-Etat-major tactique des forces aériennes ( hava kuvvetleri taktik personeli)
Outre la direction générale des forces aériennes, la gestion du personnel, de la logistique et de la formation, l’état-major tactique des forces aériennes dispose sous son autorité d’une brigade de chasse, d’une brigade de reconnaissance et de bombardement et du bataillon parachutiste.
-Brigade nationale de chasse
Des Hurricane assuraient la défense aérienne de l’ancienne capitale impériale byzantine
Cette ulusal avcılık tugayı regroupe des groupes de chasse destinées notamment à protéger les grandes villes de Turquie notamment Istanbul et Ankara. Elle comprend deux groupes pour protéger Istanbul (deux groupes de Hurricane) et trois groupes pour protéger Ankara (un groupe de Curtiss P-40, un groupe de Focke-Wulf Fw-190 et un groupe de Supermarine Spitfire). Ces cinq groupes disposent au total de 135 chasseurs.
-Brigade de reconnaissance et de bombardement stratégique
Cette Keşif ve Stratejik Bombardıman Tugayı est la véritable force de frappe de l’aviation turque, une force «stratégique» avec des avions de reconnaissance et des bombardiers.
Heinkel He-111
Basé près d’Ankara soit à l’écart des frontières mais suffisamment proche des zones de tension, cette brigade dispose de trois groupes de reconnaissance stratégique (deux volant sur Mosquito et un volant sur Heinkel He-111 modifiés), un groupe de reconnaissance tactique volant sur Bloch MB-176 et trois groupes de bombardement lourd, un groupe de Short Stirling ex-britanniques, un groupe de B-24 et un groupe de B-32, ces trois groupes volant sur des appareils de seconde main.
Short Stirling
-1ère Brigade aérienne de combat (1. muharebe hava tugayı)
Zone de déploiement : Caucase
–Un état-major
-Une compagnie de sécurité
-Un groupement logistique
-Deux groupes de chasse
Curtiss H-75 en vol. Les Curtiss H-75 turcs étaient des appareils issus des rangs de l’Armée de l’Air
Un groupe de PZL P.24 et un groupe de Curtiss H-75
-Deux groupes de bombardement
Un groupe de B-26 Marauder et un groupe de Martin 187 Baltimore
-Un groupe de reconnaissance tactique
Westland Lysander
Un groupe volant sur Westland Lysander
-2ème Brigade aérienne de combat (2. muharebe hava tugayı)
Zone de déploiement : Sud de la Turquie
-Un état-major
–Un groupement logistique
-Une compagnie de sécurité
-Deux groupes de chasse
Republic P-47 Thunderbolt
Un groupe de Morane-Saulnier MS-410 et un groupe de Republic P-47 Thunderbolt (qui à remplacé les P.24 encore en service en septembre 1948)
-Deux groupes de bombardement
Deux groupes de Bristol Blenheim
–Un groupe de reconnaissance tactique
Avro Anson
Un groupe volant sur Avro Anson
-3ème Brigade aérienne de combat (3.muharebe hava tugayı)
Zone de déploiement : côtes de la mer Egée
-Un état-major
–Un groupement logistique
-Une compagnie de sécurité
–Quatre groupes de chasse
Morane-Saulnier MS-406. Le MS-410 en est directement issu
Un groupe de Bristol Beaufighter, un groupe de Morane-Saulnier MS-410, un groupe de Curtiss P-40 et un groupe de Supermarine Spitfire
-Deux groupes de bombardement
Martin B-10. Pour l’esthétisme on repassera
Un groupe de Vultee V-11 et un groupe de Martin B-10
-Un groupe de reconnaissance tactique
Un groupe volant sur Bloch MB-176
-4ème Brigade aérienne de combat (4. muharebe hava tugayi)
Zone de déploiement : Thrace orientale
–Un état-major
-Un groupement logistique
-Une compagnie de sécurité
-Quatre groupes de chasse
Bristol Beaufighter
Un groupe de Republic P-47 Thunderbolt (ce groupe volait sur Avia B-534, à été mis en sommeil en 1944 et recréé en 1951 avec des P-47), un groupe de Bristol Beaufighter, un groupe de Focke-Wulf Fw-190 et un groupe de Hawker Hurricane
-Deux groupes de bombardement
Bristol Beaufort
Un groupe de Bristol Beaufort et un groupe de Heinkel He-111
