flanc gauche de l’armée, il comprend les 1er et 4ème bataillons d’evzone

-Détachement Konstantinopoulous (Απόσπασμα Κωνσταντινοπούλου) : couvrant le flanc droit de l’armée, il comprend les 2ème et 6ème bataillon d’evzones.

L’Armée d’Epire reçoit donc la portion congrue de l’armée. Elle à d’abord une mission secondaire et ce n’est qu’à la fin du conflit que des renforts sont envoyés depuis le front de Macédoine.

On trouve au début du conflit huit bataillons d’infanterie (de ligne et d’evzones), une compagnie de cavalerie et 24 pièces d’artillerie soit 10 à 130000 hommes.

On trouve le 15ème régiment d’infanterie, les 3ème et 7ème bataillons d’evzones, le 10ème bataillon d’evzone de réserve et le 2ème bataillon de la garde nationale. A cela vont s’ajouter deux bataillons de crétois et la légion des volontaires garibaldiens.

Le 25 décembre 1912 ces forces vont former la Division d’Epire rebaptisée 8ème division d’infanterie ( VIII Μεραρχία) en février 1913. Au début du mois de décembre, la 2ème division arrive suivit le 27 décembre par la 4ème division puis à la mi-janvier par la 6ème division et le 7ème régiment d’infanterie (NdA j’ignore pourquoi il avait quitté la 2ème DI). Des moyens supplémentaires arrivent encore pour former une brigade mixte destinée à s’emparer de la forteresse de Ioannina.

En ce qui concerne les principales batailles citons la Bataille du col de Sarantaporo du 21 au 22 octobre 1912, cinq divisions grecques affrontent et défont deux divisions ottomanes. Sur le plan humain, les grecs ont eu 187 tués et 1027 blessés, les ottomans 700 tués et 700 prisonniers.

La Bataille de Grannitsa qui eut lieu les 1er et 2 novembre 1912 voit 80000 grecs l’emporter contre 25000 ottomans avec néanmoins un lourd bilan humain (1200 tués côté grec et 1960 tués côté ottoman).

Les 31 octobre et 1er novembre à lieu la Bataille de Yenitge menée par cinq divisions grecque (2ème, 3ème, 4ème, 6ème et 7ème DI) contre les ottomans qui alignent quatre divisions soit 25000 hommes et 36 canons.

Le terrain est difficile pour les assaillants et plus favorables pour les défenseurs. Après de violents combats (188 morts et 758 blessés côté grec, 250 morts, 1000 blessés et 200 prisonniers côté ottoman), les grecs parviennent à déstabiliser le dispositif ottoman.

Après de longues négociations, la ville est livrée par les ottomans le 8 novembre 1912, les grecs refusant une co-administration de Thessalonique avec les bulgares ce qui sera l’une des causes de la deuxième guerre balkanique.

Durant la deuxième guerre balkanique, les grecs l’emportent lors de la bataille de Kilkis-Lachanas (30 juin au 4 juillet), lors de la Bataille de Djoran le 6 juillet 1913 alors que lors de la Bataille de Kresma, les troupes grecques manquent de subir le même sort que les légionnaires romains à Cannes contre Hannibal.

L’armée grecque à subit des pertes sensibles avec 5169 morts et 23502 blessés durant la première guerre balkanique contre 2563 morts et 19307 blessés, les dépenses s’élevant à 467 millions de francs-or.

L’armée grecque dans le premier conflit mondial

L’armée grecque durant le premier conflit mondial était équipée « à la française »

Entre deux guerres on réorganise (1913-1914)

Les leçons des deux guerres balkaniques sont vites tirées pour améliorer l’organisation et le fonctionnement de l’armée de terre grecque qui rappelons le était en pleine réorganisation sous l’impulsion d’une mission militaire française.

La deuxième guerre balkanique était à peine achevé que l’armée grecque connait une première réorganisation. En août 1913, l’armée de terre est organisée en cinq corps d’armée auxquels il faut ajouter une brigade de cavalerie à trois régiments. Cela nous donne l’ordre de bataille simplifié suivant :

-1er Corps d’Armée (Larissa) : 1ère DI elle aussi stationnée à Larissa

-2ème Corps d’Armée (Athènes) : 2ème DI à Athènes

-3ème Corps d’Armée (Ioannina) : 3ème DI à Mesolaggi, 8ème DI à Korytsa (Albanie) et 9ème DI à Ioannina

-4ème Corps d’Armée (Thessalonique) : 4ème DI à Thessalonique 5ème DI à Kilkis

-5ème Corps d’Armée (Drama) : 6ème DI à Serres et 7ème DI à Drama

-6ème Corps d’Armée (Kozani) : 10ème DI à Veroia, 11ème DI à Kozani

-Brigade de cavalerie stationnée à Serres avec les 1er, 2ème et 3ème régiments de cavalerie

Le 29 novembre 1913 une loi d’organisation est votée organisant l’armée royale grecque en cinq corps d’armée avec une division de cavalerie hors rang.

-Le Corps d’Armée «A» dont l’état-major est implanté à Athènes regroupe sous son autorité la 1ère DI (Larisa), la 2ème DI (Athènes) et la 13ème DI (Halkis)

-Le Corps d’Armée «B» dont l’état-major est implanté à Patras regroupe sous son autorité les 2ème (Patras), 4ème (Nauplie) et 14ème DI (Kalamata).

-Le Corps d’Armée «C» dont l’état-major est implanté à Thessalonique regroupe sous son autorité les 10ème (Veroia), 11ème (Thessalonique) et la 12ème DI (Kozani)

-Le Corps d’Armée «D» dont l’état-major est implanté à Kavala regroupe sous son autorité les 5ème, 6ème et 7ème DI dont les état-majors (mais pas toutes les unités) sont stationnés à Drama, Serres et Kavala

-Le Corps d’Armée «E» dont l’état-major est implanté à Ioannina regroupe sous son autorité les 8ème et 9ème DI dont les état-majors sont respectivement implantés à Preveza et Ioannina.

-La Division de Cavalerie est installée à Thessalonique.

Un décret royal daté du 5 janvier 1914 réorganise à nouveau l’armée grecque ou plutôt précise certaines choses.

