Mitteleuropa Balkans (130) Yougoslavie (18)

Une histoire des forces armées en Serbie (2) : guerres balkaniques et première guerre mondiale.

Généralités

Le Royaume de Serbie va participer aux deux guerres balkaniques. Ces deux conflits véritables répétition de la première guerre mondiale sont les deux faces d’une même pièce avec d’abord des nations balkaniques unies pour chasser l’empire ottoman d’Europe puis des alliés d’hier devenus des ennemis d’aujourd’hui.

Un traité d’alliance serbo-bulgare est signé en mars 1912, Belgrade et Sofia voulant se partager le Vardar macédonien. En mai la Serbie signe un traité similaire avec la Grèce et en octobre c’est autour du Monténégro de signer un traité d’alliance militaire avec la Serbie.

Durant ces deux guerres la Serbie va conquérir le Kosovo _considéré comme le berceau de la nation serbe_, la Macédoine, le Sandjak de Novi Pazar. Le traité de Londres signé après la première guerre permet à la Serbie de s’emparer du Kosovo et du nord-ouest de la Macédoine.

Après la deuxième guerre qui voit la Bulgarie attaquer ses anciens alliés serbes et grecs, le traité de Bucarest permet à la Serbie de récupérer tout le Vardar macédonien. Elle aurait souhaité pouvoir disposer d’une fenêtre maritime sur l’Adriatique mais les grandes puissances préfèrent créer un royaume d’Albanie. La Serbie gagne 81% de superficie et 1.6 millions d’habitants (passant de 2.9 à 4.5 millions).

Comme nous l’avons à propos de la Bulgarie, la Serbie est aux premières loges durant le premier conflit mondial. Attaquée par les Empires Centraux, elle fait mieux que se défendre mais finit par craquer.

Commence alors une terrible Anabase en plein hiver dans les montagnes albanaises.. 400000 militaires et civils entament un véritable périple direction les ports albanais où des navires italiens parviennent à les évacuer en direction de Corfou. Seuls 120000 soldats (sur 135000) et 60000 civils (sur 280000) parviennent sur l’île grecque. Cela n’est pas finit car 11000 soldats et civils finiront par succomber des conséquences de cette odyssée.

Ordre de bataille de l’armée royale serbe au moment de la 1ère guerre Balkanique.

1ère Armée

Le prince Alexandre de Serbie futur Alexandre 1er de Yougoslavie en tenue militaire serbe

Sous le commandement du prince héritier Alexandre (futur Alexandre 1er de Yougoslave), elle comprend les unités suivantes :

-Artillerie d’Armée : 1ère batterie d’obusiers, 6ème batterie de mortiers, 1ère, 2ème et 3ème batteries lourdes de 120mm

-Division de Cavalerie : 1er,2ème, 3ème et 4ème régiments de cavalerie + artillerie divisionnaire

-Division de 1ère ligne «Morava» : 1ère, 2ème, 3ème et 16ème RI, un régiment d’artillerie, une batterie d’artillerie de montagne et un régiment de cavalerie.

-Division de 1ère ligne «Drina» : 4ème, 5ème, 6ème, 17ème RI, un régiment d’artillerie et un régiment de cavalerie

-Division de 1ère ligne «Danube» : 7ème, 8ème, 9ème et 18ème RI, un régiment d’artillerie et un régiment de cavalerie

-Division de 2ème ligne «Danube» : 7ème RI (2ème ligne), 8ème RI (2ème ligne), 9ème RI (2ème ligne), 4ème régiment d’infanterie surnuméraire, trois batteries d’artillerie, cavalerie divisionnaire

-Division de 2ème ligne «Timok» : 13ème RI, 14ème RI, 15ème RI (tous régiments de 2ème ligne), trois batteries d’artillerie, cavalerie divisionnaire

2ème Armée

-Artillerie d’Armée : 1er régiment d’artillerie de montagne (moins une batterie détachée auprès de la division «Morava») et 2ème batterie d’obusiers

-Division de 1ère ligne «Timok» : 13ème, 14ème, 15ème et 20ème RI, un régiment d’artillerie et un régiment de cavalerie

-7ème DI «Rila» (Bulgarie) : 3 brigades

3ème Armée

Canon de 120mm Schneider-Canet modèle 1897 préservé en Serbie

-Artillerie d’Armée : 2ème bataillon d’artillerie de montagne, 3ème bataillon d’artillerie de montagne, 3ème batterie d’obusiers, 4ème batterie d’artillerie, 4ème batterie lourde (120mm)

-Cavalerie d’armée : deux escadrons d’armée

-Division de 1ère ligne «Sumadija» : 10ème, 11ème, 12ème et 19ème RI, un régiment d’artillerie, cavalerie divisionnaire

-Division de 2ème ligne «Morava» : 1er RI (2ème classe), 2ème RI (2ème classe), 3ème RI (2ème classe), trois batteries d’artillerie, cavalerie divisionnaire

-Brigade 1ère ligne «Morava» 1er et 2ème régiments surnuméraires 9ème batterie d’artillerie détachée du régiment d’artillerie de la division «Morava», Cavalerie divisionnaire

-Détachements de Chetnik : Medveda, Kursumlija, Lukovo et Kolasin

Armée d’Ibar

-Division de 2ème ligne «Sumadija» : 10ème, 11ème, 12ème RI (2ème classe), artillerie divisionnaire, cavalerie divisionnaire

-5ème régiment d’infanterie surnuméraire

-1er bataillon d’artillerie de montagne (2ème ligne)

-5ème batterie d’obusiers

-5ème batterie lourde

Brigade Javor

-3ème régiment d’infanterie surnuméraire, 4ème régiment d’infanterie (2ème classe), 3ème batterie (détaché de l’artillerie divisionnaire de la Division «Drina»), 4ème batterie d’artillerie de montagne (2ème classe), 1ère batterie d’artillerie de position Uzujcse, 6ème batterie lourde (120mm) et un escadron de cavalerie

Les batailles de l’armée serbe

Pour ce conflit les serbes ont mobilisé 230000 hommes. 5000 soldats serbes sont morts, 18000 sont blessés tandis que 6698 sont morts de maladie.

Du 3 au 5 novembre 1912 à lieu entre serbes et ottomans la bataille de Prilep. Les troupes serbes submergent les troupes ottomanes qui n’ont d’autre choix que de se replier. Les pertes serbes sont cependant très lourdes avec 2000 morts et blessés contre 1200 morts et blessés de l’autre côté.

