Le Conflit (34) Norvège (34)

L’exploitation

Festung Telemark, Kristiansand et Oslo : des fortifications mais pour quoi faire ?

Carte globale du dispositif allemand au moment de l’opération BOREALIS

Avant de parler de l’exploitation proprement dite en Norvège et au Danemark, exploitation qui allait se révéler bien plus ardue que prévue, un mot rapide sur les fortifications qui n’ont pas été directement attaquées par les alliés.

Le premier gros dispositif est appelé par les allemands Festung Telemark. Derrière ce nom pompeux («forteresse du Telemark») se cache en réalité davantage des fortifications de campagne avec certes des tunnels mais qui pour leur majorité se rapprochent davantage de mines de charbon bien étayées que de tunnels comparable à notre Ligne Maginot.

Ce dispositif à été imaginé par le lieutenant-colonel Kurt Wellmans. Estimant que la défense des côtes comme illusoire ou à défaut comme limitée dans le temps, il voulait aménager là une base d’où partirait une guérilla qui pourrait forcer les alliés soit à abandonner la Norvège ou alors à alléger la pression sur la Vaterland.

Ce projet suscite le scepticisme du haut-commandement allemand en Norvège mais il ne fait rien pour s’y opposer estimant qu’une zone défensive en plus c’est toujours ça de pris.

En réalité le Festung Telemark ne jouera qu’un rôle assez limité dans la stratégie générale allemande de défense de la Norvège. Les alliés renseignés sur cette drôle de forteresse vont cerner le Telemark, en réaliser le blocus mais sans forcément chercher à y pénétrer.

Néanmoins cette «forteresse des bois» comme certains l’ont appelé par la suite va bloquer des troupes alliées et surtout va permettre à d’autres unités allemandes de se replier en bon ordre ce qui explique en partie la durée de la résistance allemande en Norvège, résistance qui va durer quatre mois (certains ajoutent que les alliés bien conscients que la fin de la guerre approchait n’ont pas être pas faits l’effort nécessaire pour l’emporter rapidement mais c’est une querelle entre historiens).

Cette zone à été définitivement nettoyée de toute présence ennemie au début de l’année 1954 alors que les troupes allemandes en Norvège vivaient leurs dernières heures.

La zone à été dépolluée dans l’immédiat après guerre mais à longtemps été interdite aux civils en raison de tunnels effondrés, de crevasses et autres trous d’obus.

En revanche la zone à été un terrain d’entrainement pour l’armée norvégienne qui envisageait en cas d’invasion soviétique de mener une guerre de guérilla en profitant d’un terrain assez favorable (en revanche pour ce qui est du climat c’est autre chose).

Aujourd’hui des civils peuvent s’y rendre mais avec un encadrement de spécialistes. C’est aujourd’hui un lieu apprécié pour ce qu’on appelle le tourisme mémoriel, certaines positions ayant été reconstituées par des passionnés (tout comme certains blockhaus de défense côtière, blockhaus qui pour certains ont été réutilisés par l’armée norvégienne).

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Comme nous l’avons vu plus haut, la question de débarquer à Kristiansand à été longuement débattue entre alliés, certains ayant milité pour y débarquer et sacrifier un débarquement au Danemark, le terrain plat comme le creux d’une main étant jugé comme totalement inapproprié.

Finalement essentiellement pour des raisons politiques on préféra orienter les moyens prévus potentiellement pour Kristiansand en direction du Jutland.

Etait-ce la seule explication ? Peut-il faut-il y voir la présence de solides fortifications orientées en direction de la mer mais aussi en direction de la terre pour couvrir le port et ainsi offrir une portée de sortie aux troupes allemandes voir un moyen de ravitailler une forteresse qui aurait choisit de tenir jusqu’au bout.

Il faut dire en effet que les fortifications protégeant la grande ville du sud-norvégien sont conséquentes par leur épaisseur et par leur variété.

On trouve d’abord des batteries côtières pour protéger le port d’un raid voir d’un blocus ennemi (même si cette tactique était déjà dépassée à l’époque).

Canons de 203mm SK/C-34 identiques à ceux utilisés par les batteries côtières allemandes en Norvège

Deux batteries principales armées chacune de deux canons de 203mm sont chargées de maintenir à une distance raisonnable une flotte ennemie. Leur action est relayée par un total de huit canons de 150mm, le tout couvert par une DCA légère.

Côté terre ferme on trouve une ligne fortifiée comparable à notre Ligne Doumer avec des blockhaus de campagne reliés entre-eux par des tranchées semi-couvertes. A quelques kilomètres de la ville on trouve également des lignes d’obstacle destinés à servir davantage de sonnette que de ligne de résistance ferme.

Ces fortifications vont expliquer en partie les difficultés alliées à avancer dans le sud du pays, fortifications tenues par des troupes de bonne qualité qui vont s’accrocher le plus longtemps possible au terrain, n’hésitant pas à contre-attaquer pour maintenir la pression sur les alliés.

Si les batteries côtières écrasées sous les bombes et les obus de marine sont vites neutralisées, en revanche les fortifications terrestres vont tenir jusqu’à la fin du mois de janvier, Kristiansand ne tombant que le 31 janvier 1954, étant l’avant-dernière ville à tomber avant que la capitale Oslo ne suive quinze jours plus tard le 15 février 1954, les troupes allemandes capitulant le 21.

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La capitale norvégienne tapie au fond d’un fjord ne fait pas l’objet d’une opération directe des alliés dans le cadre de BOREALIS en raison d’un site très difficile d’accès mais surtout en raison de fortifications assez robustes.

Ces fortifications sont réparties sur plusieurs lignes, une première ligne pour protéger les accès immédiats à l’ancienne Christiana et une autre pour protéger la ville en elle même. Certains sites stratégiques comme l’aérodrome de Oslo-Fornebu dispose également de blockhaus dans l’espoir de le contrôler le plus longtemps possible.

Les fortifications côtières sont armées de deux canons de 280mm, de quatre canons de 150mm et de quatre canons de 120mm, une puissance de feu dissuasive mais une puissance qui ne servira guère car elles seront neutralisées par des commandos alliés dans le cadre de l’opération VIKING conçue comme une diversion de l’action principale mais il est douteux que les allemands soient tombés dans le piège, eux qui avaient également renoncé à attaquer frontalement la capitale norvégienne en septembre 1948.

les fortifications urbaines sont naturellement plus légères et comparables à celles défendant Christiansand en l’occurence une série de blockhaus reliés entre-eux par des tranchées semi-couvertes.

Derrière une première ligne on trouvait comme de coutume des abris pour troupes, des postes de commandement, des postes d’observation….. .

Ultime ligne de défense des blockhaus seront aménagés en plein cœur de Oslo, blockhaus servant d’abord d’abris antiaériens avant de servir de blockhaus de combat mais aussi pour certains hommes compromis de lieux où ils se donnèrent la mort pour échapper à une justice plus ou moins expéditive.

Exploiter oui bien mais c’est plus facile à dire qu’à faire

C’est une lapalissade mais bien entendu la géographie commande toute opération militaire. La Norvège est l’exemple caricatural tant l’assaut frontal semble être la seule tactique.

Au 15 octobre 1953 les allemands savent lucidement que les alliés ne peuvent plus être rejetés à la mer et que le sort des troupes allemandes en Norvège est scellé. La question ce n’est pas de savoir si les allemands vont être chassés de Norvège et du Danemark mais quand.

Avant de parler des combats d’exploitation il me semble important de préciser au 15 octobre la situation des troupes alliées et allemandes ainsi que leur état opérationnel.

Commençons par les allemands qui ont souffert des combats mais conservent une bonne capacité de combat ce qui est l’évidence même car si les troupes allemandes avaient été saignées à blanc les alliés auraient probablement reconquis la Norvège avant la fin de l’année.

Commençons par la 20ème Armée de Montagne dont le quartier général est implanté à Tromso. La réserve stratégique plus connue sous le nom de Kampfgruppe Tielmans à été malmené par une série de contre-attaque pour maintenir la pression sur les alliés et éviter la crainte d’une offensive commune des alliés, des finlandais et des soviétiques contre les allemands.

Marder III Ausf F

C’est ainsi que la brigade de chasseurs-skieurs à conservé 60% de ses effectifs soit 2100 hommes, le 711ème bataillon de canons d’assaut et le 201ème bataillon de chasseurs de chars ont regroupés les hommes et les moyens au sein d’un 20. Schwere Kampfgruppe avec 24 Stug III Ausf F et 28 Marder III Ausf F soit tout de même cinquante-deux véhicules de combat.

Le régiment antichar qui porte le numéro 20 à été réduit à deux groupes soit huit batteries de quatre pièces soit un total de trente-deux canons antichars de 75mm. Le régiment antiaérien qui porte lui aussi le numéro 20 à été réduit à un groupe soit six batteries et douze canons antiaériens de 88mm utilisables également pour la lutte antichar.

La compagnie du génie est toujours là, ses sapeurs se démenant pour gêner l’avance alliée par des sabotages et des piégeages divers et variés. Les sapeurs se démènent aussi pour aménager caches et abris pour des troupes qui doivent désormais combattre sous un ciel dominé par l’ennemi.

Ce groupement va se déployer pour empêcher les alliés de déboucher trop vite de Narvik et couvrir le repli du 20ème corps d’armée.

Ce 20ème corps d’armée couvrait la frontière avec la Finlande qui bascule au moment du débarquement allié. Les allemands s’en doutaient mais doivent tout de même se combattre et battre en retraite vers le sud. Heureusement pour les allemands Helsinki refuse de franchir la frontière.

Les deux divisions de montagne conservent une majeure partie de leurs moyens tout comme le 710ème bataillon de canons d’assaut (32 véhicules) mais à la différence du 211ème bataillon de Panzers réduit à une compagnie soit 12 véhicules. Le régiment d’artillerie lourde à perdu ses pièces mais ses artilleurs ont pour beaucoup pu échapper à la captivité pour remplumer des unités existantes. Le régiment du génie à été réduit à un bataillon ce qui est toujours mieux que rien.

Les unités d’artillerie lourde allemandes en Norvège disposaient de canons de 150mm sFH-18

Le 21ème Corps d’Armée qui avait pour principale mission de défendre Narvik à été saigné à blanc même si la note du boucher à été élevée pour les alliés. C’est ainsi que la 214ème division d’infanterie est rayer des registres, cessant d’exister comme entité constituée. La 7ème division de montagne à subit de lourdes pertes mais reste une unité opérationnelle.

Le 212ème bataillon de chars conserve une majeure partie de ses moyens avec 28 chars encore opérationnels. Le 712ème bataillon de canons d’assauts conserve 32 chars. Ils sont regroupés au sein du Kampfgruppe Ostiers du nom du commandant du 212ème bataillon de chars.

Le régiment d’artillerie lourde n’à pu évacuer ses pièces hors de Narvik mais les hommes ont survécu et ont pu servir d’autres pièces. Le régiment du génie est réduit à un bataillon renforcé.

Le 30ème corps d’armée à été relativement épargné par les combats et est donc moins touché que le 21.ArmeeKorps (21.AK).

La 210ème division d’infanterie à conservé 60% de ses capacités humaines et matérielles, 50% pour la 1ère division de chasseurs, 30% pour le 213ème bataillon de chars, 35% pour le 713ème bataillon de canons d’assaut, 35% du régiment d’artillerie lourde (qui conserve un groupe de canons de 150mm sur trois) et 40% pour le régiment du génie réduit à un bataillon renforcé.

Canon antichar de 75mm.

Au sein de la 21ème Armée on trouve d’abord une réserve d’Armée qui est réduite à un groupe de douze canons de 150mm, une compagnie de huit lance-roquettes multiples Nebelwerfer, un bataillon d’artillerie antichar (seize pièces de 75mm), un bataillon d’artillerie antiaérienne (douze canons de 88mm), une compagnie du génie et le Kampfgruppe Wielmans qui regroupe ce qui reste du 217ème bataillon de chars et du 717ème bataillon de canons d’assaut.

Le 72ème Corps d’Armée qui défend Bodo échappe aux plus durs combats mais qui à été engagé en soutien du 73ème CA défendant Namsos.

C’est ainsi que la 280ème division d’infanterie conserve 70% de ses moyens, la 245ème division d’infanterie 85%, le 218ème bataillon de chars 40%, le 718ème bataillon de canons d’assaut 45%, le régiment antichar un bataillon, le régiment antiaérien une batterie lourde (huit canons de 88mm) et une batterie légère (12 canons de 37mm) et le bataillon du génie 85% de ses capacités.

Le 74ème Corps d’Armée est saigné à blanc pour défendre Trondheim. C’est ainsi que la 264ème division d’infanterie n’à conservé que 35% de ses moyens alors que la 642ème division d’infanterie ne dispose plus que de 40% de ses moyens.

Le 220ème bataillon de chars aligne 30% de ses moyens, le 720ème bataillon de canons d’assaut aligne 40% de ses moyens, le régiment antichar 40%, le régiment antiaérien 40% alors que le bataillon du génie est réduit à une compagnie.

Canon de 105mm LeFH-18

Au sein de la 3ème Armée on trouve d’abord une réserve d’Armée réduit à un groupe mixte d’artillerie alignant des canons de 105 et 150mm (respectivement huit et six), une compagnie de six Nebelwerfer, le 214ème bataillon de chars réduit à 40% de ses capacités, le 714ème bataillon de canons d’assaut réduit à 45%, un régiment antichar réduit à un groupe (seize canons de 75mm), un régiment antiaérien réduit à un groupe (douze canons de 88mm) et un bataillon du génie réduit à une compagnie.