Le pays est divisé en cinq régions militaires (A à E) qui sont destinés à la conscription, régions divisées en trois districts militaires sauf la région E divisée en deux.

Comme en France, chaque région militaire doit en temps de guerre former un corps d’armée. Les quatorze districts militaires correspondent à la zone de responsabilité d’une division.

Ce même décret précise l’organisation interne des corps d’armée et des divisions.

L’armée de terre grecque possède 42 régiments. Chaque régiment possède trois bataillons à quatre compagnies à trois pelotons de combat et un peloton de mitrailleuses. Sur ces quarante-deux régiments on trouve trois régiments crétois (14ème RI/1er régiment crétois, 21ème RI/2ème régiment crétois et 37ème RI/3ème régiment crétois), cinq régiments d’evzones (38ème RI/1er régiment d’evzones, 39ème RI/2ème régiment d’evzones, 40ème RI/3ème régiment d’evzones, 41ème RI/4ème régiment d’evzones et 42ème RI/5ème régiment d’evzones) et trente-quatre régiments de ligne (1er à 13ème RI, 15ème à 20ème RI, 22ème à 36ème RI).

Chaque division d’infanterie possède trois régiments d’infanterie et un escadron d’artillerie de montagne à deux batteries. Les quatorze divisions sont répartis entre les cinq corps d’armée. Si les corps d’armée A à D possèdent trois divisions chacun, le corps d’armée E dispose de seulement deux divisions.

Comme de coutume les corps d’armée disposent d’unités destinées à appuyer les divisions en l’occurence pour les corps d’armée A à D un régiment d’artillerie de campagne, un régiment de cavalerie, un régiment de sapeurs, un bataillon de transport et un escadron d’infirmières. En revanche le corps d’armée E possède un régiment d’artillerie, un escadron de cavalerie, un bataillon de sapeurs, un bataillon de transport et un escadron d’infirmières.

Les régiments d’artillerie de corps d’armée sont numérotés un, trois, cinq, sept et neuf. Les quatre premiers possèdent trois escadrons à trois batteries alors que le dernier possède deux escadrons à trois batteries.

Chaque bataillon de transport dispose de trois compagnies sauf celui affecté au corps d’armée «E» qui ne dispose que de deux compagnies. Les escadrons d’infirmières sont composés de trois pelotons.

On trouve également des unités indépendantes à savoir un régiment d’artillerie de forteresse, un escadron d’artillerie hippomobile, un régiment de génie de forteresse, un régiment de télégraphistes, un bataillon ferroviaire, une compagnie d’avions, un bataillon de pontonniers, un bataillon d’artillerie de forteresse, un bataillon de génie de forteresse et un bataillon automobile.

La division de cavalerie devait compter quatre régiments mais devant le manque de montures seulement deux régiments peuvent être créés. Même chose pour les régiments de cavalerie de corps d’armée qui ne peuvent aligner que deux troops.

A la mobilisation les effectifs doivent augmenter. C’est ainsi qu’il est par exemple prévu la création de quatorze bataillons d’infanterie supplémentaires mais le manque d’armes réduit (provisoirement ?) le nombre de bataillons de mobilisation à dix : un bataillon de défense du quartier général, quatre bataillons de garde des frontières notamment des places fortifiées non concernées par la manœuvre et cinq bataillons pour garder les îles de Lemnos, Hios, Samos et Mytilai.

En 1914, l’armée grecque est organisée de la façon suivante :

Corps d’Armée «A» (Athènes) : 1ère DI (Larissa) avec le 4ème RI, le 5ème RI, le 1er régiment d’evzones et le 1er escadron d’artillerie de montagne; 2ème DI (Athènes) avec les 1er, 7ème et 34ème RI plus le 2ème escadron d’artillerie de montagne et la 13ème DI (Halkis) avec le 2ème RI, le 3ème RI et le 5ème régiment d’evzones plus le 13ème escadron d’artillerie de montagne.

A cela s’ajoute le 1er régiment d’artillerie de campagne, le régiment de cavalerie «A», le régiment de sapeurs «A», le bataillon de transport «A» et l’escadron d’infirmières «A»

Corps d’Armée «B» (Patras) : 3ème DI (Patras) qui dispose du 6ème RI, du 12ème RI et du 2ème régiment d’evzone ainsi que du 3ème escadron d’artillerie de montagne,4ème DI (Nauplie) qui dispose des 8ème, 11ème et 35ème RI ainsi que du 4ème escadron d’artillerie de montagne et la 14ème DI (Kalamata) qui dispose du 6ème RI, du 36ème RI ainsi que du 1er régiment crétois mais aussi du 14ème escadron d’artillerie de montagne.

Le Corps d’Armée dispose sous son autorité directe du 3ème régiment d’artillerie, du régiment de cavalerie «B», du régiment de sapeurs «B», du bataillon de transport «B» et de l’escadron d’infirmières «B».

Corps d’Armée «C» (Thessalonique) : 10ème DI (Veroia) 29ème et 30ème RI, 4ème régiment d’evzones, 10ème escadron d’artillerie de montagne, 11ème DI (Thessalonique) 13ème, 27ème et 28ème RI plus le 11ème escadron d’artillerie de montagne et le 12ème DI (Kozoni) 31ème, 32ème et 33ème RI plus le 13ème escadron d’artillerie de montagne.

Le Corps d’Armée dispose sous son autorité du 5ème régiment d’artillerie, du régiment de cavalerie «C», du régiment de sapeurs «C», du bataillon de transport «C» et enfin de l’escadron d’infirmières «C».

Corps d’Armée «D» (Kavalla) : 5ème DI (Drana) qui dispose des 22ème et 23ème RI, du 3ème régiment crétois et du 5ème escadron d’artillerie de montagne, 6ème DI (Serres) qui dispose des 16ème, 17ème et 18ème RI mais aussi du 6ème escadron d’artillerie de montagne alors que la 7ème DI (Kavalla) dispose du 19ème RI, du 20ème RI, du 2ème régiment crétois ainsi que du 7ème escadron d’artillerie de montagne.