Du 16 au 19 novembre 1912 à lieu la bataille de Monastir. Environ 100000 serbes affrontent 40000 ottomans. Après sa défaite à Kumanovo, les ottomans se replient et se regroupent autour de Bitola, objectif de la 1ère Armée serbe.

Cette dernière est durement accrochée par l’armée ottomane qui dispose d’une nette supériorité en artillerie ce qui compose son infériorité numérique.

Les serbes doivent attendre l’arrivée de leur propre artillerie pour contrebattre l’artillerie ottomane qui est neutralisée le 18. Bitola tombe le lendemain. Les serbes contrôlent alors tout le sud-ouest de la Macédoine dont la ville d’Ohrid.

Certains serbes auraient voulu poursuivre vers le sud et Thessalonique mais le commandant serbe, le général Pvanik refuse car il craint de provoquer l’Autriche-Hongrie qui n’avait pas vraiment envie d’une Serbie surpuissante ayant une fénètre sur la mer Egée et sur la mer Adriatique.

De toute façon les grecs et les bulgares étaient déjà là et nul doute qu’Athènes comme Sofia n’auraient pas vraiment voulu d’un troisième crocodile dans le marigot.

Du 3 novembre 1912 au 26 mars 1913 la forteresse d’Andrinople à été assiégée par les bulgares rejoint ensuite par les serbes. Sa chute va pousser l’Empire ottoman à demander la paix car incapable de poursuivre la lutte. 106425 bulgares et 47275 serbes vont affronter entre 50 et 70000 ottomans.

C’était donc la fin d’un siège de cinq mois marqué par deux attaques nocturnes infructueuses. La prise de cette forteresse fait sensation car elle avait été fortfiée par les allemands et était jugée imprenable.

Du côté des serbo-monténégrins, les monténégrins assiègent puis capturent la firme de Skohdra (auj. Skhoder sur le lac du même nom).

Comme nous le savons le partage des dépouilles ottomanes à dégénéré entrainant un nouveau conflit entre la Bulgarie et ses anciens alliés rejoints par des ottomans revanchards.

Le 1er juin 1913 est signé un traité entre la Grèce et la Serbie. Les deux pays disposent d’une frontière commune et signent un pacte d’assistance militaire mutuelle.

La Bulgarie attaque le 29 juin 1913 la Serbie et la Grèce. Le Monténégro, l’Empire ottoman mais aussi la Roumanie vont intervenir ultérieurement.

Sur le plan militaire, les troupes serbes et grecques sont encore fraiches. En effet elles n’ont pas eu à s’employer alors que les troupes bulgares ont combattu durement ce qui provoque de nombreuses pertes.

Belgrade mobilise 348000 hommes, perdant au fnal 9000 tués au combat, 5000 des suites de maladie et 36000 blessés.

Dans la nuit du 29 au 30 juin 1930, les bulgares attaquent l’armée serbe sur la rivière Bregalnica, un affluent majeur du Vardar mais aussi l’armée grecque à Nigrita. Les serbes tiennent bon et sont bientôt rejoints par les monténégrins. L’armée grecque l’emporte également dans ses propres affrontements contre les bulgares.

La bataille de Bregalnica est la première du conflit. Deux armées bulgares affrontent deux armées serbes (renforcées par quelques éléments monténégrins).

Sur le plan numérique cela nous donne 184000 bulgares (116000 pour la 4ème armée 68000 pour la 5ème armée) répartis entre 100 bataillons d’infanterie, 6 régiments de cavalerie et 63 batteries d’artillerie qui affrontent 191000 serbo-monténégrins répartis entre 104 bataillons d’infanterie, 24 escadrons de cavalerie et 62 batteries d’artillerie.

C’est la plus grande bataille de la guerre qui se termine par une défaite bulgare et de sérieuses pertes avec plus de 20000 morts et blessés côté bulgare et 16620 pertes dont 3000 tués côté serbo-monténégrin.

Du 4 au 7 juillet à lieu la bataille de Knjazevac entre environ 50000 bulgares appuyés par 108 canons et 40000 serbes appuyés par 68 «bouches à feu». C’est une victoire bulgare, les troupes de Sofia s’emparant de cette ville située à 250km au sud-est de Belgrade et 55km au nord-est de Nis.

Du 6 au 8 juillet la 3ème armée bulgare affronte la 2ème armée serbe dans la bataille de Pirot. Les bulgares qui avaient lancé l’offensive doivent se replier pour aider leur 1ère armée sérieusement accrochée par les roumains.

Avec cette défaite qui s’ajoute à celle survenue lors de la bataille de Bregalnica, les bulgares peuvent dire adieu à la conquête du sud-ouest de la Serbie.

Le 8 juillet 1913 à lieu la bataille de Bedogradchik entre les bulgares et les serbes qui se termine par une victoire serbe.

Du 12 au 18 juillet la ville de Vidin défendue par 4200 bulgares est assiégée 8500 serbes. Une première attaque serbe échoue mais la paix est signée avant que d’autres attaques d’où qu’elles viennent soient menées à bien.

Les 18 et 19 juillet 1913 à lieu la bataille de Kalimanci. Deux armées bulgares affrontent une armée serbo-monténégrine. Les bulgares repoussent les serbes qui cherchaient à les expulser de Macédoine et retrouver les grecs plus en aval sur la rivière Struma. C’est une importante victoire défensive pour les bulgares qui empêchent toute invasion de la Bulgarie par la Serbie.

Du 22 au 31 juillet à lieu la Bataille de Kresna qui est la dernière bataille majeure du conflit. Les bulgares avaient contre-attaqué les serbo-monténégrins le 19 juillet et tentent de faire pareil contre des grecs épuisés dont les lignes de communication sont sur le point de rompre. Pour ne rien arranger on se chamaille au sommet de l’état entre le premier ministre Venizelos partisan d’un armistice et le roi Constantin 1er qui voulait obtenir une grande victoire militaire.

Cette bataille manque de tourner à la catastrophe pour les grecs, les bulgares appuyant sur les flancs pour tenter de réitérer la célèbre bataille de Cannes (-216).

Les grecs demandent aux serbes de relancer l’attaque mais Belgrade refuse. A la même époque les roumains avancent vers Sofia. C’est ce qui va sauver les grecs d’un anhilation quasi-totale et aboutiront in fine au retour de la paix.

Ordre de bataille de l’armée royale serbe en 1914

Quand éclate le premier conflit mondial, la Serbie mobilise plusieurs armées pour faire face aux futures attaques des Empires Centraux et notamment de l’Autriche-Hongrie.

