Le Conflit (79) Europe Occidentale (45)

Sur le front de l’est l’opération TIGER à permis aux allemands de s’emparer de deux solides têtes de pont au nord et au sud non sans mal, non sans pertes. Les alliés veulent tenir le plus longtemps possible pour éviter un «coup de faux» soit mené depuis la tête de pont en direction soit de la Suisse voir de La Manche si les allemands voulaient tenter une nouvelle «course à la mer».

Après avoir contenu le plus possible les allemands, les alliés se replient vers l’ouest couverts par les différentes unités motomécaniques. «On accroche et on tient puis on se replie» comme le dira un caporal français anonyme d’un GRDI.

Ce repli laisse les troupes de forteresse seules dans leurs blockhaus avec aucune troupe d’intervalles ce qui rappelle à certains soldats issus des troupes coloniales les postes isolés dans l’Empire.

Vont-ils rester ainsi isolés en espérant se faire oublier par l’ennemi ? Que nenni les «fantassins du béton» vont opérer toutes proportions gardées comme les forces spéciales d’aujourd’hui à savoir d’effectuer des opérations rudes et brutales, des sorties pour attaquer la logistique et des éléments ennemis isolés.

On verra même certains ouvrages simuler leur neutralisation pour tromper l’ennemi pour mieux les attaquer le moment venu. Cela rendra les allemands à la fois plus prudents mais aussi moins chevaleresques si vous voyez ce que je veux dire……. .

Mi-août la majorité des ouvrages ont été pris, neutralisés ou évacués par leurs garnisons. Des ouvrages isolés vont continuer la lutte jusqu’à la fin du mois d’août voir même début septembre. Ils vont se rendre, recevront les honneurs militaires avant de rallier oflags et stalags sur le territoire allemand.

Les villes de l’est vont tomber successivement avec Luneville le 2 août, Nancy le 8 août, Verdun le 8 août également (malgré l’intervention du 3ème Corps de Cavalerie), Bar le Duc le 12 août, St Dizier le 13 août, Vitry le François le 14 août,

Troyes occupée par les allemands le 15 août est repris le lendemain par les troupes françaises du 12ème CA qui tentent de pousser vers Chaumont mais les allemands sont trop forts. Troyes sera finalement reprise par la Heer le 20 après trois attaques.

Le 18 août 1949 les allemands parviennent à percer en Champagne et menacent de disloquer le dispositif allié en séparant les deux Groupes d’Armées, le GA n°1 d’un côté et le GA n°2 de l’autre.

Les combats sont violents, acharnés, impitoyables, on se rend coup pour coup à l’arme à feu, à l’arme blanche, à la grenade.

Une bataille symbolise cette violence, la Bataille de Reims (20-24 août 1949) où la 1ère DIP (1ère Division d’Infanterie Polonaise) va s’illustrer. Mieux que ça elle va entrer dans la légende.

Encore aujourd’hui ses faits d’armes sont pieusement préservés en France mais aussi en Pologne. Même sous le régime communiste cette bataille de Reims était citée comme un fait d’arme majeur de l’histoire polonaise même si on taisait le caractère iminement religieux de la lutte.

Cette bataille est en effet considérée comme une véritable croisade, l’archevêque de Reims ayant accordé le statut de croisé aux soldats polonais.

«Fils de Pologne ! Enfants du Christ ! Soyez digne de vos ancêtres ! Luttez contre ces païens qui menacent notre civilisation chrétienne ! Combattez et vous prendrez place à la droite de notre Seigneur Jesus-Christ».

Ce discours impressionna naturellement les polonais mais aussi les français qu’ils soient croyants ou non. On verra même certains soldats libre-penseurs se faire baptiser dans la foulée de cette bataille après avoir connu une illumination digne de St Paul sur le chemin de Damas.

Cela explique la violence des combats. La gare de Reims est prise et reprise à douze reprises ! Les combats se font au corps à corps au couteau, à la baïonnette et à la grenade. La cathédrale de Reims déjà endommagée pendant le premier conflit mondial l’est à nouveau.

Cependant à la différence du premier conflit mondial la cathédrale va être détruite par des bombardements aériens, des tirs d’artillerie et des combats d’infanterie !

Les polonais sont particulièrement motivés à l’idée de défendre la cathédrale où étaient sacrés les rois de France (à l’exception d’Henri IV _sacré à Chartres_ et de Louis XVIII _jamais sacré_). Comme le dira le lieutenant Jaczonek de la 1ère DIP «L’un de vos rois à été roi de Pologne et ça ça compte !».

C’est alors qu’on passe de l’histoire à la légende voir au surnaturel. Des flots de sang vont maculer le sol de la cathédrale martyre. Malgré le nettoyage effectué par des reimois réquisitionnés par l’occupant allemand, du sang à coulé dans la crypte.

On parle de phénomènes étranges, de fantômes, de soldats allemands foudroyés alors qu’ils visitent l’édifice mais surtout de miracles dignes de ceux survenus à Lourdes.

En dépit des menaces allemandes nombre de chrétiens viendront y chercher dans ces ruines en ces temps difficiles un précieux réconfort. Des miracles ont été recensés par le Vatican. Encore aujourd’hui Reims est un haut lieu de pèlerinage qu’il soit chrétien ou militaire.

Chaque 24 août (qui est aussi la date de la Saint Barthelemy) un détachement franco-polonais effectue une marche au flambeau dans les rues de Reims.

Une vasque du souvenir est rallumé à la nuit tombée sur le parvis de la cathédrale. Six soldats _ trois polonais et trois français_ montent la garde durant la nuit avant d’éteindre la flamme à l’aube.

Cette vasque à été inaugurée en 1959 pour les dix ans de cette bataille. Sur un support en granit rose de 80cm de haut, une vasque faite avec le bronze des cloches de la cathédrale. Devant cette vasque une plaque en pophyre noir avec le discours de l’archevêque.

La Cathédrale sera reconstruite après guerre, les travaux entamés en 1956 ne s’achevant qu’en 1980 !

Face à la pression allemande, le général Villeneuve ordonne au 2ème Corps d’Armée Cuirassé (2ème CAC) et au 3ème Corps de Cavalerie (3ème C.C) de lancer une grande offensive pour préparer le repli sur La Seine.

Cette bataille à lieu du 25 au 30 août 1949 contre les 1. et 4. Panzerkorps soit cinq divisions blindées et une division S.S contre six divisions motomécaniques. Les unités environnantes qu’elles soient allemandes ou alliées fixent leurs homologues pour «encager» le champ de bataille.

Certes les grandes batailles de chars qui ont marqué l’imaginaire collectif ont eu lieu sur le front de l’est mais cette Bataille de Mourmelon à été particulièrement intense.

Les deux adversaires se rendent coup pour coup, des manœuvres tactiques de génie impressionnent alliés comme ennemis.

Les pertes en chars et en véhicules sont lourdes même si les allemands parviennent à récupérer davantage de véhicules endommagés que les alliés qui souvent doivent se résoudre à incendier et/ou à saboter des véhicules qui en théorie étaient récupérables et réparables dans des délais plus ou moins longs.

Le général Villeneuve demandera une étude sur cette récupération impossible et des réformes permettront d’accélérer le retour en ligne des chars endommagés.

A l’issue de cette bataille les allemands restent maitre du terrain pour la simple et bonne raison que cette bataille était destinée à permettre un repli général sur La Seine et le Morvan.

Cette hypothèse était loin de faire l’unanimité pour la simple et bonne raison que nombre de politiques et de généraux craignaient un découragement de la troupe.

Certes celle-ci avaient conscience d’avoir infligé de lourdes pertes à l’ennemi mais ne comprennait pas toujours ce repli permanent depuis plusieurs semaines. Quelques «mouvements d’humeur» sont signalés ici et là.

Le conseil militaire interallié organisé à Tours le 20 août 1949 prend la décision de faire de La Seine une véritable ligne d’arrêt et la base d’une contre-offensive générale à moyen terme. Cette décision dont la troupe à conscience même de manière implicite fait remonter le moral en flèche même si certains sceptiques restent dubitatifs.

Le général Villeneuve n’à pas attendu les décisions politiques pour prendre des mesures. Dès le 19 août il fait repasser La Seine aux corps d’armée de la Réserve Stratégique qui n’ont pas été encore engagés mais aussi toutes les unités au repos et ou en reconstitution même si ces dernières se trouvaient surtout en Bretagne ou dans le Sud-Ouest.

En ce qui concerne les Corps de la Réserve Stratégique deux autres sont montés en ligne, le 16ème CA pour contrer la percée allemande en Champagne et le 34ème CA pour couvrir le repli des unités du GA n°2 sur le Morvan avec une question cruciale : doit-on tenir ou non Dijon ?

Ces deux corps d’armée vont contenir l’avancée allemande mais ne vont pas connaître des combats aussi violents que ces devanciers.

Cela signifie que les 17ème CA, les 31ème, 33ème CA, les 2ème, 3ème et 4ème CA armée polonais (ce dernier est un Corps de Cavalerie) vont repasser La Seine sans connaître le feu au grand dam des principaux intéressés qui ont eu l’impression d’être des soldats de «deuxième classe».

Autant dire que quand ils auront l’occasion de combattre ils le feront avec vigueur, agressivité voir même témérité, générant des pertes qui auraient peut être pu être évitées.

Surtout il fait transformer La Seine en corridor fortifié avec des fortifications de campagne sur la rive sud mais aussi sur la rive nord. Il prépare des ponts, rassemble tout ce qui peut flotter pour faire passer un fleuve qui n’est pas toujours bon compagnon, l’accueil de civils fuyant les combats avec l’aide de la Croix Rouge, fait accélérer la production des usines de l’arrière….. .

Debout 20h par jour, dormant peu mais usant et abusant de café (au point qu’un célèbre bar de Londres donnera le nom de Villeneuve à un produit de sa carte à savoir un café servit avec une crème fouettée au cidre de Normandie), il impressionne tout le monde par son énergie, sa vitalité. Il sait se faire bonhomme et pince sans rire, rangeant sa panoplie de chef colérique et tonitruant. Comme il le raconte dans ses mémoires :

«Je ne vais pas vous mentir, il y avait une part de bluff et de théâtre dans mes démonstrations de colère, je surjouai, cela plaisait à mes subordonnés, aux journalistes et cela faisait peur aux politiques. Avec l’invasion du territoire j’ai compris qu’il fallait rassurer, montrer une façade optimiste. Je pourrai toujours me remettre en colère plus tard».

Pour tenir ces positions il fait appel aux régiments territoriaux composés de soldats trop âgés pour servir pour en première ligne, de jeunes recrues à l’instruction.

Cela doit permettre aux unités qui combattent pour certaines quasiment non-stop depuis le 10 mai de souffler, de recevoir un nouvel armement, d’intégrer de jeunes recrues ou des blessés de retour de convalescence.

Son épouse Agnès de Villeneuve prend une nouvelle dimension. Elle ne peut naturellement pas combattre en première ligne mais peu offrir son réconfort aux blessés et encourager toutes les femmes de France à aider les soldats en envoyant lettres et colis, le système des Marraines de Guerre étant à nouveau à l’œuvre pour que les Furieux se sentent pleinement soutenus.

L’ordre de repli est transmis aux organes de commandement le 21 août pour une exécution prévue dans un délai maximal de 10 jours. Comme d’habitude les unités motomécaniques doivent couvrir le repli des unités d’infanterie. Les unités motomécaniques vont de plus en plus combattre en groupements de circonstance plutôt qu’en unités constituées.

A l’époque (mi-août) le front soit (très) grossièrement une ligne Abbeville-Amiens-Soisson-Reims-Troyes-Chaumont-Mulhouse. Cela ne va hélas pas durer….. .

Les allemands ont bien conscience de ce répli car si les alliés prennent le maximum de précautions il est impossible de tout masquer de tout camoufler. Ils vont donc tenter de prendre les alliés de vitesse.

Si atteindre La Seine et bloquer le repli allié est de l’ordre du fantasme et de l’irréalisme en revanche gagner des têtes de pont pour empêcher de franchir aisement le fleuve c’est du domaine du possible.

Plusieurs unités allemandes parviennent à atteindre La Seine mais ne peuvent se maintenir étant violement combattus par l’artillerie stationnée sur la rive sud, l’aviation mais aussi quelques unités motomécaniques détachées du front. Pour certains historiens c’est le premier exemple d’un combat lacunaire sans front fixe (pour d’autres c’est la guerre civile russe).

Paris est un temps menacée par les allemands. On craint à plusieurs reprises un raid motorisé surprenant les défenseurs de la place de Paris (qui dépendaient de la 9ème Armée). Il y à certes la Ligne Chauvineau mais malgré des travaux constants ce n’est qu’un ersatz de la Ligne Maginot.

En théorie rien n’aurait pu empêcher les allemands de s’emparer de la capitale mais jamais la svatiska ne flottera sur Paris moins à cause de la résistance française que du refus allemand de s’engager dans une nouvelle guerre urbaine. Au final une poche se forme le 26 septembre 1949.

Il faut dire que le 27 septembre 1949 la ville du Havre est tombée aux mains des allemands après des combats dantesques contre les troupes canadiennes.

La logique aurait voulu que ce soit la 7ème armée qui assure la défense du Havre mais cette armée est passablement affaiblie et le général Villeneuve décide de lui faire passer la Seine pour couvrir les canadiens qui devront assurer la défense de la ville fondée par François 1er. En revanche les autres armées du GA n°1 vont combattre jusqu’au bout sur la rive nord de La Seine.

La ville à été bombardée par l’aviation et la marine, les installations du port et des chantiers navals sont méthodiquement sabotées. Deux jours plus tôt le 25 septembre c’est Rouen la ville du martyre de Sainte Jeanne d’Arc qui est tombée aux mains des allemands.

Les combats pour Rouen ont été moins violents, le BEF se concentrant sur Le Havre, donnant l’ordre à la 50th Northumberland Division de tenir le temps que tout ce qui peut et doit être saboté soit détruit que ce soit le pont transbordeur, les installations portuaires, des usines….. . Elle devra ensuite soit se replier sur Le Havre ou franchir la Seine.

Elle n’aura le temps de faire ni l’un ni l’autre car elle de désintègre et ce sont des éléments isolés et épars qui pour certains vont aider les canadiens au Havre de Grâce et pour d’autres vont être évacués au sud de La Seine avant de rejoindre des unités en cours de reconstitution. L’évacuation se faisant de manière acrobatique avec tout ce qui pouvait flotter pour passer La Seine.

Cette nouvelle expérience de ratkrieg dissuade les allemands de s’emparer de Paris plus qu’une secrète admiration des officiers allemands envers les monuments parisiens qu’ils ne voulaient pas détruire (NdA toujours se méfier des mémoires écrites après guerre où il faut se montrer sous son meilleur jour surtout quand on appartient au camp des vaincus).