Le 33ème Corps d’Armée est relativement épargné par les combats initiaux de l’opération BOREALIS puisque la 69ème division d’infanterie est réduite à 75% de ses capacités, la 163ème division d’infanterie à 80%, le 214ème bataillon de Panzers à 55%, le 202ème bataillon de chasseurs de chars à 45%, le régiment d’artillerie lourde à 40%.

Le 70ème Corps d’Armée à été lui saigné à blanc par les combats pour défendre Bergen. La 181ème division d’infanterie est comme la 214ème division d’infanterie à rayer des registres alors que la 169ème division d’infanterie est réduite à 40% de ses capacités.

Le 215ème bataillon de Panzers est réduit à 25% de ses capacités, le 715ème bataillon de canons d’assaut est réduit à 15% de ses capacités et le régiment d’artillerie lourde à 25% de ses capacités.

Le 71ème Corps d’Armée est quasiment intact car couvrant les villes de Kristiansand et d’Oslo. C’est ainsi que les 269ème et 274ème divisions d’infanterie n’ont plus que 85 et 90% de leurs capacités, le 216ème bataillon de Panzers dispose encore de 80% de ses capacités, le 716ème bataillon de canons d’assaut à 75%, le régiment d’artillerie disposant de 100% de ses capacités.

Au Danemark, on trouve la 6. Armee qui aligne deux corps d’armée même si seul le 60ème Corps d’Armée est clairement engagé contre les alliés.

La 275ème division d’infanterie dispose encore de 70% de ses capacités alors que la 277ème ne dispose plus que de 60% de ses capacités humaines et matérielles.

canon d’assaut Stug III Ausf E à canon long de 75mm

De son côté le 717ème bataillon de canons d’assaut possède encore 65% de ses capacités soit dix points de plus que le régiment d’artillerie lourde réduit à 55%. Le régiment antichar et le régiment antiaérien n’ont plus que respectivement deux et un bataillon restant. Le bataillon du génie ne possède plus que 65% de ses capacités.

La 34. Panzerdivision encore loin d’être opérationnelle car créée au printemps 1953 reçoit en pleine bataille du personnel et du matériel qu’il faut intégrer. Elle est engagée mais subit que de faibles pertes ce qui rend les allemands optimistes pour la suite des opérations.

En revanche le 61ème Corps d’Armée est quasiment intact avec des divisions d’infanterie ayant subit peu de pertes directes, la 276ème DI ayant conservé 95% de ses capacités, la 278ème 90%.

Même situation pour le 718ème bataillon de canons d’assaut (95%), le régiment d’artillerie lourde (100%), le régiment antiaérien (90%), le régiment antichar (95%) et le bataillon du génie.

La garnison de la forteresse Copenhague est intact tout comme les petites garnisons des îles danoises, garnisons que les allemands décident d’évacuer non sans savoir transformés les dites îles en zone où règne la mort et la destruction. Les alliés qui espéraient y implanter sans trop d’efforts des points d’appui en seront pour leurs frais.

Côté allié la situation est meilleure, les pertes ont été importantes mais moins que prévu (il faut dire que les planificateurs avaient volontairement misé sur des hypothèses négatives) ce qui rend les alliés optimistes pour la suite.

Nombre d’officiers alliés pensent ainsi que d’ici la fin de l’année, la Norvège et le Danemark seront conquis. En réalité il faudra attendre deux mois de plus jusqu’en février 1954 ce qui fait dire à certains historiens que l’opération BOREALIS à été un gaspillage de temps et de ressources qui auraient été plus utiles ailleurs.

A Narvik les combats ont été violents. La 1ère brigade légère norvégienne à subit des pertes sensibles au point que très vite les alliés décident de lui réserver le rôle d’unité de garnison, un rôle certes important mais frustrant pour nombre de soldats norvégiens.

La 3ème division d’infanterie américaine conserve encore 75% de ses effectifs alors que le groupement de marche fournit par la 6ème division blindée (Combat Command A pour être précis) possède encore 85% de ses capacités. La 6ème division aéroportée britannique qui n’à pas participé aux combats initiaux possède encore 95% de ses capacités.

A Namsos la 27ème Division d’Infanterie Alpine (27ème DIAlp) possède encore 70% de ses capacités humaines et matérielles alors que la 2ème brigade légère norvégienne possède 80% de ses hommes, de son artillerie et de ses véhicules.

Le Corps Franc du Nord à subit des pertes sensibles mais ce n’est pas pour cette raison que l’unité est retirée du front. Elle est tout simplement conçue pour le coup de force, le coup de main et non le combat sur la durée. Elle aura d’ailleurs l’occasion de combattre à nouveau dans les frimas norvégiens.

Le groupement blindé fournit par la 1ère Division Blindée possède encore 80% de ses moyens alors que la 1ère Division Légère d’Infanterie (1ère DLI) possède 100% de ses capacités car débarquée pour l’exploitation.

A Trondheim, la 4ème brigade légère norvégienne à subit le même sort que sa consœur mise à terre à Narvik. Elle est donc chargée de taches de garnison et de sécurisation, des tâches importantes mais peut être moins «brillantes» que des missions de combat.

La 26ème Division d’Infanterie américaine à subit des pertes sensibles mais conserve encore une bonne capacité de combat tout comme la 10ème division de montagne qui va montrer l’utilité d’une unité de ce type au sein de l’US Army.

Le 1er Bataillon de Marines canadien à subit des pertes importantes mais ce n’est pas la seule raison de son renvoi en Grande-Bretagne. Tout comme le CFN, le 1st Batallion-Royal Canadian Marines est une unité de choc, de coup de main.

Les unités débarquées pour l’exploitation n’ont pas subit de pertes importantes que ce soit la 51st Highland Division, le régiment blindé norvégien ou encore la 5th Independent Armoured Brigade.

A Bergen, la 3ème brigade légère norvégienne dispose encore de 85% de ses capacités, la 8ème division d’infanterie de 70% de ses capacités, les deux groupements de marche (Combat Command B et C) de la 6th Armoured Division possèdent encore 80% de leurs capacités.

Au Jutland la 1ère brigade mobile danoise possède encore 80% de ses capacités, la 31ème division d’infanterie américaine 85%, le groupement de marche de la 1ère DB de 90%, le 1er bataillon de Rangers de 80% (ce dernier va être maintenu en ligne pour des raids en liaison avec la manœuvre générale) et la 11ème Division Parachutiste de 100% de ses capacités puisque mise à terre pour l’exploitation et non pour l’assaut direct.

Le dispositif allié évolue. Si les groupements occasionnels sont maintenus pour les navires et les avions, les troupes terrestres sont placés sous le contrôle de deux corps d’armée, le 1er Corps d’Armée Allié regroupant les unités débarquées à Namsos et Narvik alors que le 2ème Corps d’Armée Allié regroupe les moyens débarqués à Trondheim et Bergen. Un 3ème Corps d’Armée Allié s’occupe du Danemark avec pour particularité le fait que les unités soient dispatchées entre un groupement Nord, un groupement Centre et un groupement Sud.

Le dispositif aérien et naval est lui aussi allégé permettant à certains navires de rallier un chantier pour remise en état. C’est aussi l’occasion de reposer les équipages et de ménager des ressources humaines qui sont sur la corde raide.

Pour la phase d’exploitation les navires suivants sont maintenus en ligne :

Le USS New Mexico (BB-40) à New York

-Cuirassés : USS New Mexico (BB-40) Moselle HMS Thunderer Lion

-Porte-avions Anne de Bretagne HMCS Bonaventure USS Block Island (CV-34)

le croiseur lourd Colbert

-Croiseurs lourds USS Minneapolis (CA-36) USS Toledo (CA-78) HMS Albermale Colbert

Le HMS Newcastle

-Croiseurs légers USS Flint (CL-64) USS Brooklyn (CL-40) HMS Newcastle Bellerophon Lamotte-Picquet HMNos Bergen ORP Dragon HMS Diadem Bermuda

-Destroyers : HMS Caprice Caesar Express USS Gridley Helm HMNoS Otto Sverdrup HMS Carron Cavalier Durandal Dague HDMS Zealand Bornholm HMCS Athabaskan

-Escorteurs d’escadre : Ronar’ch D’Estaing Guepratte D’Estrées Du Chayla (classe Surcouf)

-Les besoins en transport existant encore, les alliés conservent les transports d’assaut américains et des navires amphibies pour transporter moins des unités supplémentaires que des véhicules et surtout les quantités incroyables de munitions, de carburant, de pièces détachées de vivres que nécessite la guerre moderne.

Les USS Alcona (AK-126) Beaverhead (AK-130) Amador (AK-127) Blount (AK-132) restent par exemple en ligne aux côtés de vingt LST qui multiplient les rotations entre la Grande-Bretagne et la Norvège, toujours sous escorte, les sous-marins allemands étant toujours là, plusieurs venus d’Allemagne sont d’ailleurs coulés par les escorteurs, l’aviation mais aussi leurs homologues.

Le transport est également assuré par des navires français comme le TCD Foudre (l’Harmattan va rallie l’Extrême-Orient pour le début de l’année 1954), quatre BDC, quatre BDM et quatre BDI.

Le transport est également assuré par des navires britanniques et canadiens, la Royal Navy et la Royal Canadian Navy maintenant dans le pool de transport huit LST pour la première et quatre pour la seconde aux côtés de quatre LCI et quatre LCT canadiens.

-Les pétroliers britanniques RFA Blue Ranger RFA Arndale et HMS Celerol continuent d’assurer le ravitaillement des navires à la mer ou d’alimenter les dépôts à terre aux côtés de pétroliers de type commercial mais aussi d’autres navires de soutien de type militaire à savoir le pétrolier-ravitailleur Dordogne et le ravitailleur rapide Lot.

-Les escorteurs sont toujours là en nombre notamment sept unités de classe Island, les USS Adugak (DE-4) USS Adak (DE-1) USS Alameda Island (DE-9) USS Biorka (DE-19) USS Besloro (DE-22), USS Anacopa (DE-31) et USS Begg Rock (DE-32), des escorteurs rapides de la Royale Le Foudroyant Le Sirocco L’Arabe Le Marocain (alors que les avisos-dragueurs et les corvettes ASM ont repris ou vont reprendre l’escorte des convois en direction de l’URSS) mais aussi les patrouilleurs Coléoptère Sauterelle Araignée.

On trouve également des frégates de classe River de la marine britannique en l’occurrence les HMS Ballendery et Inver.

Les navires qui ne sont plus en ligne sont soit en réparations ou alors ont été mis en réserve, se tenant prêt à intervenir même si la faiblesse de la Kriegsmarine rendait cette hypothèse de plus en plus improbable.

La phase II de la Campagne de Norvège (1953/54) peut enfin commencer. Le temps est au centre de toutes les préoccupations : aller le plus vite possible côté allié, ralentir les alliés le plus possible pour éviter que ces divisions ne basculent rapidement sur le front allemand pour porter le coup de grâce, l’estocade.

Après quelques contre-attaques allemandes décousues du 16 au 19 octobre 1953 dans des conditions météorologiques épouvantables, les alliés attaquent le 20 octobre 1953.

Les alliés sont optimistes persuadés que les combats ne s’éterniseront pas. Grossière erreur ! Les allemands galvanisés vont opposer une résistance désespérée.

Comme le dira un survivant «Nous savions que nous n’avions aucune chance de rallier l’Allemagne ou de recevoir des renforts, on savait qu’on allait y passer ce qui enlevait un poids négatif sur notre motivation».

Certains historiens ont pu voir également un manque de motivation de troupes alliées persuadées que la fin de la guerre était proche. Cela à peut être joué mais il serait injuste et infamant de dire que les troupes de l’opération BOREALIS n’ont pas combattu au maximum de leurs capacités.

Il faut dire que le front scandinave n’était pas prioritaire sur les fournitures en armes et en munitions par rapport au front occidental et même au front balkanique. En fait à part le front italien, tous les fronts passaient avant le front scandinave ce qui relance l’éternel débat de l’utilité de l’opération BOREALIS, un débat qui durera tant que débats dans l’histoire il y aura.

A cela s’ajoute également les conditions météo qui se dégradent régulièrement clouant par exemple l’aviation alliée au sol (durant la campagne de Norvège les alliés perdront plus d’appareils à cause du mauvais temps qu’à cause des allemands !) ce qui soulageait grandement les allemands qui ne pouvaient plus rien opposer dans le ciel norvégien et dans le ciel danois ou presque.

Le 18 octobre 1953 le USS New Mexico (BB-40) est surpris au large de Bergen par un bombardier-torpilleur allemand qui avait échappé aux radars comme à la chasse alliée. Le Ju-288 lance ses deux torpilles qui font mouche.

Le vénérable cuirassé à certes la peau dure mais toute résistance à ses limites. Gravement endommagé il doit être pris en remorque. Dans la soirée, une alerte sous-marine retentit entrainant la rupture de la remorque et l’évacuation des hommes présents à bord. Le U-324 en profite pour achever le BB-40 qui sombre en quelques minutes. Le submersible sera lui coulé le lendemain par un Catalina du Coastal Command.

Le lendemain c’est le croiseur HMS Bellerophon qui est endommagé par l’aviation dans le Skagerrak alors qu’il appuyait les combats pour Kristiansand. Un chasseur-bombardier Focke-Wulf Fw-190G place une bombe de 250kg avant de s’écraser sur la plage avant. Le croiseur léger est sérieusement endommagé mais peu rallier un port allié pour remise en état. Il ne sera de retour au combat qu’en février 1954 à une époque où la guerre est sur le point de s’achever.

Le croiseur léger Lamotte-Picquet aura moins de chance si l’on peut dire. Il est endommagé le 17 novembre 1953 par un bombardier allemand abattu alors qu’il lançait son attaque. Il est sérieusement endommagé au point qu’il ne sera pas réparé et promptement désarmé ce qui significatif.