NdA dans cet ordre de bataille je n’ai que les régiments d’infanterie au sein des divisions. J’ignore si les divisions comprennent également des unités de cavalerie et d’artillerie mais cela semble probable.

1ère Armée

-Artillerie d’Armée

-Division de Cavalerie : 1er,2ème, 3ème et 4ème régiments de cavalerie

-Division de 1ère ligne «Timok» : 13ème, 14ème, 15ème et 20ème RI (1ère classe)

-Division de 2ème ligne «Timok» : 13ème, 14ème, 15ème RI (2ème classe)

-Division de 2ème ligne «Morava» : 1er, 2ème et 3ème RI (2ème classe)

-Détachement Branicevo (issu de la division de 2ème ligne «Dunav») avec des éléments des 7ème, 8ème, et 9ème RI (2ème classe) ainsi que du 9ème RI (1ère classe) sans oublier les 8ème et 9ème RI (3ème classe).

2ème Armée

-Artillerie d’Armée

-Division de 1er rang «Morava» : 1ère, 2ème, 3ème et 18ème RI (1er rang)

-Division Combinée de 1er rang : 1er, 2ème, 5ème et 6ème RI surnuméraires

-Division de 1er rang «Sumadija» : 10ème, 11ème, 12ème et 19ème RI

-Division de 1er rang «Dunav» : 7ème, 8ème et 18ème RI + 4ème RI surnuméraire

3ème Armée

-Artillerie d’Armée

-Division de 1er rang «Drina» 5ème, 6ème et 17ème RI (1er rang) 3ème RI surnuméraire (1)

-Division de 2ème ligne «Drim» 5ème et 6ème RI (2ème classe), 6ème RI (3ème classe), 1er bataillon du 5ème RI (3ème rang)

-Détachement Obrenovac : 7ème RI (3ème rang), deux bataillons du 5ème RI (3ème rang)

Détachement de Tchetnik Jadar

Groupe d’Armée Uzice

-Artillerie d’Armée

-Division de 2ème rang «Sumadija» 10ème, 11ème et 12ème RI (2ème rang), 4ème RI (1er rang)

-Brigade Uzice : 4ème RI (2ème rang), 4ème RI (3ème rang)

-Différents détachements : Détachement Lim, Détachement Chetnik Zlatigor, Détachement Tchetnik Gornjak

Les batailles de l’armée serbe durant le premier conflit mondial

La terrible anabase de l’armée serbe dans les montagnes albanaises

Epique tel pourrait être le mot pour définir les combats de l’armée serbe durant le premier conflit mondial. Après une brillante résistance l’épuisement provoque un effondrement du dispositif militaire serbe.

L’armée accompagné de la cour et des civils entame une véritable anabase à travers les montagnes albanaises, une retraite épique en plein hiver qui provoqua des dizaines de milliers de morts civils et militaires. Même après l’évacuation depuis les ports albanais en direction de Corfou entraina des morts supplémentaires, certains soldats et certains civils ne supportant pas les conséquences du froid, du manque de nourriture, du stress….. .

Du 28 juillet 1914 au 15 décembre 1915 à lieu la Campagne de Serbie. L’armée serbe mobilise 420597 hommes auxquels vont s’ajouter 50000 monténégrins. Ces effectifs vont tomber à 250/270000 et 48300 respectivement.

L’armée serbe n’est pas en très grande forme. Elle ne s’est pas encore remise des pertes durant les deux guerres balkaniques et manque d’armes modernes.

Le 29 juillet au lendemain de la déclaration de guerre de l’Autriche-Hongrie à la Serbie, Belgrade est bombardée par l’artillerie austro-hongroises. Il faudra attendre le 12 août pour que la rivière Drina soit franchie par les soldats de la Double-Monarchie.

L’Autriche-Hongrie avait prévu le déploiement de trois armées contre la Serbie (2ème, 5ème et 6ème) pour des effectifs globaux dépassant plus de 500000 hommes mais l’entrée en guerre plus rapide de la Russie avait contraint Vienne à redéployé à l’est la 2ème Armée, faisant retomber les effectifs à 285000 hommes. Comme ce redéploiement prenait des temps des éléments de la 2ème Armée on pu être engagés sur le front serbe.

La 5ème Armée austro-hongroise attaque la Serbie depuis la Bosnie avec le soutien d’éléments de la 2ème Armée venue de Syrmia. La 6ème Armée était déployée dans le sud de la Bosnie mais ne pouvait pas attaquer immédiatement.

Le commandant des troupes austro-hongroises, le général Potiorek veut aller vite mais commet deux erreurs principales : ne pas engager tous ces moyens et attaquer non pas par les plaines du Nord mais à l’ouest dans une région montagneuse nettement plus difficile.

Cela aurait pu néanmoins marcher puisque d’abord les serbes pensent à une attaque de diversion mais quand le maréchal Putnik comprend qu’il s’agissait de l’attaque avec un grand D il engage les 2ème et 3ème Armée qui après quatre jours de violents combats oblige les troupes austro-hongroises à se battre en retraite. Ces premiers combats ont valu à l’Autriche-Hongrie 23000 pertes (tués, blessés et prisonniers) et à la Serbie 16500 pertes.

Sous la pression des alliés, l’armée serbe va engager sa première armée dans une offensive limitée au delà de la Sava c’est à dire dans la région austro-hongroise de Syrmie. Il s’agit surtout de ralentir l’envoi sur le front russe de la 2ème armée.

Ce fût un échec avec 6000 pertes côtés serbes contre des pertes ennemies estimées à seulement 2000 hommes.

Le 7 septembre 1914 les austro-hongrois repassent à l’attaque depuis l’ouest en franchissant la Drina avec les 5ème et 6ème armées. C’est la 5ème attaque qui lança une première offensive mais elle est repoussée par la 2ème armée serbe provoquant 4000 pertes. En revanche cela se passa mieux pour la 6ème armée plus puissante qui parvint à prendre par surprise la 3ème armée serbe.

Des unités de la 2ème armée serbe ayant renforcé la 3ème, la 5ème armée austro-hongroise repassa à l’offensive dans l’espoir d’obtenir une tête de pont. Cette attaque obligea la 1ère Armée à stopper son offensive en Autriche-Hongrie pour engager une féroce contre-attaque contre la 6ème armée avec là encore des résultats mitigés des deux côtés. On enregistre de lourdes pertes des deux côtés.