-Un groupe de reconnaissance tactique
Un groupe volant sur Westland Lysander
-5ème Brigade aérienne de combat (5. muharebe hava tugayi)
Zone de déploiement : côtes de la mer Noire
-Un état-major
–Un groupement logistique
-Une compagnie de sécurité
-Deux groupes de chasse
Un groupe de Curtiss H-75 et un groupe de Hawker Hurricane
–Deux groupes de bombardement
Martin Baltimore
Un groupe de Martin 187 Baltimore et un groupe de Heinkel He-111
–Deux groupes de reconnaissance tactique
Polikarpov Po-2
Un groupe mixte de Polikarpov Po-2 et R-5 et un groupe de Bloch MB-176
-6ème brigade (entrainement et transport)
-Deux groupes d’entrainement
Un groupe d’entrainement primaire et un groupe d’entrainement avancé et un groupe d’entrainement au tir
-Un groupe de transport
–Commandement tactique de la défense aérienne (hava savunma taktik komutanlığı)
–projecteurs
Une compagnie à Istanbul, une compagnie à Ankara, une compagnie à Antalya, une compagnie à Izmir
-ballons de barrage
-Un réseau couvrant Istanbul
-Un réseau couvrant Ankara
–batteries de DCA
-Deux batteries couvrant Istanbul, deux batteries couvrant Ankara, une batterie couvrant Izmir et une batterie couvrant Antalya
–Bataillon parachutiste
Ce bataillon parachutiste (1. Parasüt Taburu) à été créé en octobre 1945 à Tripoli en Libye puisque que les premiers paras turcs ont été formés en Afrique Septentrionale Italienne l’actuelle Libye.
Ce bataillon est organisé en un état-major, une compagnie de commandement et de soutien, trois compagnies de fusiliers parachutistes et une compagnie d’armes lourdes (mitrailleuses et mortiers).
Basé près d’Antalya, il devait en cas de conflit opérer contre les cibles stratégiques de l’ennemi, les paras turcs ayant à l’origine l’ambition de créer une division parachutiste mais ce rêve devra attendre 1970.
Si le bataillon ne fût pas engagé au combat car la Turquie restera neutre, il ne resta pourtant pas l’arme au pied puisqu’il allait être employé en mission de contre-insurrection contre des kurdes et des arméniens qui s’agitaient à nouveau.
Le sujet est peu connu mais le 1er bataillon de parachutistes turc allait mener une douzaine de sauts tactiques pour aider la Jandarma et l’armée dans leur lutte contre les groupes rebelles.
A la fin de la guerre un 2ème bataillon sera créé puis un 3ème en 1957 avant qu’une véritable division ne voit le jour avec artillerie, génie et chars légers en mars 1970 mais ceci est une autre histoire.
Ordre de bataille de l’armée turque après mobilisation
-Etat-major général
Sous le commandement direct de l’état-major général
Zone de Kocaeli
–6ème Corps d’Armée (7ème, 17ème et 41ème DI)
Frontière syrienne
–17ème Corps d’Armée (20ème et 39ème DI, 68ème Brigade d’Infanterie, 14ème Division de Cavalerie qui comme la 3ème est partiellement motorisée)
-1ère Armée (Istanbul)
Zone de la Thrace
–10ème Corps d’Armée : 46ème DI et un groupe de combat (K. Gr)
–2ème Division de Cavalerie
-Brigade blindée indépendante
-26ème brigade d’infanterie
-Brigade de Kirklareli
Zone de Catalca
–3ème Corps d’Armée : 1ère, 46ème, 61ème et 62ème DI
–4ème Corps d’Armée : 8ème, 22ème, 28ème et 64ème DI
–20ème Corps d’Armée : 23ème, 24ème, 33ème et 52ème DI
–Commandement de la Zone fortifiée de Catalça
Zone d’Istanbul et du Bosphore
–Commandement d’Istanbul : 11ème DI et 3ème division de cavalerie (partiellement motorisée)
–Commandement de la zone fortifiée du Bosphore
-2ème Armée (Bahkesir)
Zone des Dardanelles et de la mer de Marmara
-1er Corps d »Armée : 16ème et 57ème DI
–2ème Corps d’Armée : 4ème, 32ème, 66ème et 69ème DI, 72ème brigade d’infanterie
–5ème Corps d’Armée : 5ème, 6ème et 25ème DI
–Commandement de la Zone fortifiée de Demirkapi
–Commandement de la zone fortifiée des Dardannelles
Côtes de la mer Egée et de la Méditerranée
–12ème Corps d’Armée : 63ème, 70ème et 71ème DI
