Artillerie lourde
Avant-Propos
Bien que la seconde guerre mondiale ait été vue comme un combat blindé-mécanisé de très grande ampleur l’artillerie n’à jamais été marginalisée bien au contraire.
En effet non seulement les chars avaient besoin de la protection de l’infanterie et de l’appui de l’artillerie mais en plus la présence de nombreuses lignes de fortification de campagne ou permanente rendait obligatoire la présence de pièces lourdes voir très lourdes pour les neutraliser.
Tous les pays même ceux militairement modestes comme la Hongrie possédaient des pièces d’artillerie lourde pour cette mission.
Reste maintenant à définir cette artillerie lourde et comme l’arbitraire à parfois du bon j’ai décidé de classer dans cette catégorie les canons et les obusiers d’un calibre supérieur à 130mm.
14/39M TÁBORI TARACK
Le 14/39M TÁBORI TARACK était une évolution de l’obusier de 149mm modèle 1914 austro-hongrois. Connu au sein de la Double-Monarchie sous la désignation officielle du 15cm Schwere Feldhaubitze M.14 (obusier de campagne lourd de 15cm modèle 1914), cet obusier va connaître une longue carrière après guerre notamment en Italie mais aussi dans d’autres pays souvent successeurs de la Double-Monarchie à savoir la république d’Autriche, la Tchécoslovaquie, l’Allemagne, la Hongrie, la Roumanie, la Slovaquie et donc l’Italie qui récupéra un nombre appréciable d’obusiers au titre des dommages de guerre.
Après le modèle 1914, une variante améliorée baptisée modèle 1914/16 est mise au point, une variante guère différente de la variante d’origine.
Une fois le premier conflit mondial terminé certaines pièces furent transformées pour la traction automobile avec notamment l’installation de pneumatiques.
Ces obusiers vont opérer en Italie, dans les Balkans et sur le front russe. Certaines pièces ont été capturés par les yougoslaves (qui les ont retourné contre leurs anciens propriétaires) et par les alliés (qui n’en ont rien fait). Les allemands ont aussi utilisé cet obusier souvent d’anciennes pièces tchèques capturées en 1938.
La Hongrie à récupéré des modèle 1914 puis les à modifiés à la fin des années 30 (1939) pour être précis. La modification principale concerne l’adaptation à la traction automobile avec notamment avec des pneumatiques adaptés.
Ces pièces furent utilisées au niveau notamment des corps d’armée. Peu de pièces ont survécu sur le front russe, leur poids les rendant difficiles à bouger ce qui explique que les russes ont pu en capturer certaines mais sans les réutiliser faute de munitions suffisantes et tout simplement parce qu’ils ne manquaient pas de canons et d’obusiers.
Le 14/39M TÁBORI TARACK était un obusier lourd de campagne de 149.1mm pesant 2765kg et disposant d’un tube de 14 calibres (2.09m) permettant le titre d’un projectile de type séparé de 42.7kg à une distance maximale de 10690m à raison de un ou deux coups par minute. L’équipe de pièce composée de huit hommes pouvait pointer l’obusier en site de -5° à +70° et en azimut sur 6°
31M GÉPVONTATÁSÚ KÖZEPES TARACKOK
Cet obusier de 150mm (réel 149.1mm) est une arme de conception et de fabrication suédoise qui partage le même affût que l’obusier de 105mm que nous avons vu plus haut.
La Hongrie à reçu trente exemplaires de Bofors avant d’en produire 120 sous licence soit un total de 150 obusiers, une arme appréciée par ses servants pour sa fiabilité.
Cet obusier lourd était utilisé au niveau de la division mais aussi du corps d’armée pour assurer l’appui-feu de l’infanterie mais aussi la contrebatterie pour tenter de faire taire une artillerie soviétique dont la puissance et l’efficacité ne cessait de s’accroitre. Utilisé jusqu’à la fin du conflit cet obusier à été envoyé à la ferraille à la fin des années cinquante.
Le 31M GÉPVONTATÁSÚ KÖZEPES TARACKOK est un obusier de 150mm (réel 149.1mm) disposant d’un tube de 24 calibres (3.600m) pour permettre le tir d’un obus de type séparé d’un poids de 47kg à une distance maximale de 14600m à raison de six coups par minute. L’équipe de pièce composée de huit hommes pouvait pointer l’obusier en site de -5° à +45° et en azimut sur 22.5°.
