Italie (84) Regia Aeronautica (6)

Les avions de la Regia Aeronautica (3) : les avions d’attaque au sol

Avant-propos

Si durant le premier conflit mondial le bombardier et l’avion d’attaque étaient confondus (les bombardiers lourds étaient rarissimes) ce ne fût pas le cas dans les années vingt et trente.

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L’armée de terre une profonde métamorphose : l’armée villeneuvienne (8)

Artillerie

L’artillerie française est réputée pour être la meilleure du monde en 1940, un titre acquis durant la Grande Guerre et qui lui vaut le respect de ses alliés comme de ses ennemis. Comme les autres armes, elle connait des changements non négligeables avec le quasi crépuscule de l’Artillerie Lourde sur Voie Ferrée et l’apparition d’automoteurs d’artillerie modernes appelés canons d’assaut et canons autoportés.

Artillerie Lourde sur Voie Ferrée (ALVF)

Commençons par l’ALVF. Cette dernière regroupe au printemps 1940 un échantillonnage de pièces de calibres divers avec des stocks limités en obus regroupés en cinq régiments dont quatre équipés de canons.

-Le 370ème Régiment d’Artillerie Lourde sur Voie Ferrée (370ème RALVF) ne dispose d’aucune pièce puisqu’il s’agit en réalité d’un régiment de construction sur voie ferrée.

obusier de 370mm durant le premier conflit mondial

-Le 371ème RALVF dispose de vingt-trois pièces répartis en trois groupes et dix batteries avec douze obusiers de 400mm modèle 1915, sept canons de 370mm modèle 1915 et 4 canons de 294mm modèle 1915.

Canon de 340mm modèle 1912

-Le 372ème RALVF dispose de vingt-six pièces répartis en six groupes et quinze batteries qui dispose de onze canons de 340mm modèle 1912, quatre canons de 320mm modèle 1917, quatre canons de 274mm modèle 1917, quatre obusiers de 400mm modèle 1915 et trois canons de 305mm modèle 1906.

Canons de 320mm sur voie ferrée

-Le 373ème RALVF dispose de trente-cinq pièces répartis en cinq groupes et dix batteries qui dispose de quatre canons de 340mm modèle 1912, vingt canons de 320mm modèle 1870-30, 8 canons de 274mm modèle 1917 et 3 canons de 305mm modèle 1906.

-Le 374ème RALVF dispose de quarante-trois pièces répartis en six groupes et treize batteries qui dispose de vingt-quatre canons de 194mm modèle 1870-93, quatre canons de 164mm modèle 1893-96 et quinze canons de 240mm modèle 1893-96.

Durant la guerre de Pologne, plusieurs batteries d’ALVF vont être déployée à proximité de la ligne Maginot pour couvrir les ouvrages et harceler les positions allemandes.

Ce conflit terminé, on s’interroge sur son avenir. Certains demandent le ferraillage de ses «antiquités militaires» et d’autre l’expansion de ces unités.

Le général Villeneuve choisit de préserver cette capacité utile pour percer la ligne Siegfried ou les ouvrages italiens dans les Alpes.

Au printemps 1940, décision est prise de réduire le nombre de RALVF à trois : le 370ème, le 371ème et le 372ème RALVF avec trois groupes de deux batteries de quatre canons soit un total de  48 canons :

-Le 371ème RALVF à Chalons sur Marne dispose de d’un 1er groupe équipé de huit obusiers de 400mm modèle 1915 répartis en deux batteries, d’un 2ème groupe équipé de huit canons de 340mm et d’un 3ème groupe avec huit canons de 320mm

-Le 372ème RALVF à Verdun dispose de d’un 1er groupe équipé de huit obusiers de 400mm modèle 1915 répartis en deux batteries, d’un 2ème groupe équipé de sept  canons de 340mm et d’un 3ème groupe avec huit canons de 320mm.

Les huit pièces excédentaires de 320mm sont stockées ou servent pour l’entrainement et la formation, les autres canons jugés trop anciens ou aux stocks d’obus insuffisants sont ferraillés.

Il semblait dit que l’ALVF allait disparaître sans combattre mais au final des pièces supplémentaires vont être commandées pour armer deux régiments, deux régiments à deux groupes de trois batteries de deux pièces soit un total de vingt-quatre pièces.

En 1945, les 373ème et 374ème RALVF sont récrés, le premier est basé à Grenoble et le second à Nice avec un équipement identique, vingt-quatre canons de 240mm modèle 1944, ces douze batteries devant viser principalement les fortifications italiennes.