Le Corps d’Armée dispose du 7ème régiment d’artillerie, du régiment de cavalerie «D», du régiment de sapeurs «D», du bataillon de transport «D» et de l’escadron d’infirmières «D»

-Corps d’Armée «E» (Ioannina) : 8ème DI (Preveza) dispose des 10ème, 15ème et 24ème RI mais aussi du 8ème escadron d’artillerie de montagne alors que la 9ème DI (Ioannina) dispose du 25ème RI, du 26ème RI et du 3ème régiment d’evzones ainsi que du 9ème escadron d’artillerie de montagne.

Le Corps d’Armée dispose du 9ème régiment d’artillerie, de l’escadron de cavalerie «E», du bataillon de sapeur «E», du bataillon de transport «E» et bataillon d’infirmières «E».

-La Division de Cavalerie stationnée à Thessalonique dispose d’une brigade, la 1ère brigade de cavalerie qui dispose des 1er et 3ème régiments de cavalerie

-A cela s’ajoute des unités dépendant de l’armée à savoir un régiment d’artillerie de forteresse stationné à Thessalonique, un escadron d’artillerie hippomobile stationné lui aussi à Thessalonique, un régiment de génie de forteresse (Thessalonique), un régiment de télégraphistes (Thessalonique), un bataillon ferroviaire (Thessalonique), une compagnie d’avions (Thessalonique, un bataillon de pontonniers stationné à Topsin, un bataillon d’artillerie de forteresse à Ioannina, un bataillon de génie de forteresse lui aussi stationné à Ioannina et un bataillon automobile stationné à Athènes.

Combat !

Comme nous l’avons vu la première guerre mondiale voit la Grèce rester d’abord neutre avant de basculer du côté allié non sans une épreuve de force entre alliés, le premier ministre Venizelos, le roi Constantin 1er et une quasi-guerre civile.

Le 27 octobre 1914 l’armée grecque occupe l’Epire mettant fin à la République Autonome d’Epire, les alliés qui n’ont pas besoin d’ouvrir un nouveau front ferment les yeux puisque cette union avec la Grèce, cet enosis est de facto, il sera toujours temps de régler le problème une fois la guerre terminée.

En septembre 1916 alors que les relations entre Constantin 1er et les alliés se sont sérieusement détériorés et ce pour plusieurs raisons (installation des rescapés serbes à Corfou, utilisation de mouillages forains par l’Armée Navale sans autorisation, arrivée des rescapés des Dardanelles à Thessalonique…..) la Grèce proclame une union de jure de l’Epire une région majoritairement hellénophone avec la mère-patrie grecque.

Cette fois les alliés ne peuvent fermer les yeux. Des unités françaises italiennes occupent la région en remplacement des troupes grecques.

Entre-temps le 10 novembre 1915 l’armée grecque à mobilisé signe des tensions entre un roi pro-allemand, un premier ministre pro-allié, des alliés et des empires centraux voulant faire basculer la Grèce de leur côté.

Entre-temps (bis) en août 1916, les empires centraux ont attaqué en Grèce pour empêcher la montée en puissance du camp retranché de Thessalonique.

A l’est du front les bulgares conquièrent facilement les territoires grecs à l’est de la rivière Struma (17-23 août 1916) et pour cause, le roi de Grèce, le très germanophile Constantin 1er ordonne au 4ème Corps d’Armée de ne pas résister. Il y à cependant des combats de la part d’officiers qui ne peuvent admettre que ces territoires durement acquis durant les deux guerres balkaniques soient abandonnés si facilement.

Cela entraine le 29 août un coup d’état avec l’établissement de l’Etat de Défense Nationale ou gouvernement de Thessalonique sous la direction de Venizelos.

A l’ouest même succès du moins initialement car les alliés parviennent après deux semaines de combat à contenir l’offensive bulgare après deux semaines.

La majorité de l’armée grecque reste cependant fidèle au roi Constantin 1er. Voilà pourquoi les alliés vont imposer sa démobilisation et sa dissolution. Es-ce à dire que la Grèce ne va pas combattre durant le premier conflit mondial ?

Non car les alliés doivent faire face à la désintégration de l’armée russe suite aux deux révolutions de 1917, celle de Février puis celle d’Octobre.

Il faut d’urgence des troupes et si les américains viennent d’entrer en guerre il va falloir plusieurs mois pour que les futurs Sammies arrivent sur le front. Seule possibilité pour les alliés : reconstituer une armée grecque.

En août 1917 un premier prêt de 30 millions de francs-or doit permettre la mise sur pied de douze divisions. Un autre prêt de 750 millions de francs est accordé en échange de la mise à disposition de 300000 hommes.

Une nouvelle armée grecque va être mise sur pied dont fera partie l’Armée de Défense Nationale (Στρατός Εθνικής Αμύνης) que l’ont peut considérer comme le bras armé du camp vénizéliste. Trois divisions d’infanterie vont ainsi être mises sur pied. Une fois la Grèce réunifiée sous l’autorité du «Clemenceau grec», cette armée de défense nationale va devenir le Corps d’Armée de Défense Nationale.

Le 2 septembre 1916 arrive à Thessalonique le colonel Nikolaos Christodoulou et les restes du 4ème Corps d’Armée qui comme nous l’avons vu avait refusé de se retirer sans combattre comme l’avait souhaité le roi Constantin 1er.

La première unité mise sur pied sur le 1er bataillon de défense nationale créé avec des hommes de la 11ème division et la 1ère compagnie du 29ème régiment à Veroia. Les moyens manquent pour créer une armée.

Trois divisions vont être mises sur pied, la Division Serres, la Division Crète et la Division Archipel. Si initialement il était prévu de faire appel au volontariat, le manque d’hommes obligea le gouvernement grec à mettre sur place une conscription.

Le 13 octobre un Corps d’Armée de Macédoine est créé devenu le 16 décembre le 1er corps d’Armée (division Serres et Archipelago) suivit par le 2ème corps d’Armée (division Crète, Cyclades et Thessalonique), ces deux dernières divisions restant au niveau du dépôt faute de moyens en terme d’équipement et de personnel (notamment des sous-officiers).

Au printemps 1917 les trois divisions forment le Corps d’Armée de Défense Nationale.

Un mois plus tard, Constantin 1er doit abdiqué au profit de son fils Alexandre, un roi sans pouvoirs, Eleftherios Venizelos devenant premier ministre et pour ainsi dire dictateur car concentrant entre ses mains tous les pouvoirs.