D’autres navires seront plus ou moins endommagés par l’aviation allemande qui parvient à placer encore quelques coups de griffe, coups illusoires qui ne peuvent changer durablement la situation des troupes au sol.

En parlant de troupes au sol revenons sur les combats terrestres. Globalement les combats en Norvège peuvent être divisés en trois zones : le Nord, le Centre et le Sud du pays. Si les combats dans le nord se sont vite terminés en revanche les combats dans le centre et le sud du pays ont été plus longs à se décider en raison du mauvais temps, d’un relief chaotique et d’une résistance allemande acharnée.

C’est ainsi que la ville de Bodo tombe dès le 1er novembre 1953 mais les alliés ne parviennent pas à empêcher certains soldats allemands de s’échapper de la nasse. Après plusieurs jours de ratissage et de nettoyage, les alliés considèrent que le nord du pays est définitivement sécurisé le 10 novembre 1953.

Dans le centre du pays les combats depuis la tête de pont de Namsos sont rudes ce qui peut disqualifier l’argument avancé que si les alliés avaient avancé dès le 12 octobre les combats se seraient terminés bien plus tôt.

Les troupes essentiellement françaises vont remonter vers le nord dans l’espoir de couper la retraite des troupes allemandes déployées plus au nord mais là encore rien ne se passe comme prévu en raison du mauvais temps, de défauts de coordination et des inévitables hésitations du commandement.

Le 4 décembre 1953 les troupes alliées venues de Narvik et celles venues de Namsos effectuent leur jonction prenant au pied les troupes allemandes qui ne peuvent plus fuir. Si quelques isolés parviendront à passer en Suède la majorité sera faite prisonnière.

Reste désormais à contrôler le sud du pays. Partie de plaisir ? Hummm pas vraiment. Les allemands sont motivés à l’idée de bloquer le plus longtemps possible les troupes alliées.

Ils peuvent compter sur de nombreuses fortifications de campagne, sur de nombreux pièges, les sapeurs allemands ayant travaillé comme des romains pour transformer le sud du pays en zone mortelle pour les alliés.

Le schéma est simple et basique. Les troupes venues de Trondheim doivent empêcher les troupes allemandes de se replier en Suède (les alliés ont rappelé diplomatiquement mais fermement que Stockholm avait intérêt de désarmer promptement les troupes en question) et de bloquer toute sortie depuis Oslo où nombre de troupes allemandes plus ou moins opérationnelles s’étaient repliées.

Les troupes venues de Bergen doivent d’abord s’emparer de Kristiansand et nettoyer la région du Télémark avant de bloquer toute sortie d’Oslo en direction de l’ouest.

Les combats s’éternisent à la grande surprise des alliés persuadés de n’affronter que des troupes en déroute ou démotivées. Le haut commandement allié à même pensé que des unités fraiches étaient arrivées mais on sait aujourd’hui que ce n’est pas le cas.

Kristiansand finit par tomber après de très durs combats le 7 janvier 1954. La ville est littéralement ravagée et il faudra plus de cinq années pour la reconstruire complètement.

Dix jours plus tard le 18 janvier 1954 la région du Télémark est considéré comme sécurisée même si jusqu’à la fin de la guerre en Europe les militaires norvégiens et alliés auront interdiction de s’y déplacer seuls. Il y aura quelques incidents, des soldats blessés et tués sans que l’on sache vraiment si il s’agissait de soldats allemands en déshérence, de braconniers ou de résistants ayant pris goût à l’illégalité et à la clandestinité.

Restait donc Oslo. Les combats ont été très durs mais cette dureté cachait mal une situation impossible pour la garnison allemande qui capitula après dix jours de combat le 4 février 1954. Un signe qui ne trompait pas, les prisonniers allemandes reçurent les honneurs de la guerre, saluant leur bravoure et leur ténacité.

Ce n’était cependant pas la fin de la présence allemande en Norvège, quelques unités adossées à la frontière suédoise refusaient obstinément de se rendre. Les alliés durent employer les grands moyens avec plusieurs divisions, de l’artillerie et de l’aviation pour neutraliser les dernières unités allemandes constituées.

De l’autre côté de la frontière les suédois menaient des patrouilles dites de sécurisation pour empêcher les combats de déborder sur son territoire (ce sera en partie le cas, des obus et des bombes alliés tombant sur le territoire suédois heureusement sans faire de victimes ce qui explique que ces événements ont été pudiquement passés sous silence).

Le 21 février 1954 les dernières unités allemandes constituées capitulent. Des éléments isolés franchissent la frontière suédoise mais sont immédiatement désarmés et internés dans des camps de prisonniers avec la promesse d’être libérés dès la fin de la guerre ce qui sera le cas.

Les combats concernent naturellement le Danemark mais vont se terminer plus tôt et ce pour deux raisons principales : la pression des troupes alliées présentes dans le nord de l’Allemagne (21ème Groupe d’Armées britannique) et un relief moins favorable aux défenseurs.

Comme nous l’avons vu plus haut, les troupes alliées déployées au Danemark sont divisés en trois groupements occasionnels, un groupement Nord, un groupement Centre et un groupement Sud, le tout regroupé au sein d’un 3ème Corps d’Armée Allié même si ce corps d’armée n’aura que peu de poids dans la manœuvre d’ensemble.

M-4 Sherman avec un canon de 76mm M-1. C’est ce modèle qui équipait le régiment des Dragons du Jutland

On trouve un groupement Nord sous commandement danois comprenant la 1. Danske Brigade associé à un escadron de dragons, à un régiment d’infanterie américain, un régiment de paras français et un groupe d’artillerie danois.

Ce groupe nord va mettre cap sur Herning puis sur Alborg pour sécuriser tout le nord du Danemark. Il va réaliser également des coups de main vers les îles de Laeso et d’Anholt. Il y rencontre moins de résistance et peu ensuite renforcer les deux autres groupes qui se heurtent à davantage de résistance.

Un groupement Centre sous commandement américain comprend un régiment d’infanterie américain, un régiment de parachutistes français un escadron de dragons, quelques éléments de la 1ère division blindée française ainsi que le groupe d’artillerie norvégien. Il met cap sur Vejle et Arhus.

Un groupement Sud sous commandement américain comprend un régiment d’infanterie américain, le reliquat du régiment de dragons, un régiment de paras français et des éléments d’appui américains et danois (notamment le reste du régiment d’artillerie danois). Ses objectis sont Odense et Copenhague.

La ville d’Herning théâtre de durs combat tombe seulement le 1er novembre 1954. Les alliés ne perdent pas de temps et foncent vers Aalborg devenu comme de coutume un Festung (une forteresse).

Si parfois le terme est galvaudé, force est de reconnaître qu’ici les allemands ont soigné le comité d’accueil pour le groupement nord qui va connaître de durs combats, la ville ne tombant que le 27 novembre 1953. Le temps de nettoyer et de sécuriser et le groupement Nord peu réattribuer une partie de ses forces au groupement Centre qui en raison d’une géographie compliquée fait face à plus forte partie.

Velje tombe aux mains du groupement centre le 24 octobre 1953 suivit six jours plus tard de la ville de Kolding (30 octobre 1953). Hortens tombe le 3 novembre, Aarhus le 6.

Le groupement Sud s’empare d’Odense le 8 novembre 1953 seulement notamment en raison du harcèlement mené depuis l’Allemagne par les troupes arc-boutés sur la frontière germano-danoises. L’île de Lolland tombe le 10 novembre, l’île de Falsen le 13 et l’île de Mom le 15 novembre 1953.

Il ne reste plus que l’île de Sjaelland mais c’est un gros morceau car c’est sur cette île que se trouve la capitale Copenhague. C’est ainsi que la ville d’Elseneur ne tombe que le 2 décembre et la capitale le 27 décembre 1953 !

Le territoire est considéré comme entièrement libéré le 17 janvier 1954 quand les troupes alliées au Danemark font leur jonction à Flensburg avec le 21ème groupe d’armées qui à enfin réussit à vaincre les dernières troupes allemandes présentes dans la région.

Il à donc à fallu près de quatre mois aux alliés pour s’emparer du Danemark et de la Norvège ce qui à immédiatement relancé le débat sur l’utilité de l’opération BOREALIS.

Les troupes alliées restent naturellement tant que la guerre n’est pas terminée mais dès l’été surtout l’automne 1954 le dispositif va être allégé puis supprimé, Copenhague et Oslo acceptant certes d’intégrer une alliance permanente pour faire face à la menace soviétique mais refusant la présence de troupes alliées en dehors des exercices et des manœuvres.

Au printemps 1955 tous les soldats seront repartis dans leurs pays respectifs après avoir participé à la reconstitution d’armées bien plus puissantes qu’en septembre 1948, des armées mieux entrainées et mieux équipées qui savent en plus pouvoir compter sur l’aide de puissants alliés.

FIN DU VOLUME 1

Le Conflit (33) Norvège (33)

Jutland et Danemark

Fortifications allemandes

Plus encore que la Norvège la position du Danemark est stratégique pour la défense allemande puisque le pays des Dans contrôle le Skagerrak et le Kattegat permettant d’accéder à la mer Baltique, une mer censée être une mare germanicum ce qui est moins vrai avec la montée en puissance de la Flotte de la Baltique.

De solides fortifications vont protéger la côte occidentale du Danemark et les accès à la mer Baltique en liaison avec des fortifications situées dans le sud de la Norvège notamment du côté de Kristiansand et d’Oslo.

10, 5 cm Krupp, Odderøya

La défense du Skagerrak est assuré côté danois par plusieurs batteries comme les deux Batteries de Hirtshals qui comprennent quatre canons de 105mm sous béton, le tout associé à des postes d’observation, des soutes à munitions souterraines, des abris pour les troupes.

La défense rapprochée est assurée par des pièces légères de DCA (20 et 37mm) et par des tourelles de char démontées, des tourelles de Panzer II (canon de 20mm et mitrailleuse de 7.92mm).

Batterie de 380mm de quoi calmer bien des témérités (ou pas)

A Hanstholm se trouve une puissance batterie de défense côtière qui verrouille le Skagerrak avec la batterie de Vara en Norvège. Elle comprend quatre canons de 380mm sous béton.

Des pièces plus légères sont également présentes comme quatre canons de 170mm, quatre canons de 105mm et quatre canons de 88mm, le tout sous béton. On trouve également des postes de commandement et d’observation sous béton, des abris pour troupes, des dépôts de munitions, des blockhaus d’infanterie disposant de mitrailleuses et de canons antichars associés à des tourelles de char déclassées.

La presqu’ile de Skagen qui marque la limite entre la mer du Nord et la mer Baltique est défendue par une batterie disposant de quatre canons de 120mm modèle 1913, des canons danois retrouvés dans les dépôts de la marine danoise.

Montés sur plate-formes rotatives protégées par du béton, elles disposaient comme de coutumes de postes d’observation, de postes de commandement, d’abris pour la troupe et pour les munitions.

La défense rapprochée de cette batterie est assurée par deux tourelles de Panzer II et par quatre blockhaus d’infanterie disposant chacun d’un canon antichar de 47mm et de deux mitrailleuses de 7.92mm, le tout couvert par des mortiers de 81mm.

En septembre 1952 en raison de la pénurie d’obus de 120mm, ces canons sont remplacés par des canons de 127mm allemands.

Au sud de Skagen on trouve la ville de Frederikshvan avec un dispositif étoffé se composant de soixante-douze bunkers de différente taille, des postes d’observation, des postes de commandement, des abris pour servants, des soutes à munitions bétonnées et bien entendu des blockhaus d’infanterie pour défendre les canons contre un coup de main.

La puissance de feu est conséquente avec six canons de 120mm danois puis six canons de 150mm allemands, des canons antiaériens de 105mm, des canons antiaériens de 20 et de 37mm, des blockhaus d’infanterie disposant d’un canon antichar et de deux mitrailleuses, des tourelles de chars déclassées.

La côte occidentale du Danemark, le Jutland est naturellement sérieusement modifiée car vue comme le meilleur moyen pour les alliés de prendre pied au Danemark (comme nous l’avons vu ce n’est pas si évident que cela).

Des batteries sont implantées à Thyboron, à Agger, à Stavning, à Esjberg, à Oxby et sur l’île de Fano.

A Thyboron on trouve deux canons de 105mm sous masque avec des pièces légères de DCA, des blockhaus d’infanterie et des tourelles de chars déclassées.

A Agger on trouve deux canons de 150mm sous masque, deux canons de 75mm belges eux aussi sous masque, des pièces légères de DCA (20 et de 37mm), deux blockhaus d’infanterie (canon antichar de 37mm tchèque et une mitrailleuse de 7.92mm) et deux tourelles de Panzer II.

A Stavning on trouve quatre canons de 105mm sous masque montés sur plate-formes rotatives le tout protégées par une épaisse couche de béton armé.

On trouve deux postes d’observation, un poste de commandement, quatre abris pour les servants, quatre soutes à munitions (une par pièce) associées à une soute centrale.

On trouve également huit canons de 37mm antiaériens et deux blockhaus d’infanterie (un canon antichar de 37mm tchèque et une mitrailleuse de 7.92mm).

Le port d’Esjberg est couvert par six points d’appui disposant chacun de deux canons de 105mm associés à des pièces légères de DCA (37 et 20mm), des blockhaus d’infanterie (canons antichars et mitrailleuses), des mortiers de 81mm en fosse et des tourelles de Panzer III.

A Oxby il était prévu deux tourelles doubles de 380 et de 406mm mais au final seule une tourelle de 380mm à été aménagée pour repousser au loin la flotte ennemie. L’action de ces canons est relayé par deux canons de 170mm et quatre canons de 150mm.

