Reconnaissance et Coopération
Fieseler Fi-156 Storch
Pour faciliter la progression des Panzerdivision, mieux vaut savoir où se trouve l’ennemi, où se trouvent les ponts, les noeuds de communication voir les points forts de l’ennemi pour si nécessaire les éviter.
Si la reconnaissance par autos blindées et motocyclistes est tout à fait valable, le vecteur aérien à plus que sa place pour voir le plus loin possible et anticiper les actions de l’ennemi.
On peut utiliser des avions “classiques”, des monomoteurs ou des bimoteurs mais pour coller au front rien de mieux qu’un avion léger, capable de passer inaperçu et capable également de pouvoir décoller de terrains improvisés, à proximité du front, de réaliser de véritables sauts de puce.
A l’origine du Storch (cigogne) figure une demande du RLM (Reichluftministerium ministère de l’Air du Reich) de 1935 pour un appareil capable de mener des missions de liaison, de coopération (ce qu’on appelle aujourd’hui le contrôle aérien avancé) et l’EVASAN.
Au Fi-156 sont opposés le Messerschmitt Bf163 et le Siebel Si-201. Le bureau d’études de Fieseler dessine un appareil à aile haute, un appareil capable de se poser et de décoller sur de courtes distances. Les premiers appareils sont livrés en 1937 et l’appareil est toujours en production en septembre 1948 dans des variantes améliorées selon le retour d’expérience des pilotes et des utilisateurs.
Au sein de la Luftwaffe, il équipe quatre groupes indépendants de reconnaissance en compagnie du Focke-Wulf Fw-189, le Fw-189 assurant la reconnaissance tactique en profondeur, le Fi-156 assurant la reconnaissance au dessus du front par exemple pour guider les tirs de l’artillerie.
D’autres appareils sont utilisés pour la liaison, les évacuations sanitaires. L’appareil fût produit sous licence en URSS (en très petit nombre sans usage opérationnel avéré) et en Roumanie, il est également utilisé par la Bulgarie, la Slovaquie, la Hongrie, l’Espagne, la Suisse et la Finlande.
Au printemps 1949, l’armée de l’air magyare disposait de trois squadrons de vingt-sept Fieseler Fi-156 soit un total quatre-vingt un appareils en première ligne.
Ces squadrons étaient répartis dans les trois régiments de reconnaissance et de coopération, chaque régiment de ce type disposant de deux squadrons de reconnaissance et d’un squadron de coopération.
Ces appareils vont opérer aussi bien au dessus de la Yougoslavie que de l’URSS, aussi bien pour de la grande bataille avec de gros bataillons que pour ce que Clausewitz appelait la petite guerre, la guerre des coups de main, des embuscades, une guerre que le fort ne remporte pas toujours tant le supposé faible fait de ses faiblesses des atouts mortels.
Au combat le Fi-156 qui ne disposait que d’une mitrailleuse de 7.92mm jouait au chat à la souris avec la chasse ennemie, profitant du terrain et du mauvais temps pour disparaître d’un côté et puis réapparaître de l’autre.
Il pouvait aussi se poser dans des endroits improbables pour déposer un agent de renseignement ou en récupérer un autre, larguer des colis, pister une colonne ennemie et diriger sur eux le feu de Wotan qu’il vienne de l’artillerie ou de l’aviation.
Le Storch est resté en service jusqu’à la fin de la guerre et va même jouer les prolongations avec des son équivalent russe le Polikarpov Po-2 (même si la conception de l’appareil était différente). L’appareil à été retiré du service par les hongrois à la fin des années soixante.