Il s’attèle à reconstituer une nouvelle armée grecque. Parallèlement les trois divisions vont combattre sous commandement allié. Au moment de l’offensive finale on compte 157000 grecs en ligne.

Nous allons aborder ici les trois divisions citées plus haut, leur carrière et leurs plus grands faits d’armes.

La Division Serres est la première division à être mise sur pied à partir de septembre 1916 en profitant des éléments du 4ème corps.

Outre le 7ème régiment d’artillerie (régiment de corps d’armée), on trouve des éléments de la 6ème DI (17ème et 18ème régiment d’infanterie, 6ème escadron d’artillerie de montagne) et de la 7ème DI (2ème régiment crétois _appelé également 21ème RI_ ). A cela s’ajoute des volontaires et des conscrits dont certain l’ont été de force.

Le 1er régiment est constitué à partir d’éléments du 17ème RI et du 2ème régiments crétois ainsi que de recrues issues du dépôt de la 9ème division d’infanterie. L’unité est mise en ligne dès le 1er décembre 1916

Le 2ème régiment est formé de deux bataillons issus du 18ème régiment d’infanterie et du 1er bataillon de défense nationale.

Le 3ème régiment est formé d’un bataillon du 2/21, d’un bataillon de volontaires crétois et d’un bataillon de volontaires venant de Samos et d’Asie Mineure.

Elle participe au baptême du feu de la nouvelle armée grecque à savoir la Bataille de Skra-di-Legen (29 au 31 mai 1918), une bataille engageant les trois divisions de l’Armée de Défense Nationale Grecque à savoir la Division Serres, la Division Archipelago et la Division Crète. Si la première et la troisième sont placées sous l’autorité des britanniques, la seconde dépend de l’Armée Française d’Orient dite Armée d’Orient.

Le 29 mai 1918 l’artillerie alliée (540 pièces) pilonne ce secteur stratégique, très accidenté et bien fortifié par les bulgares surtout depuis une offensive dans le même secteur un an plus tôt. Sauf que cette fois la Bulgarie est clairement affaiblie et démoralisée. L’assaut à lieu le lendemain, des combats violents et difficiles qui en deux jours allait coûter 2800 pertes à l’armée grecque, pertes qui allaient définitivement éliminer la méfiance entre alliés et héllènes.

Elle va participer ensuite à la Bataille de Monastir-Doiran (18 au 24 septembre 1918), la seule offensive stratégique qui allait aboutir à un impact politique à savoir l’armistice de Thessalonique avec la Bulgarie. La division disparaît en novembre 1920.

La Division Archipelago est levée en septembre 1916. Comme son nom l’indique, le bassin de recrutement se situe dans les îles de la mer Egée notamment Chios, Lesbos et Samos. Le cœur de cette unité était composée de militaires présents sur les îles ainsi que les classes 1915 et 1916.

Comme les effectifs étaient insuffisants, on mobilisa également huit classes plus anciennes. Cela ne résolu pas tous les problèmes que ce soit le manque d’armes ou le manque de sous-officiers expérimentés. Un centre de formation de sous-officiers est bien établi à Mytilini mais il faut du temps pour former les cadres nécessaires à la division.

La division comprend trois régiments d’infanterie (7ème, 8ème et 9ème RI qui sont ensuite rebaptisés 4ème, 5èm et 6ème RI) et des moyens d’appui.

Le 4ème régiment archipélagique (4th Archipelago Regiment) à deux bataillons est stationné à Lesbos, le 5ème régiment archipélagique avec un bataillon à Lesbos et un autre à Lemnos alors que le 6ème régiment archipélagique à un bataillon stationné à Samos et un second à Chios.

L’entrainement s’achève en mars 1917 et un mois plus tard la division est transportée à Thessalonique.

Elle arrive sur le front en mai 1917 pour paufiner son entrainement avant d’être placé sous l’autorité de la 57ème DI française, chaque régiment étant jumelé à un régiment français. En août la division occupe seule son propre secteur.

A partir du mois d’octobre elle occupe un secteur plus à l’est dans la région de Polykastro-Goumenissa avec la Division de Crète à sa droite. Jusqu’en mai 1918 les trois divisions grecques sont placées sous commandement français mais après cette date elles sont séparées entre français et britanniques comme nous l’avons vu plus haut. En juillet la division intègre le 29ème RI pour remplacer numériquement le 4ème régiment archipélagique retenu au sud pour des missions de sécurité intérieure.

Durant l’offensive finale (offensive du Vardar), la division appuie la 16ème division d’infanterie coloniale français direction Davidovo avant de rallier Strumica et Plačkovica.

Après l’armistice de Thessalonique, la division retrouve ses deux consœurs dans un corps d’armée grec, le corps d’armée de défense nationale.

La troisième division grecque est la Division Crétoise qui est mise sur pied à Chania (Crète) entre octobre 1916 et mai 1917. Cette division va combattre aux côtés de ses deux consoeurs puis dans la guerre greco-turque. En novembre 1920 elle est rebaptisée 5ème Division d’infanterie car son nom est trop lié à Venizelos.

A ces trois divisions créées sous l’impulsion de Eleftherios Venizelos vont s’ajouter sept autres divisions portant donc le total à 204000 hommes.

Mitteleuropa Balkans (43) Bulgarie (7)

La Bulgarie dans le premier conflit mondial

Du 14 octobre 1915 au 30 septembre 1918 la Bulgarie va participer au premier conflit mondial du côté des Empires Centraux. Clairement Sofia veut prendre sa revanche sur les deux guerres balkaniques qui l’avait vue passer du statut de puissance vainqueur à celui de puissance défaite.

Clairement quand le premier conflit mondial éclate à l’été 1914 la Bulgarie est isolée et entourée de voisins hostiles. Pour ne rien arranger, Sofia ne peut compter sur le soutien d’une ou plusieurs grandes puissances.

C’est le cas notamment de la France et de la Russie qui la blâme pour avoir provoqué la dissolution de la Ligue Balkanique.

Pas étonnant que la politique étrangère bulgare soit marquée par des sentiments profondément revanchards.