Cette position est protégée par une solide DCA (canons de 88mm, de 37 et de 20mm), des blockhaus d’infanterie et des tourelles de char déclassées.

Sur l’île de Fano, on trouve quatre canons de 105mm et deux canons de 150mm sous masque montés sur plate-formes rotatives, le tout protégé par du béton. Ces canons sont associés à des pièces de DCA légère (20 et 37mm) et des blockhaus d’infanterie.

A Aalborg une base de sous-marine bétonnée devait être construite mais quand les alliés attaquent on trouve simplement deux alvéoles immergeables et asséchables plus quatre autres encore en travaux, travaux stoppés et qui ne seront jamais repris.

Après guerre la marine danoise envisage d’utiliser cette installation mais y renonce rapidement en raison de nombreuses malfaçons. Les installations sont abandonnées puis détruites non sans mal dans les années quatre-vingt.

La défense de cette base sous-marine est assurée par deux batteries légères à l’entrée du port d’Aalborg, chacune disposant de deux canons de 105mm, de pièces de DCA légères et de blockhaus d’infanterie.

Sur le papier ce dispositif est impressionant, rassurant les allemands et inquiétant les alliés même si on le saura plus tard toutes les batteries ne furent pas toutes armées faute de personnel disponible.

Unités allemandes déployées

Le destroyer Z.15 Erich Steinbrick

-Destroyer Z.15 Erich Steinbrick basé à Aalborg

-Torpilleur T.52 stationné à Aalborg

-Escorteur G.27 stationné à Copenhague

-17. R.-Flottille : R.86 R.90 R.92 à Aalborg R.88 R.94 R.96 à Copenhague

-Dragueurs de mines M.63 M.66 M.107 à Copenhague, M.67 et M.68 à Aalborg

-1. U-Flottille stationnée à Aalborg : U-32 U-34 U-48 U-248 U-250 U-252 U-289 U-290

-Un transport armé et un forceur de blocus

-MIS-6 à Copenhague MIS-7 à Aalborg

-12. Marine Aufklärung Staffel : douze Blohm & Voss Bv-138M stationnés à Esjberg

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Les forces aériennes allemandes déployées au Danemark sont regroupées au sein du X. Fliegerkorps appelé également Fliegerkorps Danmark. Il regroupe les moyens suivants :

Schéma d’un Me-109K

-Jagdgeschwader 10 : 1er groupe volant sur Messerschmitt Me-109K, 2ème groupe volant sur Messerschmitt Me-109L, 3ème groupe volant sur Messerschmitt Me-109L, 4ème groupe volant sur Messerschmitt Me-410 Hornisse.

Dornier Do-217 en vol

-Kampfgeschwader 10 : 1er groupe volant sur Dornier Do-217, 2ème groupe volant sur Dornier Do-217, 3ème groupe volant sur Junkers Ju-388, 4ème groupe volant sur Heinkel He-119

-Aufklärunggeschwader 10 : 1er groupe volant sur Focke-Wulf Fw-189 2ème groupe volant sur Focke-Wulf Fw-189, 3ème groupe volant sur Fieseler Fi-156 Storch 4ème groupe volant sur Focke-Wulf Fw-189

-Transport Gruppen Danmark : Junkers Ju-52/3m et Junkers Ju-90

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Les troupes de la Heer assurant la défense du Danemark sont placées sous le commandement de la 6.Armee. Ces moyens sont les suivants :

-Un état-major implanté à Copenhague

Panzer VI Tiger

-La 34. PanzerDivision une unité créé au printemps 1953 et donc largement inexpérimentée et à l’équipement largement perfectible puisqu’elle ne dispose que de 70% de ses chars 45% de ses semi-chenillés ou encore 54% de son artillerie. Son positionnement loin du Jutland sera critique après guerre mais pas certain que sa présence y aurait changé quoi que ce soit.

canon automoteur Hummel

Sur le plan matériel l’unité dispose de Panzer V Panther et de Panzer VI Tiger, de semi-chenillés Sdkfz 250 et d’automoteurs de 150mm Hummel.

-60ème Corps d’Armée (LX. ArmeeKorps) : 275ème division d’infanterie, 277ème division d’infanterie, le 717ème bataillon de canons d’assaut, un régiment d’artillerie lourde, un régiment antiaérien, un régiment antichar et un bataillon du génie

-61ème Corps d’Armée (LXI ArmeeKorps) : 276ème division d’infanterie, 278ème division d’infanterie, le 718ème bataillon de canons d’assaut, un régiment d’artillerie lourde, un régiment antiaérien, un régiment antichar et un bataillon du génie.

Si le 60ème CA couvre le Jutland, le 61ème est davantage déployé sur la frontière en couverture des unités qui combattent les alliés en Allemagne.

-Festung Copenhaguen : «garnison» de Copenhague composée de deux bataillons composites de faible valeur militaire associé à deux batteries d’artillerie lourde et une compagnie du génie. Les fortifications sont essentiellement celles héritées du Danemark avec quelques blockhaus mais rien de bien extraordinaire.

-Des garnisons dispersées sur les îles danoises là aussi de faible valeur militaire, ne dépassant le volume de la compagnie renforcée.

Ces garnisons sont présentes à Laeso et Anholt (Kattegat), à Samso Endelave et Sejero (entre la péninsule du Jutland et l’île de Sjaelland) ainsi qu’à Bornholm en Baltique.

Unités alliées déployées

La Jutland Task Force placée sous commandement américain comprend les moyens navals suivants :

USS Arizona (BB-39)

-Cuirassés USS Arizona (BB-39) et HMS Iron Duke

-Porte-avions USS Block Island (CVL-34)

-Croiseur lourd USS Toledo (CA-78)

Le USS Brooklyn (CL-40)

-Croiseurs légers USS Brooklyn (CL-40) USS Raleigh (CL-113) HMS Minotaur Defence et Duquesne

-Escorteur d’escadre (ex-Contre-torpilleur) Guepratte

-Destroyers USS Farragut (DD-348) USS Worden (DD-352) USS Aylwin (DD-355) USS Preston (DD-379) HDMS Zealand Bornholm et HMCS Chippewa

-Sous-marins Martinique Mayotte HMS Virtus et Visigoth

-Transport et escorte de la force d’assaut : quatre transports d’assaut  USS Craighead (AK-144) USS Dodridge (AK-145) USS Faribaut (AK-148) Fentress (AK-149), douze LST (dont six canadiens), sept LCI et six LCT canadiens, huit LSL et six LSM le tout escortés par quatre type Hunt IV (HMS Answer Antaeus Ardent Argosy) et deux frégates de classe River, les HMS Plym et Wye.

-Pétrolier RFA Arndale

-Transports rapide HMS Latonna et RFA Fort Beauharnais

Le dispositif aérien est étoffée avec des moyens fournis par la Grande-Bretagne et surtout par les Etats-Unis.

Consolidated Catalina britannique approchant de l’île de Malte

La couverture de la force de combat et de transport est assurée par le Coastal Command avec les hydravions du squadron 212 en l’occurrence des Consolidated Catalina et des bimoteurs du squadron 269 en l’occurence les Blackburn Buccaneer.

Grumman F8F Bearcat

A bord du USS Block Island (CVL-34) on trouve le Carrier Air Group Thirty-Four (CAG-34) qui se composait de deux flottilles de chasse volant sur Grumman F8F Bearcat, une flottille de bombardement en piqué volant sur Curtiss SB2C Helldiver et une flottille de bombardement-torpillage volant sur Grumman TBF Avenger.

Des unités aériennes basées à terre sont également de la partie pour couvrir, éclairer et appuyer les troupes au sol. Ces unités sont fournies par les Etats-Unis et le Danemark.

Republic P-47 Thunderbolt

Côté américain on trouve d’abord quatre groupes de chasse, le 48th Fighter Group volant sur Republic P-47 Thunderbolt, le 361th Fighter Group volant sur Lockheed P-38 Lightning, le 364th Fighter Group volant sur North American P-51 Mustang et le 406th Fighter Group volant sur Bell P-39 Airacobra.

Douglas A-26 Invader

Deux unités d’attaque sont également engagées, le 394th Attack Group volant sur Douglas A-26 Invader et le 410th Attack Group volant sur Republic P-47 Thunderbolt.

North American B-25 Mitchell

Deux unités de bombardement médian sont également engagées, le 44th Combat Bombardement Group volant sur North American B-25 Mitchell et le 467th Combat Bombardement Group volant sur Martin B-26 Marauder.

Lockheed F.7 Lightning

Une unité de reconnaissance est également engagée, le 10th Photo Reconnaissance Group volant sur Lockheed F.7 Lightning.

Supermarine Spitfire Mk IX

Les deux unités danoises de la RAF sont également engagées, le N°464 Squadron (Danish)  volant sur Supermarine Spitfire Mk IX et le N°465 Squadron (Danish)  volant sur des Bristol Beaumont Mk IIID.

Les unités terrestres engagées au Danemark sont les suivantes :

-1ère Brigade mobile danoise (1. Dansk Mobilbrigade)

-Un régiment blindé indépedant, le Régiment des Dragons du Jutland

-Un régiment d’artillerie danois et un groupe d’artillerie norvégien

-1er bataillon de Rangers

-31st Infantry Division (US)

-Eléments blindés fournis par la 1ère division blindée française, un groupement de marche composé de deux escadrons de chars moyens Renault G-2R (appelation officielle : char moyen modèle 1949R), un bataillon d’infanterie mécanisée disposant de VBCI Renault modèle 1949 et un groupe d’artillerie automotrice de 105mm.

-La 11ème division parachutiste (11ème DP) est transportée par voie maritime pour l’exploitation et non parachutée à la grande déception des rivaux de la 25ème DP.

A l’assaut ! (épisode 5)

La préparation du débarquement est classique pour une opération amphibie avec de nombreuses frappes aériennes menées depuis la Grande-Bretagne et même depuis l’Allemagne pour obliger les allemands à disperser leurs moyens de défense.

Les aérodromes sont pilonnés tout comme les sites stratégiques. Les défenses côtières sont naturellement visées via notamment des raids commandos pour neutraliser le maximum de pièces, des opérations «choc et effroi» mais aussi des opérations plus subtiles comme le sabotage des groupes électrogènes, des optiques, des réservoirs de carburant…… .

A l’aube l’aviation en remet une couche pour secouer les défenses allemandes, perturber les communications et gener les mouvements des troupes allemandes.

Les alliés ont envisagé l’engagement des bombardiers lourds de la 8th Air Force pour créer un effet sidération avant d’y renoncer pour une raison obscure. Plusieurs hypothèses peuvent être émises comme la crainte de toucher les civils danois, de trop bouleverser le terrain sans compter les réticences des « gros» à être gaspillés sur le plan tactique.

Alors que les batteries côtières sont à peine remises d’un bombardement aérien plus efficace qu’ailleurs, la flotte ouvre le feu. Les deux cuirassés peuvent quasiment vider leurs soutes pour neutraliser les batteries lourdes, laissant aux croiseurs les batteries médianes et légères.

Enfin les troupes au sol sont mises à terre. Politique oblige c’est la Dansk Mobilbrigade qui est mise à terre en premier pour s’emparer d’une tête de pont dans la direction d’Esjberg.

Les combats sont violents mais les soldats danois submergent les défenses côtières et s’installent solidement en défense. En deuxième vague des éléments blindés fournis par la 1ère Division Blindée française sont mis à terre en compagnie d’éléments du régiment d’artillerie danois.

Cela permet de contrer plusieurs contre-attaques allemandes avec l’aide de l’aviation et de l’artillerie de marine. Très vite les allemands renoncent à rejeter les alliés à la mer préférant couvrir les accès en direction de la frontière allemande et de Copenhague. En clair ils s’enterrent pour contrer l’attaque alliée qui ne vient pas immédiatement.

En effet les alliés décident d’attendre la mise à terre de la 31st Infantry Division (US) mais aussi du régiment de Dragons du Jutland et même de la 11ème Divisison Parachutiste (11ème DP) qui va opérer comme une unité d’infanterie de ligne ce qui ne plut guère aux principaux intéressés.

Ce n’est que le 15 octobre 1953 que les alliés vont reprendre leur avancée sous la forme de trois groupements, un groupement Nord, un groupement Centre et un groupement Sud.

On trouve un groupement Nord sous commandement danois comprenant la 1. Danske Brigade associé à un escadron de dragons, à un régiment d’infanterie américain, un régiment de paras français et un groupe d’artillerie danois.

Ce groupe nord va mettre cap sur Herning puis sur Alborg pour sécuriser tout le nord du Danemark. Il va réaliser également des coups de main vers les îles de Laeso et d’Anholt. Il y rencontre moins de résistance qu’ailleurs et peu ensuite renforcer les deux autres groupes qui se heurtent à davantage de résistance.

Un groupement Centre sous commandement américain comprend un régiment d’infanterie américain, un régiment de parachutistes français un escadron de dragons, quelques éléments de la 1ère division blindée française ainsi que le groupe d’artillerie norvégien. Il met cap sur Vejle et Arhus.

Un groupement Sud sous commandement américain comprend un régiment d’infanterie américain, le reliquat du régiment de dragons, un régiment de paras français et des éléments d’appui américains et danois (notamment le reste du régiment d’artillerie danois). Ses objectifs sont Odense et Copenhague.

Le temps du débarquement est terminé, le temps de l’exploitation est venu.

Revenons un peu en arrière et parlons des pertes navales dans les deux camps. Des pertes lourdes chez les allemands, plus légères chez les alliés.

Côté allemand, les forces navales sont pour ainsi dire anéanties sous les coups de l’aviation et des navires alliés.