A l’époque le général Villeneuve s’est installé à Paris dans un lieu tenu secret (on apprendra après guerre qu’un blockhaus de commandement avait été aménagé dans le jardin de l’Hôtel des Invalides, bunker transformé en musée dans les années quatre-vingt après des années d’abandon) estimant que le rôle d’un chef est d’être en première ligne même si la guerre moderne rend plus délicate une telle exposition.

Si le «Général Tornade» à la confiance du politique, certains n’hésitent pas à prononcer mezzo voce l’idée d’une paix avec l’Allemagne. Certains tentent de remplacer le général Villeneuve rendu responsable de la situation militaire. Ces deux manœuvres échouent lamentablement. Certains responsables seront placés en résidence surveillée jusqu’à la fin du conflit.

A la fin du mois de septembre la majeure partie des troupes alliées à franchit La Seine avant de se retrancher sur la rive sud après avoir relevé les régiments territoriaux. Cela est facilité par le fait que les allemands ont privilégié la progression à l’est avec la prise de Dijon le 24 septembre et Besançon le 25.

Pour faciliter la transition, chaque régiment territorial avait été adossé à un régiment d’active, permettant par exemple aux jeunes recrues entrainées par les territoriaux de mieux intégrer les régiments d’active.

C’est à cette période que le général Villeneuve reçoit l’ordre IMPERATIF d’évacuer à Paris. Dans la nuit du 29 au 30 septembre 1949 avec son aide de camp et quatre «garde du corps» il repasse La Seine et rallie par la route la ville de Bourges où il va s’installer dans un nouveau PC souterrain comparable à l’ancien PC ATLANTIDE devenu un tas de ruines fumantes.

Vingt minutes après son passage, le lieu d’embarquement est bombardé par l’artillerie allemande (sans que l’on sache si les artilleurs teutons étaient au courant qu’ils auraient pu porter un coup mortel à l’effort de guerre allié). Vous avez dit baraka ?

Le repli des dernières unités au sud de La Seine est épique, digne de l’Anabase de Xénophon. Le fleuve qui arrose Paris est franchit sous le feu ennemi façon opération amphibie. Des ponts de bateaux sont détruits et reconstruits sans arrêt, les pontonniers français et britanniques se montrant digne de ceux du général Elbée à la Berezina.

Très vite la priorité est donnée aux hommes au détriment du matériel. Si les canons sauf les pièces les plus lourdes et/ou les plus anciennes sont évacués en revanche pour les chars c’est moins évident notamment pour les plus lourds comme l’ARL-44 Estienne ou le B-1ter.

Ces derniers sont plus ou moins cachés, plus ou moins sabotés. Si certains seront récupérés par les allemands, d’autres seront retrouvés par les alliés au moment de l’opération AVALANCHE.

Es-ce la fin de la Campagne/Bataille de France ? Les alliés l’espère pour enfin souffler et préparer la future contre-offensive. Reste à savoir si les allemands sont du même avis…… .

Mitteleuropa Balkans (116) Yougoslavie (4)

Les monarques yougoslaves

Pierre 1er

Pierre 1er (Belgrade 11 juillet (29 juin calendrier julien) 1844-16 août 1921) peut se targuer d’être le dernier roi de Serbie (15 juin 1903-1er décembre 1918) et le premier des trois rois de Yougoslavie (1er décembre 1918-16 août 1921). Ayant vécu une partie de sa vie en exil, il participe à la guerre de 1870 (après avoir été formé à Saint Cyr et à l’Ecole Militaire de Metz) au sein de la Légion Etrangère, à la Commune de Paris (sans que l’on sache les détails de son action) puis au soulèvement de la Bosnie-Herzégovine (1875-1877).

Il s’est marié en 1883 à la princesse Zorka du Monténégro (fille de Nicolas 1er) qui lui donna cinq enfants (dont trois seulement arriveront à l’âge adulte) dont le prince Alexandre futur Alexandre 1er de Yougoslavie.

A la mort de son père en 1885, il devient le chef de la maison Karadjordjevic, les rivaux de la maison Obrenovic. Après le coup d’état et le meurtre d’Alexandre 1er Obrenovic en mai 1903 il devient roi de Serbie à l’âge de 59 ans.

Il est couronné le 21 septembre 1904. Si le meurtre d’Alexandre, de son épouse et de sa famille choque, les répercussions pratiques sont faibles.

Roi libéral et modéré, il incarne la nation serbe durant le premier conflit mondial même si en pratique c’est son fils Alexandre qui gérait les affaires courante en qualité de régent. Sur le plan de la politique étrangère il rompt avec l’usage de son prédecesseur, s’éloignant de l’Autriche-Hongrie pour se rapprocher de la Russie. Il engage la Serbie dans les deux guerres balkaniques ce qui permet à la Serbir d’augmenter substantiellement sa superficie en direction du sud.

Son règne jusqu’en 1914 est vu comme un âge d’or avec une liberté quasiment totale ce qui contrastait avec les états voisins. Il fût vu comme le champion de l’idée yougo-slave.

Déjà malade en 1914, il n’hésite cependant pas à visiter les tranchées pour soutenir le moral de son armée. Après l’anabase du peuple serbe, il se réfugie à Corfou où il reste jusqu’en juillet 1919 date à laquelle il rentre à Belgrade. Il meurt deux ans plus tard à l’âge de 77 ans. Il est enterré dans l’Eglise Saint George près de Topola dans le centre de la Serbie.

Alexandre 1er

Alexandre II de Serbie puis Alexandre 1er de Yougoslavie (Cetinje 16 décembre 1888 Marseille 9 octobre 1934) est le deuxième monarque à régné sur le Royaume des Serbes, Croates et Slovènes.

Deuxième fils de Pierre 1er (1844-1921), roi de Serbie de 1903 à 1918 puis roi des serbes, croates et slovènes (1918-1921).

Il est le troisième enfant du «Roi Libérateur» après sa sœur ainée Hélène née en 1884 et son frère Georges né en 1886 mais qui est exclu de la succession en 1909 pour avoir battu à mort son valet de chambre (Il entrera en conflit avec son cadet sera emprisonné en 1925, libéré par son neveu mais devant de nouvelles manigances il sera exilé et ne retrouvera la Yougoslavie qu’en 1972 peu avant sa mort).

Le 8 juin 1922, il épouse la princesse Marie de Roumanie qui lui donne trois enfants, trois fils le futur Pierre II né le 6 septembre 1923, son frère Tomislav Karadjordjevic né le 19 janvier 1928 et le cadet Andrej né non pas à Belgrade comme ses ainés mais à Bled en Slovénie le 28 juin 1929.

Il participe aux deux guerres balkaniques, participation dont il retire un certain prestige ce qui explique peut être pourquoi son père déjà âgé en 1914 (70 ans) lui confie la régence alors que la guerre s’annonce chaque jour plus menaçante.

La Serbie est occupée en 1915 mais Belgrade est parvenu non sans mal à exfiltrer soldats et civils permettant de continuer une lutte qui rendit Alexandre très populaire en France.

Le 1er décembre 1918 le royaume des Serbes, Croates et Slovènes voit officiellement le jour. Pierre 1er est officiellement le roi mais en pratique âgé et malade la régence d’Alexandre se poursuit et ne prends fin que le 16 août 1921 date à laquelle la mort de son père fait de lui le deuxième roi du nouvel état sous le nom d’Alexandre 1er.

Roi volontaire et autoritaire, il est bien décidé à imposer si besoin par la force l’idée yougoslave et lutter contre les forces centrifuges qui bien des années plus tard allaient renvoyer la Yougoslavie dans les livres d’histoire aux côtés d’autres états comme l’Autriche-Hongrie. Il n’en pas été toujours ainsi, le début de son règne voyant un respect du régime parlementaire.

L’élément déclencheur de ce basculement autoritaire est l’attentat du 14 juin 1928 contre le leader croate (mais favorable à l’idée yougoslave) Stjepan Radic. C’est d’ailleurs le successeur de ce dernier Vladko Macek qui allait le conduire à mener une politique plus autoritaire.

En 1929 il rebaptise son royaume Yougoslavie. C’est tout sauf du gadget. Il s’agit clairement de montrer aux serbes, aux slovènes et surtout aux turbulents croates que désormais on est yougoslave un point c’est tout. C’est d’ailleurs à cette occasion qu’il devient officiellement Alexandre 1er de Yougoslavie et abandonne son nom de règne originel à savoir Alexandre II de Serbie.

Cette politique digne d’un despote éclairé lui attire de sérieuses inimités de la part de mouvement extrémistes comme les oustachis croates ou la VMRO macédonienne.

Pour ces organisations, Alexandre 1er est un tyran et le tuer devient un acte légitime pour libérer les autres peuples yougo-slaves de la tyrannie serbe, les autres nationalités du royaume d’Alexandre 1er considérant de plus en plus la Yougoslavie alexandrine comme une Serbie plus étendue.

Plusieurs attentats sont déjoues mais hélas pour le roi de Yougoslavie l’un d’eux va réussir. Nous sommes le 9 octobre 1934 à Marseille où le roi de Yougoslavie à débarqué du destroyer Dubrovnik pour une visite officielle en France. Il est accueillit dans le Vieux Port par le ministre de la marine François Pietri puis va être accompagné par le ministre des affaires étrangères Louis Barthou.

Cette visite à Marseille est la première étape d’un voyage officiel destiné à renforcer les liens entre la France et la Yougoslavie alors que de sombres nuages s’amoncèlent à l’horizon, nuages mussoliniens et hitlériens.

Il est victime des tirs de Vlado Tchernozemski, un tueur de la VROM travaillant pour l’organisation Oustachi dirigé par Ante Pavelic.

Le service d’ordre en dessous du tout riposte n’importe comment et si Louis Barthou succombe tout comme le roi de Yougoslavie (qui aurait parait-il dit comme derniers mots «gardez-moi la Yougoslavie» même si ces mots sont probablement apocryphes) le ministre des Affaires Etrangères français à été victime d’une balle d’un policier français. Le tueur grièvement blessé succombe dans la soirée.

Les obsèques du premier vrai roi de Yougoslavie ont lieu à Belgrade le 17 octobre 1934 en présence du président Albert Lebrun et du maréchal Pétain.

Son fils Pierre II âgé de onze ans lui succède sous la régence de son oncle, le prince Paul.

Pierre II

Pierre II passionné d’aviation en tenue de pilote aux cotés du général Montgomery et de Winston Churchill

Pierre II (Belgrade 6 septembre 1923 Los Angeles 3 novembre 1970) est le fils ainé d’Alexandre 1er et de Marie de Roumanie. Prince héritier dès sa naissance, il devient roi à la mort de son père même si trop jeune pour régner effectivement il est chapeauté par son oncle Paul.

A sa majorité en septembre 1942 il prends seul les reines du pouvoir. Il poursuit la politique de désescalade de son oncle pour éviter l’implosion de la Yougoslavie. En octobre 1944 il épouse Alexandra de Grèce qui lui donnera un fils prénommé Alexandre.

Quand le second conflit mondial éclate il va bientôt fêter ses vingt-cinq ans. Il prononce un discours qui se termine par ses mots «Je suis serbe je suis croate je suis slovène je suis bosniaque je suis monténégrin je suis macédonien mais surtout je suis yougoslave. Des barbares sont à nos portes ils veulent détruire notre pays. Je sais que tout le monde fera son devoir comme je fais le mien. Puisse Dieu nous apporter son aide».

Selon certains historiens ce discours à eu un profond impact sur les non-serbes qui auraient pu être tentés de ne pas avoir envie de mourir pour Belgrade. Certes il y eut des désertions et des mutineries notamment chez les croates mais dans l’ensemble le haut-commandement de l’armée majoritairement serbe à été visiblement agréablement surpris par la résilience et la discipline des troupes d’origine slovène ou croate.

Après la submersion de la Yougoslavie, Pierre II, son épouse, son jeune fils Alexandre et son gouvernement se réfugient en Palestine, s’installant d’abord à Jerusalem puis au Caire où un gouvernement en exil yougoslave doit gérer la reconstitution d’une armée pour libérer le pays en liaison avec les alliés.

A la fin du conflit il rentre à Belgrade (14 mai 1954). Le Royaume de Yougoslavie est reconstitué, les traitres châtiés et une série de réformes politiques mises en place dans l’espoir d’éviter une submersion communiste.

Hélas pour Pierre II les communistes relancent la guérilla doublé d’un harcèlement politique. Le risque de troubles généralisés devient-tel que le fils d’Alexandre 1er lassé des querelles politiques préfère abdiquer le 17 juin 1958 au profit de son fils Alexandre qui devient Alexandre III de Yougoslavie (le II à été sauté pour éviter la confusion avec son grand-père Alexandre II de Serbie et Alexandre 1er de Yougoslavie).

Ce dernier va régner quelques semaines puisque le 17 octobre 1958 un coup d’état communiste renverse la monarchie yougoslave. La famille royale doit s’exiler aux Etats-Unis pendant qu’une république populaire est proclamée à Belgrade.

Pierre II s’installe en Californie. Amer et désabusé, il sombre dans l’alcoolisme et meurt d’une cirhose du foie. Enterré à Los Angeles, son corps à finalement été raméne en Serbie en 2006 et inhumé aux côtés de son père dans la crypte des Karadjordjevic.

Politique intérieure : miscellanées

Comme nous l’avons vu plus haut, Alexandre 1er à tenté de faire des yougoslaves après avoir créé la Yougoslavie un peu si il avait suivit cette phrase prétée à Massimo d’Azeglio, un des penseurs du Risorgimento «L’Italie est faite, il reste à faire les italiens».

Par inclination personnelle il choisit une méthode autoritaire en profitant de l’attentat du 20 juin 1928 ayant coûté la vie au chef du Parti Paysan Croate, Stjepan Radic. Il supprime les regions historiques au profit de régions administratives baptisées banovinas.

Carte des banovinas du royaume de Yougoslavie

Il emprisonne tout opposant à sa politique, interdit les partis basés sur l’ethnie, la religion ou la nation, met en place une cour de sureté de l’Etat ainsi qu’une législation d’exception.

Cette politique apaise temporairement la situation mais va lui coûter la vie lors d’un attentat mené à Marseille le 9 octobre 1934 avec un tueur de la VMRO aidé par le mouvement oustachis et par l’Italie fasciste.

Il est remplacé par son fils Pierre II âgé de seulement onze ans sous la régence de son oncle le Prince Paul. Ce dernier va reprendre la politique de son cousin défunt (il est le fils d’Arsen de Serbie, frère de Pierre 1er de Serbie puis de Yougoslavie) mais en se montrant plus habile et moins autoritaire.

Contrairement à ce qu’aurait pu laisser penser son action diplomatique à la fin des années trente en direction de l’Axe il est plus démocrate que le roi assassiné à Marseille.

Comme le dira un historien yougoslave «Paul de Yougoslavie aurait été un grand roi mais il restera à jamais un incompris».

Le fait qu’il n’est jamais rédigé ses mémoires et que ses papiers personnels ne sont toujours pas accessibles aux historiens fait qu’il est difficile de se faire une idée précise de ses idées et de son action.