Néanmoins à l’été 1914 la Bulgarie préfère rester neutre à la fois pour susciter le désir des deux camps en position mais aussi pour récupérer des conséquences des deux guerres balkaniques, la Bulgarie ayant perdu plusieurs dizaines de milliers de soldats dans ces deux conflits qui annonçaient les horreurs du premier conflit mondial. De plus 120000 réfugiés doivent être intégrés à la vie économique et sociale bulgare.

Neutralité ne veut pas dire inaction. Une loi permet l’établissement de la loi martiale sur le territoire bulgare et une autre loi permet l’organisation d’un prêt national de 50 millions de leva pour les besoins de l’armée.

Un traité secret est signé entre la Bulgarie et l’Empire ottoman le 6 août 1914. C’est un pacte mutuel de défense si jamais un état balkanique attaquait l’un des deux signataires. La Bulgarie s’engage à informer Constantinople de tout processus de mobilisation. Les allemands ne sont informés qu’en décembre 1914. En octobre 1914 l’empire ottoman entre en guerre mais la Bulgarie décide de rester neutre.

Cela n’empêche pas les Empires Centraux de travailler la Bulgarie au corps pour un accord militaire voir une entrée en guerre pleine et entière. L’Entente tente également une approche mais semble ne pas mettre la même énergie et le même enthousiasme.

La guerre devant durer l’opinion publique bulgare est moins encline à soutenir l’entrée en guerre du pays tant aux côtés des alliés que du côté des empires centraux.

Il semble acquis que début 1915 la Bulgarie n’à pas définitivement choisit dans quel camp entrer en guerre. En mai 1915 après l’entrée en guerre de l’Italie, l’Entente tente d’attirer la Bulgarie de son côté pour soutenir la Serbie et faire peser une nouvelle menace sur l’empire ottoman.

Des propositions alléchantes sont faites à Sofia mais comme la Serbie et la Grèce sont tenues à l’écart, Sofia se méfie des réelles intentions alliées. Les Empires Centraux reviennent alors à la charge alors que militairement ils sont en meilleur position que l’Entente.

Pour ne rien arranger les membres de l’Entente peinent à faire une proposition commune en raison d’intérêts divergents. Clairement à l’été 1915 l’Entente à laissé passer sa chance.

Carte postale célébrant l’alliance bulgaro-allemande avec le tsar Ferdinand 1er

Le 6 septembre 1915 la Bulgarie formalise son adhésion aux Empires Centraux en signant un traité d’amitié avec l’Allemagne, un traité valable cinq ans.

Une annexe secrète spécifie les futures acquisitions bulgares en l’occurence le Vardar macédonien et une partie de la Serbie à l’est de la rivière Morava.

Si la Grèce et la Roumanie attaquent sans provocation bulgare, Sofia récupérera les territoires perdus au traité de Bucarest en 1913 plus la rectification de la frontière bulgaro-roumaine selon celle prévue par le traité de Berlin de 1878.

L’Allemagne et l’Autriche-Hongrie garantissent à la Bulgarie un prêt de 200 millions de francs et dans le cas où la guerre durerait plus de quatre mois, Berlin et Vienne se porteront garant d’un prêt supplémentaire.

Un troisième texte est également signé en l’occurence une convention militaire planifiant la défaite de la Serbie.

Toujours le 6 septembre 1915 une convention militaire est signée entre la Bulgarie et l’empire ottoman.

Le 22 septembre 1915 les bulgares décrètent la mobilisation générale et le 5 octobre 1915 les alliés renoncent à attirer la Bulgarie dans leur camp.

Le premier ministre britannique Asquith fait porter le chapeau de l’échec sur la Russie et la Serbie qui auraient fait preuve d’un manque de volonté (NdA c’est sûrement ça le fair-play britannique).

NdA Je ne vais pas rentrer dans les détails de l’organisation de l’armée de terre bulgare que j’aborderai dans la partie idoine. Je vais me contenter de parler de l’engagement militaire de la Bulgarie dans le premier conflit mondial.

A l’époque le Royaume de Bulgarie couvre 144 424 km² pour 4.9 millions d’habitants dont 2.4 millions d’hommes mais tous ne sont naturellement pas mobilisables.

La mobilisation se fait dans des conditions difficiles avec un manque d’enthousiasme, un manque d’armement et un manque d’équipements. Néanmoins au début du mois d’octobre 616680 hommes sont sous les drapeaux soit 12% de la population et de 25% des hommes.

La convention militaire demandait aux bulgares cinq divisions mais Sofia parvient à mobiliser onze divisions d’infanterie et une division de cavalerie sans compter des unités auxiliaires, des unités de soutien et des unités de Milice. Ces moyens doivent être répartis en trois armées, deux sur le front serbe et une sur la frontière roumaine.

La 1ère armée bulgare dépend du Groupe d’Armées Mackensen (du fedlmarshall Mackensen, le commandant en chef allemand de ce groupe) en compagnie de la 11ème armée allemande et de la 3ème armée austro-hongroise. Cette première armée bulgare comprend quatre divisions d’infanterie et d’une brigade de cavalerie.

En revanche la 2ème armée qui doit être engagée dans le Vardar Macédonien reste sous le contrôle direct du haut-commandement bulgare.

La mobilisation bulgare ne passe naturellement pas inaperçue du côté serbe. Belgrade déploie sur la frontière serbo-bulgare 145 bataillons d’infanterie, 25 escadrons de cavalerie et 316 canons soit la moitée de l’armée serbe qui comprend 288 bataillons, 40 escadrons de cavalerie et 678 canons.

Belgrade espère le renfort de 150000 soldats alliés pour défendre le Vardar Macédonien mais l’Entente n’en à ni les moyens ni visiblement la volonté de renforcer le dispositif serbe.

Les futurs « jardiniers de Salonique » (troupes françaises à Thessalonique en 1915)

Les Empires Centraux continuent leurs préparatifs en vue d’une offensive décisive en Serbie, l’Autriche-Hongrie ne pouvant fournir les six divisions demandées, l’Allemagne est obligée d’engager des unités supplémentaires.

On trouve donc la 11ème armée allemande avec sept divisions allemandes, la 3ème armée austro-hongroise avec quatre divisions austro-hongroises et trois allemandes et la 1ère armée bulgare.