Le destroyer Z.15 Erich Steinbrick appareille à l’aube dans l’espoir de surprendre une partie de la flotte alliée, de détruire le maximum de navire et tel un corsaire de disparaître en direction d’eaux moins mal fréquentées. Il n’en aura pas le temps. Son appareillage n’à pas échappé aux alliés qui vont l’attendre de pied ferme.

Après avoir tiré quelques obus de 127mm et lancé une torpille qui ne toucha aucune cible, le destroyer est coulé par les avions du USS Block Island (CVL-34), les F8F Bearcat mitraillant les pièces d’artillerie pendant que les avions d’assaut Curtiss SB2C Helldiver et Grumman Avenger ne passent à l’attaque, le destroyer disparaissant dans un énorme boule de feu, touché selon toute vraisemblance par quatre bombes et deux torpilles !

Le torpilleur T.52 stationné à Aalborg est capturé par les danois, coulé droit dans le port après avoir été sabordé par les allemands dans l’espoir de bloquer le port. Le navire est relevé, inspecté en vue d’une éventuelle remise en service mais très vite les danois comprennent que ce serait un gaspillage de temps et d’argent et préfèrent donc l’envoyer directement à la casse.

L’escorteur G.27 est coulé le 11 octobre 1953 par des Spitfire danois qui le surprennent en plein mer, le détruisant à l’aide de roquettes et de bombes perforantes.

En ce qui concerne les R-Boot, deux sont capturés par les danois et réutilisés par ces derniers (R.86 R.94), deux autres sont victimes de l’aviation américaine (R.88 R.90), le R.92 est frappé par une bombe qui ne lui laisse aucune chance alors que le R.96 est sabordé.

En ce qui concerne les dragueurs de mines, les M-Boote, le M.63 est coulé par un Blackburn Buccaneer du Coastal Command, les M.66 et M.67 sont victimes de mines posées par la Luftwaffe sans que la Kriegsmarine soit au courant (!), le M.68 capturé est remis en service et utilisé par la Danske Marinen jusqu’en 1967 alors que le M.107 est surpris et coulé par le destroyer HDMS Zealand.

Les sous-marins stationnés à Aalborg ne sont comme leurs homologues norvégiens pas tous engagés dans l’opération BOREALIS.

Le U-32 en mer surprend un LST qu’il coule à la torpille. Hélas pour les allemands non seulement ce navire était vide mais en plus le sous-marin est victime des charges de profondeur d’un Consolidated Catalina qui veillait au grain (ou presque).

Le U-34 est lui aussi victime d’un Catalina le 11 octobre 1953 alors qu’il tentait de trouver une position de tir dans l’espoir de couler le USS Faribaut (AK-148) et si jamais l’hydravion américain n’avait pas fait mouche, plusieurs escorteurs fonçaient à pleine vitesse en direction l’importun.

Le U-48 immobilisé pour réparations est sabordé à Aalborg. L’épave est relevée après guerre mais trop dégradée, elle est rapidement envoyée à la ferraille.

Les autres sous-marins sont déployés loin du Danemark que ce soit dans l’Atlantique (U-248 et U-250 coulés respectivement les 5 et 9 novembre 1953) ou dans l’Arctique (U-252 U-289 U-290), ces trois derniers sous-marins étant coulés respectivement le 2 décembre 1953 (un hydravion soviétique), le 21 novembre 1953 (mine) et entre le 8 et le 13 octobre 1953 (cause inconnue)

-Le transport armé et le forceur de blocus incapables de prendre la mer sont sabordés pour embouteiller le port d’Aalborg.

Le MIS-6 capturé par les américains est cédé aux britanniques alors que le MIS-7 est coulé par les Bristol Beaumont Mk IIID.

Les alliés souffrent aussi des coups de l’ennemi mais naturellement à un degré moindre. Le destroyer HMCS Chippewa à pour triste privilège d’être la seule unité à être coulée. Le responsable est un bimoteur Junkers Ju-388, ultime déclinaison (le Ju-488 ne dépassa pas le stade prototypal) du Ju-88. Surgissant d’un trou dans la couche nuageuse, le bimoteur place deux bombes dont l’une explose sur une plate-forme lance-torpilles. Le navire coule rapidement après avoir été coupé en deux.

Deux LSM et un LST sont également coulés par des batteries côtières, les coastal battery représentant jusqu’au bout une menace ou du moins une nuisance. D’autres navires amphibies sont perdus notamment un LST canadien, deux LCI, un LST et quatre LCM eux aussi canadiens.

Un certain nombre de navires vont être endommagés comme le croiseur léger USS Raleigh (CL-113) ou encore le HDMS Zealand.

D’autres navires sont endommagés que ce soit accidentellement (échouage sans gravité du destroyer américain Aylwin) ou sous les coups de l’ennemi comme le croiseur léger français Duquesne touché par une bombe et des roquettes ce qui lui impose plusieurs semaines de réparations.

Le sous-marin Mayotte est secoué par l’explosion d’une mine. Il parvient à rallier non sans mal Chatham mais la guerre est finie pour lui, les travaux se terminant en juin 1954 et sa carrière sera naturellement raccourcie par rapport à d’autres submersibles.

Le Conflit (25) Norvège (25)

Unités terrestres engagées

Etats-Unis

Insigne de la 3rd ID

-Cinq divisions d’infanterie : 3rd Infantry Division (US), 8th Infantry Division (US), 26th Infantry Division (US), 31th Infantry Division (US) et 10th Mountain Division

Insigne de la 6ème Division Blindée.

-Une division blindée : 6th Armoured Division (US)

-Deux bataillons de Rangers, le 1stet 6th Ranger Bataillon

-Des unités d’artillerie et du génie

France

Si la 27ème DIAlp est engagée dès le jour J aux côtés d’éléments composites fournis par la 1ère DB et du CFN, les deux autres divisions vont être engagées ultérieurement pour des raisons tactiques et logistiques. Tout comme leurs homologues de la 6th Airborne, la 11ème DP va être transportée par voie maritime plutôt que par voie aérienne en direction du Danemark.

27ème DiAlp

-27ème Division d’Infanterie Alpine (27ème DIAlp)

-1ère Division Légère d’Infanterie (1ère DLI)

-11ème Division Parachutiste (11ème DP)

-1ère Division Blindée (1ère DB) (ex-1ère Division Cuirassée)

-Corps Franc du Nord

-Artillerie et Génie

Grande-Bretagne

Ces éléments sont engagés ultérieurement, constituant la réserve stratégique du dispositif allié

-6th Airborne

-51st Highland Division

-5th Independent Armoured Brigade

-Artillerie et génie

Canada

-1st Bataillon-Royal Canadian Marines

Norvège

-1. Norske Lysbrigader

-2. Norske Lysbrigader

3. Norske Lysbrigader

4. Norske Lysbrigader

Canon-obusier de 25 calibres.

-Deux régiments d’artillerie indépendants (un de canons-obusier de 25 livres et un de canons de 17 livres) qui vont fournir des groupes ad-hoc au profit des Lysbrigader et de la Mobilbrigade.

-Un régiment blindé indépendant

Danemark

Le régiment des Dragons du Jutland était équipé de M-4 Sherman armés de canons de 76mm M-1

-1. Brigade mobile danoise (1. Dansk Mobilbrigade)

-Un régiment blindé indépendant, le Régiment des Dragons du Jutland

Dominions (74) Australie (18)

L’Armée de Terre Australienne dans le second conflit mondial (3) : Asie-Pacifique

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Affiche de recrutement pour la 2ème Force Impériale Australienne

Les troupes australiennes vont donc être largement engagées sur le front Asie-Pacifique, combattant à proximité de la métropole à la différence des canadiens et des sud-africains. Cela changeait évidemment beaucoup de choses car les diggers savaient qu’ils maintenaient à distance les japonais rendant l’hypothèse d’une invasion nippone de «peu probable» à «chimérique».

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Dominions (58) Australie (2)

Le Commonwealth of Australia dans le second conflit mondial

carte de l'Australie

Généralités

Le 5 septembre 1948 après des semaines de tension, le monde bascule à nouveau dans la guerre, quasiment neuf ans après la fin de la guerre de Pologne. L’Allemagne pour soi-disant protéger le Danemark et la Norvège d’une prochaine agression alliée envahit ces deux pays, c’est l’opération WESERÜBUNG (exercice Weser).

 

Paris et Londres déclarent immédiatement la guerre à l’Allemagne à la différence de septembre 1939 où ils avaient attendu deux jours pour le faire.

 

Que diable vient donc faire l’Australie dans ce conflit européen ? Tout simplement, elle applique des accords politico-militaire avec l’ancienne puissance coloniale sans compter que mine de rien, George VI est toujours le chef d’état australien.

 

Cependant Canberra est dans une situation délicate. A la différence du Canada et de l’Afrique du Sud, l’Australie est clairement menacée par le Japon qui ne fait plus mystère depuis des années de sa volonté de conquérir les colonies européennes d’Asie officiellement pour créer une sphère de coprospérité mais en réalité pour pouvoir s’emparer de ressources et alimenter une industrie qui ne peut vivre que sur ses stocks.

 

La Grande-Bretagne est parfaitement consciente de cet état de fait mais rappelle qu’elle à investit de manière importante pour renforcer les défenses de la Malaisie et de Singapour, que la British Eastern Fleet dispose de trois cuirassés et de deux porte-avions sans compter des croiseurs et des destroyers modernes, répondant au principal grief de Canberra : une défense insuffisante des dominions des antipodes contre l’impérialisme japonais.

L’Australie décide de faire «sa part du boulot» en envoyant des troupes au Moyen-Orient, en mettant une partie de sa flotte sous contrôle britannique, en envoyant des avions en Méditerranée et en participant à la formation des pilotes du Commonwealth dans le sud de l’Australie c’est-à-dire hors de portée des menaces allemandes, japonaises et italiennes.

Entre septembre 1948 et mars 1950 soit pendant dix-huit mois l’Australie est donc en guerre au Moyen-Orient et dans les Balkans mais en paix dans la zone Asie-Pacifique, une paix armée cela va s’en dire.

Durant cette étrange période l’Australie accélère clairement son réarmement en s’appuyant sur une industrie bien plus développée qu’en Afrique du Sud ou en Nouvelle-Zélande, en passant des commandes aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne, en améliorant ses infrastructures de transport…. .

Le 21 mars 1950 quand les premières bombes japonaises tombent sur Pearl Harbor l’Australie est prête à faire face au Japon même si le conflit ne pas vraiment se passer comme prévu, les certitudes de l’avant guerre volant en éclats sous les coups de la formidable et en apparence invincible machine de guerre japonaise. Il faudra plus de quatre ans de lutte pour défaire l’impérialisme japonais.

Les Aussies au combat (1) : L’Afrique du Nord pour commencer

En septembre 1948 l’Allemagne et le Japon sont alliés mais Berlin ne prend pas la peine de prévenir son allié asiatique du déclenchement de l’opération WESERÜBUNG pour par exemple déclencher une opération parallèle pour attirer des réserves ennemies dans la zone «Asie/Pacifique».

Tokyo le prend très mal et cela explique en partie pourquoi le Pacifique reste en paix à l’automne 1948 au grand soulagement des alliés qui peuvent rapatrier une partie de leurs moyens en Europe.

L’Australie déclare la guerre à l’Allemagne en même temps que la Grande-Bretagne, solidarité Commonwealth oblige. Les ressortissants allemands sont internés et deux navires allemands immobilisés pour avarie à Sydney sont saisis, réparés et réutilisés pour l’effort de guerre allié.

Les volontaires arrivent en masse dans des camps d’entrainement, les réservistes rallient avec calme et détermination leurs unités qu’elles soient terrestres, navales ou aériennes. Un entrainement intensif plus tard et les unités se dispersent.

Certaines restent en Australie pour défendre le pays, d’autres rallient la Nouvelle-Guinée voir la Malaisie sous autorité britannique. D’autres vont rallier l’Afrique du Nord.

En septembre 1939, deux divisions d’infanterie avaient rallié l’Egypte mais étaient restées l’arme au pied faute de combat, l’envoi d’une troisième division étant d’ailleurs rapidement annulé.

En août 1948, une mission militaire australienne se rend en Egypte pour repérer les lieux et faciliter l’arrivée des troupes australiennes.

Dès le 10 septembre, Canberra confirme à Londres l’envoi en Egypte de deux divisions d’infanterie chapeautées par un corps d’armée, le 1st Australian Army Corps (1st AAC) qui disposait de régiments d’artillerie lourde, d’unités du génie, de transmissions, de soutien mais aussi trois bataillons de chars indépendants (un équipé de Matilda II et deux équipés de Valentine II).

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Matilda II

Le premier convoi transportant la 1st Australian Infantry Divsion quitte Sydney le 25 septembre 1948, escorté par des navires australiens (croiseur léger HMAS Hobart, deux destroyers type N et deux corvettes type Flower), arrivant à Port Said début octobre.

Cinq autres convois enverront les moyens du 1st AAC en Afrique du Nord, convois qui devront se défendre contre les tentatives d’interférence italiennes vite matées par les moyens navals alliés présents dans la région.

Le corps d’armée australien est présent au complet début novembre 1948. Les deux divisions sont cependant loin d’être opérationnelles, elles manquent d’entrainement et surtout d’expérience tout comme d’ailleurs les unités britanniques présentes en Egypte.
En première ligne dans le désert égyptien, elles mettent des coups de sonde contre les italiens, menant des raids dans la profondeur pour générer de l’insécurité sur les arrières ce qui rend les italiens particulièrement prudents et nerveux.

Il faut cependant attendre l’été 1949 pour que les australiens connaissent leur baptême du feu, participant à l’opération BAYARD, les français tirant les premiers contrairement à Fontenoy et sont suivis quelques jours plus tard par les britanniques.