Le front se stabilise mais les serbes manquent de tout et surtout d’artillerie lourde. Une offensive serbo-monténégrine est lancée en Bosnie pour soulager la pression sur le front principal mais cela est un échec.

Face à une armée serbe affaiblie, les austro-hongrois repassent à l’attaque le 5 novembre 1914, l’armée serbe se repliant en bon ordre, offrant une solide résistance sur les rives de la rivière Kolubara mais le manque de munitions d’artillerie poussa à une retraite qui obligea les serbes à abandonner la capitale Belgrade où les troupes de la Double-Monarchie entrent le 2 décembre 1914.

Les austro-hongrois sentant les serbes sur le point de craquer décident de déplacer la 5ème armée dans la région de Belgrade pour frapper le flanc droit serbe mais ce choix avait l’inconvénient de laisser la 6ème armée seule pendant quelques jours.

Les serbes ne laissent pas passer leur chance et lancent toutes leurs forces le 3 décembre contre la 6ème Armée. La 5ème armée austro-hongroise arrive trop, les 2ème et 3ème armées serbes submergeant la 6ème armée. Les austro-hongrois n’ont d’autre choix que se replier au delà des rivières. Belgrade est reprises le 15 décembre 1914 ce qui marque la fin de la première phase de la campagne de Serbie.

Cette première phase se termine par un retour à la situation d’avant conflit mais les pertes sont énormes, bien plus importantes que dans les conflits précédents avec près de 170000 pertes côté serbe alors que les austro-hongrois ont perdu environ 215000 hommes.

Il va falloir attendre près d’un an pour que l’offensive reprenne. Cette fois ce sont les austro-hongrois, les allemands et les bulgares qui passent à l’offensive. C’est le 7 octobre 1915 que les troupes germano-austro-hongroises franchissent les rivières Drina et Sava. Deux jours plus tard après d’intenses combats de rue la capitale serbe est prise.

Le 14 octobre 1915 les bulgares attaquent à leur tour, la 1ère Armée bulgare bat la 2ème armée serbe à la Bataille de Morava tandis que la 2ème armée bulgare l’emporte sur les serbes à la Bataille d’Ovche Pole.

Si les serbes n’avaient eu qu’à affronter les germano-austro-hongrois ils auraient pu s’en sortir mais avec les bulgares cela devenait impossible. Les troupes serbes tentèrent d’abord de rejoindre les troupes alliées présentes en Grèce mais cela ne pu se faire et les serbes n’eurent d’autre chois que d’entamer une terrible retraite, une terrible anabase en direction de l’Albanie.

Cette retraite se fit dans des conditions dantesques avec de nombreux civils, un temps épouvantable et l’attaque de bandes armées albanaises qui se vengeaient de massacrés menés durant les guerres Balkaniques.

Seuls 155000 serbes (beaucoup de militaires mais aussi des civils) ont réussi à atteindre les ports albanais. Avec l’aide des navires alliés ils ont pu être évacués vers Corfou et d’autres îles grecques où ils purent reprendre des forces avant d’être réengagés sur le front macédonien. Certains rescapés décédèrent des mois après la fin de l’évacuation le 10 février 1916, le maréchal Putnik succombant à l’épuisement 15 mois plus tard en France.

Cette campagne de Serbie se termine par de lourdes pertes avec 67000 pertes du côté des Empires Centraux contre 94000 tués et blessés côté serbe auxquels il faut ajouter 174000 prisonniers (dont 70000 blessés).

Une fois évacués les soldats serbes vont être réentrainés et rééquipés pour occuper le front de Macédoine.

Après l’offensive bulgare de l’été 1916, les alliés lancent une contre-attaque le 12 septembre 1916. C’est la Bataille de Kaymakchalan (12 au 30 septembre 1916) menée essentiellement par les serbes.

Cela se termine par une victoire tactique des serbes mais les pertes sont lourdes des deux côtés. Les bulgares et les allemands qui ont perdu 60000 hommes évacuent Bitola. Le front à clairement reculé de 40km.

Après un hiver 1916/17 calme, les opérations vont reprendre au printemps 1917. l’Armée alliée d’Orient voit ses effectifs portés à 24 divisions avec six divisions françaises, six divisions serbes, sept divisions britanniques, une division italienne, trois divisions grecques et deux brigades russes.

Tout comme sur le Chemin des Dames, l’offensive alliée lancée au printemps est un échec et après de lourdes pertes pour des gains minimes, le haut-commandement allié décide d’arrêter les frais le 21 mai 1917.

A l’automne 1918, les alliés alignent une Armée d’Orient composée de cinq divisions d’infanterie françaises, une division d’infanterie italienne et deux divisions grecques, deux Corps d’Armée serbes regroupant huit divisions d’infanterie dont deux françaises plus une division de cavalerie, Un groupe de divisions avec une division coloniale (française), une division grecque et une division britannique, une Armée britannique de Salonique avec deux corps d’armées regroupant trois divisions britanniques et deux divisions grecques et enfin l’Armée Grecque composée de deux corps d’armée soit un total de six divisions d’infanterie dont une à l’entrainement.

De leur côté les Empires Centraux alignent sur le front de Salonique la 11ème armée allemande (deux corps d’armées, sept divisions majoritairement bulgares), la 1ère armée bulgare (trois divisions d’infanterie et une brigade d’infanterie), la 2ème armée bulgare (trois divisions d’infanterie) et la 4ème armée bulgare qui dispose d’une division d’infanterie et d’une division de cavalerie.

La France veut lancer une offensive majeure mais il faut un accord politique avant de passer à l’action. Cela prend du temps et ce n’est qu’à l’automne 1918 que tout va se débloquer.

A cette époque les effectifs sont équilibrés (291 bataillons côté alliés contre 310 de l’autre côté) mais le conflit à clairement choisit le camp de l’Entente surtout depuis l’échec des offensives allemandes du printemps.

Du 15 au 18 septembre 1918 à lieu la bataille de Dobro Pole. Elle oppose deux divisions bulgares à trois divisions françaises, deux corps d’armées serbes et trois divisions grecques. C’est le début de l’offensive du Vardar qui allait aboutir à la rupture du front. La Bulgarie va capituler le 29 septembre 1918.

Disposant de 420000 hommes au début de la guerre, la Serbie tombe à tout juste 100000 hommes à la fin du premier conflit mondial. Selon des chiffres publiés en 1924 la Serbie à perdu au total 365164 soldats soit 26% du personnel mobilisé, plus du double des autres belligérants. On trouvait également 114000 gueules cassées et 500000 orphelins.