Caractéristiques Techniques du Fieseler Fi-156 Storch
Type : monomoteur d’observation et de liaison
Masse : à vide 860kg en charge 1260kg
Dimensions : longueur 9.9m envergure 14.3m hauteur 3.1m
Motorisation : un moteur radial Argus As-10 de 240ch
Performances : vitesse maximale 175 km/h à 300m Distance franchissable 380km Plafond opérationnel 4600m
Armement : une mitrailleuse MG-15 de 7.92mm
Focke-Wulf Fw-189
En 1937, le principal avion de reconnaissance tactique de la Luftwafe est un petit biplan comparable aux ANF-Les Mureaux français à savoir le Henschel Hs-126, un appareil correct mais que le RLM jugeait nécessaire d’être remplacé.
L’appel d’offre demandait un appareil de reconnaissance triplace, appel d’offres auquel répondit Arado, Blohm & Voss et Focke-Wulf, Arado proposant son Ar198 qui eut un temps les préférences des officiels avant que le Focke-Wulf Fw-189 ne soit sélectionné, un appareil à l’architecture hétérodoxe avec une configuration bipoutre qui dégageait le champ de vision de l’observateur installé à l’arrière. Blohm & Voss proposa une configuration encore plus radicale avec un moteur et une gondole regroupant l’équipage.
L’appareil rentre en service en 1940 et va équiper quatre groupes indépendants de reconnaissance qui pourraient être attribués aux Panzerkorps ou dispatchés pour une mission particulière. Des projets de versions d’attaque, de transport et d’appui rapproché ne débouchèrent pas sur la production en série à la différence d’une variante d’entrainement. Outre l’Allemagne, l’appareil à été utilisé par la Bulgarie, la Hongrie, la Roumanie et la Slovaquie.
La Magyar Királyi Honvéd Légierő (MKHL) disposait au printemps 1949 de trois squadrons de reconnaissance volant sur cet appareil à l’architecture pour le moins insolite mais qui annonce les avions COIN (Contre-Insurrection) américains des années soixante et soixante-dix sans oublier les premiers gros avions de transport.
Cinquante-quatre Focke-Wulf Fw-189D sont alors en service. Ces appareils subissant de lourdes pertes, des livraisons régulières sont passées ce qui explique qu’au final la MKHL à reçu soixante-douze appareils de ce type. En mars 1954 il en restait douze en service. Quatre très usés sont immédiatement envoyés à la casse, deux évalués par les soviétiques et les six autres menacés d’être envoyés à la casse sont finalement préservés dans différents musées du monde communiste.
Caracteristiques Techniques du Focke-Wulf Fw-189
Type : bimoteur triplace de reconnaissance tactique
Masse : à vide 2680kg en charge 3950kg
Dimensions : longueur 12m envergure 18.4m hauteur 3.7m
Motorisation : deux moteurs Argus As410 de 459ch
Performances : vitesse maximale 357 km/h à 2600m Distance franchissable 670km Plafond opérationnel 8400m
Armement : deux mitrailleuses de 7.92mm MG-17 dans les ailes, une mitrailleuse de 7.92mm MG-15 en position dorsale, une mitrailleuse de même modèle dans le cône arrière. Possible embarquement de quatre bombes de 50kg.
Junkers Ju-86
Le Junkers Ju-86 était un bimoteur conçu au début des années trente comme avion de ligne et comme bombardier moyen. Si la version civile ne fût produite qu’à quelques exemplaires en revanche la version militaire connu un grand export en Allemagne et à l’export.
En 1934 alors que les nazis viennent d’arriver au pouvoir, le Reichluftministerium (RLM) émet un appel d’offres (ce qu’on appelle aujourd’hui un appel à projet ou en anglais Request for Proposal RFP) pour un appareil destiné à servir aussi bien d’avion de ligne rapide pour la Lufthansa que de bombardier pour la toute jeune Luftwaffe.
Junkers proposa son Ju-86 pendant que Heinkel proposa son He-111. Le vol inaugural du Ju-86 eut lieu le 4 novembre 1934 suivit d’un deuxième en janvier 1935. Après ces deux bombardiers le prototype de la version civile décolla pour la première fois le 4 avril 1935.