Canon de siège de 152mm modèle 1910/34
Le canon de siège de 152mm modèle 1910/34 est une autre modernisation du canon de 152mm modèle 1910. Il combinait le canon du M1910/30 avec l’affût du canon de 122mm M1931. Comme nous l’avons vu plus haut, le canon modèle 1910/34 était destiné à améliorer la mobilité et le champ de tir horizontal.
Ce canon et produit de 1934 à 1937 avec 275 pièces produites. En 1950, 112 pièces sont encore en service au sein de l’artillerie de corps d’armée et au sein de la réserve générale du haut commandement.
Voilà pourquoi certaines pièces ont été capturées par les allemands, les finlandais et les hongrois respectivement 24, 8 et 12 soit 44 pièces sur 112.
Les canons encore aux mains des soviétiques ont été remplacées au cours du conflit par des pièces plus modernes notamment le canon-obusier de 152mm M1937. Un nombre infime de pièces était encore en service à la fin de la guerre et de toute façon promptement ferraillées car d’aucune utilité militaire même pour des unités de réserve.
Les douze pièces récupérées par les hongrois fin 1950 début 1951 sont retournées contre les soviétiques et engagées notamment durant l’opération FRIEDRICH.
Après la contre-attaque soviétique il ne restait plus que sept canons qui vont être utilisés jusqu’en janvier 1953 quand les derniers canons sont retirés du service en raison de l’usure et du manque de munitions.
Le canon de siège modèle 1910/34 était un canon de 152mm (réel : 152.4mm) pesant 7100kg en position de tir (7820kg en configuration de route) disposant d’un tube de 27.9 calibres (4.24m) permettant le tir d’obus pesant 48.8kg (perforant) ou 43.6kg (explosif) à une distance maximale de 17265m à raison de 3 ou 4 coups par minute. L’équipe de pièce était composée de neuf hommes pour pointer le canon en site de -4° à +45° et en azimut sur 56°.
Canon-obusier de 152mm M1937 (ML-20)
Le canon-obusier de 152mm modèle 1937 (ML-20) est considéré comme le meilleur canon soviétique du conflit. Il à été mis au point par le même bureau d’étude qui à procédé à la modernisation de l’obusier M1910 qui devint à cette occasion, le M1910/34.
Sa production lancée en 1937 s’est poursuivie jusqu’en 1957 avec parfois des interruptions. Sa qualité n’échappa ni aux allemands, ni aux finlandais, ni aux hongrois ni aux roumains qui s’empressèrent de les retourner contre leurs anciens propriétaires. Aux pièces tractées s’ajoutent l’armement de canons d’assauts et autres chasseurs de chars.
La dénomination de canon-obusier correspond à l’emprunt aux deux types d’arme de leurs meilleurs caractéristiques. C’est ainsi que le ML-20 disposait du long tube d’un canon mais d’un angle de pointage et d’instruments de visée qui en aurait fait un excellent obusier.
Le tube était selon les versions monobloc ou en deux parties, un frein de bouche permettait d’atténuer le recul qui était absorbé par un frein hydraulique et un récupérateur hydropneumatiques.
L’affût était bi-flèches avec un bouclier pour protéger les servants, des pneumatiques permettant la traction automobile. En configuration de transport, le tube était retracté sur son affût mais pour des courtes distances et à une vitesse limitée (4 à 5 km/h contre 20 km/h), on pouvait le remorquer avec le canon en position de tir. Il fallait 8 à 10 minutes pour mettre le canon-obusier en position de tir. A noter que cet affut était également utilisé pour le canon de 122mm modèle 1931/37 (A-19).
Le développement de cette remarquable pièce d’artillerie commença en 1935/36 quand il devint évident que la modernisation des canons de siège hérités du tsar ne suffirait pas (mais qui pouvait sérieusement en douter ?).
Deux modèles furent proposés au directorat général de l’artillerie, le ML-15 et le ML-20. Le premier modèle fût testé en avril 1936, le second en décembre. C’est le second modèle qui fût sélectionné. Il est officiellement adopté le 22 septembre 1937.