Le 6 octobre 1915 les allemands et les austro-hongrois passent à l’attaque. Un barrage d’artillerie frappe les positions serbes le long de la Sava et du Danube. Le franchissement à lieu le lendemain.

Les bulgares doivent normalement attaquer cinq jours plus tard mais suite à des retards les serbes prélèvent des troupes faisant face aux bulgares pour renforcer le front nord. Cela permet aux bulgares de terminer leur processus de mobilisation avec deux armées soit 300000 hommes, 195820 pour la 1ère armée et le reliquat pour la 2ème armée qui ne comprend que deux divisions d’infanterie et une division de cavalerie, ces moyens devant être engagés sur un front de 300km.

Le 14 octobre 1915 le Royaume de Bulgarie déclare la guerre au Royaume de Serbie. L’engagement de la Българска армия (Bŭlgarska armiya) permet de débloquer la situation sur le front serbe. Cela va permettre également aux allemands de sécuriser les approvisionnements en direction de la Sublime Porte.

Le jour même de la déclaration les troupes bulgares franchissent la frontière sur un front de 140km de long et 15km de profondeur. La 1ère Armée bulgare doit envahir la vallée de la Morava et prendre les villes de Nis et de Aleksinac pour faire la jonction avec la 11ème armée allemande.

L’avancée initiale est d’abord rapide mais très vite elle est contrariée par le mauvais temps qui endommage les routes. La résistance serbe et le relief montagneux de la région n’arrangent rien.

Résultat la 1ère armée bulgare doit stopper son avance avant les forteresses de Pirot et de Zapecar situées à seulement quinze kilomètres de la frontière. Une brèche au centre force les serbes à évacuer et les deux villes susnommées le 26 octobre 1915.

Paradoxalement la 2ème armée bulgare moins forte remporte de plus grands succès. Le 16 octobre 1915 elle s’empare de Vranje dans le sud de la Serbie et coupent les lignes de communication entre la Serbie et le Vardar macédonien.

Une partie de cette armée met cap sur Nis pour aider la 1ère armée à couper la retraite des forces serbes, le gros de cette force mettant cap à l’ouest, s’emparant de Vebes et de Kumanovo (dans l’actuelle Macédoine du Nord) le 20 octobre 1915.

Des troupes bulgares situées autour de Krivolak et de Strumitsa rencontrent pour la première fois les troupes françaises qui avançaient vers le nord pour aider les serbes. C’est le début de la bataille de Krivolak qui va durer du 21 octobre au 22 novembre 1915.

Cette bataille oppose la 11ème division bulgare à trois divisions françaises (57ème, 122ème et 156ème DI). L’échec de deux divisions serbes à s’emparer de Skopje oblige les français à se replier.

Cela provoque la Bataille de Kosturino (6 au 12 décembre 1915) qui oppose la 11ème division bulgare à deux divisions alliées, la 10ème division britannique (division de recrutement irlandais) et la 156ème DI.

Les bulgares l’emporte à nouveau et les alliés doivent se replier sur la Grèce. Les Empires centraux peuvent continuer les travaux de la ligne de chemin de fer Berlin-Constantinople. Les serbes décident de résister face à Mackensen tout en retraitant vers le Kosovo pour échapper à l’anhiliation. Le 1er novembre 1915, la ville de Kragujevac tombe aux mains des allemands.

Retraite de l’armée serbe en 1915

Le 5 novembre 1915 la ville de Nis tombe aux mains de la 1ère Armée bulgare, 5000 soldats serbes étant faits prisonniers. Le même jour cette même armée fait sa jonction avec la 11ème armée allemande, évitant par exemple que les serbes n’attaquent dans l’espace laissé entre les deux armées alliées. Les objectifs de guerre de l’armée bulgare sont atteints après moins d’un mois de combat.

Concentrée au Kosovo l’armée serbe envisage de forcer le passage et de retrouver les alliés en Macédoine. D’autres penchent plutôt pour un repli sur la côte adriatique pour échapper à l’encerclement.

L’armée serbe est certes affaiblie mais elle représente encore une menace. Voilà pourquoi les Empires Centraux décident de la détruire totalement. Le premier objectif est d’atteindre Pristina dans le nord du Kosovo.

La 1ère Armée bulgare doit attaquer depuis l’est, le groupe renforcé de la 2ème Armée bulgare doit attaquer depuis le sud, des éléments de la 11ème armée allemande doivent attaquer au nord et la 3ème armée austro-hongroise depuis le nord-ouest.

Ce plan parfait sur le papier est contré par le franchissement trop lent de la rivière Morava. Les serbes concentrent des moyens importants contre la 2ème armée bulgare car c’est le principal obstacle entre l’armée serbe et les alliés mais aussi parce qu’elle menace les routes d’une potentielle retraite vers l’Albanie.

La tentative de percée est un échec et l’armée serbe doit battre en retraite. Les bulgares tentent de couper leur mouvement depuis le sud. Suite à la prise de Pristina le 23 novembre 1915, le haut-commandement serbe ordonne la retraite générale vers l’Albanie pour éviter une totale annihilation.

La poursuite est essentiellement menée par les bulgares et les austro-hongrois. C’est ainsi que la 3ème division bulgare s’empare de la ville de Prizren dans le sud-ouest du Kosovo, accentuant la pression sur les serbes.

D’autres villes tombent aux mains des bulgares comme Debard (sur l’actuelle frontière macédono-albanaise), Struga (sud-ouet de l’actuelle Macédoine du Nord sur les rives du lac Ohrid) et Ohrid.

Le 4 décembre 1915 les bulgares prennent Bitola (actuellement dans le sud de la Macédoine du Nord) ce qui marque la fin de la campagne militaire pour la Serbie.

La retraite serbe tourne à l’anabase digne de Xénophon mais dans un contexte climatique bien plus difficile

Les serbes eux continuent leur éprouvante anabase qui va provoquer la mort de 55000 soldats. 150000 soldats serbes sont évacués par des navires alliés (essentiellement français et italiens) en direction de Corfou mais ils sont dans un tel état qu’il faudra du temps avant d’en refaire une armée cohérente et capable de combattre.

La veille le 3 décembre 1915 la 2ème armée bulgare avait entamé son avance contre les alliés mais trop tard pour empêcher les divisions alliées de se replier sur Salonique.