La production commence fin 1935 avec d’abord des appareils de pré-série, la production des appareils de série commença en avril 1936. L’appareil fût évalué pendant la guerre d’Espagne mais se montra inférieur au Heinkel He-111 qui n’était pas pourtant un foudre de guerre.
L’appareil participa d’ailleurs sous les couleurs allemandes à la guerre de Pologne mais fût retiré du service à l’été 1940. Quelques appareils furent conservés pour servir à l’entrainement et aux liaisons. Ils assuraient toujours cette mission en septembre 1948.
Etait-ce la fin de la carrière allemande du Ju-86 ? Non car par un étonnant concours de circonstance, Junkers Aviation proposa un appareil de reconnaissance à haute altitude pressurisé reprenant des éléments du Ju-86 pour économiser en frais de développement. Après des essais satisfaisants l’appareil allait être une source de nuisance pour les alliés qui durent mettre en place des procédures d’interception spécifique.
Si la version bombardement était principalement destiné à la Luftwaffe, Junkers se prépara à de possibles commandes export. La Suède allait ainsi le produire sous licence sous la désignation de B-3, des appareils d’abord utilisés pour le bombardement puis pour certains comme avion de renseignement électronique (interception radio pour être précis)
L’appareil fût également exporté en Afrique du Sud, en Hongrie, en Autriche, au Chili, au Portugal, en Bolivie, au Japon, au Mandchoukouo, en Roumanie et en Espagne.
Les appareils exportés en Hongrie (soixante-six exemplaires) étaient désignés Junkers Ju-86K-2, des appareils quasiment identique à ceux utilisés par les allemands.
Peu satisfaisants des performances en matière de bombardier, Budapest les transforma en appareils de reconnaissance où ils se montrèrent nettement à leur avantage au point d’être toujours en service en septembre 1948.
Au printemps 1949 deux squadrons volaient encore sur cet appareil, un squadron du 2ème régiment de reconnaissance et de coopération et un second au sein du 3ème régiment.
Ce dernier squadron participe à des missions de reconnaissance (certains diront d’espionnage) au dessus de la Roumanie ce qui engendre quelques incidents aériens dont un le 5 mars 1949 est fatal à un appareil de l’unité qui est abattu par des chasseurs roumains. Les missions cessent alors sur intervention discrète de Berlin qui doit sans cesse rappeler Budapest et Bucarest à l’ordre.
A l’été c’est l’opération MARITSA. Les bimoteurs sont envoyés pour surveiller les mouvements de troupes yougoslaves et favoriser l’avancée des troupes hongroises. Quatre appareils sont perdus durant cette campagne, un abattu par la chasse yougoslave, un autre par la DCA, un troisième suite à un accident (il percute une montagne) et le quatrième victime d’une attaque aérienne yougoslave sur son aérodrome de départ.
Les Ju-86 sont peu à peu retirés du service, réalisant quelques missions au dessus de l’URSS avant que les Ju-88R et les Ju-188R ne le remplace peu à peu. La dernière mission d’un Ju-86K-2 de reconnaissance à lieu le 14 mars 1952 au dessus de l’Ukraine.
En mars 1954 il restait encore six appareils. Ces avions de reconnaissance anciennement bombardiers vont être envoyés à la casse, les soviétiques n’ayant que faire de ces antiquités volantes qui plus est usées par un usage intensif.
Caracteristiques Techniques
Type : avion de reconnaissance bimoteur biplace monoplan
Masse à vide 6780kg maximale au décollage 11530kg
Dimensions : longueur 16.46m envergure 32m hauteur 4.08m
Motorisation : deux moteurs en ligne Junkers Jumo 207B-3 de 1000ch au décollage et de 750ch à 12000m
Performances : vitesse maximale 420km/h à 9000m vitesse de croisière 250km/h à 13700m Distance franchissable 1750km endurance 7h10 plafond opérationnel 14400m
Armement : trois mitrailleuses MG-15 de 7.92mm
Equipage : quatre hommes