Mitteleuropa Balkans (43) Bulgarie (7)

La Bulgarie dans le premier conflit mondial

Du 14 octobre 1915 au 30 septembre 1918 la Bulgarie va participer au premier conflit mondial du côté des Empires Centraux. Clairement Sofia veut prendre sa revanche sur les deux guerres balkaniques qui l’avait vue passer du statut de puissance vainqueur à celui de puissance défaite.

Clairement quand le premier conflit mondial éclate à l’été 1914 la Bulgarie est isolée et entourée de voisins hostiles. Pour ne rien arranger, Sofia ne peut compter sur le soutien d’une ou plusieurs grandes puissances.

C’est le cas notamment de la France et de la Russie qui la blâme pour avoir provoqué la dissolution de la Ligue Balkanique.

Pas étonnant que la politique étrangère bulgare soit marquée par des sentiments profondément revanchards.

Néanmoins à l’été 1914 la Bulgarie préfère rester neutre à la fois pour susciter le désir des deux camps en position mais aussi pour récupérer des conséquences des deux guerres balkaniques, la Bulgarie ayant perdu plusieurs dizaines de milliers de soldats dans ces deux conflits qui annonçaient les horreurs du premier conflit mondial. De plus 120000 réfugiés doivent être intégrés à la vie économique et sociale bulgare.

Neutralité ne veut pas dire inaction. Une loi permet l’établissement de la loi martiale sur le territoire bulgare et une autre loi permet l’organisation d’un prêt national de 50 millions de leva pour les besoins de l’armée.

Un traité secret est signé entre la Bulgarie et l’Empire ottoman le 6 août 1914. C’est un pacte mutuel de défense si jamais un état balkanique attaquait l’un des deux signataires. La Bulgarie s’engage à informer Constantinople de tout processus de mobilisation. Les allemands ne sont informés qu’en décembre 1914. En octobre 1914 l’empire ottoman entre en guerre mais la Bulgarie décide de rester neutre.

Cela n’empêche pas les Empires Centraux de travailler la Bulgarie au corps pour un accord militaire voir une entrée en guerre pleine et entière. L’Entente tente également une approche mais semble ne pas mettre la même énergie et le même enthousiasme.

La guerre devant durer l’opinion publique bulgare est moins encline à soutenir l’entrée en guerre du pays tant aux côtés des alliés que du côté des empires centraux.

Il semble acquis que début 1915 la Bulgarie n’à pas définitivement choisit dans quel camp entrer en guerre. En mai 1915 après l’entrée en guerre de l’Italie, l’Entente tente d’attirer la Bulgarie de son côté pour soutenir la Serbie et faire peser une nouvelle menace sur l’empire ottoman.

Des propositions alléchantes sont faites à Sofia mais comme la Serbie et la Grèce sont tenues à l’écart, Sofia se méfie des réelles intentions alliées. Les Empires Centraux reviennent alors à la charge alors que militairement ils sont en meilleur position que l’Entente.

Pour ne rien arranger les membres de l’Entente peinent à faire une proposition commune en raison d’intérêts divergents. Clairement à l’été 1915 l’Entente à laissé passer sa chance.

Carte postale célébrant l’alliance bulgaro-allemande avec le tsar Ferdinand 1er

Le 6 septembre 1915 la Bulgarie formalise son adhésion aux Empires Centraux en signant un traité d’amitié avec l’Allemagne, un traité valable cinq ans.

Une annexe secrète spécifie les futures acquisitions bulgares en l’occurence le Vardar macédonien et une partie de la Serbie à l’est de la rivière Morava.

Si la Grèce et la Roumanie attaquent sans provocation bulgare, Sofia récupérera les territoires perdus au traité de Bucarest en 1913 plus la rectification de la frontière bulgaro-roumaine selon celle prévue par le traité de Berlin de 1878.

L’Allemagne et l’Autriche-Hongrie garantissent à la Bulgarie un prêt de 200 millions de francs et dans le cas où la guerre durerait plus de quatre mois, Berlin et Vienne se porteront garant d’un prêt supplémentaire.

Un troisième texte est également signé en l’occurence une convention militaire planifiant la défaite de la Serbie.

Toujours le 6 septembre 1915 une convention militaire est signée entre la Bulgarie et l’empire ottoman.

Le 22 septembre 1915 les bulgares décrètent la mobilisation générale et le 5 octobre 1915 les alliés renoncent à attirer la Bulgarie dans leur camp.

Le premier ministre britannique Asquith fait porter le chapeau de l’échec sur la Russie et la Serbie qui auraient fait preuve d’un manque de volonté (NdA c’est sûrement ça le fair-play britannique).

NdA Je ne vais pas rentrer dans les détails de l’organisation de l’armée de terre bulgare que j’aborderai dans la partie idoine. Je vais me contenter de parler de l’engagement militaire de la Bulgarie dans le premier conflit mondial.

A l’époque le Royaume de Bulgarie couvre 144 424 km² pour 4.9 millions d’habitants dont 2.4 millions d’hommes mais tous ne sont naturellement pas mobilisables.

La mobilisation se fait dans des conditions difficiles avec un manque d’enthousiasme, un manque d’armement et un manque d’équipements. Néanmoins au début du mois d’octobre 616680 hommes sont sous les drapeaux soit 12% de la population et de 25% des hommes.

La convention militaire demandait aux bulgares cinq divisions mais Sofia parvient à mobiliser onze divisions d’infanterie et une division de cavalerie sans compter des unités auxiliaires, des unités de soutien et des unités de Milice. Ces moyens doivent être répartis en trois armées, deux sur le front serbe et une sur la frontière roumaine.

La 1ère armée bulgare dépend du Groupe d’Armées Mackensen (du fedlmarshall Mackensen, le commandant en chef allemand de ce groupe) en compagnie de la 11ème armée allemande et de la 3ème armée austro-hongroise. Cette première armée bulgare comprend quatre divisions d’infanterie et d’une brigade de cavalerie.

En revanche la 2ème armée qui doit être engagée dans le Vardar Macédonien reste sous le contrôle direct du haut-commandement bulgare.

La mobilisation bulgare ne passe naturellement pas inaperçue du côté serbe. Belgrade déploie sur la frontière serbo-bulgare 145 bataillons d’infanterie, 25 escadrons de cavalerie et 316 canons soit la moitée de l’armée serbe qui comprend 288 bataillons, 40 escadrons de cavalerie et 678 canons.