Le 11 décembre 1915 les troupes bulgares atteignent la frontière grecque mais reçoivent l’ordre de ne surtout pas la franchir. L’année 1915 se termine et pour l’armée bulgare il s’agit de faire les comptes avec 37000 pertes (tués, blessés, malades) sur 424375 engagés soit 8.72% des effectifs.

Clairement en cette fin 1915 le bloc des Empires Centraux (Allemagne, Autriche-Hongrie, Bulgarie et Empire ottoman) sort renforcé des dernières opérations surtout si on compare la situation de l’Entente qui doit digérer les échecs en Artois, en Champagne, dans les Flandres mais aussi aux Dardanelles.

La conquête de la Serbie à été dure par ses combats mais aussi par l’occupation qui en découle, de nombreux crimes de guerre ont été commis par les troupes bulgares en dépit des dénégations de Sofia.

Des révoltes éclateront, l’une d’elle la Révolte de Toplica (21 février au 25 mars 1917) étant marquée par une répression impitoyable équivalente à celle des turcs face aux bulgares en 1877.

Voilà pourquoi quand les alliés parviendront à percer le front, ils refuseront une offensive en direction de la Bulgarie de crainte que les troupes serbes qui représentaient un élément incontournable du dispositif allié ne se vengent sur la population civile bulgare.

Après des succès initiaux, la guerre devient une guerre d’usure. Ce front est jugé secondaire par les allemands et les moyens engagés seront toujours insuffisant pour débloquer la situation (ce qui sera la même chose côté allié).

Le front de Salonique fin 1915

Le front en question est baptisé le plus souvent front macédonien. Du côté des Empires Centraux, on trouve deux ensembles, l’Army Group Scholz composé de la 11ème armée allemande, des 1ère et 2ème armées bulgares et du 20ème Corps d’Armée ottoman plus l’Army Group Albania qui comme son nom l’indique couvre l’Albanie.

Du côté des alliés nous trouvons l’Armée alliée d’Orient avec l’Armée d’Orient (France), des 1ère,2ème et 3ème Armées serbes (après leur reconstitution), l’Armée britannique de Salonique, l’Armée de Défense Nationale (Grèce), la 35ème DI italienne, une Force Expéditionnaire Russe et le 16ème Corps d’Armée italien.

Appelé également front de Salonique, il s’étend donc de la côte albanaise à la Struma. C’est une éprouvante guerre d’usure où la situation reste longtemps figée ce qui n’est au final pas si différent du front occidental.

Tranchées du front de Salonique

La principale différence c’est que les troupes qui y sont déployées ont le sentiment d’être oubliés au point qu’ils se baptiseront eux-mêmes «les jardiniers de Salonique». Aux combats s’ajoute le climat difficile et les épidémies qui préleveront leur lot de morts et d’invalides.

Le 5 janvier 1916 les austro-hongrois attaquent le Monténégro alliés de la Serbie. La petite armée monténégrine résiste bravement mais le rapport de force est trop déséquilibré ce qui aboutit le 25 janvier à la signature d’un armistice qui fait sortir le Monténégro de la guerre.

A noter que le roi Nicolas 1er réfugié en Italie s’oppose à cet armistice mais le gouvernement passe outre. Un gouvernement militaire est mis en place le 1er mars.

Dans la foulée l’Albanie est envahie, les ports de Scutarri et de Durazzo tombent à la fin février mais heureusement pour alliés l’évacuation sur Corfou de l’armée serbe s’est achevée le 10 février 1916.

A la fin de l’hiver 1915/16, les austro-hongrois contrôlent quasiment toute l’Albanie. A l’époque les britanniques veulent quitter la région mais les français refusent et Londres finit par s’incliner.

Les alliés décident de s’enterrer à Salonique et de s’y maintenir fermement. L’armée serbe reconstituée à Corfou va être transportée par des navires français sur ce front.

Aux problèmes militaires s’ajoute des problèmes politiques avec une Grèce divisée entre un roi pro-allemand et un premier ministre Euletherios Venizelos pro-allié. Comme la Roumanie est sur le point d’entrer en guerre, le général Sarrail, commandant des troupes alliés sur ce front veut lancer une offensive contre les bulgares.

Il n’en aura pas le temps puisque les Empires Centraux attaquent le 17 août 1916. En réalité les bulgares représentent l’immense majorité des troupes engagées, les allemands étant peu présents (une division) et les austro-hongrois sont surtout engagés en Albanie.

A l’est du front les bulgares conquièrent facilement les territoires grecs à l’est de la rivière Struma (17-23 août 1916) et pour cause, le roi de Grèce, le très germanophile Constantin 1er ordonne au 4ème Corps d’Armée de ne pas résister. Il y à cependant des combats de la part d’officiers qui ne peuvent admettre que ces territoires durement acquis durant les deux guerres balkaniques soient abandonnés si facilement.

Cela entraine le 29 août un coup d’état avec l’établissement de l’Etat de Défense Nationale ou gouvernement de Thessalonique sous la direction de Venizelos. A l’ouest même succès du moins initialement car les alliés parviennent après deux semaines de combat à contenir l’offensive bulgare après deux semaines.

Les alliés lancent une contre-attaque le 12 septembre 1916. C’est la Bataille de Kaymakchalan (12 au 30 septembre 1916) menée essentiellement par les serbes. Cela se termine par une victoire tactique des serbes mais les pertes sont lourdes des deux côtés. Les bulgares et les allemands qui ont perdu 60000 hommes évacuent Bitola. Le front à clairement reculé de 40km.

Pour affermir leur position, les alliés et les vénizélistes occupent la Thessalie et l’isthme de Corinthe, coupant les territoires royalistes en deux. Ils échouent à Athènes (1er au 3 décembre 1916). Les alliés reconnaissent officiellement le gouvernement Venizelos et mettent en place le blocus des côtes.

Après un hiver 1916/17 calme, les opérations vont reprendre au printemps 1917. l’Armée alliée d’Orient voit ses effectifs portés à 24 divisions avec six divisions françaises, six divisions serbes, sept divisions britanniques, une division italienne, trois divisions grecques et deux brigades russes.