–Zone fortifiée d’Izmir
-Brigade d’Antalya
-3ème Armée (Erzincan)
Zone orientale
–7ème Corps d’Armée : 2ème, 10ème et 53ème DI
–8ème Corps d’Armée : 12ème et 12ème DI
–9ème Corps d’Armée : 3ème, 9ème et 29ème DI, 1ère division de cavalerie
–18ème Corps d’Armée : 48ème, 51ème et 67ème DI
–Commandement de la zone fortifiée de Kars
–Commandement de la zone fortifiée d’Erzurum
Organisation des Grandes Unités
Division d’infanterie
-Un état-major
-Une compagnie d’état-major
-Un bataillon de soutien logistique
-Une compagnie de reconnaissance montée ou motorisée pour huit divisions d’infanterie en l’occurrence les 4ème, 7ème, 8ème, 11ème, 20ème, 46ème, 52ème et 63ème DI
Canon antichar allemand de 37mm conservé au musée militaire d’Helsinki (Finlande). Ce modèle était en service dans l’armée turque
-Une compagnie antichar et antiaérienne
-Trois régiments d’infanterie
-Un régiment d’artillerie
-Une compagnie du génie
-Une compagnie de transmissions
Division de Cavalerie
-Un état-major
-Une compagnie d’état-major
BA-6. Soixante exemplaires était en service dans l’armée turque
-Une compagnie d’autos blindées
Canon de 25mm antiaérien Hotchkiss modèle 1938
-Une compagnie antichar et antiaérienne
-Trois régiments montés
-Un régiment d’artillerie
-Une compagnie du génie
-Une compagnie de transmissions
Division de cavalerie
NdA : concerne les divisions de cavalerie partiellement motorisées
-Un état-major
-Une compagnie d’état-major
-Un bataillon de reconnaissance mixte avec un escadron d’autos blindées et deux escadrons montés
En jaune les territoires revendiqués par la Grèce et notamment Eleftherios Venizelos
La Grande Idée est une théorie politique du 19ème siècle qui visait à regrouper dans un même état ayant pour capitale Constantinople tous les grecs dispersés dans tout le bassin oriental de la Méditerranée et jusqu’aux rives de la mer Noire. Le terme à été pour la première fois utilisé par Ioannis Koléttris, premier ministre du très impopulaire Othon 1er en 1844.
Cette idée à irrigué à infusé la politique intérieure et extérieure grecque jusqu’aux années soixante-dix. De temps à autre on assiste à quelques résurgences de cette idée mais elle est désormais ultra-minoritaire et n’est défendue que par quelques partis extrémistes.
Très vite cette idée se heurte à un certain nombre d’écueils. En effet si toutes les populations de culture grecque sont de confession orthodoxe, elles ne parlent pas tous le grec. Cela est une faiblesse majeure de la théorie de la Grande Idée car si on s’appuie sur l’orthodoxie, cela torpille l’argument principal de regrouper tous les grecs dans un état. De plus comme on l’à vu plus haut l’intégration des habitants des territoires acquis après les guerres balkaniques s’est fait de manière houleuse.
Cette idée à aussi des implications culturelles. On assiste à une volonté de purifier, de moderniser la langue grecque. Cela est vu comme un moyen de renforcer, de consolider un Etat qui reste encore très fragile car très récent.
Pour Athènes puissance secondaire le meilleur moyen de réaliser la grande idée est de profiter de la moindre occasion. Comme la région est empoisonnée par la Question d’Orient, le gouvernement grec va tenter de pousser ses pions dès que la région s’embrase.
La Guerre de Crimée constitue la première occasion pour s’emparer de nouveaux territoires mais c’est un échec cuisant puisque les français et les britanniques occupent le port du Pirée de mars 1854 à février 1857.
A noter qu’une légion grecque combat aux côtés des russes à Sébastopol ce qui explique peut être l’occupation du port d’Athènes par les franco-britanniques.
En mai 1864 la Grèce intègre les îles ioniennes quand les britanniques renoncent à leur protectorat sur la République des Sept Iles. C’est un cadeau fait à Georges 1er, le nouveau roi des héllènes.