Belgrade espère le renfort de 150000 soldats alliés pour défendre le Vardar Macédonien mais l’Entente n’en à ni les moyens ni visiblement la volonté de renforcer le dispositif serbe.

Les futurs « jardiniers de Salonique » (troupes françaises à Thessalonique en 1915)

Les Empires Centraux continuent leurs préparatifs en vue d’une offensive décisive en Serbie, l’Autriche-Hongrie ne pouvant fournir les six divisions demandées, l’Allemagne est obligée d’engager des unités supplémentaires.

On trouve donc la 11ème armée allemande avec sept divisions allemandes, la 3ème armée austro-hongroise avec quatre divisions austro-hongroises et trois allemandes et la 1ère armée bulgare.

Le 6 octobre 1915 les allemands et les austro-hongrois passent à l’attaque. Un barrage d’artillerie frappe les positions serbes le long de la Sava et du Danube. Le franchissement à lieu le lendemain.

Les bulgares doivent normalement attaquer cinq jours plus tard mais suite à des retards les serbes prélèvent des troupes faisant face aux bulgares pour renforcer le front nord. Cela permet aux bulgares de terminer leur processus de mobilisation avec deux armées soit 300000 hommes, 195820 pour la 1ère armée et le reliquat pour la 2ème armée qui ne comprend que deux divisions d’infanterie et une division de cavalerie, ces moyens devant être engagés sur un front de 300km.

Le 14 octobre 1915 le Royaume de Bulgarie déclare la guerre au Royaume de Serbie. L’engagement de la Българска армия (Bŭlgarska armiya) permet de débloquer la situation sur le front serbe. Cela va permettre également aux allemands de sécuriser les approvisionnements en direction de la Sublime Porte.

Le jour même de la déclaration les troupes bulgares franchissent la frontière sur un front de 140km de long et 15km de profondeur. La 1ère Armée bulgare doit envahir la vallée de la Morava et prendre les villes de Nis et de Aleksinac pour faire la jonction avec la 11ème armée allemande.

L’avancée initiale est d’abord rapide mais très vite elle est contrariée par le mauvais temps qui endommage les routes. La résistance serbe et le relief montagneux de la région n’arrangent rien.

Résultat la 1ère armée bulgare doit stopper son avance avant les forteresses de Pirot et de Zapecar situées à seulement quinze kilomètres de la frontière. Une brèche au centre force les serbes à évacuer et les deux villes susnommées le 26 octobre 1915.

Paradoxalement la 2ème armée bulgare moins forte remporte de plus grands succès. Le 16 octobre 1915 elle s’empare de Vranje dans le sud de la Serbie et coupent les lignes de communication entre la Serbie et le Vardar macédonien.

Une partie de cette armée met cap sur Nis pour aider la 1ère armée à couper la retraite des forces serbes, le gros de cette force mettant cap à l’ouest, s’emparant de Vebes et de Kumanovo (dans l’actuelle Macédoine du Nord) le 20 octobre 1915.

Des troupes bulgares situées autour de Krivolak et de Strumitsa rencontrent pour la première fois les troupes françaises qui avançaient vers le nord pour aider les serbes. C’est le début de la bataille de Krivolak qui va durer du 21 octobre au 22 novembre 1915.

Cette bataille oppose la 11ème division bulgare à trois divisions françaises (57ème, 122ème et 156ème DI). L’échec de deux divisions serbes à s’emparer de Skopje oblige les français à se replier.

Cela provoque la Bataille de Kosturino (6 au 12 décembre 1915) qui oppose la 11ème division bulgare à deux divisions alliées, la 10ème division britannique (division de recrutement irlandais) et la 156ème DI.

Les bulgares l’emporte à nouveau et les alliés doivent se replier sur la Grèce. Les Empires centraux peuvent continuer les travaux de la ligne de chemin de fer Berlin-Constantinople. Les serbes décident de résister face à Mackensen tout en retraitant vers le Kosovo pour échapper à l’anhiliation. Le 1er novembre 1915, la ville de Kragujevac tombe aux mains des allemands.

Retraite de l’armée serbe en 1915

Le 5 novembre 1915 la ville de Nis tombe aux mains de la 1ère Armée bulgare, 5000 soldats serbes étant faits prisonniers. Le même jour cette même armée fait sa jonction avec la 11ème armée allemande, évitant par exemple que les serbes n’attaquent dans l’espace laissé entre les deux armées alliées. Les objectifs de guerre de l’armée bulgare sont atteints après moins d’un mois de combat.

Concentrée au Kosovo l’armée serbe envisage de forcer le passage et de retrouver les alliés en Macédoine. D’autres penchent plutôt pour un repli sur la côte adriatique pour échapper à l’encerclement.

L’armée serbe est certes affaiblie mais elle représente encore une menace. Voilà pourquoi les Empires Centraux décident de la détruire totalement. Le premier objectif est d’atteindre Pristina dans le nord du Kosovo.

La 1ère Armée bulgare doit attaquer depuis l’est, le groupe renforcé de la 2ème Armée bulgare doit attaquer depuis le sud, des éléments de la 11ème armée allemande doivent attaquer au nord et la 3ème armée austro-hongroise depuis le nord-ouest.

Ce plan parfait sur le papier est contré par le franchissement trop lent de la rivière Morava. Les serbes concentrent des moyens importants contre la 2ème armée bulgare car c’est le principal obstacle entre l’armée serbe et les alliés mais aussi parce qu’elle menace les routes d’une potentielle retraite vers l’Albanie.

La tentative de percée est un échec et l’armée serbe doit battre en retraite. Les bulgares tentent de couper leur mouvement depuis le sud. Suite à la prise de Pristina le 23 novembre 1915, le haut-commandement serbe ordonne la retraite générale vers l’Albanie pour éviter une totale annihilation.

La poursuite est essentiellement menée par les bulgares et les austro-hongrois. C’est ainsi que la 3ème division bulgare s’empare de la ville de Prizren dans le sud-ouest du Kosovo, accentuant la pression sur les serbes.

D’autres villes tombent aux mains des bulgares comme Debard (sur l’actuelle frontière macédono-albanaise), Struga (sud-ouet de l’actuelle Macédoine du Nord sur les rives du lac Ohrid) et Ohrid.

Le 4 décembre 1915 les bulgares prennent Bitola (actuellement dans le sud de la Macédoine du Nord) ce qui marque la fin de la campagne militaire pour la Serbie.