Certains sont moins élogieux et estiment qu’il manquait de caractère et de force de travail pour faire un grand roi.

Dans un geste d’apaisement, le régent avec l’accord de son neveu relâche un peu l’emprise sur les partis et les opposants au régime alexandrin. Une amnistie libère de nombreux prisonniers qui pour beaucoup préfèrent s’exiler plutôt que de tendre la main au régent qui semble vouloir sincèrement le bien du royaume.

Quand éclate la guerre de Pologne la Yougoslavie sous l’autorité de Pierre II fils d’Alexandre 1er est au bord du gouffre.

On craint même un effondrement du pays et une nouvelle implosion comme vingt ans plus tôt avec l’Autriche-Hongrie. Nul doute qu’une invasion étrangère qu’elle soit italienne, allemande ou d’un des pays voisins aurait provoqué la fin du jeune royaume.

Le retour d’une paix fragile en Europe est vue comme un signe du destin. Ce qu’on pourrait appeler des hommes de bonne volonté tentent de réformer le royaume en évitant les écueils nationalistes non sans quelques prometteurs résultats.

La Yougoslavie n’est pas devenu la Suisse des Balkans, il y à toujours des tiraillements entre les nationalités mais mis à part d’indécrottables nationalistes du genre borné et buté (qui pour beaucoup se retrouveront dans le camp de l’Axe) la plupart des partis politiques veulent vraiment donner leur chance à l’idée yougoslave.

La vie politique yougoslave se sont aussi des élections. Les élections à l’Assemblée Constituante organisées en 1920 aboutissent à l’émergence de trois partis : le parti Démocratique, le Parti Populaire Radical et le Parti Communiste même si ce dernier sera vite interdit.

Les premières vraies élections législatives yougoslaves ont lieu le 18 mars 1923 avec la victoire du Parti Populaire Radical qui remporte à nouveau les élections organisées le 8 février 1925 et le 11 septembre 1927.

De nouvelles élections sont organisées le 5 mai 1935 avec la victoire du Parti National Yougoslave puis le 11 décembre 1938 avec la victoire de l’Union Radicale Yougoslave.

Les élections suivantes ont lieu en septembre 1941, en septembre 1944 et en septembre 1947, A chaque fois ce sont des coalitions organisées autour du Parti Démocratique, un parti de centre-droit qui va dominer la vie politique yougoslave jusqu’au second conflit mondial.

Politique étrangère : miscellanées

Au début des années soixante les communistes au pouvoir depuis 1958 envisagèrent de s’unir avec l’Albanie et la Bulgarie dans une fédération balkanique capable de faire bloc. Ce projet n’aura aucune suite tout comme un projet de janvier 1920 qui prévoyait le démantèlement de la Principauté d’Albanie entre l’Italie, la Yougoslavie et la Grèce.

Dans un premier temps les relations italo-yougoslaves sont tendues, Rome revendiquant des territoires appartenant au Royaume des Serbes, Croates et Slovènes. Néanmoins avec le temps la situation s’apaise et s’améliore avec la signature en 1924 d’un traité qui démantèle l’Etat libre de Fiume, la ville intégrant le Royaume d’Italie alors que la future Yougoslavie récupère l’arrière pays majoritairement slavophone.

Dans ces années vingt encore incertaines les nouveaux pays de la région souhaitent se prémunir contre une politique étrangère revancharde venant moins de la Russie que de la Hongrie qui suite aux traités soldant le premier conflit mondial est passé du statut de grande puissance à celui d’une puissance de seconde zone.

Le 14 août 1920 un accord d’assistance est signé entre la Tchécoslovaquie, la Roumanie et le Royaume des Serbes, Croates et Slovènes pour se protéger contre une attaque hongroise, Budapest n’ayant jamais pleinement admis le traité de Trianon signé le 4 mai précédent.

Cette alliance est renforcée par des accords bilatéraux entre la Roumanie et la Tchécoslovaquie (23 avril 1921), entre la Roumanie et le Royaume des Serbes, Croates et Slovènes (7 juin 1921) et entre le Royaume des Serbes, Croates et Slovènes et la Tchécoslovaquie (31 août 1921). La Petite Entente entend garantir, par la force si besoin, les traités de paix.

Cette alliance est cependant imparfaite et incomplète puisque ne prenant pas en compte les autres menaces que ce soit l’URSS (vis à vis de la Roumanie), l’Italie (vis à vis de la Yougoslavie) ou encore l’Allemagne et la Pologne (vis à vis de la Tchécoslovaquie).

Suite aux accords de Locarno, la France signe des alliances militaires avec Prague (16 octobre 1925), avec Bucarest (10 juin 1926) et Belgrade (novembre 1926).

En 1934 la Yougoslavie signe un accord commercial avec l’Albanie et la même année le 9 février la Yougoslavie signe le Pacte Balkanique avec la Grèce, la Turquie, la Roumanie à Athènes pour maintenir le status quo dans une région qui méritait plus que jamais son surnom de «Poudrière des Balkans» tant les contentieux et les sources de conflit étaient nombreux.

Ce traité était également tourné contre une Bulgarie vaincue durant le premier conflit mondial et dont on redoutait un retour en force pour recréer une Grande Bulgarie qui avait brièvement existé après le traité de San Stefano en 1878 et que Sofia cherchait à recréer. Il s’agissait d’un véritable letmotiv de sa politique étrangère.

Ce pacte avait comme la Petite Entente de sérieuses limites, la principale étant le refus de l’Italie, de l’Albanie, de la Bulgarie, de la Hongrie et de l’URSS de signer ce texte. Le traité est enregistré par la Société des Nations (SDN) le 1er octobre 1934.

A peine quatre ans après la signature de ce pacte les signataires négocièrent le retour de la Bulgarie dans le concert des nations en signant l’Accord de Salonique.

Cet accord signé dans la même ville que l’armistice qui sortit Sofia de la guerre annula les clauses des traités de Neuilly-sur-Seine et de Lausanne, traités qui sanctionnaient les défaites bulgares et ottomanes. Il permettait surtout à la Bulgarie de réarmer officiellement, chose qu’elle avait commencé clandestinement depuis longtemps.

Ce pacte littéralement vidé de sa substance par l’accord de Salonique devint une coquille vide. Il y eut bien quelques tentatives de le faire revivre mais sans succès.

Le 25 mars 1937 la Yougoslavie signe un accord avec l’Italie, un accord qui affaiblit la Petite Entente même si Belgrade n’intègre pas vraiment la sphère d’influence italienne, refusant par exemple de soutenir l’invasion italienne de l’Albanie mais refuse aussi de condamner l’annexion du royaume de Zog 1er ce qui lui reproche les autres signataires du Pacte Balkanique.

Dans l’ensemble la Yougoslavie essaye de garder une politique équilibrée puisque tout en obtenant un prêt de 600 millions de francs auprès d’une banque française pour acheter du matériel militaire elle fournit bauxite et cuivre à l’industrie militaire allemande.

Suite aux renoncements français de la fin des années trente, ces pays vont davantage se tourner vers l’Allemagne.

Nul doute que si la guerre de Pologne était devenu un conflit mondial nul doute que cette région aurait durablement échappé aux alliés. Son arrêt brutal en décembre 1939 permet à Paris et à Londres de remettre l’ouvrage sur le métier.

Plus facile à dire qu’à faire puisque si la réputation dégringole par l’ascenseur, elle remonte par l’escalier. Il faudra du temps, de la patience, du doigté et un soupçon de chance pour rendre la région moins hostile aux alliés.

Lioré et Olivier LéO 451 de l’armée de l’air. C’était le bombardier yougoslave le plus moderne en service en 1949

Le 14 septembre 1945 un accord de coopération et d’assistance militaire est signé entre Paris et Belgrade. C’est le début d’une coopération politique et militaire limitée mais réelle. Du matériel militaire moderne (Lioré et Olivier Léo 451, chars légers Renault R-35 et Hotchkiss H-39) est fournit à un tarif préférentiel, livraisons qui s’accompagnent d’une assistance militaire.

Le Hotchkiss H-39

La Mission Militaire Française en Yougoslavie (MMFY) arrive le 21 octobre 1945 sous l’autorité du général Gamelin, l’ancien généralissime des armées françaises devant transmettre les nouvelles idées militaires françaises à l’armée yougoslave, renouant avec l’immédiat après guerre quand tous les pays avides de savoir réclamaient des missions militaires françaises.

Accompagné de 156 officiers et sous-officiers _certains jeunes officiers sortis des écoles et d’autres plus en fin de carrière_ il va participer à la réorganisation de l’armée yougoslave même si le temps et les moyens manqueront pour réaliser les projets prévus.

Cette MMFY va également servir d’officine de renseignement, recueillant infos véridiques et bruits de couloir qui alimentaient les rapports des attachés militaires de l’ambassade de France à Belgrade.

L’action de cette mission n’est pas appréciée par tout le monde et plusieurs attentats seront déjoués par la police yougoslave. La MMFY tentera de pousser à la réalisation de plans militaires communs entre Paris et Belgrade mais cette politique d’influence se heurtera au refus du gouvernement de Pierre II soucieux de ne pas donner de prétexte à l’Italie ou à l’Allemagne.

La MMFY quitte la Yougoslavie le 27 août 1948 et rentre en France. Néanmoins son action depuis 1945 sera précieuse et à sans nul doute renforcé les capacités de l’armée yougoslave.

Mitteleuropa Balkans (114) Yougoslavie (2)

HISTOIRE DE LA YOUGOSLAVIE

Avant-propos

Le concept de regrouper les Slaves du Sud (Yougo-Slaves) apparaît à la fin du 17ème siècle. Au 19ème siècle le mouvement illyrien (1835-1863) marque la naissance d’un sentiment national croate.

Au delà du culturel, les leaders du mouvement voulaient créer au sein de l’Autriche-Hongrie un établissement national croate. Ils évolueront vers l’idée de regrouper sous un même état les cousins slovènes, bosniens et serbes, les Jug-Slaveni (sud-slaves).

On aurait pu aboutir à la Croatie comme cœur moteur de l’union des Slaves du Sud mais comme nous le savons tous ce sera la Serbie, état constitué en 1918 qui deviendra le cœur battant de la future Yougoslavie.

Cette union va se faire sur les ruines et les décombres de l’Autriche-Hongrie qui comme les trois autres empires présents en août 1914 disparaît ce qui était plus ou moins attendu tant les observateurs les plus lucides savaient que comme la Russie des Romanov, l’Autriche-Hongrie des Habsbourgs était un colosse aux pieds d’argile traversé par tellement de failles que sa survie jusqu’en 1918 pouvait être considéré comme miraculeuse.

Il était important pour moi de rappeler le contexte car cela expliquera un certain nombre de choses par la suite. Je pourrai refaire de l’uchronie dans l’uchronie mais on peut imaginer une histoire différente si les slovènes, les croates, les bosniens et les monténégrins s’étaient unis dans un contexte de paix.

L’union va se faire dans les années chaotiques de l’immédiat après premier conflit mondial où les passions sont encore à vif. Les croates et les slovènes sont impatients de prendre leur indépendance et espèrent que les serbes joueront le jeu d’une véritable union.

Or la Serbie qui à terriblement souffert du premier conflit mondial (violents combats, anabase homérique, occupation rude) veut restaurer sa grandeur et son prestige (N’oublions pas que la Serbie avant la conquête ottomane à connu des périodes où elle était un acteur majeur de la région).

Les non-dits et les rancoeurs vont provoquer un chaos politique régulier, un chaos à bas bruit avec une vie politique mouvementée, une tentative du roi Alexandre 1er de Yougoslavie de centraliser et d’unifier la Yougoslavie au mépris du poids des nationalités, volonté que l’on pourrait comparer à celle d’un «despote éclairé» voulant faire le bien de ses sujets contre leur gré (NdA éternel débat de savoir si le pouvoir doit suivre tout ce que le peuple veut ou si il doit parfois aller à contre-courant), volonté qui allait lui coûter la vie un jour d’octobre 1934 du côté de Marseille.

La Yougoslavie retourne ensuite à la démocratie avec le règne de Pierre II, fils encore mineur du roi assassiné. Si la situation s’apaise un temps, nul doute que si la guerre de Pologne s’était prolongée on aurait pu craindre le pire pour le royaume de Yougoslavie surtout en cas d’invasion étrangère qu’elle soit italienne ou allemande.

La Pax Armada va être l’occasion de revenir à plus de stabilité, plus de sérénité. Pierre II en dépit de son jeune âge va se montrer assez habile.

Il parvient à donner des gages aux slovènes et surtout aux turbulents croates. Il réprime les extrémistes de tous bords et tente de dévelloper une véritable idéologie yougoslave un peu comme son père mais avec plus de réussite.

En septembre 1948 si la Yougoslavie n’à pas exorcisé tous ces démons elle peut voir l’avenir avec une relative sérénité. C’est alors que le second conflit mondial éclata……. .

Du Royaume des Serbes, Croates et Slovènes au Royaume de Yougoslavie

Petit retour en arrière : la Serbie entre grandeur et décadence

Le cœur battant de la Yougoslavie est donc à l’est sous la forme de feu le Royaume de Serbie (Kraljevina Srbija) qui le 6 mars 1882 succède à la Principauté de Serbie (Kneževina Srbija)quand le prnce Milan de la dynastie Obrenovic devient roi sous le nom de Milan 1er.

Cette principauté avait officiellement vue le jour en 1817 quand après des années de troubles et plusieurs révoltes l’empire ottoman décide de lâcher du lest. Il faut néanmoins attendre 1830 pour que cette situation se stabilise juridiquement parlant avec la mise en place d’une série de textes à partir de 1828. Milos Obrenovitch devient prince hériditaire de Serbie.

Cet état va voir deux dynasties alterner au pouvoir. C’est ainsi que les Obrenovic sont au pouvoir de 1815 à 1842 et de 1858 à 1882, les Karadjordevic de 1842 à 1858 avant de revenir au pouvoir en 1903 à une époque où la principauté est devenue royaume.

Vont donc se succéder sur le trone serbe Milos Obrenovitch 1er (1780-1860) prince hériditaire de servie de 1817 à 1839 et de 1858 à 1860, Ses fils Milan Obrenovitch II (1819-1839) et Michel Obrenovitch (1823-1868) qui règne respectivement en 1839 et de 1839 à 1842, Aleksandar Karadjordevic (1806-1888) prince de 1842 à 1858, Mihailo Obrenovitch III (1823-1868), prince de 1860 à 1868 et enfin Milan Obrenovitch IV (1854-1901), prince de 1868 à 1882 puis roi de Serbie jusqu’en 1889.

Le 5 octobre 1866 la Serbie signe une alliance avec le Monténégro puis avec la Grèce le 18 avril 1887 en vue d’une guerre contre l’empire ottoman pour libérer les peuples chrétiens du joug ottoman. Cette alliance allait finalement n’être qu’un coup d’épée dans l’eau.