HMS Colossus (R-15)

Porte-avions de classe Colossus

Les australiens opèrent le long de la côte, soutenus essentiellement par la Mediterranean Fleet qui intègre quelques navires australiens en l’occurrence le porte-avions léger HMAS Gallipoli croiseur léger HMAS Perth mais aussi les destroyers type N HMAS Napier et Nestor ainsi que deux destroyers type Hunt.

La Royal Australian Air Force (RAAF) déploie quelques squadrons pour appuyer les troupes australiennes en l’occurrence trois squadrons de chasse (un de Hurricane et deux de P-40), deux squadrons de bombardement (un de DB-7 et un de Halifax), un squadron de reconnaissance (De Havilland Mosquito) et un squadron de transport (Douglas C-47 Dakota), le tout formant la 3rd Australian Tactical Wing.

L’opération BAYARD débute côté français le 7 juillet 1949. Une opération de diversion (FORNOUE) fixe les troupes italiennes le long de la côte, fixation facilitée par d’intenses bombardements aériens et navals. L’axe majeur fonce par le sud, dans le désert pour tourner le dispositif italien (GARIGLIANO).

Les britanniques qui avaient fixé les italiens par des mouvements et des attaques simulées passe à l’assaut direct à partir du 17 juillet 1949 (opération MARLBOROUGH), condamnant l’Africa Septentrionnale Italiana (ASI) à une totale anhilation.

La campagne de Libye s’achève le 1er septembre 1949 même si jusqu’à la fin du conflit il y aura des zones insécures, les autorités militaires interdisant aux militaires de circuler seuls dans de nombreuses zones de la future Libye.

Les australiens s’illustrent au combat, jouant un rôle clé dans la prise de Tobrouk. Ils font leur jonction avec les français à l’est de Tripoli.

Si la Tripolitaine est placée sous l’autorité française, la Cyrénaïque est placée sous l’autorité britannique. Il s’agit uniquement de la gestion administrative du territoire, les affaires militaires étant du ressort d’un Allied Command Libya (AC-Libya) avec à sa tête un général français et un adjoint britannique.

Les deux divisions australiennes se séparent alors. La 1st Australian Infantry Division rallie la Grèce pour combattre les allemands et les italiens dans le cadre de l’opération MARITSA alors que la 2nd Australian Infantry Division rallie la Palestine mandataire pour des opérations de police coloniale avant de rallier en janvier 1950 le Péloponnèse.

Les unités navales et aériennes vont elles se déployer en Crète puis pour certaines en Grèce continentale. Contrairement aux unités terrestres elles vont rester toute la guerre en Europe, une façon comme une autre de compenser le retrait de deux divisions d’infanterie.

Les Aussies au combat (2) : Grèce

En décembre 1949 les troupes de la 1ère division d’infanterie australienne débarquent en Grèce pour renforcer le dispositif allié. L’arrivée de ces troupes rustiques et aguerries sauve le front grec de l’effondrement, les allemands manquant de punch et de mordant.

Ils combattent durement mais ils ne peuvent empêcher la chute d’Athènes. Ils résistent pied à pied, forçant les germano-italiens à de coûteux combats d’usure, des combats frontaux, le terrain rendant quasiment impossible le contournement des «points durs» de l’ennemi.

En janvier 1950, la 2ème division d’infanterie australienne arrive dans le Péloponnèse. Elle peut ainsi couvrir le retrait en bon ordre de la 1st Australian Infantry Division, contrant un raid des brandebourgeois (les commandos spéciaux allemands) contre le pont franchissant le canal de Corinthe.

Les deux divisions australiennes vont combattent jusqu’à la fin de la campagne (fin mars 1950) avant d’être retirés du front progressivement, la 1ère division en juin et la 2ème en août pour être rapatriées en Australie et combattre les japonais dans le Pacifique.

Il y eut visiblement le projet de renvoyer des troupes australiennes en Europe mais cela ne se fit pas soit pour des raisons militaires soit pour des raisons politico-diplomatiques.

Les Aussies au combat (3) : Asie-Pacifique

Le théâtre d’opérations principal est naturellement le théâtre «Asie-Pacifique». Outre la défense du territoire national, l’Australie va servir de base arrière aux alliés, l’île-continent devenant une caserne à ciel ouvert.

On ne compte plus les casernes, les camps d’entrainement, les bases aériennes, les «bases navales» qui abritent des troupes essentiellement australiennes et américaines mais aussi britanniques, néerlandaises voir françaises, essentiellement des troupes venues des colonies occupées mais avec aussi des recrues venues d’Europe ou de colonies africaines pour remplumer des divisions anémiques.

La géographie rend quasi-impossible l’invasion de l’île-continent mais la Nouvelle-Guinée, territoire placé sous mandat australien par la SDN est clairement menacé par les japonais. Le territoire bénéficie d’ailleurs d’investissements «importants» pour renforcer notamment les défenses de Port Moresby avec des lignes de fortification légères.

Canberra souhaite aussi participer à la défense d’une partie des colonies alliées. Officiellement il s’agit de participer à «l’effort de guerre allié» mais officieusement il s’agit de combattre les «Jaunes» le plus loin possible de l’île-continent.

Voilà pourquoi en février 1949 la 3rd Australian Infantry Division rallie Hong-Kong pour soutenir la China Division et le Hong-Kong Volunteer Corps.

La 4th Australian Infantry Division va elle rejoindre la Malaisie pour renforcer les troupes britanniques et indiennes présentes sur place.

Les 5th et 6th Australian Infantry Division vont être envoyées en Nouvelle-Guinée en compagnie de la 1st Australian Armoured Division, ces trois divisions formant le 2nd Australian Army Corps.

Les autres divisions qui sont encore largement des division de papier vont rester en Australie pour être entraînées et équipées par l’industrie nationale mais aussi par les britanniques et les américains qui avant même leur entrée en guerre en mars 1950 sont déjà de grands pourvoyeurs d’armes et d’équipements divers.

La marine australienne rassemble la plus grosse partie de ses moyens dans la zone Asie-Pacifique avec notamment un porte-avions léger type Colossus, le HMAS Gallipoli mis en service en juin 1949 qui participe à l’opération BAYARD ce qui permet d’entrainer son groupe aérien. Il arrive en Australie avec un groupe aérien entrainé en novembre 1949.

HMAS Australia sous pont de Sydney

Le HMAS Australia à Sydney

On trouve également deux croiseurs lourds type County, les HMAS Australia et Canberra mis en service respectivement en avril et juillet 1928. Ils ont été modernisés mais ne sont plus de première jeunesse. Il à été question un temps de commander un croiseur lourd type Baltimore aux américains mais le budget nécessaire n’à jamais été débloqué.

Ils sont accompagnés par deux croiseurs légers type Leander, les HMAS Sydney et Hobart, le Perth restant détaché en Méditerranée (et l’étant toujours en mars 1950).

Côté navires médians de combat on trouve huit destroyers type Tribal, quatre destroyers type N (loués à la Royal Navy), six destroyers légers type Hunt, huit corvettes classe Flower, huit frégates type River et quatre sloops classe Grimsby.

C’est donc mine de rien une puissante marine, sure de ses qualités et confiance dans sa capacité non pas à défaire seule la marine impériale japonaise mais à assurer sa part du boulot dans l’action interalliée.

La Royal Australian Air Force (RAAF) déploie elle aussi des forces en Malaisie et en Nouvelle-Guinée, des unités de chasse, de bombardement et de reconnaissance pour couvrir, appuyer et éclairer les troupes au sol.

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Hawker Hurricane

Plus précisément, elle déploie en Malaisie dans la région de Bornéo le 1st Australian Tactical Wing composé de deux squadrons de chasse (un de Hurricane et un de P-40), un squadron de bombardement (Douglas DB-7 _appelés également A-20 Havoc_), un squadron de reconnaissance (Lockheed F-7 _version adaptée du P-38 de chasse_) et un squadron de patrouille maritime disposant de Consolidated Catalina.

Il assure donc l’appui direct de la 4ème division d’infanterie déployée dans la partie britannique de l’île de Borneo.

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Vickers Wellington B. Mk II

Le 2nd Australian Tactical Wing est lui déployé en Nouvelle-Guinée. Il comprend trois squadrons de chasse (un équipé de P-51 Mustang, un équipé de P-40 Warhawk et un troisième équipé de Bristol Beaufighter) mais aussi deux squadrons de bombardement (deux de Vickers Wellington), un squadron de reconnaissance (Lockheed F-7) et un squadron de patrouille maritime équipé de Vickers Wellington.

Quand la guerre éclatera avec le Japon, un 4th Australian Tactical Wing sera envoyé aux Indes Néerlandaises pour renforcer l’aviation de la principale colonie néerlandaise.

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Bristol Blenheim

Il se composera de deux squadrons de Hawker Hurricane, un squadron de Bristol Blenheim, un squadron de De Havilland Mosquito et un squadron de Consolidated Catalina.

Le reste des moyens aériens seront conservés sur l’île-continent pour défendre les ports et les principales villes du pays. On trouve en l’occurrence quatre squadrons de chasse (deux équipés de Hawker Hurricane et deux équipés de P-40), deux squadrons de bombardement (deux équipés de Halifax), un squadron de reconnaissance équipé de Mosquito et un squadron de Catalina soit huit squadrons de réserve.

Si on fait le bilan, l’Australie déploie hors de son territoire national six divisions d’infanterie et une division blindée (sans compter les unités indépendantes d’artillerie, du génie, des transmissions, du soutien), une partie importante de sa flotte placée sous le commandement de la British Eastern Fleet et sur le plan aérien, vingt-quatre squadrons (sept en Méditerranée et dix-sept en zone Asie-Pacifique), un effort conséquent pour un pays jeune et relativement peu peuplé.

La première unité australienne à connaître le feu en Asie-Pacifique est la 3rd Australian Infantry Division en garnison à Hong-Kong. L’arrivée de cette division avait suscité la protestation de Tokyo qui avait réclamé son départ mais Londres avait demandé en échange qu’aucune troupe japonaise ne stationne à moins de 50km de la colonie britannique. Une fin de non-recevoir polie en quelque-sorte.

Quand les jeunes soldats australiens arrivent à Hong-Kong on leur fait clairement comprendre que leur mission est quasiment une mission de sacrifice à savoir de tenir la colonie le plus longtemps possible, d’user les troupes nippones et surtout de les retenir loin du champ de bataille principal.

Elle va opérer en compagnie de la China Division, une division composite organisée en un état-major et une compagnie d’état-major, une compagnie logistique, une compagnie sanitaire, une compagnie du génie, deux bataillons d’infanterie indiens, deux bataillons d’infanterie canadiens, une compagnie de mitrailleuses moyennes et de mortiers, un bataillon de vingt-quatre canon-obusier de 25 livres et une compagnie d’autos blindées Humber AEC.

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Humber Armoured Car

Cette division d’infanterie allégée va donc bénéficier du soutien d’une division d’infanterie australienne novice mais aussi d’une sorte de Légion Étrangère, le Hong-Kong Volunteer Corps (HVC) qui comprend deux compagnies chinoises, une compagnie anglo-irlandaise, une compagnie franco-belge et une compagnie scandinave soit une force globale de 800 hommes utilisée essentiellement pour des taches de fortification, de logistique et de sécurité.

Néanmoins au moment de l’invasion japonaise au printemps 1950, la HVC va combattre, faisant taire les ultimes sceptiques sur la valeur combative de cette «Légion Etrangère». Cette unité à été créée suite à la proposition d’un militaire britannique en poste qui cherchait à augmenter les effectifs tout en sachant que l’envoi de renforts serait difficile voir impossible.

La présence de nombreux étrangers dans la colonie donna l’idée de créer une légion étrangère locale. Cela favorisait les gouvernements concernés qui pouvaient ainsi proposer à leurs ressortissants d’effectuer leur part du boulot sans avoir rallier leur pays, pays qui était parfois neutre et parfois occupé.

Entre mars 1949 et mars 1950, les trois unités présentées vont apprendre à travailler ensemble non sans frictions et incompréhensions.

Il faudra parfois de sévères remontrances pour éviter des conflits ouverts entre unités. Outre l’entrainement, les travaux de fortification sont relancés pour améliorer les défenses côté terre mais aussi côté mer.

Ces forces terrestres vont être soutenues par des moyens aériens limités (le front hong-kongais n’est pas prioritaire) avec le squadron 268 équipé de Hawker Hurricane Mk II, le squadron 144 équipé de bombardiers bimoteurs Martin 187 Baltimore, le squadron 239 équipé de Supermarine Walrus mais aussi le squadron de 267 équipé d’avions de transport Vickers Valetta.

Sur le plan les moyens sont importants sur le papier mais leur mission n’est pas d’assurer un appui prolongé à la garnison mais de faire ce qu’elle peut sachant que si l’attaque de la Malaisie et des autres colonies d’Asie du Sud-Est à lieu avant ces moyens seront engagés bien loin de la colonie britannique de Hong-Kong.

On trouve ainsi deux divisions de croiseurs (6th Cruiser Squadron avec les croiseurs légers Neptune Ajax et Orion et 15th Cruiser Ssquadron avec les croiseurs légers Mauritius et Ceylon), les destroyers classe Tribal HMS Cossack Maori Nubian Zulu détachés de la 4th Destroyer Flottilla de Singapour mais aussi le sloop classe Grimsby HMS Lowestoft.

On trouve également la 6th Motor TorpedoBoat Flottilla (6th MTB) avec les vedettes lance-torpilles MTB 34 36 3840 42 44 46 et 48, deux canonnières, la 8th Submarine Flottilla avec les sous-marins type U HMS Unruly Unseen Ultor Unshaken Unsparing Usurper Universal et Untaned ainsi que les pétroliers RFA Serbol et RFA Orange Ranger ainsi que le ravitailleur de sous-marins HMS Pactolus.