La retraite serbe tourne à l’anabase digne de Xénophon mais dans un contexte climatique bien plus difficile

Les serbes eux continuent leur éprouvante anabase qui va provoquer la mort de 55000 soldats. 150000 soldats serbes sont évacués par des navires alliés (essentiellement français et italiens) en direction de Corfou mais ils sont dans un tel état qu’il faudra du temps avant d’en refaire une armée cohérente et capable de combattre.

La veille le 3 décembre 1915 la 2ème armée bulgare avait entamé son avance contre les alliés mais trop tard pour empêcher les divisions alliées de se replier sur Salonique.

Le 11 décembre 1915 les troupes bulgares atteignent la frontière grecque mais reçoivent l’ordre de ne surtout pas la franchir. L’année 1915 se termine et pour l’armée bulgare il s’agit de faire les comptes avec 37000 pertes (tués, blessés, malades) sur 424375 engagés soit 8.72% des effectifs.

Clairement en cette fin 1915 le bloc des Empires Centraux (Allemagne, Autriche-Hongrie, Bulgarie et Empire ottoman) sort renforcé des dernières opérations surtout si on compare la situation de l’Entente qui doit digérer les échecs en Artois, en Champagne, dans les Flandres mais aussi aux Dardanelles.

La conquête de la Serbie à été dure par ses combats mais aussi par l’occupation qui en découle, de nombreux crimes de guerre ont été commis par les troupes bulgares en dépit des dénégations de Sofia.

Des révoltes éclateront, l’une d’elle la Révolte de Toplica (21 février au 25 mars 1917) étant marquée par une répression impitoyable équivalente à celle des turcs face aux bulgares en 1877.

Voilà pourquoi quand les alliés parviendront à percer le front, ils refuseront une offensive en direction de la Bulgarie de crainte que les troupes serbes qui représentaient un élément incontournable du dispositif allié ne se vengent sur la population civile bulgare.

Après des succès initiaux, la guerre devient une guerre d’usure. Ce front est jugé secondaire par les allemands et les moyens engagés seront toujours insuffisant pour débloquer la situation (ce qui sera la même chose côté allié).

Le front de Salonique fin 1915

Le front en question est baptisé le plus souvent front macédonien. Du côté des Empires Centraux, on trouve deux ensembles, l’Army Group Scholz composé de la 11ème armée allemande, des 1ère et 2ème armées bulgares et du 20ème Corps d’Armée ottoman plus l’Army Group Albania qui comme son nom l’indique couvre l’Albanie.

Du côté des alliés nous trouvons l’Armée alliée d’Orient avec l’Armée d’Orient (France), des 1ère,2ème et 3ème Armées serbes (après leur reconstitution), l’Armée britannique de Salonique, l’Armée de Défense Nationale (Grèce), la 35ème DI italienne, une Force Expéditionnaire Russe et le 16ème Corps d’Armée italien.

Appelé également front de Salonique, il s’étend donc de la côte albanaise à la Struma. C’est une éprouvante guerre d’usure où la situation reste longtemps figée ce qui n’est au final pas si différent du front occidental.

Tranchées du front de Salonique

La principale différence c’est que les troupes qui y sont déployées ont le sentiment d’être oubliés au point qu’ils se baptiseront eux-mêmes «les jardiniers de Salonique». Aux combats s’ajoute le climat difficile et les épidémies qui préleveront leur lot de morts et d’invalides.

Le 5 janvier 1916 les austro-hongrois attaquent le Monténégro alliés de la Serbie. La petite armée monténégrine résiste bravement mais le rapport de force est trop déséquilibré ce qui aboutit le 25 janvier à la signature d’un armistice qui fait sortir le Monténégro de la guerre.

A noter que le roi Nicolas 1er réfugié en Italie s’oppose à cet armistice mais le gouvernement passe outre. Un gouvernement militaire est mis en place le 1er mars.

Dans la foulée l’Albanie est envahie, les ports de Scutarri et de Durazzo tombent à la fin février mais heureusement pour alliés l’évacuation sur Corfou de l’armée serbe s’est achevée le 10 février 1916.

A la fin de l’hiver 1915/16, les austro-hongrois contrôlent quasiment toute l’Albanie. A l’époque les britanniques veulent quitter la région mais les français refusent et Londres finit par s’incliner.

Les alliés décident de s’enterrer à Salonique et de s’y maintenir fermement. L’armée serbe reconstituée à Corfou va être transportée par des navires français sur ce front.

Aux problèmes militaires s’ajoute des problèmes politiques avec une Grèce divisée entre un roi pro-allemand et un premier ministre Euletherios Venizelos pro-allié. Comme la Roumanie est sur le point d’entrer en guerre, le général Sarrail, commandant des troupes alliés sur ce front veut lancer une offensive contre les bulgares.

Il n’en aura pas le temps puisque les Empires Centraux attaquent le 17 août 1916. En réalité les bulgares représentent l’immense majorité des troupes engagées, les allemands étant peu présents (une division) et les austro-hongrois sont surtout engagés en Albanie.

A l’est du front les bulgares conquièrent facilement les territoires grecs à l’est de la rivière Struma (17-23 août 1916) et pour cause, le roi de Grèce, le très germanophile Constantin 1er ordonne au 4ème Corps d’Armée de ne pas résister. Il y à cependant des combats de la part d’officiers qui ne peuvent admettre que ces territoires durement acquis durant les deux guerres balkaniques soient abandonnés si facilement.

Cela entraine le 29 août un coup d’état avec l’établissement de l’Etat de Défense Nationale ou gouvernement de Thessalonique sous la direction de Venizelos. A l’ouest même succès du moins initialement car les alliés parviennent après deux semaines de combat à contenir l’offensive bulgare après deux semaines.

Les alliés lancent une contre-attaque le 12 septembre 1916. C’est la Bataille de Kaymakchalan (12 au 30 septembre 1916) menée essentiellement par les serbes. Cela se termine par une victoire tactique des serbes mais les pertes sont lourdes des deux côtés. Les bulgares et les allemands qui ont perdu 60000 hommes évacuent Bitola. Le front à clairement reculé de 40km.

Pour affermir leur position, les alliés et les vénizélistes occupent la Thessalie et l’isthme de Corinthe, coupant les territoires royalistes en deux. Ils échouent à Athènes (1er au 3 décembre 1916). Les alliés reconnaissent officiellement le gouvernement Venizelos et mettent en place le blocus des côtes.