Les raisons de ce choix ne vont pas clairs car le ML-15 était plus léger et plus mobile mais il semble que le ML-20 était plus proche du M1910/34 donc nécessitant moins de modifications des chaines de fabrication.
La production commença en 1937, prenant sa vitesse de croisière courant 1939. Elle s’interrompu brièvement entre juin et décembre 1950 en raison du déménagement des usines pour échapper à l’invasion allemande. Elle reprend début 1951 pour ne s’achever qu’en mars 1957.
Outre la sortie de 10450 ML-20 complet s’ajoutent environ 5200 ML-20S, des canons destinés à armer à la fois les canons d’assaut SU-152 et les canons automoteurs ISU-152.
Au sein de l’armée soviétique il à été remplacé par le D-20 dont les performances étaient semblables mais l’affût plus moderne avec notamment un petit moteur électrique pour faciliter les déplacements sur de très courtes distances.
Sur le plan de l’organisation, le canon-obusier M1937 était une pièce de corps d’armée et de la réserve générale.
Chaque corps d’armée disposant de deux régiments, des régiments homogènes ou mixtes selon les besoins et les disponibilités du moment. On trouvait aussi des régiments de réserve générale et des divisions de rupture qui concentraient une redoutable puissance de feu.
Le canon-obusier de 152mm M1937 connait son baptême du feu lors de la bataille de Khalkhin Gol contre les japonais avant d’être engagé contre la ligne Mannerheim lors de la guerre d’Hiver contre les finlandais.
Ce canon-obusier à donc été également utilisé durant le second conflit mondial par les allemands, les finlandais, les hongrois et les roumains.
Les chiffres exacts des pièces capturées sont incertaines mais selon des sources concordantes, les allemands auraient capturé 150 ML-20, les finlandais 48, les hongrois 16 et les roumains 8.
Le second conflit mondial terminé, le canon-obusier M1937 (ML-20) fût largement exporté pour équiper les armées des «démocraties populaires» mais aussi différents pays du tiers-monde.
Le canon-obusier s’est donc retrouvé en Afghanistan, en Algérie (après son indépendance), en Chine, à Cuba, en Egypte, en Irak, en Libye, en Mongolie, en Namibie, en Somalie et en Syrie.
Naturellement les républiques indépendantes ayant émergé après l’implosion de l’URSS ont continué à utiliser cette puissance pièce, le D-20 ne l’ayant pas totalement remplacé. Le ML-20 est encore en service dans certains pays.
Les seize pièces capturées par les hongrois formèrent quatre batteries de quatre pièces dispatchées entre différents corps d’armée. A la fin du conflit il restait six pièces qui sont utilisées pour l’entrainement avant d’être remplacées par des ML-20 neufs.
Le Canon-obusier de 152mm M1937 (ML-20) était un canon-obusier de corps d’armée pesant 7270kg en position de tir (7930kg en configuration transport) disposant d’un tube de 27.9 calibres (4.24m) permettant le tir d’un obus de 43.56kg à une distance maximale de 17230m à raison de trois à quatre coups par minute. L’équipe de pièce pouvait pointer le canon-obusier en site de -2° à +65° et en azimut sur 58°.
39M NEHÉZ MOZSÁR
Sous cette désignation un poil barbare figure une arme italienne de la firme Ansaldo, l’Obice da 210/22 modelo 35 (obusier de 210mm modèle 1935).
Mis en service en 1938 au sein de l’artillerie italienne, cette dernière en à commandé 346 exemplaires mais en septembre 1948 seulement 92 exemplaires ont été livrés et seulement 108 quand l’Italie change e camp en avril 1953.
Comme l’usine est dans une zone sous contrôle allemand, la production se poursuit au profit de l’Allemagne et de la Hongrie, Berlin récupérant 72 pièces ex-italiennes et réceptionne 12 pièces neuves alors que la Hongrie à reçu 16 pièces en plus de celles livrées en 1939.
Ces pièces ont été par la suite modifiées devenant des 40M, les modifications portant surtout sur l’affût pour faciliter le remorquage. En revanche Budapest renonça à une production sous licence.
Ces pièces ont servit en Italie, dans les Balkans et sur le front de l’est. A la fin du conflit quelques pièces ont été capturées par les russes, les britanniques, les américains et les français. Elles ont été évaluées, certaines finissant dans les musées tandis que la majorité était feraillée.