En 1867 la garnison ottomane quitte occupait Belgrade quitte la capitale serbe. De facto la Serbie est indépendante même si il faudra attendre 1878 pour qu’elle soit reconnue de jure par le Congrès de Berlin.

D’abord limitée au territoire du Pashaluk de Belgrade (appelé également territoire du Sandjak de Smeredevo) la principauté s’étend entre 1831 et 1873 vers l’est, le sud et l’ouest.

La population est à 87% serbe. On trouve également 10.5% de Valaques, 2.1% de Roms et 0.5% d’autres nationalités. Sur le plan religieux, la religion orthodoxe est dans une situation monopolistique avec 99.2% des habitants fidèles de cette religion.

La croissance démocratique est spectaculaire puisque la Serbie passe de 678192 habitants à 1 669 337 habitants entre 1834 et 1878.

En 1869 une nouvelle constitution est promulguée, neuf ans avant que l’indépendance ne soit officiellement reconnue au congrès de Berlin. En 1882 la principauté devient donc royaume, Milan Obrenovitch IV devant Milan 1er.

Du 14 au 28 novembre 1885 la Serbie affronte la Bulgarie dans une guerre où elle à le dessus et uniquement parce que les austro-hongrois ont menacé d’intervenir contre la jeune armée bulgare. Le conflit est réglé par le Traité de Bucarest signé le 19 février 1886. la Serbie reconnait l’unification de la Bulgarie (principauté de Bulgarie et Roumélie orientale sous l’union personnelle de Ferdinand 1er).

Une nouvelle constitution est promulguée en 1888 mais Milan 1er refuse de voir ses pouvoirs ains contraints et préfère abdiquer l’année suivante en 1889. Son fils Alexandre 1er (NdA à ne pas confondre avec le roi de Yougoslavie assasiné en 1934) lui succède en 1893 et supprime cette constitution en 1894.

Roi controversé par sa politique et par sa vie privée, Alexandre 1er Obrenovitch est assassiné en compagnie de son épouse et de sa famille dans la nuit du 28 au 29 mai 1903 (10/11 juin dans le calendrier grégorien) (Coup d’Etat de Mai) ce qui entraine l’extinction de cette maison régnante.

L’assemblée serbe (Shupstina) propose à Pierre Karadjordevic de devenir roi sous le nom de Pierre 1er. Après avoir hésité _on aime guère accepter une couronne après un coup d’état doublé d’un assassinat_ il finit par accepter et est couronné le 21 septembre 1904 (calendrier grégorien) dans un contexte difficile, la mort d’Alexandre 1er et de sa famille ayant choqué l’Europe entière.

Pierre 1er de Serbie puis de Yougoslavie

C’est la fin des bonnes relations avec l’Autriche-Hongrie, Belgrade se tournant davantage vers la France et la Russie. Un traité d’amitié est signé avec la Bulgarie en avril 1904 suivit d’une union douanière en juin 1905. Entre 1906 et 1909 une véritable guerre douanière oppose la Serbie à l’Autriche-Hongrie.

Le 6 octobre 1908 l’Autriche-Hongrie annexe la Bosnie-Herzegovine qu’elle occupait et qu’elle gouvernait depuis 1878. Pour la Serbie c’est un camouflet car ce territoire était une voie naturelle d’expansion. Cette annexion est comme nous le savons une réponse à la proclamation la veille de l’indépendance bulgare.

Le Royaume de Serbie va participer aux deux guerres balkaniques. Ces deux conflits véritables répétition de la première guerre mondiale sont les deux faces d’une même pièce avec d’abord des nations balkaniques unies pour chasser l’empire ottoman d’Europe puis des alliés d’hier devenus des ennemis d’aujourd’hui.

Un traité d’alliance serbo-bulgare est signé en mars 1912, Belgrade et Sofia voulant se partager le Vardar macédonien. En mai la Serbie signe un traité similaire avec la Grèce et en octobre c’est autour du Monténégro de signer un traité d’alliance militaire avec la Serbie.

Durant ces deux guerres la Serbie va conquérir le Kosovo _considéré comme le berceau de la nation serbe_, la Macédoine, le Sandjak de Novi Pazar. Le traité de Londres signé après la première guerre permet à la Serbie de s’emparer du Kosovo et du nord-ouest de la Macédoine.

Après la deuxième guerre qui voit la Bulgarie attaquer ses anciens alliés serbes et grecs, le traité de Bucarest permet à la Serbie de récupérer tout le Vardar macédonien. Elle aurait souhaité pouvoir disposer d’une fenètre maritime sur l’Adriatique mais les grandes puissances préfèrent créer un royaume d’Albanie. La Serbie gagne 81% de superficie et 1.6 millions d’habitants (passant de 2.9 à 4.5 millions).

Comme nous l’avons à propos de la Bulgarie, la Serbie est aux premières loges durant le premier conflit mondial. Attaquée par les Empires Centraux, elle fait mieux que se défendre mais finit par craquer.

Commence alors une terrible Anabase en plein hiver dans les montagnes albanaises.. 400000 militaires et civils entament un véritable périple direction les ports albanais où des navires italiens parviennent à les évacuer en direction de Corfou. Seuls 120000 soldats (sur 135000) et 60000 civils (sur 280000) parviennent sur l’île grecque. Cela n’est pas finit car 11000 soldats et civils finiront par succomber des conséquences de cette odyssée.

Les autres composantes nationales

Dans cette partie je vais balayer à gros traits l’histoire des autres composantes du royaume de Yougoslavie en essayant de rester factuel et de ne pas trop me disperser.

Slovenie

La Slovénie à fait partie intégrante de l’empire romain. Les invasions barbares vont dévaster le territoire et pour cela les habitants de la future Slovénie ne peuvent incriminer que la géographie puisque leur territoire est un point de passage obligé entre la plaine de Pannonie et la péninsule italique.

Les Slaves s’installent dans ce qui allait devenir la Slovénie à la fin du 6ème siècle. Le territoire va ensuite passer sous l’autorité du Saint Empire Romain Germanique puis après 1806 sous la souveraineté de l’empire d’Autriche et de la maison des Habsbourgs.

Les ancêtres des slovènes actuels occupaient les régions actuelles de la Carinthie, de la Styrie (ouest) et de la Slavonie. Il y eut une brève union avant une division entre les slaves de Carniole (Slovénie actuelle) alors que les Slaves du Nord vont former la Principauté de Carantanie qui par déformation allait devenir la Carinthie. Cette dernière en 746 passe sous la tutelle de la Bavière.

Au 9ème siècle le territoire est sous l’influence du duché de Bavière mais aussi d’une puissance en devenir, la République de Venise. En 952 l’empereur Othon 1er fonde un duché de Karananie qui intègre une partie de l’actuelle Slovenie.

Région frontalière, la future Slovenie était une marche pour protéger le Saint Empire contre les incursions des slaves et des hongrois. La Carniole qui correspond grosso modo à la Slovenie actuelle est une marche de 1040 à 1364 puis un Duché de 1364 à 1918.

La Slovenie n’à pas de statut spécifique mais ils ont des députés à Vienne. Un embryon d’Etat slovène, le comté de Celje disparaît en 1456 après la mort du dernier titulaire tué par Jean Hunaydi.

Si les élites soucieuses de leur position se germanisent, la paysannerie résiste et conserve une identité spécifique. Sur le plan religieux la Réforme est un temps très populaire mais la Contre-Réforme catholique finit par triompher notamment grâce à l’action de l’Archiduc et futur empereur Ferdinand (empereur de 1590 à 1637). En 1573 une révolte paysanne dévaste la région.

En 1806 le Saint Empire Romain Germanique disparaît cédant la place à l’Empire d’Autriche. Les territoires correspondant à la Slovénie restent domaines patrimoniaux de la Maison d’Autriche. Une partie de la Slovénie, le duché de Carniole dont la capitale était Laibach (Lubjana) intègre les Provinces Illyriennes, un territoire sous contrôle français d’octobre 1809 à août 1813. En 1815 le duché est réintégré à l’Autriche avant d’intégrer le Royaume d’Illyrie le 2 août 1816.

Ce royaume va rapidement perdre des territoires au profit des royaumes de Croatie et de Slavonie, le royaume d’Ilyrie ne regroupant plus que le duché de Carinthie, le duché de Carniole et le Littoral Autrichien qui correspond grosso modo à l’Istrie et à la Dalmatie.

En 1848 une proposition est faite pour regrouper tous les slovènes sous un même royaume autonome. Ce projet n’aboutit pas et en 1849 le royaume disparaît laissant des territoires autonomes (Carinthie, Carniole et le Littoral autrichien).

En février 1861 une patente met en place une Diète provinciale qui envoie des élus au Reichsrat, le parlement de la Cisleithanie.

Après 1918 et la disparition de l’Autriche-Hongrie, une grande partie du territoire slovène va intégrer la Yougoslavie mais une petite partie (32700 km² et 1.3 millions d’habitants tout de même) intègre le Royaume d’Italie.

Toujours en 1918 un conflit armé oppose les slovènes à la République d’Autriche allemande, l’un de ses états éphémères apparus dans l’immédiat après guerre. Les territoires contestés ssont la Basse Styrie et le Sud de la Carinthie. Par le traité de Saint Germain, Maribor et la Basse Styrie sont accordés à la Yougoslavie.

Des combats ont lieu en Carinthie du Sud (décembre 1918 à juin 1919), des volontaires slovènes aidés par l’armée serbe tentent d’occuper Klagenfurt.

En octobre 1920 la majorité de la population de la Carinthie du Sud vote pour rester autrichienne, la seule exception étant la région autour de Dravograd et de Gustany qui est accordée à la future Yougoslavie.

Le traité de Trianon (1920) accorde au royaume de Yougoslavie une région pourtant non slovène, celle de Prekmuye qui appartenait à la Hongrie depuis le 10ème siècle.

En 1929 la Slovénie est rebaptisée Drava Banovina (Drava Banate) du nom de la rivière Drava, la capitale provinciale étant logiquement Lubjana, l’ancienne Laibach. La Slovénie renait en 1944 et sans devenir confédérale la Yougoslavie se libéralise.

Cela explique en partie pourquoi les slovènes et les croates ont combattu en 1949 avec une certaine détermination alors que le haut-commandement serbe craignait mutineries et désertions massives.

Croatie

La Croatie telle que nous l’entendons aujourd’hui couvrait deux provinces romaines, la Dalmatie et la Pannonie. Après 476 et la chute de l’Empire romain d’Occident, elle est occupée par les Ostrogoths pendant cinquante ans avant d’être intégré à l’empire byzantin.

Au VIIème siècle apparaissent ce qu’on pourrait qualifier les proto-états croates, le Duché de Croatie et le Duché de Croatie Pannoniène. Si le premier va perdurer, le second disparaît au 10ème siècle après environ 300 ans d’existance.

Le Duché de Croatie comprend le littoral de l’actuelle Croatie sauf l’Istrie. Ce territoire est l’objet des convoitises franques et byzantines. Une rivalité nait également avec l’orgueilleuse République de Venise bien décidée à faire de l’Adriatique une Mare Venetium. Des batailles opposent les croates aux bulgares mais très vite les relations s’améliorent à la différence des relations avec les arabes qui restent hostiles.

Vassalisé par les Francs vers 790, le duché de Croatie devient en 879 un duché sans suzeraineté suite à l’intervention du pape Jean VIII. En 925 le duché de Croatie devient un royaume d’abord indépendant puis en union personnelle avec la Hongrie à partir de 1102.

La Croatie est en première ligne contre les ottomans. Une marche militaire appelée la Frontière Militaire/Militärgrenze/Vojna Krajina est mise en place en 1553 et supprimée en 1881. C’était un véritable front pionnier avec fortins, fortifications et surtout une colonisation de peuplement par des valaques, des allemands et surtout des serbes ce qui entrainera une cascade de terribles événements notamment durant le second conflit mondial. D’ailleurs la région concernée en Croatie est la Krajina.

Si la Croatie dépend de la Cisleithanie, il est important de noter que la Dalmatie forme un Royaume autonome.

Comme nous l’avons déjà vu au milieu du 19ème siècle, apparaît un romantisme nationaliste croate pour contrer une politique de germanisation et de magyarisation. C’est le mouvement illyrien.

En 1848 la Croatie, la Slavonie et la Dalmatie restent du côté habsbourgeois par peur du nationalisme hongrois. Cela ne leur valut aucun traitement de faveur de la part du nouvel empereur François Joseph.

En 1867 l’empire d’Autriche devient l’empire austro-hongrois et l’année suivante en 1868 on compromis croato-hongrois est signé.

En 1918 les croates décident de s’engager dans l’aventure de l’idée yougoslave dans l’espoir d’aboutir à un état confédéral. Leurs espoirs vont être vite deçus et cette déception est rendue encore plus amère par le fait qu’économiquement la Croatie moins touchée par le premier conflit mondial s’en sortait mieux que nombre de régions de Serbie.

La situation reste très tendue pour ne pas dire explosive en Croatie durant l’entre-deux-guerres et nul doute que si Pierre II n’était pas revenu sur la politique autoritaire de son père nul doute qu’avant même l’invasion germano-italienne la Croatie aurait explosé provoquant l’implosion de la Yougoslavie.

Bosnie-Herzegovine

Peuplée à l’époque néolithique, elle à été ensuite habitée par les illyriens et les celtes. Comme toute l’Europe la future Bosnie-Herzegovine à été christianisée à partir du 1er siècle et trois siècles plus tard elle était une partie de l’Empire Romain d’Occident avant d’être envahit par les Barbares suite aux invasions du même nom. Plus précisément ce sont les Ostrogoths qui occupent la région et ce dès 455. Les Alains et les Huns traversent également la région.

Après une reconquête sous l’empereur Justinien, l’actuelle Bosnie-Herzegovine est occupée par les avars puis par les slaves. Une certaine influence des Francs est à noté, certains leur attribuant l’introduction du féodalisme même si pour certains ce n’est pas si évident que cela. Le territoire est également l’objet des convoitises serbes, croates et même bulgares.

En 1136 le roi de Hongrie Béla II envahit la Bosnie et créa le titre de Ban de Bosnie, un titre honoraire pour son fils Ladislas II. De 1167 à 1180 la Bosnie-Herzegovine revient temporairement dans le giron byzantin.

Territoire autonome, la Bosnie devient un royaume en 1377 mais moins d’un siècle plus tard en 1463 l’empire ottoman occupe la région (la résistance va perdurer jusqu’en 1527 mais de manière épisodique), la transformant en profondeur puisque les populations locales se convertissent pour une part importante d’entre-elles à l’islam. C’est le début d’une domination qui va durer 415 ans jusqu’en 1878.

A partir de 1831 les paysans bosniens se révoltent. Cette révolte est réprimée seulement en 1850 mais la situation reste toujours aussi tendue. Une véritable rébellion éclate en 1875 et sous la pression des événements mais aussi des grandes puissances, la Sublime Porte va céder à l’Autriche-Hongrie l’administration de la Bosnie-Herzegovine.