En 1878 le Traité de San Stefano créé une Grande Bulgarie sous influence russe. La Grèce n’est pas conviée aux discussions contrairement à celles aboutissant à un traité de Berlin nettement moins favorable à Sofia. Trois ans plus tard le Traité de Constantinople permet à Athènes d’intégrer la Thessalie et l’Epire.
Il faudra ensuite attendre les deux guerres balkaniques pour que la Grèce connaisse un nouvel agrandissement territorial. C’est notamment le cas en Macédoine où dès les années 1890 la Grèce avait tenté d’agiter la région pour provoquer son détachement de l’empire ottoman et son intégration au royaume.
C’est une politique risquée non seulement parce que cela risquait de provoquer une guerre avec l’empire ottoman mais en plus parce que cela pouvait mécontenter la Serbie et la Bulgarie qui regardaient avec gourmandise la région en question.
Une révolte pilotée par la Bulgarie échoue en 1903 tout comme les révoltes pilotées par les grecs en 1904 et 1907 avec à chaque fois une crise diplomatique avec la Sublime Porte.
En juillet 1908 à lieu la Révolution Jeune-Turque par de jeunes officiers voulant mettre fin au déclin de l’empire ottoman.
La Crète en profite pour proclamer son enosis avec le Royaume de Grèce mais Athènes est trop faible pour obtenir la reconnaissance internationale de cet état de fait. Voilà pourquoi l’annexion de la Crète par la Grèce ne sera reconnue par Constantinople qu’à l’issue des deux guerres balkaniques.
En 1910 Eleftherios Venizelos arrive au pouvoir. Crétois il avait participé à la révolte de Therissos en 1905 qui avait aboutit au départ du Prince Georges, haut-commissaire en Crète.
Partisan convaincu de la Grande Idée, il arrive au pouvoir suite à des élections mais dans le contexte troublé par le coup de Goudi. Pour réaliser la Megali Idea il se lança dans une politique volontariste de modernisation et dans une politique étrangère centrée sur une alliance avec les autres états de la région.
Suite à la première guerre balkanique, la Grèce s’empare de Chios, de Lesbos, de Samos, de l’Epire avec sa capitale Ioannina. Ces annexions sont reconnues par le traité de Londres de mai 1913.
Comme nous le savons le partage des dépouilles ottomanes va générer un deuxième conflit entre la Bulgarie, ses anciens alliés et l’empire ottoman bien décidé à prendre sa revanche.
Parmi les sources de discorde figurent encore et toujours la question de la Macédoine que revendiquent la Serbie, la Macédoine et la Bulgarie. Cette dernière va ainsi lancer une attaque préventive pour s’emparer de cette région en partie peuplée de bulgarophones mais isolée, elle sera écrasée.
Le traité de Bucarest signé en août donne à la Grèce Thessalonique et la Macédoine du Sud mais Athènes n’à pu empêcher ni la Bulgarie d’obtenir une fenêtre sur la mer Egée ni la création de l’Albanie ce qui la prive de l’Epire du Nord.
Tous ces territoires conquis ne sont pas exclusivement peuplés de grecs. De plus la Grande Idée à fracturé la société et la classe politique grecque, cette théorie étant utilisé par la classe politique grecque comme un dérivatif pour faire oublier les problèmes économiques et sociaux.
La défaite de l’empire ottoman dans le premier conflit mondial semblait être l’occasion rêvée, imanquable pour réaliser la Grande Idée mais cela va au contraire conduire à l’une des pires catastrophes de l’histoire grecque.
Le traité de Sèvres
Le Traité de Sèvres signé le 10 août 1920 est la conséquence directe de l’Armistice de Moudros signé le 30 octobre 1918.
Cet armistice est négocié uniquement par les britanniques qui refuse la présence des français craignant soit des conditions trop durs ou pour priver Paris de toute zone d’influence dans la région.
C’est à bord du HMS Agamennon que l’armistice de Moudros à été négocié
Les négociations sont menées à bord du cuirassé HMS Agamennon à partir du 27 octobre et aboutissent trois jours plus tard. Il est signé à Moudros sur l’île grecque de Lemnos.