Artillerie de position et artillerie mobile de forteresse

La construction de la ligne Maginot entraina un besoin accru d’unités d’artillerie. Deux types de régiments existent quand éclate la guerre de Pologne :

 -Les régiments d’artillerie mobile de forteresse (RAMF) sont au nombre de neuf, les 23ème, 39ème, 46ème, 49ème, 59ème, 60ème, 69ème, 70ème et 99ème RAMF. Sur ces neufs entités, trois seulement sont des régiments d’active (39ème, 49ème et 59ème RAMF) et les autres des régiments de mobilisation.

Canon de 155mm Schneider modèle 1917 préservé dans un musée finlandais

Leur équipement est composé soit de 75mm modèle 1897 hippomobile équipant le 99ème RAMF (qui est d’ailleurs officiellement le 99ème RAMFH) ou de 75mm modèle 1897 et 155mm modèle 1917 monté sur train rouleur ou sur train pneumatique.

Chaque régiment mobilisé comprend un état-major, une batterie hors-rang, deux groupes de 75mm et un groupe de 155mm à raison de vingt-quatre canons de 75mm et douze de 155mm soit un total de 36 canons par régiment.

A l’issue du conflit, le 99ème RAMFH est dissous tout comme quatre autres régiments de mobilisation en l’occurence le 46ème RAMF, les 60ème, 69ème et 70ème RAMF laissant donc les 23ème, 39ème, 49ème  59ème RAMF toujours équipés en septembre 1948 de canons de 75mm sur pneumatiques et de canons de 155 modèle 1917 anciens mais toujours efficaces.

-Les régiments d’artillerie de position (RAP) sont en temps de paix au nombre de sept, cinq étant déployés dans le Nord-Est et deux dans les Alpes. La mobilisation avec le rappel des réservistes permet la création de vingt et un RAP qui disposent d’un équipement extrêmement hétérogène peu mobile et souvent ancien.

Canon de 120mm De Bange modèle 1878

On trouve ainsi des canons de 65mm de montagne modèle 1906, des canons de 75mm modèle 1897, des canons de 105mm L modèle 1913 Schneider, des canons de 120mm L modèle 1878 de Bange, des canons de tranchée de 150T modèle 1917, le canons de 155mm C modèle 1915 de Saint Chamond, des canons de 145/155mm modèle 1916 Saint Chamond, le canon de 155mm L modèle 1877 de Bange, le canons de 155mm L modèle 1877/14 Schneider, le canon de 155 mm modèle 1918 Schneider, le canon de 220mm C modèle 1916, le canon de 220mm L modèle 1917, le canon de 240mm L modèle 1884, le canon de 280mm C modèle 1914, le mortier de 370mm Filloux.

A l’issue de la guerre de Pologne, un grand nombre de régiments d’artillerie de position de mobilisation sont dissous. Outre les sept d’active existants avant septembre 1939, trois autres sont préservés avec le matériel le plus moderne et le moins usé.

En septembre 1948, il existe donc quatre RAMF et dix RAP soit quatorze régiments qui vont appuyer les ouvrages de la ligne Maginot. 

Artillerie de campagne

Passons maintenant à l’artillerie de campagne qui connait un important bouleversement qu’il s’agisse du domaine de l’artillerie tractée ou du domaine de l’artillerie portée qui substitue aux canons transportés sur plateau des canons automoteurs pour appuyer les chars des DC et des DLM.

Canon de 75mm modèle 1897 monté sur pneumatiques

Honneur aux ainés avec le canon de 75mm modèle 1897, le fameux «75» qui montra largement ses qualités et ses limites durant le premier conflit mondial. Objet d’un véritable culte, il reste largement en service durant l’entre-deux-guerre, une partie étant adapté à la traction automobile avec un train de roulement pneumatique, près de 4500 pièces étaient encore en service au printemps 1940 à la fois comme pièce de campagne mais également comme pièce de forteresse et canon antiaérien.

Son remplacement devenant nécessaire, l’artillerie pensa lancer un concours pour un nouveau canon en 1941 mais la volonté d’accélérer le processus fit qu’on décida d’adopter le canon antichar de 75mm TAZ (Tous Azimut) modèle 1939 dont la production devait être lancé au printemps 1940.

En temps de paix, il devait équiper le régiment d’artillerie des différentes divisions d’infanterie à savoir trois groupes de trois batteries de quatre canons de 75mm (soit 36 canon), deux groupes de 105mm modèle 1934 ou 1935 et un groupe de 155mm court soit un total de 72 canons.