La Bosnie-Herzegovine est occupée par l’Autriche-Hongrie entre le 29 juillet et le 20 octobre 1878, occupation qui n’est pas une promenade de santé puisqu’on signale quelques combats avec les ottomans et des milices locales.

Officiellement la Bosnie-Herzegovine appartient toujours à la Sublime Porte mais en réalité c’est devenue une région de l’empire austro-hongrois. Vienne veut en faire une colonie modèle et pour cela va mettre sur pied le Condominium de Bosnie et d’Herzegovine, condominium placé sous l’autorité du ministre des Finances austro-hongrois via un office bosnien.

La politique habsbourgeoise se heurte rapidement aux spécificités du territoire et à l’influence de l’idée yougo-slave, diablement séduisante pour les élites bosniennes. A la fin du siècle les serbes et les musulmans de Bosnie (ou Bosniaques) réclament l’autonomie religieuse et l’autonomie scolaire.

Le projet de dévelloper une identité bosnienne spécifique échoue. Résultat en 1905 la vie politique en Bosnie et en Herzegovine est dominée par trois partis communtaires représentant les serbes, les croates et les musulmans.

Le 5 octobre 1908 suite à la déclaration d’indépendance de la Bulgarie, l’empereur austro-hongrois François Joseph annonce l’annexion de la Bosnie-Herzegovine. Cette annexion est annoncée deux jours plus tard à Sarajevo.

C’est le début d’une crise internationale qui va durer jusqu’au 26 février 1909 quand la Sublime Porte finit par s’incliner. Elle reçoit des compensations matérielles et obtient le départ des garnisons austro-hongroises du Sandjak de Novi-Pazar.

Cette annexion est reconnue par la Russie le 21 mars mais uniquement après un ultimatum allemand. La Serbie la reconnaît le 31 mars et le Monténégro le 5 avril 1909.

Cette annexion entraine des troubles réprimés par un corps spécial austro-hongrois le Streifkorps même si très vite les partis musulmans soucieux de légalisme et de réalisme finissent par admettre cette annexion. Les croates de Bosnie sont d’abord très enthousiastes espérant rejoindre la Croatie et former avec le reste de la Bosnie-Herzegovine un pôle slave au sein d’une monarchie qui ne serait composée de deux pôles mais de trois.

En 1910 le territoire est peuplé de 1 898 044 habitants répartis entre des musulmans (612137 32.2%), orthodoxes (825418, 43.5%), catholiques (434061, 22.9%) et enfin 11868 juifs (0.6%).

La Constitution de 1910 met en place une Diète de Bosnie, un Conseil National et des conseils municipaux mais leurs pouvoirs sont naturellement très limités.

En ce qui concerne l’organisation locale, elle reste inchangée par rapport à l’époque ottomane, les seuls changements concernant les noms. C’est ainsi que le Vilayet de Bosnie devient le Reichsland, les sandjaks deviennent des Kreise (cercles), les Kazas (juridictions) des Bezirke, les Nahiyaks (cantons) sont rebaptisés Exposituren. On compte six Kreise et cinquante-quatre Bezirke.

Suite à l’implosion de l’Autriche-Hongrie, la Bosnie-Herzegovine va intégrer le Royaume des Serbes Croates et Slovènes (Yougoslavie en 1929) mais la région se montra rétive, s’opposant à une réforme agraire puis à une réorganisation des structures administratives qui finalement resteront assez semblables à celles de l’époque ottomane.

La mise en place des Banovina passe mal en Bosnie-Herzegovine d’autant que les bosniaques c’est à dire les musulmans de Bosnie ont le sentiment qu’à terme le territoire sera partagé entre serbes et croates. Finalement le système de banovina sera abandonné et les anciens régions rétablies ce qui allait calmer un peu la situation. Es-ce à dire que tous les problèmes ont été réglés ? Non bien sur le second conflit mondial allait se charger de le montrer.

Monténégro

Durant la période antique le Monténégro appartenait à la province romaine de Dalmatie. Peuplée d’abord par les illyriens, cette région est ensuite occupée par les slaves après avoir été ravavée par les Avars et les Goths. Les bulgares et les serbes vont aussi tenter d’occuper ce territoire tout comme les byzantins.

Au 9ème siècle pas moins de trois principautés se partagent le territoire actuel du Monténégro : la principauté de Dukja (qui correspond approximativement à la moitié sud), la principauté de Travunia (l’ouest) et celle de Rascia (le nord).

En 1042 la principauté de Duklja prend son indépendance, principauté qui devient celle de Zeta au 13ème siècle. En 1054 à lieu un schisme entre Rome et Byzance. Le futur monténégro bascule du côté de Rome avec l’érection de l’évêché de Bar en 1067 (archeveché en 1082).

Au 15ème siècle on appelle davantage la principauté de Zeta comme la principauté de Crna Gora ou en vénétien Monte Negro.

De larges portions du territoires sont occupées par l’empire ottoman de 1496 à 1878. le reste était sous contrôle de Venise notamment la région des bouches de Kotor (1420-1797) ou du prince-évêque de Cetinje (1515-1851). Une ultime dynastie émerge, celle des Petrovic-Njegos qui va régner jusqu’en 1918.

En 1852 le prince-évêque Danilo Petrovic-Njegos se marie et renonce à son état ecclésiastique, devenant le knjaz (prince) Danilo Ier et sécularisant son état.

Il est assassiné à Kotor en 1860 et remplacé par Nicolas 1er. Ce dernier engage une guerre infructueuse contre l’empire ottoman (1861-1862) puis tente de profiter du soulèvement de la Bosnie-Herzegovine (1875-1877) pour reprendre la lutte. Il est aidé par la Serbie mais là encore c’est un échec. Il faudra attendre l’intervention russe pour aboutir à quelque chose avec la signature du Traité de San Stefano (mars 1878), traité très favorable au Monténégro, à la Russie, à la Serbie, à la Roumanie et à la Bulgarie.

Ces gains vont être minorés par le Traité de Berlin (1878) même si ce traité reconnaît le Monténégro comme un état indépendant, état qui double sa superficie avec notamment le port de Bar. Les eaux monténégrines sont fermées aux navires de guerre étrangers. L’administration maritime et la police sanitaire est cependant assurée par l’Autriche-Hongrie.

En 1905 le Monténégro se donne d’une constitution et cinq ans plus tard il devient un royaume. Il participe aux guerres balkaniques, se partageant le Sandjak de Novi-Pazar avec la Serbie mais du rendre la ville de Skadar au nouvel état albanais créé par les grandes puissances.

Le 6 août 1914 le Monténégro déclare la guerre à l’Autriche-Hongrie en dépit du fait que Vienne lui avait promis la région de Shkoder/Skhadar si le petit royaume restait neutre. L’armée monténégrine est placée sous l’autorité du haut-commandement serbe pour des raisons de coordination.

Belgrade à offert une aide militaire (30 canons et 17 millions de dinars) tandis que la France envoyait 200 soldats des troupes coloniales à Cetinje pour armer deux stations radios de transmission mais aussi d’écoute. Du matériel, de la nourriture et différentes fournitures sont envoyées de France direction le port de Bar jusqu’à ce que ce dernier soit bloqué par la marine austro-hongroise.

Une fois l’Italie en guerre c’est Rome qui prit le relais, ravitaillant le pays par l’Albanie, une route non sécurisée, les irréguliers albanais organisés par des agents autrichiens attaquant les convois. Le manque de ravitaillement fût l’une des causes de la capitulation monténégrine après une belle résistance. L’occupation de la totalité du territoire serbe (décembre 1915) rendait impossible la situation du Monténégro qui est envahit en janvier 1916.

La campagne du Monténégro est une campagne éclair qui dure du 5 au 17 janvier 1916. Elle engage 100000 soldats austro-hongrois contre seulement 50000 monténégrins. Cette la suite directe de la submersion de la Serbie et de la retraite des troupes de Pierre 1er à travers les montagnes albanaises.

Les austro-hongrois voulaient s’occuper des monténégrins alliés à la Serbie mais aussi s’emparer des ports stratégiques de Durazzo et de Valona. Deux corps d’armée austro-hongrois, les 8ème et 19ème CA sont engagés. Le 11 janvier 1916 le mont Lovcen, position défensive monténégrine clé est prise par les austro-hongrois.

Le 13 janvier c’est la capitale qui est prise ce qui entraine l’ouverture de négociations pour un armistice. Les termes sont insupportables pour le roi qui refuse de signer, quittant le pays pour l’Albanie puis pour l’Italie le 19 janvier. Il ordonne au commandant en chef de continuer à combattre au besoin en se repliant sur l’Albanie pour retrouver les troupes serbes à Corfou.

Le gouvernement refuse et ordonne aux troupes monténégrines de déposer les armes. Ils obtiennent gain de cause le 17 janvier 1916.

le 1er mars 1916 un gouvernement militaire provisoire est mise en place sous l’autorité de Viktor Weber Edler von Webeneau qui est remplacé par Heinrich Clam-Martinic le 10 juillet 1917, ce dernier restant aux commandes jusqu’à la fin du conflit.

Après la libération du pays par les alliés un débat fit rage pour savoir si le Monténégro devait rester indépendant ou si il devait rejoindre le futur état des slaves du sud.

Le 1er décembre 1918 le royaume du Monténégro s’unit au royaume de Serbie, déclenchant des troubles entre Blancs et Verts.

Du 2 au 7 janvier 1919 à lieu l’insurrection de Noël (NdA les orthodoxes fêtent Noël le 6 janvier et non le 25 décembre).

Les Verts _nationalistes et séparatistes monténégrins_ refusent la décision de la Grande Assemblée Populaire du Monténégro d’unir le jeune royaume (28 août 1910) au Royaume de Serbie.

Mauvais perdants ? Faut voir puisqu’il devient rapidement évident que les débats de Podgorica (qui à l’époque n’était pas la capitale du pays puisqu’il s’agissait de Cetinje) ont été une farce puisque les Blancs favorables à l’idée yougo-slave et à l’union avec la Serbie ont truqué le processus électoral pour s’assurer d’une confortable majorité.

Es-ce à dire que les Blancs se moquaient de l’avenir de leur pays ? Non puisque comme les croates et les slovènes ils espéraient conserver l’identité monténégrine au sein d’une Yougoslavie confédérale.

Si la révolte va être rapidement réprimée, une guérilla épisodique va durer jusqu’en 1929, les Verts survivants prenant le chemin de l’exil. Les plus extrémistes ou les plus enragés selon les points de vue reviendront en 1949 dans les bagages de l’armée italienne pour servir d’auxiliaires aux troupes d’occupation. Inutile de préciser que ceux tombant aux mains de maquisards royalistes ou des partisans communistes subissaient un sort terrible.

Quand la Yougoslavie implosa au début des années quatre-vingt dix cette révolte de Noël devint un axe majeur du nationalisme monténégrin, les Verts comme les Blancs étant célébrés comme de fiers patriotes, oubliant la division irréconciable entre deux camps.

Macédoine

A la période antique l’actuelle Macédoine du Nord (anciennement Ancienne République Yougoslave de Macédoine) était occupée par le royaume de Paeonie, un royaume aux frontières floues peuplées essentiellement par des descendants illyriens et des thraces.

A la fin du 6ème siècle, les perses de la dynastie Achéménide dirigés par Darius le Grand occupent ce royaume mais après la défaite en -479 les perses se retirent en Asie mineure.

En -336 Philippe II de Macédoine annexe la Haute-Macédoine ce qui correspond à notre Macédoine du Nord actuelle.

La Macédoine est conquise par les romains en -146 devenant une province dont les dimensions vont évoluer, la partie nord intégrant la Mésie à l’époque de Dioclétien.

Les Slaves s’installent sur le territoire de l’empire byzantin, les historiens grecs les appelant Sklavines les slaves attaquant l’empire byzantin avec ou sans l’aide des bulgares et des avares. A plusieurs reprises les différents basileus qui se succèdent à Constantinople doivent lancer des campagnes contre des populations remuantes qui sont pour beaucoup déportées en Cappadoce (Turquie actuelle).

Vers 836 le territoire de la Macédoine intègre le premier empire bulgare, les populations s’assimilant avec les bulgares. C’est aussi à cette période que les slavkines se christianisent avec Saint Cyrille et Saint Methode. A la fin du 10ème siècle l’actuelle Macédoine du Nord devient le cœur idéologique et religieux du premier empire bulgare avec notamment l’évéché d’Ohrid qui après l’occupation de Preslav par Basile II devient le siège du patriarche bulgare.

La domination byzantine est à plusieurs reprises contestée par les serbes et par les bulgares. De 1257 à 1277, Constantin Asen qui fût tsar de Bulgarie était originaire de Skopje. Plus tard la capitale actuelle de la Macédoine du Nord fût celle de l’empire serbe de Stedan Dusan.

La région est conquise par les ottomans à la fin du 14ème siècle et va rester sous le joug de la Sublime Porte pendant près de 500 ans ccomme une partie de la province (Eyalet) de Roumélie («pays des Roums»).

L’Elayet de Roumélie est supprimé en 1867 et le territoire de la Macédoinr du Nord est partagé entre les Vilayet de Monastir, du Kosovo et de Salonique.

En 1903 une République de Krusevo est proclmée suite à la Révolte d’Ilinden-Preobrazhenie mais bien entendue cette république disparaît après la féroce répression ottomane.

En 1912 au cours de la première guerre Balkanique la région est capturée par la Serbie qui l’annexe une fois le conflit terminé à l’exception de la région de Strumica qui appartient à la Bulgarie de 1912 à 1919.

Cette région qui ne dispose d’aucun statut particulier au sein de l’Etat serbe est appelée Južna Srbija (Serbie du Sud ) pour la distinguer de la Stara Srbija (Vieille Serbie). De 1915 à 1918 la région est occupée par la Bulgarie.

Après le premier conflit mondial, le royaume de Serbie devient le cœur battant du Royaume des Serbes, des Croates et des Slovènes. En 1929, le royaume est rebaptisé Royaume de Yougoslavie et divisé en provinces ou banovinas. Le territoire correspondant à la Macédoine du Nord est appelée Banovina du Vardar avec Skopje comme capitale.

Après le premier conflit mondial la région subit une période de serbisation, les écoles bulgares, grecques et roumaines étant fermées, les prêtres bulgares et tous les enseignants non-serbes sont expulsés. Cette politique est violement combattu par la VMRO (Vatreshna Makendonska Revolutsionna Organizatasiya) en français l’organisation révolutionnaire intérieure macédonienne.

Durant le second conflit mondial, la Macédoine du Nord allait être occupée à la fois par les bulgares et par les italiens. Cette région allait connaître une occupation troublée avec de nombreux combats entre partisans et troupes d’occupation. Cela entraina comme nous le verrons un cycle infernal d’attentats et de représailles. Néanmoins au moins au début les bulgares furent bien accueillis par les populations locales bulgarophones.