Dès le 20 mars 1950 les japonais attaquent la colonie. Cela aurait du alerter les américains et les alliés en général mais cela est vue à l’époque comme un coup de force destiné à faire plier les britanniques et à laisser la Chine aux japonais.

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Le HMS Neptune ouvre le feu sur les colonnes d’assaut japonaises

Sauf que les britanniques et leurs alliés ne plient pas. L’artillerie de la garnison riposte et tient tête à l’artillerie japonaise, le Neptune pilonne les colonnes d’assaut pendant que l’aviation tente de bombarder les divisions japonaises. Non seulement le bombardement est globalement inefficace mais les pertes sont lourdes notamment en terme de chasseurs.

Dès la première semaine l’aviation japonaise va prendre le contrôle de l’espace aérien au dessus de la colonie qui réclamera l’envoi de renforts aériens mais que pesait la demande d’un territoire sacrifié par rapport aux besoins malais et singapouriens.

Les moyens navals vont être comme prévus rapidement réduits, Hong Kong conservant uniquement les destroyers de classe Tribal, le sloop HMS Lowestoft, les vedettes lance-torpilles et quelques embarcations improvisées.

Les combats sont essentiellement terrestres. Ils sont violents et impitoyables. Le massacre de 72 prisonniers indiens pendus et éventrés à la baïonnette fait le tour du monde et dissuade les soldats alliés de se rendre. C’est clairement une lutte à mort qui s’engage.

Cette lutte va s’achever par la prise de la colonie le 6 juin 1950 après une splendide résistance de plus de deux mois bien plus que les trois à six semaines initialement envisagées.

2500 soldats alliés dont 700 australiens sont faits prisonniers mais seulement 1500 dont 500 australiens arrivent dans leur camp de prisonniers de l’île de Hainan après une marche de la mort qui prélève sa part.

5600 soldats alliés (3500 canadiens, 1700 australiens, 300 indiens sans compter une poignée de survivants de la HVF) parviennent à s’échapper grâce à la marine britannique qui envoie les croiseurs Neptune et Ceylan évacuer tout soldat apte à combattre. Ces hommes seront ensuite renvoyés en Australie, intégrés à de nouvelles unités mais trop tard pour participer à la phase initiale de l’invasion japonaise mais ne manqueront pas d’occasions pour se venger.

La 4th Australian (Infantry) Division est elle chargée de défendre la partie britannique de l’île de Borneo. Cette défense doit en théorie se faire avec les néerlandais mais cette coordination sera très imparfaite malgré la bonne volonté des deux côtés.

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Le HMS Indefatigable _ici à Malte_ à succombé durant la bataille du Golfe de Thaïlande

Les combats sont tout aussi âpres et violents qu’à Hong-Kong. Ils le sont d’autant plus que quand les japonais débarquent, ils ont été débarrassés de la menace navale alliée suite à leur victoire lors de la bataille du Golfe de Thaïlande (30 mars 1950), les alliés ayant perdu trois cuirassés (deux britanniques et un néerlandais), un porte-avions et trois croiseurs dont l’Australia sans compter des unités plus petites comme des destroyers (six dont le Anzac de la RAN) et des sous-marins.

Ils peuvent donc débarquer des troupes en masse avec un faible écran de couverture navale et aérienne. Les jeunes soldats australiens vont cependant faire preuve d’une résistance farouche probablement avertis qu’en face les soldats du Mikado ne leur laisseront aucune chance.

Néanmoins le poids du nombre rend la victoire japonaise inéluctable d’autant que les moyens navals et aériens font défauts, les alliés ayant replié le gros de leurs forces à proximité de l’Australie pour protéger l’île-continent des attaques japonaises, persuadés que la logistique nippone ne permettra pas à l’armée impériale d’effectuer un nouveau bon pour s’emparer de tout ou partie de l’Australie.

Utilisant habilement le terrain, les hommes de la 4th Australian (Infantry) Division vont user les troupes japonaises. Tantôt ils les fixent tantôt ils mènent de courtes mais brutales contre-attaques.

Contrairement à la 3ème division, la 4ème division parvient à conserver sa cohésion jusqu’à la fin de la campagne en février 1951.

Si le matériel encore disponible est perdu (capturé ou saboté), tous les hommes qui le peuvent sont évacués par les marines alliés voir par des hydravions. Les autres reçoivent l’ordre de mener des actions de guérilla, bientôt soutenus par des commandos britanniques, australiens et américains pour maintenir l’insécurité sur les arrières japonais.

Les rescapés surnommés «les invaincus» sont rapatriés en Australie. La division est reconstituée, les effectifs complétés avec de jeunes recrues mais aussi deux bataillons néo-zélandais ce qui explique la double appellation de cette division 4th Australian (Infantry) Division/1st ANZAC Division (qui entraîne parfois erreurs et confusions chez les historiens).

Cette division à nouveau opérationnelle fin 1951 sera engagée dans la campagne de Nouvelle-Guinée pour reconquérir ce territoire avant de connaître de violents combats aux Philippines et de terminer la guerre à Formose.

Le gros des forces australiennes engagées à l’étranger l’est en Nouvelle-Guinée, un territoire jadis partagé entre l’Australie (qui à récupéré un territoire jadis britannique) et l’Allemagne. Suite à la défaite allemande de 1918, l’Australie à récupéré le nord du territoire.

Comme nous l’avons vu plus haut si l’île-continent est quasiment à l’abri d’une offensive japonaise (encore que la tentative japonaise contre la Nouvelle-Calédonie provoquera un vent de panique sur la côte orientale où on verra des sous-marins et des navires japonais partout), la Nouvelle Guinée elle est clairement menacée.

L’armée de terre australienne va ainsi déployer trois divisions, deux d’infanterie (5th et 6th Australian Division) et une division blindée (1st Australian Armoured Division). Ces trois divisions forment le 2nd Australian Army Corps.

Leur mission est de défendre la Nouvelle-Guinée contre un débarquement japonais ou une offensive terrestre venue de la partie de l’île contrôlée par les néerlandais. Comme à Borneo, Canberra et Batavia (auj. Djakarta) sont censés coopérer mais cette coopération sera imparfaite.

Pour simplifier si aux plus bas échelons les deux armées vont clairement coopérer, aux plus hauts échelons on se querellaient pour savoir quel était la meilleure stratégie à adopter.

En dépit de ces problèmes, les australiens et les néerlandais attaqués au mois de janvier 1951 (opération MO) vont faire mieux que résister.

Il faut dire qu’à l’époque on se bat encore en Malaisie, à Singapour et aux Indes Néerlandaises (même si les combats touchent à leur fin et que la victoire japonaise ne fût plus aucun doute) sans compter que la logistique nippone peine à fournir armes, munitions, vivres et autres produits nécessaires à la guerre moderne.

Du côté allié si tout n’est pas parfait _loin de là_ la puissance industrielle américaine commence à faire sentir ses effets en fournissant des quantités absolument démentielles d’armes, de véhicules, de munitions, de vivres et autres pièces détachées. Elle est bien secondée par l’industrie australienne qui fait sa part du boulot.

En Nouvelle-Guinée les combats reposent terrain difficile oblige sur l’infanterie. Elle est appuyée par une excellente artillerie précise, puissante et efficace mais aussi par des chars qui tout en affrontant les rares blindés nippons assurent essentiellement l’appui rapproché de l’infanterie.

C’est tout le paradoxe des combats blindés dans la zone Asie-Pacifique : les chars censés être les rois des combats se retrouvent à soutenir l’infanterie, à neutraliser les blockhaus, à tenter de briser les charges suicides de l’infanterie japonaise (ce qui conduira à la mise en place locale d’obus de type canister).

La 1st Australian Armoured Division créé ainsi au coup par coup des groupements mobiles composés généralement d’un peloton de chars, d’une section ou d’une compagnie d’infanterie, d’une batterie d’artillerie et de moyens du génie pour user les pointes adverses ou permettre le repli en bon ordre de l’infanterie. Ces groupements participeront également à des opérations de désencerclement pour permettre à des soldats d’échapper à la captivité.

Cette première campagne de Nouvelle-Guinée s’achève en avril 1951. Port Moresby reste hors de portée des japonais tout comme une partie du territoire de la future Papouasie Nouvelle-Guinée.

Les divisions australiennes ont souffert des combats mais aussi du climat. Voilà pourquoi la 5th Australian (Infantry) Division est relevée en juin 1951 par le 2nd Australian Infantry Division.

La 6th Australian (Infantry) Division reste déployée dans la région tout comme la 1st Armoured Division (Australian).

L’armée de terre australienne n’est pas la seule à combattre et à s’illustrer. Le 2nd Australian Tactical Wing fait ce qu’il peut pour repousser l’aviation japonaise et appuyer les troupes au sol, bien aidée par des moyens britanniques et néerlandais rescapés des combats en Malaisie et aux Indes Néerlandaises sans oublier l’aide de l’USAAF et de l’US Navy.

La Royal Australian Navy (RAN) avec ses croiseurs, ses destroyers mais aussi son unique porte-avions d’interdire le ravitaillement des troupes japonaises et de favoriser le ravitaillement des troupes alliées.

Sans atteindre le niveau de violence des combats des Salomons, les combats navals autour de la Nouvelle-Guinée sont très intenses avec des pertes importantes des deux côtés. La RAN va ainsi perdre le Sydney sans compter deux destroyers (Norman et Nizam) et deux corvettes.

La 1st Australian (Infantry) Division rentrée en Australie en compagnie de la 2ème à la fin de l’été 1950 reste d’abord déployée dans la région de Darwin pour protéger le pays d’un possible débarquement japonais.

Il participe également à l’entrainement de nouvelles divisions d’infanterie en l’occurence les 7th Australian (Infantry) Division et 8th Australian (Infantry) Division (la 2ème division se chargeant de l’entrainement des 9th et 10th Australian [Infantry] Division).

Une fois la menace d’un débarquement japonais clairement écartée par la «défaite» nippone en Nouvelle-Guinée, la 1ère division repart au combat en avril 1951 dans les Salomons. Les combats vont être d’une violence inouïe, un sommet de cruauté et de barbarie.

La 1ère division va subir de lourdes pertes et devra être relevée au mois de juillet par la 7th Australian (Infantry) Division après avoir perdu 40% de ses effectifs au combat mais aussi suite aux maladies et à des accidents.

Recomplétée avec des réservistes mais aussi des néo-zélandais, elle repart au combat sous le nom de 2nd ANZAC Division non sans que ce changement de nom heurte les survivants des terribles combats du Pacifique. Ce changement sera d’ailleurs temporaire puisqu’il ne sera effectif que de septembre 1951 à mai 1952 et de janvier à décembre 1954.

Fin 1951 le théâtre Asie-Pacifique est comme qui dirait sur pause. Les terribles combats depuis mars 1950 ont été dévoreurs d’hommes, de munitions, de véhicules, d’illusions aussi. Les alliés comme les japonais doivent se réorganiser et reprendre des forces même si clairement le temps joue pour les alliés et contre leurs adversaires. Cela nous permet de faire le point sur le déploiement des troupes et des moyens australiens.

En ce qui concerne l’armée de terre, la 1ère division est en phase de remontée en puissance dans le nord de l’Australie. La 2ème division restée déployée en Nouvelle-Guinée, jouant un rôle clé dans la défense de Port Moresby.

La 3ème division à été virtuellement éliminée à Hong-Kong. Se pose même la question de sa remise sur pied. Finalement en janvier 1951 elle est recrée à Sydney. On utilise les survivants pour encadrer de jeunes recrues encore mal dégrossies. Elle s’entraîne durement jusqu’à l’automne 1951 avant d’être déployée dans les Salomons pour nettoyer les différentes îles des restes de la présence nippone.

La 4ème division auréolée de sa magnifique défense de Borneo est remise sur pied dans le Queensland dès l’automne 1950. Considérée comme à nouveau opérationnelle en septembre 1951, la 4th Australian (Infantry) Division/1st ANZAC Division est considérée comme unité de réserve stratégique tout comme les 7ème, 8ème, 9ème et 10ème divisions.

La 5ème division à éte relevée en juin 1951 par la deuxième. Elle est chargée de défendre Darwin puis à partir de mars 1952 commence à se préparer à de futures opérations amphibies. La 6ème division elle reste déployée en Nouvelle-Guinée aux côtés de la 2ème et de la 1ère division blindée.

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Le Sentinel seul et unique char de conception australienne

En mars 1952, après visiblement de nombreuses hésitations, le gouvernement australien donne son autorisation pour lever une 2nd Australian Armoured Division. Cette division organisée sur le modèle américain reçoit les premiers chars Sentinel qui est grosso modo la combinaison d’un châssis modifié de char Valentine avec une nouvelle tourelle intégrant un canon de 17 livres. Elle sera opérationnelle à temps pour être engagée aux Philippines.

En ce qui concerne l’armée de l’air, on trouve toujours le 3rd ATW en Méditerranée, le 1st ATW virtuellement éliminé à Borneo à été reconstitué pour défendre le nord-est du pays en attendant de combattre aux Salomons et en Nouvelle-Guinée, le 2nd ATW reste déployé en Nouvelle-Guinée avec naturellement de nouveaux pilotes et de nouveaux avions.

Le 4th ATW virtuellement éliminé aux Indes Néerlandaises est reconstitué en Australie aux côtés du 1st ATW. La priorité étant donnée à la 1ère Escadre Tactique Australienne, sa consoeur n’est de nouveau opérationnelle qu’à l’été 1952, étant à nouveau engagée au printemps 1953 dans le cadre de l’opération OVERLORD (Thaïlande et Cochinchine). Elle termine la guerre en Chine.