Après un hiver 1916/17 calme, les opérations vont reprendre au printemps 1917. l’Armée alliée d’Orient voit ses effectifs portés à 24 divisions avec six divisions françaises, six divisions serbes, sept divisions britanniques, une division italienne, trois divisions grecques et deux brigades russes.

Tout comme sur le Chemin des Dames, l’offensive alliée lancée au printemps est un échec et après de lourdes pertes pour des gains minimes, le haut-commandement allié décide d’arrêter les frais le 21 mai 1917.

Entre-temps le 14 mai 1917 le roi Constantin 1er s’est exilé remplacé par son fils Alexandre. Venizelos devient premier ministre et aussitôt la Grèce déclare la guerre aux Empires Centraux, une déclaration qui entraine la mise sur pied d’une nouvelle armée grecque capable de tenir son rang aux côtés des alliés.

A l’automne 1918, les Empires Centraux alignent sur le front de Salonique la 11ème armée allemande (deux corps d’armées, sept divisions majoritairement bulgares), la 1ère armée bulgare (trois divisions d’infanterie et une brigade d’infanterie), la 2ème armée bulgare (trois divisions d’infanterie) et la 4ème armée bulgare qui dispose d’une division d’infanterie et d’une division de cavalerie.

De leur côté les alliés alignent une Armée d’Orient composée de cinq divisions d’infanterie françaises, une division d’infanterie italienne et deux divisions grecques, deux Corps d’Armée serbes regroupant huit divisions d’infanterie dont deux françaises plus une division de cavalerie, Un groupe de divisions avec une division coloniale (française), une division grecque et une division britannique, une Armée britannique de Salonique avec deux corps d’armées regroupant trois divisions britanniques et deux divisions grecques et enfin l’Armée Grecque composée de deux corps d’armée soit un total de six divisions d’infanterie dont une à l’entrainement.

Du 29 au 31 mai 1918 à lieu la Bataille de Skra-Di-Leger entre trois divisions grecques plus une brigade française contre une brigade bulgare. Sans surprise les alliés l’emporte et cette défaite bulgare entraine la démission du premier ministre en exercice, Vassil Radoslatov (21 juin 1918).

Il est remplacé par Aleksander Molinar qui entame des négociations secretes avec les alliés mais ces négociations buttent sur la volonté bulgare de conserver sous son autorité l’est de la Macédoine ce que ne peut accepter Athènes et comme Paris et Londres ne veulent pas aller contre les volontés grecques……. .

La France veut lancer une offensive majeure mais il faut un accord politique avant de passer à l’action. Cela prend du temps et ce n’est qu’à l’automne 1918 que tout va se débloquer. A cette époque les effectifs sont équilibrés (291 bataillons côté alliés contre 310 de l’autre côté) mais le conflit à clairement choisit le camp de l’Entente surtout depuis l’échec des offensives allemandes du printemps.

Du 15 au 18 septembre 1918 à lieu la bataille de Dobro Pole. Elle oppose deux divisions bulgares à trois divisions françaises, deux corps d’armées serbes et trois divisions grecques. C’est le début de l’offensive du Vardar qui allait aboutir à la rupture du front.

Le 18 septembre 1918 à lieu la bataille de Dorian entre d’un côté une division britannique et deux divisions grecques contre une division bulgare renforcée des éléments d’une autre Grande Unité de la Bulgarskaya Armiya.

Après la préparation d’artillerie, les britannico-grecs attaquent les positions bulgares situées près du lac Dorian mais c’est un échec en raison d’un manque d’appui-feu, de problèmes de coordination entre britanniques et grecs et en raison visiblement du manque d’entrain des troupes grecques.

Quelques jours plus tard les positions évacuées sont occupées sans combat par les britannico-grecs. Ils donnent la chasse aux troupes bulgares en retraite mais à un train de sénateur ce qui permet aux soldats de Sofia de se replier en bon ordre.

Le 24 septembre 1918 la Bulgarie demande un armistice aux alliés. Ces derniers acceptent cinq jours plus tard soit le 29 septembre 1918.

Le même jour les alliés occupent Skopje mais une vigoureuse contre-attaque germano-bulgare les obligent à abandonner la ville aux troupes des Empires Centraux.

Si la Bulgarie demande un armistice c’est que l’armée bulgare épuisée s’effondre. De nombreuses mutineries ont lieu et certains mutins proclament même la république à Radomir. Ce putsch républicain est un pétard mouillé qui prend fin le 2 octobre 1918.

Entre-temps l’armistice de Thessalonique à été signé le 29 septembre 1918 et entre en vigueur le lendemain à minuit.

Pour sauver ce qui peut l’être, Ferdinand 1er décide d’abdiquer le 3 octobre 1918 en faveur de son fils qui devient le tsar Boris III.

L’armée bulgare à aussi été engagée contre la Roumanie à l’automne 1916 quand celle-ci entre en guerre aux côtés de l’Entente. Son offensive en Dobroudja du Sud oblige les roumains à détacher des troupes ce qui réduit leur potentiel offensif face aux Empires Centraux qui après une vigoureuse contre-offensive vont occuper quasiment tout le pays même si l’aide russe et celle de conseillers militaires français dirigés par le général Berthelot va permettre à Bucarest d’éviter l’occupation de tout le pays.

Le 27 novembre 1919 est signé le Traité de Neuilly sur Seine. On trouve d’un côté la Bulgarie et de l’autre côté les alliés qu’ils soient importants ou secondaires. En effet la France, la Grèce, l’Italie, le Japon, la Roumanie, la Serbie, la Grande-Bretagne, les Etats-Unis, la Belgique, la Chine, Cuba, le Hejaz, la Pologne, le Portugal, le Siam et la Tchécoslovaquie ont signé ce traité qui peut être résumé ainsi :

-La Thrace occidentale est cédée à l’Entente qui va la rétrocéder à la Grèce (Conférence de San Remo 19 au 26 avril 1920)

-La Bulgarie doit signer une convention d’échange de populations avec la Grèce

-La Bulgarie doit céder 2563 km² sur sa frontière occidentale au Royaume des Serbes, Croates et Slovènes

-Retour à la Roumanie de la Dobrudja du Sud

-Armée de 20000 hommes

-100 millions de livres sterling de dommages de guerre

-Reconnaissance obligatoire du Royaume des Serbes, Croates et Slovènes

Pour la majorité de l’opinion publique bulgare, ce traité est la Deuxième Catastrophe Nationale après celle survenue à peine cinq ans plus tôt à la fin de la deuxième guerre balkanique.