Mitteleuropa Balkans (51) Bulgarie (15)

L’armée bulgare dans le premier conflit mondial

Préparation et mobilisation

A la fin de la deuxième guerre Balkanique, la Bulgarie doit démobiliser pour rendre à son armée son visage du temps de paix et permettre le redémarrage de son économie.

Cette démobilisation se fait dans un contexte difficile puisque qu’au sud l’armée ottomane menace la frontière et que la Roumanie occupe le nord du pays. Peu à peu les divisions retournent à leur format du temps de paix puis sont massées sur la frontière bulgaro-ottomane.

Une fois la paix signée, les divisions retournent dans leurs régions d’origine. Du moins pour les neuf premières car la 10ème initialement levée pour combattre sur la côte Egéenne doit se redéployer sur les territoires que la Bulgarie à réussi à conserver à savoir une partie des monts Rhodope et une partie de la Thrace occidentale. La 11ème DI elle devient une division cadre pour permettre l’entrainement des recrues.

Le processus de démobilisation s’achève le 8 décembre 1913 et peu de gens en Bulgarie imagine remettre ça dans moins de deux ans. L’armée bulgare du temps de paix comprend alors 66887 hommes (36976 issus de la Bulgarie «historique» et 36976 hommes issus des territoires récemment acquis).

En temps de paix l’armée bulgare est organisée en trois armées, dix divisions d’infanterie, quarante régiments d’infanterie, dix-neuf régiments d’artillerie, onze régiments de cavalerie, cinq bataillons du génie, un bataillon de chemin de fer, un bataillon télégraphique et un bataillon technique.

Le Royaume de Bulgarie est divisée en trois inspectorat d’armes, dix districts divisionnaires et quarante districts régimentaires. Les hommes qui arment ces entités de commandement forment en temps de guerre avec des rappelés trois état-major d’armées, dix état-majors divisionnaires et quarante état-majors régimentaires.

Comme quasiment toutes les armées européennes de l’époque, l’armée bulgare est une armée de conscription (A ma connaissance seule l’armée britannique est une armée de volontaires mais la situation insulaire du Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande la dispense de posséder une armée de terre aussi nombreuse que sa marine).

Les sujets bulgares de sexe masculin sont astreints à un service militaire de deux ans dans l’infanterie mais de trois ans dans les autres armes. Ils sont appelés à l’âge de vingt ans et restent donc sous les drapeaux jusqu’à 22 voir 23 ans (NdA je n’ai pas les informations à ce sujet mais il n’est pas idiot de penser qu’il y à des possibilités d’aménagement).

A l’issue de ce service les obligations militaires ne sont pas terminées. Ils passent ensuite 18 ans dans la Réserve quand ils ont servit dans l’infanterie (16 ans pour les autres armes) soit en théorie jusqu’à l’âge de 39/40 ans soit pour l’époque un âge relativement avancé.

Les hommes âgés entre 40 et 48 ans rejoignent alors la Navodno Opalchenie (Milice Nationale) avec un premier cercle composé d’hommes âgés de 41 à 44 ans et un deuxième cercle composé des plus âgés (45 à 48 ans). A 48 ans révolus donc l’homme bulgare n’à plus d’obligations militaires.

Suite à l’expérience des deux guerres balkaniques, décision est prise de ne plus envoyer en première ligne les hommes âgés de plus de 45ans. Cela ne signifie pas la fin des obligations militaires mais les quadragénaires âgés de 45 à 48 ans vont servir uniquement à l’arrière.

Début 1915 alors que la Bulgarie est toujours en dehors du conflit un rapport précise que l’armée du tsar Ferdinand 1er peut mobiliser 577626 hommes entraînés âgés entre 20 et 48 ans. A cela s’ajoute un réservoir de 231572 hommes non entraînés. Les effectifs approchent ceux des deux guerres balkaniques.

L’armement n’à pas vraiment évolué et la petite aviation bulgare peine à renouveler un matériel rapidement obsolète, la faute à des voisins qui font barrage pour priver Sofia d’un accès aux avions les plus modernes. Ce n’est donc clairement pas dans le ciel que la Bulgarie pourra tirer son épingle du jeu.

Le 22 septembre 1915 le gouvernement bulgare publie un décret ordonnant la mobilisation générale. Il fallait falloir presque trois semaines pour mobiliser tout le monde, mobilisation qui rencontre un certain nombre de difficultés matérielles et surtout se fait sans aucun enthousiasme de la part de l’opinion publique. Nul doute que l’expérience récente des deux guerres balkaniques à refroidit nombre de bulgares à entrer en guerre.

Au début du mois d’octobre 616080 bulgares sont mobilisés soit 12% de la population totale et un quart de la population masculine.

Selon les conventions signées avec les Empires Centraux, la Bulgarie devait fournir cinq divisions mais elle va parvenir à en mobiliser onze plus une division de cavalerie sans oublier des unités de volontaires et de milice. Un effort conséquent donc.

Deux armées doivent être principalement engagées, la 1ère armée sous l’autorité du Groupe d’Armées Mackensen en Serbie et la 2ème Armée sous commandement national bulgare en direction du Vardar macédonien. Ces deux armées doivent être engagées contre la Serbie alors que la 3ème Armée doit surveiller les agissements de la Roumanie dont on ignore l’attitude dans cette guerre.

Tout comme durant les guerres balkaniques, le tsar Ferdinand 1er est commandant en chef de l’armée bulgare mais en pratique il délègue son pouvoir à l’ancien ministre de la Défense, le très germanophile Nicola Zhekov.

Ce dernier aura une interprétation extensive de ses pouvoirs pas clairement définis ce qui provoquera un certain nombre de frictions avec le gouvernement et notamment avec son successeur, le major-general Kalin Naydenov.

L’action de Zhekov sera relayé par son chef d’état-major, le lieutenant-general Klement Bayadzhiev qui est remplacé à la tête de la 1ère Armée par le major-general Konstantin Zhostov.

Une fois la mobilisation terminée l’armée bulgare aligne 232 bataillons d’infanterie et onze bataillons de pionniers au sein de onze divisions d’infanterie soit un total de 469140 hommes. A cela s’ajoute 75 bataillons indépendants (86444 hommes) mais aussi une «armée de l’intérieur» avec 31 bataillons de Milice et 41 bataillons dits supplémentaires soit un total de 64845 hommes.

Canon de 75mm Schneider-Canet M.1904

Si la cavalerie mobilise 62 escadrons, l’artillerie peut mettre en ligne 219 batteries d’artillerie réparties entre la 1ère Armée (94 batteries et 409 pièces), la 2ème Armée (44 batteries avec 182 canons), la 3ème Armée (50 batteries et 401 canons) et au sein de trois divisions d’artillerie indépendantes (31 batteries avec 130 canons).

Cette puissance de feu apparente (1122 pièces) est obérée par les faibles stocks de munitions puisqu’on compte en moyenne 500 coups par pièce.

Quand on sait que français et allemands se sont envoyés 37 millions d’obus de tous calibres en dix mois à Verdun cela laisse songeur…… .

Le déficit concerne également les fusils avec 372603 fusils disponibles contre 521509 prévus dans les plans de mobilisation.

Les DI bulgares sont de grosses unités. Toutes sauf une possédant trois brigades, les effectifs dépassent 40000 hommes ce qui en fait l’équivalent d’un corps d’armée dans d’autres armées.

A l’issue de la mobilisation l’ordre de bataille de l’armée bulgare ressemble à cela :

-1ère Armée : 1ère DI «Sofia» 6ème DI «Bdin» 8ème DI «Tundzha» et 9ème DI «Pleven»

-2ème Armée : 3ème DI «Balkan» 7ème DI «Rila» 1ère Division de Cavalerie

-3ème Armée : 4ème DI «Preslav» 5ème DI «Danube» 2ème DI «Thrace» 10ème DI «Egéenne» et 11ème DI «Macédonienne»

La mobilisation terminée, le haut-commandement bulgare se retrouve avec des réservistes entrainés mais non affectés. Pour ne pas manquer de futurs soldats, ces réservistes vont servir d’instructeurs au sein de nouvelles écoles militaires créées pour entrainer les différents contingents qui sont appelés sous les drapeaux en 1915, 1916,1917 et 1918. 214343 vont ainsi rejoindre les tranchées du front de Salonique remplaçant les 181515 soldats mis hors de combat.

Au final on estime à 1.2 millions le nombre d’hommes mobilisés par l’armée bulgare qu’ils soient issus du territoire bulgare en 1915 ou des territoires conquis durant la guerre.

L’armée (de terre) bulgare au combat

Comme nous avons vu dans la partie historique, le poids de la Bulgarie dans le dispositif de la Triplice dans la région ne va cesser de croître, Berlin comme Vienne n’accordant à ce front qu’une place secondaire dans la stratégie générale, le front de l’ouest et le front russe pour les allemands le front italien pour les austro-hongrois étant les seuls qui importaient à leurs yeux. C’est d’ailleurs un peu la même chose côté allié où le front macédonien ou front de Salonique n’à jamais bénéficié d’une immense priorité.

La mobilisation bulgare ne passe bien entendu pas inaperçue côté serbe. Il est probable que Belgrade s’attendait à un engagement bulgare du côté des germano-austro-hongrois. Voilà pourquoi face à l’armée bulgare, l’armée serbe va déployer des effectifs conséquents en l’occurrence 145 bataillons d’infanterie, 25 escadrons de cavalerie et 316 canons.

Quand on sait que l’armée serbe disposait alors de 288 bataillons, de 40 escadrons de cavalerie et de 678 canons on voit l’effort engagé contre les troupes de Sofia. L’armée bulgare sera d’ailleurs dans une situation inconfortable craignant une offensive surprise serbe pour stopper la mobilisation et gagner du temps pour faire face à une offensive venue du nord.

Obusier de 120mm Schneider-Canet utilisé par l’armée bulgare durant le premier conflit mondial

La 1ère Armée Bulgare doit être engagée aux côtés de la 11ème Armée allemande (sept divisions allemandes) et de la 3ème Armée austro-hongroise (quatre divisions austro-hongroises et trois divisions allemandes) mais avec un décalage de quelques jours mais cela n’allait pas se passer comme prévu.

Le 6 octobre 1915, les empires centraux déclenchent une terrible préparation d’artillerie contre le dispositif serbe implantée sur la Sava et le Danube. Ces deux fleuves sont franchis le lendemain.

Normalement les bulgares devaient attaquer le 11 octobre mais ils sont en retard ce qui va permettre aux serbes de prélever des moyens pour renforcer leur dispositif face aux troupes germano-austro-hongroises.

Enfin le 14 octobre 1915 les 1ère et 2ème Armées bulgares passent à l’attaque avec pour objectif pour la 1ère Armée les villes de Nis et d’Aleksinac. L’avancée est d’abord rapide mais très vite les choses se corsent. Le mauvais temps est de la partie ce qui ajouté au relief et à la résistance serbe rend l’avancée bulgare aussi lente que difficile.

Résultats les quatre divisions d’infanterie de la 1ère Armée sont bloquées devant les forteresses de Pirot et de Zapecan situées à seulement quinze kilomètres de la frontière. Es-ce le début d’un long et éprouvant siège ? Heureusement non pour les bulgares puisque suite à une brèche au centre, ils sont obligés d’évacuer les deux forteresses le 26 octobre 1915 permettant aux bulgares de reprendre leur avancée.

Paradoxalement (ou pas) c’est la 2ème Armée moins puissante (seulement deux divisions d’infanterie et une division de cavalerie) qui va avancer plus vite. Elle s’empare de la ville de Vranje et coupe les communication entre la Serbie et le Vardar macédonien. Une partie de la 2ème Armée met ensuite cap au nord pour aider la 1ère armée à couper la retraite des serbes. Le 20 octobre les bulgares s’emparent des villes de Vebes et de Kumanovo.

C’est alors que se produit le premier affrontement entre les bulgares et les troupes alliées au cours de la bataille de Krivolak (21 octobre au 22 novembre 1915). Cette bataille oppose la 11ème DI bulgare à trois divisions d’infanterie françaises (57ème, 122ème et 156ème DI). L’échec de deux divisions serbes à s’emparer de Skopje oblige les troupes françaises à se replier.

La Bataille de Kosturino (6 au 12 décembre 1915) est la conséquence de la précédente. Elle voit toujours l’engagement côté bulgare de la 11ème DI mais en face on trouve la 10ème DI britannique (division de recrutement irlandais) et la 156ème DI. C’est une nouvelle victoire bulgare et les alliés n’ont plus d’autre choix que de se replier sur la Grèce.

De leur côté les serbes n’ont pas renoncé à percer vers le sud pour rejoindre la Grèce espérant un soutien ferme des alliés mais ce soutien est chichement mesuré en raison de moyens insuffisants (ou jugés suffisants pour un front secondaire ce qui revient un peu ou même).

Le 5 novembre 1915 la 1ère Armée bulgare s’empare de Nis faisant 5000 prisonniers. Elle fait le même jour sa jonction avec la 11ème Armée allemande ce qui élimine le spectre d’une contre-offensive serbe enfonçant un coin entre ces deux armées.

Bien qu’affaiblie l’armée serbe représente toujours une menace qui ne peut et ne doit pas être sous-estimée. Voilà pourquoi les Empires Centraux décident d’éliminer cette menace en lançant une offensive en direction du Kosovo.

La 1ère Armée bulgare doit attaquer depuis l’est, la 2ème Armée bulgare depuis le sud, les allemands par le nord et les austro-hongrois par le nord-ouest.

Les serbes sont-ils condamnés ? Non car la lenteur des mouvements et notamment du franchissement de la Morava leur permet de retraiter en bon ordre.

La chute de Pristina le 23 novembre 1915 enterre toute possibilité de replier vers la Grèce. Il faut donc se replier vers l’Albanie pour éviter l’anéantissement. C’est l’autre donné par le haut-commandement serbe. C’est le début d’une véritable anabase à travers les montagnes eneigées et un froid polaire. Civils et militaires succombent par milliers.

De leur côté les bulgares continuent leur avancée en s’emparant des villes de Prizren, de Debard, de Strugea, d’Ohrid et de Bitola. La prise de cette dernière le 4 décembre 1915 marque la fin de la campagne de Serbie.

Le 3 décembre 1915 les bulgares s’étaient lancés contre les alliés mais trop tard pour empêcher leur repli vers Salonique où un puissant camp retranché va voir le jour. Le 11 décembre 1915 les troupes bulgares atteignent la frontière grecque mais reçoivent l’ordre de ne surtout pas la franchir.

Au 31 décembre 1915 après un peu plus de deux mois de conflit l’armée bulgare à perdu 37000 hommes (tués, blessés, malades) sur les 424375 hommes engagés soit 8.72% des effectifs.

Comme jadis le front se fige durant l’hiver, les conditions météos ne permettant pas une offensive majeure.