Courant 1951 la RAAF avait réorganisé et rééquipé ses forces. Les squadrons conservés en Australie forment un 5th Australian Tactical Wing (5th ATW) mais restent déployés sur l’île-continent comme une véritable «assurance vie» contre un possible retour de flamme nippon. A l’usage ils seront à la fois des unités opérationnelles et des unités d’instruction.

Trois autres wings vont être levés en mobilisant au maximum la jeunesse australienne mais aussi des étrangers rapidement naturalisés. Ces trois wings sont numérotés 6,7 et 8 et créés respectivement en septembre 1951, mars 1952 et décembre 1952.

Ce sont comme les autres des wings multirôles avec des squadrons de chasse, de bombardement, de reconnaissance et de transport, capables en théorie de mener seul tout type de mission.

North American B-25 Mitchell WWII 5

Le 6th Australian Tactical Wing (6th ATW) aligne deux squadrons de P-51 Mustang, un squadron de Bristol Beaufighter, deux squadrons de B-25, un squadron de De Havilland Mosquito et un squadron de C-47.

Il est opérationnel en mars 1952, étant engagé en Nouvelle-Guinée puis aux Philippines, terminant en Chine et même en Corée, les C-47 participant notamment à l’opération PHENIX.

Supermarine Spitfire Mk V 9

Supermarine Spitfire en vol

Le 7th Australian Tactical Wing (7th ATW) créé en mars 1952 et opérationnel à l’été comprend deux squadrons de Supermarine Spitfire, deux squadrons équipés de Typhoon et de Tempest (flotte mixte), deux squadrons de North American B-25 Mitchell, un squadron de B-24 Giant, un squadron de De Havilland Mosquito et un squadron de Douglas C-47.

La 7ème Escadre effectue des frappes tactiques en Insulinde pour empêcher les japonais d’envoyer des renforts en Nouvelle-Guinée. Elle participe aux opérations aux Philippines puis termine à Formose et en Corée, ses avions participant à l’opération PHENIX.

Le 8th Australian Tactical Wing (8th ATW) créé en décembre 1952 et opérationnel au printemps 1953 comprend deux squadrons de Supermarine Spitfire, un squadron de Bell P-39 Airacobra, un squadron de Hawker Typhoon, deux squadrons de North American B-25 Mitchell, un squadron de De Havilland Mosquito et un squadron de Douglas C-47.

La 8ème Escadre va opérer en soutien de l’opération OVERLORD où l’Australie est engagée aux côtés des alliés. Elle participe ensuite à l’opération ZIPPER, la reconquête des colonies alliées d’Asie du Sud-Est (Indes Néerlandaises, Malaisie, Singapour).

La marine australienne à perdu un certain nombre de navires dans les rudes combats de ce début de conflit comme le croiseur lourd Australia, le croiseur léger Sydney ou encore les destroyers Norman et Nizam. Ces pertes vont être progressivement compensées par de nouvelles constructions.

Les combats reprennent vraiment en février 1952. Les alliés décident de passer à la contre-attaque en nettoyant la mer de Corail de toute présence japonaise. Cette volonté débouche sur la bataille de la mer de Corail les 4 et 5 février 1952, bataille marquée notamment par la destruction du cuirassé Missouri et du porte-avions Enterprise.

 

La marine australienne ne participe pas directement à cet affrontement, assurant la protection des pétroliers et le soutien rapproché aux unités terrestres déployées dans les Salomons. Le lendemain néanmoins les avions du HMAS Galipolli acheveront plusieurs unités japonaises qui tentaient de se replier vers le nord.

Cette bataille rend illusoire toute future offensive japonaise. Clairement le Japon se met sur la défensive (même si cela n’est jamais reconnu officiellement), se contentant de faire payer le plus cher possible la reconquête des territoires.

La première zone concernée c’est la Nouvelle-Guinée. Les américains débarquent le 7 juillet 1952 pour libérer la Nouvelle-Guinée mais aussi la partie hollandaise de l’île.

Les troupes du 2nd Australian Army Corps (2ème et 6ème division d’infanterie, 1ère division blindée) fixent les troupes japonaises par des attaques simulées pour faciliter les débarquements alliés. L’essentiel des troupes mis à terre sont américaines mais l’Australie engage sa 1st Australian (Infantry) Division et sa 8th Australian (Infantry) Division.

La campagne de Nouvelle-Guinée s’achève en janvier 1953 pour le gros des combats. Il y à bien quelques garnisons isolées, des éléments incontrôlés mais leur menace est limitée et résiduelle.

La marine australienne perd durant cette campagne le croiseur lourd Canberra. Il sera remplacé par un croiseur lourd britannique, le HMS Drake qui devient le HMAS Australia. Deux Tribal (Arunta et Adelaïde) sont également perdus tout comme deux Flower.

En février 1953, le dispositif australien est clarifié et réorganisé. Une First Australian Army est ainsi créée avec le 2nd Australian Army Corps (2nd AAC) composé des 2ème et 6ème division d’infanterie ainsi que de la 1ère division blindée mais aussi avec le 1st Australian-New Zealand Army Corps (1st ANZAC) composé de trois divisions d’infanterie, deux australiennes (1ère et 8ème) et une néo-zélandaise (2ème division).

Cette première armée australienne est un groupement essentiellement administratif puisque dès le mois de mars 1953 les australiens engagent leur 2ème Corps d’Armée aux Philippines sous commandement américain avec donc deux divisions d’infanterie et une division blindée.

Les combats sont durs, les japonais ne voulant pas laisser facilement aux américains leur ancienne colonie. En septembre 1953, la 7ème division relève la 6ème division, la 2ème division blindée est enfin engagée en remplacement de la 1ère. La 2ème division reste déployée aux Philippines jusqu’à la fin de la guerre.

Le 1st ANZAC (Australian-New Zealand Army Corps) reste déployé en Nouvelle-Guinée jusqu’en juillet 1953 quand il rallie les Philippines pour combattre jusqu’en janvier 1954. Il va ensuite être engagé à Formose (1ère puis 4ème division) et en Chine continentale (2ème division néo-zélandaise, la 8ème combattant dans l’opération ZIPPER), terminant la guerre sur ces territoires.

Le 9 novembre 1953, les britanniques, les français et les néerlandais lancent l’opération ZIPPER, la reconquête de la Malaisie, de Singapour et des Indes Néerlandaises. Ils engagent respectivement trois divisions d’infanterie et une division blindée, deux divisions d’infanterie et une division mixte mais sollicitent l’aide des Dominions. Les australiens acceptent d’envoyer le 3rd Australian Army Corps composé des 3ème et 8ème divisions d’infanterie.

Le dispositif allié est donc conséquent avec un corps d’armée australien à deux divisions, un corps d’armée mixte britannico-néerlandais (une division d’infanterie britannique et la division mixte néerlandaise), un corps d’armée britannique (deux divisions d’infanterie et une division blindée) et un corps d’armée français à deux divisions soit un total de neuf divisions.

Ultérieurement, la 11ème DP et la 1st Airborne (UK) rallieront ce théâtre d’opérations pour former le 10th Allied Airborne Corps (10th AAC).

Cette opération ZIPPER va se diviser en huit phases (ZIPPER I à ZIPPER VIII) avec débarquements amphibies, raids dans la profondeur et opérations aéroportées. Les australiens participent notamment à ZIPPER IV contre Singapour (février 1954) et ZIPPER VI (débarquement à Borneo) en juin 1954.

La marine australienne joue un rôle important dans le transport et l’appui des troupes alliées notamment via le porte-avions léger Gallipoli qui échappe à la destruction à de nombreuses reprises, une véritable baraka.

Pour certains cela s’explique par la présence à bord de quelques aborigènes qui bien que élevés par des missions catholiques continuaient à croire à leurs dieux, dieux qui protégeaient le navire.

Durant l’opération ZIPPER, un quatrième Tribal sera perdu (Stuart) tout comme deux Grimsby et une River.

Quand la guerre dans le Pacifique se termine en août/septembre 1954, les troupes australiennes sont dispersées sur l’ensemble du théâtre Pacifique :

-En Insulinde, le 3rd Australian Army Corps assure le nettoyage des ultimes poches de résistance nippones démantibulées par l’opération ZIPPER. La 8ème division rentre en Australie en décembre 1954 où elle est dissoute, la 3ème division faisant des heures supplémentaires, rentrant au pays en mars 1955, elle aussi pour être dissoute.

-Aux Philippines on trouve le 2nd Australian Army Corps (2ème et 7ème divisions d’infanterie plus la 2ème division blindée).

-A Formose on trouve la 4ème division qui à relevé la 1ère division/2nd ANZAC Division partie en Corée pour remplacer les unités parachutistes de l’opération PHENIX.

-En Chine on trouve la 5ème division venue d’Indochine termine la guerre en Chine du Sud en compagnie d’unités françaises.

-Les autres divisions sont aux Salomons, en Nouvelle Guinée et en Australie comme les 9ème et 10ème divisions d’infanterie qui ne seront jamais engagées. Il était prévu qu’elles participent aux débarquements au Japon mais comme les bombes atomiques sont passées par là, les deux divisions n’ont jamais connu le combat et ont été dissoutes dès octobre 1954.

Le format de l’armée australienne va être sacrément réduit avec le retour au temps de paix. Ce n’est cependant pas non plus un retour à la situation d’avant septembre 1948.

La démobilisation est entamée dès octobre 1954 pour libérer les hommes sous les drapeaux depuis le début du conflit. Comme dans les autres armées, les derniers incorporés sont les derniers démobilisés.

L’Australie participe à l’occupation du Japon jusqu’en septembre 1960 quand la ANZAC Force in Japan est dissoute. Elle se composait de septembre 1954 à juin 1958 de la 4th Australian (Infantry) Division, de la 2nd Mobile Division (ex-2nd Armoured Division) et de la New Zealand Brigade in Japan.

En juin 1958, la division mobile est dissoute, la brigade néo-zélandaise réduite à un bataillon intégré à la 4ème division australienne qui devient la Australian-New Zealand Division in Japon. Cette division est dissoute en septembre 1960.

En ce qui concerne la Corée, la 2nd ANZAC Division redevient la 1st Australian (Infantry) Division en juin 1955 quand les néo-zélandais rentrent au pays. La division australienne va elle rester jusqu’en septembre 1959 quand elle rentre au pays.

Les autres unités australiennes déployées à l’étranger sont progressivement rapatriées entre l’automne 1954 et septembre 1955.

L’après guerre en quelques lignes

Les forces terrestres australiennes sont totalement réorganisées en 1957 avec deux divisions d’infanterie (1st Australian [Infantry] Division et 4th Australian [Infantry] Division), une division blindée (1st Armoured Division [Australian]), une brigade parachutiste (1st Australian Airborne Brigade) et différentes unités d’appui et de soutien.

L’armée de l’air australienne qui avait disposé à son apogée de huit wings réduit sérieusement la voilure avec trois wings en Australie et un wing déployé en Malaisie britannique puis en Malaisie indépendante. On trouve également un squadron indépendant en Nouvelle-Guinée.

La marine royale australienne réduit également son format. Elle envoie ses navires les plus anciens à la ferraille, ne conservant que les plus puissants et les plus récents. Elle dispose d’un porte-avions (le Galipolli qui sera ultérieurement remplacé), de deux croiseurs légers (Le Hobart et le Perth), de quatre destroyers type Tribal et de trois destroyers type N (deux ont été perdus en Asie-Pacifique et un en Méditerranée) pour ne parler que des unités majeures.

Sur le plan politique, l’Australie sort politiquement renforcée de la guerre. Le sentiment national à été renforcé par les pertes en Afrique du Nord, dans les Balkans et dans la zone Asie-Pacifique.

Les relations avec les grandes puissances sont plus équilibrées, Canberra jouant habilement de la bascule entre Londres et Washington. Peu à peu on verra la Grande-Bretagne se retirer à l’ouest d’Aden, laissant le champ libre aux américains.

Un traité de coopération et de sécurité (traité de Brisbane) est signé en octobre 1957 entre l’Australie, la Nouvelle-Zélande, les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, la France, les Philippines et la Thaïlande.

Les pays de la région (Inde, Pakistan, Laos, Cambodge, Vietnam, Malaisie, Singapour,Indonésie) vont rejoindre ce traité qui va donner naissance à L’Organisation de Sécurité et de Coopération de l’Asie-Pacifique (OSCAP) censée permettre aux différents pays de coopérer et de se défendre en cas de menace intérieure et extérieure.

La même année, les libéraux perdent les élections, les travaillistes revenant au pouvoir pour un long bail de douze ans jusqu’en 1969 quand les libéraux les remplacent.

Sur le plan politique, l’Australie s’interroge sur les liens avec la Grande-Bretagne. En juillet 1952, George VI était mort de maladie remplacée sur le trône par sa fille devenue Elisabeth II.

La nouvelle reine d’Angleterre et son mari le prince Philip se rendent dans les dominions du Pacifique en octobre 1958 peu avant un référendum pour ou contre la république. Le non l’emporte de peu (52.7%), l’Australie restant un dominion avec un gouverneur général pour représenter la reine d’Angleterre. Deux nouveaux référendums seront organisés en 1979 (gouvernement conservateur) et en 1994 (gouvernement travailliste) mais à chaque fois le non l’à emporté.

Sur le plan diplomatique, l’Australie intègre l’ONU à sa création. Le pays participe aux deux guerres du Vietnam en soutien de la France et des Etats-Unis, des conflits qui vont générer de sérieux débats et de sérieux remous notamment sur l’utilité de ce genre de conflit mais ceci est une autre histoire.