Les hostilités sont naturellement suspendues, l’empire ottoman renonce à toute présence militaire au Héjaz, au Yémen, en Syrie, en Mésopotamie, en Tripolitaine et en Cyrenaïque. Les alliés peuvent occuper les détroits des Dardanelles et du Bosphore, Batoumi et les tunnels des Monts Taurus.
Les vainqueurs peuvent occuper à titre de gage et pour prévenir tout désordre six provinces arméniennes dans le nord-est de l’Anatolie. L’armée ottomane est démobilisée après avoir évacué Batoumi, Kars, Ardahan et l’Azerbaïdjan.
Le traité de Sévres à été signé mais non ratifié. Il prévoyait que l’empire ottoman renonce à ses provinces arabes et africaines. Les pertes territoriales sont très lourdes. Par exemple en Europe le territoire de ce nouvel empire ottoman se limite à Constantinople et son voisinage immédiat.
Une Grande Arménie voit le jour tout comme une province kurde autonome, les détroits turcs sont démilitarisés.
Les villayets de Van, Bitlis et Trebizonde intègrent la république indépendante d’Arménie, la France occupe la Syrie avec une frontière bien plus au nord que l’actuelle et obtient une zone d’influence comprenant la Cilicie avec Adana, zone s’étendant jusqu’au nord de Sivas.
L’Italie occupe Antalya et sa région plus une zone d’influence allant de Bursa à Kayserie en passant par Afyankarahisar. La Grèce obtient Smyrne et sa région (un plébiscite est prévu en 1925), la Thrace orientale avec Andrinople et Gallipoli plus les îles d’Imbros et de Tenedos.
Les provinces arabes sont transformées en mandat de la SDN. La nouvelle Turquie peut être considéré comme un état croupion puisque elle passe de 1.78M de km² à 490000 km². De plus les territoires laissés sont pauvres et de sérieuses contraintes financières limitent toute possibilité de développement.
De plus le nouvel état ne peut posséder d’armée même réduite mais une gendarmerie. La police, le système fiscal, les douanes, les eaux et les forêts, les écoles sont sous contrôle allié !
Dès mai 1919 débute la guerre d’indépendance turque avec Mustapha Kemal qui se termine par une victoire en octobre 1922. Cela permet à la Turquie de signé le Traité de Lausanne le 24 juillet 1923 et deux ans plutôt le Traité de Kars en octobre 1921 avec l’URSS.
La guerre greco-ottomane et la grande catastrophe
Avant même la signature du traité de Sèvres une partie des turcs refuse un tel dépeçage de l’empire ottoman.
De mai 1919 à octobre 1922 les grecs vont affronter les révolutionnaires turcs dirigés par Mustafa Kemal le futur Atatürk.
Le Traité de Lausanne va faire perdre à la Grèce tous ses gains du traité de Sèvres sauf les îles de la mer Egée. Un dramatique échange de population à lieu avec 1.3 millions de grecs de Turquie partent vers l’ouest et 385000 turcs prennent le chemin inverse.
Au cours de la Conférence de Paris l’Italie outrée que ses intérêts au Proche-Orient ne soient pas respectés quitte la conférence. Cela fait les affaires de la Grèce qui peut débarquer des troupes à Smyrne le 15 mai 1919. Ce débarquement discrédite définitivement le sultan ottoman et renforce le mouvement révolutionnaire turc.
Ce débarquement grec est la réponse selon Athènes aux massacres des grecs du Pont et de l’Anatolie. Cet argument est contesté par les alliés et contesté par les turcs.
De mai 1919 à octobre 1920 les grecs se contentent de consolider leur emprise sur leur zone d’influence en Anatolie et sur la côte ionienne.
D’octobre 1920 à août 1921 les grecs attaquent les turcs de Mustafa Kemal, ces derniers résistent, bénéficient du soutien de la France, de l’Italie et de l’URSS et peuvent contre-attaquer. Cela aboutit à une défaire grecque en octobre 1922, prélude à la Grande Catastrophe.
Le 15 mai 1919, 20000 soldats héllènes de la 1ère division débarquent à Smyrne. Ils sont débarqués et soutenus par des navires grecs, français et britanniques. Pour Athènes Smyrne et sa régions sont des terres grecques qui doivent intégrer le royaume mais cet état de fait est contesté par les turcs et même par les alliés. Il semble en réalité que seule la ville soit grecque (et encore) et que son hinterland soit surtout peuplé de turcs.