Le canon de 75mm TAZ modèle 1939 équipa également des unités antichars en l’occurence six régiments d’artillerie antichar (RAAC) mis sur pied à la mobilisation avec six batteries par régiment soit vingt-quatre canons, cent quarante quatre pour les six régiments.

Canon de 105mm Schneider modèle 1913

Le début de la guerre de position à la fin de 1914 montra l’erreur qu’avait fait la France de trop miser sur le «75» et de ne pas disposer de suffisamment de pièces lourdes comme le canon Schneider L13S de 105mm dérivé du canon de 107mm Putilov dont Schneider était le principal actionnaire.

Ce canon se montra très efficace et resta longtemps en service après guerre au sein de l’artillerie française mais également en Belgique, en Yougoslavie et en Pologne. La motorisation entraina une modification des affûts qui reçurent un train de roulement pneumatique et pour certains un tube plus long.

Ce canon fût peu à peu remplacé par deux nouveaux canons de 105mm en l’occurence le Schneider 105L modèle 1936S et le Tarbes 105L modèle 1941T.

Au printemps 1940, les régiments d’artillerie des DIM étaient équipés d’obusiers de 155mm modèle 1915 et 1917.

En dépit de son âge, ces pièces restèrent en service avec quelques modifications notamment un train de roulement plus léger et un canon plus long. Les RA modèle 1941 disposaient de trois groupes de 75mm modèle 1939, deux groupes d’obusiers de 105mm modèle 1935 et un groupe d’obusier de 155mm modèle 1917. Il fût peu à peu remplacé par une version remise à jour de cet obusier en l’occurence le modèle 1946.

Canon de 155mm Grande Puissance Filloux (GPF)

En 1917, l’artillerie française mit en service un excellent canon de 155mm, le canon de 155mm GPF ou Grande Puissance Filloux du nom de son créateur, le colonel Filloux.

Ce canon qui équipa aussi l’artillerie américaine se révéla si efficace qu’il resta en service jusqu’au second conflit mondial, équipant les RALA (Régiments d’Artillerie Lourde Automobile) des corps d’armée et de régiments d’artillerie lourde de la réserve générale.

A l’issue de la guerre de Pologne, ce canon reste en service mais décision est prise de reprendre sa production selon une version modernisée dite GPFT (Grande Puissance Filloux Touzard) du nom de l’inventeur d’un affût modernisé.

 

Canon de 65mm modèle 1906

La description de ces différentes pièces tractées ne serait pas complète sans un bref panorama des pièces de montagne. Là encore plusieurs modèles sont présents au printemps 1940 qu’il s’agisse du canon de 65mm modèle 1906, les canons de 75mm modèle 1919 et 1928 (qui n’ont remplacé que partiellement le canon de 65mm) et enfin le canon de montagne de 105mm modèle 1909. Les pièces de 75mm furent peu à peu remplacées par des obusiers de 75mm modèle 1942.

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Sans l’armistice de novembre 1918, les alliés auraient lancé une puissante offensive au printemps 1919 destinée à les conduire en Allemagne. Durant cette offensive, l’artillerie française aurait mis en œuvre les premiers canons automoteurs de l’histoire, des canons de 194 et de 280mm.

Ces modèles acquis en petit nombre furent rapidement déclassés et le choix d’une stratégie défensive n’encouragea la mise au point de pièces d’artillerie automotrice sans compter les craintes des artilleurs de se voir déposséder d’une partie de leur matériel au profit des cavaliers.

La création des DLM entraina un besoin d’une pièce d’artillerie mobile pouvant soutenir au plus près les chars pardon les automitrailleuses de combats (AMC) de ces unités. Le Somua S-35 étant le principal véhicule des DLM et des Divisions de Cavalerie _qui doivent être transformés ultérieurement en DLM_ , un canon d’assaut est développé sur ce même châssis.

Somua Sau 40 encore équipé d’un canon de 75mm

Baptisé Sau40, il va équiper les DLM alors que les DCR vont recevoir l’ARL V-39, les deux véhicules disposant du même canon.

ARL V-39

Artillerie antichar

Bien que l’on se soit rapidement rendu compte que la meilleure arme antichar était le char, cela n’empêcha pas le dévellopement d’une artillerie spécialisée notamment pour protéger l’infanterie qui ne pouvait pas toujours compter sur les chars. Si l’essentiel des canons antichars sont tractés, des automoteurs antichars à roue et chenillés apparaissent durant les années 40.