Constantin 1er de Grèce roi de 1913 à 1917 et de 1920 à 1922

Il faut attendre le 17 août 1916 pour que les bulgares repassent à l’attaque devançant de trois jours une offensive alliée. Les territoires à l’est de la rivière Struma sont facilement conquis (17 au 23 août) et pour cause, le roi de Grèce Constantin 1er à ordonné de ne pas résister ce que ne peut admettre nombre d’officiers grecs qui ne comprennent pas une telle attitude alors que ces territoires ont été durement conquis durant les guerres balkaniques. Cela provoquera un coup d’état pro-allié en faveur d’Euletherios Venizelos.

Du 12 au 30 septembre 1916 à lieu la Bataille de Kaymakchalan. Cette bataille se termine par une retraite bulgaro-allemande et l’évacuation de Bitola. 60000 hommes ont été mis hors de combat côté Empires Centraux (50000 côté allié) et la front à reculé de 40km ce qui est tout sauf négligeable.

Peu à peu le front macédonien ou front de Salonique va se figer. Une véritable guerre d’usure oppose les deux camps qui ne disposent pas de suffisament de moyens pour obtenir la percée tant recherchée.

Il va falloir attendre 1918 pour que la situation se débloque alors que telles deux courbes la force des alliés ne cesse d’augmenter pendant que celle des empires centraux ne cesse de décliner au point que chaque offensive de la Triplice ressemble à chaque fois à un coup de Poker plus risqué que le précédent. Le temps joue clairement en faveur des alliés et les allemands, les austro-hongrois et les bulgares le savent parfaitement.

Les alliés vont ainsi remporter au printemps 1918 la bataille de Skia-Di-Leger (29 au 31 mai 1918) puis celle de Dobro-Polje (15 au 18 septembre 1918), bataille qui marque le début de l’offensive du Vardar qui allait aboutir à la rupture du front puis à son exploitation.

Cela ne veut pas dire que les bulgares sont en déroute. Ils remportent quelques succès comme la Bataille de Dorian (18 septembre 1918) mais il s’agit à chaque fois de victoires locales et tactiques qui ne changent pas le cours de la guerre.

Résultat le 24 septembre 1918 la Bulgarie demande un armistice aux alliés. L’armée bulgare se désintègre certains éléments exploités par les agrariens proclament même la Bulgarie. Les alliés acceptent le 29 septembre 1918. C’est l’Armistice de Thessalonique.

Outre le front macédonien, les bulgares vont également combattre contre la Roumanie. Bucarest entre en guerre en août 1916.

L’offensive roumaine remporte d’abord de brillants succès mais ces succès sont en trompe l’œil, les roumains étant 200000 contre 25000 austro-hongrois. L’arrivée rapide de renforts germano-austro-hongrois stabilise la situation et permet une contre-offensive à laquelle participe la Bulgarie en Dobroudja du Sud. Cela aboutira à l’occupation des deux tiers de la Roumanie (dont la capitale Bucarest) et à l’impossibilité pour la Roumanie de continuer la guerre après l’effondrement russe (NdA plus de détails dans le volume 3 consacré à la Roumanie).

Mitteleuropa Balkans (43) Bulgarie (7)

La Bulgarie dans le premier conflit mondial

Du 14 octobre 1915 au 30 septembre 1918 la Bulgarie va participer au premier conflit mondial du côté des Empires Centraux. Clairement Sofia veut prendre sa revanche sur les deux guerres balkaniques qui l’avait vue passer du statut de puissance vainqueur à celui de puissance défaite.

Clairement quand le premier conflit mondial éclate à l’été 1914 la Bulgarie est isolée et entourée de voisins hostiles. Pour ne rien arranger, Sofia ne peut compter sur le soutien d’une ou plusieurs grandes puissances.

C’est le cas notamment de la France et de la Russie qui la blâme pour avoir provoqué la dissolution de la Ligue Balkanique.

Pas étonnant que la politique étrangère bulgare soit marquée par des sentiments profondément revanchards.

Néanmoins à l’été 1914 la Bulgarie préfère rester neutre à la fois pour susciter le désir des deux camps en position mais aussi pour récupérer des conséquences des deux guerres balkaniques, la Bulgarie ayant perdu plusieurs dizaines de milliers de soldats dans ces deux conflits qui annonçaient les horreurs du premier conflit mondial. De plus 120000 réfugiés doivent être intégrés à la vie économique et sociale bulgare.

Neutralité ne veut pas dire inaction. Une loi permet l’établissement de la loi martiale sur le territoire bulgare et une autre loi permet l’organisation d’un prêt national de 50 millions de leva pour les besoins de l’armée.

Un traité secret est signé entre la Bulgarie et l’Empire ottoman le 6 août 1914. C’est un pacte mutuel de défense si jamais un état balkanique attaquait l’un des deux signataires. La Bulgarie s’engage à informer Constantinople de tout processus de mobilisation. Les allemands ne sont informés qu’en décembre 1914. En octobre 1914 l’empire ottoman entre en guerre mais la Bulgarie décide de rester neutre.

Cela n’empêche pas les Empires Centraux de travailler la Bulgarie au corps pour un accord militaire voir une entrée en guerre pleine et entière. L’Entente tente également une approche mais semble ne pas mettre la même énergie et le même enthousiasme.

La guerre devant durer l’opinion publique bulgare est moins encline à soutenir l’entrée en guerre du pays tant aux côtés des alliés que du côté des empires centraux.

Il semble acquis que début 1915 la Bulgarie n’à pas définitivement choisit dans quel camp entrer en guerre. En mai 1915 après l’entrée en guerre de l’Italie, l’Entente tente d’attirer la Bulgarie de son côté pour soutenir la Serbie et faire peser une nouvelle menace sur l’empire ottoman.

Des propositions alléchantes sont faites à Sofia mais comme la Serbie et la Grèce sont tenues à l’écart, Sofia se méfie des réelles intentions alliées. Les Empires Centraux reviennent alors à la charge alors que militairement ils sont en meilleur position que l’Entente.

Pour ne rien arranger les membres de l’Entente peinent à faire une proposition commune en raison d’intérêts divergents. Clairement à l’été 1915 l’Entente à laissé passer sa chance.

Carte postale célébrant l’alliance bulgaro-allemande avec le tsar Ferdinand 1er

Le 6 septembre 1915 la Bulgarie formalise son adhésion aux Empires Centraux en signant un traité d’amitié avec l’Allemagne, un traité valable cinq ans.

Une annexe secrète spécifie les futures acquisitions bulgares en l’occurence le Vardar macédonien et une partie de la Serbie à l’est de la rivière Morava.

Si la Grèce et la Roumanie attaquent sans provocation bulgare, Sofia récupérera les territoires perdus au traité de Bucarest en 1913 plus la rectification de la frontière bulgaro-roumaine selon celle prévue par le traité de Berlin de 1878.

L’Allemagne et l’Autriche-Hongrie garantissent à la Bulgarie un prêt de 200 millions de francs et dans le cas où la guerre durerait plus de quatre mois, Berlin et Vienne se porteront garant d’un prêt supplémentaire.

Un troisième texte est également signé en l’occurence une convention militaire planifiant la défaite de la Serbie.

Toujours le 6 septembre 1915 une convention militaire est signée entre la Bulgarie et l’empire ottoman.

Le 22 septembre 1915 les bulgares décrètent la mobilisation générale et le 5 octobre 1915 les alliés renoncent à attirer la Bulgarie dans leur camp.

Le premier ministre britannique Asquith fait porter le chapeau de l’échec sur la Russie et la Serbie qui auraient fait preuve d’un manque de volonté (NdA c’est sûrement ça le fair-play britannique).

NdA Je ne vais pas rentrer dans les détails de l’organisation de l’armée de terre bulgare que j’aborderai dans la partie idoine. Je vais me contenter de parler de l’engagement militaire de la Bulgarie dans le premier conflit mondial.

A l’époque le Royaume de Bulgarie couvre 144 424 km² pour 4.9 millions d’habitants dont 2.4 millions d’hommes mais tous ne sont naturellement pas mobilisables.

La mobilisation se fait dans des conditions difficiles avec un manque d’enthousiasme, un manque d’armement et un manque d’équipements. Néanmoins au début du mois d’octobre 616680 hommes sont sous les drapeaux soit 12% de la population et de 25% des hommes.

La convention militaire demandait aux bulgares cinq divisions mais Sofia parvient à mobiliser onze divisions d’infanterie et une division de cavalerie sans compter des unités auxiliaires, des unités de soutien et des unités de Milice. Ces moyens doivent être répartis en trois armées, deux sur le front serbe et une sur la frontière roumaine.

La 1ère armée bulgare dépend du Groupe d’Armées Mackensen (du fedlmarshall Mackensen, le commandant en chef allemand de ce groupe) en compagnie de la 11ème armée allemande et de la 3ème armée austro-hongroise. Cette première armée bulgare comprend quatre divisions d’infanterie et d’une brigade de cavalerie.

En revanche la 2ème armée qui doit être engagée dans le Vardar Macédonien reste sous le contrôle direct du haut-commandement bulgare.

La mobilisation bulgare ne passe naturellement pas inaperçue du côté serbe. Belgrade déploie sur la frontière serbo-bulgare 145 bataillons d’infanterie, 25 escadrons de cavalerie et 316 canons soit la moitée de l’armée serbe qui comprend 288 bataillons, 40 escadrons de cavalerie et 678 canons.

Belgrade espère le renfort de 150000 soldats alliés pour défendre le Vardar Macédonien mais l’Entente n’en à ni les moyens ni visiblement la volonté de renforcer le dispositif serbe.

Les futurs « jardiniers de Salonique » (troupes françaises à Thessalonique en 1915)

Les Empires Centraux continuent leurs préparatifs en vue d’une offensive décisive en Serbie, l’Autriche-Hongrie ne pouvant fournir les six divisions demandées, l’Allemagne est obligée d’engager des unités supplémentaires.

On trouve donc la 11ème armée allemande avec sept divisions allemandes, la 3ème armée austro-hongroise avec quatre divisions austro-hongroises et trois allemandes et la 1ère armée bulgare.

Le 6 octobre 1915 les allemands et les austro-hongrois passent à l’attaque. Un barrage d’artillerie frappe les positions serbes le long de la Sava et du Danube. Le franchissement à lieu le lendemain.

Les bulgares doivent normalement attaquer cinq jours plus tard mais suite à des retards les serbes prélèvent des troupes faisant face aux bulgares pour renforcer le front nord. Cela permet aux bulgares de terminer leur processus de mobilisation avec deux armées soit 300000 hommes, 195820 pour la 1ère armée et le reliquat pour la 2ème armée qui ne comprend que deux divisions d’infanterie et une division de cavalerie, ces moyens devant être engagés sur un front de 300km.

Le 14 octobre 1915 le Royaume de Bulgarie déclare la guerre au Royaume de Serbie. L’engagement de la Българска армия (Bŭlgarska armiya) permet de débloquer la situation sur le front serbe. Cela va permettre également aux allemands de sécuriser les approvisionnements en direction de la Sublime Porte.

Le jour même de la déclaration les troupes bulgares franchissent la frontière sur un front de 140km de long et 15km de profondeur. La 1ère Armée bulgare doit envahir la vallée de la Morava et prendre les villes de Nis et de Aleksinac pour faire la jonction avec la 11ème armée allemande.

L’avancée initiale est d’abord rapide mais très vite elle est contrariée par le mauvais temps qui endommage les routes. La résistance serbe et le relief montagneux de la région n’arrangent rien.

Résultat la 1ère armée bulgare doit stopper son avance avant les forteresses de Pirot et de Zapecar situées à seulement quinze kilomètres de la frontière. Une brèche au centre force les serbes à évacuer et les deux villes susnommées le 26 octobre 1915.

Paradoxalement la 2ème armée bulgare moins forte remporte de plus grands succès. Le 16 octobre 1915 elle s’empare de Vranje dans le sud de la Serbie et coupent les lignes de communication entre la Serbie et le Vardar macédonien.

Une partie de cette armée met cap sur Nis pour aider la 1ère armée à couper la retraite des forces serbes, le gros de cette force mettant cap à l’ouest, s’emparant de Vebes et de Kumanovo (dans l’actuelle Macédoine du Nord) le 20 octobre 1915.

Des troupes bulgares situées autour de Krivolak et de Strumitsa rencontrent pour la première fois les troupes françaises qui avançaient vers le nord pour aider les serbes. C’est le début de la bataille de Krivolak qui va durer du 21 octobre au 22 novembre 1915.

Cette bataille oppose la 11ème division bulgare à trois divisions françaises (57ème, 122ème et 156ème DI). L’échec de deux divisions serbes à s’emparer de Skopje oblige les français à se replier.

Cela provoque la Bataille de Kosturino (6 au 12 décembre 1915) qui oppose la 11ème division bulgare à deux divisions alliées, la 10ème division britannique (division de recrutement irlandais) et la 156ème DI.

Les bulgares l’emporte à nouveau et les alliés doivent se replier sur la Grèce. Les Empires centraux peuvent continuer les travaux de la ligne de chemin de fer Berlin-Constantinople. Les serbes décident de résister face à Mackensen tout en retraitant vers le Kosovo pour échapper à l’anhiliation. Le 1er novembre 1915, la ville de Kragujevac tombe aux mains des allemands.

Retraite de l’armée serbe en 1915

Le 5 novembre 1915 la ville de Nis tombe aux mains de la 1ère Armée bulgare, 5000 soldats serbes étant faits prisonniers. Le même jour cette même armée fait sa jonction avec la 11ème armée allemande, évitant par exemple que les serbes n’attaquent dans l’espace laissé entre les deux armées alliées. Les objectifs de guerre de l’armée bulgare sont atteints après moins d’un mois de combat.

Concentrée au Kosovo l’armée serbe envisage de forcer le passage et de retrouver les alliés en Macédoine. D’autres penchent plutôt pour un repli sur la côte adriatique pour échapper à l’encerclement.

L’armée serbe est certes affaiblie mais elle représente encore une menace. Voilà pourquoi les Empires Centraux décident de la détruire totalement. Le premier objectif est d’atteindre Pristina dans le nord du Kosovo.

La 1ère Armée bulgare doit attaquer depuis l’est, le groupe renforcé de la 2ème Armée bulgare doit attaquer depuis le sud, des éléments de la 11ème armée allemande doivent attaquer au nord et la 3ème armée austro-hongroise depuis le nord-ouest.

Ce plan parfait sur le papier est contré par le franchissement trop lent de la rivière Morava. Les serbes concentrent des moyens importants contre la 2ème armée bulgare car c’est le principal obstacle entre l’armée serbe et les alliés mais aussi parce qu’elle menace les routes d’une potentielle retraite vers l’Albanie.

La tentative de percée est un échec et l’armée serbe doit battre en retraite. Les bulgares tentent de couper leur mouvement depuis le sud. Suite à la prise de Pristina le 23 novembre 1915, le haut-commandement serbe ordonne la retraite générale vers l’Albanie pour éviter une totale annihilation.