Les hongrois ont utilisé ces gros obusiers sur le front russe notamment pour détruire les immeubles soviétiques solidement construits.
Il y eut aussi quelques matraquages contre des positions fortifiées soviétiques notamment lors des offensives locales lancées pour améliorer la tenue générale du front notamment l’élimination d’un saillant peu utile voir même dangereux à conserver.
Quelques pièces ont survécu à la fournaise du second conflit mondial mais aucun hélas n’à survécu dans un musée hongrois.
Le 39M NEHEZ MOZSAR était un obusier lourd de 210mm pesant 15885kg en ordre de combat (24000kg en configuration transport) disposant d’un tube de 23.8 calibres (5m) qui lui permet de tirer un obus de 101kg à une distance maximale de 15400m à raison de un ou deux coups par minute. L’affût permet à l’obusier de pointer en site de 0° à +70° et en azimut sur 75°. L’équipe de pièce est composée de huit hommes.
Obusier de siège Skoda de 305mm modèle 1911
En 1911, l’armée austro-hongroise met en service un nouvel obusier de siège, une nouvelle création de la célèbre firme Skoda, le Skoda 30.5cm Mörser M.11. Cette arme va participer au premier conflit mondial côté austro-hongrois mais aussi côté allemand, huit mortiers de 305mm servant à démolir les forteresses belges en compagnie de mortier Krupp de 420mm.
Le premier conflit mondial terminé des armes ce de type vont être utilisées par la Tchécoslovaquie, la Hongrie, la Yougoslavie et l’Italie. 89 pièces sont sorties des usines tchèques.
Cette arme à été développée à partir de 1906 pour pouvoir détruire les nouvelles forteresses belges et italiennes. Le développement continue jusqu’en 1909 et les premières campagnes de tir ont lieu en Hongrie en 1910, le tout dans le plus grand secret.
Une première commande de 24 exemplaires est passée en 1911 par le ministère de la guerre. Cette pièce était démontable en trois fardeaux pour être déplacée. 50 minutes sont nécessaires pour le montage et la préparation au tir.
A partir de 1916 on trouve une deuxième variante, le modèle 1911/16 puis rapidement une troisième le modèle 1916.
C’est ainsi que le modèle 1911/16 disposait d’une plate-forme permettant un tir à 360° alors que le modèle 1916 avait en plus un tube plus long (12 calibres soit 3.660m) et donc une portée maximale augmentée (12300m).
A la fin du conflit, les 89 exemplaires furent répartis entre la Yougoslavie (quatre modèle 1911 et six modèle 1916), la Tchécoslovaquie (17 modèles 1916), la Hongrie (trois modèles 1911 et deux modèles 1916), l’Autriche (deux exemplaires non opérationnels) et l’Italie (vingt-trois modèle 1911, 16 modèle 1911/16 et 16 modèle 1916).
L’Allemagne à récupéré des pièces tchèques et remis en service un obusier autrichien. Ces obusiers participèrent au second conflit mondial aux côtés de pièces italiennes, hongroises et yougoslaves.
Les pièces italiennes devaient être engagées en Tunisie dans le cadre d’une offensive contre la ligne Mareth mais avant même l’envoi de ces puissants obusiers en ASI, la Libye italienne à été occupée par les alliés. D’autres tirèrent sur les ouvrages de la ligne Maginot Alpine et d’autres servirent à la défense côtière.
Les pièces hongroises n’ont pas été très actives. Conservées au pays, elles n’ont été employées qu’à des fins d’essais et de propagande jusqu’à l’invasion soviétique du pays où l’armée magyare fit feu de tout bois avec le succès que l’on sait.
Résultat à la fin du conflit il ne restait plus qu’un modèle 1911 et un modèle 1916, pièces rapidement envoyés à la ferraille par l’occupant soviétique qui n’avait que faire d’obusiers aussi anciens et aussi usés.
L’obusier de siège de 305mm modèle 1911 pesait 20380kg et disposait d’un tube de 10 calibres (3.05m) lui permettant de lancer un obus de 287kg (384kg dans une version lourde) à une distance maximale de 11300m (9600m effectif) à raison de 10 coups par heure. L’équipe de pièce se compose de quinze ou de dix-sept hommes et peut pointer cette pièce de siège de +40° à +70° en site et sur 120° en azimut.