Tout comme sur le Chemin des Dames, l’offensive alliée lancée au printemps est un échec et après de lourdes pertes pour des gains minimes, le haut-commandement allié décide d’arrêter les frais le 21 mai 1917.

Entre-temps le 14 mai 1917 le roi Constantin 1er s’est exilé remplacé par son fils Alexandre. Venizelos devient premier ministre et aussitôt la Grèce déclare la guerre aux Empires Centraux, une déclaration qui entraine la mise sur pied d’une nouvelle armée grecque capable de tenir son rang aux côtés des alliés.

A l’automne 1918, les Empires Centraux alignent sur le front de Salonique la 11ème armée allemande (deux corps d’armées, sept divisions majoritairement bulgares), la 1ère armée bulgare (trois divisions d’infanterie et une brigade d’infanterie), la 2ème armée bulgare (trois divisions d’infanterie) et la 4ème armée bulgare qui dispose d’une division d’infanterie et d’une division de cavalerie.

De leur côté les alliés alignent une Armée d’Orient composée de cinq divisions d’infanterie françaises, une division d’infanterie italienne et deux divisions grecques, deux Corps d’Armée serbes regroupant huit divisions d’infanterie dont deux françaises plus une division de cavalerie, Un groupe de divisions avec une division coloniale (française), une division grecque et une division britannique, une Armée britannique de Salonique avec deux corps d’armées regroupant trois divisions britanniques et deux divisions grecques et enfin l’Armée Grecque composée de deux corps d’armée soit un total de six divisions d’infanterie dont une à l’entrainement.

Du 29 au 31 mai 1918 à lieu la Bataille de Skra-Di-Leger entre trois divisions grecques plus une brigade française contre une brigade bulgare. Sans surprise les alliés l’emporte et cette défaite bulgare entraine la démission du premier ministre en exercice, Vassil Radoslatov (21 juin 1918).

Il est remplacé par Aleksander Molinar qui entame des négociations secretes avec les alliés mais ces négociations buttent sur la volonté bulgare de conserver sous son autorité l’est de la Macédoine ce que ne peut accepter Athènes et comme Paris et Londres ne veulent pas aller contre les volontés grecques……. .

La France veut lancer une offensive majeure mais il faut un accord politique avant de passer à l’action. Cela prend du temps et ce n’est qu’à l’automne 1918 que tout va se débloquer. A cette époque les effectifs sont équilibrés (291 bataillons côté alliés contre 310 de l’autre côté) mais le conflit à clairement choisit le camp de l’Entente surtout depuis l’échec des offensives allemandes du printemps.

Du 15 au 18 septembre 1918 à lieu la bataille de Dobro Pole. Elle oppose deux divisions bulgares à trois divisions françaises, deux corps d’armées serbes et trois divisions grecques. C’est le début de l’offensive du Vardar qui allait aboutir à la rupture du front.

Le 18 septembre 1918 à lieu la bataille de Dorian entre d’un côté une division britannique et deux divisions grecques contre une division bulgare renforcée des éléments d’une autre Grande Unité de la Bulgarskaya Armiya.

Après la préparation d’artillerie, les britannico-grecs attaquent les positions bulgares situées près du lac Dorian mais c’est un échec en raison d’un manque d’appui-feu, de problèmes de coordination entre britanniques et grecs et en raison visiblement du manque d’entrain des troupes grecques.

Quelques jours plus tard les positions évacuées sont occupées sans combat par les britannico-grecs. Ils donnent la chasse aux troupes bulgares en retraite mais à un train de sénateur ce qui permet aux soldats de Sofia de se replier en bon ordre.

Le 24 septembre 1918 la Bulgarie demande un armistice aux alliés. Ces derniers acceptent cinq jours plus tard soit le 29 septembre 1918.

Le même jour les alliés occupent Skopje mais une vigoureuse contre-attaque germano-bulgare les obligent à abandonner la ville aux troupes des Empires Centraux.

Si la Bulgarie demande un armistice c’est que l’armée bulgare épuisée s’effondre. De nombreuses mutineries ont lieu et certains mutins proclament même la république à Radomir. Ce putsch républicain est un pétard mouillé qui prend fin le 2 octobre 1918.

Entre-temps l’armistice de Thessalonique à été signé le 29 septembre 1918 et entre en vigueur le lendemain à minuit.

Pour sauver ce qui peut l’être, Ferdinand 1er décide d’abdiquer le 3 octobre 1918 en faveur de son fils qui devient le tsar Boris III.

L’armée bulgare à aussi été engagée contre la Roumanie à l’automne 1916 quand celle-ci entre en guerre aux côtés de l’Entente. Son offensive en Dobroudja du Sud oblige les roumains à détacher des troupes ce qui réduit leur potentiel offensif face aux Empires Centraux qui après une vigoureuse contre-offensive vont occuper quasiment tout le pays même si l’aide russe et celle de conseillers militaires français dirigés par le général Berthelot va permettre à Bucarest d’éviter l’occupation de tout le pays.

Le 27 novembre 1919 est signé le Traité de Neuilly sur Seine. On trouve d’un côté la Bulgarie et de l’autre côté les alliés qu’ils soient importants ou secondaires. En effet la France, la Grèce, l’Italie, le Japon, la Roumanie, la Serbie, la Grande-Bretagne, les Etats-Unis, la Belgique, la Chine, Cuba, le Hejaz, la Pologne, le Portugal, le Siam et la Tchécoslovaquie ont signé ce traité qui peut être résumé ainsi :

-La Thrace occidentale est cédée à l’Entente qui va la rétrocéder à la Grèce (Conférence de San Remo 19 au 26 avril 1920)

-La Bulgarie doit signer une convention d’échange de populations avec la Grèce

-La Bulgarie doit céder 2563 km² sur sa frontière occidentale au Royaume des Serbes, Croates et Slovènes

-Retour à la Roumanie de la Dobrudja du Sud

-Armée de 20000 hommes

-100 millions de livres sterling de dommages de guerre

-Reconnaissance obligatoire du Royaume des Serbes, Croates et Slovènes

Pour la majorité de l’opinion publique bulgare, ce traité est la Deuxième Catastrophe Nationale après celle survenue à peine cinq ans plus tôt à la fin de la deuxième guerre balkanique.