Canon de 25mm Hotchkiss modèle 1934

En terme de calibre, le premier canon antichar français est le Hotchkiss modèle 1934 de 25mm et son cousin germain, le Puteaux modèle 1937, ce dernier étant plus léger et avait un tube plus long.

Ces deux canons produits à plusieurs milliers d’exemplaires (6415 au total) étaient toujours en service en 1948 bien que la production eut été rapidement arrêté en raison de la priorité donnée aux canons antichars de 47mm jugés plus à même d’affronter les nouveaux chars allemands dont on connaissait l’existence.

Canon de 47mm modèle 1937. Photo prise au cours de manoeuvres en 1947

Le deuxième canon antichar utilisé par l’armée de terre était donc un canon de 47mm, le modèle 1937 et le modèle 1939, le second partageant le même tube que son devancier mais avec un affût d’un nouveau modèle permettant de pointer à 360° ce qui n’était pas négligeable dans le domaine de la lutte antichar où il faut passer d’une cible à l’autre très rapidement.

L’artillerie antichar français va également disposer d’un canon antichar lourd en l’occurence le canon de 75mm TAZ modèle 1939 qui équipa d’abord en priorité les régiments d’artillerie comme pièce de campagne. Il n’équipera finalement des unités spécialisées antichars qu’à la mobilisation.

Un projet de canon de 90mm antichar dérivé du canon de 90mm antiaérien modèle 1926 déboucha sur la production d’une batterie expérimentale de douze pièces.

Les DLM et les DCR reçoivent également des canons antichars mais montés sur véhicules à roues et chenillés pour à la fois renforcer les unités de reconnaissance et pour couvrir les blindés amis en l’occurence des Laffly W15 TCC, des Lorraine 39L et des Renault 40R équipés de canons antichars de 47mm.

Artillerie antiaérienne

 Le 21 mars 1918, les allemands jouent leur va-tout sur le front de l’ouest en lançant une puissante offensive dans la région d’Amiens à la jointure entre les troupes françaises et britanniques. Le front est percée et Paris menacé une nouvelle fois. Les alliés demandent à l’aviation de freiner l’avance allemande le temps que les renforts arrivent. C’est la première fois que l’aviation enraye une offensive terrestre.

Au cours des manoeuvres de l’après guerre, la puissance de l’aviation n’échappa pas à personne et le besoin d’une DCA motorisé devant prégnant mais le manque de budget et de volonté fit qu’au printemps 1940, aucun programme concret n’avait comblé cette carence.

 Le choix résolu de la mécanisation nécessite une véritable unité de DCA chargée de couvrir les DLM et les DC en mouvement en attendant que la chasse balaye l’aviation d’assaut ennemie du secteur. Ces divisions disposaient bien d’une batterie antiaérienne équipés de six canons de 25mm mais cela était bien insuffisant.

En 1943, un véritable bataillon antiaérien divisionnaire est créé dans chaque division y compris les DIM qui devaient elles aussi se protéger de la Luftwafe ou de la Regia Aeronautica. Ce bataillon disposait d’une batterie de commandement et de soutien et de quatre batteries de canons antiaériens.

Les quatre batteries des bataillons antiaériens divisionnaires des DLM et DC disposaient du matériel suivant :

-La 1ère batterie dispose de 12 canon antiaériens de 25mm montés en affûts doubles sur six semi-chenillés Citroen-Kergresse. Elle est plus destinée à protéger l’état-major et les unités de soutien.

-Les 2ème et 3ème batteries sont également équipées de canons de 25mm mais leurs huit affûts doubles (soit 16 canons) sont montés sur un châssis chenillé en l’occurence celui du Somua S-35 ce qui leur permet de suivre les chars en tout terrain.

Canon de 37mm Schneider

-La 4ème batterie est équipée de 12 canons de 37mm Schneider modèle 1941 montés en affûts doubles sur des camions tout-chemin.

Le BAAD Moto disposait donc au total de 56 canons antiaériens.

Le BAAD des DIM disposait d’une 1ère batterie (12 canon antiaériens de 25mm montés en affûts doubles sur six semi-chenillés Citroen-Kergresse) 2ème et 3ème batterie disposaient chacun de 12 canons de 25mm tractés par des véhicules légers Laffly alors que la 4ème batterie disposait de de 12 canons de 37mm Schneider modèle 1941 montés en affûts doubles sur des camions tout-chemin.

 Le BAAD-Inf disposait donc au total de 48 canons

Les canons lourds de DCA (75 et 90mm) étaient du ressort de la Défense Aérienne du Territoire (DAT) rattachée à l’armée de l’air.