La poursuite est essentiellement menée par les bulgares et les austro-hongrois. C’est ainsi que la 3ème division bulgare s’empare de la ville de Prizren dans le sud-ouest du Kosovo, accentuant la pression sur les serbes.

D’autres villes tombent aux mains des bulgares comme Debard (sur l’actuelle frontière macédono-albanaise), Struga (sud-ouet de l’actuelle Macédoine du Nord sur les rives du lac Ohrid) et Ohrid.

Le 4 décembre 1915 les bulgares prennent Bitola (actuellement dans le sud de la Macédoine du Nord) ce qui marque la fin de la campagne militaire pour la Serbie.

La retraite serbe tourne à l’anabase digne de Xénophon mais dans un contexte climatique bien plus difficile

Les serbes eux continuent leur éprouvante anabase qui va provoquer la mort de 55000 soldats. 150000 soldats serbes sont évacués par des navires alliés (essentiellement français et italiens) en direction de Corfou mais ils sont dans un tel état qu’il faudra du temps avant d’en refaire une armée cohérente et capable de combattre.

La veille le 3 décembre 1915 la 2ème armée bulgare avait entamé son avance contre les alliés mais trop tard pour empêcher les divisions alliées de se replier sur Salonique.

Le 11 décembre 1915 les troupes bulgares atteignent la frontière grecque mais reçoivent l’ordre de ne surtout pas la franchir. L’année 1915 se termine et pour l’armée bulgare il s’agit de faire les comptes avec 37000 pertes (tués, blessés, malades) sur 424375 engagés soit 8.72% des effectifs.

Clairement en cette fin 1915 le bloc des Empires Centraux (Allemagne, Autriche-Hongrie, Bulgarie et Empire ottoman) sort renforcé des dernières opérations surtout si on compare la situation de l’Entente qui doit digérer les échecs en Artois, en Champagne, dans les Flandres mais aussi aux Dardanelles.

La conquête de la Serbie à été dure par ses combats mais aussi par l’occupation qui en découle, de nombreux crimes de guerre ont été commis par les troupes bulgares en dépit des dénégations de Sofia.

Des révoltes éclateront, l’une d’elle la Révolte de Toplica (21 février au 25 mars 1917) étant marquée par une répression impitoyable équivalente à celle des turcs face aux bulgares en 1877.

Voilà pourquoi quand les alliés parviendront à percer le front, ils refuseront une offensive en direction de la Bulgarie de crainte que les troupes serbes qui représentaient un élément incontournable du dispositif allié ne se vengent sur la population civile bulgare.

Après des succès initiaux, la guerre devient une guerre d’usure. Ce front est jugé secondaire par les allemands et les moyens engagés seront toujours insuffisant pour débloquer la situation (ce qui sera la même chose côté allié).

Le front de Salonique fin 1915

Le front en question est baptisé le plus souvent front macédonien. Du côté des Empires Centraux, on trouve deux ensembles, l’Army Group Scholz composé de la 11ème armée allemande, des 1ère et 2ème armées bulgares et du 20ème Corps d’Armée ottoman plus l’Army Group Albania qui comme son nom l’indique couvre l’Albanie.

Du côté des alliés nous trouvons l’Armée alliée d’Orient avec l’Armée d’Orient (France), des 1ère,2ème et 3ème Armées serbes (après leur reconstitution), l’Armée britannique de Salonique, l’Armée de Défense Nationale (Grèce), la 35ème DI italienne, une Force Expéditionnaire Russe et le 16ème Corps d’Armée italien.

Appelé également front de Salonique, il s’étend donc de la côte albanaise à la Struma. C’est une éprouvante guerre d’usure où la situation reste longtemps figée ce qui n’est au final pas si différent du front occidental.

Tranchées du front de Salonique

La principale différence c’est que les troupes qui y sont déployées ont le sentiment d’être oubliés au point qu’ils se baptiseront eux-mêmes «les jardiniers de Salonique». Aux combats s’ajoute le climat difficile et les épidémies qui préleveront leur lot de morts et d’invalides.

Le 5 janvier 1916 les austro-hongrois attaquent le Monténégro alliés de la Serbie. La petite armée monténégrine résiste bravement mais le rapport de force est trop déséquilibré ce qui aboutit le 25 janvier à la signature d’un armistice qui fait sortir le Monténégro de la guerre.

A noter que le roi Nicolas 1er réfugié en Italie s’oppose à cet armistice mais le gouvernement passe outre. Un gouvernement militaire est mis en place le 1er mars.

Dans la foulée l’Albanie est envahie, les ports de Scutarri et de Durazzo tombent à la fin février mais heureusement pour alliés l’évacuation sur Corfou de l’armée serbe s’est achevée le 10 février 1916.

A la fin de l’hiver 1915/16, les austro-hongrois contrôlent quasiment toute l’Albanie. A l’époque les britanniques veulent quitter la région mais les français refusent et Londres finit par s’incliner.

Les alliés décident de s’enterrer à Salonique et de s’y maintenir fermement. L’armée serbe reconstituée à Corfou va être transportée par des navires français sur ce front.

Aux problèmes militaires s’ajoute des problèmes politiques avec une Grèce divisée entre un roi pro-allemand et un premier ministre Euletherios Venizelos pro-allié. Comme la Roumanie est sur le point d’entrer en guerre, le général Sarrail, commandant des troupes alliés sur ce front veut lancer une offensive contre les bulgares.

Il n’en aura pas le temps puisque les Empires Centraux attaquent le 17 août 1916. En réalité les bulgares représentent l’immense majorité des troupes engagées, les allemands étant peu présents (une division) et les austro-hongrois sont surtout engagés en Albanie.

A l’est du front les bulgares conquièrent facilement les territoires grecs à l’est de la rivière Struma (17-23 août 1916) et pour cause, le roi de Grèce, le très germanophile Constantin 1er ordonne au 4ème Corps d’Armée de ne pas résister. Il y à cependant des combats de la part d’officiers qui ne peuvent admettre que ces territoires durement acquis durant les deux guerres balkaniques soient abandonnés si facilement.

Cela entraine le 29 août un coup d’état avec l’établissement de l’Etat de Défense Nationale ou gouvernement de Thessalonique sous la direction de Venizelos. A l’ouest même succès du moins initialement car les alliés parviennent après deux semaines de combat à contenir l’offensive bulgare après deux semaines.

Les alliés lancent une contre-attaque le 12 septembre 1916. C’est la Bataille de Kaymakchalan (12 au 30 septembre 1916) menée essentiellement par les serbes. Cela se termine par une victoire tactique des serbes mais les pertes sont lourdes des deux côtés. Les bulgares et les allemands qui ont perdu 60000 hommes évacuent Bitola. Le front à clairement reculé de 40km.

Pour affermir leur position, les alliés et les vénizélistes occupent la Thessalie et l’isthme de Corinthe, coupant les territoires royalistes en deux. Ils échouent à Athènes (1er au 3 décembre 1916). Les alliés reconnaissent officiellement le gouvernement Venizelos et mettent en place le blocus des côtes.

Après un hiver 1916/17 calme, les opérations vont reprendre au printemps 1917. l’Armée alliée d’Orient voit ses effectifs portés à 24 divisions avec six divisions françaises, six divisions serbes, sept divisions britanniques, une division italienne, trois divisions grecques et deux brigades russes.

Tout comme sur le Chemin des Dames, l’offensive alliée lancée au printemps est un échec et après de lourdes pertes pour des gains minimes, le haut-commandement allié décide d’arrêter les frais le 21 mai 1917.

Entre-temps le 14 mai 1917 le roi Constantin 1er s’est exilé remplacé par son fils Alexandre. Venizelos devient premier ministre et aussitôt la Grèce déclare la guerre aux Empires Centraux, une déclaration qui entraine la mise sur pied d’une nouvelle armée grecque capable de tenir son rang aux côtés des alliés.

A l’automne 1918, les Empires Centraux alignent sur le front de Salonique la 11ème armée allemande (deux corps d’armées, sept divisions majoritairement bulgares), la 1ère armée bulgare (trois divisions d’infanterie et une brigade d’infanterie), la 2ème armée bulgare (trois divisions d’infanterie) et la 4ème armée bulgare qui dispose d’une division d’infanterie et d’une division de cavalerie.

De leur côté les alliés alignent une Armée d’Orient composée de cinq divisions d’infanterie françaises, une division d’infanterie italienne et deux divisions grecques, deux Corps d’Armée serbes regroupant huit divisions d’infanterie dont deux françaises plus une division de cavalerie, Un groupe de divisions avec une division coloniale (française), une division grecque et une division britannique, une Armée britannique de Salonique avec deux corps d’armées regroupant trois divisions britanniques et deux divisions grecques et enfin l’Armée Grecque composée de deux corps d’armée soit un total de six divisions d’infanterie dont une à l’entrainement.

Du 29 au 31 mai 1918 à lieu la Bataille de Skra-Di-Leger entre trois divisions grecques plus une brigade française contre une brigade bulgare. Sans surprise les alliés l’emporte et cette défaite bulgare entraine la démission du premier ministre en exercice, Vassil Radoslatov (21 juin 1918).

Il est remplacé par Aleksander Molinar qui entame des négociations secretes avec les alliés mais ces négociations buttent sur la volonté bulgare de conserver sous son autorité l’est de la Macédoine ce que ne peut accepter Athènes et comme Paris et Londres ne veulent pas aller contre les volontés grecques……. .

La France veut lancer une offensive majeure mais il faut un accord politique avant de passer à l’action. Cela prend du temps et ce n’est qu’à l’automne 1918 que tout va se débloquer. A cette époque les effectifs sont équilibrés (291 bataillons côté alliés contre 310 de l’autre côté) mais le conflit à clairement choisit le camp de l’Entente surtout depuis l’échec des offensives allemandes du printemps.

Du 15 au 18 septembre 1918 à lieu la bataille de Dobro Pole. Elle oppose deux divisions bulgares à trois divisions françaises, deux corps d’armées serbes et trois divisions grecques. C’est le début de l’offensive du Vardar qui allait aboutir à la rupture du front.

Le 18 septembre 1918 à lieu la bataille de Dorian entre d’un côté une division britannique et deux divisions grecques contre une division bulgare renforcée des éléments d’une autre Grande Unité de la Bulgarskaya Armiya.

Après la préparation d’artillerie, les britannico-grecs attaquent les positions bulgares situées près du lac Dorian mais c’est un échec en raison d’un manque d’appui-feu, de problèmes de coordination entre britanniques et grecs et en raison visiblement du manque d’entrain des troupes grecques.

Quelques jours plus tard les positions évacuées sont occupées sans combat par les britannico-grecs. Ils donnent la chasse aux troupes bulgares en retraite mais à un train de sénateur ce qui permet aux soldats de Sofia de se replier en bon ordre.

Le 24 septembre 1918 la Bulgarie demande un armistice aux alliés. Ces derniers acceptent cinq jours plus tard soit le 29 septembre 1918.

Le même jour les alliés occupent Skopje mais une vigoureuse contre-attaque germano-bulgare les obligent à abandonner la ville aux troupes des Empires Centraux.

Si la Bulgarie demande un armistice c’est que l’armée bulgare épuisée s’effondre. De nombreuses mutineries ont lieu et certains mutins proclament même la république à Radomir. Ce putsch républicain est un pétard mouillé qui prend fin le 2 octobre 1918.

Entre-temps l’armistice de Thessalonique à été signé le 29 septembre 1918 et entre en vigueur le lendemain à minuit.

Pour sauver ce qui peut l’être, Ferdinand 1er décide d’abdiquer le 3 octobre 1918 en faveur de son fils qui devient le tsar Boris III.

L’armée bulgare à aussi été engagée contre la Roumanie à l’automne 1916 quand celle-ci entre en guerre aux côtés de l’Entente. Son offensive en Dobroudja du Sud oblige les roumains à détacher des troupes ce qui réduit leur potentiel offensif face aux Empires Centraux qui après une vigoureuse contre-offensive vont occuper quasiment tout le pays même si l’aide russe et celle de conseillers militaires français dirigés par le général Berthelot va permettre à Bucarest d’éviter l’occupation de tout le pays.

Le 27 novembre 1919 est signé le Traité de Neuilly sur Seine. On trouve d’un côté la Bulgarie et de l’autre côté les alliés qu’ils soient importants ou secondaires. En effet la France, la Grèce, l’Italie, le Japon, la Roumanie, la Serbie, la Grande-Bretagne, les Etats-Unis, la Belgique, la Chine, Cuba, le Hejaz, la Pologne, le Portugal, le Siam et la Tchécoslovaquie ont signé ce traité qui peut être résumé ainsi :

-La Thrace occidentale est cédée à l’Entente qui va la rétrocéder à la Grèce (Conférence de San Remo 19 au 26 avril 1920)

-La Bulgarie doit signer une convention d’échange de populations avec la Grèce

-La Bulgarie doit céder 2563 km² sur sa frontière occidentale au Royaume des Serbes, Croates et Slovènes

-Retour à la Roumanie de la Dobrudja du Sud

-Armée de 20000 hommes

-100 millions de livres sterling de dommages de guerre

-Reconnaissance obligatoire du Royaume des Serbes, Croates et Slovènes

Pour la majorité de l’opinion publique bulgare, ce traité est la Deuxième Catastrophe Nationale après celle survenue à peine cinq ans plus tôt à la fin de la deuxième guerre balkanique.

Mitteleuropa Balkans (14) Hongrie (14)

L’armée de terre hongroise dans le second conflit mondial

Organisation générale et préparation

Quand l’Allemagne déclenche l’opération WESERUBUNG, les hongrois se tiennent prêt à toute éventualité mais Berlin ne sollicitent pas leur aide.

Dès le 1er septembre 1948 l’armée magyare avait commencé à mobiliser ses forces notamment en raison de mouvements de troupes côté roumain qui faisaient craindre une offensive pour récupérer la Transylvanie du Nord.

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Mitteleuropa Balkans (6) Hongrie (6)

Le premier conflit mondial : la fin de l’Autriche-Hongrie

L’attentat de Sarajevo et la marche à la guerre

En 1878 comme nous l’avons vu l’Autriche-Hongrie à occupé la Bosnie-Herzégovine mais va attendre 1908 pour l’annexer non sans susciter des tensions avec l’Italie, la Serbie et la Russie, le tout sur fond d’affaiblissement continu de l’empire ottoman, une longue et interminable agonie qui à fait dire que la Sublime Porte était «l’homme malade de l’Europe» tout comme la Chine était «l’homme malade de l’Asie».

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URSS (56) Armée de Terre (4)

L’armée russe, la Révolution et le Premier Empire

L’armée russe va également participer aux guerres de la Révolution Française et surtout de l’Empire, le «général Hiver» ayant été fatal à la Grande Armée de Napoléon. Si Catherine II accueille favorablement les premiers événements de la Révolution Française, elle commence très vite à s’inquiéter.

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