Dès le premier jour des combats sporadiques ont lieu provoquant 300 à 400 morts côté turc et une centaine chez les grecs.
Si certains à Athènes ont pu pensé à une promenade militaire ils ont du être vite dégrisés. Comme souvent dans ce genre de conflit un terrible cycle d’attentats, de répresailles et de nouveaux attentats qui se met en place.
A J+7 (22 mai), les grecs commencent à occuper l’hinterland de la ville de Smyrne et se heurtent à des soldats turcs qui ne savent plus sur quel pied danser. Si le gouvernement ottoman _le seul reconnu par la communauté internationale_ leur à ordonné de ne pas résister, nul doute que leur patriotisme et leur éthique professionnelle leur dicte de combattre des troupes qui ne peuvent être considérées que comme des envahisseurs sans compter leur passif entre grecs et ottomans.
Au printemps et à l’été 1920, les grecs lancent de vigoureuses offensives. A l’époque l’armée héllène est encore soutenue par les alliés et surtout le personnel notamment de commandement est expérimenté. En face l’armée ottomane est en pleine déliquescence et le mouvement révolutionnaire turc est motivé mais peu entrainé et peu armé.
Les grecs occupent l’ouest et le nord-ouest de l’Asie Mineure. Parallèlement des combats ont lieu en Thrace. Peu à peu les grecs relèvent des unités françaises, Paris estimant avoir autre chose à faire que d’occuper cette région à moins que le gouvernement français ne pressent le traquenard qui monte peu à peu.
Le traité de Sèvres signé le 10 août 1920 est une amère déception pour la Grèce qui voit la région de Smyrne placée simplement sous son administration avec l’organisation en 1925 d’un plébiscite pour connaître le choix final des habitants. Détail intéressant ni les grecs ni les ottomans veulent ratifier ce traité qui ne satisfait personne.
En octobre 1920 les grecs s’avancent en Anatolie avec le soutien britannique. Lloyd George n’est pas un partisan de la Grande Idée mais veut surtout faire pression sur les ottomans pour que ces derniers ratifient le traité de Sèvres.
C’est alors que la machine militaire grecque se grippe. Suite à sa défaite électorale Venizélos doit quitter le pouvoir. De plus la mort prématurée du pauvre roi Alexandre 1er laisse augurer d’une possible, que dis-je d’une probable restauration de Constantin 1er dont on connait clairement le passif l’opposant à l’homme politique crétois.
Avant même le retour du beau-frère de Guillaume II sur le trone des hellènes, le personnel militaire vénizéliste est remplacé par un personnel monarchiste moins expérimenté et/ou moins compétent.
Les turcs se sachant militairement inférieurs refusent d’abord le combat, échangeant de l’espace contre du temps. Leur retraite ordonnée aurait du mettre la puce à l’oreille des grecs mais ces derniers ivres de leurs succès continuent de s’enfoncer sur les plateaux anatoliens prolongeant une guerre qu’ils avaient pourtant promis de terminer.
Les signaux d’alarme se multiplient notamment le plus inquiétant à savoir le fait que les alliés promettent de retirer leur soutien politique et militaire si Constantin 1er était restauré. En dépit de cette menace, les grecs plébiscitent le retour au pouvoir du troisième roi de Grèce (après Othon 1er et George 1er). Conséquence logique, les vénizélistes ou ceux ayant à craindre du nouveau régime préfèrent prendre le chemin de l’exil.
A cette époque l’armée grecque avait atteint la ville d’Eskisehir à environ 200km à l’ouest d’Ankara, la nouvelle capitale turque. Une résistance ferme et décidée de la nouvelle armée turque oblige les grecs à se replier.
Une nouvelle campagne est lancée au début de l’année 1921. Si la première bataille d’Inonü est une victoire grecque (9 au au 11 janvier), la seconde du 26 au 31 mars est une victoire turque non sans lourdes pertes des deux côtés.
Dès la première bataille d’Inonü, les alliés sentent que le vent tourne et propose une révision du traité de Sèvres.
Une conférence réunie à Londres en février et mars 1921 est un échec mais détail qui n’en est pas un, le gouvernement ottoman et les révolutionnaires turcs de Mustafa Kemal sont représentés.
L’échec de la conférence de Londres s’explique en grande partie par le fait que les grecs sont encore persuadés de pouvoir l’emporter avec le soutien de la Grande-Bretagne même si se soutien est plus tacite qu’autre chose.
En mars 1921 nouveau signal d’alerte pour Athènes, les français et les italiens signent un traité de paix avec les turcs et vont même jusqu’à fournir armes et renseignement au futur Atatürk. Il s’agit de contrer une Grèce qui est désormais vue comme un client de la Grande-Bretagne.
En juillet 1921 un accord franco-turc voit la France évacuer la Cilicie et autorise des livraisons substansielles d’armes.
Du 10 au 24 juillet à lieu la bataille d’Afyonkarahisar. C’est une victoire grecque mais une victoire à la pyrrhus avec des turcs se repliant en bon ordre. Lors de la bataille de Sakarya du 14 août au 13 septembre, les grec attaquent mais les turcs leur opposent une résistance farouche.
Les deux adversaires sont clairement épuisés. Les grecs sont certes parvenus à moins de 50km d’Ankara mais ils sont épuisés et affamés. De plus leurs longues lignes de communication les rendent très vulnérables au point qu’ils préfèrent se replier. Athènes demande l’aide de Paris et de Rome mais sans surprise les deux sœurs latines refusent.
Les turcs ont clairement pris l’ascendant alors que les grecs sont épuisés et démoralisés. La logique, le bon sens militaire auraient du conduire les grecs à se replier autour de Smyrne mais au lieu de cela les militaires grecs sombrent dans le plus complet irréalisme en planifiant une offensive sur Constantinople !
Le 26 août 1922 les turcs lancent leur grande offensive. Ils remportent une bataille décisive à Dumlipinar quatre jours plus tard, bataille qui fait suite à celle de Sokaya (début le 14 août fin des derniers combats le 13 septembre).
La moitié de l’armée grecque est capturée ou tuée, l’équipement entièrement perdu. Deux généraux grecs sont mêmes capturés. L’avancée turque est ensuite rapide et Smyrne tombe le 9 septembre 1922.
Les britanniques veulent résister aux côtés des grecs mais les français et les italiens refusent et évacuant la région de Constantinople et des détroits turcs.
Le 13 septembre 1922 la ville de Smyrne/Izmir est ravagée par un incendie dont les causes sont aujourd’hui encore disputées. Des arméniens et des grecs sont massacrés tandis que d’autre tentent de fuir en prennant d’assaut les navires étrangers présents dans le port.
Le 11 octobre 1922 l’Armistice de Moudanya est signé. Les franco-britannico-italiens gardent le contôle de la Thrace orientale et du Bosphore, les grecs évacuent ces régions. L’accord est appliqué à partir du 15 soit au lendemain de l’accord grec.
De cet armistice va découler le Traité de paix de Lausanne signé le 24 juillet 1923 et entré en vigueur le 6 août 1924.
Les alliés reconnaissent le régime d’Ankara comme le régime turc légitime. Mustafa Kémal et son gouvernement reconnaissent la perte de Chypre, du Dodécanèse, de la Syrie, de la Palestine, de la Jordanie, de l’Irak et de l’Arabie. Les alliés abandonnent les projets de Grande Arménie et d’autonomie d’un état kurde. La Turquie du traité de Lausanne est la Turquie actuelle moins le sandjak d’Alexandrette qui sera rétrocédé par la France en 1939 pour éviter une entrée en guerre turque aux côtés des allemands au moment de la guerre de Pologne.
Le traité prévoit également des échanges de population et tous les mécanismes de contrôle de la souveraineté turque sont abolis moins le contrôle des détroits qui sont internationalisés. Le régime des Capitulations est également abolit. Des échanges de population vont avoir lieu (ils ont en réalité déjà commencé dans des circonstances dramatiques).
Entre-temps le 11 novembre 1922 la péninsule de Gallipoli à été évacuée par les grecs. La Grande Catastrophe provoque une terrible secousse en Grèce et notamment en ce qui concerne la vie politique déjà agitée du pays. Huit responsables politiques et militaires sont traduits devant la justice et six d’entre-eux (d’où le nom de Procès des Six) sont condamnés à mort et exécutés (27 novembre 1922).
Deux mois plus tôt le 27 septembre 1922 Constantin 1er avait définitivement abdiqué en faveur de son fils ainé Georges II mais comme nous le verrons dans la partie suivante pour peu de temps.